Alors que les réseaux classiques implosent, qu’est-ce qu’on va faire ?

Sondage parfaitement non-scientifique balancé au coin de Twix un soir où, constatant que les réseaux classiques sont tous plus irrespirables et/ou devenus difficiles d’utilisation les uns que les autres, je me demandais vers quoi nous pourrions nous tourner :

Qu’est-ce que je fous sur ces plateformes dont je dis périodiquement du mal ? Deux raisons : d’une, c’est génial de parler à des gens, à vous toutes et tous, de pouvoir faire des rencontres virtuelles que le présent site, bien qu’il reste mon canal en ligne fétiche, ne peut plus susciter en 2023 ; de deux, l’aspect salon littéraire permanent (évoqué ici).

Pour le premier aspect, je crois que Twix est condamné à moyen terme (et c’est bien parce que j’ai juré que je ne ferais plus la girouette que j’y suis encore, mais Phony Stark me donne des boutons – j’attends qu’il rende le service payant pour avoir enfin une excuse de me barrer), et je trouve Facebook devenu inutilisable au possible, et de toute façon on sait que c’est pour les darons. Mastodon a pas mal calé, en revanche Bluesky (j’y suis, au fait !) est prometteur, mais très, mais alors très très basique pour l’instant.

Que peut-on créer comme communauté sympa de nos jours, qui ne soit pas inféodée à un service qui te vampirise tes données personnelles et/ou appartient à un fou furieux qui attaque en justice les chercheurs étudiant la désinformation sur sa plate-forme, et qui ne nécessite pas une armée de modérateur.rices pour la tenir en un seul morceau ? Vivement qu’on devienne tous Borg, tiens.

2023-10-25T07:20:04+02:00mercredi 25 octobre 2023|Expériences en temps réel|6 Commentaires

Entrez dans ma cave

Approchez, approchez ! Petits et grands, venez, approchez et contemplez le cirque tragicomique d’une vie d’accumulation en partie due à un trouble obsessionnel compulsif ! Cela, et aussi le fait que, toute ma vie, j’ai eu la possibilité de déménager soit dans un logement plus grand, soit avec une plus grande cave, me permettant de conserver perpétuellement des cartons dont le contenu m’était devenu aussi mystérieux que l’inconscient d’un des premiers patients de Sigmund Freud.

Bref : j’ai déménagé au bout du monde. Et chaque mètre cube coûtant là en revanche une tranche de rein, il m’a fallu opérer un tri drastique, l’occasion également de retrouver quelques merveilles crues oubliées, de la documentation et du matériel accumulés en des époques aux mœurs différentes, et même, quelques fragments de passé étrangement prescients.

Approchez, approchez, et entrez dans un voyage dans le temps personnel et vain ! Mais précieux, car c’est le mien !

La technologie, c’est plus ce que c’était (ou bien si ?)

Regardez ! Regardez comme on se guidait et s’orientait en cet âge de pierre où l’on utilisait encore du papier pour, par exemple, rédiger sa liste de courses – comme des animaux ! Et regardez, y a des prix en francs !

Le plus étrange est que Momox m’a proposé de les racheter 1€ pièce. Il doit exister une secte collectionneuse de vieilles cartes, à la recherche du DaVinci code dans les souterrains du port des Minimes.

Mais, fantastique, ces plans recèlent également d’absolues splendeurs promouvant la technologie du futur : le téléphone en mobilité, grâce à ce fleuron qu’est… la cabine ! Avec des télécartes !

Internet étant d’ailleurs la technologie en plein essor du moment, à laquelle on peut accéder à la vitesse étourdissante de sa ligne téléphonique grâce à un modem qui, comble du raffinement, fait aussi Minitel ! Le meilleur des mondes ! Extraordinaire : ordinateur éteint, recevez et stockez vos fax ! Inclut la version complète de Netscape Navigator 3 ! Je suis étourdi.

Mais qu’allait-on bien pouvoir faire avec tout ça ? Il fallait bien de l’espace pour stocker les données récupérées à très haute vitesse sur les autoroutes de l’information. Heureusement, tout pouvait être réglé avec l’essor des disques durs externes. 20 gigaoctets ! Oh là là, avec tout ça, je pouvais bien stocker l’intégralité de ma musique la graver en mp3 à destination de mon baladeur CD.

(J’ai la tête qui tourne en considérant que ma GoPro stocke aujourd’hui cinquante fois d’espace sur une carte SD plus petite que l’ongle de mon petit doigt.)

C’est marrant (ou pas) de voir qu’en 2004, au-delà de cette nouveauté brûlante qu’est Windows XP, on testait déjà des systèmes de visioconférence. En grand écran s’il vous plaît.

Bon, on arrête les conneries.

Parce que j’ai quand même du vrai joli vintage d’origine. Non mais.

Heureusement, à l’époque, je savais tout de l’avenir. Ou pas. Le bouquin a accumulé les années tandis que je remettais perpétuellement sa lecture.

Oups.

Bizarrement, celui-là, Momox n’en a pas voulu.

Le grand carousel de mon passé chevelu

Ah, mais, auguste lectorat ! Chers grands et petits visiteurs ! Le cirque n’est pas complet tant que je ne vous ouvre pas, dans toute sa touchante vulnérabilité, l’amusement de mon propre vintage, que nous ne soufflons pas ensemble la poussière d’une vie stockée à la cave dans les diverses ramifications qu’elle a pu prendre pour terminer en méandres tantôt vivaces, tantôt asséchés.

Amusons-nous déjà que quarante ans plus tard, on puisse retrouver ceci :

QUARANTE ANS BORDEL

Alors hein, avec vos carnets de correspondance digitaux, là, je me MARRE, vous ne pourrez jamais retrouver vos PDF à la cave AHAHAH

Bon heu, bref

Je sais évidemment que j’avais toujours voulu être biologiste marin, je blague régulièrement que je voulais être commandant Cousteau mais que la place était déjà prise, en revanche, visiblement, j’avais vraiment écrit à la fondation dans un probable moment de désenchantement quant à une future orientation professionnelle, et figurez-vous que ces gens répondaient vraiment, avec de la vraie doc attachée, et que là quand même, c’est limite une mission de salut public.

Je vous dirais que retrouver ça m’a ému un brin. Y figurait le centre de recherches de La Rochelle où, sept ans plus tard (en 2000), je me retrouvais en stage de fin d’études.

Reprenons. Plus tard, j’étais donc en prépa maths sup bio, et comme un livre c’est sacré et que ça ne se jette pas, ça se vend ou se donne, on se trouve bien emmerdé quant on est écrivain professionnel et qu’on retrouve à sa cave ce genre de chose :

Nan parce que j’ai bien regardé, ça n’a rien d’un traité sur la typographie, hein, c’est plein de symboles cabalistiques que j’ai compris jadis mais qui aujourd’hui ne m’évoquent que le Necronomicon, donc dans le doute, j’ai préféré remiser ça avec mes ouvrages sur les espaces non-euclidiens (vous l’avez ? Subtil. Je suis fier.)

Il y a aussi des trucs qui énervent et consternent. Dans ma documentation papier de l’époque (assez conséquente – bon dieu, que l’invention du PDF a été une bénédiction pour les forêts), j’ai retrouvé des machins du genre :

Il en faut encore, vingt ans plus tard, pour contester et chouiner, alors que CNN, donc un média fort obscur, disait déjà que le changement climatique était « évident ». Qui aurait pu croire le débat scellé à l’époque, hein ?

Dans les mêmes eaux, visiblement, mes copies de français de prépa avaient déjà tracé ma future carrière d’écrivain. Si La Succession des Âges est à la bourre, ne cherchez plus, ma prof de français m’avait déjà cerné en 1998 :

Vous remarquerez l’exercice de haut vol qui consiste à pouvoir diluer un résumé. Et ça, c’est la marque des plus grands, parfaitement.

Mais heureusement, j’allais devenir étudiant ensuite, et WAOUH J’AI CARRÉMENT VINGT ANS, roulement de tambour chers petits et grands, préparez-vous à la tronche correspondante, on ne rigole pas, ou du moins pas assez fort pour que je vous entende depuis l’Australie :

Le joyau de l’exposition

Chers amis ! Petits et grands ! Il est temps pour moi à présent de vous révéler le joyau de cette exposition, la splendeur suprême qui, lors de ma redécouverte, m’a plongé dans un ahurissement si abyssal qu’il m’a fallu l’évacuer d’un rire si vaste que ma voisine a tapé sur son plafond avec un manche à balai.

Mes amis ! Replacez-vous il y a trente ans, dans un contexte innocent, bien avant la démocratisation d’Internet et l’inévitable explosion de mauvais esprit, de débauche (et carrément de criminalité) qu’il a charrié dans son sillage. Fut un temps, mes amis, où pour le grand public, les mots s’employaient juste à leur premier degré, sans sous-entendu gras ni arrière-pensée choquée !

C’est de ce temps-là que je vous parle ; un temps où, lors de mon adolescence, je fus très engagé pour la cause animale et notamment contre l’expérimentation en laboratoire et la vivisection ; j’ai redécouvert que j’étais membre d’une association militante à ce sujet pendant deux-trois ans. Association qui, donc défendait et aimait les animaux, c’était la plus stricte vérité d’un point de vue, disons… étymologique.

Association qui publiait régulièrement son journal, dont le titre… 

euh… 

eh bien… 

… disons qu’on ne choisirait plus le même aujourd’hui, hein ?

Je vous le donne en mille.

Je ne m’en remettrai jamais.

(Ah mais c’est l’ex-« jeunesse zoophile » ! Donc tout va bien !)

Au secours.

(Pour la petite histoire, une recherche rapide montre que ladite association a cessé ses activités en 1998 après vingt ans d’exercice !)

2023-07-24T09:10:53+02:00lundi 24 juillet 2023|Best Of, Expériences en temps réel|14 Commentaires

Maintenant disponible : le kit d’émergence organique de Procrastination

L’émergence organique est ce concept que nous évoquons souvent dans Procrastination, abordé récemment de nouveau par la bande dans l’épisode sur l’inconscient constructeur – une histoire, un monde et des personnages dépendent tous les uns des autres, et une des manières les plus agréables et les plus cohérentes de créer un récit consiste à laisser ces dépendances se mettre en place naturellement au fil de l’écriture.

Jusqu’ici, nous avons pu dire que l’émergence organique se construisait avec l’expérience et la connaissance de soi. Mais à présent, toute l’équipe est ravie de vous présenter enfin un raccourci miracle vous épargnant toute la difficulté d’un travail ardu : le kit d’émergence organique de Procrastination !

Avec le kit d’émergence organique de Procrastination, plus besoin de travailler vos récits, de réfléchir à votre technique, de sonder en vous-même vos intentions profondes ni de démarcher des éditeurs ! Pour un modique abonnement mensuel de 49,90€ , vous pouvez d’ores et déjà commander sur la boutique du site ce kit, qui vous rendra 85% plus génial que l’année dernière à la même heure, fera arriver les sollicitations de manuscrits directement par SMS sans sortir de chez vous et vous donnera la connaissance intuitive de Scrivener !

Mais que contient le kit d’émergence organique de Procrastination ? Ce produit révolutionnaire et particulièrement bon marché est exclusivement réalisé avec des partenaires d’agriculture durable. Il contient six grosses graines d’idées géniales à planter dans le sol, un kilo de sol déshydraté prêt à l’emploi (votre propre sol peut être employé à vos risques et périls, voir ci-dessous), de l’eau Fluenceuse™®© et un mini-arrosoir en plastique jaune. (Ne surtout pas utiliser de plastique de couleur différente ni d’eau du robinet : seule l’eau Fluenceuse™®©, conçue par un procédé secret et breveté, peut désigner les idées géniales.)

De façon générale, il a été constaté que le kit d’émergence organique garantit une productivité accrue de 54%1, en plus d’offrir la capacité mentale de convertir automatiquement les calibrages des textes entre mots et signes et la prescience absolue concernant les tendances du marché, vous permettant de savoir ce qui va vendre demain, de manière à laisser exclusivement l’argent gouverner votre carrière ! C’est pour cette raison qu’il ne faut pas voir le kit d’émergence organique de Procrastination comme un achat, mais comme un investissement.

Et quel meilleur investissement que vous-même ? Et un modeste kit d’émergence organique ?

Grosse graine d’idée géniale en cours de germination

Vous êtes sceptique ? C’est bien normal ! Mais d’autres avant vous ont fait le même achat, et leurs témoignages absolument authentiques ci-dessous sont convaincus, alors si vous ne l’achetez pas, ça veut quand même dire que vous êtes un gros loser :

⭐️⭐️⭐️⭐️⭐️ – Avec le kit d’émergence organique de Procrastination, je suis maintenant un auteur de best-sellers, j’ai obtenu trois contrats d’adaptation à Hollywood, et j’ai une grosse voiture. Recommandé à 100% !

– Marc L.

Le kit d’émergence organique de Procrastination a fait de moi un véritable phénomène sur les réseaux ! Tout le monde parle de moi ! Pour mes livres, bien sûr. Pour mes livres.

– Joanne K.

Grâce au kit d’émergence organique de Procrastination et une machine à voyager dans le temps, je suis maintenant un auteur classique étudié partout en France ! Et je vais pouvoir inventer TikTok avant l’heure.

– Victor H.

Et comment fonctionne donc le kit d’émergence organique de Procrastination ? Le mode opératoire est très simple.

  1. Prenez l’une des graines dans votre main courante ;
  2. Fermez les yeux et concentrez-vous sur l’idée géniale que vous souhaitez recevoir, pour une durée dépendant de la longueur du récit souhaité (une nouvelle : 30 secondes, un roman : 5 minutes, une saga de fantasy épique : 1200 ans) ;
  3. Plantez la grosse graine dans le sol déshydraté (si vous avez du sol chez vous, il peut aussi être employé, à condition qu’il ne provienne pas d’un cimetière amérindien, auquel cas l’équipe se dégage de toute responsabilité concernant d’éventuels effets indésirables sur la santé mentale et la carrière littéraire) ;
  4. Arrosez la grosse graine avec l’arrosoir et une bonne dose d’eau Fluenceuse™®© ;
  5. Et maintenant, assez procrastiné, allez écrire.
  1. Étude indépendante réalisée par Elbakin.net.
2023-03-30T05:29:45+02:00samedi 1 avril 2023|Expériences en temps réel|2 Commentaires

J’ai demandé à des IA de générer des portraits du monde politique français version Warhammer 40,000, et je n’ai pas été déçu (non plus)

Il y a eu ce fil Twitter absolument génial, employant enfin les formidables technologies de notre époque à des fins servant l’humanité :

Sauf que comme d’habitude, il n’y en a que pour le monde anglophone. N’ayez crainte, mes amis, j’ai branché les intelligences artificielles, et j’ai du cauchemar à vous proposer. Contemplez, dans toute leur uncanny valley, ces portraits du paysage politique français générés façon Warhammer 40,000.

Nicolas Sarkozy :

Emmanuel Macron :

François Hollande :

Éric Zemmour :

Marine Le Pen :

Jean-Michel Blanquer :

Manuel Valls :

Roselyne Bachelot :

Jacques Chirac :

Lionel Jospin :

Martine Aubry :

Édouard Balladur :

Et comme je n’allais pas m’arrêter en si bon chemin, quelques bonus – Elon Musk :

Jeff Bezos :

Et comme il n’existe guère de bonne raillerie que l’on ne partage – votre humble serviteur (au secours) :

2022-11-21T06:47:08+01:00lundi 21 novembre 2022|Expériences en temps réel|2 Commentaires

Edgar Allan Poe et la philosophie de l’ameublement

Je suis au taquet sur les titres qui tabassent en ce moment, moi. Et non, ce n’est pas le titre d’un Enid Blyton perdu, mais le sujet d’une curiosité littéraire peu connue qui m’a toujours réjoui, bien loin du tekeli-li ou des corbeaux : Poe écrivait évidemment la fiction qu’on connaît, mais aussi des essais où il était, heu, parfois un peu péremptoire, dirons-nous chastement (il a notamment un foutu essai interminable et complètement barré où il prétend pouvoir percer les mystères cosmologiques de l’univers grâce à la puissance de sa raison, bref).

Ça, par contre, c’est puissamment rigolo et… bizarre : il a rédigé, entre autres trucs, un court essai intitulé The Philosophy of Furniture (disponible en ligne) d’un péremptoire total dont je n’arrive toujours pas à déterminer si c’est un énorme troll ou s’il est 200% sérieux. Les sites de référence disent que le ton est volontairement humoristique, mais quand on lit son making-of très orgueilleux du « Corbeau », j’ai quand même un gros doute.

Morceaux choisis qui ne cessent de me faire glousser nerveusement (traduction maison pour le lol) :

« Les Hollandais n’ont qu’une vague idée de la différence entre un rideau et un chou. En Espagne, ils font tout en rideaux – c’est une nation de pendus. »

The Philosophy of Furniture

Ou encore

« Le tapis est l’âme de l’appartement. C’est de lui qu’on déduit non seulement les teintes, mais aussi les formes de tous les objets afférents. Un juge de droit commun peut se permettre d’être un homme ordinaire ; un bon juge de tapis n’a pas le choix d’être un génie. »

The Philosophy of Furniture

Bref, si vous avez cinq minutes et lisez bien l’anglais, ça vaut le détour crispant et halluciné, et puis c’est toujours marrant de complexifier sa vision d’un géant littéraire. Et puis ça fait une super anecdote en cocktail. (Si vous allez en cocktail. Moi pas, j’ai un blog à la place.) À lire ici.

Oui bon écoutez c’est un article sur l’ameublement, je fais ce que je peux
2022-07-25T07:28:35+02:00mercredi 27 juillet 2022|Expériences en temps réel|Commentaires fermés sur Edgar Allan Poe et la philosophie de l’ameublement

C’est joli, épreindre

Ce que j’aime le plus dans Antidote, ce n’est pas ses modules de correction, mais la facilité avec laquelle on découvre des régionalismes oubliés ou des mots à l’étymologie surprenante (rappelez-vous « enfoiré ») (soit dit en passant, une nouvelle fois, on constate l’importance de la ponctuation à l’absence de virgule dans la parenthèse précédente, hein)

Aujourd’hui, je vous présente le mot « épreindre », qui à première vue semble une version accentuée d’étreindre, et qui, en un sens, n’en est pas si loin, quoique moins joli, et en fait, il vaut mieux ne pas épreindre les gens, sauf si vous un psychopathe, ou à la rigueur, si vous les connaissez super bien, ahem, bon, on laisse votre imagination faire le reste, CHUT IL Y A DES ENFANTS PAR ICI, et puis de toute façon on sait bien que qui trop embrasse mal épreint

Plus sérieusement. On note l’étymologie commune avec « exprimer », et combien, effectivement, il peut être nécessaire de s’essorer soi-même pour faire sortir des paroles difficiles. Amusant également, l’espagnol a parfaitement conservé « exprimir » pour presser un fruit, par exemple, verbe qui possède par ailleurs le sens figuré d' »exploiter » (tiens donc). On reste dans les mêmes voisinages, mais c’est rigolo de constater où les mots ont atterri, dans des connotations et des territoires différents en fonction des langues.

Quoi qu’il en soit, la prochaine fois dans un bar, plutôt qu’une orange pressée, demandez une orange épreinte : pour l’assurance totale de passer pour un péteux.

2022-06-03T21:33:30+02:00jeudi 9 juin 2022|Expériences en temps réel|2 Commentaires

RÉVÉLATION : La Succession des Âges sera un haiku

Je travaille traditionnellement de façon secrète ; je peine à révéler des détails des projets en cours tant qu’ils n’approchent pas de leurs dernières étapes. Mais avec mon retour sur Twitter, je m’étais promis de lever un peu le voile sur la genèse de La Succession des Âges, l’ultime volume de « Les Dieux sauvages ».

Vous le savez, j’ai toujours cherché à adapter la forme d’un projet à son fond ; et tandis que nous approchons du printemps, il est temps de partager un peu plus la forme finale voulue pour ce livre. Avec tout l’élan acquis au cours des quatre – et épais – volumes précédents, il me semblait nécessaire de proposer une conclusion digne de ce nom – j’en ai parlé dans la feuille de route 2022 ; c’est le soin désiré pour cet ultime acte de la saga qui a dicté d’en repousser la publication, afin de le réaliser conformément à ma vision. Mais pourquoi, exactement ?

Nous parlons fréquemment dans Procrastination de la concision et de la nécessité d’évoquer plutôt que de dire ; avec l’expérience acquise sur cette série, j’ai voulu appliquer à la lettre exacte ces préceptes pour boucler la saga. Poussant la perfection formelle jusqu’à ses derniers retranchements, je peux vous révéler aujourd’hui que La Succession des Âges sera un haiku, frappant directement au cœur (et par totale surprise, car mes éditeurs ne sont pas encore au courant, n’est-ce pas excitant ?).

Or, un haiku mesure en français environ 70 signes, et si vous suivez les barres de progrès, à ce stade, j’en suis à 58% du livre – j’en suis en fait à 40 signes, ce qui représente, pour tout dire, 7 mots. Mais l’écriture n’est pas que question de quota journalier, de pages remplies ni de volume, il s’agit avant tout de sens, et je peux vous dire que ces sept mots ont été dûment choisis au cours de l’année précédente. Certains, d’ailleurs, m’ont demandé trois mois entiers à plein temps, ce qui explique la lenteur de production sur ce roman.

À présent, cela peut poser un problème de support physique, tout comme un livre volumineux. Je sais que les bibliophiles ont à cœur d’avoir une collection esthétiquement cohérente sur une saga ; mais qu’ils et elles n’aient crainte, car j’ai pris la liberté, pour faciliter le travail de Critic, de rechercher des solutions graphiques permettant de conserver grosso modo la même épaisseur d’ouvrage. La Succession des Âges sera ainsi imprimé sur du carton plume d’un grammage de 1260 g/M2, portant un mot par face, ajoutant ainsi le bénéfice d’une lecture confortable même en cas de presbytie. La réalisation de la maquette est extrêmement prometteuse :

Je ne doute pas qu’en vertu du support seul, ce livre est appelé à faire un carton.

Par ailleurs, cela signifie que pour la première fois, La Succession des Âges sera disponible en audiolivre ! La production sera grandement facilitée par ce format, puisque je pourrai en faire la lecture moi-même. Bénéfice supplémentaire : sa version en mp3, peu gourmande en place, sera lisible même sur les anciens terminaux, comme les Thomson TO7/70 équipés de lecteurs de disquettes 5’1/4 ! Et bien sûr, de façon générale, il sera facile de lire et relire ce livre, plusieurs fois dans la même soirée même, si on le désire, ce qui représente un bénéfice indiscutable sur les romans précédents.

Je suis ravi de partager ces nouvelles perspectives avec vous et j’espère que vous m’accompagnerez dans cette exploration d’un format parfaitement inédit (et pour cause) dans le monde du roman ! Je vous donne rendez-vous en juin, en principe, pour le huitième mot de cette histoire complexe, qui ne peut être servie, justement, que par le non-dire.

À très bientôt !

2022-03-29T08:57:04+02:00vendredi 1 avril 2022|Expériences en temps réel|8 Commentaires

Silence en fa bémol Dolby lossless audio spatial à air comprimé

Initialement, j’étais mort de rire, mais à la réflexion, je ne sais pas si ça n’est pas involontairement fantastique. (Si vous ne voyez pas ce dont il s’agit, la fiche Wikipédia est prodigieusement fournie pour le morceau de musique que tout le monde sait jouer.)

On peut facilement taxer la démarche de Cage de troll, mais regardez donc cette performance de l’œuvre réalisée par l’orchestre philharmonique de Berlin apprenant la fermeture longue durée de sa salle à cause des confinements de 2020, voyez-en l’absolu sérieux et l’émotion totale, et ensuite, posez-vous plein de question sur l’existence, la nature de l’art, et ne dormez pas la nuit prochaine, de rien, c’est avec plaisir.

2021-10-24T18:52:37+02:00mercredi 3 novembre 2021|Expériences en temps réel|2 Commentaires
Aller en haut