Rappel des règles du jeu : il s’agit d’écrire pendant vingt minutes sur un, ou plusieurs éléments, remaniés ou non, de la liste ci-dessous. L’article initial de la série se trouve ici.
Déclencheurs : conflit frontal
- Bagarre désordonnée
- Duel (corps-à-corps)
- Duel (à distance)
- Poursuite
- Engueulade
- Guerre
- Course contre la montre
- Lutte contre les éléments
- Aux portes de la mort
- Éviter l’inéluctable
Défi accompli ! 🙂
Bravo !
Merci du Bravo .
Pour faire comme Onirian Iste, pour le plaisir d’aligner des mots et la magie des délires humains..
« Je ne sais pas où je suis..c’est humide autour de moi..je dirais meme que je baigne dans un liquide..j’entends des bruits, une légère lumière envahie mon espace. Une voix d’homme semble contenir une colère, je n’arrive pas à discerner les mots. Des cris parviennent à me faire trésaillir..je tente d’adhérer comme je peux aux parois de ma prison,mon espace est réduit..Je ressens comme un coup violent..mon habitacle semble amortir le choc mais je ressens une extrème tension autour de moi..des pleurs, des cris..Je ne comprends pas..mais où je suis ? Qui m’a fait cette blague ! Encore un coup..mon abri semble tenir le choc..nonnnn,le liquide semble partir je sens que je glisse vers l’entrée..je ne veux pas..cela semble si bruyant à l’extérieur. Comment j’ai pu arrivé içi ! comment ont ils fait ? Je sens que je glisse, il ne faut pas, après c’est sans doute la fin qui m’attend, du moins ce n’est pas chez moi. « Ne t’inquiète pas, je te protegerais, » cette voix me parle ! Me proteger !! comme veut elle me proteger ! Je ne sais même pas ce qu’il y a hors de cette pièce! Je tape violement contre la paroi! NON ! »
Ce sont les derniers souvenirs qu’il reste dans la mémoire de Kyalirasus de cette erreur de programation d’âme. Elle profita de ce bug pour s’enraciner dans ce corps et arriver sur votre planète.
Juste pour le fun 😉
Relu juste une fois pour l’ortho, 20mn chrono. (quitte à donner des exercices, autant voir ce que ça donne hein ^^)
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– Putain de merde, mais il va me lâcher ce con ?
Je roule à 160 en sur une autoroute passablement chargée, et surtout, à contresens !
Elles sont de combien mes chances de survie ? Vingt minutes pour un piéton, et là ? Je crois que j’ai déjà provoqué au moins dix carambolages, et cet enfoiré est toujours collé a mes basques. J’ai horreur des meurtriers professionnels.
Une sortie arrive, ou une entrée, selon le sens, je la prends, érafle le bord de la bagnole, laisse mon rétro sur le capot d’un idiot qui ne serre pas assez. Bienvenue dans la ville.
Et les hélicos, ils sont où ? dans les séries télé, y a toujours un hélico pour arrêter les cinglés qui prennent l’autoroute à l’envers non ? Chier. Et l’autre con qui est toujours derrière. Il veut pas crever tout seul. Je vois qu’une seule solution, le buter avant qu’il me bute.
Commande vocale, « Appelle Rufiot ».
– Salut Ruf’, comment va ?
– Bien et toi ?
– Y a un furieux, un meurtrier pro, qui est sur mes basques et qui est du genre *vraiment* motivé. Je pense que c’est lui qui a dézingué Mat.
– Oh putain… Pas moyen de le virer ?
– Autoroute à contresens sur deux sorties, je vis encore, mais lui aussi. C’est un cinglé j’te dis. Y me lâchera pas, j’ai besoin d’un contrat.
– … T’es sûr ?
– Pas moyen autrement.
– Ok, j’te passe un contrat sur lui, appelons le M, deux millions et je veux sa tête sur mon bureau. Tu me revaudras ça. Si tu gagnes.
– Contrat accepté.
Je raccroche. M est toujours sur mes basques. Il faut sortir de la bagnole, le prendre à revers, le combattre avec mes armes. Je file dans un parking souterrain, la barrière explose, je me parque au frein à main juste devant une sortie, et je bondis hors de la voiture, à peine le temps de passer la porte et j’entends déjà deux coups de feu. Mais quel con, j’ai horreur du travail salopé.
T’es un meurtrier gars ? Ok, viens jouer dans la cours des grands, moi je suis un Assassin, et j’ai un contrat sur ta tête.
Centre commercial, c’est nickel pour se planquer, mais y aura des dommages collatéraux. Quand y a un contrat, nous ne sommes plus tout à fait les mêmes, la cible est la seule chose qui compte, mais personne d’autre ne doit mourir, c’est le crédo. Et si elle ne meure pas, c’est suicide. Good job, or die.
Encore quelques coups de feu, des cris qui fusent. Je cours vite, plus vite que lui, même s’il est vraiment bon. En fait, je m’assure qu’il me suit bien. Une glissade, je disparais de sa vue, c’est maintenant. Sans me retourner, je saute, prends appuis sur le mur avec mes deux pieds, une balle se loge juste à côté du droit.
Bien tenté gars. Il sort du rayon, mais je suis juste au dessus de lui, et pas du genre à gaspiller cinq chargeurs.
Le temps s’arrête, je vole, il se demande où je suis. Il comprends. Un salto. Il lève le nez, fait un grand O de la bouche, et une balle s’engouffre. Elle passe par l’œsophage, fait un joli carnage dans son corps et ressort de l’autre côté.
Je retombe, sort mon couteau (un peu plus grand que la moyenne, c’est fou ce qu’on peut cacher avec un peu d’habitude), lui tranche la tête.
Amateur.
Done.
Tu as bien réussi ton coup avec les déclencheurs, ma première réaction a été « oh non, pas ça, je n’ai aucune envie d’écrire sur la guerre ou le conflit ou l’engueulade, flûte! »
Puis finalement, ça m’a pris plutôt 25-30 minutes, la prochaine fois je mettrai peut-être un chrono pour ne pas oublier l’heure en cours de route…
Voilà, j’ai fuis, encore. Je me suis réfugiée derrière un sourire, alors qu’en moi ça bouillonnait, non ça ne me va pas, je ne suis pas d’accord, je ne peux pas être d’accord. Eh, on parle d’êtres humains, là. La dignité, ça vous dit quelque-chose ?
J’ai voulu soutenir son regard, mais il effleurait à peine le mien. Je me suis sentie petite, non, pas petite, transparente : je ne suis qu’un moucheron qu’on écarte d’un revers de la main, inutile de s’y attarder. Pas de taille à lutter ? C’est ce qu’on va voir. J’ai senti le sang affluer, mes joues chauffer. C’est le moment de riposter, ne laisse pas passer l’occasion. Il mérite d’entendre ce que tu penses. J’ai articulé une syllabe, bien décidée à le mettre K.O. Il avait déjà tourné les talons en direction de l’ascenseur. Pour un étage, une seule volée de marche, pas une fois vous ne prendriez l’escalier, hein, évidement, ai-je pensé. Prenant une bouffée d’oxygène, j’ai lancé « Monsieur… », tout en fourbissant mes arguments, affutant mes mots pour toucher juste. Il s’est retourné, surpris. « Mademoiselle… ? »
Raté. Envolée, ma défense lumineuse, mon réquisitoire pour la justice, cette plaidoirie qui pouvait tout faire basculer, qui l’aurait fait se sentir honteux, désolé. L’espace d’un instant, pourtant, j’avais su ce qu’il fallait dire.
« C’était une discussion enrichissante. J’espère que nous en reparlerons. »
« Mais avec plaisir, Mademoiselle. »
Il s’est engouffré dans l’ascenseur. Je me suis appuyée au mur. Dos noué, tempes battantes. Ça cognait dans ma tête, indignation, frustration, désolation, révolution, résignation. Non, non, je ne dois pas me résigner. La prochaine fois, j’aurais mieux préparé mes armes, je ne laisserai pas passer l’occasion de lutter…
Bravo pour avoir joué le jeu et, par-dessus tout, d’avoir accordé de l’importance à ces vingt minutes, et donc à votre écriture! En espérant que cela inspire d’autres à se joindre à l’initiative. Il n’est jamais trop tard 🙂
Eh mais tout le monde vient mettre son texte ici 🙂
J’ai écrit un petit quelque chose aussi mais sans avoir pris la peine réfléchir à l’avance, ce qui donne un texte sans fin. J’ai simplement « laissé venir » dès la première seconde et mis un point à la vingtième minute, laissant les choses là où elles en étaient arrivées. Voici le résultat:
Ce foutu tube de dentifrice était posé là, sur le bord du lavabo. Le capuchon gisait un peu plus loin, comme d’habitude. Il leva les yeux, fixa son image dans le miroir. Des traits fatigués. Une légère lueur de colère et un frisson qui lui montait le long de l’échine.
Il prit le tube et le balança en travers de la pièce. Du dentifrice gicla sur les murs comme du sang après un coup de couteau.
Il franchit la porte, se cognant l’épaule au passage dans l’encadrement et jura.
« Marie. » Il longea le couloir en direction de la chambre. « Marie ça fait vingt fois que je te dis de reboucher le tube de dentifrice. J’en ai marre, t’entends ? Ras le bol. Alors tu vas le ramasser, le reboucher et le ranger. Compris ? »
La petite fille se tenait recroquevillée sur son lit. Elle regardait cet homme terrible vêtu d’une chemise blanche et d’un pantalon de jeans délavé. Il fallait bouger. Maintenant. Ordonner à ce corps frêle de se mouvoir, de descendre du lit sans un bruit, d’aller dans la salle de bain, de ramasser le tube probablement explosé et de nettoyer sans un mot. Il fallait qu’elle obéisse.
« Ne me force pas à… »
« …me répéter, » chuchota-t-elle en impulsant un début de mouvement.
« Quoi ? »
Ne pas répondre. Surtout pas.
Elle parvint à détendre un peu ses muscles. Lentement, comme engourdie par une nuit d’hiver, elle passa près de lui et sentit son odeur de frites et d’huile recuite. Un léger haut-le-cœur. Il ne bougea pas. Elle se glissa entre lui et la porte sans même bousculer le peu d’air qui s’y trouvait.
Elle remonta le couloir. Ses pas résonnaient dans son esprit. Elle pensa à ces prisonniers qui remontaient eux aussi un couloir, vers une porte, la dernière porte, le dernier couloir.
Le tube se tenait bien là comme elle se l’imaginait, pauvre corps longiligne lâchement assassiné.
J’ai pu participer. C’était super bien. Vivement la prochaine 🙂
Ma main tremble à peine. Je la regarde, interloquée. Je n’ai pas fermé l’œil de la nuit, ou, pour tout dire, je n’ai même pas dormi depuis une semaine. Je m’attendais donc à être dans un état catastrophique ce matin, et puis non. Je ne sais si je dois m’en réjouir ou pas.
Spencer est venu me chercher, comme à son habitude, à six heures trente. Il ne me quitte plus d’une semelle depuis l’arrivée du premier colis. Certes c’est le staff de la sécurité qui l’a mandaté, mais même s’ils ne lui avaient rien demandé, il se serait porté volontaire. Spencer est comme un père pour moi. Il m’a accompagné toute ma carrière, depuis ma première campagne de candidate députée.
Nous nous sommes imposés la règle du petit-déjeuner. Mon estomac a été moins fort que ma main. Je n’ai pu avaler qu’une demie tasse de café. Je ne mange pas beaucoup d’habitude, mais le petit-déjeuner est mon moment favori. Je peux lire la presse tranquillement, mon portable est encore éteint, je n’ai pas d’ordinateur allumé et mon conseiller en communication a pour devoir de ne pas venir frapper à ma porte avant sept heures et demi. Aujourd’hui il ne viendra pas.
Il est occupé à préparer ma conférence de presse.
Pour rire, il y a deux jours, je lui ai demandé de préparer ma rubrique nécrologique. Il l’a pris au second degré :
« Ne vous inquiétez pas, Madame la Présidente, ce n’est pas le premier débat auquel vous participez ! »
Il en avait oublié les colis. Ou peut-être a-t-il confiance en ma garde rapprochée.
J’ai confiance en Spencer bien sûr, qui sirote un jus d’orange à côté de moi. D’une seule main, l’autre prête à sortir son arme et à se jeter sur moi. Mais que peut faire Spencer ?
Dans les colis, il y avait des bouts de cadavre. On a su après expertise qu’il s’agissait de mon ex époux, disparu deux jours plus tôt. Rien n’accompagnait ce cadeau, mais tout le monde l’a pris très au sérieux.
Il ne fait pas bon être une femme politique dans mon pays. Surtout pas une Présidente. Surtout pas une réformatrice. Surtout pas une femme. Surtout pas dans ce pays.
Je me lève. Il est temps de partir.
Je remets en place mon tailleur. Le dernier qui me reste. La sécurité refuse que j’aille faire les boutiques et qu’un tailleur vienne me voir, trop dangereux. Et quant aux colis… Inutile d’en parler.
Pour le débat d’aujourd’hui, la veille du vote qui m’a couté tant, j’ai décidé de forcer le destin. Il est hors de question de choisir une vidéo conférence. Que penseraient mes électeurs ? Les citoyens de ce pays, eux aussi menacés, tous les jours, partout ? On ne compte plus les demandes de rançons, les peaux de vin, les enlèvements, les menaces. Je suis concernée. Mon fils a été enlevé il y a une semaine. Mais tous les fils et toutes les filles de ce pays qui ont disparu, tous les pères et toutes les mères, tous les individus sont mes enfants, et c’est pour tous que je dois faire un effort.
La porte s’ouvre vers le garage. Je secoue la tête.
« Non. »
Spencer n’est pas d’accord. Passer par le porche est trop dangereux. Il y a plus de huit mètres entre la porte et la voiture blindé. Et des tas de journalistes.
« Je sais. »
Je souris.
Mes lèvres tremblent aussi peu que ma main.
« Mais ce jour est important. Je ne dois rien laisser au hasard. »
Est-ce que j’ai bien fait mon travail ? Ai-je été une bonne élue ? Une bonne présidente ? Pour tout dire, je n’en sais rien. Je n’en sais toujours rien quand mes pas me mènent sur le chemin dallé, à l’extérieur de ma maison.
Il n’y a que sept mètres.
Je sais que je n’irai jamais à ce débat. Je n’en aurai pas les moyens.
Mais ces dizaines de caméras qui me filment, ces journalistes qui me houspillent, ces photographes qui tirent mon portrait, fatigué, vieilli d’une présidente en fin de parcours, d’une épouse veuve et d’une mère éplorée, tous cela, je veux leur montrer que je vais jusqu’au bout de mes convictions. Et que ces convictions continueront à grandir et à se propager bien après que la balle éclabousse mon dernier tailleur.
Spencer s’est jeté sur moi, mais il y avait plusieurs tireurs.
J’aurai préféré qu’il ne soit pas blessé. Quant à moi, je pensais avoir plus mal que cela.
Je m’éteins sur le chemin d’un débat politique, noyant de mon propre sang les dalles de marbres de mon jardin et je souris. Je ne tremble plus. J’ai gagné.
Le combat ne fait que commencer.