Rappel des règles du jeu : il s’agit d’écrire pendant vingt minutes sur un, ou plusieurs éléments, remaniés ou non, de la liste ci-dessous. L’article initial de la série se trouve ici.
Que fait cet élément dans l’histoire ? Est-ce un accessoire ? Le pivot de l’intrigue ? Un coup de théâtre ? Réfléchissez, et surpenez-vous !
Déclencheurs : un élément What The Fuck ?!
- Chat
- Bracelet brésilien
- Sabre brisé
- Sablier
- Lampe à huile
- Ecran plat
- Marqueur noir
- Bouée de sauvetage
- Clé à molette
- Sac de terreau
Le sabre brisé gisait aux pieds du samouraï, qui hurla son désespoir comme un loup-garou chante face à la Lune.
« Noooooon ! »
Un chat sortit de la pénombre et s’arrêta face au samouraï. Celui-ci dévisagea l’animal, dont le regard fixe et sage semblait lui dire de ne pas s’inquiéter, car tout est poussière et illusion sur cette terre.
Le samouraï s’accroupit et tendit le poing, qu’il ouvrit, révélant un bracelet brésilien. Le chat le renifla.
« Vois-tu ceci ? Ce bracelet m’a été donné par mon maître, afin que j’en prenne grand soin ; il disait qu’un message secret était caché dans son motif. Ma mission était de l’apporter à son ami, qui vit à cinq jours de voyage d’ici. Je voyage depuis déjà trois semaines. J’ai dû me battre contre des géants et des dragons vicieux pour protéger ce simple petit ornement venu d’au-delà des mers. Lors de mon dernier combat, mon sabre s’est brisé ; mais le plus grave, c’est que le bracelet s’est défait… »
Le chat ronronna, jeta à l’homme un coup d’œil indifférent et se mit à mâchonner le bracelet.
La forêt résonna longtemps des cris du samouraï.
(Comme le thème est WTF, le texte tout entier est WTF)
Sur l’écran plat,j écris au marqueur noir une phrase » what the fuck ».
Un chat se décompose en regardant le sablier vidé.
La clé contracte sa molette pour se jeter sur le sabre brisé. La lampe à huile tourne au vinaigre. Le bracelet brésilien se jette à l’eau pour servir de bouée de sauvetage au sac de terreau. Le soleil tourne sur lui même. La lune se couche. La terre s’immobilise. L’homme suit son ombre comme un pantin. Les mots,les phrases se mélangent sans sens ni tournure. Le sabre brésilien joue avec la clé de sauvetage. le sac à huile et la lampe de terreau regarde le chat se mettre à plat. L’écran s’étire. Le temps n’existe plus. C’est l’ anarchie.
L’anarchie des objets, des mots. Le pouvoir du créer à sa guise.
Le non sens est le bon sens. Il faut s’en sortir de cette nonchalance. Les mots me poursuivent, s’imbriquent de force. Je ne peux plus les arrêter.
Mes doigts tapent cet écran sans comprendre, comme s’ils jouaient un air de musique. Seule le clapotis des touches semblent convenir.
Mes pieds entendent un son, ma tête marche, mon coeur respire, mes mains chantent, mes poumons battent.
Brésilien ou molette,je capitule, je me rends, je suis le contre sens d’une circulation de phrase.
L’ antagoniste est mon moteur, le synonyme est un contraire, Le bled c’est l’enfer, le dictionnaire son complice.
Dringgggggg. 20 minutes de « what the fuck »
Lionel, je constate que souvent les liens de facebook vers ton site ramouillent. Là ça a pris plus de 2 minutes pour que la page s’affiche. Je ne sais pas si c’est dû à une opération faite par ton site ou facebook pour faire de la stat ou de l’interconnexion, ou si c’est ton site qui rame de temps en temps (en fait je le consulte quasiment toujours par des liens postés sur facebook)
Luc Sorel : Souvent c’est FB qui ralentit les liens, ils chargent une page intermédiaire pour leurs stats, savoir ce que tu as mangé ce matin et obtenir tes codes d’armes nucléaires. Mais il arrive que le site rame AUSSI. Tout ça n’aide pas.
« L’ensemble des biens précédemment cités, ainsi que les liquidités et différents titres de propriété établis à mon nom, seront versés en intégralité à la fondation Épigée pour la Dispersion des Savoirs Hétéroclites et des Idées Fantastiques. »
Johan, Marc et Mira échangèrent des regards incrédules, teintés d’effroi. Marc tenta de balbutier quelque-chose, mais le notaire reprit :
« A mes très chers petits-enfants, et afin qu’ils ne soient pas lésés par ces dispositions non conventionnelles, je lègue ma petite cassette plaquée d’ivoire et ce qu’elle renferme, que j’ai remis à mon exécuteur testamentaire en prévision de ce jour. Il leur reviendra de s’en partager le contenu, d’un commun accord et sans violence. »
Marc laissa échapper un soupir, le sourire crispé de Johan se détendit légèrement. La cassette, qui ne quittait jamais le vieil homme, était une vraie légende familiale. Le notaire fit basculer un petit panneau dans le mur, découvrant une petite niche d’où il extrait une cassette ouvragée. Dans un tiroir de son bureau de chêne, il saisit une petite clé blanche, qu’il tendit à Mira. « Mademoiselle, si vous voulez vous donner la peine… »
Mira sentit ses frères la pousser du coude, pressés d’en finir avec cette attente éprouvante. En insérant la clé dans le délicat mécanisme, elle eut une pensée pour l’alliance de sa grand-mère, sa parure de rubis, et surtout pour le beau solitaire qui ferait bientôt sa fortune…
« Oh, Mira, tu l’ouvres ou quoi ? » la rabroua Marc. Elle se reprit, souleva le couvercle, et aussitôt éclata d’un rire nerveux. Marc se figea, bouche ouverte, livide. Johan étouffa un cri de rage, les poings serrés.
Au fond de la jolie boite reposaient trois bracelets brésiliens, à leurs couleurs respectives. Ainsi qu’une note, de la longue écriture penchée de leur grand-père : « N’eussiez-vous pas versé la mort à petites doses dans mon potage, que vous auriez tout aujourd’hui. Je vous laisse à chacun un vœu, tâchez de ne pas le gâcher…»