Hou là là, trop le seum, la galère, mec, Marc le fermier ce fdp avec sa paille de boloss, Victor Hugo d’où qu’il fait causer un arbre et un roseau sérieux, et les maths du bac S putain sa mère les courbes paramétriques de teupu.
Ô rage, ô désespoir, ô indignation suprême dans les rangs de nos futurs (ou pas) bacheliers, de nos collégiens pour le brevet, et voilà que Benoît Hamon veut des notes moins décourageantes à l’école.
Bref, camarades, l’école c’est devenu vachement trop dur.
J’ai un truc à vous dire, les jeunes : c’est vous les boloss. Je n’ai pas fait de maths depuis quinze ans. L’exercice du bac, je le torche, celui du brevet aussi. Est-ce à dire que je suis suprêmement doué ?
J’aimerais bien, mais non.
C’est vous les boloss. Mais ce n’est pas de votre faute.
La faute revient aux parents qui vous surprotègent, qui ne tolèrent pas un seul instant que vous puissiez ramer, parce que ce serait une insulte à leur propre image, et empêchent vos profs de vous évaluer honnêtement afin que vous rapportiez des bonnes notes déconnectées des réalités.
La faute revient aux politiques qui, pour séduire les parents sus-nommés et vous, futurs électeurs et donc garants de leurs privilèges, cèdent en se donnant l’air auguste à vos pétitions pour vous éviter de reconnaître la perspective d’un échec ou même d’une difficulté.
La faute revient à cette rhétorique absurde qui veut donner à tous les mêmes diplômes, les mêmes vies, les mêmes modèles idéaux de réussite au lieu de reconnaître, valider et louer la diversité des aspirations, des talents, des inclinations.
La faute revient à la lourdeur administrative du système éducatif, qui enferme les profs dans des expressions novlanguesques abracadabrantes, dans une science pédagogique déconnectée de la réalité du terrain, souvent plus handicapante qu’utile.
La faute revient – pour piquer encore une phrase à Nietzsche – au triomphe du faible sur le fort. La faute revient à une société entière en faillite quant à l’idée d’effort, de travail, de conquête, qui handicape totalement des générations entières en leur ôtant toute notion qu’un jour, dans l’existence, dans la vérité du quotidien, des épreuves se dresseront, des couperets tomberont, des sélections s’opéreront, des échecs se produiront.
J’adhère totalement à l’idée que chacun peut tout atteindre, ainsi qu’on semble vouloir le mettre en avant dans le système éducatif. Avec un caveat : tout le monde peut tout atteindre avec du travail. Ce qui nécessite du temps, de l’investissement personnel, une certaine force combative.
C’est un véritable crime collectif commis contre des dizaines de milliers de jeunes que de les désarmer littéralement contre les inévitables – parce qu’elles sont inévitables – difficultés de l’existence. C’est les laisser désorientés, perdus, mollassons ; pire, c’est les encourager dans certaines voies pour lesquelles ils n’ont pas forcément la volonté ou les bases nécessaires, c’est leur faire perdre un temps fou dans des perpétuelles premières années de fac sans but, qui coûtent en plus des sommes non négligeables. Faire croire à tous que tout est possible sans fournir aucun effort est plus qu’une idiotie, c’est une tragédie.
Le problème n’est pas dans l’évaluation scolaire, dans la prétendue paresse des jeunes ou leur inculture ; il s’enracine dans l’idée générale, pernicieuse et persistante – fort arrangeante pour une classe politique qui n’oeuvre plus qu’à court terme – que tout doit être facile, gentil, compréhensif. Réalité à bouts ronds. Le monde n’est pas ainsi, et l’éducation devrait consister à (s’)y préparer, parce que c’est ce qui donne de la ressource. Il ne s’agit pas d’enfoncer la tête sous l’eau de ceux qui rencontrent des difficultés, mais il ne s’agit pas non plus de retirer les difficultés à la moindre anicroche. De considérer obscène l’idée même de difficulté ou d’épreuve. Cela revient à vouloir enseigner la natation en jetant un type dans la piscine sans le prévenir, puis à en retirer l’eau dès qu’il boit la tasse, et à lui dire MAIS OUAIS MEC, PUTAIN, TU NAGES ! Sauf que non. Et en plus, le type en question n’en retient qu’une chose : l’eau, c’est dégueulasse, sa mère la pute.
On apprend à nager en conquérant la peur de l’eau, en augmentant la difficulté. La… difficulté.
À l’échelle de la société entière, la formation des jeunes adultes devrait s’articuler autour de la conquête de la difficulté, de l’apprentissage de sa maîtrise, et non dans sa dénégation. C’est conquérir qui forme un caractère, c’est le triomphe qui donne la mesure d’un être ; on peut se développer harmonieusement sans se frotter à l’échec (si l’on est extrêmement talentueux) mais pas si on le retire totalement de l’équation. C’est une leçon de bien plus grande valeur de savoir qu’on peut conquérir la difficulté plutôt que de l’aplanir dès que le danger devient un tant soit peut réel. Et ça n’est tout simplement pas viable. Il se présentera toujours. Et moins on y est préparé, plus il fait mal.
Un combatif peut être gentil. Un gentil ne peut pas être combatif. C’est brutal, mais c’est la vérité. Et, dans l’optique de former chaque être humain à conquérir son propre potentiel, il me semble préférable de donner l’option qui fournit le plus grand éventail de possibles.
En 2004, je publiais dans « Tuning Jack » (lisible gratuitement en ligne ici) quelques modestes galéjades, comme ce prétendu reportage futur de TF1 :
92% de réussite au bac l’année dernière, c’est bien mais c’est encore trop peu pour le ministère de l’Éducation, qui a placé comme objectif à l’horizon 2020, 96% de réussite pour une classe d’âge. Ces résultats sont néanmoins en hausse, grâce à la séparation des disciplines, à la réorganisation des emplois du temps et au recentrage des programmes.
Claire, 19 ans. – Ouais-heu, c’est sûr le bac ça fait flipper mais bon-heu… Bon moi je l’ai raté une fois parce que je me sentais pas en état d’y aller, la dernière fois. Alors-heu, là, cette année-heu… Ben j’espère que j’aurai le courage d’y aller.
La baisse du nombre des mentions ne cesse en revanche de s’accentuer. Cette baisse, amorcée en 2007, est dénoncée par l’opposition qui parle de « laxisme » de la part du gouvernement.
Morad, 17 ans. – Ouais ben j’le tente, là, c’est pour maintenant, hein. Mais j’me prends pas la tête, tu vois. Y a pas que les études dans la vie. Faut savoir faire la fête, hein ! Ha ha.
Sylvie, 17 ans. – Oh moi j’ai trop trop peur. Les examens, je trouve pas ça bien, ça me fait trop trop peur. J’aime pas être jugée par quelqu’un. Je trouve qu’on devrait pas faire comme ça. Parce que la personne qui corrige la copie, elle sait pas qui on est, alors que ce qui compte dans la vie, c’est d’être bien, mais humainement, quoi, hein. Mais forcément quand on écrit, les gens savent pas.
Une chose est sûre : nos chères petites têtes blondes, déjà grandes, vont commencer mercredi par l’épreuve de Géographie Locale.
Je me disais : oh là là, que je suis plaisantin, jamais nous n’en arriverons là, voyons.
2014, la nouvelle cite un horizon 2020, je dis check, je suis dans les temps.
Soyez malins et combatifs, les gens. (Ne soyez pas ce type.) Bossez. Prenez votre vie en main, parce qu’aujourd’hui plus que jamais, personne ne la prendra en main à votre place. Faites quelque chose de vous-mêmes. Peu importe quoi. Mais quelque chose qui vous appartienne.
Au boulot.
y a une image sur internet avec un oiseau, un poisson et un autre animal, disons un chien. Si on mesure les trois sur leur aptitude à grimper aux arbres…
ceci dit, bosser ne suffit pas à réussir, mais bosser permet de progresser et de se dépasser. Et la sensation d’avoir passé un cap, d’avoir fait, une fois, un truc qu’on ne savait pas faire et qui est difficile, cette sensation là est extraordinaire
@Magali et c’est là que la note est un problème. Elle ne permet pas toujours de récompenser le progrès. Quand un élève fait 30 fautes à une dictée, comment l’encourager quand il n’en a fait que 25 (et a zéro ) ?
j’ai toujours eu des appréciations avec mes notes
(peut mieux faire, en général, qui dévalorisait le bon résultat)
(parce que le gamin qui réussit sans effort faut aussi lui dégonfler l’égo, croyez moi, ça lui fait du bien)
Si c’est l’appréciation qui compte, alors on peut se passer de la note 🙂
bah non, les deux comptent. Parce que ton gamin qui a fait des progrès, il n’a pas forcément atteint un niveau qui lui permettra de suivre en classe supérieure, et c’est pas forcément lui rendre service que de le faire passer parce qu’il a bossé.
Le redoublement est perçu comme une faute ou un échec, il y a une « normalisation » de ce qui doit être acquis à tel ou tel âge, et le fait est qu’un gamin qui redouble est dès lors plus grand que les autres, à l’écart… Pour autant, je suis persuadée qu’il faut faire redoubler les gamins qui ont besoin de plus de temps pour acquérir certaines choses.
une note n’est jamais qu’une évaluation de l’acquis par rapport à ce qui est attendu ou pas. qu’on la remplace par un smiley n’y change rien – je dirais même, au contraire, parce que la note permet de savoir à quel point tu te rapproches du smiley d’après
dans tous les cas, un gosse qui fait 30 fautes à sa dictée peut être encouragé, pour autant il n’aura pas un « connaissance acquise »
Bienveillance est un mot parfaitement compatible avec effort. Il suffit de ne pas le confondre avec laxisme ou autoritarisme.
Le gamin qui réussit sans effort ne sais pas comment il réussi et se retrouve tôt ou tard confronté à devoir apprendre sans trop comment savoir s’y prendre. Nul besoin de lui démonter son égo. Pour ça non plus les enseignants ne sont pas préparés.
sauf que quand tu as zéro tout le temps, parce que l’évaluation est ainsi faite, elle n’a pas plus de sens qu’un smiley. La note n’est pas un absolu, c’est du relatif (relatif par rapport à la classe, par rapport à l’exercice, etc.) Ce que je veux souligner, c’est qu’il ne faut faire de la note quelque chose de sacré. Ce n’est qu’un moyen parmi d’autres, qui n’est pas adapté à tous les élèves. C’est parce qu’on a sacralisé la note qu’il est très difficile de faire de la pédagogie. Quand j’enseignais en fac de droit, j’ai voulu faire des exercices difficiles, et mes étudiants paniquaient à l’idée que cela allait compromettre leur moyenne et engager la validation de leurs UVs. Sauf que mon but, n’était pas de les sanctionner, mais de les mettre face à de l’inédit. A ce moment, la note était une barrière (je savais qu’ils réussiraient d’autres exercices plus faciles par la suite, je n’étais, moi, pas inquiet, mais mes étudiants si).
j’avais une prof qui mettait des zéros « de discipline » et ne les comptait pas dans la moyenne; en sixième, on avait une trouille bleue de ces zéros -)
La note est un moyen commode de faire un barème, d’évaluer, la note est une échelle à degrés. ça n’est effectivement pas un truc sacré mais l’évaluation reste nécessaire, l’évaluation globale aussi.
Après je ne sais pas à quel point les profs ont le droit de dire « la note de cet exercice ne comptera que pour les élèves qui auront plus de tant »
Oui mais qui leur apprend à prendre des risques et à se planter, à tirer satisfaction de d’être au moins penché sur le problème ?
je ne sais plus où j’avais lu cette histoire d’un prof qui faisait deux contrôles sur le même sujet; la première note ne comptait pas. La seconde, quand on s’était confronté à l’exercice et qu’on l’avait corrigé, si. Mais c’était à un endroit où le prof avait le temps de corriger deux contrôles forcément.
De toutes façons, notes ou pas, trouille ou pas trouille, bienveillance ou non, parents laxistes ou autoritaires, les performances des élèves sont étroitement corrélées au ratio enseignant/élèves il serait donc de bon ton de commencer par ramener le curseur sur une valeur de ce ratio plus en adéquation avec un projet d’éducation digne de ce nom.
Ziva j’le kiffe trop grave la race de sa mère ce post.
je ne partage clairement pas ton postulat, à savoir « tout le monde peut tout atteindre avec du travail ». Tout le monde ne peut pas tout atteindre. Même avec les plus grands efforts du monde.Pour plein de raisons. Tes capacités physiques et mentales (les deux étant souvent intimement liées), tes origines, ton entourage, ta sensibilité, etc… Bref, simplement parce qu’on est juste tous différents.
C’est en prépa que j’ai commencé à développer un peu cette idée. A la base, j’avais déjà de bonnes dispositions pour les maths, la physique et la chimie. J’étais un poil plus faiblard en bio. Un peu dommage pour un agro mais après tout la polyvalence c’est le charme de la filière. Je ne m’étendrai pas sur les matières littéraires puisque, je l’avoue, je les ai très peu bossées, Platon m’excitant beaucoup moins que la chimie organique. J’ai d’ailleurs logiquement eu les notes en conséquences au concours. Revenons-en donc à notre ami l’effort. Quand une difficulté se présente, il y a deux issues possible : t’essaye de surmonter ou t’abandonne. Comme j’avais entre autres, envie d’avoir l’ensar, j’m’y suis filé au mastic. Mais étrangement (ou pas), là où d’autres y arrivaient finger in the nose, impossible de passer le palier ou avec de grosses difficultés, et c’est encore plus compliqué au palier suivant. Inversement, progression facile pour moi là ou d’autres échouaient ou stagnaient.
J’ai finalement eu l’école de mes rêves et moultes péripéties éthyliques plus tard, je suis arrivé à la conclusion, et c’est peut-être là où l’on se rejoint, que les efforts sont nécessaires à l’élévation de son être, à sa construction mais, et c’est là où je diverge (verge), en nous faisant explorer nos limites. Point de satisfaction à « conquérir la difficulté » tant que je suis encore en capacité d’en casser d’autres. Sincèrement, t’avais beau être content de passer le premier boss, c’qui t’intéressait dans super mario land, c’était pas plutôt de finir le jeu avant de plus avoir de pile dans la game boy ? Un peu moins allégorique : c’est super cool d’avoir aligné tes parpaings au cordeau, t’es super fier de toi, mais t’as toujours pas de toit à ta baraque et t’habites en Normandie…
Mes histoires de limites personnelles n’excusent en rien les faits évoqués dans ton post. Trivialement, si t’essayes pas, t’y arriveras pas. Je laisse le soin aux spécialistes de l’apprentisation et de l’éducage, aux détracteurs des notations et aux fans de l’ensemble [0;20] de débattre sur le sujet, je n’estime pas avoir d’avis compétent la-dessus. J’ose cependant apporter un ressenti. Ce déferlement de haine vis à vis de ce pauvre Marc (qui pourrait lui reprocher d’avoir envie de passer l’hiver avec les miches au chaud ?), ces invectives à l’encontre du sieur Totor et ce rebut des tetraèdres ne font que confirmer mon impression de culture de la médiocrité sur les medias mainstream. Verra-t-on un jour #JAiBienReussiLEpreuveDeMaths en TT sur twitter ? Verra-t-on une vidéo intitulée « Moi démontrant le théorème de Taylor-Lagrange au tableau » avoir plus de vues Youtube que « Kevin roul 1 gro oinj en klasse ! tro ouf ! mdr » ? Probablement pas… Ça ne se fait pas de dire qu’on a réussi un truc (Bon ok, Kevin avait réussi à effriter son taga sans faire tomber une boulette par terre, l’exemple n’était donc pas parfait). On passe pour un vilain intello ou pour quelqu’un qui a fait des trucs pas clean sous le bureau de l’examinateur ou l’examinatrice. Et avec en modèle des stars de la télé-réalité dont la culture ne semble même pas pouvoir se résumer à « je sais faire cuire des pâtes » ou avec en exemple un ex-président de la République au français déplorable (et je dis ça sans tomber dans l’antisarkozysme primaire), comment certains ne peuvent-ils pas s’autopersuader qu’il suffit juste d’envoyer un SMS à M6 ou de faire une vidéo youtube pour devenir quelqu’un ? Il y a probablement aussi pleins de jeunes qui ont râlé en sortant des épreuves incriminés en râlant sur la difficultés des sujets (qui ne l’a jamais fait ?) mais sans tomber dans la bêtise de reporter son échec sur le gadjo qui a pondu le sujet. Et puis il y a ceux qui ont réussi. Et dont on ne parle pas. Ou peu. Et qu’on oublie aussi trop souvent de féliciter trop occupés, vieux cons que nous sommes, à médire après des minots infoutus de dresser leur Mathématchu à lancer l’attaque PythaGore (ouais je fatigue…).
Alors entre celui qui a réussi (avec ou sans efforts), le cancre qui assume ses lacunes et l’abruti qui rejette la faute sur le système, c’est lequel le majoritaire ? L’imbécile s’est mis en avant, occultant ainsi les autres. Mais dans la réalité, combien sont-ils ? Et qui sont-ils ? Quelles sont leurs filières ? C’est ce que vous allez découvrir dans ce nouveau numéro d’Enquête Exclusive… (il est vraiment temps d’aller faire dodo).
Gros bisous à la France qui se lève tôt.
PS : Désolé pour le style un peu lourd et l’utilisation excessive de formules entre parenthèses, je n’avais pas envie de faire d’efforts. J’espère cependant que vous en ferez pour tout lire 😉
je note juste un contresens (par rapport à ce que j’ai, moi, compris du post de lionel); qui oppose « on peut tout atteindre avec du travail » à « on peut tout atteindre, et si tu n’y arrives pas, bouge pas, je te le décroche et je te le donne mon petit »
j’ai jamais dit ça. j’ai dit que si tu y arrives pas, bah tu y arrives pas
oui. mais le post de Lionel (ce que j’en comprends) ne porte pas là dessus, mais sur le fait qu’il faut essayer d’y arriver, et que l’effort est une valeur importante. Par opposition à une certaine mouvance qui fait surtout attention à ne pas frustrer ces chers petits en leur laissant voir que peut être ils n’y arrivent pas, justement.
proverbe familial: « il y a pire que ne pas réussir, c’est ne pas avoir essayé »
je crois qu’il doit y avoir une histoire chinoise (je vais l’attribuer à confucius par défaut, mais en vrai je ne sais pas): « maître, cette voie est trop difficile pour moi? » – » qu’en sais tu? tu n’as même pas commencé à la parcourir. entre sur le chemin, et si à mi-parcours tu tombes, alors tu pourras dire, c’était trop difficile »
oui désolé, j’avais mal compris ta réponse.
tu peux opposer A à B, si je considère que A est faux, l’opposition n’a pas de sens pour moi. donc je le dis.
après, je n’ai jamais dénigré le fait de faire des efforts et d’essayer. bien au contraire, je dis que c’est nécessaire à l’édification de soi, mais que je n’y vois aucune gratification
question de contexte je suppose. et sans doute plus directement ressenti lorsque ce dépassement et ce succès est physique plutôt qu’intellectuel, à cause des endorphines. pourtant je me souviens très bien d’un genre d’exultation lorsque je comprends enfin ce fichu machin qui me dépassait tout à l’heure, lorsque je comprends comment ça marche… pas dans l’effort lui même, mais dans le but atteint.
tu parlais de jeux; Mario m’a toujours gonflée, je jouais à day of the tentacle ou monkey island, ou Sam and Max. Quand tu as enfin l’idée de coller le lapin dans le disjoncteur, ce qui est cruel et sadique et complètement con et parfaitement dans l’esprit du jeu, tu es content. Tu n’as pas le même plaisir si tu as juste suivi le walkthrough chaque fois que tu coinçais quelque part. Même si c’est bien de l’avoir quand tu coinces vraiment, mais seulement quand tu as essayé à mort.
pour les études c’est pareil. au point que je n’ai jamais pu apprendre quoi que ce soit sans l’avoir d’abord compris.
quant à l’opposition, je cite: « J’adhère totalement à l’idée que chacun peut tout atteindre, ainsi qu’on semble vouloir le mettre en avant dans le système éducatif. Avec un caveat : tout le monde peut tout atteindre avec du travail. »
c’est à dire que Lionel ajoute à l’idée qu’on peut tout atteindre, axiome qui n’est pas particulièrement le sien, la condition de travail. Si tu considères que A est faux – on ne peut pas tout atteindre – je gage que tu tomberas d’accord qu’on a quand même plus de chances d’y arriver en bossant.
sur ce bonne nuit 🙂
Bosser? D’accord. Mais pour qui ? Et pour quoi faire ? Est-ce qu’on apprend à bosser pour soi, pour s’accomplir ? Est-ce qu’on autorise à faire ce que l’on aime ?
oui c’est bien, t’as fait ton effort, physique ou intellectuel (quel importance), t’as atteint ton but, puis les endorphines s’en vont et on n’en parle plus. c’est la carotte qui fait avancer l’âne : si tu bosses t’auras ta p’tite dose de morphine. ton corps répond juste à une souffrance mais si c’est pour devenir un junkie de l’effort, ça m’excite pas.
Désolé, le pote qui avait la GameBoy n’avait que Mario quand il me l’a prêté… Mais hors de question de se taper un walkthrough pour quelque raison que ce soit. Je ne comprends même pas comment on peut kiffer finir le jeu. Dans le jeu « Scolarity », t’as beau essayé t’arrives pas à finir le level « Brevet of the college ». Le boss Marc te jette ses ballots de paille à la gueule et t’arrives pas à esquiver. C’est bon m’sieur l’examinateur, ça fait 3 fois que j’le passe, j’ai bossé, j’y arrive pas, j’peux aller chercher un walkthrough ? On est limite cheat code quand même…
« j’adhère totalement à l’idée », « axiome qui n’est pas particulièrement le sien »… va falloir expliciter parce que là, j’ai du mal. et quand bien même, je ne crois pas à cet « axiome », travail ou pas travail. j’exprime un point de vue sur une phrase écrite dans le billet. suis-je hors-sujet pour autant?
tu gages presque bien, vu que je l’ai à peu près déjà écrit mais j’ajouterais deux nuances. premièrement, la chance n’a rien à voir la dedans, c’est même un peu la conclusion du sieur Davoust. Deuxièmement, je ne soutiens pas mordicus, que pour réussir, il faut travailler, je dis simplement qu’il faut essayer.
Bonne journée
Merci Magali ; tout à fait. Je rappelle aussi que l’article mentionne la nécessité de « valider et louer la diversité des aspirations, des talents, des inclinations », et que ce n’est pas parce que j’attaque les parents laxistes que tous les parents doivent se sentir personnellement attaqués dans leur parentitude. 😉
Je ne pense pas que tous les parents se sentent visés par ton article. 😉
En revanche, je trouve tout a fait intéressante cette préoccupation pour l’éducation ! Et j’ai occasionnellement constaté des disparités importantes entre les théories sur l’éducation et leurs mises en pratique (par les parents)… je serai curieux de voir comment tu procéderais, concrètement. 😀
et je rajouterai juste que valider l’assertion « tu peux arriver à tout en travaillant », c’est donner la possibilité à la société de renvoyer intégralement la responsabilité de l’échec à l’individu sans avoir à se remettre en cause. et clairement, m’est avis qu’elle ne s’emmerdera pas trop sur le sujet
Sick sad world:
http://www.bfmtv.com/societe/albi-une-enseignante-poignardee-a-mort-a-albi-mere-dun-eleve-806857.html
Fu**. Je ne suis pas une voleuse, peut-être, mais une cinglée, c’est manifeste…
Comment tu veux que les gamins aient des repères avec des parents comme ça (et vla pour les pauvres gamins qui ont vu cela)
Mais putain sérieusement: comment tu veux qu’ils aient des repères !!!!
http://www.bfmtv.com/societe/dordogne-une-educatrice-a-ecrit-lettres-damour-a-un-enfant-9-ans-805353.html
bon
j’avais dit que je répondrai là dessus, je vais le faire, et non je ne suis pas d’accord avec toi, Liochou, sur quasiment rien en fait. l’effort ? très bien. Quid du gamin qui aura beau trimer comme un malade il ne parviendra jamais à rattraper l’essence qu’il n’a pas sucé au biberon (ie par exemple la culture européenne) (il sera bon en orthographe pitêtre en compréhension de texte et après ? vu les pans entiers de culture « invisible » qui lui manquent ) (ou tout simplement moi qui ai effectivement maitrisé DE FORCE BRUTE les équations du second degré pour le concours d’instit, au moins assez pour éviter le 5 éliminatoire, mais qui ai souffert UNE putain d’année entière pour y parvenir – et j’étais déjà adulte.) l’effort c’est bien, je dis pas, mais ce que je nie c’est qu’on soit (ou en tout cas, l’école) dans une culture qui ne valorise pas l’effort. Je suis d’ac avec Lelf sur toute la ligne et non je ne crois pas à vos fameux boloss dont certains d’entre vous ont plein la bouche, et avec QUEL MEPRIS (de quel droit bordel , et au nom de quelle réussite ?) je ne n’y crois PAS parce que je vois tous les jours des gamins marner comme des boeufs pour réussir à frôler la moyenne, je n’y crois pas parce QUE JE VOIS DES PROFS CREVER POUR LES Y AIDER; faut pas croire tout ce qu’on lit ou qu’on voit à la télé, oui il nous manque du temps, des profs et du fric pour les élèves et c’est ça qu’on vous vend : l’acceptation de cette pénurie en la collant sur le dos des mômes, je ne vous félicite pas de marcher là dedans. Merci de votre attention.
et par ailleurs, je suis désolée Lionel mais des élèves de fait tu ne connais que les étudiants, ceux qui ont réussi déjà à passer les barrières de base, tu ne connais en effet que des élèves qui pourraient décider de maîtriser de force brute (comme je l’ai fait jadis) un sujet totalement étranger, mais les autres, ceux que la vie assassine au berceau, non my dear, ceux là c’est moi qui les ai, ne me parle pas d’effort à leur sujet
que le système soit une grosse merde qui ne permette pas d’aider ces mômes là est un fait, mais en attendant profs et élèves fournissent de putains d’EFFORTS, le drame résidant en ceci, qu’eux et nous sachions d’avance qu’ils risquent bien de ne mener à rien
Tout ça est très loin de moi, sauf les questions d’enseignement et d’apprentissage, mais je crois, Rochester, qu’il faut distinguer une société qui pousse les gens à faire des efforts et une société qui récompense l’effort. Depuis que je me suis branché sur FB, je vois des gens claironner les notes de leurs enfants, histoire de montrer qu’ils ont complété ce rite de passage très français. A priori, j’ai donc l’impression d’une société qui valorise la réussité, *qu’elle soit obtenue avec ou sans efforts*. Ergo, Lionel serait à côté de la plaque parce qu’il confond l’obsession du but (la réussite) avec ce que cette obsession entraîne à faire ou tolérer (la diminution des exigences comme les efforts impossibles exigés de ceux qui partent avec un handicap).
En pratique, et j’y fais face comme prof, c’est difficile de récompenser l’effort. Mes étudiants réclament parfois que j’en tienne compte, mais comment le faire en toute justice (il faudrait avoir une omniscience quasi divine, à mon avis), c’est la question.
je suis d’accord avec les nuances que tu présentes, Jean-Louis, 🙂
L’effort, quelle fatigue… Je suis contre.
toi le doctorant en droit ta gueule^^ <3
J’ai pas eu mon doctorat.
Branlez rien, les p’tits jeunes !
ben si tu l’avais eu j’aurais dit « doc »^^
Mais blague à part, non. Je ne peux pas suivre ce discours sur le travail, sur l’efficacité, tout ça.
Ceci dit, y a trop de commentaires dans tous les sens pour que je développe mon point de vue, et surtout : j’ai la flemme.
tu fais pas d’effort, c’est ça ?^^
Ouais. L’effort, c’est pour les faibles.
(Oh oh.)
Je n’ai lu que la dernière tranche des commentaires mais je suis assez d’accord avec Rochester Mad Jad, on se focalise trop sur les lycéens tweetant des âneries mais trop peu sur la réalité de l’éducation secondaire. Et étant chargé d’enseignement dans le supérieur, j’irais même jusqu’à dire que passé le bac, le problème est pas mal transposable tel que le décrit RMJ. Les élèves ou étudiants ramant pour avoir la moyenne ne sont pas en plein déni d’efforts ou fuyant la difficulté, ils s’accrochent au contraire. Mais le système éducatif, par faute de moyens et de temps, ne facilite pas leur réussite. D’ailleurs, les quelques expériences de tutorat ou de pédagogie un peu plus fournie mais diablement chronophages payent par des hausses de moyenne aux partiels, et pourtant ces séances supplémentaires sont loin de chouchouter les étudiants, qui doivent au contraire trimer encore plus ! Donc oui le boloss qui glande, s’il existe, est un peu trop médiatique à mon goût.
Coucou Lionel. en postant sur un tel sujet, tu peux comprendre que l’enseignant du secondaire que je suis ne peut se retenir d’y répondre :p Si j’adhère à 99 % de ton propose (le point restant, et bien osef), je trouve ta dernière intervention particulièrement pertinente : en définitive, les élèves qui se plaignent sur les réseaux sociaux sont-ils représentatifs des élèves en générale ? Ce qui me désole, ce sont les médias qui donnent trop de visibilité à des réactions finalement…. adolescentes. Les adolescents ont le droit de s’exprimer et n’ont évidemment pas la maturité nécessaire pour mesurer leurs propos (sinon, on les appellerait des « adultes ». Quoique, j’ai un doute sur cette dernière assertion =)). Ce qui me désole, c’est que suite à ces réactions d’expert « jugeant » un sujet de math trop difficile (nous parlons toujours de ces mêmes élèves; ololol), mon ministre de tutelle annonce que le barème sera revu… A ce sujet, il me semble que la réussite au BAC, en particulier au BAC S, a battu des records cette année. Nombreux hebdomadaires pourront ainsi faire leur grands titres sur « le bac ça sert à rien » (tirons ensemble sur l’ambulance, ça ne demande pas beaucoup de courage). Les adultes sont désolants, pas les élèves…. Quoiqu’il en soit, parmi le panel d’élèves que je côtoie (je ne prétends qu’il soit représentatif), si une petite partie part du principe que tout lui est dû (il y en a, ils existent, c’est une réalité), une plus grande partie travaille (entendons nous bien, je n’ai pas écrit une « majorité écrasante »). Effectivement, le travail seul ne suffit pas à réussir ses études. Mais l’important, pour l’élève, l’étudiant, est de pouvoir « exprimer » son potentiel. Mon boulot n’est pas de former des prix Nobel (j’en serai bien incapable), mais de m’assurer que tout ceux qui s’en donnent les moyens puissent trouver leur voie, que celle-ci soit considérée comme prestigieuse ou non.