Procrastination podcast s05e11 – Les règles magiques de Brandon Sanderson part. 1

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Deux semaines ont passé, et le nouvel épisode de Procrastination, notre podcast sur l’écriture en quinze minutes, est disponible ! Au programme : “s05e11 – Les règles magiques de Brandon Sanderson part. 1“.

Brandon Sanderson est un des auteurs américains d’imaginaire contemporains de premier plan, célèbre pour ses sagas ambitieuses et ses mondes complexes, œuvrant dans le domaine de la science-fiction et surtout de la fantasy. Pour s’aider dans sa propre création de systèmes magiques, il a formulé trois « lois » ou « règles » qu’il va être question de formuler, décortiquer, questionner et commenter, à la lumière toute particulière de Mélanie, traductrice officielle de Sanderson en français.
La première loi dit « la capacité d’un auteur à résoudre un problème par la magie est proportionnelle à la compréhension que le lecteur a de ladite magie ». Que signifie et comment s’applique cette formulation digne de l’énoncé de la gravitation universelle ?

Références citées
– Brandon Sanderson, « Fils-des-Brumes »
– J. R. R. Tolkien, Le Seigneurs des Anneaux
– Georges Lucas, « Star Wars »
– Hayao Miyazaki, Princesse Mononoké
– Ellen Kushner, À la pointe de l’épée
– Hayao Miyazaki, Le Voyage de Chihiro
– Mathieu Gaborit, « Les Chroniques des Crépusculaires »
– Brandon Sanderson, « Les Archives de Roshar »

Procrastination est hébergé par Elbakin.net et disponible à travers tous les grands fournisseurs et agrégateurs de podcasts :

Bonne écoute !

2021-03-01T18:27:32+01:00lundi 15 février 2021|Procrastination podcast|Commentaires fermés sur Procrastination podcast s05e11 – Les règles magiques de Brandon Sanderson part. 1

Il reste quelques places à l’atelier à distance “Le conflit narratif” de ce week-end

Tout est dans le titre ; les ateliers brefs donnés par l’école Les Mots se font habituellement en présentiel, mais la situation dicte évidemment un changement de fonctionnement. C’est une occasion unique d’assister à ces ateliers si vous n’êtes pas en région parisienne. Et le conflit, c’est la brique fondamentale de toute narration : vous voulez raconter des histoires, vous devez comprendre ce qu’apporte la notion de conflit narratif.

Bien des écoles de création littéraire américaine résument la notion d’histoire à celle de conflit. Où est l’adversaire ? Qui les personnages doivent-ils vaincre ? Mais cette notion est souvent mal comprise, résumée à une opposition binaire entre deux camps et à une confrontation souvent fondée sur la violence. Or, dans le contexte de la création narrative, elle est bien plus vaste : elle représente l’énergie fondamentale de tout récit, tandis qu’elle exprime, de façon globale, la notion de difficulté et de tension, qui sous-tend toute intrigue romanesque. 

À la fois question préparatoire féconde et boussole pour s’extirper d’une impasse littéraire, la notion de conflit en narration forme un socle dont la compréhension profonde aide l’auteur à rendre ses récits plus efficaces, plus prenants, tout en simplifiant son travail en lui fournissant les questions cruciales qui l’aideront à progresser dans son histoire. Et, loin d’un affrontement binaire de film à grand spectacle hollywoodien, elle lui permettra au contraire, s’il le désire, de complexifier ses intrigues et ses personnages sans jamais sacrifier le suspense et l’intérêt du lecteur. 

➡️ Inscriptions et tarifs (28-29 novembre toute la journée)

2020-11-22T11:09:35+01:00mardi 24 novembre 2020|À ne pas manquer|Commentaires fermés sur Il reste quelques places à l’atelier à distance “Le conflit narratif” de ce week-end

L’atelier sur le conflit est MAINTENU à DISTANCE

Donc, tandis que nous nous adaptons à cette nouvelle période (Netflix, Disney+, whisky), une info brève mais importante :

L’atelier réalisé pour les Mots sur la notion de conflit en narration est MAINTENU (28-29 novembre). Il se fera en virtuel, via Zoom, comme toutes nos vies en ce moment.

Nous avons testé la formule lors du premier confinement au printemps et cela marche réellement bien. À tout prendre, si vous n’êtes pas à Paris, c’est même l’occasion d’en profiter.

2020-11-02T11:31:22+01:00mercredi 4 novembre 2020|À ne pas manquer|Commentaires fermés sur L’atelier sur le conflit est MAINTENU à DISTANCE

Nouvelle session VIRTUELLE de l’atelier “Écrire une histoire grâce au conflit, notion fondamentale de la narration” (28-29 nov.)

EDIT 2020-11-02 : L’atelier est maintenu. Il se fera en virtuel, et c’est même une occasion unique d’y participer si vous n’êtes pas à Paris (il faut bien essayer trouver des avantages à la situation actuelle).

C’est ma notion favorite, celle dont la compréhension m’a ôté à jamais le questionnement de ce qui allait se passer ensuite dans une histoire, et qui m’a donné une grille de lecture pour dynamiser des histoires plus complexes, plus psychologiques (le retravail et la publication finale de Port d’Âmes vient directement de cela ; un hiatus de huit ans entre le premier jet et la totale réécriture qui a permis au roman de sortir sous sa forme aboutie). Le conflit en narration n’a rien à voir avec le conflit binaire entre un méchant et un gentil, mais parle de volontés, d’impulsions, de résistances et de dynamiques narratives de manière organique.

Alors que la session à distance sur la notion se terminera fin novembre, pour répondre à la demande de plus en plus nette sur le sujet, je suis ravi de reproposer un stage intensif à l’école Les Mots (Paris) sur le sujet :

Bien des écoles de création littéraire américaine résument la notion d’histoire à celle de conflit. Où est l’adversaire ? Qui les personnages doivent-ils vaincre ? Mais cette notion est souvent mal comprise, résumée à une opposition binaire entre deux camps et à une confrontation souvent fondée sur la violence. Or, dans le contexte de la création narrative, elle est bien plus vaste : elle représente l’énergie fondamentale de tout récit, tandis qu’elle exprime, de façon globale, la notion de difficulté et de tension, qui sous-tend toute intrigue romanesque. 

À la fois question préparatoire féconde et boussole pour s’extirper d’une impasse littéraire, la notion de conflit en narration forme un socle dont la compréhension profonde aide l’auteur à rendre ses récits plus efficaces, plus prenants, tout en simplifiant son travail en lui fournissant les questions cruciales qui l’aideront à progresser dans son histoire. Et, loin d’un affrontement binaire de film à grand spectacle hollywoodien, elle lui permettra au contraire, s’il le désire, de complexifier ses intrigues et ses personnages sans jamais sacrifier le suspense et l’intérêt du lecteur. 

Attention, le stage est limité à 12 places.

➡️ Informations pratiques et inscriptions

2020-11-27T17:49:17+01:00mercredi 28 octobre 2020|À ne pas manquer, Technique d'écriture|Commentaires fermés sur Nouvelle session VIRTUELLE de l’atelier “Écrire une histoire grâce au conflit, notion fondamentale de la narration” (28-29 nov.)

Nouveau stage sur un week-end : “Écrire une scène d’action”

J’ai le plaisir de vous annoncer que je remets le couvert en fin d’année ! Cet atelier intensif, inauguré en début d’année de façon un peu étrange (en plein confinement) avait bien plu (merci aux stagiaires !). Il se tiendra donc à nouveau, en présentiel cette fois, à l’école Les Mots (comme de plus en plus souvent – toujours un plaisir !), cet automne.

Comment écrire une scène d’action ?

L’action dans la narration est directement reliée à la notion de tension : qu’elle soit physique ou psychologique, elle place directement les personnages face à des enjeux immédiats et intenses qu’ils doivent résoudre d’urgence. Son dénouement entraîne des répercussions d’envergure – parfois irréversibles – sur la suite du récit. 

Mais retranscrire l’action par des mots seuls dans notre monde actuel saturé d’images représente un véritable défi. Il faut communiquer le danger, maintenir le suspense, faire partager au lecteur la nervosité des personnages, le tout avec une clarté et une concision plus marquées que dans tout autre volet du récit. Une scène d’action réussie constituera un moment fort dont le lecteur se rappellera longtemps – quand son échec entraînera l’effondrement de toute une histoire pourtant bien construite. 

Par la confrontation avec divers archétypes célèbres de l’action romanesque, cet atelier conduira les stagiaires à prendre conscience de toutes les facettes étroitement imbriquées dans l’écriture de telles scènes, et comment rythme et tension peuvent être induits dans la texture même du texte. L’idéal : découvrir comment susciter chez le lecteur des sensations approchant le vertige cinématographique. 

Cet atelier est idéal pour vous si : 

  • Vous cherchez une approche structurante avec des notions théoriques qui vont vous apporter un cadre
  • Vous avez envie de sortir de votre zone de confort et aimez l’inattendu ! 

Méthodologie : 

  • Cet atelier propose des exercices différents à chaque séance pour s’entraîner et découvrir !
  • Cet atelier ne requiert pas d’arriver avec une histoire en tête ou des éléments narratifs déjà construits.

Au programme, en vrac : la fonction de la scène d’action ; ses pièges et ses techniques : rythme, confit, enjeux ; astuces et outils pour les concevoir et les écrire ; du duel… jusqu’à la scène de bataille épique.

L’atelier se tiendra donc à l’école Les Mots, à Paris, le week-end du 10-11 octobre. Attention, places limitées à 12. Pour plus d’informations et s’inscrire, rendez-vous sur cette page !

2020-10-05T20:25:44+02:00jeudi 30 juillet 2020|À ne pas manquer, Technique d'écriture|Commentaires fermés sur Nouveau stage sur un week-end : “Écrire une scène d’action”

Une facilité courante : la construction en analepse

Bon alors, “facilité”, on s’entend, hein :

  • Il n’y a pas de “fautes” en art ; il s’agit ici de questionner son travail, et de se dire : “ai-je bien servi mon projet de la manière la plus efficace pour un public ?”
  • Quand je dis que cette construction est une facilité courante, ce n’est pas qu’elle à bannir, mais que son usage, surtout répété, mérite d’être interrogé dans le but de → rendez-vous au point précédent.

Mais si j’en parle, c’est que je suis frappé par sa fréquence dans les textes de jeunes auteurs (et des moins jeunes, y compris publiés). Et que j’en abusais aussi, moi-même, dans mes premiers jets. Et que, si c’est évidemment une construction tout à fait valide, puisqu’elle existe, elle est drôlement pratique, peut-être un peu trop, et que cela pousse donc à s’en servir avec parcimonie pour éviter ses défauts, car elle en a, et un peu trop aussi.

Mais mettons donc la charrue, puis les bœufs.

Qu’est-ce qu’une analepse ?

C’est un mot savant pour dire, en gros, “flashback. Tout ce qui se passe antérieurement à l’action du récit est une analepse :

Bob partit à la plage, car il avait vu la veille qu’on avait prédit une accalmie dans les invasions de méduses tueuses. Il était content d’avoir son maillot de bain en kevlar.

Où est l’analepse ? Tout à fait, c’est la cause dans ce récit passionnant et d’une grande qualité stylistique : “il avait vu la veille”, toussa.

L’analepse, c’est donc très pratique – ça permet de saupoudrer des explications au passage sans briser le rythme d’un récit, au moment où on en a besoin. Si, la veille, Bob a serré sur Tinder, on s’en tape un peu qu’au passage l’auteur nous raconte qu’il s’est intéressé à la météo. On veut voir le début d’une grande histoire d’amour, et si l’auteur a un cœur, c’est ce qu’il nous racontera, car on a tous besoin d’amour dans un univers envahi par des méduses tueuses.

Qu’est-ce que la construction en analepse ?

C’est un terme à moi, donc n’allez pas me citer en composition de khâgne, sauf si vous voulez me donner l’air malin et à vous pas du tout. Mais : la construction en analepse fonctionne de façon très simple :

  • Je débute ma scène : il se passe une action de ouf, je démarre dans le feu de l’action, yeaaaah
  • … mais il faut expliquer comment on est arrivé là, sinon on va rien piger, donc j’insère une analepse (souvent longue – c’est là que ça commence à coincer)
  • … et je reprends le feu de mon action style on a rien vu

Sauf que si. Par exemple :

Bob partit à la plage armé de son maillot de bain en kevlar, le cœur débordant de tension amoureuse. La veille, il avait matché avec Plectrude sur Tinder, une Franque qui aimait les fruits de mer. La vaillante Teutonne lui avait avoué qu’elle ne craignait aucunement les méduses tueuses, puis, à titre de démonstration et de préliminaires, avait procédé à un gobage de cnidaires urticants pêchés dans l’aquarium de l’appartement de Bob quand il l’avait ramenée chez lui, prélude à davantage de délices culinaires. Il devait la retrouver ce jour-là non loin de la piscine de gélatine… 

… Je résume l’analepse, hein, parce que là ça irait encore, elle est courte (et encore, vu que j’ai presque deux niveaux d’analepse, c’est encore moins digeste, comme vous pouvez le voir) mais, en général, l’analepse en question prend quelques épais paragraphes. Voire pages. Et là le collant blesse. Ou le b(ât)as.

Quel est le problème ?

Encore une fois, ce n’est pas forcément un problème, mais cela peut en poser.

Une analepse vient s’insérer antérieurement à l’action qui vient d’être établie (c’est tout le principe, hein) mais cela entraîne une difficulté : elle donne l’impression d’un coup de frein, on « halte » l’action principale pour raconter autre chose. Regardez la construction plus haut : je démarre sur une action fascinante (ou pas) mais dégringolade, on me suspend pour me donner de l’exposition (car à ce stade, l’analepse est une exposition) et… ben, ça coupe l’élan.

Or, si l’on a posé des questions narratives intéressantes avant le flashback, le lecteur veut que l’action principale continue ; cela peut être une technique pour jouer sur son impatience, mais… il faut être prudent quand on joue avec l’impatience du lecteur. À noter que cela part souvent d’une excellente intention : partir dans l’action, le plaisir, direct, pour faire avancer l’histoire ; mais s’il faut une page d’exposition pour qu’on comprenne, cela entraîne l’effet inverse, genre coup de rênes dans la tronche d’un cheval lancé à fond.

Est-ce à dire que c’est à proscrire à jamais ? Évidemment que non, mais il est bon d’avoir conscience des limites de la construction (de son effet “frein”) et donc de savoir ce qu’on fait – plus l’action principale est effrénée, plus un coup d’arrêt donné tôt sera frustrant. (Plus tard… il peut être “gagné”, au contraire – le lecteur est suffisamment pris pour tolérer un peu d’exposition et de ralentissement et vouloir avoir le fin mot de l’histoire… à vous de juger / doser. Mais c’est presque un autre sujet.) Cela peut aussi trahir dans un premier jet la situation d’un auteur qui part à fond dans son action avant de se rendre compte qu’il ne sait pas comment il en est arrivé là et a besoin de se l’expliquer à lui-même. Aucun problème au premier jet ; mais à la correction, on s’interrogera sur la pertinence de cet “échafaudage”.

Des manières avantageuses de remplacer la construction en analepse

La plus simple à mon goût est tout simplement… de ne pas faire d’analepse. C’est-à-dire d’antéposer tout simplement la narration, soit sous forme de résumé rapide, soit, encore mieux, si c’est intéressant, de donner corps à cette fameuse scène. Dans l’exemple avec Bob et Plectrude, cette soirée romantique a l’air passionnante et j’aimerais la voir détaillée par le menu (fruits de mer), que l’auteur fasse battre mon cœur de fleur bleue en développant le début de cette romance invertébrée. Mais au pire, placer l’exposition avant le début de l’action en échangeant le plus-que-parfait pour les temps de narration classiques fonctionne déjà pas mal pour vraiment pas cher… Essayons :

Le soir même, Bob matcha avec Plectrude sur Tinder, une Franque qui aimait les fruits de mer. La vaillante Teutonne lui avoua qu’elle ne craignait aucunement les méduses tueuses, puis, à titre de démonstration et de préliminaires, procéda à un gobage de cnidaires pêchés dans l’aquarium de l’appartement Bob quand il la ramena chez lui, prélude à davantage de délices culinaires. Le lendemain, Bob partit à la plage armé de son maillot de bain en kevlar, le cœur débordant de tension amoureuse. Il devait la retrouver non loin de la piscine de gélatine… 

Il faudrait polir un peu tout ça parce que c’est pas terrible quand même, mais vous avez compris l’idée : l’exposition / résumé passe finalement mieux ; trois phrases et nous sommes dans le cœur de l’action, à nous demander s’il y aura à un moment un requin pèlerin dans toute cette histoire (plot twist).

Soit dit en passant, c’est une situation à laquelle on est spécialement confronté dans le roman choral (points de vue multiples, comme « Les Dieux sauvages »), parce que l’on est bien obligé de résumer ce qui s’est passé pendant qu’on était concentré sur les autres personnages… c’est là que les techniques d’exposition par le conflit livrent toute leur utilité (pour mémoire, je repropose un atelier à distance sur le conflit en août), et que gérer la transmission de son information en la faisant passer de manière “transparente” à travers l’action, dans les interstices subtils où elle ralentit, par la simple caractérisation des personnages peut être extrêmement efficace. Pas facile, ça non, mais efficace parce que : invisible.

Mais déjà, on peut régler à mon sens deux cas sur trois d’analepses malvenues avec les simples techniques proposées plus haut, et si on en laisse une sur quatre dans le premier jet, c’est convenable (statistiques purement personnelles, ne les appliquez pas sans réfléchir) – comme je dis, ce n’est pas à bannir. Il reste donc… heu… 8% d’analepses à faire passer autrement. Ça n’est pas insurmontable.

2020-05-29T20:45:02+02:00mardi 9 juin 2020|Best Of, Technique d'écriture|1 Commentaire

Nouvel atelier d’écriture à distance : “Écrire une histoire grâce au conflit, notion fondamentale de la narration”

Je l’ai déjà dit en ces lieux : la notion de conflit en narration est le concept qui m’enthousiasme le plus à étudier et à transmettre. C’est bien loin de l’opposition binaire entre un “gentil et un méchant”, et même de la notion qu’il faut “un bon adversaire” dans une histoire – plutôt une “bonne adversité” ; la notion de conflit, bien comprise, s’applique à mon sens à toutes les histoires, de la fantasy épique au roman sentimental, jusqu’à l’autobiographie. Elle est la chair des histoires. Je ne cesse de la comprendre davantage, et elle m’apporte toujours davantage d’angles intéressants pour m’inspirer, raconter, comprendre les rythmes et les respirations de mes récits.

Je suis donc ravi d’annoncer qu’après avec conduit plusieurs ateliers en présentiel sur cette notion, je vous propose avec l’école Les Mots un atelier à distance proposant dix semaines d’écriture intensive, avec retours personnalisés :

Bien des écoles de création littéraire américaine résument la notion d’histoire à celle de conflit. Où est l’adversaire ? Qui les personnages doivent-ils vaincre ? Mais cette notion est souvent mal comprise, résumée à une opposition binaire entre deux camps et à une confrontation souvent fondée sur la violence. Or, dans le contexte de la création narrative, elle est bien plus vaste : elle représente l’énergie fondamentale de tout récit, tandis qu’elle exprime, de façon globale, la notion de difficulté et de tension, qui sous-tend toute intrigue romanesque. 

À la fois question préparatoire féconde et boussole pour s’extirper d’une impasse littéraire, la notion de conflit en narration forme un socle dont la compréhension profonde aide l’auteur à rendre ses récits plus efficaces, plus prenants, tout en simplifiant son travail en lui fournissant les questions cruciales qui l’aideront à progresser dans son histoire. Et, loin d’un affrontement binaire de film à grand spectacle hollywoodien, elle lui permettra au contraire, s’il le désire, de complexifier ses intrigues et ses personnages sans jamais sacrifier le suspense et l’intérêt du lecteur. 

Un atelier à distance, comment ça marche ?

C’est simple : chaque vendredi, vous recevez dans votre boite email un exercice d’écriture autour de la notion, suivant une progression pédagagique de semaine en semaine. L’exercice, portant sur la prose et la narration, est à faire chez soi. Il s’agit donc d’un atelier où l’on écrit quand on veut, dans le train, tard la nuit, tôt le matin… mais en solitaire.

Le vendredi suivant, vous envoyez votre texte et je vous propose un retour personnalisé sur les points forts et les points faibles du texte, en vous donnant des conseils pour la suite. L’idée étant bien sûr de progresser… 

Par ailleurs, à travers une adresse dédiée liée, vous avez la liberté de partager vos textes avec les autres participants de l’atelier, lire les leurs, et peut-être ainsi vous composer un début de petite communauté si vous le souhaitez !

L’atelier se déroulera du 28 août au 30 octobre. Les places sont limitées à 20, donc si vous êtes intéressé.e, ne tardez pas !

Inscriptions, informations et tarifs sur cette page.

2020-08-15T09:07:33+02:00mercredi 20 mai 2020|À ne pas manquer, Technique d'écriture|2 Commentaires

Le voyage, cette fausse motivation narrative

Ouaiiiis j’entends déjà d’ici le bruit du goudron qu’on fait bouillir, les couinements des poules qu’on plume, le frottement des pierres à aiguiser sur les fourches. M’en fous je me suis immergé ce matin dans une solution de nano particules oléophobes alors BRING IT ON

Remarquez, contre les fourches, ça aidera pas des masses

À la réflexion POP POP POP du calme, laissez-moi m’expliquer

Donc. Depuis la rando-catastrophe de Frodon Sacquet à la Montagne du Destin (« 0/5, temps dégueulasse, autochtones détestables, je déconseille »), le voyage est un motif extrêmement fréquent en fantasy, et on le retrouve dans beaucoup de premiers manuscrits. Et en fait, pourrait-on arguer (et de fait, a argué ton humble serviteur une manette de NES à la main, auguste lectorat), le voyage est une composante fondamentale de la quête, du voyage du héros et tutti quanti : il s’agit d’aller chercher quelque chose, d’accomplir quelque chose. Alors il est où, le problème avec se servir du voyage pour architecturer son histoire ? Pour faire le truc, il faut bien sortir de chez soi et y aller, non ?

Vu à Cidre et Dragon

Eh bien oui, et non. Le voyage, ça marche probablement pour donner une direction à son histoire. Mais avec sa cousine honteuse qu’on planque lors des dîners de famille, l’errance, c’est beaucoup plus compliqué. Et la différence est subtile, mais puissamment dangereuse pour la tension narrative.

Une histoire se fonde sur la tentative d’accomplir quelque chose. On réussit ou pas, c’est une autre histoire (ou plutôt c’est celle-ci qu’on est en train de raconter, suivez un peu, quoi), mais… il y a donc une direction. Un but. Un élan. Qui peut changer, bien sûr. On peut décider que tout cela n’en vaut pas la peine et vous savez quoi, Gandalf, vous êtes bien sympa mais vous n’étiez pas à Bree et ça ne se fait pas de manquer un rendez-vous alors moi je vais rentrer à la Comté fumer des trucs chelou, merci bien. (Non, je déconne. N’écrivez pas ça. C’est une rupture de promesse narrative. Ou bien si, écrivez-le carrément, mais faites-le vache de bien ou alors c’est vers vous que se tourneront les fourches de vos lecteurs.)

Mais donc, une errance, un voyage sans but, devient extrêmement difficile à manier car, par essence, c’est une intention floue. Ou même, c’est un manque d’intention. Je vais là ? Ou là ? Peu importe. Et donc : si ça n’importe pas pour moi, pourquoi mon lecteur devrait-il s’en soucier ?

Aha.

En général, les récits de voyage (ou d’errance) fonctionnent au mieux quand ils se rattachent à un impératif plus puissant (atteindre le pôle nord, perdre un doigt au-dessus d’un lac de lave, arriver à survivre au travers du spectacle itinérant…). Or doncques : le voyage n’est alors plus, au sens narratif, la motivation… mais le moyen d’un but. Et ça n’est pas du tout la même confiture pour les personnages.

« Mais qu’est-ce qu’il raconte ? grommela mon adversaire immémorial, ma némésis invaincue, Jean-René Artifice-Rhétorique, tout en affûtant sa fourche. Ça existe, les récits d’errance, même que c’est vachement bien ! »

Ah mais tout à fait, Jean-René, et je suis bien content que tu me donnes la réplique de manière artificiellement rhétorique, merci.

De rien. (Minute, quoi ?)

Alors oui, ça existe, parce que déjà, il y a toujours des contre-exemples, et qu’on fait ce qu’on veut en art, tant qu’on fait ça bien, donc vraiment, sérieux, pose ta fourche, mais si on y regarde de plus près, ces récits s’organisent souvent autour de deux axes :

  • L’errance soutient un propos ancré sur ce thème, il est en quelque sorte le support de sa propre démonstration, constitutif de sa propre narration ;
  • Elle est un prétexte pour des histoires d’échelle plus réduite, condensées dans le parcours, et leur somme trace un tableau qui représente plus que la somme de ses parties. (Genre la série télé Le Rebelle. Ah mais ouais, c’est que j’ai des lettres, moi1)

Id est : l’errance est un symbole mais, encore une fois, elle fait difficilement office de motivation, donc de moteur unique à une histoire. Une errance est un motif, mais je présente au jury que dans une grande majorité de cas, elle ne suffit pas à porter à elle seule une tension narrative. (Et le but de la tension narrative, à la base, c’est de faire en sorte qu’un lecteur s’intéresse à la suite des événements. Elle prend évidemment bien des formes, et tout le monde n’en attend pas la même chose.) Pour cela, il lui faut une raison, et cela en fait, dans la majeure partie des cas, un voyage.

(Je pourrais m’arrêter là mais je m’en voudrais de passer sous silence qu’ensuite, un des “pièges” qui guette l’auteur de voyages consiste à conserver une forme de cohérence narrative à son histoire. Trop de premiers récits de fantasy reposent sur des quêtes qui sont simplement des prétextes à des visites de mondes imaginaires – or, le problème d’une histoire, c’est que si elle peut se permettre des détours atmosphériques, il lui faut quand même une forme de cohérence et de trajet pour que le lecteur ait l’impression que tout cela va quelque part et ne forme pas qu’une suite de péripéties sans rapport entre elles visant simplement à ralentir l’arrivée au dénouement. Mark Twain le déplorait lui-même : “It’s no wonder that truth is stranger than fiction. Fiction has to make sense.” Toute la difficulté du voyage consiste à concevoir des péripéties qui se relient d’une manière subtile, qui forment de réels obstacles dans l’accomplissement de la quête : “En plus, notre guide, le vieux, nous a fait passer par des caves insalubres parce que le temps était mauvais au col du Caradhras, sérieusement, ces gens ne pourraient-ils pas se renseigner à l’avance ?”. Et pour cela, nous pouvons nous aider de la formule toute simple de Parker et Stone. Oui, voici la fin de la parenthèse → )

  1. Et je le prouve : parmi ses rôles mémorables, Lorenzo Lamas a aussi joué dans Mega Shark Vs. Giant Octopus.
2019-09-29T03:09:22+02:00lundi 30 septembre 2019|Best Of, Technique d'écriture|Commentaires fermés sur Le voyage, cette fausse motivation narrative

En mars : stage d’écriture intensif sur le conflit en narration

Auguste lectorat, fin mars (les 30 et 31), j’aurai le plaisir de proposer une nouvelle édition d’un stage intensif d’écriture qui me tient particulièrement à cœur, car il porte sur (à ce jour) un des outils les plus précieux à mon sens pour raconter une histoire, et c’est la notion de conflit. Le conflit ne recouvre pas, contrairement à ce que l’on peut croire, une simple notion hollywoodienne d’affrontement ; ça n’en est d’ailleurs que la version la moins intéressante. Le conflit, au sens narratif, est ce qui fait l’essence même d’une histoire : la raison pour laquelle on la raconte, et ce qui fait même ce que l’on va en raconter. Tous les personnages affrontent un conflit, de Frodon à Emma Bovary, et le cerner tient du super-pouvoir permettant, à tout le moins, de comprendre les points saillants de son récit – et donc, de moins lutter pour l’écrire. (J’ai dit “moins”, pas “plus du tout”, je ne suis pas JÉSUS NON PLUS HEIN, j’ai plus les cheveux, de toute façon.)

Cela se déroulera sur trois demi-journées intenses à l’excellente l’école Les Mots, à Paris.

Pour une bafouille plus officielle :

Bien des écoles de création littéraire américaine résument la notion d’histoire à celle de conflit. Où est l’adversaire ? Qui les personnages doivent-ils vaincre ? Mais cette notion est souvent mal comprise, résumée à une opposition binaire entre deux camps et à une confrontation souvent fondée sur la violence. Or, dans le contexte de la création narrative, elle est bien plus vaste : elle représente l’énergie fondamentale de tout récit, tandis qu’elle exprime, de façon globale, la notion de difficulté et de tension, qui sous-tend toute intrigue romanesque.

À la fois question préparatoire féconde et boussole pour s’extirper d’une impasse littéraire, la notion de conflit en narration forme un socle dont la compréhension profonde aide l’auteur à rendre ses récits plus efficaces, plus prenants, tout en simplifiant son travail en lui fournissant les questions cruciales qui l’aideront à progresser dans son histoire. Et, loin d’un affrontement binaire de film à grand spectacle hollywoodien, elle lui permettra au contraire, s’il le désire, de complexifier ses intrigues et ses personnages sans jamais sacrifier le suspense et l’intérêt du lecteur.

L’atelier s’organisera en temps d’écriture et de discussion (six exercices avec contrainte suivant un chemin qui se veut pédagogique, car je suis comme les Cylons, I HAVE A PLAN).

Pour en savoir plus et s’inscrire, rendez-vous sur la page dédiée de l’école ; attention, il ne reste déjà plus qu’une poignée de places, donc ne tardez pas si le stage vous intéresse.

2019-02-25T06:39:57+01:00lundi 18 février 2019|À ne pas manquer|6 Commentaires

Les stages d’écriture organisés aux Mots : pourquoi, comment (entretien avec Marjorie Stachetti)

Les Mots est une école d’écriture construite sur un modèle unique à ma connaissance en France, qui se rapproche un peu de l’apprentissage “à l’Américaine” (stages techniques, ateliers aux long cours visant à développer une facette du métier). Tu as peut-être vu, auguste lectorat, qu’il m’arrive d’y proposer des conférences et des stages ; notamment, il y a un mois environ, j’en proposais un sur la création de monde imaginaire.

Marjorie Stachetti y a participé et, “dans le cadre d’un projet sur les ateliers d’écriture”, recherche des “retours d’expérience des auteurs qui animent les ateliers et les stages”. Ce fut l’occasion d’une discussion pour lever un peu le voile sur la manière dont on prépare ce genre de session, et comment cela s’organise, en tout cas de mon humble point de vue. Peut-être cela vous donnera-t-il envie de vous joindre à l’aventure une prochaine fois ?

Quel est votre parcours de vie en quelques moments clés, suivant la ligne directrice qui vous a mené à l’écriture et à la publication ?

Je crois que j’ai toujours voulu écrire. Ou que je n’ai rien su vouloir d’autre ! Quand j’ai découvert dans ma petite enfance la nature de l’écrit, j’ai trouvé que c’était le pouvoir le plus fantastique du monde : vous voulez dire qu’on peut laisser des messages à des gens, et qu’ils peuvent les recevoir en votre absence ? Rien n’est plus puissant que ça ! J’ai tanné mes parents (lecteurs d’imaginaire tous les deux, d’ailleurs) pour apprendre à lire et écrire avant l’âge légal. De là, raconter des histoires était un pas naturel que j’ai franchi très vite.

Bien sûr, il y avait tout un monde entre ces premiers récits balbutiants et l’écriture professionnelle ! J’ai toujours été passionné aussi par les grands espaces et la faune marine. Je suis devenu ingénieur agronome spécialisé en halieutique (en gros, biologiste marin) et une fois mon diplôme en poche, constatant que j’étais peut-être plus taillé pour raconter la poésie du monde que pour la quantifier, je me suis lancé (avec beaucoup d’inconscience mais aussi de bonne volonté) dans la littérature. J’ai abordé le domaine de manière systématique, puisque c’était l’approche que j’avais apprise dans mes études d’ingénieur : d’une, j’ai voulu faire tous les métiers possibles pour acquérir une vision globale ; de deux, je suis allé apprendre en ligne auprès des Américains les bases de la technique narrative (parce que, il y a bientôt vingt ans, quasiment personne en France ne s’en souciait). J’ai ainsi été un temps critique littéraire, j’ai dirigé une revue de fantasy (Asphodale), fait beaucoup de traduction littéraire (avec grand plaisir, une expérience très riche d’enseignements)… Il m’a fallu trois ans pour publier mon premier texte de manière professionnelle (« Tuning Jack » dans la revue Galaxies, en 2004). J’ai commencé à placer des nouvelles régulièrement, jusqu’à publier mon premier roman (La Volonté du Dragon, en 2010). Je me suis centré de plus en plus vers l’écriture pure au fil de ces années, et à partir de là, j’ai commencé à publier environ un livre par an, un rythme qui me convient bien.

Dans quelles circonstances êtes-vous entré en contact avec Les Mots ? Comment s’est présenté l’idée d’un atelier d’écriture ?

Une de mes anciennes éditrices, Stéphanie Chevrier, qui dirige les éditions Don Quichotte et qui a publié ma trilogie « Léviathan » (La Chute, La Nuit, Le Pouvoir), était en contact avec l’équipe fondatrice des Mots. Elle savait que je réfléchis beaucoup à la technique littéraire et à comment la transmettre : comme je le disais, quand j’ai appris les fondamentaux de la narration, autour des années 2000, on ne trouvait des ressources quasiment qu’en anglais. Sur mon blog, par des ateliers et des conférences (et plus récemment à travers le podcast Procrastination que nous animons avec mes camarades Mélanie Fazi et Laurent Genefort), je m’efforce depuis près de dix ans de transmettre en langue française ce que j’aurais aimé trouver quand j’ai commencé ce métier. Stéphanie nous a ainsi mis en relation avec Les Mots, et comme je n’habite pas à Paris, nous nous sommes efforcés de trouver un format d’intervention qui soit compatible avec un relativement bref séjour, soit celui du stage intensif.

Quels sont les ateliers et stages que vous avez animés ? Intitulé, résumé, but recherché.

J’ai proposé deux conférences aux Mots : une sur les littératures de l’imaginaire de manière générale et une sur les outils numériques d’aide à l’écriture et à la création. J’anime actuellement deux stages intensifs sur un week-end : la création de monde imaginaire (descriptif détaillé) et la notion de conflit en narration (descriptif détaillé).

Comment avez-vous préparé ces ateliers ou stages ?

La forme voulue par Les Mots s’articulait à chaque fois autour de six séances d’écriture suivies de lectures, échanges et débats sur les difficultés et réussites rencontrées lors de l’exercice. (Le tout sur deux jours.) J’ai à chaque fois en tête des notions bien précises que je m’efforce de faire passer, ou du moins manipuler aux stagiaires ; ce sont des outils que j’emploie moi-même quotidiennement dans ma pratique, que j’ai raffinés avec les ans, et qui me permettent d’avancer d’une manière qui me convient. Je construis donc mes six exercices en un parcours d’une difficulté et d’une complexité croissantes qui réutilisent à chaque fois les notions abordées aux étapes précédentes. Concrètement, j’ai une carte heuristique (« mind-map ») qui aborde le sujet par le maximum d’angles possibles et d’où découlent les consignes d’écriture que je donne aux stagiaires. Je propose également une liste de « déclencheurs » qui sont là pas des consignes, seulement des éléments facultatifs destinés à stimuler l’imaginaire pour fournir un point de départ à l’écriture (car il est difficile d’écrire sur commande).

Quels sont vos ressentis de ces ateliers ? Du travail de groupe ? De la relation avec les stagiaires ?

Excellents. Je suis souvent frappé par la maturité de réflexion qu’ont les stagiaires sur leur propre pratique et la créativité qu’ils arrivent à débloquer dans des conditions d’écriture exigeantes (dues à la forme d’un stage intensif). Je suis également très heureux de voir l’harmonie et la bienveillance entre les participants ; tout le monde offre des retours constructifs sur le travail des autres de manière à se tirer mutuellement vers le haut. C’est un vrai plaisir, qui peut aller jusqu’à une sincère émotion pour moi.

Que retirez-vous de l’expérience pour votre propre écriture ?

On raconte qu’on ne maîtrise réellement une notion qu’à partir du moment où l’on est capable de l’enseigner : réfléchir à mes propres outils de manière à les transmettre m’oblige à les conceptualiser de façon plus développée et exhaustive, ce qui contribue évidemment à faire avancer ma propre réflexion. Durant les stages, je suis très souvent réjoui par la liberté et la candeur dont les stagiaires font preuve dans leur propre entreprise de création ; quand on navigue à travers les exigences professionnelles de ce métier, c’est une fraîcheur que l’on peut parfois perdre un peu de vue. Voir le bel exemple de cette énergie, de cette audace débridée, représente pour moi un appel à me reconnecter moi-même à ces impulsions et à les nourrir dans mon propre travail avant toute autre considération.

Avez-vous déjà eu des difficultés avec un stagiaire ? De quel ordre ? Comment les avez-vous résolues ? Cela a-t-il eu une influence sur les ateliers suivants ?

Presque à chaque fois, un ou une stagiaire a abandonné presque dès le début, pour des raisons similaires : l’écriture n’arrivait pas pour un blocage ou un autre. La consigne d’un atelier représente un cadre qu’ils n’acceptent pas, ou qu’ils n’arrivent pas à adopter. Dans ce contexte, je ne peux pas faire grand-chose : les objectifs et la forme des stages sont très clairement présentés avant l’inscription. Dans tous les cas, j’ai eu l’impression que le blocage concernait de courants psychologiques profonds chez la personne, de son rapport à sa propre image, à la réalité du travail de l’écrivain ; je ne peux pas faire grand-chose là-dessus, car on n’est plus dans le domaine de l’écriture stricte. Je ne peux pas répondre à la place des gens à la question « Veux-je vraiment écrire ? Et y travailler sincèrement ? » C’est à chacun d’y répondre (si possible avant l’inscription !). Pour ma part, je me place résolument dans une optique professionnalisante – c’est-à-dire, on est là pour produire, apprendre et affronter des difficultés avant de se préoccuper de qualité ; je cherche à pousser les stagiaires à sortir de leur zone de confort pendant deux jours pour en retirer des enseignements dans leur propre pratique. Donc, oui… c’est du boulot !

Quelles sont les évolutions dans vos animations de stages ? (le choix des sujets, l’organisation des séances, la gestion de l’heure, du groupe, des exercices, des retours)

J’avais déjà proposé beaucoup de stages intensifs dans d’autres cadres avant de travailler avec Les Mots, donc j’avais une certaine habitude de ce genre de formule, que je pratique depuis des années. Je m’efforce globalement de m’adapter à la dynamique du groupe dont il est question, en fait. Certains sont plus bavards (il faut limiter le temps de parole), d’autres moins (c’est à moi de proposer davantage de commentaires, de questionner le groupe). Ce qui compte, c’est que tout le monde reparte en ayant au minimum l’impression de s’être un peu dégourdi le cerveau et d’avoir relancé sa créativité ; idéalement, que les techniques vues pendant le stage s’ancrent et fassent réellement progresser la pratique. J’ai adapté au fil du temps l’équilibre des horaires pendant la journée pour réserver des horaires confortables à chaque temps (création, restitution). Il y a ensuite encore un certain nombre de sujets sur lesquels je pense pouvoir apporter de la valeur, nourris par ma pratique des littératures de l’imaginaire et de la narration populaire, qu’on mettra peut-être en place au fil du temps, si cela intéresse l’école bien entendu !

Que se passe-t-il APRES le stage ? Y a-t-il eu des contacts durables avec certains groupes ? stagiaires ? des travaux en commun ? des écrits ? des anecdotes ?

Les jeunes auteurs demandent souvent où trouver des relecteurs pour leurs écrits, et je réponds toujours : gardez le contact avec vos camarades quand vous faites des ateliers, entraidez-vous ! Un groupe notamment a fondé une liste d’échange où les nouvelles et les encouragements mutuels tournent, ce que je trouve génial. Certains auteurs font même une jolie carrière dans l’autopublication, d’autres développent romans et nouvelles, et voir ces progrès ne peut que motiver les autres à se donner le courage d’écrire, à leur tour, les histoires dont ils rêvent. C’est émouvant pour moi aussi, comme je le disais plus haut, de voir que ce que je me suis efforcé de faire passer ait pu résonner avec d’autres et les aider. Sincèrement, c’est tout ce que j’espère arriver à faire.

À quel rythme faites-vous ces formations en atelier d’écriture ? Quelle place prennent-elles dans votre vie professionnelle ? Quelles sont les sources, s’il y en a, qui vous ont aidées à animer un de vos ateliers ?

J’en donne en moyenne trois à cinq par an ; je ne veux pas en faire une activité principale. Mon métier consiste à écrire des histoires, pas à enseigner (même si j’aime beaucoup ces moments). Je m’assure donc de conserver un équilibre en faveur de la création. Je n’utilise pas de sources particulières pour créer les stages ; je m’efforce de transmettre ce que j’ai pu comprendre, de mon côté ; de partager mes propres outils. Lesquels, bien sûr, se sont construits à travers tous les livres, articles, sur le sujet que j’ai pu lire, les ateliers que j’ai pu faire moi-même il y a des années, et surtout par l’expérimentation ; mais ce n’est pas « une » vision extérieure que je transmets, c’est (et je l’exprime très clairement au début de chaque stage) la mienne, distillée à partir de ce que j’ai pu apprendre et glaner un peu partout. J’encourage les stagiaires d’emblée à la questionner, à la tester, pour décider ce qui leur convient, ou non, là-dedans ; ce n’est qu’une piste, et j’espère qu’ils distilleront, à leur tour, leur propre vision personnelle, celle qui leur permettra d’écrire, et dans laquelle je ne serai, moi aussi, qu’une influence parmi mille autres !

Avez-vous eu connaissance du retour et des avis des stagiaires sur votre atelier/stage ? Correspondent-ils à vos attentes ? Vous en êtes-vous servis pour modifier votre atelier ? Dans sa structure ? son rythme ? ses exercices ? Autres ?

Non, je n’en ai pas eu connaissance en détail, mais les quelques échos que j’en ai eus ont été très positifs. Du coup, pas de nécessité de trop changer mon fusil d’épaule, je pense ! Mais bien sûr, je suis prêt à faire évoluer les choses en fonction des demandes.

Propos recueillis par Marjorie Stachetti.

2018-10-29T15:39:59+01:00mercredi 31 octobre 2018|Entretiens|3 Commentaires

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