En ligne : battle de l’Ouest Hurlant Tolkien Vs. Game of Thrones

Qu’il est bon d’être méchant ! Graou. Au printemps dernier, l’organisation du festival l’Ouest Hurlant avait inauguré un format de battles, et dans celle-ci, j’ai eu la maléfique et réjouissante tâche de porter haut les couleurs de Game of Thrones contre les elfes lisses et les montagnes carrées de Tolkien (quoi ?) représentés par mon amie et néanmoins ennemie (ou l’inverse) Morgan of Glencoe. Bravo à Bolchegeek d’avoir maintenu un peu de bonne foi là-dedans, et à Betty Piccioli d’avoir modéré ce débat houleux mais où l’on s’est bien marré, le public aussi je crois, et maintenant vous j’espère.

Écoutable directement sur le podcast de l’Ouest Hurlant (où les tables rondes de cette année vont commencer à être diffusées) ou bien ci-dessous, si vous êtes du genre à écouter encore de l’audio dans un navigateur de bureau en 2023. Pardon, ma mauvaise foi a dérapé.

2023-11-28T06:22:26+01:00mardi 28 novembre 2023|Entretiens|2 Commentaires

Professionnalisme, peur et sabotage (citation)

Une petite citation retrouvée de Steven Pressfield dans Turning Pro (chroniqué ici) que j’aime spécialement par le miroir qu’elle renvoie à celui ou celle qui la lit, et ce que cela peut représenter dans la vie créatrice de chacun. Soit un reflet extrêmement personnel de nos propres démons et difficultés, purement insondables pour autrui, voire pour nous-mêmes.

Turning pro changes how people perceive us. Those who are still fleeing from their own fears will now try to sabotage us. 

Steven Pressfield, Turning Pro

Soit “Passer pro change la perception que les autres ont de nous. Ceux qui sont toujours en train de fuir leurs propres peurs s’efforcent à présent de nous saboter.”

De qui, et/ou de quels concepts parle-t-on ici dans le cas de chacun·e ? La réponse est beaucoup plus intéressante que le mécanisme.

2022-02-13T11:24:15+01:00jeudi 17 février 2022|Technique d'écriture|Commentaires fermés sur Professionnalisme, peur et sabotage (citation)

Comment écrire une histoire grâce au conflit ? [Atelier d’écriture en décembre]

Heads up! En décembre, j’aurai le plaisir de proposer à nouveau un de mes ateliers favoris sur la notion de conflit en narration, qui représente pour moi l’épine dorsale de tout récit (un récit, en son cœur, repose sur une volonté et un parcours, fussent-ils métaphoriques, ce qui sous-entend l’idée de résistance, donc de conflit).

Bien des écoles de création littéraire américaine résument la notion d’histoire à celle de conflit. Où est l’adversaire ? Qui les personnages doivent-ils vaincre ? Mais cette notion est souvent mal comprise, résumée à une opposition binaire entre deux camps et à une confrontation souvent fondée sur la violence. Or, dans le contexte de la création narrative, elle est bien plus vaste : elle représente l’énergie fondamentale de tout récit, tandis qu’elle exprime, de façon globale, la notion de difficulté et de tension, qui sous-tend toute intrigue romanesque. 
À la fois question préparatoire féconde et boussole pour s’extirper d’une impasse littéraire, la notion de conflit en narration forme un socle dont la compréhension profonde aide l’auteur à rendre ses récits plus efficaces, plus prenants, tout en simplifiant son travail en lui fournissant les questions cruciales qui l’aideront à progresser dans son histoire. Et, loin d’un affrontement binaire de film à grand spectacle hollywoodien, elle lui permettra au contraire, s’il le désire, de complexifier ses intrigues et ses personnages sans jamais sacrifier le suspense et l’intérêt du lecteur. 

Cela se déroulera comme toujours à l’école parisienne Les Mots, dans le Ve arrondissement, les samedi 14 et dimanche 15 décembre. Un week-end très studieux en perspective, mais c’est le but, hein ?

Pour les horaires précis et modalités d’inscription, rendez-vous sur cette page. Attention, l’atelier est limité à 12 places.

2019-11-07T23:33:37+01:00mercredi 25 septembre 2019|À ne pas manquer, Technique d'écriture|4 Commentaires

Pourquoi sommes-nous contre ReLIRE ?

On sait super bien compter, à la BNF.
Y a comme un souci

En voyant diverses réactions pas forcément bien informées ici et là, il me paraît important de rappeler, de façon très résumée, pourquoi les auteurs du SELF et du Droit du Serf (entre autres) s’opposent au registre ReLIRE.

Tout d’abord, qu’est-ce que ReLIRE ? Ce registre vise à numériser des œuvres littéraires publiées au XXe siècle et devenues indisponibles faute d’édition, puis à les diffuser de manière marchande.

Pourquoi y sommes-nous opposés ? 

Plusieurs raisons, mais la première et la plus simple : parce qu’on ne nous demande pas notre avis. L’État décide des œuvres qu’il veut ainsi diffuser, et c’est à l’auteur de signaler son refus, moyennant

  • La surveillance d’une base de données sur son propre temps (il n’est pas prévenu des intentions publiques) ;
  • Une procédure longue et infamante (il lui faut prouver qu’il est l’auteur de ses propres livres !)

C’est une expropriation pure et simple. Nous disposons des droits sur le fruit de notre travail, c’est à nous qu’on doit demander l’autorisation, pas l’inverse ; or l’État entend en disposer comme il le souhaite, dans le plus pur mépris de la personne. Dans le même genre, le registre Google Books, vivement combattu par l’édition française il y a quelques années, semblait plus civilisé… Mais à l’époque, ces lobbies qui aujourd’hui imposent ReLIRE brandissaient le droit d’auteur comme rempart, pour inverser totalement le discours à présent qu’ils ont la certitude que l’argent tombera dans leur poche et pas celle de Google.

Deuxième raison : l’éditeur d’origine est rémunéré par les ventes à parts égales avec l’auteur, ce qui est un comble, puisque si l’oeuvre est indisponible, c’est justement que l’éditeur d’origine a laissé l’oeuvre s’épuiser – donc qu’il a abandonné toute exploitation commerciale. Ce qui est parfaitement compréhensible – mais dans ce cas, pourquoi est-il à nouveau rémunéré ? Il a choisi d’abdiquer son travail d’exploitation. D’autre part, l’auteur n’a pas son mot à dire sur le prix d’exploitation de sa propre oeuvre par l’État !

Troisième raison : la loi méconnaît (et piétine) la nature de la culture et de l’art, contrevenant de manière flagrante à la convention internationale de Berne, dont la France est pourtant signataire. Une oeuvre de l’esprit est par nature immatérielle ; elle ne peut pas être inféodée à une fixation sur un support matériel (cela signifie, en substance, qu’on ne fait pas de différence entre le fait que j’imprime un livre sur du papier, produis un fichier, ou fais une lecture publique : c’est la même oeuvre, ce qui relève du bon sens). Or, ReLIRE se focalise sur la première édition papier (et se trompe tout le temps sur le périmètre, voir l’image en illustration), ce qui est totalement opposé à un principe que la France a signé depuis… 1886 (date de la convention de Berne). Cela a pour conséquence fâcheuse de nuire très sévèrement à une reprise commerciale par un éditeur équitable, ou même à la diffusion libre par l’auteur lui-même. C’est un véritable hold-up public, qui ne va pas dans votre intérêt, les lecteurs.

Quatrième raison, qui vous concerne encore plus directement, amis lecteurs : les exigences de correction des fichiers numérisés sont ridicules (on va se retrouver avec des bouquins truffés de coquilles) et il est plus que probable qu’ils seront verrouillés par DRM (pour une initiative publique, c’est gonflé).

Je passe sur les détails, comme les limites chronologiques non respectées, le financement ubuesque, la concurrence déloyale, le caviardage des pages Wikipédia dédiées au projet… Il s’agit seulement d’un rapide résumé pour ceux qui découvrent le dossier. Pour en savoir plus : voir les sites du SELF et du Droit du Serf.

(J’aurais bien fait une BD, mais c’est à peine si je sais dessiner un bonhomme bâton.)

2020-01-20T01:15:50+01:00jeudi 6 mars 2014|Le monde du livre|7 Commentaires

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