Procrastination podcast S03E04 : “Soumettre un manuscrit”

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Deux semaines ont passé, et le nouvel épisode de Procrastination, notre podcast sur l’écriture en quinze minutes, est disponible ! Au programme : “Soumettre un manuscrit“.

Vous avez un manuscrit prêt ? Vous êtes disposé.e à affronter le vaste monde et l’édition professionnelle pour donner à vos écrits une vaste diffusion auprès du public ? Cet épisode détaille le déroulement du processus, à travers un fil conducteur développé en cinq points par Laurent, et où Mélanie et Lionel interviennent, en rappelant toujours l’importance de la patience, et celui de cibler les éditeurs susceptibles de publier son travail à travers une réflexion et une veille.

Références citées
– SlushPile Hell http://slushpilehell.tumblr.com

Procrastination est hébergé par Elbakin.net et disponible à travers tous les grands fournisseurs et agrégateurs de podcasts :

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Bonne écoute !

2020-10-19T11:37:43+02:00jeudi 1 novembre 2018|Procrastination podcast, Technique d'écriture|4 Commentaires

Quelles sont les meilleures applications de prise de notes manuscrites ?

Ouais, bon, pardon.

Alors voilà, c’est beau : on a une marotte, genre on passe chez Apple parce qu’on trouve qu’on a passé l’âge de régler la fréquence du front side bus sur le coefficient multiplicateur du CPU watercoolé à l’encre de Chine, on veut que quand on écrive, ça marche, alors on s’achète des iPad Pro, et puis là, bim ! C’est le drame. L’article sur la meilleure tablette pour prendre des notes devient l’un des plus populaires du blog. Même que y a des gens qui suivent mon conseil et me disent que j’ai raison, bordel, alors que puis-je faire, hein ? Hein ?

À part répondre à la question qui va derrière, à savoir : c’est quoi les meilleures applications de prise de notes ? 

Ben ouais.

C’est quoi, prendre des notes sur tablette ?

Tu prends ton burin et ta dalle de grès et…

Minute. *Avance son horloge de 20 siècles*

Donc. Tu as une tablette, auguste lectorat, typiquement un iPad Pro (ou pas / plus : l’iPad de 2018 est compatible avec le fantastique Pencil, pour un prix réduit de plus de 50% par rapport au modèle pro) et tu as besoin, comme ton humble serviteur, de griffonner des mickeys de laisser libre cours à tes réflexions à travers l’acte de l’écriture manuscrite, établissant quelques plans ici et là à l’occasion. On en a parlé, balader une petite tablette est infiniment supérieur à 15 kg de notes. L’iPad étant désigné, par unanimité avec moi-même, comme la meilleure tablette de prise de notes, on va parler de l’écosystème Apple, même si j’essaierai d’avoir quelques mots pour les victimes des écosystèmes Windows et Android, car j’ai compassion.

Ensuite, on va réduire encore la portée de cet article, car déjà, c’est une arme balistique lourde, et ensuite, il y a clairement des domaines dont je ne puis parler, manquant un poil d’expérience. Réglons tout de suite le problème de l’éléphant dans la pièce : la reconnaissance manuscrite de l’écriture. La joie, à lire certains retours qui me reviennent (ou me retournent, ça serait plus logique, mais en fait non, ils me font plaisir, ils ne me retournent pas, hé, que la langue française est rigolote), ce serait de pouvoir rédiger ses notes en pattes de mouche tel un brillant médecin, puis que la machine décode tout ça en texte que l’on pourrait copier-coller à l’envi, genre dans une autre application (genre dans Scrivener, au hasard, hein, total, le hasard).

À l’heure actuelle du jour d’aujourd’hui, la plupart des applications ténor offrent une forme de support de la reconnaissance manuscrite. Mais, bon : c’est forcément imparfait, et son efficacité dépend lourdement de votre handicap graphologique. M’est avis qu’espérer travailler exclusivement de la sorte, écrire à la main pour recomposer ensuite sous traitement de texte, n’est pas la meilleure idée du monde question efficacité. En plus, ça ne se synchronise pas facilement avec quoi que ce soit, donc faut copier-coller, bref, c’est lourdingue.

Je pense que la prise de notes manuscrite sur tablette doit se considérer comme l’équivalent numérique d’un beau cahier Clairefontaine. On griffonne, on rature, on surligne, on réfléchit librement, on met au point. En gros, on décide. Ensuite, on rédige. C’est dans cet esprit-là que je vous propose mes recommandations.

Applications intégrées à tout faire (OneNote, Evernote, Apple Notes) : mouaiiis

Les applications de prise de notes généralistes sus-citées proposent à peu près toutes un module de prise de notes manuscrites. Alors ça marche, à peu près bien, et pour consigner les prochaines actions à faire au cours de la réunion trimestrielle de guidance relative à la roadmap de livraison du plus-produit investissement, c’est nickel. Par contre, pour l’émulation de l’épais cahier de notes cher à l’écrivain, ça n’est pas le plus adapté. Pourquoi ? Parce que :

Evernote charrie toujours son héritage d’application web et desktop. La dernière fois que j’ai testé, le module de détection du Pencil était peu agréable, et Evernote a un paradigme d’organisation des données bien à lui qui rend difficile l’écriture au long cours sans une maintenance certaine. Et en plus, les rumeurs sur la santé de l’entreprise sont actuellement funestes (même si peu surprenantes, vu comme l’application est à l’ouest depuis quelques années, on ne va pas se mentir).

OneNote est un super outil ruiné par une synchronisation mobile atroce et une politique de confidentialité hautement discutable. Voilà, c’est dit, et c’était même dit là.

Apple Notes est chouette, si on ne dépasse pas la poignée de pages. Le support du Pencil est évidemment parfait, vu que l’application est développée par Popole, mais même problème qu’Evernote : ce n’est pas très évident d’enchaîner les pages, à mon avis.

Des applications dédiées : oui

Du coup, il vaut mieux utiliser, à mon sens, des applications qui ne font que de la prise de notes manuscrite, qui permettent de mélanger aisément sur la page photos, captures d’écran, texte tapé au clavier et évidemment gribouillis au Pencil. Il en existe beaucoup (beaucoup beaucoup) mais, dans le domaine, les deux ténors sont GoodNotes et Notability, qui offrent le meilleur compromis entre robustesse et ensemble de fonctionnalités. Les deux applications sont très proches, et le choix dépendra de petits détails qui auront, ou pas, de l’importance pour vous. (J’ai longtemps alterné entre le deux jusqu’à me fixer sur Notability.)

Ce qu’elles ont en commun : multiplateforme sur iOS (avec notamment une application compagnon sur Mac, pour visualiser et éditer ses notes sans avoir besoin de l’iPad) ; pléthore de styles de crayons, surligneurs, gommes ; reconnaissance de l’écriture manuscrite ; plusieurs modèles de page ; insertion aisée de photos, textes tapés au clavier ; synchronisation dans le nuage ; export et sauvegarde en PDF ; zoom facile avec les gestes de pincement à deux doigts.

GoodNotes.

Là où GoodNotes excelle : GoodNotes me semble avoir un moteur de détection du Pencil un poil meilleur, ce qui rend l’écriture plus agréable. Les modèles de documents par défaut sont aussi bien, bien meilleurs : le lignage est notamment parfait pour les différentes tailles d’iPad, ni trop grand pour le 12.9, ni trop piti pour le 9.7. La gomme permet aussi d’effacer une partie seulement d’un tracé, au lieu d’un tracé entier réalisé au Pencil (comme sur Notability) : si vous dessinez beaucoup, ça peut avoir son importance.

Là où GoodNotes pèche1Gros point noir, la synchronisation par iCloud a longtemps été polluée de bugs. Après avoir perdu un document entier, j’ai lâché l’affaire ; il SEMBLE cependant que ce soit réglé depuis un moment. Mais je ne m’y risque plus, car : GoodNotes présente ses pages sur l’écran entier, ce qui est un peu agaçant, je trouve. En gros, quand vous arrivez vers le bas de la page, le poignet ne repose plus confortablement sur l’écran, et risque de toucher le bouton d’accueil sans faire exprès. Pendant des mois, quand j’utilisais GoodNotes, je posais donc mon iPad à l’envers sur mon bureau pour éviter ça. (Lifehack!) Ce qui choque mon sens de l’esthétique.

J’ai donc choisi Notability, qui offre un défilement des pages en continu.

Là où Notabilty excelle : Le défilement, donc. L’interface que je trouve moins intrusive (plus “flat“). La synchronisation en béton armé (j’ai fait des tests de conflits volontaires et je n’ai pas réussi à la mettre en défaut). Pour les étudiants, un point intéressant : Notability comporte un micro permettant d’enregistrer et de synchroniser le son avec la prise de notes, ce qui est intéressant pour les cours, ainsi que pour les écrivains narcissiques aimant se parler tout haut, ou bien expliquer leur génie à leur chat.

Là où Notability pèche : Certains modèles par défaut de documents sont stupides. Il y a notamment un lignage tellement serré que seul un peintre sur figurines adroit doit pouvoir y écrire quelque chose, même sur le grand iPad de 12,9 pouces. Le lignage suivant est exploitable sur 9,7, mais paraît GRAAAAND sur 12,9. Et donc, la gomme n’efface que les tracés entiers, ce qui décevra les dessinateurs doués (pas moi, donc). Enfin, je trouve l’icône kitschos. Mais bon.

Notability.

Vous pouvez passer par ici pour découvrir et acheter ces deux applications sur l’App Store : GoodNotes / Notability.

Bonus : des bizarreries ou étrangetés intéressantes

J’ai aussi envie de vous mentionner deux applications qui sortent un peu des sentiers battus ; qui ne sont pas aussi polyvalentes et bien finies que les deux précédentes à mon goût, mais qui peuvent répondre à un besoin précis, si c’est votre besoin, précisément :

MyScript Nebo met en avant précisément la reconnaissance de l’écriture manuscrite, des schémas, équations etc. Si c’est vraiment ça que vous cherchez, c’est probablement la meilleure.

Zoomnotes propose un paradigme différent du cahier Clairefontaine : un immense tableau effaçable sur lequel on peut zoomer à l’infini. Création fractale ?

Et si j’ai pas d’iPad, m’sieur ?

Franchement, au prix où se trouve l’iPad de 2018 (359€ pour le modèle le plus basique), si tu cherches vraiment à écrire avec un stylet sur un écran pour t’affranchir des chemises à sangles et entrer de plain pied dans le XXIe siècle, fais-moi plaisir, vends cette Surface pourrie qui surchauffe avec son stylet qui ne détecte que les lignes droites et prends un iPad avec un Pencil sur le refurb, quoi. Cependant, CEPENDANT, oh là là, du calme, quoi, j’ai quand même une application à proposer – sans engagement formel de ma part, car j’ai rejoint le côté en aluminium brossé de la force depuis deux maintenant, et je ne suis plus très à jour. J’utilisais avec un plaisir sincère Squid (anciennement Papyrus), très proche de GoodNotes, disponible sur Android et – aux dernières nouvelles – sur le Windows Store2.

Et hop. Te voilà armé, auguste lectorat, pour dessiner des phallus donner libre cours à tes méditations sur l’art d’écrire sur un écran, et ainsi embrasser pleinement la liberté créative de la vie en mobilité.

De manière générale, si l’envie d’acheter cet outil (ou l’un des autres présentés sur ce site) vous vient, n’oubliez pas de passer par les liens proposés ici – vous contribuez à financer le temps passé à rédiger ces articles gratuitement. Merci ! 

  1. À la ligne. Manuscrite. OUARF.
  2. Hahahaha. Pardon. C’est nerveux.
2019-06-01T14:36:47+02:00mercredi 19 septembre 2018|Best Of, Technique d'écriture|Commentaires fermés sur Quelles sont les meilleures applications de prise de notes manuscrites ?

Procrastination (podcast en 15 minutes sur l’écriture) : le programme de la saison 3

Nous l’avions promis, nous y arrivons : mardi dernier, Mélanie Fazi, Laurent Genefort et moi-même avons enregistré le début de la saison 3 de Procrastination. Comme d’habitude, vingt épisodes prévus, tous les quinze jours, qui nous emmèneront du 15 septembre 2018 au 1e juillet 2019. 

https://www.instagram.com/p/Bggfmnyje1f/

Cette année, nous avons prévu quelques petites nouveautés, notamment davantage d’interactions avec vous, poditeurs et poditrices. On en reparlera en temps utile ; dans l’intervalle, pour mémoire, sachez que le meilleur endroit pour nous faire des retours ou poser des questions est sur le forum d’Elbakin.net (qui nous diffuse), sur le fil correspondant. On ne peut pas répondre pas à tout, mais on lit !

Dans l’intervalle, voici les premiers sujets que nous traiterons dans la saison 3 : 

  • Pourquoi écrire ? (en deux parties, 15 septembre et 1e octobre)
  • Le sous-texte (15 octobre)
  • Soumettre un manuscrit (1e novembre)
  • Feedback des poditeurs (15 novembre)
  • Malgré ses qualités, votre manuscrit ne nous a pas semblé convenir à notre ligne éditoriale (1e décembre).

Merci de votre fidélité et en attendant, bon été d’écriture ! (N’est-ce pas ?)

2018-07-11T16:50:23+02:00jeudi 12 juillet 2018|Technique d'écriture|10 Commentaires

Apprenons les bases de la typographie pour rendre un manuscrit soigné – 2. Ponctuer et espacer

Après un premier article général sur les règles et les outils qui nous permettront de rendre de jolis manuscrits respectant les règles typographiques, entrons dans le vif du sujet. Et le vif, comme dans la méditation, c’est la respiration. Le blanc. Le vide. Le silence qui donne son sens au contenu.

Les espaces, quoi. 

Ouvrons un livre. (Vous avez bien un livre ? Ou mille.) On sait bien (ou constate) que des espaces se baladent un peu partout dans le texte. Ça aère, ça fait respirer, ça rend la lecture jolie et reposante. Il se trouve que les règles d’utilisation des espaces découlent de siècles de pratique et d’habitude des compositeurs ; elles évolueront probablement encore, mais ce qui nous intéresse, ce sont les règles aujourd’hui.

Elles sont finalement assez simples.

(Rappelons-nous cependant que celui qui a raison, c’est celui qui paye : si un éditeur veut bafouer tout ou partie de ce qui suit, c’est sa responsabilité, et c’est lui qui a raison – tant qu’il vous paye et vous traite bien, on peut bien lui passer une ou douze outrecuidances spatiales. D’espaces, quoi. Bref, n’allez pas me brandir virtuellement en disant que Davoust il l’a dit. Je donne l’usage général, après, à vous de voir.)

Une espace vous manque et tout est trop peuplé

Il existe deux espaces différentes1 2. L’espace normale sert à séparer les mots, et l’espace insécable aussi, mais avec un truc en plus : le logiciel n’a pas le droit de couper la ligne à cet endroit. (Insécable : qu’on ne peut couper.) Quel intérêt ? Eh bien, d’éviter de séparer deux choses qui doivent rester ensemble, par exemple un mot et son signe de ponctuation (« Fichtre ! » rend un peu tarte si le point d’exclamation se balade tout seul au début de la ligne suivante, « 100 km/h » rend bizarre si on coupe entre le nombre et l’unité).

Sous Mac, encore une fois, tout est plus simple : une espace insécable s’insère avec option – espace. Sur Windows… ça dépend du logiciel. Souvent, c’est contrôle – espace. Mais pas forcément. Jetez un œil à votre traitement de texte.

Notons que sur le web, insérer une espace insécable est toujours hasardeux – cela ne fait pas réellement partie du standard (ou bien c’est tellement galère à insérer que le moindre article un peu long comme celui-ci prend trois jours à rédiger). Dans ce qui suit, pour éviter de péter la démonstration, convenons tout de suite que le caractère de soulignement, l’underscore, _ quoi, représente une espace insécable.

Règles générales d’utilisation des espaces

Celles-ci s’appliquent en général – et c’est assez logique – à la ponctuation. Comment cela fonctionne-t-il ? Voyons cela, et parcourons de la sagesse que tout le monde (sauf ta grand-mère) connaît, jusqu’à la finesse subtile qui montrera ton raffinement certain et te permettra enfin de discerner cette nuance de framboise dans le Bordeaux – car tel est le pouvoir d’élégance de la typographie.

Tout signe de ponctuation est suivi d’une espace normale. Soit rouge, bleu et non rouge,bleu.

Un signe de ponctuation double est précédé d’une espace insécable. C’est-à-dire : deux points, point-virgule, etc. Soit rouge_; bleu et non rouge; bleu. (Attention, ce n’est pas le cas en anglais.)  La plupart des traitements de textes récents (Word et OpenOffice) les insèrent d’eux-mêmes en détectant le caractère en question.

Le cas des guillemets. Les guillemets français sont les guillemets à chevrons, eux, là : « ». (Pour les entrer, voir l’article précédent.) Les ouvrants sont suivis, et les fermants précédés, d’une espace insécable pour éviter la chasse du contenu qu’ils encadrent, ex. : «_Coucou_!_» et non «Coucou!». Sauf que : on peut avoir besoin d’imbriquer des guillemets dans des guillemets, pour une citation contenue dans un dialogue, par exemple. On fait alors appel aux guillemets anglais, qui sont de doubles apostrophes à l’exposant, et qui ne sont pas suivis ou précédés d’espaces, car on suit alors la règle anglaise (ça va ? Ne meurs pas.). On les imbrique selon la règle suivante – et je dois mettre une image car le web est notoirement brouillon en termes d’espacement et de caractères spéciaux (qui a dit « spécieux » ?) :

Guillemets français, puis anglais, puis apostrophes.

Notons aussi que la ponctuation des dialogues vaudrait à elle seule trois articles dédiés. Et devinez quoi ? Ils existent, rhooo c’est quand même bien fait :  1) les bases, 2) le formatage classique, 3) le formatage moderne.

Les incises. Des espaces normales (comme ceci) encadrent une proposition entre parenthèses. Des espaces normales – comme ceci – encadrent les tirets semi-cadratins des deux côtés.

Et c’est à peu près tout. C’est quand même pas dur, non ?

Respecter la typographie française dans les studios d’écriture

Je recommande, je prosélytise, je scande le nom de Scrivener la bave aux lèvres et les yeux fous dès qu’il s’agit d’écrire, et j’ai bien raison (forcément), mais y a un truc : Scrivener ne sait pas gérer la typographie française, de base. Heureusement, il existe des contournements et des solutions très simples pour mimer le fonctionnement de Word dans ce domaine pour éviter d’interrompre son flow.

Et voilà. Avec tout ça, on a couvert probablement 90% du sujet, et un éditeur normalement constitué ne vous en demandera en principe pas plus.

Sauf si vous faites vos alinéas avec des tabulations.

Vous faites pas ça, hein ?

  1. En théorie davantage, mais un traitement de texte ne sait pas les créer, donc limitons-nous à deux.
  2.  Oui, en typographie, l’espace est féminine.
2019-06-01T14:56:08+02:00mardi 29 mai 2018|Best Of, Technique d'écriture|10 Commentaires

Apprenons les bases de la typographie pour rendre un manuscrit soigné – 1. Règles générales et outils

Merci, Inspirobot.

Divers évolution concomitantes m’ont conduit à lâcher la quasi-totalité de mes cours à la fac d’Angers, parmi lesquels figuraient certains “Outils informatiques du traducteur”. Fermement décidé à ce que ma plus grande œuvre ne sombre pas dans l’oubli, je vais archiver en ces lieux étranges une certaine part de ma sagesse suprême, la connaissance la plus lumineuse qu’il m’ait été donné de partager, et vous emmener avec moi dans les hauteurs sublimes du savoir.

C’est-à-dire que je vais vous saouler avec de la typographie.

Pourquoi et qu’est-ce que c’est, la typographie

La typographie, c’est, en gros, l’art de composer une jolie page. À l’origine, c’était le métier des compositeurs qui manipulaient les blocs de fonte (petits, je vous rassure) (mais les gens étaient peut-être musclés quand même) qui formaient la page imprimée. De nos jours, c’est principalement virtuel, et cela désigne les règles, construites par l’usage et l’expérience au fil des siècles d’imprimerie, qui forment une page reposante et harmonieuse à lire.

C’est donc important parce que cela concerne le confort de lecture. C’est aussi important parce que le compositeur (qui travaille aujourd’hui sur InDesign ou XPress) doit respecter ces règles pour fabriquer un livre que le lecteur découvrira avec plaisir. C’est donc important pour l’auteur, parce que respecter ces règles autant que faire se peut dénote sa connaissance du métier au sens large, le soin qu’il prend des yeux de son éditeur, son souci de faire gagner du temps à son metteur en page (et donc de l’argent à tout le monde), bref, c’est une preuve agréable de professionnalisme.

Disons tout de suite qu’un traitement de texte (quel que soit le vôtre, Word, Ulysses, Scrivener, Open Office…) n’est pas un logiciel de mise en page et qu’il existe certaines choses quand même impossibles à faire, mais s’approcher au maximum de l’idéal est appréciable (et on ne saurait demander d’aller plus loin). Respecter ces règles ne fera évidemment pas de vous un grand écrivain (et ne pas les respecter, à moins de vraiment faire exprès, ne vaudra pas un refus sommaire de votre manuscrit), mais au moins un bon partenaire, et comme le découvrent tous les jeunes qui ont conservé leur virginité pour leur nuit de noces, on sous-estime parfois l’importance d’être un bon partenaire dans la construction d’une relation plaisante.

Règles générales et caractères spéciaux

Installons d’ores et déjà une notion qui nous servira plus tard : le cadratin. C’est la largeur maximale que peut occuper un caractère (bon, je résume, hein). Pour une police de caractères à espacement variable, par exemple, un “i” prend moins de place qu’un “m” (c’est le cas sur cette page si vous l’affichez avec les paramètres par défaut) – le cadratin est donc la largeur théorique maximale d’un caractère avec la police donnée.

Un certain nombre de conventions typographiques s’appuient sur des caractères spéciaux (il existe par exemple trois types de tirets différents, qui n’ont pas la même sémantique). Il importe de savoir les entrer sur son ordinateur, et j’aurais tendance à recommander d’acquérir ces réflexes au plus vite pour les intégrer inconsciemment au moment de la rédaction d’un livre (car faire une passe purement typographique sur son manuscrit est une manière assez sûre de réduire son espérance de vie de trois mois et deux semaines par ennui profond).

Dégageons déjà (oh la belle allitération en J) quelques points auxquels prendre garde (et quelques idées reçues auxquelles tordre le cou) :

Oui, EN FRANÇAIS, LES MAJUSCULES SONT ACCENTUÉES. La légende du contraire circule depuis la machine à écrire (parce qu’on ne pouvait pas facilement les intégrer) mais la règle typographique française a toujours été qu’on accentue les majuscules. Les accents ont du sens.

Usage des italiques. Elles sont principalement réservées aux intériorisations (Fromage ou dessert ? se demanda en son for intérieur l’incroyable Hulk au cocktail des Avengers) et aux locutions étrangères (What the phoque ?), ce qui, caveatinclut le latin. Donc : in pettoin extremisvia le RER B, a priori (sans accent sur le “a”, c’est du latin, Priori n’est pas un lieu, sauf si vous parlez du palazzo de Pérouse).

Les points de suspension sont un seul caractère (et pas, comme on dit au primaire, “trois petits points”). Essayez de sélectionner avec votre pointeur ceci : … et cela … ; know the difference, it can save your life. (Ou peut-être pas, mais on n’est jamais trop prudent.)

Les apostrophes sont dites typographiques – ce n’est pas un trait (comme ceci : ‘) mais une sorte de virgule à l’exposant (comme cela : ’).

Il existe (donc) trois types de tirets. Le trait d’union (-), qui sert à relier les mots composés, de-la-sorte. Le tiret cadratin, à l’inverse, est le plus long qui soit (par définition du cadratin, voir plus haut) et ne sert qu’aux dialogues (—). On a longuement débattu de la ponctuation des dialogues spécifiquement dans trois articles, 1) les bases, 2) le formatage classique, 3) le formatage moderne. Enfin, le tiret semi-cadratin est plus long que le trait d’union, plus court que le tiret cadratin (–) et – wait for it – sert aux incises – comme ce qui précède.

Entrer des caractères spéciaux

Il faut être juste et rendre à Word ce qui lui appartient : malgré ses innombrables idiotes-syncrasies, il reste le champion du respect de la typographie française, et fait à peu près tout correctement. Mais il peut rester des occasions où l’on veut entrer manuellement un caractère spécial. Et là, comme qu’on peut faire ?

Sous Mac et iOS. C’est très simple. Tout est accessible facilement et logique par combinaison de touches (Verr. Maj pour les majuscules accentuées ; option-quelque chose pour le reste – voir le Visualiseur de clavier sur Mac, activable dans les préférences). Circulez, y a rien à voir, c’est logiquement fait et c’est chouette, et ça marche pareil entre un Mac et un iPad, en plus.

Sous Windows. C’est beaucoup plus compliqué. Les traitements de texte prévoient souvent des raccourcis clavier, mais ça n’est jamais les mêmes en fonction du logiciel. Les deux solutions un tant soit peu universelles et pratiques consistent, soit à installer un pilote de clavier étendu donnant davantage de caractères accessibles (par exemple celui de Denis Liégeois, kbdfrac)1, soit à utiliser les codes de caractère du système (solution que j’ai utilisée pendant 25 ans depuis Windows 3.1 avec un post-it sur mon moniteur jusqu’à ce que ça rentre dans ma mémoire musculaire…). En gros, taper Alt et une combinaison de chiffres au clavier. Lesquelles sont, pour les plus utilisées :

… et avec ça, nous avons tous les outils en main.

La prochaine fois, nous parlerons d’espaces et de leur juste usage. Comment que c’est trop grave excitant du fun ! Non ?

  1. Ou carrément passer en disposition Bépo, mais ça nous entraînerait trop loin
2019-06-01T14:56:34+02:00mercredi 23 mai 2018|Best Of, Technique d'écriture|4 Commentaires

Procrastination podcast S02E12 : “Conseils de survie pour les corrections”

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Deux semaines ont passé, et le nouvel épisode de Procrastination, notre podcast sur l’écriture en quinze minutes, est disponible ! Au programme : “Conseils de survie pour les corrections“.

La correction d’un manuscrit est l’une des étapes les plus angoissantes pour les jeunes auteurs : comment acquérir le recul désiré sur son propre travail ? Voici quelques pistes fondamentales pour commencer sur ce sujet, sur lequel il sera assurément nécessaire de revenir. Laurent met en avant la différence entre l’inspiration et la technique de la correction, qui relève bien plus d’un « métier » que l’on peut maîtriser. Mélanie abonde, en mettant l’accent sur l’importance des coupes dans le premier jet. Et Lionel abonde aussi, avec un bref détour par la psychologie de la création et l’aspect anxiogène du processus. Les trois auteurs décrivent également en détail leur propre méthode de correction.

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2019-05-04T18:47:09+02:00jeudi 1 mars 2018|Procrastination podcast, Technique d'écriture|Commentaires fermés sur Procrastination podcast S02E12 : “Conseils de survie pour les corrections”

Pourquoi je détruis mes manuscrits achevés (… car Le Verrou du Fleuve est achevé)

Oui, c’est une façon un peu oblique de l’annoncer, mais d’ores et déjà, je suis ravi (et soulagé, j’avoue) d’annoncer que Le Verrou du Fleuve est terminé et se trouve chez Critic pour les étapes de fabrication. Merci à vous d’avoir patienté avec bienveillance ces quelques mois de retard, et d’avoir accueilli avec autant d’enthousiasme la nouvelle que, de trois livres, on passait à quatre ! Comme promis, Le Verrou du Fleuve est un beau bestiau juste en-dessous du million de signes, ce qui le rend un petit peu plus court que La Messagère du Ciel, mais pas de beaucoup. Et même si j’ai d’abord un certain nombre de choses à boucler que j’ai laissées en plan jusqu’ici, je m’applique ma propre recommandation : je touche mon manuscrit tous les jours, et l’écriture de La Fureur de la Terre a débuté – même si, pour l’instant, à un rythme très réduit.

J’ai un rituel que j’annonce innocemment sur Facebook à chaque bouclage de manuscrit, qui se trouve illustré ci-contre en partie (il y en a eu deux fois plus avant que je pense à faire la photo…), et c’est détruire mon tirage papier annoté pour les corrections. C’est pour moi libératoire, mais cela suscite à chaque fois des réactions assez stupéfaites (voire inquiètes), ce que je trouve très intéressant (et flatteur, d’ailleurs), aussi me disais-je que je pourrais développer pourquoi je fais ce truc qui paraît sacrilège à certains yeux.

Déjà, je travaille presque exclusivement de manière numérique : je réfléchis de manière manuscrite sur iPad Pro, je rédige avec Scrivener, épaulé par quelques logiciels annexes comme Aeon Timeline. Quand le premier jet est terminé, j’en réalise un tirage pour effectuer mes corrections et c’est à peu près la seule étape du travail pour laquelle je passe délibérément sur le papier, pour me donner un regard complètement différent et extérieur sur le livre. Ce tirage, je l’annote sauvagement (il y a quelques photos marrantes sur Instagram), parfois avec une violence, euh, exigence envers moi-même que je ne peux montrer à personne (je réalise des comparaisons peu flatteuses et péremptoires qu’on n’ose faire qu’avec ses amis proches et 2g de sang par litre de whisky). C’est un document de travail pur, éminemment personnel, destiné par nature à être transitoire pour amener le livre à être soumis à l’éditeur (et aux bêta-lecteurs), à partir de quoi les corrections éditoriales pourront être réalisées.

C’est une chrysalide, en un sens, un échafaudage, voire, plus exactement, un slip sale. C’est destiné à disparaître (ou à être lavé dans le cas du slip, heiiiin) – ce qui compte est l’édifice final, le livre publié.

Je suis, de manière générale, extrêmement méfiant envers le fétichisme de l’auteur ou de son processus de travail. On m’oppose souvent que des bibliothèques aimeraient collecter ce genre de documents. Non. C’est un slip sale. Y a des limites. Un livre achevé est derrière moi, et ce qui compte est le suivant, avec les leçons apprises, comment aller ailleurs, autrement, plus loin. Et la postérité, me propose-t-on ? Écoute-moi bien, auguste lectorat : je m’en tape ou, plus exactement, j’ai résolu cette question depuis longtemps – je ne me fais aucune illusion sur une éventuelle postérité ; c’est l’histoire qui choisit, pas soi-même, de toute façon ; alors ? Je ne travaille pas pour elle, je travaille pour le vivant, l’expérience du parcours, et le partage du parcours de mon vivant avec toi. La littérature, c’est un truc qui vit, bordel, c’est pas un portrait de Victor Hugo poussiéreux et une édition qui sent le moisi ; c’est – est-ce que ça me parle ? Non ? Eh bah, pas grave, va lire un truc qui te parle ! Cf les droits du lecteur de Pennac.

https://www.instagram.com/p/BZLMsFBFEXI/?taken-by=wildphinn

Est-ce à dire que je m’en fiche d’être oublié, alors ? Non, mais la question est rhétorique de toute manière, et donc autant lâcher-prise tranquillou bilou : soit il n’y a rien après la fin et donc, ça n’aura guère d’importance, à part pour mes proches, mais leur influence là-dessus sera assez limitée aussi donc bon ; soit je serai devenu énergie pure, et l’idée même de postérité me suscitera un sourire ultraviolet sur mes lèvres supernova de grand gluon de Bételgeuse. Pour quoi travaille-t-on ? La postérité m’a toujours paru une idée mortifère ; ce n’est pas ce qui vient après qui compte, c’est la célébration du vivant, ce que l’on apporte, ce que l’on ouvre, ce que l’on suscite et, idéalement, ce que l’on suscite en soi en le faisant, comment l’on avance, le partage, le rapporte aux siens ; comme disait l’autre, le changement, c’est maintenant. L’écriture a un côté chamanisme (ça fait classe en cocktail). De plus, glorifier le processus de l’auteur, comme je l’ai dit régulièrement ici et là, me paraît terriblement dangereux pour une profession qui montre déjà des egos surdimensionnés (ça fait partie du descriptif de poste) donc ce n’est pas une faveur que de le nourrir davantage.

En tout cas, ce sont mes réponses, elles n’engagent que moi, bien entendu. J’ai des camarades que j’estime beaucoup qui ont donné des carnets, des notes aux bibliothèques et j’avoue que j’ai adoré les découvrir en exposition et j’en ai rempli chaque pixel de mes yeux avec avidité.

Mais pour ma part, j’ai choisi de documenter mon processus de travail ici, sur le blog et en conférence, et ces archives, plus les billets d’humeur, plus mes notes privées sur les univers et l’ensemble fourniront amplement de quoi s’éclater à des bibliothécaires et largement assez de sources de honte à mon incarnation de grand gluon de Bételgeuse quand on ressortira mes posts naïfs sur SFFranco datant de 1998. Mais je tiens à faire cela de manière vivante, à travers une conversation, non pas pour documenter la postérité, encore une fois (et sérieusement, faut arrêter ; si un auteur de fantasy français accède un jour à la postérité… eh bah je serai dégoûté d’être mort, parce que le monde sera vraiment devenu trop cool, et j’aurai trop la rage d’avoir canné). Pour parler à des gens, tendre la main aux auteurs moins expérimentés que moi, pour être éventuellement remis en cause, d’ailleurs ! Tout cela est un processus constant ! Et le blog montre bien que parfois, je me plante. Travailler pour la postérité, c’est pratique, parce que l’avenir lointain ne peut pas vous demander de comptes. Les carnets et notes ci-dessus mentionnés, c’est bien qu’un bibliothécaire ait pensé à les sortir ; gloire lui soit rendu.e ; mais du coup ici, c’est open bar et pourquoi pas ? Comme le disait Dave Calvo il y a des années à propos de son flux Twitter : “Je creuse ma tombe.”

https://www.instagram.com/p/Bbwu_WzD0OY/?taken-by=wildphinn

Donc, voilà pourquoi je déchiquète mes manuscrits. C’est une manière pour moi de laisser le livre prendre son envol, de clore ce volet de ma vie, de laisser les lecteurs se l’approprier à présent, et de conserver le résultat final, ainsi que les intentions d’origine, clairement séparés dans ma tête et dans mon cœur, pour aborder le prochain projet renouvelé. Et si l’on veut, dans deux cents ans, documenter mon processus de travail, ce billet me paraîtra bien plus intéressant qu’un kilo de feuilles raturées avec des vannes cryptiques et de toute façon, biographe putatif de dans deux siècles, j’ai un truc à te dire : tu te trompes. Je ne sais pas comment, ni pourquoi, mais je te regarde depuis l’espace infini des trames innombrables et je le sais. Lol.

2018-01-05T23:06:30+01:00mardi 9 janvier 2018|Technique d'écriture|26 Commentaires

Il est encore temps de s’inscrire à la masterclass des Imaginales 2017

Affiche Julien Delval

Mes excuses par avance, auguste lectorat : j’ai à peu près douze mille nouvelles d’importance à annoncer, que j’ai retenues pendant les élections ; mais à présent que nous sommes assurés de vivre encore en république, je vais m’efforcer de rattraper tout cela de manière ordonnée et la plus digeste possible.

Le plus urgent (parce que c’est la semaine prochaine), c’est qu’il reste des places pour la masterclass des Imaginales “Corriger son manuscrit et envisager l’édition”.

Jean-Claude Dunyach et moi-même l’animerons le mercredi 17 mai (juste avant le festival) : c’est une journée intense de formation sur le bouclage, la correction et la soumission des manuscrits. Aucun pré-requis n’est toutefois nécessaire pour s’inscrire ; c’est sûr que s’être confronté à l’écriture rendra l’entreprise plus profitable (ne serait-ce que parce qu’on s’est frotté aux difficultés et commence à identifier les questionnements), mais ce n’est nullement obligatoire.

Démarche novatrice initiée par les Imaginales, cette journée de formation à l’écriture vous offre l’occasion de porter votre travail d’auteur à un niveau professionnel. Encadrés par deux écrivains de fantasy et de SF confirmés,Lionel Davoust et Jean-Claude Dunyach, vous découvrirez en quoi l’écriture est un métier et acquerrez méthodes et techniques pour vous guider dans l’évaluation et l’amélioration de votre propre manuscrit.

Vous aider à franchir l’échelon professionnel dans l’écriture

Cette journée d’échanges et d’enseignement (mercredi 17 mai 2017) vise à armer les jeunes auteurs pour la transition de l’écriture vers la publication : comment passe-t-on de l’envie d’écrire au métier d’écrivain ?

Au cours des dix dernières années, sites, livres et forums d’aide à l’écriture se sont multipliés. Il est aujourd’hui plus facile que jamais de travailler sur un livre. Mais comment l’achever, puis l’amener au meilleur niveau de qualité possible ? Comment se corriger, s’améliorer ? Comment et pourquoi le présenter à un éditeur ? Quels sont les rouages de la fameuse « économie du livre » ?

Passer du statut d’amateur passionné à celui de jeune professionnel de l’écriture, voilà l’ambition de cette journée de formation, à travers des thèmes tels que :

  • approcher l’écriture en songeant au public, sans sacrifier le cœur de son histoire ;
  • savoir se lire avec recul pour parfaire son manuscrit ;
  • les relations avec le monde éditorial ;
  • la rémunération des auteurs…

Cette journée de formation est destinée à ceux qui se sont lancés dans la rédaction d’un livre, voire l’ont terminé, et pensent à l’étape suivante, la publication professionnelle ; mais aussi à ceux qui ont envie d’écrire des histoires et désirent acquérir une vision panoramique du monde de l’édition.

La journée s’articule autour de présentations sur un sujet donné (l’attitude professionnelle, les corrections, les relations avec le monde éditorial…), suivies de temps de discussion et de débats autour des difficultés rencontrées par les stagiaires dans leur propre travail.

Inscrivez-vous au plus vite à cette journée de formation aux places limitées : une chance unique proposée par les Imaginales de propulser votre envie de raconter à un niveau supérieur !

Le tarif de cette journée est fixé à 60 euros ; pour s’inscrire, le bulletin d’inscription se trouve ici.

2017-05-23T16:19:22+02:00mardi 9 mai 2017|Technique d'écriture|3 Commentaires

Quelle est la meilleure tablette pour prendre des notes ?

paper-fail

Okay, alors je déclare : je suis une autorité sur la question, et celui ou celle qui me contredira périra dans les flammes d’un écran bleu (dénotant par là-même une combustion complète des gaz).

Plus sérieusement. Comme j’en ai parlé un peu ici ou là, j’ai un besoin d’utilisation très précis : écrire à la main. Pas par coquetterie ni par handicap dactylographique, mais parce que je ne réfléchis bien, en phase de création, que par l’écriture manuscrite. C’est un sujet qu’on a vaguement soulevé ici, et appuyé par des études récentes : la frappe au clavier est plus rapide et favorise la rétention mémorielle de détails, quand l’écriture manuscrite aide davantage à synthétiser des notions. Quand je réfléchis à une histoire, j’ai drôlement besoin de synthétiser pour mettre de l’ordre dans mes idées, pour plaquer un sens sur le monde (même s’il ne m’a rien demandé). J’ai besoin de mon stylo et de mon papier. Et, comme je me déplace fréquemment, transporter des kilos (réellement) de notes n’est pas envisageable. Il me faut donc du virtuel.

J’ai testé à peu près toutes les technologies principales en matière de tablette prétendant offrir une expérience comparable au papier, avec les bénéfices du numérique (transport, archivage, multimédia). Les principaux concurrents dans ce domaine sont :

  • La ligne de produits Galaxy Note chez Samsung
  • La ligne de produits Surface chez Microsoft
  • La ligne de produits iPad Pro chez Apple.

Si vous suivez un tant soit peu ce lieu de perdition, vous savez déjà qui gagne, mais il est maintenant question d’étayer un peu tout ça.

Un mot d’avertissement : l’usage dont il est question concerne la prise de notes manuscrites sur un objet qui émule au plus près l’expérience du papier. Il ne s’agit pas de reconnaissance de caractères, mais simplement de récupérer des PDF ou des images avec les précieux gribouillis. (Mon organisation consiste à retaper par la suite – et donc à choisir – ce qui a de l’importance dans Scrivener ; les notes papier sont ensuite plus ou moins “mortes”, à moins de chercher une information écartée par erreur.)

La Surface Pro

Matériel testé : Surface Pro 3 de milieu de gamme avec Surface Pen 3, puis 4 (avec tout son kit de mines).

Bon sang, que j’ai aimé le concept de la Surface Pro. Sur le papier (olol), c’était tout ce dont je rêvais : portable, légère, avec un vrai Windows dessus, et pourtant un stylet. J’allais pouvoir compiler toutes mes idées dans OneNote et en disposer partout ! Écrire dessus avec la facilité d’un iPad ! Passer de l’écriture à une petite partie de Race for the Galaxy solo pour me détendre…

Ultime déception.

J’ai très bien travaillé avec la Surface Pro, qu’on ne s’y méprenne pas : Windows en mobilité dans le poids d’un iPad, avec un super clavier, c’est extrêmement agréable. Mais j’ai très bien travaillé dessus comme je l’aurais fait sur un joli portable un peu hors de prix.

Pour la prise de notes manuscrites, c’est complètement raté. Alors, peut-être ai-je une drôle de façon d’écrire (c’est fortement possible) ou ne suis-je pas doué, mais incapable d’obtenir un résultat correct sur une Surface Pro. Le stylet est soit trop mou, soit trop dur avec les pointes optionnelles ; l’appareil chauffe très vite à un point inconfortable (juste sous la paume, en plus) ; il est trop haut pour que ce soit pratique ; la paume interfère toujours un peu avec le défilement de la page ; l’ergonomie de OneNote est hautement perfectible (notamment au niveau de la cohérence entre applications) ; et surtout, on a l’impression d’écrire avec un Bic sur une plaque de verre.

En un mot, c’est absolument dégueulasse.

La Surface Pro est un très bel ultraportable, ça ne fait pas de doute. Mais l’aspect manuscrit est totalement raté.

La série Galaxy Note

Matériel testé : Samsung Galaxy Note Pro 12.2.

Chronologiquement, c’est en la Galaxy Note Pro que j’avais fondé mes premiers espoirs, et force était de constater qu’ils ne l’étaient pas mal (fondés). L’appareil est grand, agréable à prendre en main (si l’on pardonne à Samsung sa foutue surcouche d’Android mal fichue et l’ergonomie incohérente de ses applications), puissant. Moyennant une bonne application de prise de notes (S Note ou Squid, à mon humble avis et selon les préférences), on la prend bien en main.

Le stylet offre l’énorme avantage de fonctionner sans piles (il est alimenté en fait à travers l’écran par induction) ; la sensation est agréable (la pointe “s’écrase” gentiment et accroche un peu, donnant la sensation d’écrire avec un feutre fin), en revanche, il est vraiment petit, en plastoc très cheap. D’autre part, on constate quand même une latence perceptible, qui dérangera un dessinateur sans doute, mais pas quelqu’un qui cherche juste à écrire à la main.

Une solution tout à fait acceptable et qui m’a duré longtemps, à condition de remplacer le S Pen de base par un joli stylet Wacom compatible (c’est la même technologie), lourd et agréable à manier. À noter quand même que ma tablette m’a lâché moins d’un an après l’achat et que j’ai dû faire jouer la garantie ; également, qu’aucun remplaçant du modèle (ni du plus petit en 10.1 pouces) n’est annoncé. On peut fortement craindre que Samsung, conformément à ses habitudes, ne soutienne pas son produit et ne prévoie aucun renouvellement de la gamme. Ce qui peut être fort problématique si l’on s’est engagé dans une technologie qu’on souhaite poursuivre à utiliser.

L’iPad Pro

Matériel testé : iPad Pro 12 pouces

Le voilà, le Graal, le messie que j’attendais et que j’invoquais de mes voeux depuis des années. Ce qui est rigolo, c’est qu’étant jadis farouchement anti-Apple (les choses ont bien changé), j’ai bien failli ne jamais l’essayer, et j’ai mis des mois avant de m’y résoudre.

Cinq minutes de test en Apple Store (grâce à un gentil vendeur) et j’étais tombé amoureux.

Comme beaucoup de produits Apple1, on l’a attendu, le stylet, mais une fois sorti, c’était parfait, léché – cela se sentait.

Le crayon – car il porte le nom de pencil – tient parfaitement en main, lourd mais pas trop : satisfaisant. L’iPad Pro est un bijou à regarder, à tenir en main, plus fin qu’un bloc-notes classique, avec une chauffe très modérée (et nullement gênante ici). La technologie est simplement parfaite : la réactivité est exemplaire, la précision est au rendez-vous, pas de latence réellement sensible. Pour preuve, les technologies Wacom (Galaxy Note) et N-Trig (Surface) marquent d’un point sur l’écran l’endroit où vise le stylet. Pas chez Apple. Pas besoin, parce que ça écrit pile où on le pose, pas besoin d’une mire.

Et le confort d’écriture est juste splendide. C’est, faute de meilleur terme, “doux” – comme un feutre sur du papier glacé, mais qui, évidemment, ne bave pas. Je me suis surpris à trop réduire l’interligne de mes pages virtuelles juste pour m’émerveiller de la précision que pouvait adopter mon écriture sur cet engin. On s’est moqué de la présence d’une batterie dans le pencil par rapport aux piles du Surface Pen, mais c’est en fait un choix intelligent : l’autonomie du Surface Pen est réellement longue – ce qui augmente les chances de tomber en panne de piles sans en avoir prévu sur soi. Alors que le pencil se recharge directement sur la machine si besoin. En fait, c’est une sécurité confortable à l’usage : juste besoin de trimballer des câbles de recharge standard.

Évidemment, cela ouvre toute la robustesse d’iOS et de l’écosystème Apple (on peut dire son côté fermé, aussi – mais on parle ici de machines de travail, pas de bricolage ni d’optimisation). De plus, quantité d’utilisateurs avancent se passer de plus en plus de leurs MacBooks depuis qu’ils possèdent des iPad de belle taille avec un clavier annexe. Je reste attaché aux systèmes d’exploitation desktop mais je comprends sans mal cet usage, et je le crois tout à fait possible.

L’iPad Pro a été le doigt dans l’engrenage qui m’a ramené, vingt-cinq ans plus tard, à Apple. 

En conclusion

Il est clair que ce besoin est vraiment très spécifique et que beaucoup d’utilisateurs sont plus que ravis de se dispenser enfin de toute sorte d’écriture manuscrite. Mais il convient de ne pas l’enterrer trop vite – si j’étais étudiant aujourd’hui, plutôt que prendre des notes sur un portable, je le ferais sur un de ces engins, si je pouvais.

Quelle machine pour prendre des notes manuscrites ? iPad Pro > Galaxy Note, mais jamais, jamais de Surface Pro. (Autant utiliser du papier.)

Quel est le meilleur ordinateur portable ? Ça dépend de l’écosystème. Je pense aujourd’hui qu’un professionnel devrait sérieusement se pencher sur les produits Apple en raison du gain de temps et d’énergie qu’on en retire (je constate en ce moment qu’entre mon petit MacBook Air tout pourri et ma machine de bureau qui est une bête de course, j’utilise davantage le MacBook, parce que tout fonctionne tellement mieux dessus), mais, si l’on tient à conserver ses habitudes, iPad Pro et Surface Pro se valent probablement, en fonction de ce qu’on possède déjà. (La Galaxy Note Pro est, en revanche, hors course.)

Et maintenant, j’ai deux appareils à revendre.

  1. Et contrairement à beaucoup d’autres produits Apple aussi, nous sommes d’accord.
2019-08-28T21:25:47+02:00jeudi 21 avril 2016|Best Of, Technique d'écriture|12 Commentaires

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