roscosmosAuguste lectorat, tu as eu la gentillesse de suivre mes humbles aventures de par le monde, notamment en 2011 chez Sea Watch Foundation et en 2012 au Hebridean Whale and Dolphin Trust, sans parler de quelques carnets de voyage. Depuis quelque temps, grandement pris par le travail, j’ai réduit ce genre de découvertes pures, mais cela restait à l’horizon – et quel horizon, puisque mon volontariat de 2016 se déroulera auprès des cieux !

En effet, j’ai répondu présent à l’appel de Roscosmos, l’agence spatiale de la Fédération Russe, laquelle recherche des volontaires sur la période estivale afin de participer à un projet scientifique spatial de grande envergure, et une première mondiale :

Les relevés de Bryn et al. effectués au télescope d’Arecibo ont révélé pour la première fois des courants périodiques animant la magnétosphère de haute altitude ainsi que des pulses sonores cohérents situés dans les fréquences 15 – 35 kHz (ultrasons). Dans ce contexte, Roscosmos, Ltd. recrute douze volontaires pour le projet звездный прилив, dont l’objet vise l’étude de ces courants et de ces clics pour la majeure partie situés au-delà du spectre audible humain.

Profil académique des candidats recherchés :

  • Master ou équivalent en astrophysique ou bien océanographie,
  • Compétences en traitement du signal sonore,
  • Au moins deux (2) publications, scientifiques ou de grand public, témoignant d’une approche novatrice d’une question de société ou historique, ou bien visant à questionner la place de l’humanité dans le cosmos.

Les candidats devront présenter les qualités suivantes :

  • Fort esprit d’équipe,
  • Bon état physique général,
  • Stabilité psychologique,
  • Forte résilience,
  • Ne pas être soutien de famille.

La mention de l’océanographie peut surprendre, mais elle se comprend dès lors qu’on étudie la publication de Bryn (Periodic stellar movement in high altitudes reminds observers of strong magnitude oceanic tides, in International Review of Natural Sciences). En effet, qui dit “mouvement périodique” sous-entend marées, et c’est à ce titre, en raison de mon passé de biologiste marin, que mon profil a été retenu. Mon travail dans la musique électronique m’a également familiarisé avec le traitement du signal, en tout cas, ainsi que je l’ai présenté au sergent recruteur, argument qui a emporté son adhésion, “j’aime les boutons qui font pouit, donnez-m’en plein”.

Je partirai donc le dimanche 12 juin pour la petite ville de мудак, où Roscosmos a établi ses installations les plus modernes, sur un campus partagé avec l’université locale.

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En effet, la Fédération Russe a développé des technologies innovantes pour pallier le relatifs manque de moyens en comparaison de la NASA ou même de l’Agence Spatiale Européenne ; mais ce sont justement ces innovations, comme l’emploi de personnel volontaire bénévole, l’utilisation de titane de carbone ou encore la réutilisation créative de déchets nucléaires, qui alimentent son dynamisme et lui permettent de conduire des projets d’investigation plus pointus, comme cet étrange phénomène de marée spatiale, accompagné de trains de clics sonores.

Mon lancement se déroulera mardi 14 juin, deux jours après mon arrivée, de sorte que je puisse m’habituer au décalage horaire ainsi qu’à un jeûne prolongé, les moyens modestes du programme interdisant d’emporter des rations de survie ou de l’eau à bord de la sonde spatiale. Celle-ci, baptisée гроб-9, décrira deux orbites complètes durant lesquelles j’ai pour mission de récupérer un maximum de données visuelles et auditives sur ces phénomènes pour l’heure inexpliqués. L’espace y est hélas très exigu, mais mon expérience à bord de navires d’expédition sur des couchettes étroites a convaincu les recruteurs que je correspondais au profil, surtout après qu’ils m’aient fait signé une épaisse liasse de documents en cyrillique en prononçant mon nom avec enthousiasme, quoique de façon un peu approximative – “davaidavai !”

Voici en effet une photographie extérieure des sondes de classe гроб :

“Nous sommes heureux qu’un écrivain de science-fiction tel que LD ait rejoint les rangs de Roscosmos. Il faut en effet un esprit ouvert, animé pourtant d’une rigueur scientifique certaine, pour s’assurer que les informations recueillies le soient dans le plus pur respect de la méthode empirique, sans se fermer à des hypothèses extroardinaires, a déclaré Piotr Karmannik, sous-directeur attaché aux déploiement opérationnel des ressources projet transversales. J’appelle la presse, comme le public, à ne rien croire des clichés amateur réalisés par le club astronomique du collège de Все-Прут. Ceux- ci sont à l’évidence de grossiers photomontages qui ne sauraient expliquer la présence de trains de clics en haute atmosphère.”

J’irai donc en avoir le coeur net, sachant que je serai repêché dans l’océan Pacifique après mes 48 heures d’expédition, au terme d’une chute atmosphérique atteignant une vitesse de 6700 km/s. Je pourrai compter sur un puissant système d’airbags soviétiques gonflés au méthane d’origine bovine pour amortir ma chute, et, charmante coutume, la sonde est équipée en série d’un rosaire pour les cas où l’astronaute trouverait la foi dans d’éventuels moments de solitude. Mais je suis certain que je n’aurai même pas le temps d’y réfléchir – il n’est prévu nulle période de sommeil afin de rentabiliser au maximum la mission – et que j’aurai mille choses à relater ici-même. Nous nous en reparlerons fin juin !

(Note : pour les lecteurs férus d’astronomie, un des clichés amateurs réalisés par le collège et décriés par le sous-directeur Karmannik peut être visualisé ici.)