Sky is the limit – nouvelles institutions et droits des créatures sentientes [table ronde aux Utopiales 2022]

J’ai été très heureux et honoré de partager cette table ronde avec Ada Palmer et Joseph Callioni ; c’était l’occasion de développer quelques idées qui me sont chères. Merci à Ugo Bellagamba pour la modération ; le débat est en ligne intégralement ci-dessous ou sur YouTube.

2022-12-12T07:51:59+01:00mardi 13 décembre 2022|Entretiens|Commentaires fermés sur Sky is the limit – nouvelles institutions et droits des créatures sentientes [table ronde aux Utopiales 2022]

Edgar Allan Poe et la philosophie de l’ameublement

Je suis au taquet sur les titres qui tabassent en ce moment, moi. Et non, ce n’est pas le titre d’un Enid Blyton perdu, mais le sujet d’une curiosité littéraire peu connue qui m’a toujours réjoui, bien loin du tekeli-li ou des corbeaux : Poe écrivait évidemment la fiction qu’on connaît, mais aussi des essais où il était, heu, parfois un peu péremptoire, dirons-nous chastement (il a notamment un foutu essai interminable et complètement barré où il prétend pouvoir percer les mystères cosmologiques de l’univers grâce à la puissance de sa raison, bref).

Ça, par contre, c’est puissamment rigolo et… bizarre : il a rédigé, entre autres trucs, un court essai intitulé The Philosophy of Furniture (disponible en ligne) d’un péremptoire total dont je n’arrive toujours pas à déterminer si c’est un énorme troll ou s’il est 200% sérieux. Les sites de référence disent que le ton est volontairement humoristique, mais quand on lit son making-of très orgueilleux du “Corbeau », j’ai quand même un gros doute.

Morceaux choisis qui ne cessent de me faire glousser nerveusement (traduction maison pour le lol) :

“Les Hollandais n’ont qu’une vague idée de la différence entre un rideau et un chou. En Espagne, ils font tout en rideaux – c’est une nation de pendus.”

The Philosophy of Furniture

Ou encore

“Le tapis est l’âme de l’appartement. C’est de lui qu’on déduit non seulement les teintes, mais aussi les formes de tous les objets afférents. Un juge de droit commun peut se permettre d’être un homme ordinaire ; un bon juge de tapis n’a pas le choix d’être un génie.”

The Philosophy of Furniture

Bref, si vous avez cinq minutes et lisez bien l’anglais, ça vaut le détour crispant et halluciné, et puis c’est toujours marrant de complexifier sa vision d’un géant littéraire. Et puis ça fait une super anecdote en cocktail. (Si vous allez en cocktail. Moi pas, j’ai un blog à la place.) À lire ici.

Oui bon écoutez c’est un article sur l’ameublement, je fais ce que je peux
2022-07-25T07:28:35+02:00mercredi 27 juillet 2022|Expériences en temps réel|Commentaires fermés sur Edgar Allan Poe et la philosophie de l’ameublement

Savoir ce pour quoi l’on est fait (comme écrire)

L’atelier à distance sur la création de monde imaginaire s’est récemment conclu, avec beaucoup de travail et de réflexions pour tout le monde, moi y compris (merci à tous les participants pour leur fidélité et leur dur labeur). Un certain nombre de questions ont été soulevées bien au-delà de la thématique, et parmi celles-là, l’une d’elles m’a semblé particulièrement importante et universelle, sur la vocation et le bien-fondé d’écrire, au point de mériter un développement à part entière (la “résistance” évoquée est en référence à La Guerre de l’Art, chroniqué ici, soit : cette force qui bizarrement nous détourne de toutes les tâches créatrices que nous sommes censés vouloir faire).

Quand on écrit que la résistance est souvent présente quand on veut se réaliser en tant qu’artiste, qu’en est-il de ce principe qui dit qu’on devrait faire ce pour quoi on est doué, ce qu’on fait facilement sans trop d’effort, en gros savoir où est notre talent ? (Un des 4 piliers de l’Ikigai). La résistance masque-t-elle le talent ? La résistance est-elle la preuve que l’activité ne doit pas être poursuivie selon ce principe ? Comment sais-tu que tu es fait pour écrire ?

Photo by Florian Klauer on Unsplash

De manière très frontale, je ne crois ni

  • Au talent
  • Ni à la vocation.

C’est-à-dire que je ne crois pas à des forces externes, “imposées” d’en-haut par une forme de prédestination, qui dicteraient ce qu’il est recommandé, ou, disons, possible de faire avec plus ou moins de facilité1. Je n’y crois pas de la manière suivante : je ne crois pas que ces forces, si elles existent, soient accessibles et donc opérantes pour former un parcours qui a du sens. Donc, autant les remiser avec le mystique – c’est comme l’idée de dieu : si il ou elle existe, okay, mais mon sentiment et ma quête vis-à-vis de ce concept, pour le bien que je peux en retirer, ne m’aidera pas à changer ma roue crevée ni à écrire mon livre (à part, précisément, par le bien que ça me fait d’y penser).

Le sens, le talent, la vocation, à la place, se recherchent (et, pour part, se décident).

Sur la question du talent. Les facilités existent peut-être cependant, mais elles ne servent à rien tant que l’on ne cherche pas à les mettre en application ; elles ne sont par ailleurs rien, à mon humble avis, devant le travail (Mozart a quand même dû apprendre le solfège). Or, comme le travail est la seule variable d’ajustement à notre disposition (voir l’épisode s03e20 de Procrastination, “Talent Vs. Travail”), que le talent existe peut-être, ou pas, mais qu’on ne l’influe pas, alors il vient que la question, pour moi, ne sert pas la pratique créatrice, et qu’il sera toujours plus pertinent de consacrer un éventuel temps perdu à s’interroger sur l’existence ou pas d’un talent à travailler dur, c’est-à-dire non pas se demander ce pour quoi l’on serait fait, mais à travailler ce que l’on veut faire.

Par rapport à ces facilités (ce “talent” ?), faisons également une distinction entre l’activité et l’ambition. À quarante balais, avec une protrusion discale et des épaules qui rouillent, c’est probablement foutu pour me lancer dans une carrière internationale d’haltérophilie, en revanche rien ne m’empêche, si je le souhaite, de pratiquer dans mon garage, dès lors que je suis réaliste vis-à-vis de mes ambitions. Heureusement, l’activité intellectuelle offre beaucoup moins de limitations (presque aucune, suis-je tenté de dire). Mais attention : tout le monde peut-il écrire ? Oui, bien sûr, et y trouver du plaisir et du sens, tout à fait. Tout le monde peut-il écrire quelque chose susceptible d’intéresser des lecteurs qui paieront pour – en gros, en faire une activité professionnelle ? Je n’en sais rien, mais je sais une chose : pour y parvenir, il faudra un certain investissement de travail (que, pour ma part, j’ai toujours pensé accessible à toutes et à tous). Bref, tout le monde peut dessiner des bonshommes bâton, mais on s’accordera pour dire que ça ne fera pas forcément le concept art du prochain Disney sans un boulot conséquent pour relier le départ à l’arrivée.

Sur l’idée de vocation. Beaucoup de travaux récents tendent à montrer que l’on n’est pas tant passionné par quelque chose dont l’on peut ensuite faire une activité, mais que l’on devient passionné par ce que l’on fait bien – soit, ce que l’on travaille.

En résumé, je ne sais pas que je suis fait pour écrire, parce que je ne sais pas si je suis fait pour quoi que ce soit dans l’absolu ; la question ne m’intéresse pas, ne m’intéresse seulement que ce que je veux faire, et ce pour quoi je suis prêt à me donner les moyens d’avancer (cela va ensemble ; le désir doit s’accompagner d’une bonne dose de volonté).

Il vient ici un point capital à préciser : je ne sais absolument pas si j’ai même raison de fonctionner ainsi. En revanche, je sais que cette façon d’agir m’offre de l’expérience, c’est-à-dire à l’enseignement retiré de l’action, ce qui est, en fin de compte, la seule chose que l’on puisse tester, observer, ressentir, et donc apprendre, pour évoluer. J’aime les trucs opérants qui m’enseignent des leçons parce que cela dessine l’étape suivante.

Soit :

  • L’action commence toujours par une certaine mise en danger, suscitée par une sortie de la zone de confort ;
  • L’enseignement est ce que l’on retire de l’action, informant les actions suivantes.

Or, l’enseignement est à la fois

  • Externe (que faire pour mieux agir sur cette chose que je veux faire – qu’ai-je appris ?)
  • Interne (que ressens-je à l’application de cette action ; en gros, a-t-elle du sens ?).

J’écris parce que je repère, dans cette activité pourtant difficile qui appelle très largement mes Résistances personnelles, une forme de sens, que je ne saurais pas définir, mais qui est, faute de mieux, important. C’est ainsi que je les surmonte, jour après jour. Peut-être s’effritera-t-il un jour ; si c’est le cas, il sera temps de passer à autre chose. Mais pour l’heure, je sens que l’écriture a encore bien des choses à m’apprendre, et m’offre l’occasion de partager toujours mieux un certain nombre de questions nécessaires. (J’insiste – de questions, pas de réponses.)

Pour moi, il y a deux types de difficultés :

  • La difficulté dans la réalisation, parce que l’on s’attaque à quelque chose de complexe et de difficile, mais où le sens se trouve, est bonne. J’adhère à la vision nietzschéenne selon laquelle « rien de ce qui est important ne vient sans surmonter quelque chose » (Ainsi parlait Zarathoustra) ; je pense en outre que la difficulté est inhérente à la création car il s’agit, justement, de défricher des terrains inédits, en tout cas pour soi (… c’est bien pour cela que c’est de la création – si le territoire était cartographié, où serait la création ?)
  • La difficulté viscérale, qui crie la révulsion, le hérissement, l’hostilité est mauvaise – elle est le signe d’une déconnexion entre, disons, l’aspiration personnelle et le moment. Cette révulsion (plutôt qu’une difficulté) est un indicateur précieux, tant dans la création (ce que je fais en ce moment ne correspond pas à mon intention, donc ça ne vaut rien) que dans l’activité (si écrire / peindre / jouer du violon ne m’apporte pas un sens ou une joie finaux, dans le sens de Marie Kondo2, en dépit de la difficulté, alors peut-être faut-il lâcher cette activité).

À chacun de savoir, de tester où il ou elle se trouve entre les deux ; mais cela, avancerais-je encore, ne se fait qu’au prix d’un peu d’effort et de persévérance, de confrontation au monde. Je pense fermement qu’agir, écrire, créer – et même, vivre – ne vient pas sans une forme d’effort et d’action.

En résumé : deux intellectuels assis vont toujours moins loin qu’un con qui marche. J’ignore si je suis intellectuel ou con donc, dans le doute, je marche.

  1. Pressfield va plus loin et dit même que la Résistance est un indicateur sûr de l’importance d’une tâche : qu’il faut aller là où elle est la plus forte. Je suis quand même partisan d’un certain principe de plaisir dans l’action ; voir plus bas.
  2. Citer Nietzsche et Marie Kondo dans le même article : check.
2019-11-12T07:59:35+01:00mercredi 13 novembre 2019|Best Of, Technique d'écriture|7 Commentaires

Facebook décide ce que vous voyez, ce que vous lisez

Cher Facebook,

L’article que vous censurez est un essai PHILOSOPHIQUE sur une guerre FICTIVE en FANTASY. Il n’a strictement rien de dangereux. C’est comme censurer des articles sur Le Seigneur des Anneaux parce que vous redoutez le terrorisme orc.

Je ne sais pas si je dois me sentir outré ou honoré, ou si même, conformément aux illustres précédents établis par l’Inquisition, c’est le début de la gloire, mais c’est en tout cas une preuve certaine de stupidité : l’édito de la semaine dernière “Pourquoi je vous parle de guerre” – qui parle sous l’angle philosophique et littéraire d’une guerre fictive influencée par l’Antiquité gréco-romaine (une actualité qu’on ne qualifiera pas exactement de brûlante) – a été censuré par Facebook.

censure-facebook

Je vais être honnête : en réalité, je ne me sens ni outré ni honoré, ni insulté ni en colère. Je me sens inquiet, car cela démontre une fois de plus et s’il le fallait encore combien les systèmes automatiques de détection de contenu sont inefficaces et inadaptés. Combien, de plus en plus, nous abandonnons l’usage de notre esprit critique à des robots. Problème qui concerne le web tout entier, avec l’exemple de la Grande-Bretagne et ses filtres nationaux, ce que l’on veut importer chez nous.

Mais, en l’occurrence, il s’agit de voir combien les réseaux sociaux sont maîtres du contenu qu’ils fournissent, combien ils sont capables de modeler ce que vous voyez, contrôlent votre accès à l’information – on parlait du racket de la promotion des messages sur le flux d’informations, il y a maintenant par exemple la capacité de modeler votre humeur, ainsi que l’a révélé cette expérience de Facebook qui a fait scandale. Aujourd’hui, ce sont encore des systèmes automatiques de détection hautement imparfaits. Mais demain ? Et même, à mesure que les algorithmes s’améliorent et aident à filtrer plus efficacement ?

Le dernier épisode de Person of Interest mettait en scène une entreprise leader sur le marché des moteurs de recherche qui avait passé des accords secrets avec des entreprises pharmaceutiques. Certains utilisateurs dépressifs, s’ils cherchaient des informations sur le suicide, se voyaient proposés des pages les poussant subtilement plus loin dans leur trouble, afin de leur vendre par la suite des antidépresseurs. Ce n’est pas de la science-fiction : c’est entièrement du domaine du réalisable aujourd’hui.

Je ne suis qu’un auteur de fantasy et de thriller. Par essence, je parle de fiction sur des lieux, sur des gens qui, dans la plupart des cas, ne pourraient même pas exister dans notre monde. Personnellement, je suis par ailleurs capable d’aller chercher et croiser des informations impartiales, de me documenter. Je ne m’inquiète pas de mon cas. Je m’inquiète, comme tout le monde et ce n’est pas nouveau, pour l’esprit. Si un auteur comme moi, infinitésimal dans le grand ordre des choses et même de la littérature française, inoffensif par essence, peut être ciblé de la sorte, que dire des controverses du monde réel, non symbolisées, non métaphorisées par la fiction ? Que penser des échanges d’idées, de visions politiques, des actualités réelles et brûlantes ?

Il faut tordre le cou à l’idée que les réseaux sociaux commerciaux sont neutres, qu’ils sont des tuyaux “stupides” délivrant le contenu qu’on leur demande. Cela, c’est l’idée de neutralité du Net, un concept essentiel lui-même battu en brèche à l’heure actuelle (voir les censures du web qui s’installent discrètement).

Facebook et les réseaux semblables n’ont même pas eu besoin de nous séduire : poussés par le besoin humain de créer du lien, fascinés par les réelles possibilité de communication qu’ils offrent, nous nous jetons dans leurs bras, leur donnons nos informations, leur faisons confiance, leur tendons les poignets pour leur remettre notre sort, comme on le fait d’une religion, d’un pouvoir, d’une autorité. Parce que nous communiquons de chez nous, de nos terminaux, nous croyons bénéficier de la même impunité et de la même intimité. C’est évidemment faux. Oui, c’est un outil pratique, mais, comme tout outil, il convient de le dominer et d’en contrôler l’usage. Qu’il ne devienne pas essentiel et unique. Que faire ? Peut-être commencer par se réinventer en ligne.

Il n’est de plus insidieuse tyrannie que celle qui prétend agir en votre nom, pour votre bien, et c’est ce qui s’installe. “En échange de la paix intérieure, remettez-nous votre liberté et nous ferons le travail à votre place” – un marché faustien paradoxal, car religieux à l’origine. C’est aussi ce dont je parle avec Évanégyre et l’Empire d’Asreth. J’aimerais pouvoir prétendre que c’est pour cela que l’éditorial a été censuré, mais il ne faut jamais attribuer au conspirationnisme ce que la bêtise pure explique parfaitement bien.

Cela ne veut pas dire que les manipulations ne finiront pas par s’institutionnaliser une fois que les gains envisagés seront supérieurs aux pertes. “Si c’est gratuit, c’est vous le produit.”

asrethouakbar

2015-03-04T19:14:10+01:00mercredi 4 mars 2015|À ne pas manquer|28 Commentaires

Protection des données, la pomme de discorde des DRM (4)

Nous avons parlé des fonctionnalités, du débat liseuse ou tablette, vient maintenant le choix du fabricant et de la boutique. Or, choisir son modèle de liseuse ou de tablette, il me semble, est étroitement lié à une prise de position que chaque consommateur devrait adopter en son âme et conscience, et c’est pour cela que je ne peux recommander de modèle de précis. Cette prise de position est, j’ai nommé : confort contre ouverture, et c’est le débat des DRM (Digital Rights Management).

Qu’est-ce qu’un DRM ?

Internet a rendu l’échange de données quasi-instantané, le piratage de biens culturels est légion et taille des croupières dans l’économie de la création, entraînant quantité de répercussions néfastes pour la société, en particulier une réduction des prises de risque financiers et donc une contraction de la diversité de l’offre. Pour tenter de contrecarrer cela, les fabricants ont créé les DRM. Ceux-ci sont un excellent cas d’école d’enfer animé de bonnes intentions.

L’intention : faire en sorte que le seul le consommateur ayant légalement acheté un bien culturel puisse en profiter, ce qui va de soi dans le cas d’un support physique (si j’ai acheté un livre, mon voisin ne peut pas le lire en même temps que moi, ou alors nous sommes très très proches sur le canapé et dans ce cas il vaut mieux avoir une bouteille de champagne au frais et Norah Jones en fond sonore). L’enfer : il arrive tristement fréquemment que le consommateur légitime ne puisse tout simplement pas profiter de son achat tant les méthodes de protection sont compliquées ou même dysfonctionnelles (ce qui rend le piratage d’autant plus séduisant : non seulement on ne paie pas, mais ça marche…).

D’autre part, les DRM soulèvent tout un tas de problèmes de consommation débordant sur l’éthique.

  • Si je perds ma liseuse avec mes certificats de lecture dessus, il n’est pas garanti que je puisse re-télécharger mes fichiers sur la nouvelle et les faire fonctionner.
  • Si j’ai besoin du feu vert du fournisseur de contenu pour profiter de ma bibliothèque, que se passe-t-il si celui-ci fait faillite ? Cela signifie-t-il qu’en l’absence de fournisseur pour donner le feu vert, ma bibliothèque restera verrouillée à jamais ?
  • Que se passe-t-il si le fournisseur m’accuse à tort d’avoir violé ses conditions d’utilisation ? Les erreurs arrivent, et je peux me trouver avec un compte bloqué – donc pas d’accès à mes achats – sans moyen de recours. C’est arrivé récemment et les débuts du Kindle ont été rendus célèbres par le retrait des achats de 1984 (en plus !) des liseuses des acheteurs.
  • Quelqu’un, quelque part, sait ce que j’ai acheté, ce que je lis, ce qui est un peu inconfortable. Apple est connu pour appliquer une censure très bien-pensante sur son offre d’applications et de même de couvertures de livres ; censure et littérature vont très mal ensemble. Quis custodiet ipsos custodiet ?

Après, pour être juste, il convient d’ajouter deux points :

  • Si les DRM sont bien faits, ils sont transparents pour le consommateur et l’association à un compte nominatif permet de retrouver toute sa bibliothèque sans problème sur les terminaux compatibles, et de récupérer les fichiers si l’un d’eux est volé. J’ai testé chez Amazon, et ça marche très bien.
  • Un DRM, ça se, ahem, contourne. ATTENTION JUDGE DREDD a dit la loi c’est lui mais surtout contourner une mesure de protection est illégal et entraîner des amendes peines de prison poursuites à la Starsky et Hutch amputation des doigts de pied descente en enfer. Mais c’est possible de le faire si l’on n’a pas confiance envers le fournisseur de contenu. Un mot cependant : c’est contraignant, compliqué, et un pis-aller, car, pour 1 consommateur qui déplombe ses livres, 99 ne le font pas. Si vous êtes farouchement anti-DRM, acheter chez un fabricant qui s’en sert puis déverrouiller le contenu ensuite est contradictoire, car vous donnez quand même votre argent – et approuvez – ce mode de protection des données.

Ceci étant dit, nous pouvons arriver au choix de la machine. Et là, deux écoles s’affrontent, lesquelles découlent directement, à mon sens, de votre attitude vis-à-vis des DRM.

Un choix philosophique

Soit vous achetez la liseuse (ou la tablette) d’un fabricant possédant sa boutique en ligne. En gros, un iPad (Apple), un Kindle (Amazon), une Kobo (Fnac). Ces appareils sont souvent bon marché (sauf Apple, mais les zélotes d’Apple tirent une incompréhensible fierté du fait d’acheter plus cher), parce que derrière, implicitement, vous vous « enchaînez » à la boutique de ce fabricant, dont l’accès est facile et immédiat depuis votre terminal. On peut le voir comme un avantage (l’achat est d’une facilité déconcertante, testé chez Amazon), ou une restriction (et si je veux lire autre chose ?). Bien sûr, ces appareils « propriétaires » peuvent lire d’autres formats, comme le PDF ou le .doc mais l’achat chez un commerçant sera toujours plus facile en allant sur la boutique pour laquelle l’appareil est prévu. (Mentionnons le Kindle qui est curieusement incapable de lire nativement l’ePub, pourtant le format standard de livrels libres…)

Sinon, vous achetez une liseuse « autre » (Sony en fait d’excellentes). Celle-ci sera compatible et généralement optimisée pour les formats libres, mais vous risquez (à moins de déplomber les fichiers – ce qui est MAL, ne le faites pas OU VOUS BRÛLEREZ EN ENFER) d’avoir pas mal de soucis quand il s’agira d’acheter chez les commerçants qui verrouillent leurs fichiers avec des formats propriétaires (Amazon et Apple). Heureusement, de plus en plus de libraires indépendants proposent des solutions différentes et de plus en plus d’éditeurs travaillent avec eux en plus des géants de la grande distribution.

Maintenant que tout cela est dit, comment choisir ? Ce sera la conclusion pour demain. Quant à toi, auguste lectorat, quelle est ton attitude vis-à-vis des DRM ? Mal nécessaire, avantage pratique, Grand Satan à brûler sur l’autel de l’EFF ? 

2012-12-17T09:01:04+01:00lundi 17 décembre 2012|Geekeries|15 Commentaires

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