En juillet, j’ai eu l’immense plaisir de participer aux Rencontres de l’imaginaire de Brocéliande, dans le superbe cadre du château de Comper ; c’était l’occasion de revoir la belle équipe d’Elbakin, qui propose un reportage sur l’événement, et j’y parle un peu du projet en cours, la trilogie « Les Dieux sauvages », et son premier tome La Messagère du Ciel.
Du coup, vu que j’approche des deux tiers théoriques du premier jet, je pense qu’il commence à être temps d’en parler un peu, et un peu plus souvent. J’ai toujours du mal à parler des projets en cours, parce qu’on ne sait jamais si ça vaut tripette (ni même tripe) avant la lecture de l’éditeur.
Mais vu que le point médian est théoriquement franchi, je pense que je peux dire au moins ce qui suit : ça avance à un rythme soutenu (objectif de 20 000 signes quotidiens pour l’instant). C’est probablement mon projet le plus ambitieux à ce jour : une demi-douzaine de personnages point de vue (dont tous n’ont toutefois pas le même temps à l’antenne), à une époque dure d’Évanégyre, les Âges sombres. Bien sûr, la trilogie formera comme toujours un ensemble indépendant, qui pourra se lire sans connaître Port d’Âmes ou La Route de la Conquête.
Il s’agit donc de fantasy post-apocalyptique, qui revisite en filigrane le mythe de Jeanne d’Arc. Cela parle forcément beaucoup de guerre et de religion, mais aussi, plus en profondeur, de convictions, de foi, de morale et de liberté, à travers une guerre longue, difficile et pour ainsi dire perdue d’avance. J’avoue qu’il est assez amusant d’avoir un personnage qui dispose d’une ligne directe avec dieu et qui peut lui poser toutes les questions qu’il souhaite, comme lui jeter toutes ses aigreurs au visage. La Messagère du Ciel reprend le cadre de la religion weriste introduite dans « Quelques grammes d’oubli sur la neige » (le dernier texte de La Route de la Conquête), laquelle est puissamment patriarcale, ce qui m’amène aussi à parler de sexisme dans les traditions. La narration est résolument dure, post-apo oblige, mais cela entraîne aussi des personnages avec des caractères bien trempés, voire carrément désabusés. Le cadre est, pour l’heure, médiéval, mais c’est Évanégyre : il y a toujours une ou deux machines magiques, reliquats de l’Âge d’or, qui surgissent au détour d’une scène.
C’est très enthousiasmant pour moi de commencer à relier les points. Avec La Volonté du Dragon, La Route de la Conquête et Port d’Âmes, je n’ai fait qu’avancer dans la chronologie ; avec « Les Dieux sauvages », je me place volontairement entre des récits existants, ce qui me permet d’élargir encore l’univers et de lui donner, je l’espère, davantage de souffle.