Il y a donc bien un problème avec le clavier français-belge des Freewrite, sans promesse de réparation un jour

Résumé des épisodes précédents : la disposition française du clavier belge a changé sans prévenir sur les machines à écrire Freewrite (dont j’ai pu par ailleurs dire grand bien), chamboulant totalement l’emplacement des caractères spéciaux, introduisant des caractères complètement absurdes comme du polonais et de l’islandais, déplaçant ceux qui sont beaucoup plus utiles comme les guillemets et les tirets cadratin et semi-cadratin, et ce sans prévenir les utilisateurs.

Chez moi, ça s’appelle un gros bug, surtout quand l’appareil n’a qu’une seule fonction : enregistrer (dans l’ordre) les caractères pressés sur les touches.

J’ai donc contacté et échangé assez longuement avec le support technique, et j’avais promis un retour ici. Donc : très charitablement, nous dirons que je ne suis pas du tout impressionné par le professionnalisme d’Astrohaus. Je veux dire, sur une machine à écrire volontairement limitée, le clavier est une partie un tout petit peu vitale de l’engin : si on se préoccupe de l’expérience utilisateur, en particulier quant on prétend en avoir méticuleusement conçu chaque aspect à grands coups de gargarisation dans sa newsletter, on fait ultra gaffe à ce genre de choses1.

Eh bien, ça n’est pas du tout le cas.

En résumé, après avoir reçu une réponse générique “ah mais ce changement a été documenté dans les notes de version” (alors non, pas du tout), des relances, il a fallu que j’explique, en détail, par A+B, photos à l’appui, en quoi ça (caractères tapés avec AltGr, ligne par ligne) :

ça n’est pas du tout ça (la même chose sous Mac) :

Donc j’ai carrément fait le boulot de l’assurance qualité à sa place (puisque visiblement personne chez eux n’est fichu de passer une Freewrite en Fr-Be pour faire ce travail). Plus encore : à force de creuser, j’ai fini par me rendre compte que, très certainement, la configuration du clavier Fr-Be de la Freewrite v2 est en réalité celle de Linux (alors qu’elle était celle de macOS jusqu’ici). Ce que personne, là encore, n’a été fichu de déterminer de leur côté. Ou même de s’en soucier.

Selon toute logique, au passage à la v2, l’équipe de développement a pris les pilotes standard de Linux sans se poser de questions, ce qui me rend assez salé quand on ose me répondre, comme le support technique l’a fait : “nous avons pris cette décision pour nous calquer sur les standards des appareils utilisés par le grand public” : alors déjà, non (avec toute l’amitié que j’ai pour les Linuxiens, c’est le système le plus minoritaire aujourd’hui à part peut-être l’Amiga Workbench), et de deux, décidez-vous, les gens : vous avez changé un truc intentionnellement, ou vous n’êtes pas au courant de quoi que ce soit ?

C’est quand même d’autant plus ballot que les touches françaises venues par Astrohaus épousent la configuration de macOS :

Et donc : réponse finale du marketing : “ah ouais, on comprend que c’est fâcheux, c’est noté, mais on est une petite équipe, donc aucune promesse quant à une date où ce sera réglé”. Traduction : on ne s’en occupera sans doute jamais.

La réputation d’Astrohaus en ligne est contrastée : à lire les retours, les expériences avec le support technique et commercial sont soit excellentes, soit extrêmement négatives. Quand on voit le prix de ces machines, le soin que met l’entreprise à recevoir la validation d’auteur·ices, on est en droit d’exiger un soin maniaque apporté à chaque aspect de l’appareil (et puis ça n’est pas comme s’il y avait 36 aspects à suivre sur une Freewrite, foutredieu). Eh bien, ce soin n’est pas ce qui transparaît à travers la confusion (soyons charitables) que j’ai lue dans mes échanges avec les équipes d’Astrohaus.

Je recommandais jadis chaudement les Freewrite, c’est terminé, cette expérience a détruit ma confiance envers l’entreprise : si ce genre de changement peut se produire sans signe avant-coureur, que peut-il arriver d’autre ? Un passage à l’abonnement obligatoire ? Ho ho ho, ça n’est pas comme si ça ne s’était jamais vu.

Bon, maintenant qu’on en est là, que faire ?

Déjà : si c’est encore possible, ne mettez surtout pas à jour vos machines en v2 ! Et : ne mettez pas à jour vos machines tout court, ai-je envie de dire, avant qu’Astrohaus ne reconnaisse qu’on ne traite pas sa clientèle de niche ultra-spécialisée comme si on avait l’envergure de Microsoft.

Si vous cherchez une machine pour écrire sans distraction, envisagez des alternatives encore plus low-tech, comme une vielle Alphasmart, une plus récente Pomera (attention, il n’est pas possible de passer simplement l’une ou l’autre en AZERTY). Ou alors, construisez votre propre solution avec une liseuse Android (genre Onyx) et un clavier, voire simplement avec un iPad, mais on se rapproche dangereusement de l’ordinateur (ce qui éloigne du but premier).

Enfin, si vous êtes fucké·e parce que c’est trop tard (comme moi) et que vous voyez quand même un avantage à utiliser une Freewrite malgré tout ça (comme moi, grmbl), je ne vois qu’une dernière chose : c’est un bon prétexte pour apprendre la configuration clavier Bépo et basculer la Freewrite dessus. J’ose espérer (je n’ai pas testé, je creuserai) que le Bépo est suffisamment standardisé pour que le clavier Freewrite n’y insère pas de caractères tamouls ou des hiéroglyphes de la Basse Époque. Sur abonnement.

Mais en tout cas, si vous faisiez partie du camp “Astrohaus se fout du monde avec ses machines hors de prix”, eh bien bravo, vous aviez raison. Vous pouvez ajouter à votre argumentaire “et en plus ils font n’importe quoi avec leur clavier et sont totalement paumés quand on le leur signale”.

En ce qui me concerne, je regrette de devoir déconseiller dorénavant ces machines. Ou alors, caveat emptor. Force est de constater qu’on ne peut pas faire confiance à la maison mère. Essayez n’importe quoi d’autre de moins cher (on peut aussi encore trouver des MacBook Air 11′ à vil prix en ligne).

  1. C’est clairement un first world problem, mais la Freewrite est clairement une first world machine, donc faut être cohérent.