Une installation autour de Tuning Jack

« Tuning Jack », c’était ma première publication professionnelle dans la revue Galaxies ancienne série en… 2004. (Mon dieu.) C’est l’une des premières nouvelles dont je me sois dit “cette idée est trop idiote pour que je ne l’écrive pas”, et j’ai été aussi stupéfié qu’honoré de la voir terminer directement finaliste du prix Rosny Aîné. Depuis, le texte a été repris dans L’Importance de ton regard, et placé en diffusion libre (lisible gratuitement ici).

Aujourd’hui, j’ai envie de partager avec toi, auguste lectorat, le travail fantastique de Noémie Desard, diplômée du Master NUmérique et Médias Intéractifs pour le Cinéma et l’audiovisuel (Numic) qui, pour son mémoire, a conduit toute une réflexion autour de la lecture à l’ère du numérique, de l’augmentation possible de celle-ci tout en respectant le cœur de l’expérience de lecture, en s’appuyant pour cela sur « Tuning Jack ». Elle a recomposé le texte en véritable plasticienne, tourné avec ses camarades (bravo et merci, les gens !) des tas de petites vignettes incroyables autour des publicités idiotes présentes dans la nouvelle, et les voir m’a fait rire comme un imbécile (le texte commence à être ancien dans ma mémoire) tout en étant super ému. Je me souviens en revanche parfaitement des conditions d’écriture il y a presque quinze ans, quand je prenais des notes sur l’essai des Techniques du corps de Marcel Mauss sur ma petite table d’étudiant dans le coin cuisine, alors que j’avais des cheveux, et que cette idée à la con (y a pas d’autre mot) a germé dans mon cerveau malade ; je n’imaginais pas un seul instant à l’époque qu’un jour, quelqu’un de talentueux comme Noémie aurait envie de s’emparer de cette histoire et de lui donner vie de façon aussi cinglée que j’y pensais.

Je ne dévoilerai pas en détail les mécaniques auxquelles elle a pensé pour “augmenter” la lecture, parce que c’est son travail et c’est à elle de le faire si elle le souhaite – voir la présentation du concept ici –, mais je dirai juste que c’est l’un des très rares projets qui m’aient semblé pertinent dans ce domaine (d’où le fait que sois doublement ravi que « Tuning Jack » ait servi de support à ses idées). Il y a six ans, j’écrivais ça sur le livre enrichi, partie 1, partie 2 – et je reste assez d’accord avec moi-même (preuve de constance ou de rigidité intellectuelle ?), mais Noémie a très intelligemment contourné ces embûches en se rappelant les raisons pour lesquelles on lit, et propose une vraie voie intéressante avec des tas de mécanismes inédits sur le sujet. J’espère qu’elle pourra les développer et les creuser comme ils le méritent, parce que , je trouve qu’il y a des idées, de la matière, une voie.

La soutenance s’est déroulée sous la forme d’une installation de salon de body tuning, pour se rendre beau en se faisant mal :

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Merci encore pour ton travail, Noémie, qui m’a quasiment mis la larme à l’œil en retrouvant toutes ces idées et cet univers ancien, et en le voyant prendre vie de la sorte… Et bravo ! 

2017-09-13T16:34:12+02:00jeudi 21 septembre 2017|Journal|Commentaires fermés sur Une installation autour de Tuning Jack

Lundi, c’est déclencheurs, édition 2017

Yeepee ! Auguste lectorat, je te propose cet été encore, comme en 2012 et en 2015, d’écrire régulièrement, pour le plaisir, sur une petite contrainte qui n’est pas à prendre au pied de la lettre : c’est un déclencheur, c’est-à-dire qu’il ne sert qu’à lancer ton imagination, à la nourrir, et à te donner envie de partir là où tu le souhaites. J’ai argué que la meilleure habitude de la création consiste à toucher son projet tous les jours, un petit peu, car il me semble que la régularité est supérieure au volume – la régularité permet de conserver le lien avec son envie, son histoire, et donc d’éviter les difficultés inhérentes à la remise du pied à l’étrier. Évidemment, régularité et volume, c’est encore mieux, mais si l’on doit choisir (surtout quand on ne peut consacrer tout son temps à sa pratique créative), je pense qu’il faut pencher vers le premier. (Caveats d’usage, hein, je ne refais pas l’article.)

Donc, cet été encore, je propose la consigne suivante : vingt-cinq minutes d’écriture par semaine à partir d’une liste de dix éléments avec un thème commun. Choisissez celui qui vous parle, qui vous branche, qui vous intrigue. Combinez-en plusieurs. N’en prenez aucun mais partez sur une tangente qui vous amuse. Tirez-en un avec un dé à dix faces. Combinez-les tous. Peu importe.

L’idée, c’est d’écrire de façon décomplexée, sans interruption, sans correction, sur un laps de temps de taille raisonnable (il n’est pas question d’écrire une décalogie ni même une histoire complète). Les plus attentifs parmi vous auront reconnu que vingt-cinq minutes, c’est la durée d’un pomodoro, et que vous aurez ensuite bien mérité cinq minutes de pause… pour continuer ensuite, peut-être, pourquoi pas ? Le prix Nobel de littérature est au bout de la route. (Promesse non contractuelle.)

On ne commence pas encore cette semaine, car cette semaine, auguste lectorat, tu as un exercice à faire. Tu dois regarder ton emploi du temps et tu dois trouver un créneau avec ces vingt-cinq minutes dans la semaine pour le consacrer à ton écriture. Tu éteins le chien et les enfants, tu dis à ton téléphone d’aller jouer dans le jardin. Si ton désir d’écrire est sérieux et authentique, tu trouveras ces vingt-cinq minutes, et tu en feras un espace sacré. Je sais, ça fait peur, mais rien ne s’écrira tant que tu ne mettras pas tes doigts sur le clavier pour faire quelque chose. On s’en fout que ce soit génial, ça ne le sera pas, les premiers jets ne le sont quasiment jamais. Il s’agit de faire, de se connaître, de se comprendre, de chercher l’inspiration, le plaisir, de se lâcher. Il faut se mettre au boulot, et tu n’as pas le droit de dire que tu n’as pas le temps.

Parce que ce n’est pas que tu n’as pas le temps : tu as peur. Je comprends. Je vais te dire un truc : nous avons tous peur. (Quasiment tous. Il y a aussi des fous. Enfin, des plus fous encore. Ou moins ? Je ne sais plus.) C’est pour ça que je te laisse une semaine pour te retourner, prévenir ta famille que non tu n’es pas mort si tu ne réponds pas dans la minute à tes messages Facebook. Tu fais un truc méga plus important : tu travailles pour toi.

Alors, va définir ton espace, acheter ton Moleskine préféré, acheter ce stylo plaqué titane de carbone dont tu as tellement envie, et on se retrouve lundi prochain pour bosser.

Quoi ? Qu’est-ce que c’est… ? “Oui, mais…” Non. Il n’y a pas de mais. Fais-le, ou ne le fais pas. Il n’y a pas d’essai.

2017-07-09T12:00:23+02:00lundi 10 juillet 2017|Technique d'écriture|Commentaires fermés sur Lundi, c’est déclencheurs, édition 2017

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