Je passe à l’ennemi (l’Apple de Cthulhu)

Okay__yeah__well__you_can_laugh_at_me.__ipadpro__apple__conversion__changeBon, voici un petit coming out (caveat : post à haute teneur personnelle, passez votre chemin si ma vie ne vous semble pas trépidante – vous avez tort – je trépide beaucoup – à vous de voir) : je me suis trompé.

Ou alors, je vieillis. Bientôt, je me mettrai des écarteurs dans les oreilles, je ressortirai mes chemises de bûcheron (j’en portais dans les années 90 before it was cool), j’irai chez Starbuck et…

Non, en fait, c’est surtout que la technologie a évolué conformément à mes attentes et a atteint la maturité que je commençais à désespérer de lui voir atteindre.

Plus, Windows 10 me rend dépressif.

Auguste lectorat, tu m’as entendu le dire, je me moquais plus ou moins gentiment d’Apple et de son design Gucci, de ses machines hors de prix, de son interface mignonnette, de son manque d’extensibilité, du culte absurde que la marque génère, de son écosystème fermé, de son manque relatif d’innovation… Je me fondais pour cela sur un iPad 4 que j’ai conservé quatre semaines avant de criser sur l’incapacité de faire quoi que ce soit de vaguement productif (du genre partager une page web de Chrome à un service du type Buffer), et de le revendre illico. Et puis les années ont passé.

J’ai une exigence bien particulière : je suis souvent en déplacement et je ne réfléchis bien qu’avec un stylo en main. L’écriture génère une quantité considérable de notes (surtout pour l’écriture d’une trilogie – Léviathan représente une chemise à sangles entière rien qu’en réflexions papier) – et il est hors de question de me trimballer tout ça en voyage. Du coup, je recherche depuis plusieurs années une solution de rédaction numérique idéale qui me permette de transporter et d’ordonner mes idées manuscrites dans le poids d’un seul appareil.

J’ai essayé les Galaxy Note grand format chez Samsung. Moyennant un stylet de meilleure qualité acheté directement chez Wacom, c’était pas mal.

J’ai placé beaucoup d’espoir dans la Surface Pro. Sur le papier, une machine géniale. Dans les faits, une qualité d’écriture dégueulasse (et une chauffe inconfortable). Un super PC miniaturisé, mais : inutilisable pour cette exigence précise.

En désespoir de cause, “foutu pour foutu”, j’ai essayé l’iPad Pro et son stylet.

Ça défonce tout. Je suis tombé amoureux. J’ai revendu tout le reste. (Je proposerai probablement un petit test plus détaillé sur le sujet des tablettes, d’ailleurs : ayant à peu près tout eu et tout revendu, je crois pouvoir faire autorité.)

J’ai redécouvert iOS et, moi qui ne jurais que par Android, j’ai trouvé, avec le passage des ans, que tous les obstacles techniques que je déplorais sur l’iPad 4 ont été levés. Les applications communiquent entre elles. On peut réellement contrôler sa machine en profondeur. Le système respecte l’utilisateur (par exemple en demandant l’autorisation de poster des notifications au lieu de les ajouter d’office comme sous Android). Des dizaines d’applications uniques, d’astuces et de hacks donnent à l’ensemble une puissance proprement hallucinante (avec des bijoux tels que Workflow, Dispatch, évidemment Omnifocus et j’en passe). J’ai pu constater, à présent, que la promesse d’Apple (“c’est fait pour bosser, c’est bien conçu, et ça marche”) était remplie au-delà de mes espérances.

J’ai ensuite testé un tout petit Macbook Air, et là aussi, l’expérience a dépassé mes espérances. J’ai jeté au visage du système tout ce que j’ai pu : émulation de machine virtuelle Windows, grosses applications gourmandes, navigateur avec une pelletée d’onglets (en mode : “vas-y, crashe, montre-moi que t’es pourri”), mais l’engin – s’il a ralenti, ce qui est normal – n’a pas planté. D’expérience, je sais que la Surface Pro 3 – pourtant plus puissante – m’aurait claqué dans les doigts avec deux fois moins – pas d’écran bleu, mais un système devenu moisi et nécessitant un redémarrage. Les outils système d’optimisation pour power users sous OS X (Alfred, TextExpander, Hazel, Keyboard Maestro… voir cet article) ridiculisent littéralement les tentatives mal foutues d’émuler le même genre de fonctionnalités sous Windows.

Je me rends compte d’à quel point l’expérience Windows, bien qu’ayant progressé d’année en année, manque de cohérence, de direction, de finition. Passer sous Win10 a nécessité de réinstaller tous mes logiciels musicaux. Depuis quelques mois, ma machine de travail refuse de s’allumer si le clavier USB est branché (WTF ?). L’interface Modern UI avec ses lignes droites, ses angles carrés et ses icônes ultra-simplifiées nous ramènent à une époque où le monochrome n’était pas un choix, comme si trente ans de réflexion sur le langage des interfaces graphiques s’était évanoui, comme si, quelque part chez Microsoft, on avait oublié que l’être humain aime la couleur, les courbes, la douceur. (C’est réellement une doctrine de design : lisez cet article de Steve Clayton exposant les principes actuels gouvernant les interfaces chez Microsoft, les bras m’en tombent – ils ne voient pas combien c’est moche ? Ne fait pas du Bauhaus qui veut…) Sérieusement, auguste lectorat, je déprime de bosser sur un truc pareil à longueur de journée, à tel point qu’installer WindowBlinds est devenu une nécessité vitale, ou bien je me pendais.

La tristitude.

La tristitude.

Oui, Windows marche. Oui, Win10 marche mieux que pas mal de ses ancêtres (avec la possible exception de Seven, certainement la meilleure incarnation). Mais je m’aperçois à quel point un Mac, ça marche tellement mieux. À quel point tout est concentré pour l’usage et l’amélioration desdits usages (même remarque pour iOS), quand Windows et Android fournissent le minimum et à chacun de construire sa solution dessus. C’est la rançon de l’ouverture, bien sûr ; Apple ferme ses systèmes à mort et il est difficile de sortir des sentiers battus, d’où l’impératif d’un système bien développé comme fondation (et ma crise sur l’iPad 4).

Mais en somme, avec les produits Windows et Google, je me bats pour que ça marche exactement comme je voudrais, et je me sens intelligent quand j’ai réussi à faire que tout fonctionne comme je le veux. Mais chez Apple, je découvre que ça fait déjà ce que je veux et que, si je suis malin, je peux faire encore mieux. Je pars de plus haut. Le temps passé à traficoter entraîne une optimisation, pas une pure maintenance pour s’assurer que ça ne va pas me claquer dans les doigts. C’est la promesse d’Apple, et, à ce que j’en vois, l’entreprise la tient d’une façon qui, aujourd’hui, me comble.

Je n’ai plus quinze ans, quand je passais le plus clair de mon temps à jouer à X-Wing sur mon 486. (Je voulais jouer, il fallait un PC ; j’étais sous Mac, avant… un vieux LC avec – luxe ! – 80 Mo de disque dur, sous Système 7 – j’ai évidemment pris une claque en mettant mes doigts sur El Capitan aujourd’hui, tout en retrouvant curieusement mes marques…). Aujourd’hui et depuis des années, j’ai une machine pour jouer, une machine pour travailler, et la machine de travail doit me permettre de produire vite, bien, efficacement et sans erreur. J’accepte de bidouiller une machine de jeu pour l’optimiser. Pas une machine de travail. Tout temps passé à optimiser / réparer / débugger une machine de travail est du temps perdu. Je suis prêt à payer plus cher pour m’éviter cela, parce qu’au final, je m’y retrouve sur l’investissement. 

Et puis oui, après tout, nous passons le plus clair de notre temps sur nos appareils, ordinateurs, téléphones, tablettes. Le design est important, car il dicte en partie l’usage, et donc la fonction de l’objet. S’il y a des gens qui veulent des paillettes sur leur iPhone, chacun son truc – pour ma part, je me satisfais seulement des proportions d’écran de l’iPad, qui sont, à l’usage, parfaites pour un usage professionnel, et c’est ce que je demande.

Donc, je me suis trompé. C’était prévisible, quand on voit le nombre de pros, dans le domaine de l’écriture et de la musique, qui tournent sous Mac ; mais que serait l’informatique sans une bonne petite guéguerre Amiga / Atari ? Même si Windows, je le répète, reste très fonctionnel – mais j’en ai marre du purement fonctionnel ; j’ai envie d’avoir envie. J’aime l’informatique et je passe ma vie dessus pour le boulot ; le confort et l’optimisation sont des exigences non négligeables. J’en ai marre de me faire le malin à économiser 400 euros sur un nouvel ordinateur pour me retrouver à le dépanner 15 minutes par semaine et à me stresser à me demander s’il va retomber en marche. Je suis entré dans un Apple Store avec la timidité d’un adolescent rentrant dans un sex shop, en me demandant si ce serait sale et si mes parents risquaient de me gauler. Si mon âme irait en enfer. Et en fait, c’était bien. C’était douillet, agréable, je me rends compte que ce n’est pas répréhensible, qu’il n’y a pas de honte à ça et même que d’autres partagent la même déviance, avec qui on peut discuter à voix basse. J’embrasse le clan des hipsters. J’assume mon côté fashion victim. De MS-Dos 6.0 à Windows 10, d’Android 2.3 à Mashmallow, après plus de vingt ans de bricolage, de tripatouillage de CONFIG.SYS et d’AUTOEXEC.BAT, d’installations religieuses du Service Pack 1 sur Windows XP pour éviter que l’installation n’explose après cinq minutes de connexion à Internet, je jette l’éponge. Je couve d’un oeil nostalgique mon vieux Mac LC qui trône encore sur une vieille desserte dans l’appartement paternel et j’adresse une tendre pensée à mon vieil Apple //c perdu dans les déménagements, sur lequel j’ai découvert l’informatique à l’âge de six ans, codant ensuite en BASIC sur des disquettes 5 ” 1/4.

Je rentre à la maison. Adieu Windows.

2016-04-12T13:07:43+02:00jeudi 14 avril 2016|Journal|106 Commentaires

Là où Apple trône

Il était une fois :

Je fais cette recherche dans Google (oui, l’exercice de la traduction peut nous conduire aux requêtes les plus improbables) et voici en résultat la première publicité à laquelle j’ai droit :

iphone-toilet

Sérieusement, Apple ? Vous achetez tous les mots-clés Google ou quoi ? Mobile, ça a du sens ; mais… ?

2015-11-27T09:20:23+01:00mardi 1 décembre 2015|Expériences en temps réel|4 Commentaires

La guerre des consoles recommence-t-elle ?

surface_failEn fait, en constatant le succès de deux géants, Android (Google) et iOS (Apple), et en voyant qu’un géant un peu déchu, Microsoft, décide de publier Office sur iPad, ce qui ressemble à une capitulation (MS comptait sur l’exclusivité pour pousser ses tablettes Surface), cela me rappelle curieusement la triangulaire Nintendo – Sega – Sony à la fin des années 90, avec Sony dans le rôle de Google, Apple dans celui de Nintendo et Sega dans celui de Microsoft. Sega, placé sur des plate-formes matérielles chères, sans véritable logithèque, s’est cassé les dents au point de ne devoir son salut qu’à une reconversion dans l’édition logicielle (avec succès). Microsoft n’a pas vu croître deux terrains où il était historiquement faible : le service en ligne (où Google règne en maître) et le matériel (où Apple règne en maître).

Avec ce port d’Office sur iPad, les versions d’entrée d’Office devenues gratuites, la tentative de pousser Windows 8 vers le cloud, d’intégrer tous ses services dans une seule expérience à la Google, cela donne l’impression que l’entreprise cherche à se repositionner comme fournisseur de services exclusivement. Mais les services mal finis, approximatifs à la Microsoft, ne peuvent pas lutter contre l’écosystème ouvert de Google ni la facilité d’usage d’Apple. Microsoft est loin d’être mort ; mais peut-on commencer à lui dessiner un avenir à la Nokia… qu’ils ont racheté, tiens, d’ailleurs ?

2014-04-25T17:13:03+02:00lundi 28 avril 2014|Geekeries|5 Commentaires

Amoureux du silicium

Et non du silicone, hein. Évidemment. D’ailleurs, c’est un faux ami bien traître et bien connu en anglais : la Silicon Valley n’a rien à voir avec l’ex-décolleté de Pamela Anderson, mais avec des puces. (Non, ça n’a pas plus de rapport avec Pamela Anderson, quoi ! Enfin ! Sérieux !)

Sachant que je risque d’être assez souvent d’être en déplacement pour la sortie de Léviathan : La Chute, il devenait urgent de pouvoir conserver mon mail dans ma poche, et j’avais également besoin d’être capable de mieux alimenter les réseaux sociaux – ce que, malgré ma résolution, je n’ai jamais vraiment fait en salon au cours de l’année passée. La faute à l’interface pourrie et aux applications lourdingues de mon acquisition précédente, le Samsung Wave (apprécié par la critique pour des raisons que je ne m’explique pas).

Enter mon amour du moment : Le HTC Desire Z – reçu il y a trois jours – est déjà une bouffée d’air frais et tout ce que j’espérais d’un smartphone. Le clavier coulissant permet à mes gros doigts de taper des messages intelligibles sans passer par l’écran tactile, où tous les T9 du monde ne sauraient corriger ma saisie de hpbkitz en bonjour, la synchro avec le compte Google est juste magique – agenda, dix ans d’historiques de mails directement accessibles dans le cloud -, les applications pour réseaux sociaux sont simplissimes et immédiates d’emploi. Et puis, hé, il y a un émulateur de Super Nintendo dessus (et je me suis aussitôt empressé d’installer Chrono Trigger).

Certes, j’ai vendu mon âme à la firme de Mountain View, mais zut, leurs applications sont quand même tellement bien pensées – avec, aussi, une ouverture sur l’extérieur qu’il faut saluer. J’ai pu transférer tous mes mails sur la plateforme GMail, mais en conservant mon adresse sur LD.com – est-ce qu’Apple aurait proposé un truc pareil ? Hein ? Non, je suis sûr qu’on m’aurait demandé d’ouvrir un compte en ld@iamapplesbitch.com. C’est aussi un des arguments de vente majeurs de ce HTC : ce n’est pas un iPhone.

Oui, je suis de 100% mauvaise foi. Non, plutôt 45%, à vrai dire. Apple se comporte mal.

Allez-y, balancez les flames, j’ai un parapluie en kevlar inoxydable, j’ai même pas peur.

2011-09-06T11:30:06+02:00mardi 6 septembre 2011|Geekeries|22 Commentaires

Titre

Aller en haut