Marre de payer des abonnements et des mises à jour ? Il y a Setapp.

Autrefois, on disait : there’s an app for that, et le problème de notre époque, c’est que ça entraîne : … and it comes with a subscription. Il faut bien que les développeurs gagnent leur vie, on est bien d’accord, mais des abonnements dans tous les coins pour des apps qu’on n’utilise pas forcément à longueur d’année, ça pèse. Acheter des applications pour une activité de loisir intermittente, aussi. (J’aime faire du code à mes rares moments perdus, mais ça ne justifie pas de payer une licence annuelle pour un client git comme Tower, par exemple.)

Setapp est un idéal moyen terme, et après des soucis de modèle économique qui m’ont fait claquer la porte il y a deux ans, je suis redevenu un client ravi une fois leur maison remise en ordre. Le principe est très simple : c’est un Netflix pour applications. Un seul abonnement, l’accès illimité à 240 programmes dans des domaines extrêmement variés, allant de l’utilitaire dont on ne peut pas se passer (Bartender, BetterTouchTool, Dropzone, Default Folder X, AirBuddy, Yoink…) au gros logiciel de production (Ulysses, Spark, Craft). Toutes les apps sont d’excellente tenue ; pas forcément les meilleures du domaine (je continue à préférer Scrivener à Ulysses pour les sagas, par exemple) mais toutes de qualité, et surtout, couvrant tous les cas d’usage.

Je vous cause de Setapp aujourd’hui parce que j’ai découvert plusieurs excellents services par leur intermédiaire, ou que je voudrais vous causer d’excellentes apps qui se trouvent être disponibles chez eux, et que ça semble les bœufs à mettre avant ma charrette : vous dire où les trouver de façon avantageuse. Même en comptant toutes les licences que j’avais achetées séparément, Setapp est drôlement rentable. Une personne normalement constituée paiera 135 $ US par an, couvrant 1 Mac et 4 (!) appareils iOS. En comparaison, voici le calcul que j’avais conduit en prenant les services ou apps que j’utilise couramment au grand minimum :

App / ServiceCoût ou remplacement à l’année
ProtonVPN60€, remplacé par ClearVPN
Ulysses (pour blogging)40€, inclus
Mindnode (mindmapping)20€, inclus
Aeon Timeline (chroniqué ici)30€, inclus
Due (rappels)10€, inclus
Coût total160€

… on dépasse pas mal le coût de l’abonnement à Setapp normal, et on arrive même au coût de leur formule “Power User” qui couvre 4 (!) Macs (c’est-à-dire deux dans mon cas). Et ça n’est que cinq services…

Mais ça veut dire aussi que ça ouvre l’accès à une ribambelle d’autres applications, qui deviennent par essence gratuites :

  • Je collabore avec L. sur Craft pour notre vie commune ;
  • Gitfox est un client git largement suffisant pour mes besoins ;
  • Coderunner est un éditeur de code suffisant aussi ;
  • L’autre jour, j’avais ponctuellement besoin d’ouvrir une base de données SQLite, je n’ai eu que l’embarras du choix dans Setapp pour trouver un éditeur ;
  • J’ai découvert GetSound, mon nouveau fond sonore de travail favori ;
  • Et ainsi de suite.

C’est donc encore un abonnement, oui, je sais, sauf que c’est quasiment le dernier que vous prendrez (et que ça vous évite d’acheter quoi que ce soit d’autre). C’est comme un abonnement à un service de streaming musical… ça suffit dans 95-100% des cas. À moins d’être très spécifiquement exigeant sur ses outils, on peut sans aucun problème s’abonner à Setapp et ne plus rien utiliser d’autre (il y a deux logiciels de mails, une demi-douzaine d’apps pour travailler le texte, deux ou trois apps de time tracking, d’autres de notes reliées comme Craft ou NotePlan, et j’en passe, plusieurs solutions sont fréquemment proposées par domaine). Mais en plus, Setapp propose pour ainsi dire tous les utilitaires merveilleux qui rendent la vie magique sur Mac (à l’exception notable de Hazel et Alfred, même si des alternatives sont proposées), mais dont le coût peut devenir lourd en mises à jour. Et ça n’est pas de l’app à deux balles, c’est du vrai bel outil dans la quasi-totalité des cas.

Comme dit plus haut, si vous avez une poignée d’apps et de services favoris, vous continuerez à les utiliser (dans mon cas, Scrivener, Alfred, OmniFocus, Focus, Bunch, Keyboard Maestro et Hazel). Mais Setapp en inclut une impressionnante majorité et, dans bien des cas, propose des alternatives tout à fait compétitives.

Setapp est l’équivalent d’une boutique de bonbons pour geeks sous Mac et iOS. Vous en parler me donne en fait la possibilité de reprendre un peu la boîte à outils de l’écrivain, parce que j’y ai (re)découvert des tas de choses pour faciliter la vie créative, et c’est donc l’endroit privilégié pour les obtenir.

À venir, donc.

➡️ Découvrir Setapp gratuitement pendant sept jours

De manière générale, si l’envie d’acheter cet outil (ou l’un des autres présentés sur ce site) vous vient, n’oubliez pas de passer par les liens proposés ici – vous contribuez à financer le temps passé à rédiger ces articles gratuitement. Merci ! 

2024-03-04T00:42:32+01:00lundi 26 février 2024|Lifehacking|2 Commentaires

Procrastination podcast s08e11 – Du bien-fondé des allégories

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Binary contents unsupported.

Deux semaines ont passé, et le nouvel épisode de Procrastination, notre podcast sur l’écriture en quinze minutes, est disponible ! Au programme : “s08e11 – Du bien-fondé des allégories“.

L’allégorie est la représentation d’une idée abstraite par la métaphore ou un symbole ; technique aussi ancienne que la littérature elle-même, il peut être facile d’en faire un usage un peu excessif. Quelle est la place de la symbolique dans la fiction en 2024 ?
Pour Mélanie, elle est intemporelle, indissociable de l’art, car elle s’enracine dans le réel. Néanmoins, elle ne doit pas se faire au détriment des événements purs du récit, qui doivent fonctionner sans elle.
Estelle met en avant les différentes dimensions de la narration, dont la symbolique fait partie, et souligne qu’elle n’est jamais assez forte que lorsqu’elle fonctionne en accord avec l’action et l’émotion.
Lionel formule le piège de l’intellectualisme, où la ruse de la symbolique prend le pas sur l’émotion ; une allégorie réussie est celle sur laquelle on accepte de lâcher prise, en l’offrant au lecteur et en acceptant qu’il ne la voie pas.

Références citées

  • Jean de la Fontaine, La Cigale et la Fourmi
  • Stephen King, « La tour sombre »
  • Le règne animal, film de Thomas Cailley et Pauline Munier
  • The Lobster, film d’Efthimis Filippou et Yorgos Lanthimos
  • Peter Greenaway

Procrastination est hébergé par Elbakin.net et disponible à travers tous les grands fournisseurs et agrégateurs de podcasts :

Bonne écoute !

2024-02-28T08:21:20+01:00jeudi 15 février 2024|Procrastination podcast|Commentaires fermés sur Procrastination podcast s08e11 – Du bien-fondé des allégories

Stage en présence ou à distance : Création de mondes imaginaires, techniques avancées (11-12 mai)

Ce stage que je craignais voué à l’obscurité la plus totale est devenu l’un de mes plus populaires, ce qui est génial – merci pour votre confiance. Du coup, l’école Les Mots et moi remettons le couvert pour une nouvelle édition en 2024 : Créer un monde imaginaire, techniques avancées se tiendra les 11 et 12 mai.

Qui ne connaît pas le célèbre « Luke, je suis ton père », le pouvoir terrifiant de l’Œil de Sauron ou encore la devise Winter is coming ? 

Des succès planétaires de Star Wars au Seigneur des Anneaux, de Game of Thrones à Harry Potter, l’imaginaire forme la première culture mondiale, transcendant les générations et les nationalités. 

Parler des « littératures de l’imaginaire » est en réalité un raccourci pour désigner les littératures des mondes imaginaires. Ces réalités fictionnelles peuvent être proches de la nôtre dans le cadre du fantastique ou de la fantasy urbaine, ou bien totalement disjointes comme dans le cas de la Terre du Milieu ou de Westeros. Ce qui régit ce monde, qu’il s’agisse de l’horreur indicible des Grands Anciens de Lovecraft, des systèmes magiques extrêmement poussés et complexes de Brandon Sanderson ou de la science du voyage spatial et des relations entre espèces extraterrestres dans Star Trek, constitue ce que l’on peut appeler « l’hypothèse de monde » imaginaire. 

Or la construction d’un monde imaginaire est une entreprise créative à part entière, mais pour laquelle l’auteur ou autrice doit ménager un équilibre délicat : proposer une réalité complexe, tangible et intéressante, sans pour autant ensevelir l’intérêt de son récit sous l’exposition.

Cet atelier vise à explorer les difficultés spécifiques de cette approche à travers des exercices et techniques opérantes afin d’étoffer ses mondes imaginaires, d’y rechercher de nouvelles occasions narratives, et surtout de dynamiser ses histoires et d’esquiver les pièges les plus courants.

Pour suivre cet atelier il est indispensable : 

● De posséder une familiarité de base avec l’imaginaire et ses genres (science-fiction, fantasy, fantastique), que ce soit sous forme littéraire, cinématographique et/ou ludique.

● D’arriver à l’atelier avec une proposition succincte d’hypothèse de monde imaginaire (une demie-page minimum définissant les grandes règles du fonctionnement de la réalité fictionnelle en question selon les intérêts de l’auteur ou autrice : réalité géographique, physique, magique, ou bien sociale, ou encore un peu de tout cela à la fois). Elle servira de base au travail du stage.

Une pause repas d’une heure est prévue chaque jour de 12:30 à 13h30. Vous êtes libres de déjeuner à l’extérieur ou d’apporter votre repas sur place – un frigo et un micro-ondes seront à votre disposition, ainsi que du thé et café à volonté !

Les inscriptions se font via l’école Les Mots, et tout peut être suivi sur place à Paris, ou bien à distance (ça fonctionne très bien). Comme toujours, les places sont limitées (10 maximum) et cela se remplit déjà, donc si vous êtes intéressé·e, ne tardez pas.

2024-02-10T23:49:26+01:00lundi 12 février 2024|À ne pas manquer, Technique d'écriture|Commentaires fermés sur Stage en présence ou à distance : Création de mondes imaginaires, techniques avancées (11-12 mai)

Pétition des syndicats d’auteurs français pour les conditions de travail du secteur à l’échelon européen

La Charte des auteurs et illustrateurs jeunesse et la Ligue des auteurs professionnels, les deux organisations parmi les plus proches des réalités de nos métiers, ont mis en place une pétition à l’attention de l’Europe pour surveiller, améliorer et régulariser les conditions de travail des créateurs et créatrices de la culture, dont les artistes auteurs :

Ce combat est vital alors qu’une résolution pour créer un cadre sur ces questions a été signée en novembre dernier, et les risques que les avancées technologiques comme les algorithmes génératifs font peser sur le secteur doivent être urgemment pris en compte. Si vous êtes soucieux·se de l’avenir des métiers de la culture, votre voix serait la bienvenue :

➡️ Lire et signer la pétition

2024-02-16T07:07:04+01:00mardi 6 février 2024|À ne pas manquer, Le monde du livre|Commentaires fermés sur Pétition des syndicats d’auteurs français pour les conditions de travail du secteur à l’échelon européen

Procrastination podcast s08e10 – Naissance et développement d’une maison d’édition indépendante, les éditions Critic, avec Éric Marcelin

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Deux semaines ont passé, et le nouvel épisode de Procrastination, notre podcast sur l’écriture en quinze minutes, est disponible ! Au programme : “s08e10 – Naissance et développement d’une maison d’édition indépendante, les éditions Critic, avec Éric Marcelin“.

Suite de cette conversation au long cours qui accompagnera toute la saison 8 de Procrastination avec Éric Marcelin, directeur de Critic, à la fois librairie indépendante implantée à Rennes depuis plus de vingt ans et maison d’édition d’imaginaire qui compte dans le paysage français, avec au catalogue Christian Léourier, Laurent Genefort, Lou Jan, Romain Benassaya, Marine Sivan et bien d’autres. Avec cette double casquette et l’expérience des années, Éric a un regard précieux et riche d’enseignements. On passe sur le versant éditorial dans ce troisième épisode : Éric retrace la genèse des éditions Critic, son développement, et surtout sa stratégie en termes de programmation et de communication en tant que maison d’édition à taille humaine.
Retrouvez la librairie et les éditions Critic en ligne et sur les réseaux :

  • https://www.librairie-critic.fr et https://editions.critic.fr
  • https://twitter.com/_CRITIC
  • https://www.facebook.com/librairie.CRITIC et https://www.facebook.com/editionscritic
  • https://www.instagram.com/librairiecritic/ et https://www.instagram.com/editionscritic/

Procrastination est hébergé par Elbakin.net et disponible à travers tous les grands fournisseurs et agrégateurs de podcasts :

Bonne écoute !

2024-02-16T07:06:38+01:00jeudi 1 février 2024|Procrastination podcast|Commentaires fermés sur Procrastination podcast s08e10 – Naissance et développement d’une maison d’édition indépendante, les éditions Critic, avec Éric Marcelin

L’Alphasmart, ancienne alternative low-tech aux Freewrite

J’attends toujours une réponse satisfaisante du support technique d’Astrohaus concernant leur changement de disposition clavier non documenté sur les Freewrite, et ça s’annonce mal (le premier retour prétend que c’est dans les notes de version – non – et évacue totalement la question. Avant de les incendier ici en cas de fin de non-recevoir, je vais insister).

Dans l’intervalle, auguste lectorat, si tu es intéressé par le concept d’une machine à écrire sans distraction, je porte à ta connaissance l’existence des Alphasmart (à ne pas confondre avec l’Alpha, de la même compagnie qui fabrique les Freewrite, et a racheté la marque déposée). La compagnie a coulé dans les années 2000, mais on trouve encore quantité de leurs machines sur eBay entre 60 et 150€ selon le modèle et l’état. (Soit, bien sûr, une fraction du prix d’une Freewrite.)

Plus basique que cette machine, tu meurs : c’est un clavier relié à un écran LCD de quelques lignes. Aucune connexion au nuage, aucune manière d’expédier les documents de façon moderne : on transfère les textes en la branchant en USB sur un ordinateur, en ouvrant un traitement de texte, et en pressant le bouton Send. La machine retape alors l’intégralité du travail tel un clavier automatique. C’est littéralement l’orgue de barbarie du traitement de texte, mais ça assure leur compatibilité avec les machines d’aujourd’hui (et du futur). Enfin, les piles qui l’alimentent fonctionnent apparemment pendant des mois et elles sont bâties comme des tanks.

Le problème, pour un utilisateur francophone, c’est que les Alphasmart ne peuvent pas se passer en clavier AZERTY (il semble exister des manipulations ésotériques en ligne, mais ça me semble très peu documenté). Néanmoins, quantité d’anglophones ne jurent que par l’Alphasmart, qui forme une alternative excellent marché aux Freewrite. Il faut juste accepter d’apprendre le QWERTY (ou le DVORAK). Je sais, c’est pas idéal.

Mais bon, contrairement aux Freewrite, on ne risque pas de changer la disposition du clavier ni ajouter un service d’abonnement d’un seul coup, hein ?

2024-01-29T01:22:41+01:00lundi 29 janvier 2024|Best Of, Technique d'écriture|Commentaires fermés sur L’Alphasmart, ancienne alternative low-tech aux Freewrite

Procrastination podcast s08e09 – Parlons de l’IA générative

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Deux semaines ont passé, et le nouvel épisode de Procrastination, notre podcast sur l’écriture en quinze minutes, est disponible ! Au programme : “s08e09 – Parlons de l’IA générative“.

C’était la grande actualité du domaine technologique en 2023, la mise sur le marché des « Intelligences Artificielles », des algorithmes génératifs de texte type ChatGPT, et Procrastination ne peut pas faire l’économie d’en parler quinze minutes : où se situent ces outils, et peut-on en faire quelque chose pour l’écriture de fiction ?
Lionel rappelle la définition technique de ces « modèles de langage », en quoi ils ne sont pas des « intelligences » et en quoi le fantasme qu’ils représentent trahit un état d’esprit nocif pour la création. Estelle expose les problèmes éthiques, économiques et sociaux qu’ils soulèvent en termes de viabilité de la création et d’accès à l’expression publique, et met en avant l’importance de la résistance humaine face aux abus.

Références citées :

  • ChatGPT
  • Blake Lemoine et son entretien avec LaMDA (et non LLaMA, qui est un autre modèle) https://cajundiscordian.medium.com/is-lamda-sentient-an-interview-ea64d916d917
  • Stéphanie Le Cam et la Ligue des Auteurs Professionnels https://ligue.auteurs.pro
  • Blade Runner, film de Ridley Scott
  • Kelly McKernan
  • Le Monde
  • La Caisse d’Allocations Familiales française, qui doit se demander pourquoi elle est citée ici : ça n’est pas pour de bonnes raisons
  • La Charte des Auteurs et illustrateurs Jeunesse
  • Pierrick Marissal, L’Humanité
  • Microsoft
  • X
  • L’affaire du registre ReLIRE, déclaré illégal par la Cour de Justice de l’Union Européenne https://actualitte.com/article/30516/numerisation/l-europe-abat-la-loi-oeuvres-indisponibles-pour-avoir-meprise-les-auteurs
  • Amazon
  • Glaze https://glaze.cs.uchicago.edu/download.html
  • Interview de François Baranger dans Numerama https://www.numerama.com/tech/1221908-les-ia-generent-des-images-mais-pas-de-lart.html
  • Steven Pressfield

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Bonne écoute !

2024-02-06T08:54:14+01:00lundi 15 janvier 2024|Procrastination podcast|Commentaires fermés sur Procrastination podcast s08e09 – Parlons de l’IA générative

Procrastination podcast s08e08 – Écrire sous deadline

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Deux semaines ont passé, et le nouvel épisode de Procrastination, notre podcast sur l’écriture en quinze minutes, est disponible ! Au programme : “s08e08 – Écrire sous deadline“.

La meilleure manière de ne pas être coincé avec une date butoir serrée, c’est de ne pas en prendre, mais les impératifs de l’existence ne le permettent pas toujours. Comment survivre face à un délai de production court et une cadence peut-être infernale ?
Mélanie différencie déjà les sprints et les marathons, qui n’exigent pas la même approche, mais surtout : ne pas accepter ce qu’on ne peut pas tenir ! Et pour cela, une clé importante consiste à se rappeler qu’on ne peut pas travailler à 100% tout le temps.
Lionel rappelle que la deadline est fréquente dans une vie créatrice, mais n’est pourtant pas l’état naturel de la création, même si elle peut donner en structure. Quoi qu’il arrive, l’important dans une période de tension, paradoxalement, ce sont les pauses, la marge de respiration à conserver.
Estelle rappelle qu’un auteur en mauvais état écrit mal, ce qui est contreproductif ! Et il est important de connaître son rapport à la pression temporelle, car il est possible d’écrire avec, mais aussi sans. Elle donne quelques astuces pour calibrer intelligemment ses dates butoir notamment quand on commence…

Références citées

  • Douglas Adams

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Bonne écoute !

2024-01-15T08:17:09+01:00mardi 2 janvier 2024|Procrastination podcast|Commentaires fermés sur Procrastination podcast s08e08 – Écrire sous deadline

Procrastination podcast s08e07 – Écrire la fin

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Deux semaines ont passé, et le nouvel épisode de Procrastination, notre podcast sur l’écriture en quinze minutes, est disponible ! Au programme : “s08e07 – Écrire la fin“.

Un commencement est un moment d’une délicatesse extrême, disait l’autre, mais la fin aussi : cette quinzaine, astuces et techniques pour la trouver et la réussir. Pour Mélanie, chaque type de texte impose ses nécessités en la matière, mais elle explique en quoi la fin dirige son écriture, tout en visant à un effet de résonance avec le lecteur, ce qu’elle décrit comme un fin en « points de suspension ». Pour Lionel, la connaître est impératif pour ne serait-ce qu’écrire, car elle justifie le projet et le voyage même ; c’est cette vision claire qui va dicter et orienter tout le récit. Estelle s’interroge beaucoup sur le sens que l’on donne en arrêtant l’histoire à un moment donné ; elle apprécie une certaine justesse de dosage dans une conclusion, à la fois dans l’ouverture, la nuance, la résonance symbolique et surtout la place qu’elle laisse au lecteur pour l’habiter.

Références citées

  • « La Tour sombre », série de Stephen King
  • Jean Giono, Un roi sans divertissement
  • George Orwell, 1984
  • « Game of Thrones », série dérivée de l’œuvre de G. R. R. Martin
  • « Les Chroniques des Crépusculaires », série de Mathieu Gaborit
  • Guest star : Lucie

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Bonne écoute !

2024-01-09T08:31:14+01:00vendredi 15 décembre 2023|Procrastination podcast|Commentaires fermés sur Procrastination podcast s08e07 – Écrire la fin

Building a Second Brain / The PARA Method : j’ai une tour Eiffel à vous vendre, et ça transformera votre vie

Parlons de Tiago Forte.

Tiago Forte écrit des livres, donne des conférences, et possède depuis des années un cabinet de consulting florissant sur la productivité et le knowledge management, cette discipline en pleine explosion avec laquelle je vous ai forcément bassiné de loin en loin (et même ailleurs) où il s’agit, non plus d’organiser ses tâches et ses actions (la révolution GTD a bientôt 25 ans) mais de gérer l’autre versant, la connaissance. Si vous vous intéressez un peu au domaine, c’est impossible de ne pas avoir entendu parler de Tiago Forte, conférencier, YouTuber, vendu comme expert mondial et très suivi par (en général) des cadres moyens à supérieurs désespérés de donner un peu d’ordre à leur vie dingue.

Hélas, pour ma part, j’ai des choses méchantes à dire sur Tiago Forte, et notamment ses deux livres, Building a Second Brain et The PARA Method. D’habitude, j’évite de dire des choses méchantes. Mais Forte est tellement connu et, surtout, je vois tellement de gens essayer de suivre ses principes pour ordonnancer leur vie qu’il faut donc parler de lui, et autrement que dans la chambre d’écho considérable qui s’est construite autour de ses enseignements.

Parce que, si votre travail est un tant soit peu créatif (et c’est de ça dont on parle ici), vous ne devez pas lire ni écouter Tiago Forte.

Building a Second Brain

Building a Second Brain se propose d’être le GTD de la connaissance, un livre avec autant d’écho que cet auguste précurseur (d’après son interview avec Nick Milo dans How I Think) ; il promet une méthode “prouvée” pour parvenir à organiser ses notes et débloquer sa créativité.

Sur ce point, le livre remplit sa promesse : il y a bien une méthode. Sauf que c’est, à mon humble avis, la pire des choses à faire pour stimuler sa créativité, laquelle passe avant tout, attention roulement de tambour, par la pensée.

Forte organise principalement sa méthode autour de deux axes :

  1. Surlignez tout ce qui vous intéresse, puis passez vos notes en revue si elles sont pertinentes, jusqu’à les distiller en vos propres mots. Sinon, ça n’est pas grave, les outils numériques vous permettront de retrouver l’info, même si elle a été oubliée / perdue.
  2. Pensez en termes de livrables (c’est-à-dire, en termes de produits à fournir).

Le premier axe part d’une bonne intention (on pourrait croire, superficiellement, à une application du Zettelkasten), mais prône en réalité des habitudes qui sont mortelles pour l’intelligence et la compréhension. Forte ne met pas l’emphase sur la distillation active de ses propres notes, mais sur la capture et la récupération du contenu. J’explique : tout processus d’idéation s’enracine dans une réflexion active potentiellement appuyée par du matériel extérieur. Mettons qu’on souhaite écrire une histoire : que le processus soit conscientisé (architectes) ou non (jardiniers), l’on va prendre une succession de décisions narratives personnelles formant autant de reflets du monde, mêlant le vécu personnel à une possible recherche documentaire.

Forte semble prêcher la même chose avec son acronyme “CODE” (Capture, Organize, Distill, Express) mais place une emphase absolue sur la capture de matériel extérieur à l’exclusion de l’esprit critique. Pour le dire plus clairement, la méthode Forte est la suivante : capturez toutes les infos qui vous intéressent ou peuvent se relier à vos projets, une fois dans vos notes, vous les aurez sous la main pour les ressortir au moment opportun. Forte ne le dit pas en ces termes, mais cela à revient à, en gros : vous aurez du matos, lequel, on s’en fout. Garbage in, garbage out.

Cette approche favorise tout ce qui va mal avec l’inconscient collectif de nos jours tel qu’incarné par les réseaux. Elle met l’emphase :

  • Sur l’anecdotique, le “factoïde” marquant, la citation qui rend bien ;
  • La capture sans évaluation et l’absence de recul.

Ça donne des démos très impressionnantes sur YouTube où quelqu’un peut produire un rapport qui semble en surface extrêmement documenté en s’appuyant sur ses “notes”, mais pioche des informations sans discrimination un peu partout pour donner une apparence d’argumentaire. En gros, Building a Second Brain vous apprend à faire un travail de super-perroquet pour un public ignare.

Il est cependant capital de noter une chose : dans une atmosphère de grande entreprise saturée de rapports à rendre, d’indices à suivre, de paperasse et de réunions à la con, il est effectivement souvent demandé par des ignares un travail de perroquet. Si vous êtes un super-perroquet, vous vous facilitez grandement la vie, plus encore si tout ce que vous demande est “un rapport”, pas “un bon rapport” pour cocher quelque case mystérieuse dans quelque logiciel lovecraftien de gestion de projet. Automatiser dans ce cas les tâches idiotes n’est pas une mauvaise idée pour se libérer du temps pour des vraies tâches intelligentes. Mais on est d’accord que ça n’est pas une fin en soi.

Et surtout, on est d’accord que tout véritable travail artistique insuffle l’unicité du regard individuel au monde, comme proposé plus haut, et que cela passe par la case méditation / rumination / distillation sur laquelle Forte passe un temps criminellement bref (alors que ce devrait être l’essence du travail – le reste, franchement, représente une structure secondaire). Un temps, pour tout dire, qui semble ajouté à la hâte dans l’ouvrage pour répondre précisément aux critiques telles que celle-ci, et pour coller un vague vernis de Zettelkasten en mode “vous avez vu, j’en ai parlé”, mais clairement, ça ne l’intéresse pas.

Le second axe, penser en termes de livrables, trouve davantage de bien-fondé (en particulier dans le domaine de l’entreprise), mais représente une pente glissante dans le domaine artistique. Même si je suis fan du “Real artists ship” de Steve Jobs, il existe une différence fondamentale (et vitale) entre intention et finalité dans un projet artistique. L’artisan·e se soucie de processus et de cheminement avant de résultat. Je le rabâche dans Procrastination, comme le dit la Bhagavad-Gita en substance, “on peut prétendre au labeur, pas aux fruits du labeur”. Bien sûr que l’on crée en vue d’obtenir quelque chose, mais la finalité est le produit du cheminement, lequel émerge au cours de sa propre découverte et dicte ses propre règles. Dans le domaine artistique, le cheminement est la fin, et par cette approche, on engendre un livrable – mais pas l’inverse.

Penser en termes de finalité est un sûr moyen de penser en termes de réception, de succès, de renommée, des concepts sur lesquels 1) Aucun de nous n’a de prise et 2) Ne devraient en aucun cas influencer le processus créatif. Par essence, un·e créatif·ve se nourrit de l’inattendu, de la promenade dans des espaces imprévus, qui font naître l’envie ; fondamentalement, donc, en-dehors du livrable. Forte en parle, mais ça n’est clairement pas son focus. Sauf que pour quelqu’un qui crée, c’est une part cruciale de la respiration.

En définitive, Building a Second Brain ne devrait intéresser que les personnes dont les entreprises n’ont pas encore découvert ChatGPT et qui n’ont pas découvert ChatGPT elles-mêmes non plus. Ce livre n’est ni GTD, ni Deep Work, n’en déplaise aux grandes aspirations de son auteur. C’est un ensemble de principes déjà daté qui pouvait faire sensation en 2010 et qui peuvent seulement encore fonctionner des rouages corporate encrassés de longue date.

Ça ne vous apprendra pas à organiser vos notes pour écrire. Ça vous donnera au contraire de mauvais réflexes.

The PARA Method

Building a Second Brain peut avoir ses usages, et si j’en dis beaucoup de mal, le livre est honnête : il promet une méthode spécifique, certes à mon avis délétère, mais l’ouvrage couvre son sujet généreusement et avec exhaustivité.

Par comparaison, The PARA Method est une putain de honte. Voici tout le contenu du livre : faites quatre dossiers (Projects, Areas of Responsibility, Resources, Archives) pour vos données numériques et placez les contenus dans ces sous-dossiers en fonction ; conservez la même organisation partout.

Voilàààààà.

C’est un post de blog (en libre accès) étiré jusqu’à la déraison, bourré d’autopersuasion (imaginez que vous être sur un nuage de sucre candi où la méthode elle est trop bien. Alors, vous avez vu comme la méthode elle est trop bien ?) et qui se débine en une absurdité qui vous donne envie de bouffer votre liseuse (alors en fait, P.A.R.A. c’est bien, mais vous pouvez prendre n’importe quelle autre organisation au final avec les lettres que vous voulez, c’est à vous de voir et c’est ça qui est fantastique. OK, mais est-ce que tu te foutrais pas un peu de ma gueule ?)

Et bien sûr, par son orientation systémique vers le livrable, The PARA Method pose le même problème que présenté plus haut pour une vie créative.

Que lire à la place ?

Forte est un exemple emblématique de son propre travail : à coups de citations bien calibrées, de références prestigieuses, de marketing auto-entretenu et sur la base d’une bonne observation du problème auquel il s’efforce de répondre, il a élaboré un produit dont un examen superficiel conclut à la pertinence, mais qui n’a strictement rien de l’universalité prétendue et nuit à l’esprit critique comme à la créativité. Je suis très virulent envers lui parce que je vois constamment, sur les forums en lien avec le PKM, ceux d’Obsidian, etc. de pauvres hères qui appellent à l’aide pour implémenter les “outils” de Forte genre PARA comme si passer du temps à implémenter ces couillonnades allait magiquement se traduire en clarté.

Non. Tu vas juste bouger des trucs dans des dossiers, et ça ne marchera éventuellement que si tu es toi-même consultant, comme Forte.

Ma voix dissidente ne fera guère de mal à son business model, mais si vous, ici, vous pouvez éviter d’en passer par là, vous gagnerez du temps si vous cherchez un cadre pour écrire. Hélas, seul un travail diligent, un effort appliqué, vous permettra d’acquérir la clarté dont vous avez besoin. Il n’y a pas de raccourci pour ça, et de toute façon, si vous en voulez un et que vous imaginez que ChatGPT pourra écrire vos romans à votre place, vous manquez tout l’intérêt et, justement, la vraie finalité de l’écriture. Je répète : c’est le processus qui est engendre la finalité.

Du coup, que lire et que suivre ? Déjà, j’insiste, se rappeler qu’il n’y a pas de raccourci pour la pensée et que même, c’est tout le but du truc. La compréhension et l’originalité se construisent sur la durée et par la diligence ; surligner trois phrases vous donnera peut-être l’illusion d’être intelligent et si vous le faites plus vite que le voisin, il vous croira plus intelligent que lui, mais un super-perroquet reste un perroquet (voir à ce sujet The Collector’s Fallacy).

Si l’on veut construire et étayer sa compréhension sur la durée, et générer par l’absorption et la rumination du monde une pensée réellement personnelle et créative, on aura tout intérêt à plutôt lire / suivre / regarder :

  • Nick Milo, dont la formation Linking your Thinking (payante) et les vidéos (gratuites) sont excellentes et grand public. Point de départ recommandé.
  • How to Take Smart Notes, de Sönke Ahrens. Le bouquin est un peu fouillis, un peu délayé, et les conseils techniques sont maigres, mais l’état d’esprit qu’il prône est cent fois meilleur que celui de Forte.
  • Le fantastique site Zettelkasten.de, qui représente probablement la vision la plus “orthodoxe” (et universitaire) de l’approche par notes reliées.
  • Curtis McHale, notamment ses vidéos et sa newsletter (dont un numéro récent a d’ailleurs inspiré cet article, en voyant que je n’étais finalement pas le seul à ne pas adhérer au travail de Forte. McHale est en revanche beaucoup plus diplomate que moi, mais il a des enfants, lui, donc il ne peut pas dire putain dans un article).
  • Les vidéos et articles de Bryan Jenks, qui sont toutefois très techniques.
  • Et mon humble série Geekriture sur ActuSF, si je puis.
2023-12-11T05:18:13+01:00lundi 11 décembre 2023|Best Of, Lifehacking|Commentaires fermés sur Building a Second Brain / The PARA Method : j’ai une tour Eiffel à vous vendre, et ça transformera votre vie

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