Procrastination podcast s07e19 – Avoir une stratégie d’auteur

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Deux semaines ont passé, et le nouvel épisode de Procrastination, notre podcast sur l’écriture en quinze minutes, est disponible ! Au programme : “s07e19 – Avoir une stratégie d’auteur“.

Comment s’orienter à long terme si l’on souhaite peut-être publier régulièrement, si l’on a envie de construire ce qu’on appelle communément une « carrière » – à quoi cela ressemble, et comment l’aborder ?
Mélanie n’a jamais voulu vivre à plein temps de l’écriture ; avoir une autre activité (la traduction) était le bon choix de vie et professionnel, et elle invite donc à réfléchir sur le bien-fondé de vouloir vivre purement de son art. Pour Estelle, cela correspond bien à son caractère, mais elle avertit sur la difficulté de vivre de l’écriture et le danger de se fixer cet objectif. En revanche, il est possible d’organiser son parcours conformément à ses envies artistiques !
Lionel propose trois piliers à garder en tête pour une carrière : la liberté de création (le plus important !), l’angle d’approche commercial, et la maturité technique, prenant en compte le fait que le métier change constamment.

(Note : à 12’37, Estelle voulait bien sûr parler d’« auteur fantasme » et non d’« éditeur ». Notre poditoire aura sans nul doute rectifié de lui-même)

Références citées

  • « Les Archives de Roshar », saga de Brandon Sanderson
  • Tata Estelle et ses bons conseils

Procrastination est hébergé par Elbakin.net et disponible à travers tous les grands fournisseurs et agrégateurs de podcasts :

Bonne écoute !

2023-07-21T10:22:19+02:00jeudi 15 juin 2023|Procrastination podcast|Commentaires fermés sur Procrastination podcast s07e19 – Avoir une stratégie d’auteur

Procrastination podcast s05e17 – L’ambition

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Deux semaines ont passé, et le nouvel épisode de Procrastination, notre podcast sur l’écriture en quinze minutes, est disponible ! Au programme : “s05e17 – L’ambition“.

L’ambition n’est pas toujours un terme très bien vu, surtout dans un domaine artistique, et pourtant, elle peut porter un projet jusqu’au succès : l’ambition littéraire d’abord, pour réaliser le meilleur livre possible ; professionnelle aussi, pour lui donner la meilleure diffusion.
Lionel attire l’attention sur les pièges de l’ego et le fait de suspendre la validation de l’art à la reconnaissance de l’édition ou du public ; le plaisir devrait se trouver d’abord dans l’artisanat. Estelle loue le désir de progresser et de travailler avec les éditeurs qui peuvent offrir la meilleure chance à ses projets ; et elle encourage vivement toutes les autrices à montrer la même ambition que leurs collègues masculins. Mélanie expose la démarche de trouver les bons partenaires pour les bons projets et d’arriver au maximum de justesse pour toucher ses lecteurs et lectrices.

Références citées

– Paracelse

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Bonne écoute !

2021-06-01T17:36:38+02:00lundi 17 mai 2021|Procrastination podcast|2 Commentaires

Tous les thèmes de Procrastination jusqu’à mi-mai

Procrastination, le podcast qui porte décidément de plus en plus mal son nom, a maintenant plus de dix épisodes d’avance dans la boîte :

(On constate que j’ai visiblement décidé de faire tous les mèmes d’Internet un à un)

Et donc, voici le planning mis à jour de tous les thèmes à venir, déjà dans la boîte, prêts à la production, cash pistache :

  • 1e décembre : Le retravail des manuscrits, avec Mireille Rivalland
  • 15 décembre : Le découpage des séries
  • 2 janvier : Le réalisme en imaginaire
  • 15 janvier : L’organisation d’une journée de travail
  • 1e février : Vivre la critique
  • 15 février : Les règles magiques de Brandon Sanderson, part. 1
  • 1e mars : Les règles magiques de Brandon Sanderson, part. 2
  • 15 mars : Écrire son deuxième livre
  • 1e avril : Conseils de survie pour écrire l’action
  • 15 avril : La procrastination (on ne pouvait pas ne pas la faire…)
  • 1e mai : Les mises en page hors normes
  • 15 mai : L’ambition

Et nous commençons à déjà à penser évidemment à la saison 6.

J’en profite pour mentionner que je sais, vous êtes nombreux et nombreuses à regretter que la diffusion sur YouTube s’arrête à la saison 2. Nous n’avons pas oublié, et je suis sur la piste d’une solution pour que le canal reprenne. Ça ne devrait pas trop tarder !

2020-11-18T12:20:04+01:00lundi 23 novembre 2020|Technique d'écriture|4 Commentaires

Au secours, j’ai l’impression que mon projet me dépasse, c’est normal ?

Par le pouvoir du crâne ancestral / J’arrive trop tard pour le réchauffement global. (Photo Nikko Macaspac)

Or doncques, en ce joli mois de mai (on est toujours en mai quand les mois sont jolis, ce qui est étrange, car en mai, il peut encore te grêler sur la tronche, ce qui n’est quand même pas très civilisé, mais ça va, on n’est pas en mai de toute façon), je reçus cette question qui, je dois le dire, a frappé une corde sensible en moi (le fa bémol) :

[dans le contexte de l’écriture d’un roman à venir…] J’ai décidé de passer à l’action en préparer le terrain avec un carnet “préparatoire”. Je voudrais préparer une sorte de story board, définir les enjeux, les lieux… Et c’est la que ma question intervient. Plus j’avance, plus j’ai l’impression que le projet me dépasse, comme si j’avais mis le doigt dans un engrenage que je ne peux arrêter. Est ce que ce type de chose est normal ? Est ce juste que le projet est trop gros et que je suis trop gourmand ?

J’ai décidé de passer à l’action en préparer le terrain avec un carnet “préparatoire”. Je voudrais préparer une sorte de story board, définir les enjeux, les lieux… Et c’est la que ma question intervient. Plus j’avance, plus j’ai l’impression que le projet me dépasse, comme si j’avais mis le doigt dans un engrenage que je ne peux arrêter. Est ce que ce type de chose est normal ? Est ce juste que le projet est trop gros et que je suis trop gourmand ?

Caveat tristement habituel avant qu’on ne m’accuse bêtement de prêcher ma parole comme l’Évangile (ce qui ne manque pas de poivre, quand on me connaît un peu) : ce que je dis n’engage que moi, n’utilisez pas mes paroles comme embarcation sans gilet de sauvetage, tenez-les à l’abri de l’air et de la lumière de crainte QU’ELLES VOUS SAUTENT À LA GUEULE comme le lapin de Sacré Graal (pour mémoire). Donc :

… mais quand même. Là, il me faut insister plus lourdement que d’habitude sur le fait que ces sensations, ces intuitions viscérales ne peuvent être jugées comme a/normales que par celui ou celle qui les vit. Es-tu trop gourmand ? Je ne sais pas. Toi seul sais. Mais le problème, avec les sensations viscérales, c’est que parfois, elles représentent des avertissements vitaux ; parfois, elles représentent également des craintes irrationnelles, ancrées, face à une adversité nette, mais que l’on veut conquérir pour aller au-delà et accomplir quelque chose de chouette. Nos tripes ne savent pas faire la différence. Et dans le second cas, notamment, il faut passer outre si l’on veut accomplir ses désirs (comme disait Nietzsche, rien de ce qui important ne vient sans surmonter quelque chose).

Je dis cela car, pour te répondre à mon avis précisément : est-ce que c’est normal de ressentir ça ? Très honnêtement, je ressens ça quasiment tous les jours. Quasiment tous les jours, je vais au clavier un peu comme à l’échafaud, parce que ouais, j’ai la trouille, et que je ne me lance pas dans un projet qui ne recèle pas une part de défi, une part d’inconnu, quelque chose que je n’ai encore jamais fait. Et que je vais, donc, devoir apprendre à faire. Je suis vissé comme ça ; je carbure à la difficulté, parce que j’aime les franchir. Je suis potentiellement un peu masochiste. J’avoue aussi.

Quand je constate l’envergure d’Évanégyre, même de la série « Les Dieux sauvages » qui est passée trois à cinq volumes parce que j’en avais sous-estimé l’ambition, ou encore tous ces autres projets que j’ai en stock et que j’ai envie d’essayer, je pourrais me dire : bien sûr, je suis trop gourmand. Il y a des jours plus difficiles que d’autres où je me le dis, où je me dis “rhaaaa, j’aimerais bien écrire un truc facile de temps en temps” – mais je sais aussi que je vais être ravi de trouver, cette fois encore, comment raconter mon histoire.

“Comment raconter” : c’est là la part vitale de l’équation. Car à mon humble avis, il est impossible de tenir un récit entier, même une nouvelle (a fortiori un roman ou une saga) dans son esprit, de la même façon qu’on ne se rappelle pas les mots d’un livre après l’avoir lu – on se souvient d’un ensemble, d’un trajet. Donc, il est normal, je pense, de sentir qu’on n’a pas une prise ferme sur son récit. C’est probablement impossible. (Nous sommes en bonne compagnie.) Et même : ce n’est peut-être pas souhaitable. Parce qu’un récit, une histoire, une fiction qui arrive à des gens, c’est un morceau de vie, ou du moins l’illusion de celui-ci ; c’est un matériau qui doit pouvoir respirer, évoluer, grandir et suivre les chemins qu’il lui faut – et pour parvenir à accomplir cela, il faut nécessairement abandonner une part de contrôle. Le “comment” se crée à chaque instant. 

Ce qui est terrifiant, on est d’accord. Surtout quand on est un fichu structurel comme moi VA, INTRIGUE, VA LÀ OÙ JE L’AI DIT s’il te plaît sois gentille j’ai peur à l’intérieur.

Un corollaire / une conséquence / la suite / je ne sais pas laissez-moi tranquille / de cette équation, du “savoir comment raconter”, ou plus exactement : de partir à la découverte, à la recherche du comment raconter, c’est l’enthousiasme. C’est peut-être le compas le plus précieux de l’auteur : avoir envie, et aller là où cette envie le dicte (et c’est la clé toute simple qui permet de réconcilier la peur de l’inconnu avec l’assurance que tout va bien se passer tant que tu avances). C’est plus facile certains jours que d’autres. Certains jours, on a davantage confiance (ou on est davantage merveilleusement inconscient) que d’autres. Mais c’est normal. Et si l’on parle de sensations viscérales, celle-ci est bien plus précieuse que la peur : oui, c’est dur, oui, j’ai peur, oui, je galère, mais bordel, là où je vais, ça me parle. Et tant qu’il y a ça, ne pas perdre la foi : on va y arriver.

Un mot quand même pour tempérer tout ce que je viens de raconter, et qui laisse peut-être entendre qu’un auteur débutant, tel la fillette et le petit chien foufou du générique de la Petite maison dans la prairie (pour mémoire1), est invité à gambader n’importe où dans les hautes herbes de son imagination en abordant tout et n’importe quoi sans aucune hiérarchie : il est probablement judicieux de faire preuve d’ambition… mais dans une certaine mesure. C’est-à-dire, de sortir de sa zone de confort dans la mesure du raisonnable (tu l’as vu, mon gros paradoxe ?).

Des auteurs ayant commencé par des sagas complexes qui fonctionnent, il y en a. Je ne suis pas en train de dire que si tu commences, tu dois forcément te faire la main sur des nouvelles (même si cela me semble un bon conseil pour appréhender, dans une mécanique à la fois brève et très exigeante, les techniques de l’écriture sans s’épuiser dans un roman, lequel représente un travail, ben, plus long). Cependant : tous les projets ne sont pas égaux en terme d’ambition et de complexité narrative (et je ne mets nullement là une étiquette de qualité : simplement, écrire « Les Dieux sauvages », une série de cinq volumes avec huit à dix points de vue par tome, ben c’est forcément plus compliqué que Les Questions dangereuses, une novella avec un protagoniste clairement identifié). Savoir ce qui est à ta portée, ou bien juste au-delà (si tu es masochiste comme moi), pour en apprendre ce qu’il faut, il n’y a que toi à le savoir.

Par définition, le projet le plus simple sera toujours celui que tu auras terminé, car tu auras défriché le chemin, et le projet suivant semblera toujours un peu trop vaste, je pense. Donc, courage et persévérance. Vivre avec cette sensation au quotidien et avancer malgré tout est le défi principal d’une attitude professionnelle et d’une carrière qui persiste des années. Quittons-nous sur cette vidéo que je citerai jusqu’à ce que mort tiède de l’univers s’ensuive.

  1. D’ailleurs, le lapin de Sacré Graal est blanc comme le chien – coïncidence ? JE NE CROIS PAS.
2019-06-01T14:35:52+02:00mercredi 20 février 2019|Best Of, Technique d'écriture|9 Commentaires

Oui, la critique peut être objective (2)

philosophy_kitteh1Résumé des épisodes précédents : hier, je me suis lancé dans l’exercice casse-gueule de décortiquer l’exercice de critique narrative selon trois axes. Après m’être demandé ce que je venais faire dans cette galère, je conclus par le troisième axe, soit… 

L’impératif d’intention

Toute oeuvre narrative a une démarche, une intention. (Même de s’affranchir de toute oeuvre et de toute intention, comme certaines veines du surréalisme, voire du Nouveau Roman.) C’est-à-dire qu’en tant qu’objet fictionnel, elle présente une grammaire narrative (son image, son style, son discours, même) qui déclare ce qu’elle cherche à être. “Voici ce que je raconte, et comment.” Cette intention va ensuite la placer dans une mouvance ou un genre, qui sont des catégories arbitraires décidées par les analystes pour découper les continuums en tranches, parce qu’à un moment, pour analyser les trucs, il faut bien discrétiser les ensembles : c’est un processus naturel et classique de l’analyse – mais pas de la création, du moins, me semble-t-il. (Mais ça nous entraîne bien trop loin.)

Il s’agit, en un sens, d’une extrapolation de l’idée de promesse narrative (et là je me rends compte que j’aurais dû écrire un article sur cette notion d’abord, tant pis, on verra, circulez.) Rapidement, tout récit fait des promesses à son public : si je prends de longues minutes pour établir un personnage, je fais la promesse que cela servira (ou bien je le tuerai arbitrairement pour choquer, mais il aura, là aussi, rempli sa fonction). Trop chercher l’utilité des éléments ou le paiement des promesses conduit à une fiction mécaniste où rien n’existe seulement pour la beauté de la chose ; c’est encore une autre histoire, considérons simplement, pour l’instant, que si je vire ce personnage sans plus jamais rien en dire, j’aurai échoué dans ma promesse. Très basiquement, toute promesse appelle un paiement (de la promesse)1.

L’impératif d’intention n’est rien d’autre que la somme des promesses faites par l’oeuvre en tant qu’objet, et la concrétisation (ou non) de celles-ci. 

Attention, l’intention n’est en aucun cas un jugement de valeur. L’intention peut être aussi variée que

  • Je suis un gros blockbuster décérébré qui poutre
  • Je suis une réflexion profonde sur la condition humaine
  • Je suis léger, amusant, je veux faire rire
  • Je suis un divertissement sans prétention pour passer simplement quelques heures
  • J’envoie balader toutes les notions d’intention et je fais n’importe quoi pour montrer en quoi c’est stupide (… ce qui est une intention)
  • Je veux surprendre en mélangeant ce qui n’est pas mélangeable et produire quelque chose de différent, mais potentiellement appréciable et nouveau

Il n’est nullement question de juger du discours (c’est là que la notion de goût intervient : si l’on n’aime pas les blockbusters, on évite d’en voir, mais il y a des gens qui aiment, et ce genre de film marche plus ou moins) mais de savoir si, oui ou non, l’oeuvre accomplit son objectif, remplit sa promesse en tant qu’objet, qu’il s’agisse de proposer une réflexion profonde et philosophique ou un bon moment d’amusement. De plus, l’intention n’est pas forcément exprimée dans l’esprit du créateur, qui est peut-être le jouet de son oeuvre ; mais le critique, en la recevant, doit décoder. C’est son travail (de critique aspirant à l’objectivité).

Est-il savonneux d’essayer de décoder l’intention d’une oeuvre rien qu’en la voyant ? Fichtre, oui, c’est horriblement risqué, et quasiment grossier. A-t-on des chances de se planter ? Évidemment. Néanmoins, si l’on veut sortir du “j’aime / j’aime pas” (ce qui n’est encore une fois pas répréhensible, mais une différente sorte de lecture), si l’on cherche à savoir si une oeuvre peut être recommandée, je ne crois pas qu’il existe d’autre clé de lecture.

Pour résumer

La fiction est un rêve dont le maintien (ou le questionnement) constitue sa nature même. 

  • La fiction doit employer les moyens qui la servent ; 
  • La fiction doit être cohérente (ou maîtriser son incohérence) ; 
  • La fiction doit remplir les promesses qu’elle SEMBLE se fixer. 

Ceci étant le point de vue du consommateur / critique qui sommeille en moi (et ma grille de lecture quand je me corrige moi-même). Quand vous tomberez sur des critiques sur ce blog, c’est à la jonction de ces trois impératifs que je me place. Ce qui a ses forces, ses faiblesses, et sa part inhérente de subjectivité, mais qui me permet, je crois, de porter un avis potentiellement positif même sur ce qui ne me parle pas. Tout désaccord est évidemment recevable. Mais, au moins, vous saurez ce dont il retourne ; pourquoi j’affirme que L’Écume des jours est un mauvais film, mais Avatar un bon ; pourquoi Sucker Punch est un triste échec, mais Tron : Legacy une réussite.

Nota : Si l’on voulait être réellement exhaustif, il faudrait ajouter l’impératif de progrès (cette oeuvre apporte-t-elle quelque chose à son genre, à sa forme ?), qui fait avancer la culture dans son ensemble. Je ne pense pas que cela soit nécessaire – impératif au sens des trois axes proposés ici – mais que cela constitue une valeur ajoutée. Il faudrait encore une discussion de profondeur là-dessus, mais cela s’écarte du sujet souhaité, car faire de cette considération un impératif, ou non, me semble, finalement, esthétique, et sans réel lien avec le maintien du rêve fictionnel. Ce qui n’est pour dire que l’innovation est partie négligeable, au contaire, elle est vitale à la santé de la création, mais ne constitue pas, je pense, un critère de critique aspirant à l’objectivité. J’aurai peut-être changé d’avis dans un mois, notez. C’est ça qui est confortable quand on est écrivain et pas théoricien – je m’en rends bien compte. 

  1. Clin d’oeil aux copains des Films à Réaction pour les discussions sur le sujet.
2014-08-30T16:42:24+02:00jeudi 25 juillet 2013|Best Of, Le monde du livre|13 Commentaires

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