Joyeuses fêtes (déconnexion totale annuelle)

Salutations, auguste lectorat ! Ce fut une longue et productive année pour ma part, où j’ai fait le principal de ce que j’avais annoncé en début d’année – à savoir, écrire La Messagère du Ciel et respecter la méthode GTD. (Pas de nouvelle version du site, mais je suis passé sous Mac, un changement aussi inattendu qu’émerveillant pour moi). Et puis plein d’autres petites choses, qui seront probablement résumées en guise de bilan en début d’année prochaine.

Parce que pour l’heure, un peu exsangue j’avoue, c’est le moment de ma déconnexion annuelle pour les fêtes. Le temps de régler deux ou trois ultimes petites choses, je range réseaux et mails jusqu’à début janvier – je serai injoignable pour tous les moyens technologiques et télépathiques (sauf si vous débarquez propulsés par une nuée de dauphins, ça vaudra bien un daïquiri). Je serai également absent de tous les réseaux sociaux, sans mises à jour pour deux semaines. On se retrouve très vite, bien sûr, avec de nouvelles aventures et de grands projets (ou petits) ! Et des vidéos de licornes. (Hé, faut bien commencer à promettre des trucs, 2017 est année d’élection présidentielle.)

Dans l’intervalle, Procrastination se poursuit comme prévu, avec cependant une diffusion de l’épisode 8 le 2 janvier (et non le 1er, histoire de laisser à tout le monde le temps de dessaouler).

Pour ma part, retour prévu aux alentours du 3-4 janvier. Dans l’intervalle, auguste lectorat, porte-toi excellemment bien, sois fort et sexy du cerveau comme tu sais l’être, plein d’amûr et de bonnes ondes. Merci, vraiment, pour ton suivi encore cette année, et toutes ces belles choses que nous avons échangées en réel et virtuel. Hâte d’être à 2017 pour recommencer, tiens.

Célébrons paix et solstice, et à très vite !

2017-01-01T17:41:05+01:00vendredi 16 décembre 2016|À ne pas manquer|9 Commentaires

Procrastination podcast ép. 7 : “Décris-moi un mouton”

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Deux semaines ont passé, et le nouvel épisode de Procrastination, notre podcast sur l’écriture en quinze minutes, est disponible ! Au programme : “Décris-moi un mouton“.

Bête noire de certains lecteurs comme de certains auteurs, la description est pourtant une technique fondamentale de la littérature. En plus de distribuer l’information et de réaliser la mise en scène, elle permet de moduler le rythme, de mettre le décor en action et même de transcrire le point de vue d’un personnage. Dans cet épisode, Mélanie Fazi, Laurent Genefort et Lionel Davoust proposent un rapide tour d’horizon des techniques de description, abordent leur propre approche de celles-ci, et discutent de son importance dans les genres de l’imaginaire.

Procrastination est hébergé par Elbakin.net et disponible à travers tous les grands fournisseurs et agrégateurs de podcasts :

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Bonne écoute !

2019-05-04T18:48:40+02:00jeudi 15 décembre 2016|Procrastination podcast, Technique d'écriture|Commentaires fermés sur Procrastination podcast ép. 7 : “Décris-moi un mouton”

La Messagère des corrections

Et voilà :

Mes corrections sont terminées, mes bêta-lecteurs sont passés et ont donné leur avis (qu’ils en soient remerciés !), le manuscrit de La Messagère du Ciel est prêt. Il est donc parti chez Critic pour la lecture éditoriale. Prochaine étape : les révisions en concertation avec l’équipe. Nous sommes donc toujours sur les rails pour la publication en mai 2017.

On ne va pas tourner autour du pot, c’est sans aucun doute le livre à la fois le plus sombre et le plus épique que j’aie jamais écrit. Je parlais il y a un an de fantasy post-apocalyptique, je crois humblement avoir rempli le contrat. L’époque ne porte pas le nom d’Âges sombres pour rien… Mais cela ne veut pas dire que l’espoir est absent ; en plus, je crois que, dans des situations désespérées, l’humour forme la réaction humaine la plus naturelle, et il arrive qu’on se marre dans ce roman (si, si). Sept à huit points de vue principaux plus quelques autres ponctuels, de vrais salopards et des héros du quotidien, des batailles, de l’action, plusieurs théâtres d’opération, de la politique et des complots, plus une ou deux discussions sur les liens entre pouvoir et religion ainsi qu’entre vérité et réalité, je me suis vraiment fait plaisir sur l’envergure du récit. (Et je n’aurais pas pu jongler avec tout ça sans mon fidèle Scrivener.) J’espère que le plaisir sera partagé à la publication ! 

Et il reste encore tellement de choses à dévoiler dans les deux tomes suivants – qui portent actuellement les titres de travail suivant : La Fureur de la Terre (sortie automne 2017) et L’Héritage de l’Empire (sortie printemps 2018). Mais on aura très largement le temps d’en reparler – on va sortir celui-là d’abord…

2017-01-01T17:42:10+01:00mercredi 14 décembre 2016|À ne pas manquer|8 Commentaires

En mars : conférence puis atelier intensif sur les mondes imaginaires à l’école Les Mots (Paris)

Importante nouvelle, pour laquelle je m’y prends bien à l’avance : Les Mots est une école / atelier / incubateur sur l’écriture de fiction qui se crée à Paris (et dont on a pu déjà entendre parler dans la presse) dès l’année 2017. Au programme, des cours et ateliers de fond, suivis sur la durée, qui visent à propulser l’écriture et à nourrir l’échange entre auteurs expérimentés et moins expérimentés. Les Mots se situent à mi-chemin entre la technique très (trop) mécaniste de l’école américaine et le manque d’accent sur les outils que l’on peut parfois déplorer dans l’approche française de la narration, et sont confondés par Alexandre Lacroix (auteur et directeur de la publication de Philosophe Magazine) et Élise Nebout (auteur et journaliste).

Donc, c’est vachement bien. (Pour ne pas me croire sur parole et tout savoir sur le concept, voir ici.)

Et je vais avoir la lourde tâche, auguste lectorat, de faire partie de ceux qui représenteront l’imaginaire et de partager ses outils uniques et merveilleux (beh oui, forcément). J’interviendrai aux Mots en mars, dans le cadre de deux événements distincts (mais on peut participer au deux, bien sûr) :

Vendredi 24 mars, 20h, conférence “Plongée dans les littératures de l’imaginaire”

Les littératures de l’imaginaire (science-fiction, fantasy, fantastique) descendent en droite ligne des grands récits mythiques de l’humanité, de Gilgamesh à l’Odyssée, et offrent de nos jours les succès les plus retentissants de la narration, du Seigneur des Anneaux à Star Wars en passant par Harry Potter.

Pourtant, elles restent décriées par ignorance et paresse intellectuelle, alors qu’au-delà de l’aventure et de l’évasion, elles offrent un laboratoire unique de réflexion sur l’humanité, sa vision du monde et les questions fondamentales qui l’animent.

Auteur de trente nouvelles et de plusieurs romans, finaliste et lauréat de nombreux prix reconnus dans le domaine des littératures de l’imaginaire, Lionel Davoust propose un tour d’horizon des genres qui composent ce champ, des techniques de création qui le caractérisent, et comment leur usage peut enrichir de façon unique le travail d’écriture.

Places limitées : l’inscription et les tickets sont en ligne ici.

Week-end du 25-26 mars : atelier intensif “Créer un monde imaginaire”

De la Terre du Milieu du Seigneur des Anneaux à la luxuriance de la planète Pandora dans le film Avatar, la création de nouveaux espaces géographiques, de nouvelles règles du monde, constitue depuis toujours une des caractéristiques définissant les littératures de l’imaginaire (fantasy, science-fiction, fantastique).

À la fois terrain de jeu sans bornes et exercice intellectuel où la rigueur doit organiser et cadrer ce foisonnement, la création de mondes imaginaires constitue peut-être la forme suprême de créativité littéraire, où toutes les libertés sont accessibles, et dont l’héritage remonte aux grandes mythologies. Ces mondes différents entraînent le lecteur dans une évasion sans précédent, tout en l’invitant à s’interroger sur sa propre humanité, sa vision du monde. Véritables paraboles modernes, ils permettent de s’affranchir des a priori culturels et historiques pour aborder d’un œil neuf des problématiques potentiellement graves comme la guerre, l’écologie, le pouvoir, tout en préservant la dimension épique d’une aventure romanesque.

Créer de nouvelles règles du monde selon ses envies profondes ; en dérouler les conséquences naturelles, sociales, technologiques ; ménager l’équilibre entre cohérence et étonnement ; introduire ce contexte puis, enfin, le mettre au service d’une bonne histoire, tels sont les outils auxquels cet atelier se propose de sensibiliser ses stagiaires.

Car, comme le dit G. R. R. Martin, l’auteur célèbre de Game of Thrones : « ce qui m’intéresse dans l’Histoire, ce sont les histoires » ; si le monde représente l’outil central de l’imaginaire, il ne saurait être le seul, et surtout, il ne saurait prendre l’ascendant sur l’impératif de narration indispensable à une lecture agréable.

En utilisant la forme familière des récits de voyage, laquelle croise une multiplicité d’éclairages, les participants disposeront des premières briques d’un canevas narratif unique qu’ils pourront par la suite explorer à l’envi, que ce soit en approfondissant ses mécanismes, ou bien en y situant une, ou plusieurs histoires originales. Et, même s’ils choisissent de ne pas poursuivre ce voyage, ils se confronteront à une technique fondamentale de l’écriture : la maîtrise et la mise en scène du temps et de l’espace fictionnels.

L’atelier, sur le week-end, prendra la forme de sessions d’écriture et de débriefing alternées et intensives – parce que c’est le but : nous n’avons que deux jours, alors nous allons profiter au maximum du temps passé ensemble !

Atelier limité à 13 places : l’inscription se déroule ici, en ligne.

N’hésitez pas à faire circuler l’information !

2017-01-20T10:28:53+01:00mardi 13 décembre 2016|À ne pas manquer|2 Commentaires

Guide de survie à l’usage du futur spécialiste des baleines (ou de tout naturaliste en herbe)

Comme c’est une question qui revient périodiquement, je pensais développer une bonne fois pour toutes ce que je pourrais éventuellement avoir à contribuer sur les perspectives de carrière dans le milieu de l’étude des mammifères marins… Ou de toute autre “mégafaune charismatique” comme on dit. Comment devient-on éthologue / naturaliste au XXIe siècle, et quelle est la place de ces professions ? Des tuyaux, des contacts ?

Précaution habituelle : ceci ne reflète que mon expérience. Soit : mes années d’études (qui remontent à plus de quinze ans), mon contact plus ou moins proche et continu avec le milieu de la recherche, mes expériences de volontariat et d’animalier, ainsi que mes discussions avec des collègues et camarades. Ne prenez pas ça pour la vérité absolue, mais simplement comme un regard qui aspire malgré tout à une certaine synthèse.

Cruising black in white

Caveats

Salut, camarade. Alors comme ça, tu es comme moi une pouf à dauphin – heu, tu te sens l’âme d’un commandant Cousteau – pardon, tu aspires à une carrière scientifique dans la conservation ? Alors il me faut commencer par te mettre en garde sur un certain nombre de choses que tu ignores, ou sous-estimes peut-être. Les places dans le milieu sont chères ; si un seul de ces points est un dealbreaker, sache que tu vas te compliquer encore davantage la vie dans un plan de carrière qui, disons-le franchement, ne te garantit déjà pas une place. Cela nécessite une forte réflexion de ta part avant même d’envisager le “comment”. Toujours là ? Allons-y.

Les places sont CHÈRES. Non, sérieusement, vraiment, vraiment très chères. Je crois que tu ne te doutes pas à quel point. Les budgets de recherche fondent, on le sait (et ce à travers le monde), les aspirants naturalistes sont toujours plus nombreux, résultat, la compétition pour trouver un poste est simplement hallucinante. Dans les autres domaines de recherche, les postes de post-doc sont en général réservés à de jeunes docteurs le temps de trouver une titularisation ; ils en font un, trois au maximum, puis trouvent une place. Dans le domaine de l’éthologie / naturalisme, on trouve des docteurs de quarante ans qui enchaînent les post-docs depuis quinze ans – avec qui lesdits jeunes docteurs se trouvent donc en compétition pour obtenir ces places qui devraient étoffer leur CV. Cela revient à lutter contre un cadre supérieur pour décrocher un stage de collège. Le séminaire annuel de l’European Cetacean Society, c’est, je dirais, trois à cinq cents inscrits dont probablement deux tiers d’étudiants. Donc : si tu as besoin de stabilité financière et/ou morale, si tu redoutes de galérer pendant des années, interroge-toi. 

La recherche, c’est compétitif. La plupart des postes (qui sont déjà très peu nombreux) dans le domaine naturaliste se trouvent dans le domaine de la recherche, et la recherche est un milieu ultra-compétitif. L’adage américain dit “publish or perish” (et pas “persil”, foutue autocorrection) : c’est le corollaire de la rareté des places. Si tu n’es pas une bête de travail et que tu gères mal la pression, interroge-toi. (Ah, et puis parle anglais, hein, ça va sans dire.)

Symphony of life

Oublie l’idée d’aller faire gouzi-gouzi aux baleines un jour sur deux. Déjà, parce que ce sont des animaux évasifs, mais surtout parce que le travail de scientifique ne consiste pas, absolument pas, à sortir régulièrement sur le terrain au contact des animaux. La science se réalise beaucoup de nos jours devant un ordinateur à traiter des données. Il existe des périodes de collecte, c’est vrai, mais l’organisation nécessite des budgets (à trouver), et cela se réalise pendant une campagne qui durera, en raison des conditions, deux mois dans l’année en moyenne. Le reste du temps, ce sera toi, un ordinateur âgé et le logiciel R. Si tu rêves d’aller au contact des animaux avant toute chose, interroge-toi. D’autres carrières sont peut-être mieux adaptées, comme guide touristique, animalier ou écrivain d’imaginaire qui profite des vacances pour faire du volontariat écologique (ahem).

Va falloir que tu kiffes les maths et les statistiques. Comme je le disais dans le point précédent, le gros de la science se fait aujourd’hui sur ordinateur avec des modèles, ce qui nécessite d’être très à l’aise avec les maths, les statistiques et l’informatique. Cet accent mis sur les stats / maths est dû à deux choses : d’une part, c’est la mode, admettons-le ; mais surtout, dans un domaine de recherche où aller sur le terrain est coûteux et les données rares, être une brute de modélisation permet d’essorer au maximum les informations parcellaires dont on dispose pour en tirer quelque chose. Alors oui, toute la science ne se limite quand même pas à ça (et tu peux éventuellement t’en tirer autrement en étant très créatif – il existe par exemple des photographes naturalistes, mais là on parle plutôt, au final, de carrières artistiques spécialisées dans un domaine particulier, et une carrière artistique pose tout son lot de problèmes propres), mais il faut savoir, en résumé, que l’image romantique de Darwin ou même du commandant Cousteau n’est clairement plus d’actualité dans le milieu scientifique. Télécharge R, fais un ou deux didacticiels et si tu as envie de te pendre au bout de deux heures, cela devrait te servir de signal d’alarme. 

Tu n’auras pas de vie personnelle. En tout cas, attends-toi à de grosses embûches. Un chercheur en construction de carrière (ce qui peut durer, comme dit précédemment, dix ou vingt ans) est amené à bouger de par le monde tous les six mois ou deux ans, à changer de vie du tout au tout (et j’entends par là passer d’un bout à l’autre de la planète), à accepter les occasions qui se présentent au dernier moment (“Chéri, tu peux poser les enfants à l’école tous les matins pour l’année et demi à venir, je pars en Antarctique ?” Et non, je ne plaisante même pas, ça peut arriver.). Gérer une relation de couple promet d’être ardu (ou alors, il faut un conjoint drôlement flexible et compréhensif, et l’être soi-même), sans parler de fonder une famille. Ce n’est pas impossible, j’en connais qui le font, mais cela nécessite une situation en titane de carbone. En plus, cette période de construction professionnelle concerne surtout des personnes âgées entre 20 et 30 ans, soit la période où l’on apprend beaucoup, en plus, ce qu’est une relation adulte. Gérer l’instabilité d’une vie de naturaliste et cet apprentissage personnel peut être particulièrement compliqué. Si ton rêve est de te marier, de t’établir quelque part avec une maison et des enfants, interroge-toi très sérieusement. 

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Tu ne me fais pas peur, Davoust. Dis-moi juste comment faire.

Toujours là ? Okay. Eh bien, à ce stade, tu devrais du coup (si tu es malin, et il faut que tu le sois) commencer à entrevoir une vague idée de la façon de procéder : rien ne te servira davantage que d’inventer ta carrière toi-même. Dans tout milieu étrange et aléatoire (la culture, l’éthologie), celui qui réussit est celui qui sait le mieux examiner ledit milieu et voir la contribution unique qu’il peut y apporter (par son bagage, ses talents, ses passions) et que personne d’autre ne maîtrise. Il y a plus de quinze ans, ce milieu-là était à la traîne avec les outils maths / stats / informatiques ; étant geek, j’avais trouvé mon créneau notamment à travers les systèmes d’information géographique. J’étais ce type qui faisait des trucs magiques avec des ordinateurs que personne ne pigeait. (Depuis, ça a bien changé, le retard a été rattrapé, hein, trop tard, désolé.) La bonne nouvelle, c’est que, potentiellement, toute carrière et tout talent peut peut-être trouver à s’insérer pourvu que la personne soit assez passionnée et futée pour apporter une réelle contribution. J’ai une amie qui a obliqué vers une carrière dans l’observation touristique et l’étude des baleines à travers une formation en droit (la preuve, soit dit en passant, qu’on peut quand même s’affranchir des maths – mais ça reste la voie la plus indiquée). Une autre amie finance ses projets de recherche par financement participatif (et c’est une bête en communication). Voilà le genre d’intelligence dont je parle. Donc :

L’expérience prime sur tout le reste. C’est sûr, sans thèse ni diplôme scientifique, si tu veux faire de la recherche, tu vas ramer et peut-être atteindre un plafond de verre, donc le diplôme sert, mais ton but premier devrait être d’accumuler les expériences tous azimuts, dans n’importe quel domaine, à tout prix ou presque. (Voir le caveat précédent sur la mobilité, du coup.) C’est ton CV, comme toujours dans ce genre de domaine, qui va t’ouvrir les portes. Ce qui veut dire ramer au début, on l’a dit. Chaque instant d’éveil devrait être consacré à trouver ta prochaine expérience, ton prochain stage, volontariat, projet d’été. Ou petit boulot pour financer tout ça, parce que tu vas commencer bénévole, et le rester un moment, donc si tu aimes les pâtes Eco+, c’est clairement un plus.

Réfléchis de très près à ton profil. C’est injuste, en un sens, car le degré d’introspection nécessaire à cela nécessite un mûrissement qu’on a rarement à vingt ans, mais c’est la vie : creuse en toi-même, loin, pour trouver quelle est la contribution que tu veux / peux apporter, et observe le domaine pour voir comment les manques que tu y détectes pourraient recouvrir ce que tu as à offrir. (C’est la base d’une lettre de motivation, soit dit en passant.) C’est en cela que tu peux “inventer” ta carrière, même dans le domaine universitaire. Creuse ce qui t’intéresse, ce à quoi tu es bon, et que personne d’autre ne sait faire. Si tu es doué et que tu apportes une réelle contribution, tu as une chance qu’on s’intéresse à toi et que tu rencontres les bons projets. Si tu es juste un candidat de plus à avoir fait “une licence de bio parce que j’aime les dauphins”, sache que vous êtes à peu près un millier tous les ans dans le même cas rien qu’en France et que donc, on s’en fout.

Hauling out

Sois dégourdi-e. Corollaire de ce qui précède. Si tu m’écris juste pour que je t’indique des adresses, en toute amitié, tu t’y prends mal. En cette époque d’Internet et de Google, des adresses, tu en trouves une pelletée en un clic de souris. Oui, ça veut dire que si tu cherches un stage, un volontariat, tu vas devoir envoyer cinquante lettres personnalisées en candidature spontanée tous les mois, et il n’y a pas de raccourci (tant que tu n’as pas toi-même tissé tes propres liens). Ça veut dire que tu devras te renseigner, lire tout ce qui passe à ta portée, te déplacer dans les séminaires, les conférences (et donc payer l’inscription et le voyage) dans l’espoir de nouer des contacts, de rencontrer du monde, cela dans le but de rencontrer la ou les personnes dont tu veux t’inspirer, peut-être travailler avec elles à moyen terme, et surtout, j’y reviens, prendre la température du milieu, regarder comment ça fonctionne, décider si ta vocation est assez forte pour y vouer ta vie avec tous les caveats exposés plus haut et réfléchir à ta contribution (tout en restant flexible).

Travaille en bonne entente. Je me sens obligé de le mettre parce que, dans l’esprit de beaucoup, “la recherche est un milieu compétitif” se traduit par “la recherche, c’est un milieu de requins”. Non, tu n’arriveras à rien en marchant sur la gueule du voisin (je crois fermement qu’on n’arrive jamais à rien en marchant sur la gueule du voisin, tout le contraire) – ta correction et ta droiture seront la preuve de ton professionnalisme, et ton professionnalisme sera la meilleure assurance que tu trouves une place qui t’épanouisse.

Bon, des ressources ? Parce que j’ai, comme tout le monde, une dette karmique envers tous ceux qui m’ont mis le pied à l’étrier, deux points de départ centraux pour commencer à creuser : l’European Cetacean Society rassemble à peu près tous les chercheurs du secteur en Europe (duh), et toutes les annonces de volontariat, de publications et de postes passent sur la liste de diffusion MARMAM (bien que je ne fasse plus de recherche dans le domaine depuis belle lurette, je lis encore tous les abstracts qui y passent). Maintenant, à toi de jouer.

Bursting_breath

Je n’essaie pas de te faire peur, j’aimerais juste que tu saches dans quoi tu mets les pieds et que seul le plus grand dévouement, seule une authentique vocation qui durera te permettront de réaliser ce rêve. En est-ce bien un, d’ailleurs ? Si tu peux dire sincèrement oui en considérant qu’aucun des caveats susnommés ne te gêne, c’est bien parti, mais sache autre chose : tu vas vieillir. (Désolé.) Tu me lis peut-être à vingt ou vingt-cinq ans, tombé sur cet article par hasard, et tu réponds peut-être un fier et fort “oui !”, mais un jour, tu auras trente, puis quarante balais. Si tu es une fille (et la probabilité est forte, vu que ce milieu est principalement féminin), réfléchis bien à, mettons, ton envie de fonder une famille un jour (la probabilité est là aussi plus forte que la question soit une pressante chez une femme) (on parle de probabilités, hein, pas d’absolu, venez pas m’embêter) – sache que, si tu attaques sincèrement cette carrière, tu risques d’avoir des problèmes à tout concilier (ne serait-ce que parce que, biologiquement, il y aura quelques mois d’indisposition au moins).

Encore une fois, rien n’est impossible. Tu es peut-être particulièrement malin (j’ai un couple d’amis naturalistes, donc ils cumulent, mais ils y arrivent, c’est bien que c’est possible ; mais il faut clairement un tempérament aventurier, détendu et pas trop casanier de part et d’autre) et puis ton profil, ton intelligence peuvent démentir tout ce qui précède. Mais j’ai envie de dire, dans ce cas, tu n’avais pas besoin que je te dise tout ça parce que tu le pressentais déjà plus ou moins, non ?

À titre personnel, cela me fait toujours réfléchir qu’avec mes activités d’écriture de fiction (je répète, de fiction) où intervient quand même beaucoup la mer (ben, Léviathan porte ce nom pour une raison), je me retrouve à parler davantage de science, de biologie marine, d’halieutique et de conservation (d’un point de vue de vulgarisation) que je ne l’aurais probablement jamais fait si j’étais chercheur (et j’en suis ravi !). J’ai aussi fait mon choix : j’étais davantage un rêveur qu’un matheux, plus un raconteur d’histoires qu’un chercheur, et c’est pourquoi j’ai délibérément obliqué vers le fait d’observer et de raconter la poésie du monde plutôt que de l’étudier.

Quoi qu’il en soit, c’est un des plus beaux métiers du monde, et je te souhaite de réaliser le rêve qui est le plus fort en toi (mesure bien toutes les implications de cette phrase). Et peut-être, qui sait, je travaillerai un jour pour toi comme volontaire. Le cas échéant, dis-le moi, s’il te plaît, qu’on trinque à ta réussite !

Pour aller plus loin, un dossier “Travailler avec les mammifères marins” – certaines adresses sont périmées mais le fond reste valide. 

2019-06-07T22:41:02+02:00jeudi 8 décembre 2016|Best Of, Carnets de voyage|5 Commentaires

Rennes : un mini-salon littéraire pour les fêtes

Auguste lectorat rennais ! Il se passe un truc vachement chouette dans ta ville mercredi prochain, organisé par l’illustre librairie Critic : un mini-salon littéraire en soirée avec plein d’auteurs sympas pour faire le plein de cadeaux de Noël (pour tes proches, ou pour toi, hein, on ne le dira à personne, va) :

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C’est à l’Heure du Jeu, bar vraiment sympa où l’on joue, mange et boit (près de la gare). À partir de 20h, environ, pour la soirée. Venez, y a du saucisson et du jus d’orange (selon vos inclinations). Et puis des livres ! Mais ça ne se boit pas. KNOW THE DIFFERENCE IT CAN SAVE YOUR LIFE.

2017-01-01T17:41:31+01:00mercredi 7 décembre 2016|À ne pas manquer|Commentaires fermés sur Rennes : un mini-salon littéraire pour les fêtes

« Personne ne l’a vraiment dit » en traduction anglaise et accès libre !

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Voilà qui me fait drôlement, drôlement plaisir : « Personne ne l’a vraiment dit » (initialement publiée dans Ténèbres 2007 et disponible en accès libre ici) vient d’être traduite en anglais et mise à disposition gratuitement sous le titre “No One Really Knows”, sur le site Speculative Fiction in Translation, qui s’intéresse, comme son nom l’indique, à la traduction des littératures de l’imaginaire.

À l’initiative de Rachel Cordasco, le site propose actuellement plusieurs nouvelles courtes venues du monde entier, avec des tas de chouettes textes traduits vers l’anglais.

Merci à Rachel et au site pour cette initiative, visant à faire connaître davantage l’imaginaire du monde en langue anglaise ! Et un très, très grand merci à Janice Friend pour sa traduction magnifique qui m’a fait redécouvrir mon propre texte sous un éclairage nouveau.

La publication anglaise se trouve ici

2016-12-05T09:43:13+01:00lundi 5 décembre 2016|À ne pas manquer|Commentaires fermés sur « Personne ne l’a vraiment dit » en traduction anglaise et accès libre !

Procrastination podcast ép. 6 : “On a le temps”

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Deux semaines ont passé, et le nouvel épisode de Procrastination, notre podcast sur l’écriture en quinze minutes, est disponible ! Au programme : “On a le temps“.

La gestion du temps est un des outils fondamentaux de la narration littéraire. Au-delà d’une simple règle de grammaire et de l’usage, elle installe le lecteur dans un récit d’une manière qui n’est jamais neutre. Dans cet épisode, Mélanie Fazi, Laurent Genefort et Lionel Davoust traitent à la fois des temps de narration mais aussi des temps de LA narration, et en quoi cet outil d’une simplicité trompeuse influence la gestion de l’information et la maîtrise du rythme d’une histoire.

Procrastination est hébergé par Elbakin.net et disponible à travers tous les grands fournisseurs et agrégateurs de podcasts :

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Bonne écoute !

2019-05-04T18:48:40+02:00jeudi 1 décembre 2016|Procrastination podcast, Technique d'écriture|3 Commentaires

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