Les créateurs de Scrivener préparent une nouvelle app minimaliste

Scrivener c’est le bien, c’est le Graal, c’est ce qu’est le sabre laser au blaster (une arme noble pour une époque civilisée) ; ses créateurs ont aussi fait Scapple, qui est vachement cool aussi, alors imaginez-moi tel un lapin sautillant sur place en apprenant qu’ils mijotent un nouveau projet, et qu’en plus c’est une nouvelle app d’écriture.

La page du projet annonce la recherche de bêta testeurs, et vous pouvez imaginer que j’ai entré mon adresse plus vite qu’on ne peut taper TextExpander. En quelques mots, et en complétant de ce que j’ai suivi des défis technologiques rencontrés par les développeurs sur les forums, cette app n’est pas Scrivener 4, c’est une app légère, disponible sur ordi comme sur mobile, qui proposera des fonctionnalités plus basiques : le texte, une vue hiérarchique, et la possibilité de conserver ses notes à côté de son manuscrit, soit les fondamentaux de Scrivener. J’ajouterais : comme Ulysses, mais sans le Markdown (cette app utilisant plutôt l’approche de la feuille de styles).

Ce qui permettra à cette app de se synchroniser ENFIN via iCloud sur mobile. Scrivener en est incapable pour deux raisons : d’une, pendant très longtemps, iCloud ne gérait pas correctement le format de projet employé par Scrivener ; de deux, Scrivener peut gérer des GROS projets (toute la série « Les Dieux sauvages » représente un seul projet de plus d’un 1 Go) et pour cela, le code emploie des tas d’optimisations pour ne pas flinguer la machine sur laquelle il tourne, ce qui est là aussi incompatible avec iCloud, et nécessiterait une réécriture de tout le modèle de données. Le développeur n’exclut pas de le faire un jour, mais là, il est occupé.

Honnêtement, je redoute que cette app ne soit pas assez puissante à mon goût, mais comme j’ai tendance à garder de moins en moins mes notes dans mes projets d’écriture au profit d’un environnement plus adapté à celles-ci, comme Obsidian, je ne serais pas contre bénéficier d’une approche à la Scrivener plus légère sans les désavantages d’Ulysses. Et si la complexité de Scrivener vous a découragé.e et que le Markdown vous hérisse (ne vous cachez pas, je vous vois), c’est peut-être à surveiller.

Parce que, mes amis, je m’inquiète sincèrement pour vous. C’est pour votre bien. Il faut arrêter d’utiliser Word.

➡️ Page de description du projet

2023-11-02T07:38:43+01:00mercredi 8 novembre 2023|Technique d'écriture|Commentaires fermés sur Les créateurs de Scrivener préparent une nouvelle app minimaliste

Une comparaison très informelle des fonctionnalités des apps des notes en ce moment

Donnez une app de notes à un écrivain, il prendra des notes toute sa vie, donnez-lui Google et il ne s’en servira qu’une journée – comme le disait à peu de choses près le proverbe chinois.

La révolution des apps de notes par liens (découlant de la redécouverte de la fameuse méthode Zettelkasten, abordée dans la série Geekriture) a donné lieu à une pléthore presque invraisemblables de nouvelles compagnies, applications, programmes donnant autant d’approches. Évidemment, mon côté savant fou (© Léa Silhol) se trouve comme un gosse de cinq ans avec une carte Gold dans une boutique de bonbons – ou comme un fou, vraiment, et pas savant, du tout, parce qu’on le sait, la mort de la productivité réside dans le changement constant d’outil.

Mais, hé, le système de notes, c’est le second cerveau, et dans ce boulot, le cerveau, c’est vraiment tout ce qu’on a, donc forcément, je passe ma vie à chercher la perle rare, l’app qui répondra à tous mes souhaits et me permettra de fédérer toutes mes idées, notes, références dans le système pour les gouverner tous et dans le Zettelkasten les lier. Tous les trois à six mois, je pars en quête chamanique à la recherche de l’app de notes parfaite, et j’en reviens griffé par les cactus, cramoisi de coups de soleil, avec une gueule de bois à la tequila frelatée et le portefeuille vide, sans avoir trouvé grand-chose, en me disant plus jamais – jusqu’à la prochaine fois.

Par exemple, et pour nourrir votre propre quête : Tiago Forte, personnalité renommée mais controversée du domaine, a passé en revue SOIXANTE-HUIT apps de notes (en mode avance rapide) dans cette vidéo, et je peux vous dire, parce que j’ai à peu près tout testé au fil des ans, qu’il en manque, en plus. Autre outil si vous voulez filtrer les apps par fonctionnalité : ce site web tente de tout répertorier, mais il en manque aussi, et il y a certaines erreurs – cela dit, maintenir ce site à jour représente une tâche titanesque. C’est déjà une première approche.

Soupir. Wouep.

Bref. Trouver app de notes à son cerveau est une affaire profondément personnelle, mais il y a un certain nombre de fonctionnalités générales qui peuvent être considérées comme importantes, selon vos exigences. J’ai les miennes, qui ne sont pas les vôtres, mais voici, de façon complètement informelle (comme le dit le titre) ce que j’ai retiré de ma dernière quête chamanique, pour laquelle j’ai adopté une approche différente :

  • établir les fonctionnalités importantes à mes yeux
  • m’arrêter dès que l’app présentait un vrai dealbreaker (toutes les apps ne sont donc pas répertoriées dans chaque cas, mais je n’ai pas que ça à faire m’voyez)
  • mais relever quand même quand une app brillait spécialement par sa qualité sur un point. Cela ne veut pas dire, dans ce qui suit, que Bear ne respecte pas ma vie privée (la synchro se déroule via iCloud), en revanche, Obsidian chiffre les données de bout en bout, ce qui mérite une mention spéciale. Il y a aussi probablement des mentions spéciales qui manquent. C’est, comme dit plus haut, informel.

Voici donc les dealbreakers du moment – et vous constaterez, AHAHA, que rien n’est parfait en ce bas monde.

Je veux…Dealbreaker chez…Mention spéciale qualité pour…
Une app mobile semblable à la version de bureauThe ArchiveBear, Craft, Noteplan, Agenda
Respect de ma vie privéeRoam ResearchObsidian, DEVONthink
Des tableauxAmplenote, Reflect, Noteplan, Bear1Evernote
Travailler sur plusieurs notes en parallèleAgendaObsidian
Une app jolie, stable et facile d’emploi (bonne UX)Joplin, Keep It, Roam Research, DEVONthinkBear, Craft
Des liens inter notes rapides et fiablesApple Notes, Evernote2, Joplin3Obsidian
Accéder à mes notes hors ligneNotionObsidian, Bear
Consulter mes attachements hors ligne (ex : documents de voyage sans accès à Internet)Craft, Notion, Coda, UpnoteBear
Importer et gérer facilement des documents attachésObsidian4, NotebooksBear, Evernote
Exporter mes données dans un format interopérable pour les réimporter ailleursNimbus Notes, Evernote5Obsidian
Synchronisation rapideObsidian6, DEVONthinkBear, Craft7
Typographie native macOS et intégration profonde au systèmeObsidian, Evernote… (toutes les apps Electron, en fait)Bear, (Craft)
Surlignement du codeEvernoteBear, Obsidian, Craft
  1. On peut émuler des tableaux un peu mochasses dans Bear avec des tabulations, comme dans l’informatique à Papa. La version 2.0, actuellement développée avec un train de sénateur, inclura des tableaux.
  2. Evernote supporte les liens entre notes, mais il faut les intégrer manuellement (chercher la note, copier le lien, le coller dans une autre note). Trop lent.
  3. Uniquement supporté avec des plugins qui n’ont pas l’air de marcher sur mobile. Trop compliqué.
  4. Rien ne l’empêche dans Obsidian (Obsidian fait quasiment tout), mais il est dangereusement facile d’encrasser sa vault avec des attachements devenus orphelins. Obsidian est génial pour gérer ses idées, pas ses réservations de vacances.
  5. La nouvelle version de l’app permet d’exporter soit 50 notes à la fois, soit toutes les notes d’un carnet de notes. Si vous avez des liens entre notes qui ne font pas partie de l’export, ils seront perdus. En passant, je signale l’existence de YARLE pour convertir ses données rescapées d’Evernote vers des formats plus interopérables.
  6. Obsidian se synchronise raisonnablement vite, mais nécessite quand même plusieurs dizaines de secondes pour des fichiers texte (c’est relou), à comparer avec la synchro iCloud de Bear qui est quasiment instantanée, même avec l’app fermée sur iOS.
  7. En utilisant les serveurs de Craft. La synchro par iCloud est, dans les faits, juste inutilisable sur cette app.

En gros, malgré son âge, on remarque que la lenteur de développement de Bear sert toujours cette app dont le souci du détail est sans égal sur le marché. Mais ma recommandation de base pour ceux et celles qui se lancent dans cet espace reste toujours Obsidian, en raison de son ouverture, de sa puissance et de sa gratuité pour l’usage individuel (une proposition difficile à battre).

Le résumé de tout ça est finalement assez simple –

  • Si c’est vous lancer dans le mode merveilleux des notes reliées qui vous tente avant tout, ne cherchez pas plus loin qu’Obsidian. Toutes les autres apps qui ont cette fonction lui sont inférieures sur un ou plusieurs points. Donc, c’est le meilleur compromis, et vous gagnez en plus tout un écosystème foisonnant de plugins qui vous donne une pléthore de fonctionnalités que vous n’imaginiez même pas.
  • Si vous voulez avant tout une belle app parce que vous êtes dans l’écosystème Apple et que ça n’est pas pour avoir des apps laides pensées pour Windows ou Electron, Bear ou Craft me semblent les meilleurs compromis, à choisir selon un aspect non mentionné dans le tableau : la collaboration. Craft propose de partager ses notes. Pas Bear.
2022-07-11T09:36:50+02:00mercredi 13 juillet 2022|Geekeries, Technique d'écriture|10 Commentaires

Accéder à Facebook en mobilité… sans l’app Facebook (qui est le Mal)

Facebook, c’est probablement ce qui s’approche le plus d’un des cavaliers de l’Apocalypse, un autre étant Donald Trump, et… non, en fait, plus j’y réfléchis et plus a) c’est pas cool pour les cavaliers de l’Apocalypse et b) ils ne sont que quatre et y a largement trop de candidats aux postes par les temps qui courent.

Donc : parmi les comportements déloyaux et insupportables du réseau bleu, il y a celui de son application. L’application Facebook bouffe ta batterie (et tes enfants), pourrait bien écouter ton smartphone pour te “rendre service” (probablement le même raisonnement qui consiste à dire que la pub est “utile”), a longtemps joué un son inaudible en fond pour que l’app reste active (et donc collecte des données)… Facebook, c’est vraiment le mal, on a tout intérêt à revenir au bon vieux RSS pour organiser sa veille, mais bon, on n’a pas forcément le choix d’être dessus, pour diverses raisons. Prenons moi, par exemple, parce que je trouve que c’est un bon exemple, je ne suis pas du tout partial : s’il ne tenait qu’à moi, j’aurais #deletefacebook depuis au moins trois baux (pluriel d’un bail, on est d’accord) MAIS, auguste lectorat, tu t’y trouves, et je ne veux pas te laisser tout seul (ou, plus sérieusement, me couper de cet important canal d’échange où les conversations – chouettes par ailleurs ! – ont lieu).

Mais alors ? Comment s’affranchir, tel un beau timbre, de cette application démoniaque ? J’en parle, parce que c’est une astuce finalement assez mal connue, constaté-je, et donc, faisons-la connaître.

La version la plus simple : Facebook offre un site web mobile qui présente quasiment toutes les fonctionnalités de l’app… sans l’app. Il est donc entièrement possible de virer manu militari l’app de son téléphone, et d’accéder uniquement au réseau via son navigateur. (On peut, dans la foulée, virer cet étron de Messenger avec, dès lors qu’on ne veut pas avoir les notifications – et vous devriez les avoir désactivées depuis toujours, donc ça n’a pas d’importance – parce que le site mobile offre aussi accès à Messenger.) Pour un raffinement d’esthète, tous les navigateurs mobiles dignes de ce nom proposent d’ajouter un lien direct vers le site en page d’accueil : ça simule l’apparence d’une app, sauf que ! Non ! Haha ! Sous Safari, c’est dans la feuille de partage (capture d’écran par ici ou par là).

Raffinement supplémentaire : pour éviter les manipulations agaçantes et ajouter quelques fonctionnalités pratiques, il existe des apps qui se proposent d’encapsuler le site mobile de Facebook dans une app à part entière… mais qui n’est pas Facebook non plus. Sur iOS, j’utilise Friendly (lien d’affiliation) qui existe en version gratuite financée par la pub, ou sans contre un achat intégré modique (aussitôt acheté, parce que le but, c’est justement de s’affranchir de la pub). Pour info, Friendly propose aussi la même chose pour Twitter, ce qui permet de tout rassembler au même endroit. J’ai moins de griefs contre l’application mobile de Twitter, mais si jamais ça vient, je saurai quoi faire. Je suis sûr qu’il existe des tas d’autres applications similaires tout aussi bonnes, ainsi que sur Android, à vous de voir.

Un mot d’avertissement quand même : le générateur de code Facebook est associé à l’application mobile. Plus d’app, plus de générateur de code, ce qui peut compliquer votre connexion à de nouveaux appareils quand le réseau voudra bien s’assurer que vous êtes bien vous et pas un hacker qui dira à tout le monde comment il a gagné un Samsung Galaxy S-trente-douze en envoyant POUTINE au 7 20 20. En gros, il faudra demander tous ses codes de validation par SMS et non plus avec le générateur. Mais pour moi, ce petit désagrément (présent uniquement à la première connexion sur un nouvel appareil) en vaut très, très largement la chandelle.

2019-06-01T14:36:15+02:00mardi 20 novembre 2018|Best Of, Lifehacking|6 Commentaires

Be Focused Pro, un outil de choix pour la méthode Pomodoro [la boîte à outils de l’écrivain]

Je vois ça des dizaines de fois par jour en ce moment.

Mise à jour décembre 2018 – j’utilise dorénavant Focus pour mes pomodoros, mais BeFocused Pro reste un excellent outil pour la plupart des gens. Savoir pourquoi ici

J’ai donc reparlé tout récemment de mon usage intensif (et heureux) de la méthode Pomodoro, avec toutefois quelques adaptations pour la rendre compatible avec le travail de création, notamment d’écriture : ne pas interrompre le flow une fois qu’on est lancé, à tout le moins. Et que serait une méthode de productivité sans l’application qui va avec ? On trouve des minuteurs Pomodoro par dizaines dans tous les app stores du monde, j’ai jadis utilisé un temps un chronomètre réel, mais je me suis finalement arrêté sur Be Focused Pro, que j’utilise depuis plus d’un an, et je n’ai pas ressenti le besoin d’aller voir plus loin (ce qui est rare dans mon cas, souffrant d’un cas chronique d’insatisfaction logicielle).

L’application (Mac, iOS, Apple Watch) offre à mon goût le juste équilibre en puissance et utilisation : je veux un truc qui fasse le boulot de manière immédiatement accessible, présent sur toutes mes plate-formes (et le fait de pouvoir démarrer un Pomodoro depuis mon iPad ou mon Apple Watch – dont j’ai parlé ici – est indubitablement un plus quand je veux écrire dans un train ou un avion), mais que je puisse adapter à mon goût. Les données et projets sont évidemment synchronisées entre appareils via le nuage (inscription nécessaire).

Sur le Mac, Be Focused Pro réside dans la barre de menus comme beaucoup d’applications similaires, mais se trouve aisément accessible tout en rendant l’édition des données enregistrées difficile mais pas impossible, ce qui réduit la tentation de tricher si tel est votre problème. Les durées de travail et de pause sont entièrement personnalisables, comme les sons de début et d’arrêt, et propose pour moi une fonctionnalité indispensable : si je me laisse entraîner par l’écriture, un simple réglage me permet de lui ordonner d’attendre la pause pour que je la lance de moi-même au moment où je le désire – c’est une option à décocher ci-dessous :

Et l’application permet évidemment de compiler rapports et de suivre son activité (même si, pour des raisons expliquées précédemment, les Pomodoros ne devraient pas représenter une mesure réelle de la productivité, mais si vous aimez les zolis graphiques, Be Focused Pro peut fournir) :

J’ai un tout petit peu cravaché sur Le Verrou du Fleuve en fin d’année dernière.

Bref, c’est un chronomètre, hein, mais un chronomètre bien foutu, non-intrusif et personnalisable. Et il est rouge. Et ça, si ça vous convainc pas, hein. Plus sérieusement, aussi idiot et simple que ça puisse paraître, trouver un bon outil de ce genre qui ne soit pas pourri de pubs, qui fasse exactement ce qu’on lui demande et qui sache se faire oublier n’est pas si simple que ça. Bref, je recommande.

De manière générale, si l’envie d’acheter cet outil (ou l’un des autres présentés sur ce site) vous vient, n’oubliez pas de passer par les liens proposés ici – vous contribuez à financer le temps passé à rédiger ces articles gratuitement. Merci ! 

Me faites pas de mal, s’il vous plaît. (Photo Evaldas Daugintis)

2018-12-03T22:34:14+01:00jeudi 5 juillet 2018|Best Of, Technique d'écriture|Commentaires fermés sur Be Focused Pro, un outil de choix pour la méthode Pomodoro [la boîte à outils de l’écrivain]

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