Organiser ses notes rapidement (2) : avec des liens (la méthode Zettelkasten en deux minutes)

Organiser ses notes, unique objet de mon ressentiment. Or doncques, auguste lectorat, j’ai découvert l’existence de la méthode Zettelkasten fin 2019, j’ai adopté Obsidian dans la foulée, j’ai suivi des formations, lu des bouquins, et je suis arrivé à la conclusion (adoubé par les papes) que, tel Monsieur Jourdain, qui n’avait pas été baptisé dans le fleuve, j’en faisais sans le savoir, et que c’était surtout infiniment plus simple que ce que te vendent les influenceurs YouTube. On a vu la semaine dernière le premier volet de l’organisation de ses notes : avec des tags (UN), voici donc le volet DEUZE.

Ce qu’est le Zettelkasten à la base (et ce qu’on n’en fait pas pour l’écriture)

Zettelkasten, en gros, ça veut dire boite à fiches. L’approche existe depuis la nuit des temps, mais elle est revenue à la conscience collective en particulier à travers le prisme d’un sociologue appelé Niklas Luhmann, dont la productivité fut phénoménale : 70 ouvrages, 400 articles, le tout en enseignant à côté. Luhmann prétendait « ne jamais avoir l’impression de travailler », allant simplement là où ses intérêts le poussaient. Il attribue sa prolixité à son « Zettelkasten », soit son système de notes. Lequel comporte quatre caractéristiques fondamentales :

  • Une idée par fiche (principe d’atomicité)
  • Écrite avec ses propres mots (pas de recopie bête et méchante, pas de « je capture tout » à la Evernote), ce qui est crucial pour comprendre et développer les notions du monde extérieur comme les siennes
  • Reliée à des idées connexes sans a priori de catégorisation ni de thème. C’est son grand attrait pour l’écriture : pouvoir faire s’entrechoquer des fragments venus de toutes les directions, les développer et découvrir leurs relations à mesure qu’un projet prend forme.
  • Un lien vers les sources si applicable
Un exemple de Zettel de Luhmann

Et c’est tout. Maintenant, ces idées pourtant simples génèrent des exégèses et des conversations de très haut niveau, des pléthores de vidéos YouTube associées à la meilleure manière d’implémenter tout ça sous Obsidian, tout un milieu passionnant qui réfléchit collectivement à recréer le miracle de Luhmann à l’ère moderne en s’appuyant sur les outils numériques.

Pour l’écriture de fiction et la création au sens général, la méthode est surpuissante, car fondamentalement, elle traite de clarification du savoir. Mais :

  • Elle est académique à la base. Elle se préoccupe de sources, de leur confrontation, de pouvoir les citer correctement. La recherche documentaire en écriture est très différente : même s’il s’agit de ne pas raconter n’importe quoi, on s’imprègne et l’on métabolise, on ne cite pas. Ce qui nous intéresse dans la méthode, c’est le développement de ses idées.
  • Les systèmes surpuissants qu’on trouve en ligne sont l’équivalent des bullet journals décorés avec amour : des œuvres d’art qui n’ont guère de lien avec la réalité et dont on s’éloignera très calmement en les regardant dans les yeux.

La méthode Zettelkasten pour l’écriture

En se rappelant donc que le Zettelkasten « canonique » (si tant que ça existe) est une méthode académique qui doit se préoccuper de sources (on pourra toujours l’appliquer à sa recherche documentaire), voici, très simplement, comment l’appliquer à l’écriture.

UN : capturer toutes ses super idées.

DEUX : développer ses super idées en continuant à ajouter de la matière sur la fiche associée à mesure que ça se présente, ou qu’on y travaille de manière concertée.

TROIS : organiser ses super idées petit à petit quand la matière commence à devenir un peu trop fournie.

QUATRE : quand la matière est vraiment trop fournie, éclater la fiche en sous-fiche et tisser des liens :

  • Vers les axes de réflexion qui se sont dégagés
  • Mais aussi vers les autres fiches de son système : recherche documentaire, idées a priori sans lien, techniques littéraires développées, etc.

CINQ : quand c’est suffisamment clair, écrire.

SIX : mettre de côté le matériel réutilisable (réflexions, univers à développer, leçons sur l’art) dans son Zettelkasten pour possible réemploi futur.

Félicitations, vous faites du Zettelkasten. Alors, entendons-nous bien : il existe des tas de subtilités et d’implémentations plus ou moins pointues pour se faciliter la vie avec les outils (incluant des techniques pour construire des chaînes de raisonnement, par exemple). D’autre part, pour la recherche académique, on a besoin de beaucoup plus. Cependant, le cœur est là : écrire, développer, mettre en relation. Fondamentalement, vous n’avez pas besoin d’un joli bullet journal ni de Dataview (même si je ne vous jetterai pas la pierre de jouer avec).

2025-11-24T00:32:52+01:00lundi 24 novembre 2025|Best Of, Technique d'écriture|0 commentaire

Organiser ses notes rapidement (1) : avec des tags

Donc donc donc. Or, la question immortelle d’un PKM (système de notes pour aller vite) est toujours :

Comment puis-je organiser mes notes pour m’y retrouver et, surtout, ne rien perdre ?

Parce que c’était pendant longtemps la blague : Evernote est un système write-only, c’est-à-dire que je peux y capturer tout ce que je veux, mais pour en ressortir la moindre valeur, c’est fichu. C’est un trou noir où les bonnes idées vont mourir, et c’est le risque inhérent à tout système de notes.

Or, on cherche à faire cohabiter deux priorités fondamentalement contradictoires. Il faut une approche suffisamment puissante, pour retrouver ce qu’on veut et étoffer ses idées, mais aussi rapide et légère que possible, pour ne pas passer sa vie à faire de la bureaucratie et de la maintenance (le risque d’Obsidian).

C’est la raison pour laquelle je suis revenu sur Bear (malgré toute mon admiration pour Obsidian), lequel me permet de retrouver la rapidité que je connaissais sous Evernote : Bear propose uniquement des mots-clés (tags) hiérarchiques offrant un seul système de classement qui est, au bout du compte, redondant avec le concept de dossiers. Il est ainsi immédiat d’envoyer une note, une idée, un projet là où ça doit aller.

Dans ma quête éternelle d’organisation, j’ai toujours eu soif de voir les systèmes des autres pour chercher des inspirations et trouver mon propre équilibre, alors je pose le mien ici, pour valoir et servir ce que de droit. On va faire ça en deux parties : ici les mots-clés, UN, et la prochaine fois les liens wiki, DEUZE.

Système de tags

Mon système d’origine sous Evernote fonctionnait très bien. J’ai passé les dernières années à réinventer la route, pour revenir, modulo quelques évolutions minimes, à ma recette personnelle. Bear a une petite fonctionnalité toute simple mais intéressante : une commande permet de montrer ou de cacher les notes des sous-tags (#A/B sera caché si je ne vois que #A), donnant aux tags le même comportement que des dossiers. Ça aide à clarifier / naviguer de manière très simple, sans sacrifier le bénéfice fondamental des tags : une note peut exister dans plusieurs « dossiers » à la fois.

Pour mes tags, j’ai remixé le concept de facettes qu’on trouve parfois en classement documentaire : une note possède plusieurs angles d’approche comme le projet, la personne, le thème, etc. L’idée, c’est d’appliquer le minimum de clarification possible pour pouvoir la retrouver par la suite. Pas de faire un système « parfait » : il faut qu’il soit opérant, c’est-à-dire qu’on puisse travailler avec, pas qu’il soit joli à regarder comme un bullet journal illustré comme du Monet ou une vault Obsidian YouTube-ready. Si je peux le trouver, je peux le tuer travailler dessus.

Les tags sont les suivants :

  • .billets et .voyages : catégories purement utilitaires pour les billets de spectacles et les voyages (trains, avions, visas). Bear fonctionnant entièrement hors ligne, je suis sûr d’avoir toujours ma documentation même perdu au milieu des steppes mongoles.
  • @ : personnes proches dans ma vie, clients, types de contacts aussi avec qui j’interagis. Je veux faire un vrai effort pour me rappeler les détails importants sur les personnes que je rencontre, mais je n’ai pas la mémoire d’Amélie Nothomb (ni même une excellente mémoire tout court, surtout cramé après trois jours de salon) donc je suis parfois forcé de suppléer à ma matière grise par un peu de matière électronique.
  • à l'esprit : cette catégorie est seulement possible avec des tags. Je veux garder certaines notes à portée de main, peut-être parce que je travaille dessus, ou simplement parce qu’elles sont « courantes », de la liste de courses à la liste de choses que je ne dois pas oublier de faire dans Elden Ring. La beauté de la chose, c’est que les notes peuvent entrer et sortir de cette catégorie à l’envi, il suffit d’ajouter ou enlever le tag en une demi-seconde.
  • id : les idées, avec une ribambelle de sous-catégories, de l’univers au morceau de musique en passant par les personnages et les articles de blog. Je peux prendre une idée à la volée sur mon téléphone, l’envoyer au bon endroit d’un tag rapide, et reprendre ce que je faisais. Et à force, j’ai ainsi une véritable boutique de bonbons où aller puiser des envies à développer.
  • La Succession des Âges : Parce que c’est MA VIE ENTIÈRE À JAMAIS. Plus sérieusement, là aussi les tags sont fantastiques : je peux classer les notes par personnages, intrigue, univers, et si besoin dans plusieurs endroits à la fois, résolvant une des difficultés classiques du classement des notes d’écriture, où rien ne relève jamais d’une seule catégorie.
  • P : Tous les autres projets, du personnel à l’administratif en passant par les ateliers d’écriture ou les notes d’univers comme Évanégyre.
  • Quoi : La nature d’une note s’il y a lieu. Typiquement pour les documents de référence, comme les manuels d’utilisation.
  • T : Le thème ou sujet. Totalement arbitraire mais personnel, avec des domaines très développés et d’autres non, selon mes intérêts. Absolument pas rigoureux, l’idée c’est que moi, je me comprenne.
  • W : Wishlists. Je fais aussi de l’électro, et c’est une activité passionnante mais qui requiert une étude assidue de la technologie et la planification de possibles achats matériels futurs. Tout ça va là.

Capture rapide et classement

Bear a une arme secrète, mais qu’on peut répliquer avec à peu près toute app digne de ce nom qui offre des tags :

La capture de toute note à la volée ne possède pas de tags, et se trouve donc capturée dans une « boîte de réception » automatique. L’idée est la suivante : si ça a un tag, c’est classé. Si ça n’en a pas, c’est dans la boîte de réception. Tout système basé sur des tags devrait adopter cette approche : cela supprime toute la manutention qui consiste à déplacer les notes à la main. Les tags sont les dossiers. Tout est automatique. Pour copier ce comportement sous Obsidian, on s’intéressera à l’excellent plugin Auto Note Mover.

Il existe évidemment de nos jours un deuxième mécanisme de classement, les liens wiki et l’approche Zettelkasten, laquelle est beaucoup plus simple que YouTube ne vous le vend. Voix de Papy Grenier : Ce sera pour une prochaine fois.

2025-11-23T22:47:38+01:00mercredi 19 novembre 2025|Best Of, Technique d'écriture|0 commentaire

En écriture, ne négligez pas les coûts de préproduction

J’ai découvert un certain nombre de pièges avec l’écriture de « Les Dieux sauvages », en particulier La Succession des Âges (il avance, il avance, il est gros), et je pourrais sans doute écrire un Comment écrire de la fiction ? complet sur les leçons apprises à la dure au cours de ce projet ; mais ce serait curieusement spécifique, alors autant en partager ici quelques-unes, hein ? Histoire que vous puissiez les refaire tranquillement de votre côté et qu’on puisse ensuite trinquer à notre déréliction.

Le piège du moment, en ce qui me concerne, soit, dans mon contexte, la lenteur ajoutée à l’écriture, ce sont les coûts de préproduction. Dans le cinéma, c’est bien connu : on voyage sur les lieux de tournage pressentis, on les choisit, on conçoit les costumes, ce qui représente un investissement avant même le tournage du premier plan. Dans le jeu vidéo aussi : on crée du concept art, on architecture son projet, on explore des mécaniques et on les choisit et les affine avant de réaliser le produit à part entière.

Rien de tout ça ne semble vraiment s’appliquer à l’écriture de fiction, hein ? Surtout quand on clôture une saga sur laquelle on travaille depuis des années. En principe, l’histoire est connue, les personnages aussi, les lieux ont été établis, « il n’y a plus qu’à » dérouler.

Évidemment, non. La Succession des Âges nous emmène dans des lieux qu’on n’a pas encore vus en détail, touche à des concepts plus vastes de l’univers d’Évanégyre, et bien sûr apporte son lot de révélations finales. Ces révélations ont toujours été prévues depuis le début de l’écriture (relisez le prologue de La Messagère du Ciel à la lumière des derniers événements de L’Héritage de l’Empire), certaines lignes de dialogue des ultimes scènes existent depuis… 2016. Mais sentir et savoir ce qu’on va faire n’est pas équivalent à lui donner vie.

Écrire une histoire exige une vie à part entière, une connaissance intime et approfondie des lieux, des fonctionnements, des raisons d’être des choses – il faut en savoir beaucoup plus qu’on ne va en dire, car autrement, il est impossible de trier et de savoir quoi dire. Et cela, mes amis, c’est du coût de préproduction. On arrive à Plan-de-Cuquiel, cité elfique qu’on croit connaître car on en parle depuis 3000 pages, mais il faut alors décider : quelle logique aux lieux ? Quelle organisation sociale effective par rapport aux intentions voulues ? Certes, c’est une communauté anarcho-syndicaliste, mais techniquement, qui est le secrétaire général depuis deux ans et est-ce que ça se passe bien, ce qui se transcrit littéralement dans l’atmosphère de l’auberge où les personnages font halte pour la nuit ?

C’est ainsi qu’on se retrouve à devoir faire du worldbuilding inattendu et imprévu alors qu’on pensait dévaler la longue pente vers sa conclusion. Écrire, c’est choisir l’information pertinente et vivante à donner pour incarner l’histoire. On peut en improviser beaucoup sur le moment. Mais pas tout.

Attention aux coûts de préproduction.

2025-09-07T09:20:56+02:00mercredi 10 septembre 2025|Best Of, Technique d'écriture|Commentaires fermés sur En écriture, ne négligez pas les coûts de préproduction

Le Zettel de la quinzaine : En fiction, c’est l’agentivité qui donne l’illusion de libre-arbitre (202304260914)

Pour mémoire, ces notes sont des extraits bruts de décoffrage de mon système de notes privé, afin d’expérimenter avec une forme différente de partage dans l’esprit des digital gardens.

En fiction, le libre-arbitre des personnages est une illusion puisque l’œuvre existe déjà : le chemin est écrit. C’est la découverte de celui-ci à la lecture / visionnage, reposant sur l’ignorance des événements à venir, qui crée l’illusion que les actes entraînent des conséquences.

Par conséquent, en fiction, l’agentivité tient lieu de libre-arbitre : l’illusion de liberté des personnages peut être simulée par le fait que leurs actions aient des conséquences importantes. Ils sont actants de leur histoire (et c’est pourquoi on les a choisis pour la raconter : elle est intéressante et ils sont partie prenante de leurs événements).

CC-By-SA par Kai Schreiber
2025-09-01T09:22:55+02:00mercredi 3 septembre 2025|Best Of, Technique d'écriture|Commentaires fermés sur Le Zettel de la quinzaine : En fiction, c’est l’agentivité qui donne l’illusion de libre-arbitre (202304260914)

Vaincre l’angoisse de la page blanche avec la méthode… Pomodosignes

La méthode Pomodoro m’a littéralement sauvé la vie (et la carrière) pendant des années en découpant l’angoisse d’écrire les monstres que j’écris en sessions de travail digestibles ; avec quelques raffinements développés à l’usage pour le travail de création. Au lieu d’écrire 15000 signes (ce qui est vaste), on travaille 25 minutes (ce qui est simple). Refaites suffisamment de tranches de 25 minutes et vous avez 25 ans (je dois à peu près en être à ce stade pour La Succession des Âges).

Un truc m’a cependant toujours gêné, c’est la nécessité pour moi de devoir travailler ainsi depuis plusieurs années de manière à conserver un rythme de production correct. Certes, j’ai plus d’ambition et d’expérience ce qui, dans mon cas, est paralysant (je vois beaucoup trop vite les défauts du premier jet) ; je construis aussi des histoires beaucoup plus complexes qu’à mes débuts. Cependant : si je crois en mon travail, si j’aime mes projets, pourquoi sont-ils si difficiles à exécuter, au point que j’en doive me tromper l’esprit en découpant la journée en tronçons brefs ? Pourquoi parvins-je à rentrer tous les jours 1000 signes chaque matin en déplacement en 10-15 minutes quasiment sans difficulté, mais qu’une journée de travail libre n’en fournit parfois que 3000 ?

Pendant longtemps, je l’ai expliqué en me disant qu’avec des Pomodoros, je ne découpais pas l’effort (qui ne m’a jamais fait peur) mais l’angoisse (qui fait peur. C’est, heu, son job). Mais la méthode Pomodoro n’est pas sans défaut – toutes les journées ne sont pas égales, tous les efforts non plus. On peut ramer sur un détail pendant quinze minutes, comme tracer 2000 signes en une demi-heure. Un tronçon de 25 minutes est un tronçon facile à concevoir, mais il ne reflète pas vraiment, à mon goût, la nature de l’effort dans le cadre de la rédaction soutenue (le plus difficile dans mon cas). Parfois, ça roule. Parois, c’est la misère. C’est ainsi.

Et si, tout simplement, on changeait la métrique ? D’intervalles de temps, arbitraires et inégaux, on passait à une tranche de signes écrits, indiscutable et tangible ? Je travaille ainsi depuis quelque temps et les résultats sont comparables avec la méthode Pomodoro – ce qui est bien – mais sans la légère culpabilité de ne pas arriver à me botter les fesses temporellement – ce qui est bien, bien mieux. I give you, donc, la méthode Pomodosignes, extrêmement simple pour l’écriture et, pour ma part, bien plus gratifiante. Tout simplement, une pause de 5 minutes est permise tous les 2000 signes écrits (ajustez l’intervalle selon vos besoins ; par exemple, j’ai essayé 2500, c’est trop pour mon mental de poisson rouge).

Plus spécifiquement, la journée prend en compte les spécificités de l’effort bien particulier que représente la rédaction au long cours.

  • Le premier créneau est consacré à la reprise de contact avec le projet. On reprend ses notes, on relit, on se remet dedans, et on n’a qu’à écrire 1000 signes pour se permettre une pause. En déplacement, en période difficile ou d’urgence autre que l’écriture, on peut s’arrêter là ! On a déjà avancé.
  • Ensuite, on procède par tranches de 2000 signes. Chaque tranche octroie 5 minutes de pause. La beauté de la chose, c’est que cela prend en compte les sessions où l’on ne veut pas s’arrêter parce qu’on est possédé par l’écriture. J’ai fait 5000 signes au lieu de 2000 avant de m’essouffler ? J’ai droit à deux pauses, et la prochaine tranche ne requiert que 1000 signes avant de m’octroyer un nouveau bout de saucisson. C’est incitatif, directement corrélé à la quantité de mots produits dans le document, ramène l’attention à la production de matériel tangible, au lieu de l’aspect parfois flou de sessions de travail fondées sur le temps. Mais cela accepte aussi que, parfois, une phrase coûte plus cher que trois paragraphes entiers.

Tous les studios d’écriture (Scrivener, Ulysses) permettent en outre de calibrer sa session de travail en signes et de conserver un indicateur graphique de son progrès sous les yeux. Je recommande de commencer donc par calibrer la journée à 1000 signes, puis d’aller de 2000 en 2000 : c’est idiot, mais c’est une motivation colossale de voir enfin une barre de progrès de rédaction que l’on remplit régulièrement au lieu de cet énorme objectif idéal que, soyons honnêtes, on n’atteint jamais.

Scrivener permet d’éditer ses objectifs du jour, et notifie même quand on les atteint.

Évidemment, ça ne fonctionne que pour la rédaction, mais je trouve la planification et la réflexion bien moins difficiles à encadrer. Quand on rêve, tout est idéal, complet, juste ; les mots sont parfaits, le message est d’autant plus idéal qu’il peut demeurer inconsciemment vague à l’esprit et donc porteur des contradictions révélant l’absence de tout choix. La véritable épreuve du feu, c’est faire descendre cet idéal dans l’incarnation du langage ; c’est là, donc, que l’on peut bénéficier d’un coup de pouce comme ce genre de méthode.

2025-08-25T09:53:44+02:00lundi 25 août 2025|Best Of, Technique d'écriture|Commentaires fermés sur Vaincre l’angoisse de la page blanche avec la méthode… Pomodosignes

Le Zettel de la quinzaine : Un plan peut être dit ou bien fait, mais pas les deux (202411141608)

Je tente un truc. J’ai évidemment quantité de notes sur l’écriture dans mon Zettelkasten, dont beaucoup sont mal fichues, et gagneraient à être toilettées. Pas mal de concepts qui s’y trouvent pourraient être utiles au plus grand nombre. Je vais donc tenter de partager une « fiche » régulièrement – je dis « de la quinzaine », mais ne prenez pas encore ça comme une promesse. D’autre part, la rédaction reste à la base pour mon seul bénéfice, et pourra être reformulée ou amputée de parties que je juge confidentielles à mon gré. C’est une expérience.

Une action dramatisée est racontée par son déroulement même, donc en annoncer le projet en amont, sans surprise ni variation, est superflu.

Inversement, une action annoncée en amont ne gagne rien à être dramatisée telle quelle, c’est une redite.

Par conséquent, une action peut être annoncée ou bien faite, mais pas les deux. Parce que ça fait double emploi, donc c’est inutile et chiant.

Il vient qu’[[Une action annoncée qui se déroule comme prévu sera avantageusement occultée dans la dramatisation]].

Si on mentionne cependant l’action deux fois, il faut donc un degré de variation. Par exemple :

  • Ce qui est annoncé n’est pas conforme à ce qui se déroule ensuite ; considérer que [[Un plan annoncé ne peut pas se dérouler comme prévu]].
  • On ne dit pas tout en amont pour créer du mystère ; par exemple, on peut à la place montrer les problèmes sans les résoudre (on le verra dans la dramatisation). C’est aussi un bon endroit pour introduire subtilement un maximum d’éléments de mise en scène et de décor, qu’on n’aura du coup plus besoin de réétablir. Très utile avec des mises en scènes complexes.
CC-By-SA par Kai Schreiber
2025-08-06T08:44:52+02:00mercredi 30 juillet 2025|Best Of, Technique d'écriture|Commentaires fermés sur Le Zettel de la quinzaine : Un plan peut être dit ou bien fait, mais pas les deux (202411141608)

Mon modèle de journal (incluant les géolocalisations fréquentes)

L’article de lundi sur l’utilisation d’Obsidian comme app de journaling a suscité un peu d’intérêt (merci) et on m’a demandé d’aller un peu plus loin dans l’usage des modèles, notamment en lien avec la géolocalisation. Je ne fais rien de très stylé (on voit des choses largement plus puissantes en ligne…) mais il existe dans Obsidian une règle tacite : plus un truc est stylé, plus il casse vite (j’ai eu des trucs plus stylés qui ont, donc, cassé). Je fais donc beaucoup plus simple aujourd’hui.

Chaque entrée comporte de 1 à x grandes parties (H1) relatives à différentes zones de mon existence (création, développement personnel, seum du jour si besoin…), et taguées sous la forme #Journal/Écriture/LaSuccessiondesÂges.

Un pied de page comportant une navigation facile vers la veille, le lendemain, la semaine, le mois, l’année… ainsi que la géolocalisation. Pour ça, on utilise Templater, qui permet d’insérer des données dynamiques dans une fiche créée à la volée.

Mais il y a une ruse : comment expliquer à Templater et Periodic Notes qu’on veut utiliser un modèle dynamique ? Au final, c’est tout simple, mais pas intuitif du tout, parce que Periodic Notes et Templater ne se connaissent pas mutuellement. Periodic Notes sait seulement intituler la note du jour selon la date concernée… et ça va nous être très utile. Mais il ne sait rien faire d’autre. (Pour ne pas devenir chèvre, il est fortement recommandé de passer Obsidian en français, car cela va simplifier des tas de choses pour la manipulation des dates.)

On va procéder en deux temps :

  • Demander à Periodic Notes d’appeler ses notes selon la date du jour, et d’utiliser un modèle spécifique,
  • Lequel contient l’instruction d’invoquer un second modèle, qui s’adresse à Templater et utilise toute sa puissance.

Le modèle indiqué à Periodic Notes sera très simple. Ici, on veut surtout avoir un fichier intitulé selon la date du jour (voir dans les options pour le format). Pour ma part, j’utilise YYYY-MM-DD (dddd), ce qui est un formatage standard et simple pour classer chronologiquement les fichiers, donnant par exemple pour la date d’aujourd’hui : 2025-05-28 (mercredi). (Je trouve utile d’avoir le nom du jour en clair pour différencier la semaine des week-ends.)

Ce modèle ne contient qu’une ligne très simple, appelant Templater, sous la forme :

<% await tp.file.include("[[Journal (jour) (Templater)]]") %>

où vous mettez entre [[ ]] évidemment le nom du modèle à invoquer (chez moi Journal (jour) (Templater)). Cela invoque le deuxième modèle avec l’instruction include.

⚠️ Attention, pour que ça marche, il faut signaler à Templater de surveiller toute création de fichier partout dans le coffre pour intervenir tout de suite dans les instructions qui le concernent. Dans les options du plugin, activer Trigger Templater on new file creation.

On peut maintenant créer son modèle de journal proprement dit.

Faire des trucs stylés avec Templater et les dates

(Mais pas trop stylés, sinon rappelez-vous, ça casse)

Dans son modèle Templater proprement dit, on fait tout ce qu’on veut, justement parce qu’on a pris soin d’intituler le fichier selon la date du jour dans Periodic Notes, sur quoi on va se baser (cela permet de créer des entrées dans le passé ou le futur sans problème ; le code sera toujours relatif au jour concerné). Voici du code fort utile (à la base glané quelque part en ligne, je ne sais plus où) à insérer au tout début de son modèle :

---
<%*
var fileDate = moment(tp.file.title);
// moment dates are mutable
let prevDay = moment(fileDate).subtract(1, 'd').format('YYYY-MM-DD (dddd)');
let nextDay = moment(fileDate).add(1, 'd').format('YYYY-MM-DD (dddd)');
let yearLink = fileDate.format('YYYY');
let quarterLink = fileDate.format('YYYY-[Q]Q');
let monthLink = fileDate.format('YYYY-MM');
let weekLink = fileDate.format('gggg-[W]WW');
-%>
locations:
---

L’insert entre triples tirets (—) correspond aux propriétés du fichier, une par ligne (c’est du YAML). On y trouve par exemple directement en bas la propriété locations: qui signifie à Map View qu’il y a une géolocalisation à chercher dans le fichier (voir l’article de lundi).

Le code entre <%* est la syntaxe de Templater. Comme Periodic Notes a créé l’entrée du jour selon un format daté, nous allons lire cette date avec tp.file.title et la manipuler dans tous les sens (extraire le mois, le trimestre, ajouter un jour pour obtenir la date du lendemain, etc.) – et c’est commodément placé dans des variables qu’on peut ensuite invoquer sans réfléchir : [[${prevDay}|hier]] nous donnera par exemple un joli lien wiki vers l’entrée d’hier.

Géolocalisation et choix multiple

Quand je ne suis pas en déplacement, je suis globalement fixé à quelques adresses régulières, dont notre maison à Melbourne où, dans mon studio, la géolocalisation ne passe pas, en plus. Ce qui n’est pas un problème : si j’ai la coordonnée GPS (je suis allé la prendre devant la maison), je peux l’insérer à la main à l’intention de Map View. Pour ne pas avoir à se taper l’insertion manuelle des mêmes adresses en permanence, on peut créer un questionnaire à choix multiple avec la fonction tp.system.suggester de Templater selon ce genre de syntaxe :

<% tp.system.suggester(["Plan-de-Cuques", "Troo", "Crotelles", "Entrée manuelle"], ["[Plan-de-Cuques](geo:43.3460029,5.4618046)", "[Troo](geo:47.7924481,0.7786471)", "[Crotelles](geo:47.5431104,0.8373356)", "https://esm7.github.io/obsidian-geo-helper"]) %>

À chaque création d’entrée quotidienne, Templater me présentera une liste où sélectionner une option parmi quatre, incluant trois lieux fantastiques et de haute renommée : Plan-de-Cuques, Troo, Crotelles, plus Entrée manuelle. Le lien geo: préparé à l’avance sera inséré à la place, ou, dans le dernier cas, un simple lien vers le Geohelper du plugin, me permettant en particulier en mobilité de simplement cliquer dessus pour obtenir ma localisation et la coller à la place. D’où l’importance de la propriété locations: insérée en tête du modèle ; elle signale à Map View qu’il y a une donnée géographique à traiter (puisque les géolocalisations sont insérées de façon programmatique).

Et voilà. Ajoutez ensuite, si vous le souhaitez, la structure habituelle de vos entrées de journal pour vous lancer directement dans l’écriture chaque jour. Bonus : mettez une instruction <% tp.file.cursor() %> pour placer le curseur d’Obsidian là où vous voulez commencer à taper (au-dessus du pied de page et sous votre première invite de journal, par exemple).

2025-05-16T19:41:29+02:00mercredi 28 mai 2025|Best Of, Lifehacking|Commentaires fermés sur Mon modèle de journal (incluant les géolocalisations fréquentes)

Faire simplement son journal personnel dans Obsidian

Obsidian, c’est le bien, mais donc, c’est aussi complexe as fuck, et il y a trois cents façons de faire le moindre truc dedans ; la prudence, à mon sens, c’est de viser la simplicité d’abord, d’une pour ne pas se noyer dans un système ultra perfectionné qu’on ne comprend pas soi-même, et de deux, pour ne pas avoir un système fragile qui casse mystérieusement aux mises à jour assez fréquentes de l’application.

Mais tenir son journal (personnel, créatif, etc.) dans l’application, c’est une bonne idée, car c’est l’un des premiers environnements où les idées germent, où les réflexions reviennent et se décantent, et où elles peuvent, le cas échéant, devenir des fiches à part entière ou donner naissance à des projets réels de façon assez naturelle.

Vous ne verrez quasiment jamais des entrées de mon journal, mais c’est pour la bonne cause.

Cependant, Obsidian n’est pas à proprement parler un environnement de journaling, même si techniquement, rien n’empêche d’ouvrir chaque jour un fichier différent, noter des réflexions, l’intituler à date, et baste. Mais nous sommes ici entre esthètes, et il existe quand même des fonctionnalités particulières dans une app dédiée à l’usage du journal (type Day One) qu’il serait chouette d’avoir.

Il existe des solutions entières, tout en un, dédiées à ce genre fonctionnalités dans Obsidian (comme Diarian) mais, pour les raisons de complexité énoncées ci-dessus, je préfère m’appuyer sur quelque chose de plus simple et plus modulaire. Et pour ça, faisons l’inventaire de ce qu’on veut (enfin, de ce que je vous propose de vouloir), en essayant rien moins que de répliquer Day One dans Obsidian. Un journal, c’est quoi, au fond ?

  • Des entrées à date
  • Et par thème / fil de réflexion
  • Incluant des médias
  • Géolocalisées
  • Avec la météo du jour
  • Et proposant de revisiter à intervalles réguliers les entrées du passé (« l’année dernière à la même date… »)

Pour ma part, je n’ai pas vraiment l’usage de revisiter les entrées du passé (je le fais manuellement quand je cherche quelque chose), mais je sais que des plugins offrent la fonction séparément (à vous de chercher). Pour le classement par thèmes ou fils de réflexion, il est facile de tag les paragraphes ou grands titres correspondants, selon les fonctions classiques de l’application. Évidemment, Obsidian gère une grande quantité de médias (jusqu’à la vidéo).

En revanche, la météo est une donnée compliquée à obtenir, car elle se fonde sur la date, la géolocalisation, ce qu’Obsidian n’est pas très bien équipé pour fournir (même si on va contourner cette limitation) et nécessite l’inscription à un service tiers. Dans toutes les années à j’ai utilisé Day One, je n’ai pas utilisé la météo une seule fois, donc j’ai décidé de m’en passer.

Il nous reste donc à construire deux choses :

  • Les entrées à date
  • La géolocalisation

Les entrées à date

Obsidian propose un module principal, la Note quotidienne (Daily note), qui peut suffire, mais il existe un plugin tiers réalisé par l’un des développeurs de l’app (Liam Cain1) qui est plus puissant: Periodic Notes. Il propose notamment de créer aussi des notes hebdomadaires, mensuelles, trimestrielles et annuelles, lesquelles se couplent élégamment avec un autre de ses plugins : Calendar, qui offre une vue… calendrier permettant d’accéder rapidement à la note du jour.

Avec les deux, on est paré. On les installe, on peut associer un modèle à chaque type de note périodique, on cale les raccourcis clavier (comme pour ouvrir par exemple la note du jour rapidement) et zou.

Calendar associé à Periodic Notes : chaque point, dans mon cas, indique une entrée présente.

La géolocalisation

Deux plugins de cartographie principaux se côtoient sur le store : Leaflet et Map View. Le premier permet des cartographies générales y compris fictionnelles, le second se concentre sur le monde réel avec de bonnes vieilles coordonnées GPS et un moteur de recherche de localisation inclus à l’app (tapez votre adresse, il vous cherchera la coordonnée correspondante). On installe donc Map View, qui s’applique mieux à notre cas.

J’ai adopté MapView en début d’année, on constate que j’ai fait des entrées de journal lors de divers festivals en France cette année.

Map View simplifie autant qu’il est possible une donnée compliquée à obtenir de base dans Obsidian : la géolocalisation. En effet, pour des raisons de confidentialité, les développeurs ont choisi de ne pas y accéder, ce qui implique que Map View l’obtienne et la consigne autrement.

Dans l’esprit, la géolocalisation d’une note peut figurer dans ses Propriétés (je vous renvoie à l’excellente doc d’Obsidian pour ça) ou en clair dans la note elle-même selon un simple lien préfacé par geo: comportant les coordonnées GPS correspondantes, auquel cas une Propriété vide locations permettra au plugin de savoir qu’il y a quand même une donnée à chercher dans le texte pour placer la note sur la carte (sinon, il faudrait scanner le texte de vos 9000 notes, ce qui tuerait les performances d’Obsidian).

Du coup : vous pouvez par exemple demander à Map View de chercher vos coordonnées GPS à partir d’une adresse tapée en clair (commande Add inline geolocation link). Je tape ici Tour Eiffel, Map View reconnaît le lieu (connexion Internet requise) et me propose une adresse :

Je valide, le lien est composé automatiquement, ce qui donne la note suivante (en mode source pour que vous voyiez la propriété et la composition du lien) :

Et c’est tout. Map View fait le reste et place vos notes sur sa carte. (On peut même changer l’icône en fonction des tags, des propriétés, etc, pour séparer le journal de vacances du journal d’écriture, par exemple.)

Comment faire si je ne connais pas mon adresse ? Un cas assez fréquent si on bouge pas mal (ce qui est quand même l’idée quand on tient à géolocaliser ses notes). Map View propose un outil tiers, un simple site web qu’on préférera utiliser sur mobile où la géolocalisation est plus fiable, et auquel on attribuera un signet rapide à consulter. Ce « Geo-Helper » fournit les liens prêt à l’emploi et propose même de les insérer direct dans Obsidian.

Au final

On s’appuie sur seulement trois plugins tiers qui sont suivis de près et maintenus, pour des fonctionnalités puissantes répliquant les deux tiers de l’expérience de Day One et ses concurrents. Okay, on n’a pas la météo (le seul truc que j’ai trouvé vraiment complexe à répliquer même si c’est réellement possible, j’ai juste abandonné parce que le jeu n’en valait pas la chandelle), mais le bénéfice d’avoir ses réflexions personnelles au même endroit que ses idées, ses notes de projets, sa base de connaissances dépasse de loin ce qu’on perd à mon sens. Je journal…ise ? principalement pour apprendre et comprendre, pas pour archiver et mémoriser (les photos occupant pour moi ce rôle), même si c’est évidemment compatible.

Pour aller plus loin, ce système peut évidemment se raffiner et se développer :

  • On pourra construire simplement une élégante vue récapitulative par mois ou année avec l’increvable Dataview combiné à Featured Image ;
  • Le fantastique Templater permettra de raffiner énormément le modèle du journal, en ajoutant même directement les géolocalisations les plus fréquemment utilisées pour éviter de se taper l’insertion des liens geo: à la main à chaque fois ;
  • On pourra classer spécifiquement les entrées de son journal par ordre chronologique inverse (le plus récent en haut) contrairement au reste de son Obsidian avec le très puissant Custom File Explorer Sorting.
  1. Certains de ses plugins n’ont pas été mis à jour depuis des années, mais comme il fait partie de l’équipe, je lui fais confiance.
2025-05-16T19:46:40+02:00lundi 26 mai 2025|Best Of, Lifehacking|1 Commentaire

Appréhender les différentes manières de personnaliser Obsidian

Obsidian est pour ainsi dire personnalisable à l’infini, et c’est son principal danger : il est extrêmement facile de se perdre dans des heures de vidéos YouTube, de télécharger des centaines d’extraits de code et de plugins parce que ça a l’air méga cool, et de se retrouver avec un bazar inextricable où plusieurs ajouts font la même chose sans aucune cohérence, qui en plus va casser de façon mystérieuse au gré des mises à jour et incompatibilités.

Ne faites pas ça. Je sais que je radote, mais : si vous commencez à bricoler Obsidian (et il est merveilleusement puissant pour ça, c’est quand même aussi un de ses intérêts majeurs), faites-le avec discernement et parcimonie. Au pire, faites-vous un environnement de test, une vault à part où vous jouez avec tout ce qui vous intéresse, mais gardez votre système principal aussi propre que possible sur ce point. Le bazar doit se trouver dans vos notes à mesure que vous créez dans tous les sens, pas dans les préférences de l’application.

Ceci étant dit, et parce que ça va servir à mesure qu’on regarde ensemble des tas de cas d’usage et de petites modifications qui simplifient grandement la vue dans le cadre de l’écriture créative, regardons toutes les façons dont on peut casser personnaliser l’application pour :

  • La rendre esthétiquement à notre goût
  • Ajouter des fonctionnalités.

Les préférences (et thèmes communautaires)

Bon, c’est la base, mais les préférences d’Obsidian sont déjà bien puissantes. Les comportements de l’application se trouvent principalement dans Éditeur et Fichiers et Liens – je vous renvoie fortement sur la doc officielle, concise mais couvrant tous les aspects de l’app. Ce qui concerne l’interface réside dans Apparence, et parmi les fonctions d’intérêt, mentionnons la capacité de personnaliser fortement la typographie (police de caractère, taille) et les composants majeurs de l’application comme un rappel du titre d’une note directement dans l’éditeur (inline title).

C’est aussi là que vous pourrez choisir un thème tierce partie – beaucoup offrent des fonctionnalités complémentaires qui en font presque des environnements préfabriqués à part entière, à la limite du plugin.

Ma recommandation si vous voulez quelque chose d’un peu plus musclé que le thème de base : utilisez Minimal (qui, contrairement à son nom, n’est pas minimal – il est épuré, ce qui n’est pas la même chose). Minimal est l’un des thèmes disponibles les plus puissants et personnalisables qui soit, mais il est aussi développé par le CEO d’Obsidian, ce qui assure une compatibilité quasi-immédiate avec toutes les mises à jour de l’app.

Minimal comporte deux niveaux de personnalisation, à travers deux plugins tiers : Minimal Theme Settings offre des options générales, mais pour aller dans le détail très poussé, il faut passer par Style Settings, qui est devenu par ailleurs une sorte de semi-standard pour les thèmes et les plugins dès qu’on peut personnaliser l’apparence de quelque chose (Pane Relief s’en sert, par exemple).

Les modules principaux et complémentaires (plugins)

Obsidian propose déjà, de base, un certains nombre de fonctionnalités sous forme de plugins « principaux » fournis avec l’application et dont l’activation ou la désactivation permet déjà de personnaliser grandement son environnement (si vous préférez utiliser un plugin tiers offrant une table de matières plus puissante que le Plan fourni de base, vous pouvez totalement désactiver ce dernier).

Bien sûr, c’est avec les modules complémentaires que l’on ouvre la boîte de Pandore. Certains fournissent juste une petite fonctionnalité pratique comme un raccourci clavier manquant, d’autres proposent une conversion quasi-totale de l’app vers autre chose. D’autres enfin sont devenus des semi-standards sur lesquels d’autres modules s’appuient (Dataview, Style Settings, Tasks, Templater…), c’est honnêtement un peu la jungle, mais trier la liste par le nombre de téléchargements vous indiquera les plus populaires, et regarder la date de la dernière mise à jour vous montrera s’ils sont activement maintenus.

Les extraits CSS

Là, on entre vraiment dans la personnalisation poussée : Obsidian s’appuie sur les technologies du web et accepte des extraits de code CSS (chargés de spécifier l’apparence d’une page web indépendamment de son contenu) pour changer la tête et la disposition d’à peu près n’importe quoi au-delà des préférences, du thème choisi et même de Style Settings. Certains changent juste un détail esthétique, d’autres sont presque des plugins à part entière.

Une partie de mes propres extraits, à la fois glanés sur les forums et codés pour mes besoins. Parce que je suis sur Mac. Le bouton de fermeture d’une fenêtre est à GAUCHE.

Les installer est un peu plus complexe que les plugins, qui se téléchargent et s’activent simplement depuis l’application. Les extraits CSS doivent, eux, être placés manuellement : cliquez sur l’icône de dossier pour vous retrouver dans un dossier caché de votre vault (.obsidian/snippets). Placez le fichier CSS désiré, rechargez la liste dans Obsidian, activez-le une fois que l’extrait est reconnu (et redémarrez peut-être l’application selon l’importance de la modification).

Le dossier .obsidian

Une vault Obsidian comporte donc un dossier caché, .obsidian, contenant toutes les préférences et modifications de celle-ci. On peut y accéder via le bouton sus-nommé, qui existe aussi dans les options des plugins : et vous verrez des fichiers JSON (qui correspondent à toutes les configurations de l’app), mais surtout trois dossiers, snippets, plugins et themes, où logent les contenus respectifs dans des dossiers. C’est une bonne astuce : si un plugin, un extrait ou autre pose un grave problème, il suffit de retirer le fautif de ce dossier pour recharger Obsidian sans. Globalement, puisque vos données sont présentes en clair sur le disque en fichiers média et Markdown, vos données ne risquent pas grand-chose si vous cassez l’application par ailleurs. File over app.

2025-03-25T15:45:57+01:00lundi 7 avril 2025|Best Of, Geekeries|Commentaires fermés sur Appréhender les différentes manières de personnaliser Obsidian

Le Micro Journal, une alternative ouverte, soutenue, indépendante et moins chère aux machines Freewrite

Je ne laisserai jamais Freewrite s’en tirer à bon compte concernant la mise à jour impardonnable de leur clavier, mais il se trouve qu’ils ont tapé juste dans un vrai besoin : écrire sur autre chose que l’ordinateur avec lequel on crée des macros Excel. Plusieurs alternatives ont fleuri sur le marché, mais j’ai envie de dire, à l’heure actuelle, n’allez pas chercher plus loin que le Micro Journal.

Le Micro Journal est développé par Un Kyu Lee, un gars adorable tout seul dans son garage, qui a tout conçu, du code à la coque qu’il imprime en 3D (avec des couleurs rigolotes, en plus). Clairement, il aime ce qu’il fait, il y a réfléchi comme personne, et en plus, il vend ça une misère comparé à Freewrite ! Il est d’une gentillesse et d’une disponibilité à toute épreuve (il a conçu le pilote pour le clavier français du Mac incluant ses caractères spéciaux, jusqu’aux espaces insécables, en totale collaboration avec moi, m’envoyant une demie-douzaine de bêta versions jusqu’à ce que tout soit parfait) et il assure un véritable suivi de son produit.

En gros, l’inverse de Freewrite : le Micro Journal est mieux, et moins cher. Que vous dire ?

Parmi les spécificités du Micro Journal, il propose

  • Un stockage sur carte SD
  • Une synchro avec Google Drive (moyennant un script à installer, mais tout est décrit pas à pas)
  • La possibilité de déplacer son curseur avec les touches flèches du clavier (risquant de donner envie de corriger son texte à la volée, donc attention, mais ça n’est pas non plus une suite complète d’édition, pas de copier-coller par exemple, et c’est voulu)

Sachant qu’il faut se procurer séparément la batterie (Un Kyu Lee ne peut pas la joindre à la machine pour des raisons de règlementation), mais c’est un modèle standard on trouve sans aucun mal sur Internet (et au pire, on fait marcher la machine en filaire).

Le Micro Journal existe en quatre versions « mûres » qu’il convient de comparer pour choisir le meilleur usage (ou alors, toutes les acheter, je ne juge pas) (personnellement, je suis déjà équipé en FW, mais j’ai aussi une v5) :

La Rev 5 (139 $US) propose juste un écran LCD auquel on branche son clavier.

L’intérêt est évident… utiliser son propre clavier. J’ai pu recycler un vieux clavier Mac sans Touch ID avec un câble USBA → Lightning et grâce à notre travail conjoint, Un Kyu Lee dispose donc à présent d’une variante de son firmware avec le clavier français belge spécifique employé par les Macs. N’hésitez pas à lui demander cette variante à la commande si vous le souhaitez (le taf est fait, je n’ai pas de commission, je veux juste le remercier pour sa gentillesse et son boulot génial).

La Rev 2 (289 $US) est l’équivalent de la Freewrite Traveler pour JUSTE TROIS FOIS MOINS CHER. (Traveler : 807 $)

Avec le même écran LCD, et la capacité, bien évidemment, de changer la disposition des touches ET les touches elles-mêmes. La machine qu’on plie et balade partout.

La Rev 6 (179 $US) se place un peu sur le créneau de la Freewrite Alpha. Petit, portable et avec l’écran LCD de la v5.

La touche d’espace ne plaira pas forcément, mais le but de cette machine est d’offrir une alternative à la machine « à clapet » façon Freewrite Traveler, dans une forme transportable, et ça coûte littéralement une misère quand on compare aux Freewrite. Là aussi, évidemment, on peut changer le clavier.

La Rev 7 (339 $US) est l’équivalent exact d’une grosse Freewrite, pour… là aussi, TROIS FOIS MOINS CHER. (Freewrite Gen3: 1050 $)

Celle-ci est clairement la rolls, avec un écran à encre électronique et une bonne grosse coque qui fait lourd et sérieux, alliant l’approche machine à écrire avec la technologie contemporaine. Et vous avez vu, on peut relever l’écran pour ne pas se tordre la nuque… HEIN, FREEWRITE

Et sinon, vous n’avez pas envie de payer la main d’œuvre ? Un Kyu Lee vous propose les composants de base, à vous d’assembler ça vous-même si vous avez envie. Tout est open source !

Des concurrents vont apparaître en production en 2025 sur ce créneau, mais franchement, on ne peut pas pousser éternellement le concept de la machine à écrire, surtout quand le but est d’avoir un appareil volontairement simple pour favoriser la concentration. En ce qui me concerne, Un Kyu Lee a pensé à tout ce qu’on peut demander, développe ses appareils de la façon la plus vertueuse que je puisse imaginer, et elles coûtent une bouchée de pain en comparaison des Freewrite.

Bref, si vous voulez vous équiper en machines à écrire connectées, achetez ça.

2025-02-13T01:04:53+01:00mercredi 19 février 2025|Best Of, Technique d'écriture|Commentaires fermés sur Le Micro Journal, une alternative ouverte, soutenue, indépendante et moins chère aux machines Freewrite
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