Les éditeurs n’ont pas pour mission de vous faire progresser

This just in, cet excellent fil sur Twix (ben quoi ?) d’absolue utilité publique :

Et qui me rappelle deux choses : d’une part, la passionnante intervention de Mireille Rivalland dans l’épisode 501 de Procrastination, où elle expliquait ouvertement que dans ses débuts à l’Atalante, elle renvoyait des retours circonstanciés pour chaque refus de manuscrit, et que les discussions sans fin qui s’ensuivaient ont fini par la dissuader de rentrer là-dedans.

D’autre part, des réflexions amères qui passent de loin en loin sur les réseaux, concernant, le fait que les maisons d’édition ne veulent pas aider les jeunes auteurs, relire des manuscrits déjà soumis auparavant, et mettent des années à répondre – insérez les frustrations courantes vis-à-vis du système.

Mes amis, je suis navré, je vais être brutal, mais les maisons d’édition n’ont pas pour vocation de vous apprendre à écrire ni de vous faire devenir de meilleurs auteurs, du moins pas tant que vous et elle ne vous êtes pas accordés un minimum sur un projet à défendre (ce qui implique un niveau basal de compétence comme de professionnalisme pour arriver à construire ladite entente), et là encore, vous n’êtes pas la finalité, c’est le projet, la finalité. (Votre apprentissage est un heureux sous-produit du processus, qui pourra être réinvesti dans tous les projets à venir, qui se conduiront à nouveau avec les mêmes équipes si tout le monde est content.) Ce sont des entreprises qui sont chroniquement en sous-effectif, noyées sous la masse des soumissions (qu’elles lisent et éclusent néanmoins parce qu’elles aiment sincèrement le livre) et dont le travail est de produire de chouettes livres pour leur public.

Pas de prendre en main votre carrière à vous. Vous êtes la seule personne à pouvoir le faire.

Encore une fois, appliquons la transformée simple qui consiste à transposer la problématique dans le domaine de la musique :

Une maison de disque n’a pas pour rôle de vous apprendre à chanter ni à jouer de la guitare, hein ? C’est absurde, on est d’accord ? Si vous présentez du potentiel, et si la rencontre esthétique / artistique se fait, alors oui, la maison va vous aiguiller et bâtir dessus. Mais il faut déjà que le potentiel soit là, et cela veut dire savoir jouer un minimum de son instrument.

C’est exactement la même chose dans l’édition littéraire, ni plus, ni moins. La difficulté inhérente à l’édition est que le langage est un outil largement plus répandu que le chant lyrique, et qu’il est donc plus ardu de voir soi-même si l’on chante juste ou pas. D’où l’importance supplémentaire du travail et, oserais-je dire, du retour critique.

Sérieusement, lisez le thread ci-dessus – chaque twix (je ne m’en laisserai pas) est un distillat d’un problème chronique dans le monde de l’édition pour les jeunes auteurs, et certaines réponses imbéciles qui y ont été faites ne viennent qu’inscrire un gros “CQFD” en lettres de feu visibles depuis Jupiter. Sur chaque point qu’adresse Bleuenn, les éditeurs pestent en coulisses depuis des années.

Maintenant, ne déprimez pas. Au contraire. Soyez malins. Revers positif de la médaille : si, sans même parler d’attitude professionnelle, vous vous comportez avec un minimum de bon sens, c’est-à-dire que vous n’arrivez pas comme un complet abruti sorti du métatarse de Jupiter, vous vous placez au-devant d’une grande masse qui, tragiquement, s’autodisqualifie. Dans votre cas, il ne restera plus qu’à parler du texte, ce qui place la conversation sur le seul domaine où, très franchement, elle devrait se tenir avant toute chose !

Les ressources disponibles aujourd’hui pour travailler son écriture sont ultra abondantes (je me contenterai de citer la nôtre et la mienne). Écrire, c’est comme un instrument de musique : ça demande autant de boulot. Alors : au travail – c’est comme toujours la seule chose que vous contrôlez. Bon courage – et bon dieu, amusez-vous !

2023-07-31T09:15:39+02:00lundi 31 juillet 2023|Technique d'écriture|2 Commentaires

L’Ouest Hurlant propose une journée de professionnalisation des auteurs et autrices

Le festival grand public des littératures de l’imaginaire de Rennes, l’Ouest Hurlant, revient en 2023, et il apporte avec lui une nouveauté qui fera sans doute grand plaisir à toutes celles et ceux qui n’ont pu faire les Masterclasses des Imaginales : une journée de professionnalisation originale, proposée par quatre intervenant.es sur des thèmes encore assez peu abordés. Je suis ravi d’en faire partie sur un sujet qui m’est cher !

Le programme

  • Tirer le meilleur parti de son manuscrit, Lionel Davoust
  • Connaître ses droits et ses démarches d’auteur.ice, Stéphanie Le Cam
  • L’envoi aux maisons d’édition et la négociation de contrat, Elisa Houot
  • La santé mentale et physique de l’auteur.ice, Betty Piccioli

La journée se tiendra le 28 avril 2023. Elle coûte 50€ de participation aux frais (ce qui est très bon marché), et exige des participant.es d’avoir un projet de fiction en cours avec volonté de le publier, sans avoir publié à ce jour plus de quatre œuvres de fiction.

Les inscriptions sont ouvertes jusqu’au 28 février, donc ne tardez pas !

➡️ Infos détaillées et inscriptions

Et on en profite pour admirer l’affiche du festival 2023 récemment dévoilée, réalisée par @Solennnnd !

2023-03-02T00:07:57+01:00lundi 20 février 2023|À ne pas manquer, Technique d'écriture|Commentaires fermés sur L’Ouest Hurlant propose une journée de professionnalisation des auteurs et autrices

On ne peut pas vraiment vous recommander une maison d’édition

Petite réflexion aléatoire qui m’est venue à l’issue de quelques conversations avec des auteurs et autrices à leur premier (ou peu s’en faut) manuscrit achevé, et qui cherchent, étape évidemment logique, à le placer. La question fréquente qui vient ensuite est : “vers quelle maison d’édition devrais-je me tourner ? Peux-tu recommander quelqu’un ?”

Et je suis toujours fort dépourvu comme quand la bise fut venue, ou plutôt ma réponse est toujours la même : en fait, je ne peux pas. Et je crois que personne ne peut recommander une maison d’édition comme ça, en tout cas pas sans avoir lu le manuscrit en détail (et je suis forcé de dire tout de suite que je ne peux pas le faire), ainsi que conversé avec la personne de son projet artistique et de son éventuelle stratégie quant à ce qu’elle désire accomplir. Et à ce stade, en laissant de côté l’aspect thérapeutique de la verbalisation, la personne retirerait beaucoup plus de ce temps et de cette énergie à faire le travail de recherche elle-même.

Le choix d’une maison d’édition est quelque chose d’éminemment personnel, qui concerne bien sûr une entente autour d’un projet, mais aussi une compatibilité professionnelle et de caractères. Et ça, personne à part l’auteur ou autrice ne sait mieux qu’iel ce qu’iel cherche, désire, et personne d’autre ne connaît mieux son projet pour chercher où le placer. (Et puis aussi, apprendre à connaître un paysage éditorial me semble une curiosité professionnelle satisfaisante, mais également fondamentale et salutaire.)

Bien évidemment, en revanche, il est tout à fait possible de converser de maisons spécifiques, d’approches de travail, de retours d’expérience pour voir si les compatibilités esthétiques et professionnelles pourraient s’annoncer favorables. Mais, sans placer d’abord la relation éditoriale sur le plan affectif – car c’est pour commencer une relation d’affaires –, demander qu’on vous recommande une maison d’édition me semble fonctionner aussi bien, en un sens, que de demander : “tu aurais des amis à me conseiller ?” Ben… c’est pas la manière la plus pertinente de procéder, quoi.

Je pose un dernier truc là, qui en vous dira peut-être beaucoup plus sur moi que sur l’édition en soi, mais bon : il y a plus de vingt ans, quand j’épluchais l’Internet balbutiant pour comprendre le fonctionnement du monde éditorial, je suis tombé sur le conseil suivant : “ne vous saoulez jamais avec un éditeur”. J’ai trouvé cela évidemment tout à fait pertinent – risquer de se ridiculiser ou de vomir ses margaritas sur les chaussures de quelqu’un qui pourrait vous faire signer un contrat est évidemment une très mauvaise idée. Mais aujourd’hui, j’en suis venu à penser différemment : il faut travailler avec les éditeurs avec qui on peut se saouler. (Et y aller mollo sur les margaritas.)

Ce n’est évidemment pas une relation qui se construit du jour au lendemain, de la même façon que le trajet de chaque créateur et créatrice se forge résolument autant qu’il le ou la forge.

2021-12-13T17:37:10+01:00lundi 13 décembre 2021|Best Of, Technique d'écriture|6 Commentaires

Le mythe des réseaux « pour se faire connaître »

J’ai l’air d’un homme préhistorique en allant à contre-courant des réseaux, une sorte de luddite, peut-être même, mais j’ai joué le jeu plus de dix ans, j’ai vu croître ces plate-formes, donc j’oserais dire que c’est justement parce que je les ai vu grandir et devenir ces monstres dévoreurs de raison et d’attention que j’ai fini par me former cet avis. Incidemment, plus de dix ans pour comprendre un truc, vous pouvez constater à quel point je suis lent à la détente persistant et exhaustif.

Une question qui revient souvent dans les échanges autour du sujet, c’est : « ouiiii mais bon toi tu as un lectorat établi, mais les réseaux, c’est nécessaire pour se faire connaître, non ? »

Non.

En tout cas, je crois résolument que c’est un très mauvais investissement de son énergie, surtout quand on fait ses premières armes. C’est peut-être moins vrai dans des domaines plus graphiques, qui rendent plus facilement en ligne, et encore ; en tout cas, concernant l’écriture, je pense fermement que c’est une perte de temps si l’on s’en sert dans ce but. Attention, je ne suis pas en train de vous dire que si vous aimez l’outil, il faut arrêter ; en revanche, si vous ne l’aimez pas, ne vous rendez pas misérable en vous forçant à une présence dessus en croyant que c’est productif ou que c’est bon pour vous, parce que ça ne l’est pas.

La renommée / se faire connaître est un sous-produit de l’activité centrale de création. Ce qui apporte davantage de boulot et de succès, c’est la qualité du boulot, pas le nombre de followers sur Insta.

(Maintenant, ce qui suit concerne l’édition traditionnelle, puisque je n’ai pas d’expérience en auto-édition mais : je crois quand même que le fond du raisonnement se tient quel que soit le monde de distribution.) Je n’ai jamais obtenu un contrat d’édition par aucun réseau. Aucun éditeur ne s’est jamais dit “oh, Davoust a 2300 followers, ca doit être intéressant” – le juge de paix, et on l’a suffisamment répété dans Procrastination, c’est la qualité du texte. Et pour que le texte soit lu, déjà, il doit arriver sur son bureau autrement qu’avec les trois millions d’auteurs qui cherchent à percer sur Twitter (soumettez vos manuscrits à des gens susceptibles de les acheter, règle n°4 de Robert Heinlein). Ensuite, il faut qu’il soit bon, et pour cela, la première priorité doit toujours aller au raffinement de son art, et de ce point de vue, cela implique que toute l’énergie consacrée à modérer des débats à la con sur les réseaux représente une perte sèche.

Bien entendu, il y a des contre-exemples, des auteurs ou autrices qui ont vu un succès communautaire d’envergure notamment en auto-édition et leur travail repris en édition traditionnelle, mais franchement, ça s’apparente à jouer au Loto (voir ce qu’en dit Bo Burnham).

Mais le travail de promotion, me dira-t-on ? Se faire connaître des lecteurs ? Le travail de promotion, c’est d’abord le boulot de l’éditeur, tudieu. En plus, cela lui est plus facile ; la mutualisation due au catalogue lui donne des moyens et des ressources supérieures à un auteur tout seul dans son garage. Surtout, il est dans une situation beaucoup plus confortable pour ce faire : c’est un éditeur, on le suit pour avoir de ses nouvelles, le contrat est donc clair, on apprendra de ses nouveautés (plus une poignée de réflexions personnelles, ce n’est évidemment pas interdit) – mais il s’agit d’une approche informative.

Un auteur sur un réseau, en revanche, a le cul entre deux chaises : il ou elle est une personne, ce qui implique une espèce de contrat tordu où, en gros, il faut se montrer personnel, et éviter de trop parler de son travail, parce que sinon c’est grossier, ça fait genre on cherche à vendre sa soupe, mais bon un peu quand même parce qu’il faut mais hop, l’air de rien, ça se voit pas – c’est vicié d’emblée. Ah, si vous aimez naturellement faire entrer les gens dans votre intimité, et que c’est la raison de votre présence, more power to you – là oui, ça marche. Mais si vous avez une tendance au secret, à travailler « la porte fermée », ne vous faites pas violence en croyant que c’est nécessaire.

Ça n’empêche évidemment jamais l’auteur de partager ce qu’il ou elle souhaite partager, mais c’est toujours la même différence : là, on n’est plus dans le travail de promotion mais le souhait sincère d’établir une communauté et de tisser du lien (et c’est bien ce que je fabrique ici, selon ce média qui me convient, depuis… ouch… presque quinze ans). Ce n’est plus du tout la même chose, puisque le but n’est pas de « se faire connaître ». Dans cette optique, de la même manière qu’en festival, on espère davantage faire de chouettes rencontres avec un public intéressé et nouer un dialogue plutôt que de vendre trois cartons de bouquins – alors okay, bien évidemment, faire ça ne fait pas de mal aux ventes non plus, mais si c’est le seul but, c’est un mode de promotion diablement inefficace par rapport à l’énergie qu’il exige.

Depuis plus de six mois que j’ai quitté les réseaux (d’ailleurs, il faut que j’efface mon compte Twitter aussi), je n’ai pas spécialement vu la fréquentation du site baisser ; certes un peu, mais dans des proportions largement plus raisonnables que je m’y attendais (merci encore d’avoir fait le grand saut), et surtout, j’ai vu la qualité de mes relations en ligne monter en flèche dramatiquement. Et ça, c’est vraiment cool. Franchement, c’est ça qui m’intéresse, je ne cherche pas à avoir raison à tout prix face à tous les randoms d’Internet qui s’invitent dans ma timeline, ils sont beaucoup trop nombreux, de beaucoup trop mauvaise foi, et beaucoup trop malheureux à l’intérieur d’eux-mêmes pour moi tout seul1. Autre conséquence parfaitement inattendue mais qui me réjouit : j’ai bien davantage d’occasions d’intervenir en entretiens, ce qui est beaucoup plus créatif qu’une punchline en 280 caractères et ajoute bien davantage de valeur à la conversation ; j’ai pu lancer Geekriture ; bref, j’ai la possibilité de proposer beaucoup plus de choses, beaucoup plus intéressantes et développées, et même, parfois, on me paie pour ça – parce que j’ai enfin la bande passante mentale de m’y consacrer et que, bordel, c’est juste plus fourni.

Franchement, n’est-ce pas un meilleur calcul ?

Alors maintenant, un aparté par souci d’exhaustivité. On voit (re)naître d’autres modes de promotion, comme Twitch ou Discord, et leurs modèles économiques sont très différents, revenant peu ou prou au mécénat direct. Je dis « re »-naître car ils sont avant tout communautaires, comme aux débuts d’Internet ; ils s’articulent autour de la constitution d’un intérêt clair (comme la super chaîne de Morgan of Glencoe), ce qui est l’antithèse du réseau social façon 2010 où il s’agit de mettre tout le monde en contact avec tout le monde (entraînant une distorsion des relations vers la toxicité de l’engagement). Discord est le fils spirituel des forums des années 1995-2005, et si ça marche, c’est parce que le contrat est clair : on va quelque part par intérêt sincère. Les communautés fonctionnent parce que les règles sont fermes et le bannissement tout à fait possible, ce qui est la clé, à mon avis, pour maintenir un environnement sain pour les membres de ladite communauté. J’y vois exactement la promesse d’un retour à un Internet granulaire proposé par Jaron Lanier et dont on a discuté ici : rendre aux communautés elles-mêmes les clés de leur propre discours et le choix de leur ton (ce que je fais aussi ici), au lieu de les remettre entre les mains cent mille fois prouvées incompétentes de Facebook et Twitter. Par contraste, vouloir « se faire connaître » sur les réseaux grand public, ça revient à chercher à essayer draguer quelqu’un dans un stade, sans savoir même si la personne existe, en beuglant à sens unique dans un mégaphone. Peut-être que quelqu’un va effectivement vous répondre favorablement une fois de temps à autre, et tant mieux, c’est super, mais dans le grand ordre des choses, ça ne constitue quand même pas la preuve que cette approche soit efficace, ni même qu’elle ait du sens.

Je sors de l’aparté. Pour conclure : « se faire connaître » est l’arbre qui cache la forêt. S’en soucier avant d’avoir raffiné sa discipline (quelle qu’elle soit), c’est mettre la charrue avant les bœufs. Faire du vraiment bon boulot est beaucoup plus durable et rentable que de s’échiner à surnager sur les réseaux alors qu’on est peut-être encore un peu trop vert. Cela ne me paraît honnêtement pas un bon calcul en 2021 ; l’époque de la success story de l’artiste ayant explosé sur Twitter est dans une immense partie révolue. Bien sûr, des gens s’en servent bien, mais il faut avoir envie du média. Je ne crois absolument pas que ce soit une nécessité, et surtout, si on n’a pas envie, cette énergie sera très largement mieux utilisée ailleurs. Ne vous faites donc pas violence en vous disant « il faut », encore plus si vous débutez. Bossez votre art en profitant du merveilleux silence, au contraire, et rencontrez des vrais gens (… quand ce sera un peu plus possible) pour nouer de vraies relations.

  1. Encore une fois, je glisse aussi un mot de remerciement à vous toutes et tous avec qui, oui, on a tissé de belles rencontres sur les réseaux, et heureusement que vous étiez là, parce que sans vous, je n’aurais pas tenu dix ans.
2021-04-13T10:32:08+02:00mercredi 14 avril 2021|Humeurs aqueuses|7 Commentaires

Inscrivez-vous dès maintenant à la Masterclass des Imaginales (places limitées)

Et hop, donc, pour des raisons sur lesquelles on en a toutes et tous assez de s’étendre, les Imaginales ont lieu cette année en octobre, du 14 au 17. Mais ce sera une édition complète, dans la joie et le plaisir d’être (espérons) un peu plus libres, et donc, la Masterclass est reconduite cette année ! Jean-Claude Dunyach et moi aurons à nouveau le plaisir de l’animer (et vu comme ça nous manque, ce plaisir sera absolument immense, colossal, merveilleux) :

Corriger son manuscrit et envisager l’édition

Cette journée et demi d’échanges et d’enseignement vise à armer les jeunes auteurs pour la transition de l’écriture vers la publication : comment passe-t-on de l’envie d’écrire au métier d’écrivain ? Au cours des dix dernières années, sites, livres et forums d’aide à l’écriture se sont multipliés. Il est aujourd’hui plus facile que jamais de travailler sur un livre. Mais comment l’achever, puis l’amener au meilleur niveau de qualité possible ? Comment se corriger, s’améliorer ? Comment et pourquoi le présenter à un éditeur ? Quels sont les rouages de la fameuse « économie du livre » ? Passer du statut d’amateur passionné à celui de jeune professionnel de l’écriture, voilà l’ambition de cette journée de formation, à travers des thèmes tels que :
• approcher l’écriture en songeant au public, sans sacrifier le cœur de son histoire ;
• savoir se lire avec recul pour parfaire son manuscrit ;
• les relations avec le monde éditorial ;
• la rémunération des auteurs…
Cette journée de formation est destinée à ceux qui se sont lancés dans la rédaction d’un livre, voire l’ont terminé, et pensent à l’étape suivante, la publication professionnelle ; mais aussi à ceux qui ont envie d’écrire des histoires et désirent acquérir une vision panoramique du monde de l’édition. La journée s’articule autour de présentations sur un sujet donné (l’attitude professionnelle, les corrections, les relations avec le monde éditorial…), suivies de temps de discussion et de débats autour des difficultés rencontrées par les stagiaires dans leur propre travail.

Pour mémoire, la formation passe d’une journée à une journée et demie, mercredi 13 octobre de 9h à 18h et jeudi 14 octobre de 9h à 12h30. Les inscriptions sont d’ores et déjà ouvertes :

➡️ Dossier d’informations et inscriptions

2021-08-09T18:10:18+02:00jeudi 11 mars 2021|À ne pas manquer, Technique d'écriture|Commentaires fermés sur Inscrivez-vous dès maintenant à la Masterclass des Imaginales (places limitées)

Mais qui est Lucien, le robot de la newsletter ?

Lucien. LUCIEEEEEEN, j’ai lié à ton âme à ma volonté par la puissance des électrons et du plugin WordPress, tu m’appartiens, tu m’entends ? J’ai soumis ton mythe à ma résolution et t’ai recyclé comme une vieille canette en alu. Tu ne peux pas, tu ne dois pas reprendre la vie d’un légende urbaine ! Et pour cela, je m’en vais crever de la flèche de la vérité le récit de ta genèse ! Rawr.

Ahem

Pardon.

Donc

Il se peut que je reçoive, voire lise par hasard des interrogations ou des questionnements ma foi légitimes tournant autour de l’identité de Lucien, le petit robot qui envoie la newsletter mensuelle. Mais pourquoi ? Pourquoi s’appelle-t-il Lucien, et pourquoi pas, je ne sais pas, Childéric, Maubeuge ou encore Alphonsine ? Eh bien, accroche-toi à ton terminal mobile responsive, auguste lectorat, parce que nous allons maintenant partir dans une histoire finalement pas hyper passionnante mais bon disons comme ça que ce sera fait.

Poorlydrawnlines (CC-By-NC)

En un temps lointain donc, où MySpace était une startup d’avenir et l’Internet mobile grand public se limitait au WAP (début des années 2000, si vous êtes limite dans vos repères d’histoire des technologies), je fus nommé rédacteur en chef d’une revue de fantasy nommée Asphodale, qui connut quelques jolis faits d’arme (premières publications en France de China Miéville, Kelly Link et Andrzej Sapkowski, avec la complicité des éditions Bragelonne pour le dernier – si ça vous intrigue, les sommaires sont disponibles ici). À l’époque, j’étais vraiment tout nouveau dans le milieu littéraire, j’étais passé par le fanzinat et je faisais partie de l’équipe de Galaxies, mais cela faisait seulement, à la louche, deux ou trois ans que je m’y investissais réellement. Et on ne va pas se mentir, j’ai un peu un nom à coucher dehors dont personne ne sait jamais prononcer la fin (et même moi j’ai toujours un doute), donc, quand le jeune fan chevelu se retrouve bombardé à diriger la petite sœur de Galaxies, ça peut se comprendre qu’on puisse faire une coquille sur son identité. C’est pas cool, mais compréhensible, ferrari humanum est ou du moins j’aimerais bien mais c’est cher.

À l’époque, Internet était vachement plus petit, on pouvait en voir l’autre bout si on se haussait sur la pointe des pieds, et les sites d’information majeurs sur l’imaginaire se comptaient sur les doigts d’une main. Et voilà donc que l’un d’eux m’appelle… Lucien Davoust. Bon, okay, sauf que comme c’est un site majeur, l’information se retrouve bientôt reprise, beaucoup. Beaucoup. Et un rédacteur en chef de revue, même jeune, et dans un contexte où le webzine n’est encore qu’une invention étrange dont personne ne sait si elle prendra vraiment jour, c’est pas mal en vue. Ça publie des gens, et les gens aiment être publiés, donc ils s’intéressent à vous, vous envoient des textes, font saluent sur les salons, et, vous l’avez vu venir –

À ce stade, je me demande s’il est bien pertinent de continuer à corriger les gens à force ou bien d’expliquer à ma mère que je change mon état-civil parce que là ça ira plus vite.

Évidemment, tous les copains (Mélanie Fazi, je te vois) se marrent comme des baleines et se mettent forcément à m’appeler Lucien aussi, parce que c’est à ça qu’on reconnaît les copains, ils se foutent de vous, et comme j’aime bien être mon propre copain aussi tant qu’à faire, je me aussi fous de moi et je commence à décider que, puisque c’est comme ça, Lucien est mon jumeau maléfique et dès que je ferai une connerie, ça sera la faute à Lucien et pas moi, c’est pratique. Bim.

Asphodale ne connaîtra au final que cinq numéros – satisfait d’avoir lancé une revue qui avait trouvé un début de public (comme c’était plus facile à l’époque, la presse papier…), je décide de voguer vers d’autres cieux parce que je commence à avoir des opportunités pour publier des nouvelles (une bise en passant à Lucie Chenu) et que je veux me centrer sur l’écriture à côté de la traduction ; je quitte mon poste en laissant un numéro six totalement composé et prêt à la publication, mais qui ne verra hélas jamais le jour en raison de la cessation d’activité de l’éditeur.

Lucien disparaît peu à peu dans l’oubli, et à mesure que mon nom correct circule un peu plus, seuls les copains continuent à se foutre de moi, tandis que je leur explique que je suis devenu grand, je ne fais plus de connerie, et donc je n’ai plus besoin de mon jumeau maléfique en leur racontant évidemment tout le sérieux mortel qu’il convient à ce genre de chose que j’ai attiré Lucien sur un cimetière indien pour conduire un rituel de bannissement liant son âme aux soubassements sacrés du lieu et que je suis libéré de son influence à jamais, À JAMAIS VOUS M’ENTENDEZ.

Techniquement, dans la mythologie de Lucien, donc, j’ai réveillé son âme aux alentours de 2015 pour vider son esprit de sa substance, le contraindre à son rôle de majordome lisse et courtois, m’appelant maître, et livrant comme un bon robot ma newsletter mensuelle à vous tous.

Cinq ans plus tard, peut-être – PEUT-ÊTRE – Lucien commence à remuer dans son sommeil, tandis que son incarnation recommence à étendre des tentacules de mystère à travers l’inconscient collectif dans l’espoir de renaître de sa propre légende.

Cet article sera peut-être le carreau d’argent en plein cœur qui le videra à jamais de sa substance.

Ou bien vous emparerez-vous de lui, pervers que vous êtes, pour en faire des choses qui m’échapperont de nouveau. Non.

NOOOOON

2020-09-12T21:31:18+02:00mercredi 23 septembre 2020|Expériences en temps réel|13 Commentaires

Procrastination podcast s05e01 – La sélection des manuscrits, avec Mireille Rivalland

procrastination-logo-texte

Deux semaines ont passé, et le nouvel épisode de Procrastination, notre podcast sur l’écriture en quinze minutes, est disponible ! Au programme : “s05e01 – La sélection des manuscrits, avec Mireille Rivalland“.

(Épisode enregistré à distance pour raisons logistiques.)
Procrastination reçoit avec un immense plaisir sa toute première invitée : Mireille Rivalland, directrice des éditions l’Atalante, grande et belle maison installée depuis plus de 40 ans à Nantes, en parallèle avec la librairie du même nom. L’Atalante publie polar, BD, théâtre, essais et bien sûr de l’imaginaire avec de grands noms comme Terry Pratchett, Orson Scott Card, Poul Anderson, Dmitry Glukhovsky, Pierre Bordage, Fabrice Colin ou encore Jean-Claude Dunyach.
Mireille a très aimablement accepté de lever le voile sur la réalité du travail de sélection des manuscrits à l’Atalante. Comment s’organise la lecture ? Existe-t-il des « erreurs » rédhibitoires lors des soumissions ? Qu’est-ce qui dicte vraiment le choix d’un livre ? Où intervient la tant redoutée « ligne éditoriale » ? Comment attirer l’attention d’un éditeur ? Et le rôle de la technique littéraire dans tout ça ?
Procrastination remercie profondément Mireille Rivalland et les éditions l’Atalante ! Pour retrouver les éditions et la librairie en ligne :
– https://www.l-atalante.com
– Facebook https://www.facebook.com/EditionsLAtalante/
– Twitter https://twitter.com/latalante
– Instagram https://www.instagram.com/edlatalante/
– Pinterest https://www.pinterest.fr/edlatalante/

Procrastination est animé par Mélanie Fazi ( https://www.melaniefazi.net ), Estelle Faye ( http://www.estellefaye.fr/ ) et Lionel Davoust ( https://lioneldavoust.com ). Diffusion : Elbakin.net.

Procrastination est hébergé par Elbakin.net et disponible à travers tous les grands fournisseurs et agrégateurs de podcasts :

Bonne écoute !

2020-10-19T11:35:15+02:00mardi 15 septembre 2020|Procrastination podcast|Commentaires fermés sur Procrastination podcast s05e01 – La sélection des manuscrits, avec Mireille Rivalland

Procrastination podcast saison 5 : sujets et première invitée

J’avais méchamment teasé quelques nouveautés pour la saison 5 de Procrastination – le confinement a au moins eu ceci de positif que nous nous sommes mis au point pour enregistrer à distance… ce qui nous permet à présent d’accueillir des invité•es.

Et nous nous sommes très, très heureux et honorés que Mireille Rivalland, directrice littéraire des éditions L’Atalante, ait accepté notre invitation à venir parler d’édition, à lever le voile sur le processus réel de sélection des manuscrits, de retravail, de commercialisation. L’Atalante est une grande maison indépendante dans le domaine de l’imaginaire, adossée à la librairie du même nom qui existe depuis plus de 40 ans à Nantes, où publient des auteurs majeurs du genre (Terry Pratchett, Glen Cook, Dmitry Glukhovsky, Pierre Bordage, Jean-Claude Dunyach…). Nous remercions profondément Mireille de nous avoir fait bénéficier de son regard, de son expérience, de sa bienveillance et sa franchise ; les deux épisodes enregistrés en sa compagnie sont le 501 et le 506, et nous sommes certains que vous les trouverez aussi passionnants et instructifs que nous.

Mireille Rivalland, Estelle Faye, ma pomme et Mélanie Fazi. Montage Mélanie Fazi.

Mais ce n’est pas tout ! Nous avons déjà enregistré un bon tiers de cette saison (Procrastination, le podcast toujours à l’heure, si c’est pas paradoxal), et voici la sauce à laquelle vous allez être mangés, chers poditeurs et poditrices :

  • 15 septembre, 501 : La sélection des manuscrits, avec Mireille Rivalland
  • 1e octobre, 502 : Écrire pour soi, écrire pour les autres (partie 1)
  • 15 octobre, 503 : Écrire pour soi, écrire pour les autres (partie 2)
  • 1e novembre, 504 : La course à la perfection
  • 15 novembre, 505 : Être auteur et timide
  • 1e décembre, 506 : Le retravail des manuscrits, avec Mireille Rivalland
  • 15 décembre, 507 : Le découpage des séries

Reprise, donc, le 15 septembre chez tous vos agrégateurs de podcasts !

2020-08-25T09:41:29+02:00mardi 25 août 2020|Technique d'écriture|4 Commentaires

Prochains épisodes de Procrastination : envoyez vos questions sur l’édition !

Cela faisait un moment que nous laissions entendre que nous réfléchissions à faire évoluer la formule du podcast, et le confinement a eu ceci de bon que nous avons dû explorer les méthodes d’enregistrement à distance… ce qui signifie que nous sommes très heureux de pouvoir commencer à recevoir des invité.es ! Ce qui permettra d’explorer les autres corps de métier que nous n’exerçons pas, vous proposer des points de vue différents sur la chaîne du livre, même si, bien sûr, le podcast reste centré autour de la création.

Nous sommes particulièrement honorés de recevoir très bientôt un grand nom du monde de l’édition. Nous avons bien sûr des sujets que nous comptons aborder, mais c’est l’occasion : si vous avez des questionnements, des interrogations sur l’édition professionnelle en lien avec la création, n’hésitez pas à les laisser en commentaires. Nous ne pouvons pas garantir que nous traiterons tout – 15′, c’est court – mais nous nous efforcerons d’aborder un maximum de dimensions.

Maintenant, assez procrastiné, allez écrire !

2020-07-05T09:09:11+02:00mercredi 17 juin 2020|Technique d'écriture|2 Commentaires

Procrastination podcast s04e16 – Les réactions des éditeurs

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Deux semaines ont passé, et le nouvel épisode de Procrastination, notre podcast sur l’écriture en quinze minutes, est disponible ! Au programme : “s04e16 – Les réactions des éditeurs“.

(Épisode toujours enregistré en confinement.)
Soumettre un travail à une maison d’édition est une étape nécessaire pour la publication mais qui suscite des craintes, ou se trouve même entourée de certaines idées reçues : cette quinzaine, démythification du processus, et levée de rideau sur la réalité du travail avec les éditeurs.
Lionel commence par rappeler qu’un éditeur est avant tout à la recherche de bons livres et d’auteurs – des personnes avec des choses à dire, et peut-être capable de le faire plusieurs fois ! Estelle renchérit sur l’importance du dialogue et de l’aspect humain ; la recherche se situe des deux côtés de la fameuse « barrière ». Mélanie prolonge sur la fluidité des relations de travail – de part et d’autre.

Références citées
– Éditions La Volte
– Éditions Harlequin
– Éditions Scrineo
– Simon Pinel
– Raphaël Eymery, Pornarina : la-prostituée-à-tête-de-cheval

Procrastination est hébergé par Elbakin.net et disponible à travers tous les grands fournisseurs et agrégateurs de podcasts :

Bonne écoute !

2020-10-19T11:35:16+02:00lundi 1 juin 2020|Procrastination podcast|Commentaires fermés sur Procrastination podcast s04e16 – Les réactions des éditeurs

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