Découvrez la couverture et le résumé de La Messagère du Ciel !

L’information a été communiquée, et je suis vraiment très heureux de pouvoir enfin partager les premiers éléments solides sur La Messagère du Ciel, le premier tome de la trilogie « Les Dieux sauvages » à paraître en mai !

Alors…

Couv. Alain Brion

… Alors, l’information a été réservée en primeur à Elbakin.net, et il serait peu sympathique de la récupérer tout de suite.

Du coup, je vous invite à aller sur la page correspondante pour découvrir la couverture dans son intégralité, ainsi que le résumé ! 

« Écoute Ma parole : l’Éternel Crépuscule cachera le soleil, étouffera les plantes et changera les hommes en bêtes, car Aska, le Dieu de la Nuit, ne tolère d’autres enfants que les siens. »

2017-04-16T16:34:57+02:00jeudi 9 mars 2017|À ne pas manquer|2 Commentaires

Joies de la société de l’information

Mon article anti-abstentionnisme hier a déclenché des tollés, ce à quoi je m’attendais, mais surtout, il a déclenché un certain tonnerre de réactions qui, franchement, suscite en moi presque davantage d’inquiétude sur le discernement de mes concitoyens que le triste résultat du scrutin de dimanche.

Par conséquent, il convient, dans l’intérêt de la raison (big up à Korzybski) de clarifier un ou deux points.

Déjà : il y a une différence entre l’abstention et le mouvement abstentionniste. Chacun fait bien ce qu’il veut, et le truc génial avec une société moderne, c’est qu’on peut être en désaccord et continuer de ce se parler. Quand je parle d’abstentionnisme, c’est faire l’apologie de l’abstention. Ce qui entraîne le point suivant :

Scoop : je ne suis pas l’alpha et l’oméga d’Internet. Renversant, je sais. Quand je bannis jusqu’à nouvel ordre le discours abstentionniste, c’est sur MES réseaux (blog, réseaux sociaux). Je ne suis tenu en rien de fournir une tribune (à mes frais) à des discours qui me déplaisent. Ici, c’est chez moi. Je considère à titre personnel ce discours délétère et je n’ai pas l’énergie d’en discuter actuellement. Je n’ai pas envie de contribuer indirectement à sa propagation (à l’instar d’autres idées). Il est donc banni ICI. Cela devrait aller sans le dire, mais tout le monde a (encore) le droit de discuter de ce qu’il veut ailleurs. Aussi, quand j’endigue un flot de commentaires scandalisés de gens qui débarquent pour la première fois sur le blog proclamant à la censure ou qui s’offusquent de mon fascisme, je suis très inquiet sur la confusion des notions. La liberté d’expression est garantie par l’État, pas par moi. Quand vous êtes chez un végétarien, vous ne lui bourrez pas le mou sur son choix de vie et que pourquoi y a pas de l’entrecôte à dîner nom de dieu : vous lui foutez la paix (ou bien on vous fout dehors). Ici, c’est exactement la même chose. C’est un sujet dont on ne parle pas ici jusqu’à nouvel ordre parce que j’en ai marre. Vous avez vos raisons, okay, elles vous regardent, vous m’excuserez d’en disconvenir ; si, en plus, vous vous abstenez sans prosélytisme, je ne suis toujours pas d’accord avec vous mais je salue votre cohérence ; le prosélytisme sur ce sujet, en revanche, m’exaspère et m’épuise. C’est un peu comme avec la religion, quoi.

Quand je constate l’énergie et le temps que certains ont passé à essayer de contourner mes mesures de modération, à rédiger des tartines sur l’abstention comme en provocation, à balancer insultes et grossièretés, à se sentir exister en disant “je m’en carre de faire partie de tes potes”, j’ai juste envie de dire : CQFD. Pour un mec qui lâche sa tartine, quelle énergie dépensée en vain ? Qui aurait pu être employée à plus utile ? Il faut un quart d’heure pour rédiger un long commentaire, je n’ai besoin que de cinq centièmes de seconde (aussi vite que la transmutation d’X-Or) pour l’annihiler sans remords s’il contrevient aux règles exposées. Si c’est comme ça que certains espèrent changer le monde, en vociférant sur Internet dans le vent, on n’est pas sorti du sable.

Par ailleurs, j’ai un petit conseil d’ami pour tous les révolutionnaires candides en puissance. Prenons l’exemple de Bob (le prénom a été changé – étonnant, non -, mais le cas est réel, et j’en ai d’autres). Bob est très énervé par ce que Davoust raconte chez lui et se sent très obligé de lui expliquer qu’il a tort et qu’il marche au bruit des bottes des partis démocratiques, houlàlà.

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Source (immortelle)

Bob pense bien ce qu’il veut, hein, hé. Mais Bob se sent obligé de commenter quand même sur le blog, et ses commentaires sont passés en file de modération. Les commentaires contrevenant à la charte, je les oblitère les uns après les autres.

Mais Bob est toujours énervé, alors Bob va expliquer cette fois sur Facebook, dans les mêmes termes, avec des copier-coller, qu’il a raison. Peut-être bien, mais osef ; comme cela contrevient toujours à la règle du jeu, les mêmes réactions sont effacées. Au bout d’une demi-douzaine de tentatives, Davoust a quand même piscine et finit par bloquer Bob histoire d’avoir la paix.

Maintenant, un petit cours de fonctionnement d’Internet. Après ce bref échange, je possède, sans avoir levé le petit doigt :

  • L’adresse mail de Bob (qu’il a obligeamment renseignée dans le formulaire de commentaires sans en mettre une bidon…) ;
  • Son vrai nom (qu’il met obligeamment en clair sur Facebook), sa photo, plein d’informations publiques le concernant ;
  • Son adresse IP (laquelle est loggée à chaque commentaire – procédure antispam standard de toutes les plate-formes de blogging).

Tout ça sans faire le moindre effort : Bob m’a donné toutes ces infos de lui-même. Je ne veux pas dire, mais si un État mal intentionné arrivait au pouvoir, il retrouverait Bob sans difficultés avec une seule de ces informations (pour lui loger une balle dans la nuque, par exemple).

Le jour où Bob “se lèvera contre l’oppression”, comme il le promet, je garantis qu’il ne fera pas un pas hors de chez lui (plus probablement parce que c’est en réalité un rebelle de canapé, mais c’est une autre histoire) : s’il m’a fourni à moi, un particulier, toutes ces informations de lui-même, que peut-on imaginer que Google, Facebook ou l’État possèdent sur son compte ?

Ben merde alors. Si même ceux qui doivent me protéger de mon aveuglement et des méfaits du système démocratique montrent une telle incompétence révolutionnaire, mais sur qui vais-je pouvoir compter, à la fin ?

2015-12-08T10:08:19+01:00mardi 8 décembre 2015|Humeurs aqueuses|63 Commentaires

Léger changement quant à la revue de presse

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Tout à fait, cette image n’a aucun rapport.

Toujours en mouvement est l’avenir, et toujours en mouvement est un site web : les chroniques des livres tombent toujours régulièrement (merci encore à vous, chroniqueurs, critiques, blogueurs, pour votre suivi fidèle et votre enthousiasme !) et je tiens à les relayer ; le problème (que je vois sur les statistiques de la newsletter, notamment), c’est que ça peut vite virer à l’ego-spam (“regarde comme je suis trop fort, deux fois par semaine : maintenant achète mes livres, gros naze”), ce qui est un tout petit peu aux antipodes de l’atmosphère souhaitée et de mes intentions.

Changement donc de régime (si j’ai correctement injecté la faille XSS dans la clé primaire de la jonction SQL du noyau Windows Media) :

  • La revue de presse disparaît de la newsletter (car je suppose que ce n’est pas prioritairement pour ça que les gens suivent le blog) ;
  • Relai direct des articles sur les réseaux sociaux (au lieu de renvoyer vers l’entrefilet du blog, qui renvoie ensuite vers la chronique) ;
  • Rien ne change dans le flux RSS (à la fois parce que c’est plus compliqué à faire, mais aussi parce qu’un flux RSS se survole plus facilement).

Mieux, moins bien ? Tu t’en balances, auguste lectorat ? Dis-moi tout en commentaires (et le premier qui poste “tout” sera fusillé d’un regard noir doublé d’un discret pouffement).

Ah, et sinon, le moment est peut-être bien choisi pour dire que j’envisage tout doucement une version 6 de cette plate-forme, notamment avec un meilleur support des mobiles et (tadam !) une boutique centralisée pour commander les livres chez ceux qui les vendent, notamment en numérique (car… du numérique va commencer à arriver en 2015) – et peut-être bien d’autres trucs (j’ai quelques idées qui me semblent intéressantes car utiles et un peu différentes de ce qu’on voit d’habitude). Dans l’ensemble, toutefois, cette version 5 ayant, me semble-t-il, fait ses preuves, la refonte sera moins drastique que pour les versions précédentes et l’organisation restera globalement la même. (Pour mesurer le chemin parcouru, j’ai gardé des captures d’écran des vieilles versions du site, notamment de la première de 2007, et OMG que c’était moche à l’époque.)

2015-01-21T10:55:02+01:00jeudi 22 janvier 2015|Dernières nouvelles|7 Commentaires

Un couple improbable

“J’apprécierais que tu ne profites pas de la moindre occasion pour toujours mettre en avant tes spécificités ethniques, maugréa Eladiel. Il me semble que la situation est largement plus grave. La solution à tous les problèmes ne passe pas forcément trente mètres sous terre.

— Je ne ramène rien du tout !” protesta Balwina. Elle se gratta la barbe où subsistaient encore des miettes de pain de voyage et pointa l’horizon du doigt. “Tu sais pourquoi on appelle cette forêt la Forêt Sans Retour ? Tu t’en doutes, de l’explication, ou te faut un poème, des choristes et trois joueurs de harpe ?”

Eladiel plissa son nez au profil parfait et la tristesse traversa ses yeux verts.

“Ce n’est pas la peine de ramener cette vieille histoire, murmura-t-il. C’est du passé.

— Le passé, mes fesses. Maman ne t’a jamais pardonné. Si j’y réfléchis bien, c’est probablement là que tout a commencé à dégénérer entre nous. Le jour même de notre mariage ! C’est qui qui la ramenait avec ses spécifictés ethniques ?” La naine secoua la tête. “Elle m’avait prévenue, pourtant. Pauvre maman. J’aurais dû l’écouter.

— Tu l’as si bien écoutée que tu t’es laissée convaincre qu’un elfe et une naine n’avaient rien à faire ensemble !” Eladiel avait des trémolos dans la voix.

“Et allez, c’est reparti, grogna Balwina en levant les yeux au ciel.

— Reparti ? Vraiment ? Parlons-en, de repartir. Si je t’insupporte tant, pourquoi es-tu venu me chercher ? Tu n’avais pas d’autres…” Ses lèvres bougèrent un instant sans qu’aucun son n’en sorte. “D’autres camarades de beuverie à emmener ? Vous auriez été bien, entre vous, à comparer des plans d’excavation et à aiguiser vos pelles ! Pour ce que tu m’en roulais, de toute façon !”

Eladiel ouvrit de grands yeux, choqué par son propre accès de colère. Balwina elle-même le regarda d’un air nouveau, pas tant heurtée par la formulation que par le fait qu’elle ait pu franchir les lèvres de son ex-mari.

“Tu vas pas pleurer, quand même ?” fit Balwina.

Eladiel renifla, les yeux rouges.

“Nan.”

La naine poussa un long soupir.

“Ca te ferait plaisir qu’on passe par la forêt ?”

L’elfe acquiesça, puis détourna la tête en contrôlant sa respiration pour masquer son émotion. Balwina leva les yeux au ciel et rectifia la position de sa hache sur son épaule.

“Allez. Passe devant.”

Déclencheurs : 20′ d’écriture, 

exposer des informations par le dialogue entre un elfe et un nain, 

sachant que le nain veut passer par la montagne, et l’elfe par la forêt. 

2014-07-03T09:46:39+02:00jeudi 3 juillet 2014|Expériences en temps réel|3 Commentaires

Google+ vous laisse le pouvoir, Facebook vous demande de le prendre

L’article sur la promotion de Facebook continue à générer quelques centaines de lectures par jour, soit largement plus que la suite, malheureusement, qui donnait les chiffres et s’efforçait de donner de premiers éléments d’analyse concernant les retombées numériques de ce hold-up. De façon fort intéressante, Google+, le seul véritable rival de Facebook sur le créneau du réseau social semi-volatile, a déployé une nouveauté d’une simplicité et d’une élégance telle qu’elle continue à enfoncer le désastreux choix du géant bleu.

Dans un réseau social tel que FB ou G+ (même Twitter), le problème est simple : dans le flux d’informations, il s’agit de trier le bon grain (une nouveauté d’un auteur, groupe, cinéaste que vous aimez ; la nouvelle que votre neveu a eu son bac, que la compétition de Magic Scrabble organisée par votre mère s’est bien déroulée) de l’ivraie (au hasard, 2×10^15 annonces Farmville). Facebook et Google+ ont deux philosophies différentes ; l’un vous demande d’aller faire les réglages vous-même et introduit l’idée de promotion payante pour réparer un système bancal par essence, l’autre s’efforce d’introduire des réponses au problème dans la manière même dont le réseau fonctionne. Je pense qu’il est intéressant de connaître ces réglages pour reprendre la main sur le contenu qu’on cherche véritablement à voir, d’où ce petit didacticiel. (Un shout à Mlle Gima qui m’a aiguillé pour Facebook.)

Trier votre flux d’information avec Facebook

Facebook vous demande d’aller chercher des réglages ésotériques et peu ergonomiques pour personnaliser votre flux d’informations. La dernière fois, nous avons évoqué l’idée de liste d’intérêt et parlé d’Edgerank ; concernant les pages, le réseau vient d’introduire une fonctionnalité vous permettant de recevoir toutes les notifications. Il faut encore une fois une manipulation un peu fastidieuse et presque cachée, mais c’est possible : pointez sur le bouton “J’aime” de la page en question, puis sélectionnez l’option de recevoir les notifications, de voir la page dans votre flux d’actu ou de l’ajouter à une liste d’intérêt. Faites ça… pour toutes les pages. Eh ouais.

Trier votre flux d’informations avec Google+

Google+ a introduit l’idée de cercles (piquée à Diaspora et à ses aspects, d’ailleurs, ce que FB s’est maladroitement efforcé d’émuler), ce qui permet un classement a priori de vos centres d’intérêt, de vos amis et contacts, de la famille proche aux marques et artistes qui vous intéressent. Et, tout simplement, depuis le début de la semaine, vous pouvez moduler la fréquence et la quantité des informations que vous recevez concernant chaque cercle. Une règle est affichée bien en évidence en haut de chaque onglet de votre flux d’actualité, et vous permet de moduler finement la quantité d’informations que vous recevez dans chaque cercle. Simple et élégant !

Une différence de philosophie ?

Il est un peu malaisé de déduire de ces deux optiques opposées une différence de philosophie entre les deux entreprises, surtout que l’un est en position d’outsider qui tout intérêt à séduire de nouveaux utilisateurs et que l’autre se débat avec son introduction en Bourse décevante, mais force est de constater qu’actuellement, Facebook est un système compliqué qui tire régulièrement le tapis sous les pieds de l’utilisateur en le forçant à adopter des changements de conditions d’utilisation et qui dissimule des réglages utiles, alors que Google+ cultive la bonne idée et le système fonctionnel (si seulement G+ pouvait ouvrir son API, FFS !!). Quoi qu’il en soit, tout cela ne fait que remettre en évidence un point crucial de ces réseaux sociaux commerciaux : en en faisant le centre de votre écosystème numérique, que vous soyez utilisateur ou créateur, vous n’êtes plus maître de votre contenu et remettez ce contrôle à une tierce partie qui peut, à tout moment, changer les règles de votre propre jeu. 

2012-11-15T10:16:42+01:00jeudi 15 novembre 2012|Geekeries|8 Commentaires

Peut-être de dernières secondes de paix

La réalité est bien entendu plus complexe. Mais cela donne à réfléchir.

Julien Assange, le très poursuivi et controversé rédacteur en chef de Wikileaks est actuellement au centre d’un conflit diplomatique opposant l’Équateur et la Grande-Bretagne. Les premiers lui accordent l’asile politique, ce qui n’est pas du tout du goût des seconds, qui menacent de répliquer par une intervention armée.

Évidemment, ça fâche.

Nous souhaitons être très clairs, nous ne sommes pas une colonie britannique. Le temps des colonies est terminé […] Si l’intervention mentionnée dans le communiqué officiel britannique se produit, elle sera considérée par l’Equateur comme un acte inamical, hostile et intolérable, ainsi que comme une agression contre notre souveraineté, ce qui nous obligerait à répliquer par les moyens diplomatiques les plus fermes. – Source

C’est dans l’air que les inégalités sociales, les disparités de rémunération, les répercussions de la crise économique, les horreurs générées par le capitalisme sans contrôle, la haine envers l’Occident née de la misère forment un très dangereux cocktail qui monte doucement vers l’ébullition et des paroles de “révolution” ou de “guerre” ne se trouvent plus seulement prononcées par les alarmistes.

Quand je vois Assange détenu par un État souverain et qu’un autre menace ni plus ni moins d’une violation de celle-ci pour récupérer un homme qui – à tort ou à raison, c’est un autre débat – a poussé à l’extrême l’idéal de libre circulation de l’information, je frémis. Je me rappelle qu’un autre type est mort assassiné il y a presque un siècle et que, par le jeu des alliances, cet événement tragique mais relativement isolé a plongé l’Europe dans une guerre atroce. Assange symbolise un enjeu majeur du début du XXIe siècle, celui du contrôle de l’information. Car, selon les mots d’Orwell, “qui contrôle le présent contrôle le passé ; qui contrôle le passé contrôle l’avenir ». Cela va bien au-delà des questions de propriété intellectuelle ou du fantasme de geek ; il y a les colossaux enjeux économiques liés au contrôle de l’information personnelle du citoyen (qu’on constate le succès de Google et Facebook, deux régies publicitaires, pour mesurer leur poids), la tentation du contrôle et du fichage des citoyens par les États, même démocratiques, sous couvert d’épouvantails rhétoriques. Assange ne peut pas rester impuni. Sans même parler d’éthique et en constatant les faits seuls, il est la faille dans le système, l’épine dans le pied, une faille qu’il faut écraser, effacer, au risque de saper l’ensemble des édifices politiques actuels.

C’est trop gros, et pourtant. Une part de moi-même ne peut s’empêcher de souhaiter ne pas assister à un fragment d’histoire en train de s’écrire. Que le symbole controversé qu’est Assange et les actions irréfléchies des États ne forment pas le prétexte à l’explosion tant prophétisée du cocktail et déclenchent une cascade de dominos comme en 1914 avec l’assassinat du pauvre archiduc Ferdinand qui ne se serait probablement jamais douté que sa mort conduise des États prétendus civilisés à la guerre. Qu’en 2090, un gosse comme moi cent ans avant ne s’interroge sur la cause incroyablement stupide d’une boucherie, preuve de la sottise humaine – une espèce qui a manifestement besoin de se baigner dans son propre sang pour apprendre des leçons.

Des leçons pour lesquelles sa mémoire semble toujours tristement courte.

2012-08-18T19:13:12+02:00mardi 21 août 2012|Humeurs aqueuses|26 Commentaires

Verrouille et ferme ta gueule

Le Cri, Edvard Munch

Je suis vraiment très, très énervé. Je suis profondément énervé par la bêtise crasse qui peut parfois animer les gens bien intentionnés, les gens qu’on interroge au micro dans le journal de 20 h de TF1 qui s’improvisent experts sur l’écologie, la politique internationale et les embouteillages dûs à la neige, je suis écoeuré par l’inertie générale de ceux qui haussent les épaules en justifiant l’avenir par le présent, et je suis surtout encore plus consterné par cette part importante de nos peuples qui remet par ignorance les rênes de son existence à des bouchers déguisés en gendres idéaux tels des moutons à l’abattoir. Je dis beaucoup “je” mais, comme je l’ai dit, je suis hors de moi. Gueuler ne servira pas à grand-chose, j’en ai conscience, mais ça me défoulera, et si ça peut t’informer, auguste lectorat, alors je n’aurai pas perdu 10 000 signes pour rien.

La loi LOPPSI 2 a été adoptée hier. Cette loi touche à un certain nombre de méthodes de centralisation et de gestion de l’information personnelle pour faciliter les investigations criminelles. Mais, comme tous les serpents de mer que pond ce merveilleux gouvernement dont la rhétorique repose sur un seul et merveilleux principe, l’insulte à l’intelligence, il comporte un volet destiné une fois de plus à contrôler l’information – et donc à altérer la perception du monde.

Retour sur Hadopi

Un détail pris isolément n’est pas significatif. Il faut, pour comprendre l’offensive coordonnée sur la liberté d’information et d’expression menée par le gouvernement Sarkozy, composer une image globale de sa relation avec la presse, avec le droit du citoyen (voir l’excellent blog de Maître Eolas) et par rapport au Net. J’ai longuement parlé de cette loi grotesque, stupide et trompeuse, dont l’intention se résume à une seule chose : faire entrer chez le citoyen une mesure de surveillance volontaire de son activité en ligne au titre fallacieux que celui qui n’a rien à se reprocher n’a rien à cacher. J’invite ceux qui sont d’accord avec cette idée à aller jeter un oeil aux méthodes des propagandes totalitaires.

Hadopi ne protège pas le droit d’auteur, ne protège pas les ayant droits, c’est une loi idiote, coûteuse, inefficace et absurde, votée par des députés moutons qui ne pigent strictement rien à la technique et s’inquiètent uniquement de leur réelection, de leurs appuis et du millésime du dîner de ce soir. Hadopi repose sur une technique de manipulation éprouvée, l’épouvantail rhétorique : brandir une cause juste avec lequel on ne saurait disconvenir pour justifier n’importe quelle extrémité en comptant sur l’ignorance des gens comme des prétendus penseurs (oui, c’est votre attitude sur ce dossier que je vise, Alain Finkielkraut). Ici, l’épouvantail était la mort de la culture et de la création (plaçant le gouvernement Sarkozy en chevalier blanc défenseur d’un domaine où on le voit pourtant peu) et le véritable but l’instauration volontaire de la surveillance.

LOPPSI, pourquoi demain, vous ne saurez rien

LOPPSI repose sur la même méthode. L’épouvantail rhétorique : la pédophilie. Il y a quelque chose dans notre époque qui fait de l’enfant l’ultime objet de sacralisation : l’enfant est roi, l’enfant est suprême, l’enfant est bon. Quantité de personnes balancent le cerveau au vide-ordures dès qu’il est question d’enfant : on retombe soi-même en enfance, divisant son QI par deux ; tout devient justifiable, même l’inacceptable. Qui n’a jamais entendu dire “je suis contre la peine de mort, sauf pour les pédophiles” ? Quel type de raisonnement est-ce là ? L’enfant justifie l’abdication de la raison.

Par conséquent, diaboliser Internet comme un repaire de pédophiles permet d’ouvrir la porte à tous les abus, dont ici le filtrage des contenus sans intervention de l’autorité judiciaire. De façon purement arbitraire. Qui saura que tel site est bel est bien pédophile ou non ? La pédophilie est déjà un crime, interdite sur le Net, poursuivie et châtiée. On ne trouve pas de sites pédophiles dans Google. Internet ne regorge pas de types louches prêts à assassiner des enfants à coups de clavier – pas plus que dans le quartier où on les laisse rentrer seuls.

Cette mesure est très grave à deux titres.

Une mesure contre-productive

Tout l’effet qu’ont ces mesures sur le filtrage et la surveillance des communications entraîne une suspicion croissante à l’écart des gouvernements, rompant la confiance historique avec les représentants du peuple, mais surtout généralise et banalise l’usage de méthodes de cryptage et de dissimulation des échanges. Habituellement, seules les communications sensibles ou criminelles se trouvaient masquées de la sorte, facilitant pour les services de police l’enquête et l’infiltration des réseaux. Mais si tout le monde se met – par méfiance – à crypter ses communications, la tâche sera terriblement complexifiée et rendra très ardue la séparation du bruit d’un véritable signal criminel. Instaurer le filtrage, restreindre les libertés de communication, c’est encourager les contournements et rendre, à terme, bien plus difficile l’arrestation des criminels véritables.

Le filtrage sans discrimination

Qui peut vérifier qu’un site bloqué est bel est bien pédophile ?

Si l’on instaure dans les esprits l’idée que l’on peut bloquer des contenus pour des raisons de sécurité (ce qui est inefficace, voir point précédent), demain, ne peut-on imaginer le blocage de sites “menaçant la sûreté nationale” ? Qui, mettons, révéleraient des malversations dans les hautes sphères du pouvoir ? Des manipulations de la presse ? Des affaires Bettencourt, des Karachigate ? Des sondages défavorables ?

Comme, par exemple, Wikileaks ?

Brice Hortefeux osait prononcer la vomissable phrase suivante : “Parfois, la transparence est une forme de totalitarisme.” Même George Orwell dans son célèbre 1984 n’avait pas osé le formuler en ces termes, préférant un plus sobre “Ignorance is strength” (l’ignorance est une force) parmi les principes fondamentaux de Big Brother.

Comment les gens peuvent-ils l’écouter ?

Parce qu’ils ne réfléchissent pas ?

Dans ces conditions, peut-on encore s’interroger sur les véritables raisons qui poussent le gouvernement à restreindre les fonds accordés à l’éducation ou à supprimer les enseignements d’histoire au lycée ?

Ce filtrage ouvre la porte à la forme ultime d’effacement de l’information, de remodelage de la pensée. Avec cette loi, si on l’imagine par exemple étendue à la sûreté nationale (ce qui n’a rien d’impossible), une information peut entièrement disparaître du paysage sans laisser de traces. C’est l’équivalent informationnel du Patriot Act où toute personne pouvait se voir déchue de ses droits élémentaires et détenue arbitrairement dès qu’elle était seulement soupçonnée d’activité terroriste : demain, on vous emmène à Guantanamo et vous disparaissez de la circulation. C’est pire que le démenti, la manipulation ou la censure : avec cela, certains pans entiers du savoir peuvent disparaître – ne laissant même pas de trace. Avec cela, on peut réécrire l’histoire, altérer l’actualité, gouverner l’opinion dès qu’une information est jugée contraire au bon vouloir de celui qui tient les ciseaux.

Ici, c’est la pensée contraire qui peut se trouver rayée du paysage – allant jusqu’à annihiler le seul concept de pensée contraire.

La guerre ne fait que commencer

Il se joue quelque chose de très grave en ce moment et je suis atterré en voyant le sourire hébété d’une certaine majorité de gens qui marchent à l’abattoir contents, le regard et le cerveau vides. Les Anonymous, WikiLeaks et autres acteurs de la contre-culture Internet sont les fers de lance de la protection de nos droits civiques d’information et d’expression dans le monde de l’information de demain. C’est une véritable guerre qui s’installe entre les gouvernements dits “démocratiques” qui, progressivement, se muent en oligarchies reposant sur le principe de manipulation de la soumission librement consentie, et une poignée d’acteurs éclairés et très en colère contre ce qui se trame.

Internet n’est pas votre ennemi. Internet n’est pas non plus sans défauts : Internet est humain. Mais Internet protège votre droit à l’information et à la transparence. Cette guerre qui se déroule en coulisses est peut-être pour moi le précurseur du véritable théâtre d’opérations d’une forme très spéciale de Troisième Guerre Mondiale, celle dont l’enjeu n’est rien moins que notre cerveau, notre libre arbitre, notre personne entière.

Battons-nous, en commençant par nous-mêmes. Notre esprit critique et notre volonté de connaître sont nos premières armes.

2014-08-05T15:12:34+02:00vendredi 17 décembre 2010|Humeurs aqueuses|19 Commentaires

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