Marre de payer des abonnements et des mises à jour ? Il y a Setapp.

Autrefois, on disait : there’s an app for that, et le problème de notre époque, c’est que ça entraîne : … and it comes with a subscription. Il faut bien que les développeurs gagnent leur vie, on est bien d’accord, mais des abonnements dans tous les coins pour des apps qu’on n’utilise pas forcément à longueur d’année, ça pèse. Acheter des applications pour une activité de loisir intermittente, aussi. (J’aime faire du code à mes rares moments perdus, mais ça ne justifie pas de payer une licence annuelle pour un client git comme Tower, par exemple.)

Setapp est un idéal moyen terme, et après des soucis de modèle économique qui m’ont fait claquer la porte il y a deux ans, je suis redevenu un client ravi une fois leur maison remise en ordre. Le principe est très simple : c’est un Netflix pour applications. Un seul abonnement, l’accès illimité à 240 programmes dans des domaines extrêmement variés, allant de l’utilitaire dont on ne peut pas se passer (Bartender, BetterTouchTool, Dropzone, Default Folder X, AirBuddy, Yoink…) au gros logiciel de production (Ulysses, Spark, Craft). Toutes les apps sont d’excellente tenue ; pas forcément les meilleures du domaine (je continue à préférer Scrivener à Ulysses pour les sagas, par exemple) mais toutes de qualité, et surtout, couvrant tous les cas d’usage.

Je vous cause de Setapp aujourd’hui parce que j’ai découvert plusieurs excellents services par leur intermédiaire, ou que je voudrais vous causer d’excellentes apps qui se trouvent être disponibles chez eux, et que ça semble les bœufs à mettre avant ma charrette : vous dire où les trouver de façon avantageuse. Même en comptant toutes les licences que j’avais achetées séparément, Setapp est drôlement rentable. Une personne normalement constituée paiera 135 $ US par an, couvrant 1 Mac et 4 (!) appareils iOS. En comparaison, voici le calcul que j’avais conduit en prenant les services ou apps que j’utilise couramment au grand minimum :

App / ServiceCoût ou remplacement à l’année
ProtonVPN60€, remplacé par ClearVPN
Ulysses (pour blogging)40€, inclus
Mindnode (mindmapping)20€, inclus
Aeon Timeline (chroniqué ici)30€, inclus
Due (rappels)10€, inclus
Coût total160€

… on dépasse pas mal le coût de l’abonnement à Setapp normal, et on arrive même au coût de leur formule “Power User” qui couvre 4 (!) Macs (c’est-à-dire deux dans mon cas). Et ça n’est que cinq services…

Mais ça veut dire aussi que ça ouvre l’accès à une ribambelle d’autres applications, qui deviennent par essence gratuites :

  • Je collabore avec L. sur Craft pour notre vie commune ;
  • Gitfox est un client git largement suffisant pour mes besoins ;
  • Coderunner est un éditeur de code suffisant aussi ;
  • L’autre jour, j’avais ponctuellement besoin d’ouvrir une base de données SQLite, je n’ai eu que l’embarras du choix dans Setapp pour trouver un éditeur ;
  • J’ai découvert GetSound, mon nouveau fond sonore de travail favori ;
  • Et ainsi de suite.

C’est donc encore un abonnement, oui, je sais, sauf que c’est quasiment le dernier que vous prendrez (et que ça vous évite d’acheter quoi que ce soit d’autre). C’est comme un abonnement à un service de streaming musical… ça suffit dans 95-100% des cas. À moins d’être très spécifiquement exigeant sur ses outils, on peut sans aucun problème s’abonner à Setapp et ne plus rien utiliser d’autre (il y a deux logiciels de mails, une demi-douzaine d’apps pour travailler le texte, deux ou trois apps de time tracking, d’autres de notes reliées comme Craft ou NotePlan, et j’en passe, plusieurs solutions sont fréquemment proposées par domaine). Mais en plus, Setapp propose pour ainsi dire tous les utilitaires merveilleux qui rendent la vie magique sur Mac (à l’exception notable de Hazel et Alfred, même si des alternatives sont proposées), mais dont le coût peut devenir lourd en mises à jour. Et ça n’est pas de l’app à deux balles, c’est du vrai bel outil dans la quasi-totalité des cas.

Comme dit plus haut, si vous avez une poignée d’apps et de services favoris, vous continuerez à les utiliser (dans mon cas, Scrivener, Alfred, OmniFocus, Focus, Bunch, Keyboard Maestro et Hazel). Mais Setapp en inclut une impressionnante majorité et, dans bien des cas, propose des alternatives tout à fait compétitives.

Setapp est l’équivalent d’une boutique de bonbons pour geeks sous Mac et iOS. Vous en parler me donne en fait la possibilité de reprendre un peu la boîte à outils de l’écrivain, parce que j’y ai (re)découvert des tas de choses pour faciliter la vie créative, et c’est donc l’endroit privilégié pour les obtenir.

À venir, donc.

➡️ Découvrir Setapp gratuitement pendant sept jours

De manière générale, si l’envie d’acheter cet outil (ou l’un des autres présentés sur ce site) vous vient, n’oubliez pas de passer par les liens proposés ici – vous contribuez à financer le temps passé à rédiger ces articles gratuitement. Merci ! 

2024-03-04T00:42:32+01:00lundi 26 février 2024|Lifehacking|2 Commentaires

Triple vacciné

Sachant que nous résidons dans un pays où nous avons la chance d’avoir des doses, et gratuites en plus ; que se vacciner soi-même protège des formes graves et réduit les chances de contamination autour de soi ; que les effets secondaires sont absolument minimes, il n’y a strictement aucune, mais aucune raison de ne pas aller se faire vacciner – ou plus exactement, les raisons données contre la campagne en Europe n’ont souvent strictement rien à voir avec la pandémie, voire avec la réalité.

Mon rappel est donc fait pour ma part avec enthousiasme ; et il n’y a rien d’étrange à ce que des rappels rapprochés soient nécessaires – c’est très fréquent pour les vaccinations infantiles et personne ne le relève. On entend aussi parfois dire que le vaccin contre le Covid ne sert à rien parce qu’il n’empêche pas la transmission du virus ; on rappellera à toutes fins utiles que le vaccin contre la poliomyélite ne l’empêche pas non plus, mais qu’il a pourtant constitué une arme majeure dans l’éradication de la maladie.

Donc, faut arrêter un petit peu les conneries.

J’entends parfois les antivax dire “ha ! nous verrons où vous en serez dans cinq ans avec vos trucs à ARN alors que nous, nous conservons la pureté de nos organismes !” Eh bien, donnons-nous rendez-vous dans cinq ans, oui, avec plaisir. J’ai hâte d’entendre ce que seront devenus ces arguments quand le temps aura démontré leur ineptie.

Enfin. C’est-à-dire que moi, je sais que je serai toujours là pour en parler, hein.

Vaccinez-vous, bordel.

2021-12-11T17:11:28+01:00mardi 14 décembre 2021|Humeurs aqueuses|Commentaires fermés sur Triple vacciné

Signal montre au public d’Instagram tout ce que Facebook sait sur eux

C’est magique.

La messagerie Signal, qui promeut une totale confidentialité (recommandée notamment par Edward Snowden) par opposition à la mainmise que Facebook a faite sur WhatsApp, s’est livrée à une expérience fortement rigolote : utiliser les données que collecte Instagram pour montrer aux utilisateurs tout ce que le réseau sait sur elles et eux. Ça donne des pubs absolument glaçantes comme celles ci-dessus.

Sans surprise, Facebook les a désactivées fissa, parce que vous comprenez, tout est bien quand ils collectent vos données en douce, et que les publicitaires peuvent s’en servir l’air de rien, mais il serait quand même inélégant que les gens puissent être au courant de l’étendue de la manipulation. Voir cet article de MacRumors.

Modération nécessaire : la prouesse technique réalisée par Signal est peu documentée et il serait bon d’en savoir davantage sur l’aspect technique, comme le pointe John Gruber, mais il reste que si Facebook les a bannies sans perdre de temps, c’est que ça pue. Comme tout ce qui a trait à Facebook.

Pour mémoire, WhatsApp va également exiger que vous partagiez vos données avec Facebook, et vous perdrez progressivement l’accès à vos données si vous refusez les nouveaux termes. Les remplacements ne manquent pas : Signal évidemment, mais aussi Telegram. Personnellement, je suis ravi que Facebook me force la main à quitter définitivement tout ce qui a trait de près ou de loin à sa toxicité.

2021-05-12T10:49:50+02:00mercredi 19 mai 2021|Humeurs aqueuses|Commentaires fermés sur Signal montre au public d’Instagram tout ce que Facebook sait sur eux

Retrouvons-nous aux Utopiales ce week-end [EDIT : annulé]

EDIT : Malheureusement… 

Je salue à chaque fois les organisations d’événements, petits et grands, qui se tiennent par le temps qui courent (ainsi que celles d’événements annulés au dernier moment contre leurs précautions et leur volonté – c’est un véritable crève-cœur) : il doit falloir donner véritablement des garanties signées de son propre sang et engager une responsabilité monstrueuse.

Bravo et merci, donc, à toutes les équipes des Utopiales qui se tiendront ce week-end à Nantes. Une édition forcément un peu particulière, placée sous le signe d’une jauge et d’une programmation réduites, mais totalement gratuite. Merci au festival et à la ville de Nantes de proposer cette initiative dans ce cadre pour soutenir la chaîne du livre. Bien entendu, le cadre sanitaire est renforcé et les modalités sont adaptées à la situation : voir toutes les informations pratiques (attention, toutes les réservations doivent être faites à l’avance, il n’y a pas de billetterie sur place).

Affiche Alex Alice

J’aurai pour ma part le plaisir d’y être présent sur toute la durée publique, de jeudi à dimanche (29 octobre – 1e novembre). Bien sûr, la réédition de La Messagère du Ciel en poche sera là, et j’ai l’honneur d’apparaître dans l’anthologie de l’année (pour mémoire, vous avez jusqu’à mercredi pour commander vos livres dédicacés chez ActuSF, dont l’anthologie).

La programmation est disponible en ligne et PDF. J’interviendrai sur les débats suivants (les numéros servent à les référencer pour les inscriptions à l’avance) :

  • Jeudi 29 octobre, 10h, Salle Hypérion : Grammaire inclusive : de quoi la langue est-elle le signe ? (n° 002)
  • Jeudi 29 octobre, 14h30, Salle CIC Ouest : Cartographies (n° 021)
  • Vendredi 30 octobre, 10h, Salle Hypérion : L’indice du complot (n° 048)
  • Dimanche 1e novembre, 12h, Salle Hypérion : No way to go (les mondes perdus) (n° 149)
  • Dimanche 1e novembre, 15h30, Lieu Unique Atelier 1 : Paléographie graphologie (n° 163)

Pour ce qui est des dédicaces, trois créneaux prévus dans l’espace librairie :

  • Jeudi 29 octobre, 11h15-12h15
  • Vendredi 30 octobre, 11h15-12h15
  • Dimanche 1e novembre, 13h15-14h15

À ce week-end, donc, avec gestes barrières et masques, mais sourires dessous et livres à la main.

2020-10-28T21:10:48+01:00lundi 26 octobre 2020|À ne pas manquer|Commentaires fermés sur Retrouvons-nous aux Utopiales ce week-end [EDIT : annulé]

Créer du lien : Geha speaks, TANSTAAFL, Martin speaks too, le cheval vaincra, et de la grandiloquence

SAMSUNGPremier inventaire à la Prévert de l’année, youpi. On va parler un peu plus écriture et édition que d’habitude, parce qu’il s’est passé des trucs.

Tout d’abord, un article à lire chez mon camarade Thomas Geha, qui revient sur son expérience de piratage par la Team Alexandriz et les dons qui ont suivi. Son histoire a été un peu déformée dans les médias çà et là, et il précise de manière salutaire un certain nombre de choses. Ne croyez pas les médias démagos, allez direct à la source : Thomas vous parle.

Information sur Internet encore, autour de la polémique concernant les conditions d’utilisation d’Instagram, cet article vous explique pourquoi vous préférez payer pour un service que l’avoir gratuitement. There Ain’t No Such Things As A Free Lunch, comme le rappelait Heinlein. Et cet article-là vous explique en quoi la prétendue liberté d’expression sur le Net est potentiellement biaisée par le conservatisme de la Silicon Valley. Et c’est pas cool de se faire biaiser.

Quand G.R.R. Martin dit des choses sur l’écriture, on se tait et on écoute : io9 a compilé une liste de citations intéressantes sur son processus de travail.

Maintenant, si vous en voulez davantage, il faudra chercher, et Google années 60 vous aidera. Pas content de ce saut dans le passé ? Ne vous plaignez pas. Si vous voyiez la gueule de Ralph Lauren en 2020… En même temps, rien n’est plus cool qu’un orque, mais tu le savais déjà, auguste lectorat.

Un peu de beauté pour terminer – Mustis, ancien claviériste de Dimmu Borgir, joue une magistrale version acoustique de Progenies of the Great Apocalypse.

2013-01-15T09:23:06+01:00mardi 15 janvier 2013|Juste parce que c'est cool|8 Commentaires

« Gris Sourire », nouvelle gratuite en version complète

(c) Sea Watch Foundation / Lionel Davoust

Hop, « Gris Sourire », mon conte de Noël publié gratuitement en ligne sur le site de la ville de Reims, est à présent disponible en version complète avec la publication de la quatrième et dernière partie aujourd’hui. Les liens directs vers les quatre épisodes sont :

C’est une histoire relevant, je pense, du réalisme magique, et qui s’est clairement nourrie de mon expérience de volontariat cet été à New Quay (pour les épisodes précédents, voir par exemple ici, ou encore ).

N’oubliez pas que d’autres auteurs proposent également leurs propres contes en accès gratuit, eux aussi : ils deviendront peu à peu accessibles sur cette page. Au programme (j’espère n’oublier personne) : Sophie Dabat, Jeanne-A Debats, Anne Fakhouri, Mélanie Fazi et Thomas Geha.

2011-12-13T17:59:11+01:00mardi 13 décembre 2011|Actu|9 Commentaires

L’invisible est invendable, dans le livre aussi

Le lapin de CanardPC, par Didier Couly

Article fort intéressant de Canard PC ce mois-ci sur la distribution dématérialisée des jeux vidéos indépendants ; comme souvent, le bihebdomadaire cache sous une grosse couche de déconne une vision pointue des marchés. Dans un article intitulé « L’invisible est invendable », portant sur la difficulté pour un petit développeur non affilié à un gros studio d’émerger de la masse écrasante des applications disponibles sur les boutiques en ligne, Ivan Le Fou déclare notamment :

Ainsi s’est mis en place un système qui, finalement, tendra à reproduire les inconvénients de la distribution physique : ceux qui ont le plus de moyens, ou les licences les plus connues, occuperont toutes les places visibles et seront quasiment en position de fermer la porte au nez des autres.

Le monde du livre et notamment les enthousiastes du numérique feraient bien, à mon sens, de lorgner un peu ce qui se passe dans les autres médias et en particulier dans le jeu vidéo, car il a ceci de commun qu’avec la littérature que, contrairement à la musique qui se découvre en une poignée de minutes, c’est un produit culturel qui nécessite un investissement temporel généralement supérieur pour être apprécié ou « saisi ». Or, le milieu du jeu vidéo est en train de découvrir qu’il ne suffit pas, pour construire un succès, de faire un bon jeu (même si c’est la base), ni de le vendre à prix cassé sur une plate-forme indépendante comme Steam, l’AppStore ou l’Android Market dans l’espoir que cette poignée d’euros dérisoire saura satisfaire l’acheteur potentiel.

Il faut, tout simplement, qu’il soit vu.

C’est-à-dire que le client en connaisse au moins l’existence, ce qui se fait classiquement par la communication et la distribution (dans le cas de l’inédit – je ne parle pas ici des rééditions, des introuvables ou même de livres ayant vécu leur vie en librairie). Mais ce n’est pas gratuit. Conséquence logique : c’est réservé à ceux qui auront les moyens… et dont, en un sens, c’est le métier.

On clame beaucoup, aujourd’hui, que le livre est trop cher. Qu’il devrait coûter au plus quelques euros. Mais quelle marge dégage-t-on exactement sur un livre électronique à trois euros ? Théoriquement, si l’auteur touche la moitié, voire la totalité de cette somme, il gagne à peu près aussi bien sa vie par exemplaire que sur un grand format en librairie. Tout devrait être bien. Sauf que, sur un grand format en librairie, il y a une quantité d’autres acteurs de la chaîne à être rémunérés, et dont le métier consiste à vendre le livre : éditeur, distributeur, libraire. Je ne dis pas que l’état actuel du métier est idéal, bien au contraire, les abus liés à la contraction du marché sont légion. Mais si l’on retire l’intégralité (ou peu s’en faut) de ces acteurs, qui va vendre le livre ?

C’est-à-dire, qui va le porter à la connaissance d’un public susceptible d’être intéressé ?

L’auteur, dont ce n’est pas le métier ? L’éditeur électronique ? Pourquoi pas.

Mais avec quels moyens ?

Il y a à peu près un an, je clamais bien fort que la libération de la distribution faisait le lit des publicitaires (ce qui m’a valu quelques pelletées d’insultes sur les réseaux). Le marché commence malheureusement à me donner raison. Ce qui m’inquiète en littérature, et ce qui inquiète les fabricants de jeu vidéo, c’est la politique tarifaire que nous sommes en train de mettre en place. Nintendo blâme les smartphones qui éduquent les joueurs à acheter leurs jeux quelques euros, lesquels rechignent donc à payer un jeu triple A1 40, 50, 60 euros.

Vendre un livre électronique au-dessus du prix du poche, bardé de DRM qui plus est, me semble une hérésie. Je pense que, psychologiquement, le livre électronique occupe la même niche économique que le poche : une lecture peu coûteuse, et l’on attribue peu de valeur affective à l’objet. C’est un modèle économique bien connu.

Mais trop baisser les prix (à deux, trois euros) et, surtout, l’institutionaliser, n’est pas la solution à mon avis. Le temps des gens n’est pas extensible. Le public est déjà soumis à des rafales de sollicitations permanentes et le livre rivalise avec une foule d’autres activités culturelles, jeu vidéo, télévision, etc. Même si nous rendons la lecture plus sexy pour un nouveau public, je ne crois pas que la littérature reprendra miraculeusement l’ascendant sur ces autres activités – si elle pouvait maintenir sa place, ce serait déjà bien.

Une offre pléthorique dématérialisée recrée finalement la même situation que sur l’étal des libraires : rien n’est visible, rien ne surnage, et donc les ventes sont atomisées. Dans ces conditions, la seule solution pour s’en sortir consiste à réussir un best-seller, pour l’éditeur comme pour l’auteur, car c’est seulement là qu’il pourra récupérer sa mise. Cela ne fera qu’intensifier une dérive des industries culturelles déjà bien ancrée depuis deux ou trois décennies : la réduction des prises de risques, de la découverte de nouveaux auteurs et leur promotion. Parce qu’à moins d’un coup de chance très rare – qui ne peut donc constituer un modèle économique – il faut investir pour qu’un livre puisse simplement atteindre le public qu’il est susceptible d’intéresser. Donc, il faut un retour encore plus colossal que la marge est faible. Soyons sérieux, il ne suffit pas de construire une page Facebook et d’inviter les gens à la Liker. Beaucoup ont fait la découverte amère qu’à part quelques dizaines, voire centaines de fans authentiques, tout le monde s’en fout. C’est beaucoup, beaucoup plus complexe et surtout demandeur en temps et en argent que cela.

Pour toutes ces raisons, je ne suis même pas loin de penser que vouloir à tout prix vendre le livre quelques euros, clamer que le modèle économique est viable, nuit au livre lui-même, à la santé de l’industrie culturelle. (Je vais tellement en prendre plein les gencives avec cette phrase, mais tant pis. Je reprécise que je ne parle que de l’inédit.) Entre le prix trop élevé du livre électronique pratiqué par nombre de grands éditeurs parisiens et la quasi-gratuité protestataire, il y a un juste milieu sur lequel il faudrait travailler (et que Bragelonne n’atteint pas trop mal, j’ai l’impression).

Sinon, personne ne surnagera. Et moins de moyens, cela signfie tout simplement, à terme, des livres de moins bonne qualité (ou alors, seuls les rentiers auront le loisir de travailler correctement leurs manuscrits. Est-ce vraiment cela qu’on veut ?)

Enfin, personne ne surnagera… Si. Dans ces conditions, les seuls à s’en sortir, encore une fois, sont Apple, l’Android Market, Amazon. Ces gens-là ne sont pas nos amis, contrairement à tous leurs discours humanistes de mise à disposition de la culture, si beaux qu’on leur remettrait le prix Nobel de la paix sans confession. Eux s’en foutent que vous vendiez 10 ou 100 000 exemplaires : ce qui les intéresse, c’est la masse totale des ventes. Car ils touchent toujours le même pourcentage dessus. Ils vous donnent les outils pour vous publier, d’accord, mais après… welcome to the jungle.

  1. Les grosses productions commerciales type Mario ou Call of Duty.
2014-08-30T18:32:55+02:00mercredi 2 novembre 2011|Best Of, Le monde du livre|20 Commentaires

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