À l’écrit, un merde vaut dix enculés

Photo Jono

ALORS TU L’AS VU MON TITRE PUTÀCLIC

Non mais sérieusement. Si c’est formulé ainsi, c’est aussi pour s’en rappeler : je n’hésitais pas à le proférer de la sorte, dans les murs très saints et très blancs de la sacrée institution universitaire quand j’allais y faire des interventions autour de la traduction :

À l’écrit, un merde vaut dix enculés.

Quoi t’est-ce ?

Eh bien, tu veux faire un peu moderne, un peu hardboiled, genre moi j’ai pas peur de la provocation, de la vulgarité, avec mes personnages badass qui jurent comme des charretiers à chaque détour de page. J’écris comme ils parlent, et c’est des gros soudards qui boivent et décapitent, alors bon, ils causent grossier, hein ?

Eh bah, pas forcément.

Rappelons-nous que, comme tous les arts narratifs, la littérature n’est pas appelée à représenter le réel tel qu’il est (sauf si tu fais du Nouveau roman, et dans ce cas, je prie pour ton âme), mais à proposer des effets de réel. À le mimer / sublimer / représenter d’une manière intelligible ; c’est-à-dire (et cela me semble une école esthétique bien supérieure, mais ça n’engage que moi, mais je le pense fortement quand même) à en transmettre l’essence par la représentation évocatrice et signifiante, plutôt que par l’inventaire et l’exhaustivité. Mais c’est autrement plus dur.

Minute, je t’ai perdu ? Ah,

merde.

L’écrit n’est pas l’oral. (Duh ?) Ben oui : des mots écrits, dans la correspondance, n’ont pas du tout le même impact que les mêmes paroles prononcées de visu. L’écrit fait appel à un système différent de représentation, et comme la fiction vise à l’illusion de réalité, cela signifie qu’elle place, finalement, les curseurs de la tolérance à des niveaux différents que la vie quotidienne.

Si je fais tomber mon stylo et murmure “merde” comme un réflexe1, ça ne choquera pas forcément mon entourage même professionnel (mais faut dire aussi qu’on est cools).

En revanche, si j’écris la même chose dans un roman

Maladroit, Lionel fit tomber son stylo et murmura :

« Et merde. »

La différence n’est-elle pas visible ? Si c’est raconté, c’est signifiant ; si je dis “et merde”, cela laisse entendre que je suis énervé, tendu, qu’on m’a piqué mon pain. Cela influera certainement sur la suite. Si je pète un câble (fictivement, hein) dans la suite de la scène, ce ne sera pas surprenant : ces deux lignes peuvent former un début de promesse narrative.

Alors qu’au quotidien, bon, on s’en tape, quoi.

Donc, faire preuve d’économie dans le langage, bien choisir ses passages potentiellement vulgaires leur donne paradoxalement plus de force. Au contraire, les enchaîner leur ôte tout impact. Et pourquoi ?

Exactement. Parce que,

à l’écrit, un merde vaut dix enculés,

Putain cong.

  1. Mes parents déclinent toute responsabilité concernant ce regrettable incident : ils m’ont très bien élevé, et voient avec consternation cette déplorable évolution langagière.
2019-07-26T09:40:11+02:00mardi 30 juillet 2019|Best Of, Technique d'écriture|9 Commentaires

Allez quoi, c’est pas si mal, Iron Fist

Best moment de la série ever.

Attention divulgâchage, on va potentiellement basher, donc ne pas lire si vous n’avez pas vu au moins jusqu’à la saison 1 de The Defenders.

Je suis ultra déçu, auguste lectorat. Je boude, je te fais la tête. Quand on a discuté des séries Marvel sur Netflix, tu m’as promis tes grands dieux qu’Iron Fist était une bouse sans nom, une purge aussi ridicule qu’insupportable. Étant lancé dans le projet insolite de me taper toutes ces séries dans l’ordre avant leur possible retrait de Netflix au service du nouveau service (heu, répétition, pardon aux Antidotes) de streaming créé par Disney, je devais forcément y arriver, après m’être enfilé (métaphoriquement, hein, ça va quoi) Daredevil (pas mal), Jessica Jones (brillant) et Luke Cage (WTF sur les bords), venait, oui, le fatidique Iron Fist et, bordel, j’avais hâte ! J’aiguisais déjà mes popcorns en me réjouissant d’un séance nanardesque en riant cruellement, car je suis comme ça, quand je suis tout seul et que personne ne me regarde.

Eh bah je suis ultra déçu, parce que j’ai pas trouvé ça aussi mauvais qu’on me l’avait promis. Alors oui, c’est sûr, la série présente beaucoup de problèmes d’écriture, de caractérisation et de thèmes. Oui, c’est assurément la plus faible des quatre. Oui, on va dire ce qui ne va pas, ne partez pas, je vous sais méchants.

Mais commençons par nous opposer (parce que je dis “nous” parce que je suis royal, c’est comme ça) à la critique la plus fréquente adressée à cette série : le personnage de Danny Rand, supposément débile comme un clou, insupportable et mal campé. Objection, Votre Honneur, disait Matt Murdock un soir qu’il remplaçait Phoenix Wright parti chez son coiffeur. Danny Rand est certes totalement inadapté au monde moderne, mais le personnage tient (à peu près) debout narrativement, en tout cas dans les premiers épisodes de la série. Il débarque d’un monastère avec un iPod première génération (THE HORROR) en étant resté figé à dix ans d’âge et un syndrome de l’abandon gros comme le complexe de Midland Circle. On peut trouver ça gonflant en fonction de ses goûts personnels, mais moi je dis : ça tient debout, ou du moins, c’est pas plus mal écrit que Mariah ou surtout Diamondback (bordel, Diamondback) dans Luke Cage, et si on a toléré les deux premiers, moi je dis, car je dis beaucoup : tu dois pouvoir accepter Danny Rand comme il est, c’est-à-dire tout bancal dedans.

Alors par contre, oui, Iron Fist (j’ai l’esprit mal tourné de ne pas pouvoir écrire ce titre ce série sans grimacer à l’intérieur ?) a trois problèmes principaux, mais bon, si tu sais ce que tu achètes, une série basée sur un comics très grand public, donc avec les ressorts du média d’origine, tu ne peux pas décemment grogner pour deux d’entre eux, ou alors uniquement si tu veux lancer une manif’ pour que tout soit du niveau de Jessica Jones (brillant, superbement écrit, intelligemment symbolique, mais on en parlera peut-être un autre jour) et là je suis d’accord avec toi, mec ou nana, mais en même temps c’est pas la même dialectique, en fait. Bref : on est dans la tradition hollywoodienne très grand public.

Donc, les ressorts : l’écriture, le scénario, le traitement (les thèmes).

L’écriture. Bon, c’est pas compliqué, Danny Rand a visiblement trois phrases à son répertoire : “I’m fine”, “We need to attack now”, “We’re running out of time”. C’est presque risible quand on passe à The Defenders, ou au début, chaque personnage paraît directement découpé de son univers / série d’origine : Murdock, Cage et Jones sont égaux à eux-mêmes voire meilleurs, mais tu vois Danny Rand, et là tu ne peux que te dire : “wouah, mon pauvre, t’es toujours aussi mal écrit, toi”. Mais après, tu te rappelles ce que tu regardes : une série fondée sur un comics très grand public, et est-ce que tu peux en vouloir au média de s’exprimer ainsi ? Y a un méchant, faut aller le tataner, vite parce que New York est en danger. On est dans une situation finalement assez paradoxale et agréable : certaines productions dérivées de comics nous ont habitués à une vraie qualité dépassant les attentes (le premier Iron ManJessica Jones) et forcément, maintenant, on en veut davantage. Eeeeh ouais. C’est assurément une bonne chose. Mais quand l’écriture est “seulement” fidèle à des récits vieux de plusieurs décennies et originellement plutôt destinés à un public adolescent, du coup ça dépare un peu. Problème de narration ou de structure ? Je laisse le jury décider.

Le scénario. Manquerait pas grand-chose, mais les méchants de cet univers, Madame Gao et Bakuto en tête, paraissent un peu parachutés dans tous les sens juste pour donner l’opposition nécessaire au gentil du moment, et amener le coup de théâtre qui va bien pour sauver la situation / la retourner / donner l’information cruciale (rayez la mention inutile). Madame Gao n’aime pas Nobu. Nobu fait partie de The Hand. Attendez, Gao aussi. Ah bon ? Bakuto est chelou, mais bon, il a l’air sympa. Il emprisonne Gao. Donc c’est un copain. Attends, il est de The Hand aussi ? Et ils veulent quoi, en vrai ? Distribuer de la came ? Pour faire des sous ? DANS QUEL BUT ? Et tout ça passe sans rétribution autre que des menaces vagues (dans The Defenders, on apprend qu’ils passent leur vie à s’assassiner mutuellement, faut bien passer le temps quand on est immortel, j’imagine). Comment cette organisation a-t-elle tenu aussi longtemps avec tant de rivalités ? Mais là aussi, on est dans les règles du genre : les méchants sont tellement méchants qu’ils préfèrent céder à la méchanceté qu’à l’intelligence. Ça tient un peu du grand-guignolesque à la longue – une série comme Alias, qui jouait de ces ficelles PLUSIEURS FOIS par épisode, s’en moquait tellement à force que c’en était réjouissant et méta ; on pourrait arguer qu’il manque cette intelligence à cet univers, mais bon, encore une fois, c’est vouloir Jessica Jones à chaque fois, et pour ça je suis d’accord, dans l’absolu, hein, mais je trouve que nous ne pouvons pas être tellement plus royalistes que le roi, même en disant “nous”.

Traitement et thèmes. Là, par contre, c’est le vrai problème à mon sens en 2018. On ne peut pas faire grand-chose à l’histoire de Danny Rand, mais ça fleure quand même un peu l’appropriation culturelle : c’est l’histoire d’un blanc blondinet qui débarque dans un monastère tibétain et qui fait tout mieux que tout les locaux et obtient leur pouvoir suprême. Ça fait un peu “j’y arrive parce que je suis blanc et riche”, et ça aurait pu être évité avec une écriture un peu plus maligne, en ne faisant peut-être pas tant reposer Danny le fait qu’il était juste plus têtu que les autres, ainsi que sur sa cosmoénergie et son septième sens qu’il déploie quand il est suffisamment colère (parce que ça fait vraiment ça, sérieux)… Ce n’est pas du tout le premier récit de l’histoire de la narration à faire ça, on est d’accord, mais on est en 2018, pas en 1988 où l’on commençait à se demander si l’idée d’avoir un blanc qui donne des leçons aux locaux ne rappellerait peut-être pas un chti peu le colonialisme.

On pourrait aussi parler du traitement des femmes désagréablement maladroit après Jessica Jones. Colleen Wing, une femme indépendante, une guerrière loyale et solide se transforme peu à peu en princesse Disney à mesure qu’elle côtoie Danny, à qui il donne d’ailleurs peu à peu des cours d’arts martiaux comme à une grosse noob alors que la relation partait au début sur un agréable terrain égalitaire. Joy Meachum, femme d’affaires solitaire et impitoyable, fond comme du sucre à la réapparition de Danny et si le vide psychologique de l’absence familiale est abordé, ça n’est jamais traité avec finesse ; les actes de compassion et de chaleur envers Danny sont plutôt mis sur le compte de son caractère, parce que c’est une gonzesse, tu comprends, et une gonzesse, c’est forcément fragile. (Dans le genre, Jeri Hogarth tient bien mieux debout.) Et Davos (qui n’a pas inventé les Daleks, pourtant), qui devient méchant alors qu’il n’a quand même pas l’air bien Américain comme il faut, on en parle ? (La série joue même clairement là-dessus à son apparition quand il fait des shurikens en papier d’alu – d’ailleurs pardon, mais un peu lol quand même – me dites pas qu’il ne fait pas tueur envoyé par Al-Qaïda, parce que ça me paraît clairement l’intention qu’on cherche à faire passer au spectateur.) Tout ça, c’est quand même pas très adroit.

Entendons-nous bien, auguste lectorat : je ne suis pas en train de dire que l’histoire de Danny Rand ne peut plus être racontée en 2018 ; que Joy Meachum n’a pas la latitude pour avoir une psychologie faible ; mais que, quand on s’aventure sur ces terrains, de nos jours, c’est rendre hommage à son public comme à son époque d’essayer de faire spécialement gaffe au traitement. Colleen donne un peu l’impression de s’effondrer non pas parce que l’organisation qui l’a élevée et a construit sa vision du monde est finalement maléfique (vu son endoctrinement, à part la trahison de Bakuto, elle a finalement assez peu d’éléments pour se ranger pleinement du côté de Danny), mais parce que l’amûûûûr a frappé son petit cœur et que pfiou elle sait plus trop quoi penser et que mon chéri a forcément raison. Ça aurait été bien si ça avait été un peu plus subtil que ça, si les personnages avaient tenu debout par eux-mêmes, en explorant davantage leurs forces et faiblesses en tant qu’individus, au lieu de tous se rattacher à Danny (qui dérive déjà lui-même comme un radeau sans amarres, alors on est mal).

Ward Meachum à la rescousse. Quand soudain, un inconnu vous offre des fleurs. Je vais te confier, auguste lectorat, pourquoi j’ai finalement passé un agréable moment avec Iron Fist (non, sérieux, ce nom, y a que moi qui… ?) : Ward Meachum. Ce personnage de fils, pas brillant et cornaqué par un père abusif et immortel dans l’ombre m’a semblé, pour le coup, tout droit sorti de Jessica Jones pour sa finesse psychologique et son côté torturé. Trop moyen de partout pour se débrouiller tout seul, dissimulant sa terreur et son manque d’assurance sous une allure gominée presque plastifiée, même pas foutu d’être authentiquement salaud quand il essaie de repousser sa sœur pour son bien, cherchant désespérément à quitter tout ce qu’il a bâti et sombrant dans la came, jusqu’au parricide symbolique (et inutile), son trajet m’a absolument fasciné, et la paire avec le père (arf) fonctionne particulièrement bien. Tom Pelphrey, l’acteur, me semble assurément le meilleur de toute cette série, presque au niveau d’un David Tennant (de son côté presque sous-exploité, d’ailleurs) alors que c’est un rôle secondaire, et je n’ai vécu que pour suivre son parcours : même trois minutes du naufrage terriblement humain de Ward Meachum dans ce monde de cinglés, j’étais content. Et je regarderai la saison 2 d’Iron Fist rien que pour lui, et pour voir si des mèches se rebellent dans sa coupe impeccable. Mais je crains que son fil narratif, avec la mort du père, n’ait touché à sa fin.

Donc voilà, et maintenant j’attaque The Punisher, dont tout le monde m’a dit un bien suprême, et selon toute logique, je dois en déduire que je ne vais pas aimer et vous détester encore plus, hein ? (Maiiiis non, je sais que c’est bien.)

2018-09-23T22:47:52+02:00mercredi 26 septembre 2018|Fiction|14 Commentaires

Apprenons les bases de la typographie pour rendre un manuscrit soigné – 1. Règles générales et outils

Merci, Inspirobot.

Divers évolution concomitantes m’ont conduit à lâcher la quasi-totalité de mes cours à la fac d’Angers, parmi lesquels figuraient certains “Outils informatiques du traducteur”. Fermement décidé à ce que ma plus grande œuvre ne sombre pas dans l’oubli, je vais archiver en ces lieux étranges une certaine part de ma sagesse suprême, la connaissance la plus lumineuse qu’il m’ait été donné de partager, et vous emmener avec moi dans les hauteurs sublimes du savoir.

C’est-à-dire que je vais vous saouler avec de la typographie.

Pourquoi et qu’est-ce que c’est, la typographie

La typographie, c’est, en gros, l’art de composer une jolie page. À l’origine, c’était le métier des compositeurs qui manipulaient les blocs de fonte (petits, je vous rassure) (mais les gens étaient peut-être musclés quand même) qui formaient la page imprimée. De nos jours, c’est principalement virtuel, et cela désigne les règles, construites par l’usage et l’expérience au fil des siècles d’imprimerie, qui forment une page reposante et harmonieuse à lire.

C’est donc important parce que cela concerne le confort de lecture. C’est aussi important parce que le compositeur (qui travaille aujourd’hui sur InDesign ou XPress) doit respecter ces règles pour fabriquer un livre que le lecteur découvrira avec plaisir. C’est donc important pour l’auteur, parce que respecter ces règles autant que faire se peut dénote sa connaissance du métier au sens large, le soin qu’il prend des yeux de son éditeur, son souci de faire gagner du temps à son metteur en page (et donc de l’argent à tout le monde), bref, c’est une preuve agréable de professionnalisme.

Disons tout de suite qu’un traitement de texte (quel que soit le vôtre, Word, Ulysses, Scrivener, Open Office…) n’est pas un logiciel de mise en page et qu’il existe certaines choses quand même impossibles à faire, mais s’approcher au maximum de l’idéal est appréciable (et on ne saurait demander d’aller plus loin). Respecter ces règles ne fera évidemment pas de vous un grand écrivain (et ne pas les respecter, à moins de vraiment faire exprès, ne vaudra pas un refus sommaire de votre manuscrit), mais au moins un bon partenaire, et comme le découvrent tous les jeunes qui ont conservé leur virginité pour leur nuit de noces, on sous-estime parfois l’importance d’être un bon partenaire dans la construction d’une relation plaisante.

Règles générales et caractères spéciaux

Installons d’ores et déjà une notion qui nous servira plus tard : le cadratin. C’est la largeur maximale que peut occuper un caractère (bon, je résume, hein). Pour une police de caractères à espacement variable, par exemple, un “i” prend moins de place qu’un “m” (c’est le cas sur cette page si vous l’affichez avec les paramètres par défaut) – le cadratin est donc la largeur théorique maximale d’un caractère avec la police donnée.

Un certain nombre de conventions typographiques s’appuient sur des caractères spéciaux (il existe par exemple trois types de tirets différents, qui n’ont pas la même sémantique). Il importe de savoir les entrer sur son ordinateur, et j’aurais tendance à recommander d’acquérir ces réflexes au plus vite pour les intégrer inconsciemment au moment de la rédaction d’un livre (car faire une passe purement typographique sur son manuscrit est une manière assez sûre de réduire son espérance de vie de trois mois et deux semaines par ennui profond).

Dégageons déjà (oh la belle allitération en J) quelques points auxquels prendre garde (et quelques idées reçues auxquelles tordre le cou) :

Oui, EN FRANÇAIS, LES MAJUSCULES SONT ACCENTUÉES. La légende du contraire circule depuis la machine à écrire (parce qu’on ne pouvait pas facilement les intégrer) mais la règle typographique française a toujours été qu’on accentue les majuscules. Les accents ont du sens.

Usage des italiques. Elles sont principalement réservées aux intériorisations (Fromage ou dessert ? se demanda en son for intérieur l’incroyable Hulk au cocktail des Avengers) et aux locutions étrangères (What the phoque ?), ce qui, caveatinclut le latin. Donc : in pettoin extremisvia le RER B, a priori (sans accent sur le “a”, c’est du latin, Priori n’est pas un lieu, sauf si vous parlez du palazzo de Pérouse).

Les points de suspension sont un seul caractère (et pas, comme on dit au primaire, “trois petits points”). Essayez de sélectionner avec votre pointeur ceci : … et cela … ; know the difference, it can save your life. (Ou peut-être pas, mais on n’est jamais trop prudent.)

Les apostrophes sont dites typographiques – ce n’est pas un trait (comme ceci : ‘) mais une sorte de virgule à l’exposant (comme cela : ’).

Il existe (donc) trois types de tirets. Le trait d’union (-), qui sert à relier les mots composés, de-la-sorte. Le tiret cadratin, à l’inverse, est le plus long qui soit (par définition du cadratin, voir plus haut) et ne sert qu’aux dialogues (—). On a longuement débattu de la ponctuation des dialogues spécifiquement dans trois articles, 1) les bases, 2) le formatage classique, 3) le formatage moderne. Enfin, le tiret semi-cadratin est plus long que le trait d’union, plus court que le tiret cadratin (–) et – wait for it – sert aux incises – comme ce qui précède.

Entrer des caractères spéciaux

Il faut être juste et rendre à Word ce qui lui appartient : malgré ses innombrables idiotes-syncrasies, il reste le champion du respect de la typographie française, et fait à peu près tout correctement. Mais il peut rester des occasions où l’on veut entrer manuellement un caractère spécial. Et là, comme qu’on peut faire ?

Sous Mac et iOS. C’est très simple. Tout est accessible facilement et logique par combinaison de touches (Verr. Maj pour les majuscules accentuées ; option-quelque chose pour le reste – voir le Visualiseur de clavier sur Mac, activable dans les préférences). Circulez, y a rien à voir, c’est logiquement fait et c’est chouette, et ça marche pareil entre un Mac et un iPad, en plus.

Sous Windows. C’est beaucoup plus compliqué. Les traitements de texte prévoient souvent des raccourcis clavier, mais ça n’est jamais les mêmes en fonction du logiciel. Les deux solutions un tant soit peu universelles et pratiques consistent, soit à installer un pilote de clavier étendu donnant davantage de caractères accessibles (par exemple celui de Denis Liégeois, kbdfrac)1, soit à utiliser les codes de caractère du système (solution que j’ai utilisée pendant 25 ans depuis Windows 3.1 avec un post-it sur mon moniteur jusqu’à ce que ça rentre dans ma mémoire musculaire…). En gros, taper Alt et une combinaison de chiffres au clavier. Lesquelles sont, pour les plus utilisées :

… et avec ça, nous avons tous les outils en main.

La prochaine fois, nous parlerons d’espaces et de leur juste usage. Comment que c’est trop grave excitant du fun ! Non ?

  1. Ou carrément passer en disposition Bépo, mais ça nous entraînerait trop loin
2019-06-01T14:56:34+02:00mercredi 23 mai 2018|Best Of, Technique d'écriture|4 Commentaires

Vendredi, masterclass de l’imaginaire avec cinq auteurs

L’événement a tourné pas mal sur les réseaux sociaux, donc juste un petit rappel : dans le cadre du mois de l’imaginaire se déroulera vendredi non pas une, mais cinq masterclasses de l’imaginaire avec cinq auteurs à Lyon. (Les inscriptions sont provisoirement clôturées en raison de l’affluence – merci à tou.te.s, elle seront rouvertes en fonction des disponibilités !)

Au programme :

  • Olivier Paquet, sur la thématique des descriptions, leur rôle, leur importance et le dosage.
  • Lionel Davoust, sur la thématique des personnages : archétype et logique propre
  • Nicolas Le Breton, sur la question des dialogues.
  • Christian Chavassieux, à propos des scènes de bataille.
  • Jean-Laurent Del Socorro, sur les questions des relations avec les correcteurs, éditeurs et relecteurs, et tous ceux qui ont un regard sur un texte avant sa publication..

(Davantage que d’archétypes au sens propre, je parlerai surtout de mon outil principal dans ce domaine, la volonté des personnages, et comment alimenter leur histoire par ce biais, d’où la notion de “logique interne”.)

Les réjouissances commenceront à 17h30 dans les locaux de l’Arald ( 25 rue chazière, 69004 Lyon), avec les intervention de 18h30 à 21h30, suivies de dédicaces et d’un buffet sympa.

Pour toutes les informations, rendez-vous sur cette page, et à vendredi !

2017-10-10T22:08:11+02:00lundi 9 octobre 2017|À ne pas manquer, Technique d'écriture|2 Commentaires

Procrastination podcast ép. 15 : “Conseils de survie pour les dialogues”

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Deux semaines ont passé, et le nouvel épisode de Procrastination, notre podcast sur l’écriture en quinze minutes, est disponible ! Au programme : “Conseils de survie pour les dialogues“.

Le dialogue, outil de base et convention narrative, c’est la communication verbale dans un média verbal, un moyen fondamental et immédiat pour passer de l’information, mettre en scène des personnages… voire transmettre au lecteur le contraire exact de ce que les personnages disent. Mélanie Fazi, Laurent Genefort et Lionel Davoust proposent un tour d’horizon de cet aspect fondamental de la littérature à travers des conseils fondamentaux et les grands pièges qu’il leur semble falloir éviter.

Références citées :
– The Writer’s Tale, Russel T. Davies & Benjamin Cook
– Elizabeth George, Mes secrets d’écrivain

Procrastination est hébergé par Elbakin.net et disponible à travers tous les grands fournisseurs et agrégateurs de podcasts :

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Bonne écoute !

2019-05-04T18:48:36+02:00lundi 17 avril 2017|Procrastination podcast, Technique d'écriture|3 Commentaires

Les codes caractères les plus courants [pense-bête]

Ayant vu d’autres discussions sur la ponctuation des dialogues, la difficulté de les insérer, de s’y retrouver… je vous propose un simple petit cadeau à imprimer et à se scotcher (ou à punaiser à vos risques et périls) sous l’écran. Si vous êtes sous Windows et que vous peinez à insérer vos caractères, voici les codes des plus courants, entrés avec Alt + la combinaison de touches correspondante :

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Je rappelle par ailleurs qu’il existe des pilotes de clavier étendus pour faciliter la saisie (et même le Bépo, pour ceux qui veulent pousser l’ergonomie plus loin). Pour retrouver la série d’articles sur le formatage des dialogues, c’est ici.

2018-07-17T16:55:57+02:00lundi 20 octobre 2014|Best Of, Technique d'écriture|17 Commentaires

Apprenons à ponctuer des dialogues (3) : le formatage moderne

(Articles précédents dans cette série : 1) les bases, 2) le formatage classique.)

Formatage moderne que j’appelle ainsi avec moi-même, car j’ai l’impression qu’on le trouve de plus en plus dans l’édition contemporaine. D’autre part, il évacue entièrement les guillemets, un signe parfaitement respectable de notre langue, et c’est bien un truc de moderne, ça, de virer des signes qui ne vous ont rien fait, tiens, ma bonne dame.

Le formatage moderne est donc en apparence plus simple à manier (mais en apparence seulement) :

  • Chaque réplique démarre par un retour à la ligne et un tiret cadratin ;
  • Les didascalies se mettent entre parenthèses (dès lors qu’il s’agit d’une phrase autonome, comme dans le formatage classique).

Ce qui donne, pour reprendre le même exemple que mercredi :

— Ceci est un exemple de formatage de dialogue, annonça Jean.

Pierre fit la moue.

— Vraiment ? Et nos répliques sont donc artificielles… ? s’étonna-t-il.

— Parfaitement. (Jean avait l’air content de lui.) Dis donc n’importe quoi, pour voir.

— Je ne suis pas d’accord avec cette manipulation (il frappa du poing sur la table) et je tiens à le proclamer !

— Proclame ce que tu veux, ricana Jean avec un sourire mauvais dont une longue description ne servirait qu’à montrer la possibilité de rallonger autant qu’on veut l’incise à partir du moment où cela reste clair pour le lecteur. L’exemple est déjà terminé.

Ça semble facile, hein ? Ça l’est, à première vue.

En résumé

  • Pas de guillemets, toute nouvelle réplique commence automatiquement à une nouvelle ligne par un tiret cadratin
  • Guillemets inusités
  • Incises et didascalies entre parenthèses
  • Ce formatage est plus répandu… Mais il oblige certains parti-pris qu’on peut trouver malvenus :

Sauf que…

Ce formatage présente, à mon sens, un piège majeur : puisque toutes les répliques doivent démarrer par un retour à la ligne, cela force à une mise en page qui peut s’avérer handicapante. En effet :

Il est possible que la même personne parle deux fois de manière rapprochée, mais avec deux tirets (dans les faits deux “répliques” à suivre), on peut croire à deux personnes différentes, ce qui induit une confusion ; il faut alors rééquilibrer en prévoyant une didascalie supplémentaire (« Bob dit : »), pas forcément pratique ;

Le retour obligatoire à la ligne que nécessite ce formatage plaque un rythme haché sur le dialogue, ce qui n’est pas forcément opportun (en exagérant, une scène romantique peut se trouver haletante comme un interrogatoire à Guantanamo) ;

Enfin, la construction de la phrase peut parfois pousser à des parenthèses incohérentes. Par exemple :

— Halte là ! s’écria Joss Carter. (Elle tira son arme et la pointa vers le suspect.) Arrêtez-vous ou je tire !

La didascalie se trouve coupée en deux (le verbe de dialogue et l’action de dégainer son arme1). Cela dérange ceux qui, comme moi, qui aiment bien la cohérence typographique.

Après, je connais quantités d’auteurs de renom et de talent qui adoptent ce formatage avec brio et se l’approprient sans mal. C’est évidemment une question de choix esthétique. Si vous me suivez un peu, vous aurez vite deviné que je préfère le formatage classique – paradoxalement assez proche du rythme anglais, mon autre langue.

Quoi qu’il en soit, on discerne en quoi le choix d’un formatage de dialogue n’est pas neutre et pourquoi il convient de respecter le choix de l’auteur ; les deux formes ne sont pas facilement interchangeables. Et les maîtriser donnera force, naturel et énergie à la narration de ces passages fondamentaux de la fiction.

Vous écriviez ? Eh bien, dialoguez, maintenant !

  1. Un cookie point à qui me dira qui est Joss Carter.
2022-12-24T01:58:26+01:00vendredi 28 mars 2014|Best Of, Technique d'écriture|24 Commentaires

Apprenons à ponctuer des dialogues (2) : le formatage classique

lolcat-i-question-the-general-assumption-that-feli1 Pourquoi ponctuer correctement des dialogues ? Une autre raison : un éditeur m’a confié lundi après le premier article

Pense à glisser quelque part qu’un dialogue mal formaté est presque un critère de refus tant on en voit défiler et à quel point ceux qui les étudient sur tablette ou écran se RUINENT les yeux sur des listes à puce et des put*** de tirets et de mises en forme fantasques.

C’est clair, non ?

Bien. Tout est en ordre et assimilé après l’article de lundi ? Votre traitement de texte est configuré et la différence réplique / didascalie claire ? Alors, allons-y.

Comme énoncé lundi, le formatage classique fait appel aux guillemets et tirets de réplique. Tout le monde, en général, connaît la règle de base :

  • Ouvrir les guillemets au début du dialogue,
  • Tiret en tête de chaque réplique,
  • Fermer les guillemets à la fin du dialogue.

Mais c’est facile à dire. Que fait-on quand surgit une longue didascalie ? C’est la fin du dialogue, ou pas ? Et quand une précision narrative s’insère dans une réplique ? Je fais quoi ?

L’exemple suivant présente à peu près tous les cas de figure possibles :

« Ceci est un exemple de formatage de dialogue », annonça Jean.

Pierre fit la moue. « Vraiment ? Et nos répliques sont donc artificielles… ? s’étonna-t-il.

— Parfaitement. » Jean avait l’air content de lui. « Dis donc n’importe quoi, pour voir.

— Je ne suis pas d’accord avec cette manipulation (il frappa du poing sur la table) et je tiens à le proclamer !

— Proclame ce que tu veux, ricana Jean avec un sourire mauvais dont une longue description ne servirait qu’à montrer la possibilité de rallonger autant qu’on veut l’incise à partir du moment où cela reste clair pour le lecteur. L’exemple est déjà terminé. »

Rappelle-toi, auguste lectorat, la règle de lundi : la clarté. Les répliques étant incluses dans des guillemets (ou démarrant par un tiret), il s’agit de les fermer si une confusion est possible avec la narration. Dans les faits, on ferme les guillemets (et on les rouvre) si et seulement si la didascalie qui suit est une phrase autonome.

Ce qui nous donne, dans le premier cas :

— Proclame ce que tu veux, ricana Jean avec un sourire mauvais dont une longue description ne servirait qu’à montrer la possibilité de rallonger autant qu’on veut l’incise à partir du moment où cela reste clair pour le lecteur. L’exemple est déjà terminé. »

Et dans le deuxième :

— Parfaitement. » Jean avait l’air content de lui. « Dis donc n’importe quoi, pour voir.

À la lecture, c’est parfaitement transparent. Simple, non ?

Les parenthèses sont possibles, mais rares : elles servent en général à insérer une didascalie en rupture avec le flot naturel de la phrase, ce qui n’est pas très courant :

— Je ne suis pas d’accord avec cette manipulation (il frappa du poing sur la table) et je tiens à le proclamer !

Notez que la virgule se situe à l’extérieur des guillemets :

« Ceci est un exemple de formatage de dialogue », annonça Jean.

Car, grammaticalement, la réplique comprise dans les guillemets est un “paquet” indépendant ; la phrase se lit réellement comme suit :

Jean annonça : “Ceci est un exemple de formatage de dialogue.”

En revanche, si un point d’exclamation ou d’interrogation termine la réplique, la virgule saute. Elle ferait double emploi avec l’indicateur d’humeur du locuteur, qui figure alors dans la réplique.

En résumé

  • Guillemets ouvrants et fermants au début et à la fin du dialogue ou en cas d’incise narrative, mais seulement si une confusion est possible avec la didascalie (typiquement, une phrase autonome)
  • Tirets cadratins en début de réplique si les guillemets ont été ouverts
  • Virgules à l’extérieur des guillemets (« Salut », dit-il) mais les autres signes sont internes et  (« Non ! » cria-t-il)
  • Rarement : si brève irruption d’une didascalie en milieu d’action, parenthèses.
2014-08-05T15:13:13+02:00mercredi 26 mars 2014|Best Of, Technique d'écriture|26 Commentaires

Apprenons à ponctuer des dialogues (1) : mise en place

dialog_wheelConfucius l’a dit, le dialogue, c’est la moitié de l’être (ou bien il a dit un truc approchant, j’ai la flemme de chercher une citation qui fasse genre, convenons ensemble que nous sommes épatés) et, dans la narration de fiction, c’est probablement une des formes les plus directes d’action, de dramatisation (au sens de mise en scène, selon la racine grecque drama – et oui, là je suis sérieux), puisqu’en temps réel, et démonstrateur d’échange entre personnages, entre voix. Or, dans les textes qu’il m’arrive de relire, de la part d’étudiants de traduction ou de jeunes auteurs, je remarque fréquemment que la typographie et la ponctuation sont dispersées un peu au hasard, avec la gêne visible de manier tout cet attirail de signes complexes, guillemets et tirets. Histoire de mettre les choses à plat, trois petits articles cette semaine pour que vous soyez totalement au taquet sur la question et que vos dialogues transcendent la clarté pure du cristal, comme disait Lao-Tseu. (Non, c’est pas vrai non plus, mais vous aviez deviné.)

Pourquoi typographier correctement un dialogue ?

Pourlamêmeraisonqu’unephrasesansespacesestillisible. Les signes de ponctuation, la disposition des répliques, participent de deux choses :

  • De la clarté. Qui parle à quel moment ? Qu’est-ce qui fait partie de la réplique et de l’action ? Il s’agit pour le lecteur de lire avec fluidité, sans s’arrêter en se disant : “Quoi ? J’ai rien compris.”
  • Du rythme. La disposition des paragraphes, des répliques, la longueur de l’action au sein du dialogue contribuent à l’ambiance et donc, relèvent d’un choix esthétique – le vôtre.

Schématiquement, dans un dialogue, l’auteur transmet les informations nécessaires à la compréhension de l’action par deux canaux différents. Il y a :

  • Les répliques. Tout ce que les personnages disent : Ça va / beau temps n’est-ce pas / où sont les microfilms espèce d’enfoiré / etc. ; et
  • Les didascalies. (C’est davantage un terme de théâtre, mais puisque le dialogue est avant tout une technique théâtrale, acceptons-le.) Il s’agit de tout ce qui relève des précisions scénaristiques et de mise en scène : qui parle, comment, que se passe-t-il entre deux échanges, ce peut être aussi bref que “dit-il” et aussi développé que “dit-il d’une voix suave comme un été du Pacifique avec un regard lourd de toutes significations brûlantes auxquelles Barbara n’osait penser par crainte d’attenter à sa bonne éducation de jeune fille du Michigan ».

La mission de l’auteur est cardinale : tout doit être fluide et clair. Si l’on confond les répliques avec les didascalies, il y a un problème. C’est à cela que sert, de la façon la plus transparente possible, la ponctuation des dialogues. Savoir la manier vous évitera des situations gênantes, par exemple le type dit “qu’il tire sur son voisin” alors qu’il devait vraiment le faire, ou bien la fille s’emmène toute seule au bout de la Terre alors qu’elle voulait le demander à ce beau jeune homme là-bas.

Il existe principalement deux systèmes de ponctuation de dialogues (les noms n’engagent ni le Littré ni le Bescherelle, c’est ma classification purement personnelle) :

  • Le formatage que j’appelle “classique », qui emploie guillemets (« ») et tirets (—).
  • Le formatage que j’appelle “moderne », qui n’emploie que les tirets (—) et appelle les parenthèses en renfort.

Nous verrons chacun d’entre eux dans les articles suivants. Il existe d’autres systèmes, plus ou moins composites entre les deux précédents, mais, de mes modestes expériences éditoriales, rien ne me prête à penser qu’ils soient en aucune manière standards et acceptés par l’usage. En gros, c’est moderne ou classique ; en-dehors, on n’est pas dans les règles.

Pour l’heure :

Quelques règles de base avant de commencer

Les guillemets en français sont les doubles chevrons. Point barre. Les guillemets “apostrophes” (soit ‘ ‘ ceci ‘ ‘ ) ne sont pas les guillemets français, mais anglais. On n’en s’en sert pas. (Ou alors, à l’intérieur d’autres guillemets déjà ouverts, mais restons simples sur cette série d’articles.) Les guillemets sont isolés du reste de la phrase par une espace1 insécable. Soit “chose” s’écrit en réalité «[]chose[]».

Si votre traitement de texte ne remplace pas automatiquement les guillemets anglais par les français, rien ne vaut de connaître le code caractère correspondant : sous Windows, maintenez la touche Alt, puis tapez le code sur votre pavé numérique. « : Alt + 0171. » : Alt + 0187.

Le tiret de dialogue est un tiret cadratin. C’est-à-dire que c’est un tiret long, le plus long de la police de caractères. Ce n’est pas un trait d’union (-) ni un tiret d’incise (semi-cadratin, plus long : –). Il s’obtient dans certains traitements de texte en tapant simplement deux tirets : — mais le plus efficace reste là aussi de connaître, sous Windows, son code caractère : Alt + 0151.

Les listes automatiques sont votre ennemi. Le dialogue s’aligne avec le reste du texte : même marge, même alinéa. Mais si vous commencez à taper des phrases qui commencent par des tirets cadratin, votre traitement de texte peut considérer qu’il s’agit d’une liste à puces et vous le formater comme tel – ce qui est exclu ici. Comparez :

dialogues-raccord

L’alinéa est matérialisé par la ligne rouge : dans l’exemple du haut, les tirets (qui ont été changés en semi-cadratins automatiquement par le traitement de texte) sont décalés par rapport au reste du texte. Ce n’est pas le cas en-dessous.

Rendez-vous donc dans les options de votre traitement de texte. Sous Word 2010 :

Cliquez pour un agrandissement

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Désactivez l’option correspondante, et profitez-en, le cas échéant, pour activer les guillemets français et les tirets cadratins automatiques.

Nous voilà prêts à étudier les deux grands types de formatages de dialogue en français.

  1. Car oui, les espaces sont féminines en typographie. C’est joli, non ?
2014-08-05T15:13:13+02:00lundi 24 mars 2014|Best Of, Technique d'écriture|35 Commentaires

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