Taper des émojis au clavier sans effort (et pourquoi diantre vouloir faire un truc pareil)

Ouaiiiiis alors moi aussi le jour où j’ai eu un smartphone un peu moderne et que j’ai vu ces petites icônes colorées un peu idiotes, je les ai dédaignées comme un homme de goût, un vrai, du genre à avoir connu les smileys de la grande époque, m’sieur-dame, à l’époque où on leur mettait même le nez comme ça 🙂 parce que 🙂 c’était encore trop cryptique, et je ne vous parle même pas de l’invasion de la kawaiitude quand c’est devenu ^^, on était déjà à l’époque au moins, holà, en 2005. Enfin, je dis « aussi », si ça se trouve je suis juste un vieux con et vous êtes parvenu·e beaucoup plus vite que moi à la conclusion suivante :

C’est que c’est drôlement pratique en fait.

Je ne parle même pas des nuances 😃 à donner 😉 aux conversations 😆 évitant globalement 🤔 les erreurs d’interprétation 😱 des smileys classiques1, mais comme il commence à y avoir un émoji pour à peu près n’importe quoi (c’est comme les GIF), objets, véhicules, animaux, lieux, symboles, cela peut former, dans des notes d’écriture (je me demande vraiment pourquoi j’ai pris cet exemple-là au complet hasard) des repères visuels extrêmement pratiques, symboliques et colorés. L’équivalent du petit dessin genre ⚠️ ou de la puce de la liste, mais toujours parfaitement lisible, et réplicable à l’infini.

Il faut savoir que sur le plan technique, les émojis n’ont rien d’une facétie graphique propre à un système : il s’agit de caractères à part entière, validés et décidés par le très sérieux consortium Unicode, l’organisation qui se charge de définir les codes correspondant à tous les caractères du monde, de l’alphabet latin aux idéogrammes chinois. En d’autres termes, employer un émoji est aussi fiable qu’une lettre de base – à condition que le système chargé de le représenter soit à jour ; comme des émojis sont ajoutés tous les trimestres environ, le système doit suivre (sinon, il représentera juste un carré ou une séquence de points d’interrogation). Mais cela signifie que sur un système compatible, on peut utiliser des émojis où l’on veut, notamment dans le corps d’un texte, voire dans le nom d’un fichier – cela ne pose pas plus de problèmes que d’écrire 月牙天衝2.

Par conséquent : prudence dans l’emploi des communications, mais si c’est pour vous-même, par définition, vous voyez ce que vous voyez. (D’ailleurs, petit aparté concernant la représentation graphique des émojis : le symbole est standard, mais la représentation ne l’est pas ; il peut y avoir des nuances entre constructeurs, pouvant mener à des malentendus – bref, évitez de rédiger un traité bilatéral diplomato-commercial en émojis.)

L’article sur les émojis servant à signaler les degrés de certitude dans l’écriture n’avait pas l’air de grand-chose, mais il représente l’une de mes plus grandes percées personnelles sur l’organisation de mes notes. Si vous avez vu la vidéo sur l’organisation des notes d’écriture, c’est devenu un pilier fondamental de mon organisation (et on en reparle en détail dans Comment écrire de la fiction ?).

Alors, bien entendu, c’est raisonnablement facile de chercher un émoji sur un smartphone où c’est prévu pour, mais taper un émoji sur un vrai ordinateur de grande personne, c’est autrement plus galère – s’il faut aller le piocher dans un sélecteur et que ça prend cinq secondes, c’est beaucoup trop, ça brise le flow, le jeu n’en vaut pas la chandelle parfumée. C’est là qu’intervient l’expansion de texte, l’aide technique la plus bête qui soit à installer sur son ordinateur et aussi la plus dramatiquement sous-estimée (si j’en juge par ton dédain collectif envers la chose, auguste lectorat – mais je comprends, moi aussi, je dédaignais jadis). Que ce soit avec TextExpander, Typinator ou même Alfred, n’importe quelle app permet de convertir une chaîne de caractères en émoji, ce qui permet de les « taper » comme n’importe quel mot et là ça change tout.

J’utilise pour ma part le préfixe em et une séquence de 1 à 3 caractères derrière pour désigner l’émoji dont je parle. Par exemple, pour reprendre les degrés de certitude :

em?(question bloquante)
em!❗️ (nécessité)
emcan📚 (canon)
emid💡 (idée)
em>>➡️ (hypothèse)

Évidemment, le ciel est la limite ; rien n’empêche de faciliter aussi la rédaction de ses mails, de ses SMS au clavier avec toutes les variations possibles… 

emyea😃
em;)😉
emxd😆
em))😊
em:)🙂
… et j’en passe.

Ajouter un nouvel émoji à une liste d’expansion textuelle prend à peu près dix secondes pour grandement faciliter la vie par la suite. L’habitude de « baliser » ainsi la moindre idée par son niveau de certitude avec juste une poignée de caractères déverrouille l’esprit qui ne redoute plus de devoir « filtrer » a priori ses inspirations ; si c’est étiqueté ❗️, c’est important ; si c’est ❓, il faudra y revenir, mais ce n’est pas obligatoire maintenant ; si c’est ➡️, cela commence à former un repère, une ancre rassurante pour le projet en devenir, une étendue de sol vaguement ferme que l’on pourra étendre à mesure de la recherche et de la découverte. Mais il suffit de réfléchir librement avec les mains qui volent sur le clavier, et c’est dans le processus que les idées naissent et s’affinent. Il s’agit comme toujours de libérer l’esprit pour lui donner les conditions de livrer ce qu’il a de meilleur.

  1. Maintenant imaginez le premier chapitre de Des Fleurs pour Algernon réécrit avec des émojis à la place de la ponctuation.
  2. Évitez par contre dans les noms de dossiers synchronisés avec Dropbox. Il ne les voit pas.
2021-03-07T12:25:33+01:00mercredi 10 mars 2021|Best Of, Technique d'écriture|2 Commentaires

Procrastination podcast S04e10 – Retour des poditeurs 06

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Deux semaines ont passé, et le nouvel épisode de Procrastination, notre podcast sur l’écriture en quinze minutes, est disponible ! Au programme : “S04e10 – Retour des poditeurs 06“.

Sixième rendez-vous avec les commentaires, questions, retours des poditeurs de Procrastination. Comme toujours, le meilleur endroit où les proposer est sur le fil correspondant du forum d’Elbakin.net, qui diffuse l’émission : http://www.elbakin.net/forum/viewtopic.php?id=9594
Au programme cette fois-ci :
– Le cas particulier de la réussite (ou de l’échec) du héros chez Tolkien
– Pourquoi certains épisodes s’appellent « conseils de survie pour » ?
– D’où vient l’existence de romans de SF publiés en littérature générale ? Qui choisit le classement ?

Références citées
– Le Seigneur des Anneaux, J. R. R. Tolkien
– Joseph Campbell
– Bernard Werber
– Tristan Garcia (et son roman 7)
– Jean-Yves Tadié
– Xavier Mauméjean
– Cassandra O’Donnell

Procrastination est hébergé par Elbakin.net et disponible à travers tous les grands fournisseurs et agrégateurs de podcasts :

Bonne écoute !

2020-10-19T11:35:20+02:00lundi 2 mars 2020|Procrastination podcast|Commentaires fermés sur Procrastination podcast S04e10 – Retour des poditeurs 06

Comment organiser efficacement ses informations sous Evernote ?

Comme on l’a dit dans l’article introductif sur Evernote, l’application est le carnet de notes numérique ultime, mais il présente une difficulté majeure à la prise en main : pour classer efficacement ses informations personnelles, il implique de définir l’usage qu’on fera du logiciel et son propre travail pour arriver à faire le tri.

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En effet, Evernote est conçu de manière à ce qu’on y jette ses pensées et ses informations au vol, et non pour un classement pointu des données. Il est impossible de réordonner les notes au sein d’une section, ni de définir une hiérarchie poussée des carnets de notes. Cette non-hiérarchie agace les nouveaux utilisateurs, mais il faut comprendre qu’EN n’est pas conçu pour ça : ça, c’est le travail de OneNote. Evernote fonctionne comme un wiki, ou comme le web : on n’y ordonne pas les données, on les y range, et on définit des relations entre elles, ou bien l’on exécute une recherche, pour retrouver une information.

Evernote fournit en revanche des tags qui sont, eux, hiérarchiques, et qu’on peut attacher sans limite à chaque note.

Pour retrouver une information, le logiciel incite donc l’utilisateur à utiliser plutôt le moteur de recherche et les tags, à la manière d’une requête croisée multicritères. Ca a l’air technique mais ça ne l’est pas tellement ; cela revient à dire « montre-moi toutes les photos taggées Bob et La Baule prises en avril 2014 ».

En conséquence, classer une information dans Evernote nécessite de réfléchir un peu en amont à l’usage qu’on en fera, et au métier qu’on exerce. Mais comme c’est un peu nébuleux et qu’un dessin vaut mieux que deux longues peaux de l’ours, je te propose, auguste lectorat, une étude de cas : l’humble mien, et ma façon de classer mes infos par rapport au(x) métier(s) que j’exerce (ou auxquels je m’exerce, ça dépend du niveau d’expérience).

Les carnets

Comme dit précédemment, les carnets ne servent pas tellement à grand-chose ; en fait, beaucoup d’utilisateurs n’en utilisent qu’un seul et fonctionnent exclusivement par tags. Je pense quand même qu’on retire des bénéfices à en créer plusieurs, mais ils ont intérêt à concerner des usages différents plutôt que des thèmes ou zones de responsabilité différentes – cela, ce sera le boulot des tags.

J’ai seulement sept ou huit carnets réellement utiles, dont :

  • Inbox – Carnet par défaut. Toutes les notes enregistrées pêle-mêle au vol y finissent. Normalement, j’y trie les informations. Normalement.
  • Library – La bibliothèque. Un article m’intéresse, une coupure de journal, une info insolite, tout cela termine dans ce carnet, pour éventuelle référence.
  • Memory – Des archives, des souvenirs, des choses que j’ai envie de garder par valeur sentimentale mais qui n’ont strictement aucune utilité de référence ultérieure, et qui donc finissent parquées là en prenant la poussière.
  • Moleskine – Oui, Moleskine. C’est l’équivalent numérique du petit carnet en peau de requin rare aux feuilles de papyrus que Shakespeare et Homère utilisaient d’après la légende. Ici figurent toutes mes idées, mes notes éparses sur les projets en cours, des brouillons, etc.
  • Offline – Ce carnet est spécifiquement synchronisé pour être disponible hors-ligne sur tous mes appareils. Il est donc peu volumineux, et y figurent des informations vitales dont je pourrais avoir besoin d’urgence, mais aussi ma liste de courses, de choses à ne pas oublier lors de mon prochain passage à Plan-de-Cuques, etc.

Les tags

C’est là que cela devient intéressant. Parce qu’au moment où j’écris ces mots, Library et Moleskine contiennent chacun plus de 200 notes, et il devient impossible de tout passer en revue, surtout en quête d’une idée que je pourrais avoir eu il y a six mois.

Mon système de tags personnel est orienté selon deux axes : 1. Mes métiers et 2. Le genre de données que je conserve et que je veux retrouver facilement. Il ne s’agit pas de faire un classement joli, mais un classement opérationnel, qui soit rapide à mettre en place lors de l’enregistrement d’une note, et immédiat à utiliser pour les retrouver.

Du coup, la première question à se poser devient : “Qu’est- ce que j’enregistre dans Evernote ?” Pour ma part, c’est principalement :

  • Des notes sur les projets en cours
  • Des idées en vrac
  • Des articles intéressants
  • Des infos pratiques (listes de courses, idées cadeaux etc.)

Il vient : “Qu’est-ce qui est signifiant là-dedans ?

  • De quel projet s’agit-il ?
  • A quoi cette idée peut-elle servir ?
  • De quoi ce contenu parle-t-il ?
  • A quoi cette information pratique me servira-t-elle ?

Cela me définit, en gros, quatre aires importantes :

  • Projets
  • Idées
  • Thèmes
  • Type de note

Qui forment des tags de haut niveau. Ensuite, pour des raisons d’ordre et de praticité dans le classement au moment de la saisie d’une note, chaque tag de niveau inférieur est préfixé par une courte abréviation qui rappelle ce dont il s’agit. Par exemple :

Maintenant, supposons que je sois dans un train, écrivant un article pour le blog sur Evernote. Je me rends compte qu’il faudrait consacrer un article entier sur le classement des informations dans ce logiciel… Je prends mon smartphone, et j’ouvre une nouvelle note « Faire un article sur les tags sous Evernote » avec un plan basique en trois lignes. Je tagge ça « id article » et « prj blog » et c’est plié, réglé, oublié. C’est le plus important : Evernote se plie merveilleusement bien à l’axiome de la méthode GTD qui dicte de collecter ses idées en sûreté puis de les mettre de côté. La prochaine fois que je chercherai du matériel pour un article ou pour le blog, il me suffira de sortir toutes les notes « id article », par exemple, que j’aurai balancées dans ce panier-là sans y réfléchir. Et évidemment, je peux toujours créer de nouveaux tags à la volée, par exemple « prj bob » pour cette idée d’univers de super-héros où Bob, l’homme-tag obsédé par le classement de données, lutte pour l’application raisonnée de la Classification décimale de Dewey à travers les bibliothèques du monde entier.

C’est bien sûr mon système à l’heure où j’écris et il se raffine constamment, mais il offre l’immense avantage d’être à la fois flexible, évolutif et peu contraignant (comme le dit David Allen dans Getting Things Done, si l’on a besoin de beaucoup temps pour classer quelque chose, on ne le fait jamais) et je m’en sers depuis deux ou trois ans maintenant. N’hésite pas, auguste lectorat, à partager avec la communauté ton propre système en commentaires, histoire qu’on s’inspire tous les uns les autres (et je n’entends pas par là se respirer le parfum, c’est chaleureux par ici mais on n’est quand même intimes à ce point, huhu).

Pour mémoire : pour tester Evernote avec un mois gratuit d’abonnement premium, passez par ce lien.

2019-08-28T21:31:22+02:00jeudi 17 décembre 2015|Best Of, Technique d'écriture|2 Commentaires

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