Rappel des règles du jeu : il s’agit d’écrire pendant vingt minutes sur un, ou plusieurs éléments, remaniés ou non, de la liste ci-dessous. L’article initial de la série se trouve ici.
Le personnage peut évidemment être de sexe masculin, féminin, chaise, astéroïde, procaryote.
Déclencheurs : personnages
- Génie méconnu
- Adulé de tous
- Rêveur insatiable
- Frustré sans savoir pourquoi
- Amoureux transi
- Petit mais costaud
- Ambitieux sans scrupules
- Efficace mais effacé
- Angoissé perpétuel
- Gentil incompris
Je veux.
Je veux, je veux, je veux.
Mais je veux quoi ? Vous savez, cette idée me hante, me transperce, me tue même. Je veux, oh dieux, je veux, et je sais que je peux l’avoir, j’en ai le pouvoir, je suis un rêveur, un fou, mais aussi, mais surtout un génie brut. Si seulement, si seulement j’avais la moindre idée de ce que peut être ce que je cherche. Du sexe ? La peau d’une fille sur la mienne, ma queue entre ses jambes, ses jambes à mon cou ? De l’argent, nager dans le fric, plonger dans le flouze, des liasses de billets dans chaque main, le monde griffonné au bas d’un chèque ? De la nourriture ? Le palais des dieux dans ma bouche, les saveurs qui tremblent, le bonheur qui fond sur ma langue, les odeurs qui déclenchent des mirages ?
Par les dieux des cieux et des enfers, je veux, je veux, je veux. Je tuerai pour ça vous savez ? Je veux depuis toujours, je le sais je le sens, c’est là, juste là, coincé dans mes tripes, ça veut sortir, une espèce d’Alien qui me déchire les entrailles qui cherche son nom et veux le hurler.
J’ai tout tenté, tout ce à quoi j’ai pensé, de la méditation transcendantale à la luxure, de l’ascétisme aux drogues dures. Je veux et j’enrage de ne pas savoir quoi, ça me hante, jour et nuit. C’est comme un marteau qui cogne, bam, bam, bam. Parfois, je me réveille la nuit, étendard levé, prêt à tout, le voile est si fin, comme si j’avais enfin pu toucher la grâce, avoir l’illumination. Les religieux sont tous des cons. Ça ne marche pas, rien ne marche, rien, rien, rien.
Je frappe les murs, saute en parachute, baise, chie, bouffe, lit, écrit, dors, et frappe encore, et encore.
C’est comme la danse des sept voiles, la nymphe est là, mais on ne fait que l’apercevoir, et on se réjouit de la voir en entier, parce qu’on sait que cela viendra, et parce qu’on sait ce qu’est une femme, parce que je peux m’imaginer ses seins sous mes mains et ses jambes sous mes coups. Mais quand les voiles sont seuls, qu’ils dévoilent un monde absolument incompréhensible, que je désire plus que ma vie. Que faire ? Je veux, je veux, je veux.
Je sais la couleur du vent, j’ai hurlé avec les loups, j’ai allumé des bougies en pentacle invoquant toutes les magies dont j’étais capable, j’ai croisé des filles si légères qu’elles ne marchaient pas, elles volaient, j’ai chanté pendant des heures avec des inconnus, j’ai joué de la musique, je me suis perdu dedans, et jamais, absolument jamais, pas un seul petit putain d’instant, cette faim n’a cessé de me tirailler, de me fouailler les entrailles et de me faire gémir de douleur.
A chaque pas que je fais, ca crie dans ma tête : « erreur, tu encore fais erreur, c’est autre chose que tu cherches ». J’ignore ce que c’est, mais j’ai des millions de réponses quand à ce que ce n’est pas. Des millions de pas dans la mauvaise direction, à tourner en rond, en carré et désespoir.
Mais récemment, quelque chose de nouveau est apparu, quelque chose que je n’avais jamais rencontré avant. J’ai peur. Oui peur. Parce que parfois, je crache, et ce que je crache est rouge. J’ai cherché là aussi si ma cruelle Némésis ne se cachait pas dans ces crachats, mais vain, tout est vain. Mon mouchoir se teinte de sang, et mes quintes de toux se font de plus en plus vive.
Je me fiche de mourir, vraiment, je me tailladerai volontiers les veines moi-même, si pour un instant, pour un instant seulement je savais ce que je cherche. Qu’importe même de le trouver, je n’ai plus de temps, il file, il se noie, il disparait, s’effiloche. Mais, oh dieux, damnez-moi, tuez-moi, invoquez la fin du monde si ça vous chante, mais dites-moi, montrez-moi enfin, faites taire les voix… Je veux, je veux, je veux.
Mais quoi ?
Nous nous sommes rencontrés il y a 8 mois.
J’ai vécu avant elle, dans le fond de cet entrepôt, j’étais parmi d’autres meubles, personne ne semblait me voir, ni apprécier mon assise. Je n’étais rien puisque inutile, invisible. Quelques fois des fesses molles, des jambes usées venaient se reposer …mais rien de captivant.
Cette après midi de décembre restera à jamais dans ma mémoire.
Elle posa ses mains sur mon dossier, m’attira à elle, me dépoussiérera. Elle se posa sur mon assise, ses jambes voilés contre mes pieds, ses cuisses. Un délice. Elle portait ce jour là une jupe noire et des bottes, un pull angora. Vous ne pouvez imaginer ces plaisirs sensuels, l’odeur du cuir et son parfum muscé. Elle ne tenait pas en place. Appuis sur la cuisse gauche, dos contre dos, appuis sur la cuisse droite, jambes croisées et décroissées.
J’étais également frémissante de ces mouvements, me permettant de ressentir ces moindres centimetres de peaux, de réveiller les particules de mon ossature. Par moment, des parcelles devenaient chaudes, je me dilatais de ces moments de contact. Dernierement j’ai pu sentir son coté plus intime, elle est arrivé en mini jupe.
Aujourd’hui, je reste toujours de bois malgré ma patine plus brillante, 8 mois de passion. Comment pourrais je lui avouer mon entière dévotion. J’ai des envies particulière, des idées d’assise différentes, des envies de contact plus charnelles. Sa seule présence près de moi me comble et me ravit.
Etre là juste pour elle,la soutenir, savourer ses moments de détente, entendre sa voix .
« – Isa, nous avons reçu le dernier catalogue de mobilier, tu devrais voir pour changer ta chaise, elle semble bancale »
– ok, je regarderais demain, bonne soirée «
Il continuait à virer, songeur. Et si cette prochaine révolution annonçait du nouveau ? Peut-être la reverrait-il plus tôt qu’attendu, sa dame de cœur, si radieuse, irréelle, entourée de son halo bleu. Il aurait pu calculer les trajectoires, s’il avait seulement su compter, s’il savait ce qu’était un jour ou une année. Mais quoi, à quoi bon ici ? Ses lunes, toujours attentives à ses côtés, l’avaient prévenu. Dans cette course immuable, tenter d’appréhender le temps serait source de désespoir. Pourtant, il sentait dans tout son être que quelque-chose pouvait changer. Quand il fermait les yeux, il tourbillonnait, s’enivrait de sa propre vitesse, se prenait à rêver d’un autre soleil. S’il accélérait ?
Un grand frisson le traversa, faisant craquer sa surface trop longtemps engourdie. C’est maintenant, se dit-il, et il se concentra. Il sentait la chaleur pulser depuis son cœur, courir dans ses veines, affleurer sous ses roches. Il prit de la vitesse, entrainant avec lui les trois lunes qui peinaient à le suivre, incrédules puis affolées. Et dans un grand éclat de rire, avec sa rotation folle, entrant en éruption de toute part, il décolla enfin de son orbite…
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(tu as écrit astéroïde. alors forcément, y’a eu collision dans ma tête avec la dernière fois que j’ai consolé une planète en faisant des pompes)
Tu ne nous en voudras pas, hein ? 😉
http://www.actaestfabula.fr/une-typologie-humoristique-des-auteurs-et-editeurs-de-sfff-selon-les-declencheurs-de-lionel-davoust-1379
Mais pourquoi sont-ils si méchants ?
Bravo à tous (un peu en retard) pour vos participations. Ne lâchez rien !