Edgar Allan Poe et la philosophie de l’ameublement

Je suis au taquet sur les titres qui tabassent en ce moment, moi. Et non, ce n’est pas le titre d’un Enid Blyton perdu, mais le sujet d’une curiosité littéraire peu connue qui m’a toujours réjoui, bien loin du tekeli-li ou des corbeaux : Poe écrivait évidemment la fiction qu’on connaît, mais aussi des essais où il était, heu, parfois un peu péremptoire, dirons-nous chastement (il a notamment un foutu essai interminable et complètement barré où il prétend pouvoir percer les mystères cosmologiques de l’univers grâce à la puissance de sa raison, bref).

Ça, par contre, c’est puissamment rigolo et… bizarre : il a rédigé, entre autres trucs, un court essai intitulé The Philosophy of Furniture (disponible en ligne) d’un péremptoire total dont je n’arrive toujours pas à déterminer si c’est un énorme troll ou s’il est 200% sérieux. Les sites de référence disent que le ton est volontairement humoristique, mais quand on lit son making-of très orgueilleux du “Corbeau », j’ai quand même un gros doute.

Morceaux choisis qui ne cessent de me faire glousser nerveusement (traduction maison pour le lol) :

“Les Hollandais n’ont qu’une vague idée de la différence entre un rideau et un chou. En Espagne, ils font tout en rideaux – c’est une nation de pendus.”

The Philosophy of Furniture

Ou encore

“Le tapis est l’âme de l’appartement. C’est de lui qu’on déduit non seulement les teintes, mais aussi les formes de tous les objets afférents. Un juge de droit commun peut se permettre d’être un homme ordinaire ; un bon juge de tapis n’a pas le choix d’être un génie.”

The Philosophy of Furniture

Bref, si vous avez cinq minutes et lisez bien l’anglais, ça vaut le détour crispant et halluciné, et puis c’est toujours marrant de complexifier sa vision d’un géant littéraire. Et puis ça fait une super anecdote en cocktail. (Si vous allez en cocktail. Moi pas, j’ai un blog à la place.) À lire ici.

Oui bon écoutez c’est un article sur l’ameublement, je fais ce que je peux
2022-07-25T07:28:35+02:00mercredi 27 juillet 2022|Expériences en temps réel|Commentaires fermés sur Edgar Allan Poe et la philosophie de l’ameublement

Procrastination podcast S02E07 : “La nouvelle”

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Deux semaines ont passé, et le nouvel épisode de Procrastination, notre podcast sur l’écriture en quinze minutes, est disponible ! Au programme : “La nouvelle“.

Si le roman est la forme la plus visible de littérature sur les étals, la nouvelle est considérée parfois comme la forme reine des littératures de l’imaginaire. Au-delà de la longueur, qu’est-ce qui la différencie, en termes d’effets, de finalité, d’atmosphère ? Mélanie nous livre en quoi la nouvelle s’apparente au TARDIS ; Laurent, qui est plutôt romancier, nous livre son approche de l’exercice ; et Lionel confesse adhérer à la définition d’Edgar Allan Poe, selon laquelle tout dans une nouvelle doit concourir à l’effet final.

Référence citées
– Procrastination s01e04, C’est pas la taille qui compte

Procrastination est hébergé par Elbakin.net et disponible à travers tous les grands fournisseurs et agrégateurs de podcasts :

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Bonne écoute !

2019-05-04T18:47:11+02:00vendredi 15 décembre 2017|Procrastination podcast, Technique d'écriture|Commentaires fermés sur Procrastination podcast S02E07 : “La nouvelle”

En entretien sur Tintamare (la gazette de Cocyclics) autour de la nouvelle

tintamare

Tintamare, la gazette de Cocyclics, le site – forum d’entraide autour de l’écriture, lance une nouvelle rubrique d’entretiens autour de l’écriture de nouvelles, et j’ai l’insigne honneur (ce qui ne veut pas dire qu’on m’a remis un badge) de lancer le bal autour du format, de sa spécificité et évidemment de la technique.

Pour vous, y a-t-il des codes (chutes, rythmes, types d’histoires) incontournables de la nouvelle à respecter/détourner ?

Je souscris à la démarche d’Edgar Allan Poe : dans la nouvelle, tout doit concourir à une atmosphère unique. Même si, comme pour tous les codes, il faut réfléchir et éventuellement contourner le principe… Mais j’en reste assez proche, du moins quant à l’idée de but final. Une nouvelle est pour moi une promesse narrative assez brève, qui prend de l’élan sur quelques pages, et doit offrir, soit une chute frappante, soit un questionnement net.

Pour lire l’intégralité de l’entretien, c’est là.

2015-04-20T15:53:27+02:00mercredi 22 avril 2015|Entretiens, Technique d'écriture|Commentaires fermés sur En entretien sur Tintamare (la gazette de Cocyclics) autour de la nouvelle

Le plus dur, c’est demain

Aujourd’hui : Rennes -> Paris (train) -> Amsterdam (avion) -> Glasgow (avion).

La zone indus de l’aéroport de Glasgow, prise depuis une fenêtre qui s’ouvre pas, avec mon reflet dedans. Bref, une photo pourrie.

Auguste lectorat,

Je me trouve actuellement dans le salon wi-fi d’un hôtel de la zone industrielle de l’aéroport de Glasgow, ce qui signifie que j’ai accompli la moitié de mon périple pour atteindre le village de Tobermory, situé au bout de l’île de Mull, elle-même située au bout de l’Écosse. (Pour mémoire, voici pourquoi.) Je ne sais pas si je pourrai bloguer comme ça régulièrement mais j’aimerais bien. Ce fut une longue journée sans grand événement ni intérêt, à part la succession de bizarreries aléatoires qui s’entrechoquent dans les gares et les transports. Il y a le gamin qui montre une DS miniature – la voiture – à sa fille au pair en l’appelant GPS, bonjour le coup de vieux. Il y a la surtaxe pour excédent de poids à payer due au matériel nécessaire pour survivre en mer ET à terre – bottes de navigation, cirés, sacs de mer et tout le toutim, et ensuite les deux vols retardés au départ parce que, deux fois, un voyageur ne s’est pas présenté à l’embarquement et qu’il faut donc retirer son bagage de la soute – et moi de psychoter en craignant d’être concerné, qu’on n’ait pas enregistré mon paiement, qu’une erreur d’adressage quant aux correspondances n’envoie ma valise à Taipei ou Duban, avant de me dire que, attends, elle ne peut pas non plus partir deux fois à Taipei de deux aéroports différents.

Ou alors, j’ai vraiment la lose.

Impression renforcée par le fait que je lis l’intégrale de Poe en alternance avec une relecture de celle de Lovecraft, ce qui donne une coloration parfois un peu surréaliste à l’environnement, surtout quand on débarque dans la section “Essais” de Poe juste après Arthur Gordon Pym et qu’on découvre qu’il en a écrit un sur la philosophie de l’ameublement, où figurent des gemmes telles que :

Les Hollandais ont, peut-être, une vague notion qu’un rideau n’est point un légume.

Ou encore

Un juge de droit commun peut être un homme ordinaire ; un bon juge en matière de tapis de doit d’être un génie.

Et un autoportrait pour faire plaisir à Mélanie Fazi.

Tant de fulgurance me pénètre.

Journée conclue par un peu d’errance sur la si riante zone industrielle de l’aéroport de Glasgow en quête de mon hôtel, sachant que ce genre d’endroit n’est absolument pas conçu pour les piétons, encore moins pour les piétons tractant une putain de valise à roulettes pour lesquelles ils ont payé une surtaxe pour excédent de poids : les roulettes, sur les trottoirs couvert d’herbe, ça roule pas super bien. Je sais, ma vie est passionnante. J’ai le vrai, le profond, le grand sens de l’aventure.

Demain, je m’éloigne des grandes villes pour traverser l’Écosse au fil d’une succession de transports toujours plus rares, avec un accent écossais probablement toujours plus dense, et j’espère que mon intense pratique de Star Trek en VO avec son délicieux Scotty m’aura suffisamment entraîné. Tant qu’on me dit I cannae push her any farther cap’n or she gunna blow, je suis au taquet.

Allez, assez de couillonnades, je file, auguste lectorat, ça passe Game of Thrones sur la BBC. J’aime les pays de langue anglaise. Sauf que je peux pas regarder, j’ai rien vu de la saison 2 encore.

Mais c’était juste pour te faire râler.

2012-08-01T19:54:58+02:00dimanche 8 juillet 2012|Carnets de voyage|8 Commentaires

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