C’est aujourd’hui Siloane qui nous envoie le récit tragique de deux chariots qu’elle a remarqués à la tombée de la nuit, esseulés dans la jungle urbaine. Merci de tes photos et de ton témoignage, sister. Le combat continue.

Quand les façades des bars ne sont plus que murs aveugles gagnés par les plantes, c’est signe que le temps de la migration pour rejoindre des étendues plus grises est venu.

Les individus se hâtent, attirés de loin par les lumières trompeuses de nos cités, cherchant en vain leur dernière demeure. Bientôt ils se séparent pour explorer ce milieu hostile. Tant de trottoirs et d’escaliers autour d’eux qui sont autant de pièges prêts à se refermer sur leurs roues vacillantes. Quand finalement, à bout de forces, deux égarés se rencontrent, ils se couchent l’un contre l’autre et attendent leur fin, apaisés par ce contact familier.

Combien encore devront périr sous nos yeux indifférents pour que l’on prenne enfin en compte leur détresse ? Ceux-là auront gardé l’espoir jusqu’au bout, serrant contre eux un ticket de bus qui aurait pu les emmener vers des contrées plus hospitalières. Mais faute d’une main tendue leur voyage s’est arrêté là, à quelques mètres seulement d’un abribus.

Envoyez vos photos et vos textes originaux par mail. Nous ne resterons pas silencieux pendant que le monde tient dans son indifférence nos précieux amis et auxiliaires de vie.