Je continue les comptes-rendus des déplacements par ce qui a constitué mon premier volet des Imaginales de cette année : l’atelier d’écriture à visée professionnelle intitulé “Comment écrire de la fantasy”. Les Imaginales, c’est le festival des mondes imaginaires d’Épinal, grand-messe à la fois conviviale et intense où, pendant quatre jours, fantasy, SF, roman historique se retrouvent dans le joli cadre des berges de la Moselle.

Cette année, le festival avait donc pris une nouvelle initiative : cet atelier, réalisé avec le soutien de la DRAC de Lorraine, dirigé par Elisabeth Vonarburg épaulée par Jean-Claude Dunyach et votre serviteur. C’est ainsi que mes Imaginales ont démarré un jour plus tôt, dans le cadre à la fois accueillant et moderne de la médiathèque d’Épinal. Au programme : interventions théoriques et travaux pratiques, featuring Elisabeth’s greatest hits (« le corps sait ») and mine (« story is will »).

J’étais chargé de deux interventions, qui sont, heureusement, grâce à la complicité d’Elisabeth et ses innombrables commentaires toujours pertinents, devenues plus une séance de ping-pong, d’échange d’anecdotes et d’astuces avec les participants qu’un cours magistral. Tout d’abord sur l’écriture en tant que métier et technique : non, contrairement à la légende solidement ancrée, l’écrivain n’est pas un paratonnerre qui se rend sur les falaises les jours de grand vent pour recevoir l’inspiration et se mettre illico à rédiger cinq cents feuillets d’un génie cristallin. (En tout cas, moi, je n’ai pas cette chance.) C’est aussi du travail, de la technique, une attitude et de la discipline. (Okay, ça fait vachement moins glamour, mais les légendes, c’est entre les pages que ça se met.)

Couv. Charles Montpetit

Mon autre exposé portait sur la construction scénaristique et les techniques associées. Une zone bien plus floue et complexe que la première, car il n’y a pas à proprement parler de vérités universelles, si ce n’est les grandes attentes qu’a un lecteur en lisant une histoire. Le travail de l’auteur consiste à les satisfaire. Les systèmes, dont les Anglo-américains sont si friands, ne valent que si on les expérimente… pour les désosser et les reconstruire à sa manière ensuite. Le temps était compté mais j’ai pu aborder en profondeur la mécanique de la causalité narrative et proposer quelques pistes pour que chacun construise son propre système.

Elisabeth a pris le relais ensuite pour rappeler quelques fondements indispensables comme le point de vue et les temps de narration, puis elle a proposé de nombreux exercices de recherche intuitive et de mouvement d’écriture, à la fois ludiques et très instructifs. Je l’ai déjà recommandé et ne le recommanderai jamais assez, mais le livre d’Elisabeth, Comment écrire des histoires – Guide de l’explorateur (éd. le Griffon d’argile) constitue un point de départ de grande valeur pour le jeune auteur. Il n’est pas trouvable facilement en France, mais il peut s’acheter en ligne chez l’éditeur ici (prévoyez les frais de port depuis le Canada).

Jean-Claude Dunyach prenait le relais le lendemain, journée pour laquelle j’étais hélas pris par d’autres devoirs, mais je sais, pour avoir entendu les commentaires ravis des participants, qu’il a proposé une intervention de grande qualité sur les usages de l’édition, étayée par sa longue expérience d’écrivain comme celle d’éditeur; le connaissant, ça ne pouvait qu’être vivant et drôle !

Pour terminer, à la demande des participants, j’ai décidé de proposer ici-même mes deux supports de présentation sur une nouvelle page : Aides à l’écriture. Vous y trouverez au format PDF les diaporamas de “Écrire, une technique, un métier” et “Trouver une idée, construire un scénario“.  Cela ne peut remplacer la participation, l’échange et les explications liées aux interventions, mais j’espère que cela rafraîchira la mémoire aux inscrits de l’atelier, que cela donnera quelques pistes aux autres… et surtout, que cela vous donnera envie de venir au cas où l’initiative serait rééditée !

Je voudrais dire un dernier petit mot aux participants de cet atelier pour les remercier de leur gentillesse et de leur attention constante malgré ma terrible tendance bavarde. J’espère que vous en avez retiré le maximum : pour ma part, j’ai passé un excellent moment, très instructif en raison de la réflexion qu’il faut pour transmettre de manière intelligible ce qu’on fait parfois sans réfléchir rationnellement… mais aussi très amusant et stimulant grâce à vos excellentes questions. J’espère que nous pourrons recommencer !