Changez de police de caractères en fonction du mode de travail

Dans la série “ça ne mange pas de pain, mais ça ne fait pas de mal”, un petit truc à la fois sympa et qui, personnellement, aide mon cerveau à passer d’un mode de travail à l’autre consiste à configurer de façon cohérente son environnement selon la tâche. Et là-dedans, quand on travaille sur du texte, l’un des repères les plus évidents et les plus agréables pour les esthètes du mode numérique que nous sommes concerne la police de caractères.

C’est certainement couillon, mais je trouve qu’employer une police de texte jolie, qui fait “texte final”, imprimé dans mes notes tend à ralentir ma réflexion, parce qu’inconsciemment, je cherche à me rapprocher d’un produit final. Or, les notes ont justement le but inverse : l’exploration, la réflexion, l’essai-erreur (qu’on retrouve bien sûr aussi dans le premier jet, mais c’est une phase ultérieure, en principe plus raffinée, du travail). Il y a en gros trois grandes étapes :

Idée aléatoire (capture) → Décantation et réflexion (notes) → Rédaction (production)

Ce qui correspond dans mon environnement à trois apps actuellement : Drafts → Obsidian (dont je dois longuement parler) → Scrivener.

Drafts, pour la capture, utilise iA Writer Duospace, l’une des polices gratuites conçues par les développeurs de iA Writer :

Obsidian, pour la réflexion, utilise Atkinson Hyperlegible, police gratuite conçue par l’institut Braille pour optimiser la lecture des malvoyants :

(Si c’est bon pour les yeux des malvoyants, c’est forcément bon pour ma vision de Schtroumpf à lunettes, et j’aime le fait que cette police soit à mi-chemin entre la première et la dernière.)

Scrivener, pour la production, utilise Valkyrie, une police commerciale (des gens achètent des tonnes de jolis carnets, moi j’achète des fontes commerciales) conçue par le génial Matthew Butterick, et l’une des polices à serif les plus belles qu’il m’ait été donné de voir :

Ça n’a l’air de rien, mais à force, mon cerveau se prépare déjà, rien qu’en voyant la page sous ses yeux, à passer dans le mode de travail correspondant. Et puis c’est joli, et si on peut dépenser des fortunes dans des carnets à paillettes et des stylos plume, on peut bien configurer ses apps de la façon qu’on souhaite, à la manière d’une paire de chaussons troués parfaitement confortables car adaptés à nos cals de pied, cette comparaison sonnait plus élégante dans ma tête, okay bref.

2023-03-27T05:56:30+02:00mercredi 22 mars 2023|Technique d'écriture|Commentaires fermés sur Changez de police de caractères en fonction du mode de travail

De jolies polices pour vos éditeurs de texte

Haaa la joie de la machine à écrire qui fait CLAC CLAC CLAC dans tes tympans, remplacée aujourd’hui par les claviers mécaniques à switches Cherry bleu à pois rose à retour de force pulsé, ou bien, pour les vrais esthètes parmi nous, bien sûr, un clavier le plus plat possible faisant le moins de bruit possible avec un casque à réduction de bruit sur les oreilles, mais bon, je ne juge pas, non non, pas du tout.

Bref : l’outil, c’est important. Cela participe de la joie dans la création, ou, et c’est déjà pas mal, cela réduit la barrière à l’entrée. Bien sûr qu’on peut écrire un chef-d’œuvre avec un gros fusain sur un envers de papier cadeau en vivant au pain sec et à l’eau, mais franchement, est-ce que ça vaut bien le coup de se faire mal ? Voilà qui me laisse, comme qui dirait… décontenancé. (Ha.) Donc, faisons-nous plaisir pour produire dans le confort, il y a déjà bien assez de difficultés comme ça, n’en ajoutons pas, et surtout si ça peut être gratuit.

Si l’on écrit, c’est qu’on aime le texte (duh) et souvent, donc, que l’on aime à quoi il ressemble. (D’ailleurs, la typographie, c’est important.) Oui, je sais, un formatage de manuscrit, interligne double, marges hénaurmes, ça fait pas super rêver, ou alors si (ça fait pro ?), cependant : si ça n’est pas votre came, il est tout à fait possible, lors de la production, de se proposer un joli (et reposant) environnement de travail, et je ne sais pas vous, mais pour moi, ça commence par la tronche de la page, et notamment la police de caractères. Il est toujours possible de la changer au dernier moment lors de la soumission à l’éditeur (et, si vous utilisez Scrivener ou Ulysses, le format d’export est de toute façon décorrélé de la fonte dans laquelle vous écrivez).

Bien sûr, en passant, vous vous serez assuré.e d’employer un thème solarisé au lieu de céder à la mode contre-productive des modes sombres.

Alors, qu’est-ce qui est joli ? Et lisible sur écran, surtout. Et peut être à peu près standard, aussi, tant qu’à faire. Et puis gratuit. Une brève sélection de font porn :

Polices type “livre”

Soit : ma page ressemble un peu à un texte joliment mis en page. Ou peut-être même à un volume fin XIXe relié en cuir de veau sous la mère. Ou au Necronomicon. Donc : dans l’esprit du Times (… eeeet j’en suis pas peu fier de celle-là). Deux candidats à proposer / rappeler :

L’omniprésente Georgia a l’avantage d’être fournie avec tous les systèmes modernes et même d’être standard sur le web.

GearedBull, CC-By SA

Probablement la seule vraie invention universellement bonne de Microsoft (rhooo), il faut noter qu’elle a été spécialement conçue pour une lisibilité optimale sur écran. Elle est élégante avec sa relative graisse, et présente des chiffres elzéviriens (soit des chiffres non alignés sur la ligne de base, également appelés en vocabulaire technique “chiffres carrément classe”) ce qui est rare de nos jours dans une fonte moderne. Elle donne un petit côté vieux bouquin, façon Garamond, sauf que le Garamond, si vous voulez mon avis, c’est complètement impossible sur un écran (et pour cause : le Garamond économise de l’encre à l’impression en raison de caractères fins et petits).

Si la Georgia on my mind vous semble déjà horriblement vue et revue, je vous propose une autre possibilité, gratuite également, humblement utilisée sur le présent site à l’heure où je rédige ces octets depuis que justement à force de voir du Georgia partout je m’en laissais : Merriweather.

Une des nombreuses Google Fonts, Merriweather est pour moi une sorte de mi-chemin agréable entre Garamond et Georgia, c’est-à-dire gardant l’élégance des deux, mais en un peu plus carrée, ce qui la rend presque plus lisible encore sur écran. Avec des chiffres elzéviriens aussi parce que les essayer c’est les adopter, disponible en ligne via l’intégration de Google mais également librement téléchargeable à peu près n’importe où comme ici et gratuit pour un usage commercial, Merriweather montre le raffinement d’une différence légère, tout en restant dans un classicisme efficace, et oui je me la raconte total.

Polices type “machine à écrire”

Parce qu’il faut saluer la tradition aussi de la grosse Remington, et puis que rien ne crie au monde “JE SUIS UN ÉCRIVAIN” comme une police qui a l’air d’un truc qu’Hemingway aurait pu voir à longueur de journée. Mais en résolution Retina, hein.

Eh bien, à ce titre, signalons le travail très intéressant de IA, les développeurs de l’éditeur Markdown IA Writer, qui ont retravaillé la fonte actuelle d’IBM pour en faire trois variations rappelant les terminaux, mais avec élégance, lisiblité à l’écran et surtout quelques subtiles concessions à l’espacement supposé fixe de ce genre de polices pour en faire quelque chose de joli (en donnant, l’air de rien, plus de place aux M, W, et moins I, J etc.). Trois variations, en fonction des goûts, nommées sobrement IA Writer Mono, Duo et Quattro.

À voir sur le blog d’IA

Si l’histoire et la réflexion vous intéressent, IA propose un long article qui entre dans un détail geekissime sur la manière dont on fait évoluer une fonte dans un but précis. C’est passionnant, je vous assure. En tout cas, les variations sont librement téléchargeables sur GitHub. IA Writer Duospace a depuis longtemps remplacé les polices par défaut de tous mes éditeurs de texte brut ou Markdown, ici par exemple Ulysses :

Si vous avez d’autres belles choses à recommander, n’hésitez pas, nous sommes entre esthètes.

2019-11-01T01:59:24+01:00lundi 4 novembre 2019|Best Of, Technique d'écriture|8 Commentaires

De la nécessité des CRS

Dessin http://www.philippetastet.com

(Ouais, c’est bon comme titre, ça, coco, c’est polémique, ça fait du buzz, ça va augementer ton SEO et ton impact factor, je t’avais dit que tu étais un marketeux né.)

Ce qu’il y a de chouette avec Laurent Gidon, c’est qu’en plus d’être super sympa, on n’est pas toujours d’accord, ce qui donne des discussions intéressantes et, forcément, pousse à sortir les arguments et à réfléchir soi-même sur ses positions, à les remettre en question pour, éventuellement, parvenir à une meilleure conscience du monde transcendant (ou, du moins, à apprendre des trucs).

Laurent publiait avant-hier un très intéressant et très juste article sur la vacuité du contenu médiatique et combien il faut refuser de tolérer l’intolérable – non sans louer la plume d’Ayerdhal, qui est, à mon humble avis que je partage, un des plus grands auteurs que nous ayons aujourd’hui en France (Allez lire Transparences. Tout de suite. C’est un grand bouquin qui plaira aux amateurs d’imaginaire comme de polar.)

En revanche, c’est à la fin de l’argumentation de Laurent que j’exprime respectueusement mon désaccord :

Devenir adulte, c’est peut-être aussi reconnaître chez l’autre sa part d’adulte. L’écouter s’il parle, l’aider même s’il ne demande pas, et surtout penser qu’on peut lui faire confiance, sans loi ni police, pour être humain.

Ben oui, idéalement… mais non. (Ce qui suit pourrait être résumé par : LD, 5 ans, apprend à faire un trackback.) Cliquez pour la philosophie de comptoir

2010-07-07T11:55:48+02:00mercredi 7 juillet 2010|Humeurs aqueuses|16 Commentaires

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