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Une clause anti IA pour les contrats d’édition

Le 30 septembre dernier, journée internationale de la traduction, vous avez peut-être vu passer des appels de la profession à se mobiliser contre les modèles de langage dits IA pour tous les dangers qu’ils représentent en termes de biais, de diversité culturelle, de pérennité des professions littéraires et d’impacts environnementaux et sociaux.

Un premier exemple de clause interdisant, de la part des auteurs, tout recours à ces technologies en rapport avec leur travail, nous vient du monde anglophone. Je n’en propose pas de traduction parce que je préfère qu’un·e juriste s’y colle plutôt que risquer une version non bétonnée qui pourrait être reprise, cependant il me semble que nous devrions tous inclure ce genre de paragraphe dans nos contrats. Et vu combien cette clause est raisonnable, je trouve que cela ne devrait pas susciter de débat.

The Publisher may not use artificial intelligence in any manner in relation to this Work, including to reproduce, translate, narrate and/or produce art for the Work without the Proprietor’s express permission, nor does the Publisher have the right to sublicense others to use artificial intelligence in any manner to reproduce, translate, narrate, and/or produce art for the Work without the Proprietor’s express permission. Furthermore, the Publisher will not use cover or interior artwork generated by artificial intelligence. In addition, the Proprietor expressly prohibits the Publisher from using the Work in any manner for purposes of training artificial intelligence technologies to generate text, including without limitation, technologies that are capable of generating works in the same style or genre as the Work. The Proprietor reserves all rights to license uses of the Work for generative artificial intelligence training and development of machine learning language models. The Publisher will use best efforts to include a limitation in any sublicense of the Work prohibiting the use of the Work for training and developing generative artificial intelligence technologies.

2025-10-07T08:32:06+02:00mercredi 8 octobre 2025|Le monde du livre|0 commentaire

Sublime, une app de capture plutôt que de notes

Toujours à la recherche de l’app qui fait tout bien (ça n’existe pas, on s’en reparle), j’ai testé il y a quelque temps Sublime, un outil qui a un peu attiré l’attention.

Ceci ne sera pas un test détaillé, car je ne suis pas convaincu. En son cœur, Sublime est un outil de capture pour canaliser tout ce qui inspire : image, bout de texte, site web. Ensuite, des algorithmes vous mettent ça en réseau d’eux-même pour nourrir l’inspiration et vous présenter votre contenu en réseau. L’idée de Sublime est de réaliser une app simple, agréable d’emploi, aux antipodes d’Obsidian et de sa ribambelle de plugins : 1. capturer 2. there’s no step 2.

Je peine un peu à voir la finalité – il me semble qu’on peut recréer un outil de capture aussi puissant assez simplement avec Evernote, Bear ou même Readwise ; et philosophiquement, je crois qu’il existe bel et bien un piège de la collection (Collector’s Fallacy) . Ma propre expérience est que j’ai toujours beaucoup mieux appris et retenu ce dans quoi je m’impliquais activement, qu’il s’agisse d’un texte ou d’une expérience de vie. Je préfère établir mes liens moi-même plutôt que d’avoir une app qui les fait à ma place ; il me semble que c’est la moitié du sens qu’on attribue aux choses.

Je ne suis donc pas le public pour Sublime, et je crois que l’écriture se nourrit davantage d’implication active et profonde dans ses sujets, ses personnages et ses thèmes. Mais si ce que j’en dis vous fait précisément bondir sur votre chaise en vous écriant : « MEWI, c’est exactement ce qu’il me faut », alors faites-vous plaisir :

➡️ Sublime.app

2025-10-06T06:19:29+02:00lundi 6 octobre 2025|Geekeries|0 commentaire

Procrastination podcast s10e02 – Dix ans de podcast, nos apprentissages les plus importants

procrastination-logo-texte

Deux semaines ont passé, et le nouvel épisode de Procrastination, notre podcast sur l’écriture en quinze minutes, est disponible ! Au programme : « s10e02 – Dix ans de podcast, nos apprentissages les plus importants« .

Dix saisons de podcast et de pratique de l’écriture en parallèle : le moment paraît symbolique pour revenir sur les apprentissages les plus importants, acquis à titre personnel, dans ce laps de temps.

Pour Estelle, c’est l’importance crucial de trouver sa propre voie. De ne pas se conformer aux trajets ni aux injonctions des autres qui, pour intéressants qu’ils peuvent sembler, correspondent rarement à la personne ; et donc, trouver et tracer celle-ci.

Pour Mélanie, c’est apprendre à connaître son fonctionnement et à respecter son rythme personnel, ce qui a occasionné chez elle une leçon profonde d’acceptation de soi et du parcours qui a résulté.

Pour Lionel, c’est les strates toujours plus profondes de l’adage « show, don’t tell », avec la dramatisation érigée comme vecteur idéal de narration.

Procrastination est hébergé par Elbakin.net et disponible à travers tous les grands fournisseurs et agrégateurs de podcasts :

Bonne écoute !

2025-09-27T09:27:30+02:00mercredi 1 octobre 2025|Procrastination podcast|0 commentaire

Expansion de texte : article invité sur le blog de Typinator, app sans abonnement

Je vous le dis, je vous le redirai, l’expansion de texte, ça n’a l’air de rien et ça paraît stupide az feuque mais c’est prodigieux, c’est génial, c’est rigolo et en plus ça permet de taper rapidement des emojis partout dans ses notes quand on s’en sert comme signifiants genre ⚠️ ❓💡 🗒 👤.

J’ai depuis longtemps cessé de recommander TextExpander (sur abonnement et lent à l’usage) au profit de Typinator (achat unique, d’une rapidité confondante sur Mac). Aujourd’hui, la compagnie qui produit l’app, Ergonis, m’a invité à en dire du bien sur leur blog officiel, et je vous y explique donc pourquoi expansion de texte implique mathématiquement margaritas.

➡️ L’article sur le blog d’Ergonis.

2025-09-27T09:24:28+02:00lundi 29 septembre 2025|Lifehacking|1 Commentaire

La photo de la semaine : Vague de roc

La sagesse aborigène explique que les trois formes à l’intérieur sont trois hommes pétrifiés par le surgissement de l’esprit maléfique envoyé par la tribu voisine qui s’était offensée que les locaux ne répondent pas favorablement à une invitation. Pensez-y la prochaine fois que vous vous étripez en ligne, ça rigolait pas autrefois (pris sur le flanc de l’Uluru, Central Australia).

Wave of rock
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2025-09-22T10:17:21+02:00vendredi 26 septembre 2025|Photo|0 commentaire

L’étrange quête d’acheter un CD en ligne en 2025

Les années 1990 de Tangerine Dream sont un peu, disons, controversées. La technologie se développant, le groupe rompt avec ses racines expérimentales (Phaedra, Ricochet, Rubycon, Tangram, Stratosfear, Hyperborea…) pour embrasser les nouveaux sons qui deviennent disponibles notamment à travers la synthèse FM et le sampling, mais le résultat convainc assez peu les fans de la première heure. Melrose, Goblins’ Club font hausser des sourcils dubitatifs ; mais, pour être entièrement juste, ils ne sont pas les seuls à peiner à prendre ce virage – la quasi-totalité des grands pionniers de l’électronique se perd aussi à cette période1. Apple Music fait même apparaître un trou curieusement suspect sur cette période, omettant un paquet d’albums pour un groupe qui a pourtant plus de cent sorties studio :

(Ils auraient aussi pu s’abstenir de laisser Tyger, mais ça reste un album historique, pas forcément pour de bonnes raisons.)

J’ai une copie d’époque de Goblins’ Club numérisée depuis belle lurette, que je me remets parfois pour la nostalgie (même si ça n’a pas bien vieilli non plus) et, me baladant au hasard, je découvre une chronique de l’album mentionnant que le meilleur de cette période un peu difficile serait Mars Polaris. Tiens donc ! Je ne le connais pas (en même temps, à moins d’être un fan très hardcore, c’est difficile de tout connaître de TD, et pour ma part, je suis bien plus Virgin Years), mais qu’à cela ne tienne, on est en 2025, ça se trouve, hein ?

Eh bien : étonnamment pas. Absent des services de streaming, donc2. Pas grave, ça s’achète : activons l’option pour le magasin iTunes et… non plus. Amazon mp3 ? Qobuz ? Rien. Il y a une playlist sur YouTube, constituée de bric et de broc, et même une vidéo complète, mais ça n’est pas une vraie sortie, hein ?

Il se trouve que l’album n’existe pas, officiellement du moins, sous forme numérique, ce qui pose toujours la question de l’archivage et de la disparition des supports. La seule manière d’en trouver une « vraie » version a été de dégoter le CD sur eBay, et c’est rigolo d’acheter un CD sur eBay en 2025, comme si j’avais encore mon modem Netissimo raie manta pour discuter sur ICQ.

L’engin est bien arrivé à Melbourne un mois plus tard. Et tenir une galette neuve entre mes mains, pour aller la classer dans ma colonne de CD physiques, n’est plus un acte que je fais très souvent, disons.

Surtout que la première chose que j’aie faite est de l’archiver en ALAC avec le lecteur externe planqué dans un coin de mon bureau derrière un plateau à fournitures de bureau qui ne sert plus qu’à la numérisation. (L’app Musique fait ça très bien ; le modèle que j’emploie est un lecteur de Blu-Ray Asus BW-16D1H-U PRO qui fonctionne avec macOS.)

Mars Polaris vit dans mes entrailles numériques.

Verdict ? Ah, j’ai quand même surtout fait ça pour l’amusement, hein. Sinon, ça sonne vraiment comme du Tangerine Dream de 1990. J’ai écouté l’album plusieurs fois, et je n’en retiens quasiment rien à chaque écoute (sauf peut-être Tharsis Maneuver, avec sa séquence en fond chouette). Ce qui n’est pas forcément un désavantage ! Et ça ne m’est pas non plus ouvertement désagréable comme peuvent l’être Tyger ou Melrose. On est d’accord que je n’irai pas non plus chercher les quelques 75 albums restants que je n’ai pas et qui ne sont pas disponibles en streaming 3. J’ai des factures d’électricité à payer.

  1. Chronologie de Jean-Michel Jarre conserve des morceaux immortels et d’autres qui ont horriblement mal vieilli ; il fera même demi-tour par la suite, revenant aux machines purement analogiques pour Oxygène 7-13.
  2. Comme d’autres étranges aventures, du groupe, d’ailleurs. Pas trace de Cyclone non plus, dont j’aime le côté délicieusement kitsch, et que j’ai en CD depuis trente ans, heh.
  3. Même si le streaming est désastreux en termes de rémunération des ayant droit – je suis au courant –, en tant que consommateur, quel pied !
2025-09-20T10:11:43+02:00mercredi 24 septembre 2025|Décibels|0 commentaire

Philippe Ward

Certains noms ont bâti des pans entiers de l’imaginaire français. Comme beaucoup, beaucoup d’autres, il m’avait donné ma chance, avec conseils avisés et encouragements sans complaisance, et, comme beaucoup, beaucoup d’autres, je lui dois une part importante du démarrage de ma carrière. Un pilier du milieu, qui nous a quittés le 11 septembre dernier, laissant le métier entier en deuil.

Rappelez-vous donc Philippe Ward. Un grand homme, par la taille et l’œuvre, au merveilleux accent ariégeois connu de tout le fandom et d’une gentillesse absolue, nouvelliste et romancier d’importance (multilauréat du prix Masterton, lauréat des prix Ozone, Ayerdhal, du prix ActuSF de l’uchronie pour la saga Lasser coécrite avec Sylvie Miller, et d’autres encore). Également le cofondateur des éditions Rivière Blanche en 2004, qui ont à la fois ressuscité l’esprit d’une littérature d’aventure disparu avec le Fleuve Noir de l’époque, et fait confiance à des ouvrages parfois audacieux, avec un profond souci de recherche des nouvelles voix du domaine. Entre autres, « Rivière » a longtemps porté des recueils de nouvelles qu’il aurait été impossible de placer ailleurs (qui d’autre aurait accepté le recueil d’un auteur tel que moi, qui n’avait à l’époque qu’un roman en préparation ?). Philippe et Rivière Blanche ont offert pendant de longues années à la nouvelle d’imaginaire et au roman d’aventure populaire des places qu’il était extrêmement difficile de trouver ailleurs, et ces formes ont survécu, puis se sont épanouies grâce à lui et cette maison.

Merci, Philippe. Jeunes générations qui passez par ici, si son œuvre tant littéraire qu’éditoriale et patrimoniale ne vous est pas encore familière, partez à la découverte de son univers, et sachez combien l’imaginaire français lui doit beaucoup !

2025-09-20T10:05:17+02:00lundi 22 septembre 2025|Le monde du livre|2 Commentaires
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