Que la vie est difficile : la tablette reMarkable offre un confort d’écriture à la limite du sensuel (la texture de ce stylet ! la manière dont la mine se plie juste ce qu’il faut ! ce chuintement à l’écriture !) mais l’aspect fermé de la machine et son abonnement annuel m’ont toujours empêché d’accrocher ; l’iPad offre une interface réactive, se transforme en plein d’autres trucs, mais écrire avec le Pencil… on a vu mieux. Où est le meilleur des deux mondes ! Où se trouve mon iPad à encre électronique couleur ? (Réponse : dans mes rêves)
J’aimais l’iVisor Moshi (mais il ne se fait plus), j’ai testé le Paperlike tant vanté (c’est pourri), j’ai vécu un peu avec des protège écran de marques obscures mais fortement recommandées sur les forums d’artistes dont même un truc japonais chelou que j’ai réussi à faire venir sans me ruiner (proximité géographique oblige), et puis allez, ALLEZ, j’ai fini par acheter un autre truc très hypé, le Rock Paper Pencil dans sa version 3. Je me suis dit, bon, si c’est la v3, c’est probablement que c’est devenu mieux, hein ?

J’ai résisté jusqu’ici parce que le truc exige de changer la mine du Pencil, ce qui est trivial (elle se dévisse d’elle-même parfois, alors hein haha), mais me pose un problème eschatologique : toute compagnie qui prétend savoir mieux qu’Apple quoi mettre sur son matos m’inspire la méfiance. Mais bon, essayons, hein. Parce que si c’est bien, les notes et réflexions prises avec engendreront à coup sûr un livre au moins 32,7% meilleur. N’EST-CE PAS INDISPENSABLE
À côté de ça, le RPP présente un énorme avantage par rapport à ses confrères : il est rigide, amovible, et ne nécessite pas une salle blanche et un scaphandre matériaux dangereux pour l’appliquer sans se retrouver avec une foutue bulle d’air coincée quelque part. On nettoie vaguement son écran, on centre le truc, et hop, par la magie de l’électrostatisme ou je ne sais secret infusé à la nanotech, le truc tient en place. (On peut aussi l’enlever, le rajuster, le remettre sans problème aucun.)
Au niveau des aspects qui fâchent, en conséquence, le truc (comment l’appeler autrement ? « Surface polymérisée de protection optimisée pour la rédaction manuelle numérique ? SPPORMN ? Okay) flotte très légèrement au-dessus de l’écran, mais on l’oublie très vite. En revanche, pour pouvoir donner cette expérience d’écriture et d’installation, la SPPORMN devient assez vite un peu dégueu, un peu terne, mais c’est le cas de tous ces genres d’objets, et puis ça donne un côté vieilles charentaises défoncées que vous savez devoir jeter mais, aaaah, qu’on est bien dedans, et puis c’est les nôtres. (Fun fact : l’Australie et la Nouvelle-Zélande ont inventé les UGG Boots, qui sont aux charentaises ce qu’une Jaguar est à une Twingo : des chaussons montants doublés de mouton dont le confort est tel qu’on ne peut plus imaginer jamais porter des espadrilles de sa vie, dans lesquelles, c’est connu, on l’air d’un con – mais en moins cher qu’une Jaguar.)
Okay, tout ça c’est beau, mais qu’en est-il de l’expérience d’écriture avec la pointe spéciale, là ?

On raconte sur Internet que cela mime le toucher d’un Bic (ce qui ne fait pas super envie, franchement) et la première expériences est… bizarre. Il faut que le protection d’écran se « fasse » un peu à force d’écriture forcenée d’idées géniales ; après plusieurs semaines d’utilisation, l’aspect râpeux originel de la SPPORMN s’érode pour laisser tout juste un peu de friction, sur laquelle le Pencil glisse alors. On se rapproche plutôt à ce moment de l’expérience d’écriture d’un feutre à pointe fine, à condition (et ça sera sans doute la moitié de l’expérience) de bien configurer son app de prise de notes, en n’hésitant pas le cas échéant à grossir un peu la pointe virtuelle (4,5 mm dans mon cas). Et alors, ça devient vraiment sympa : je crois qu’il est impossible de répliquer l’expérience parfaite d’une reMarkable, mais on arrive à quelque chose de vraiment agréable, avec le bénéfice de, eh bien, ne pas avoir une reMarkable pour tout le reste de l’expérience utilisateur.
Donc, c’est validé. Ça n’est pas fantastique, quoique vous disent les reviews YouTube hypées avec ces vignettes dont les vidéastes semblent être tombés dans des camions de MDMA, mais c’est la meilleure solution que j’ai trouvée, je la garde, et j’en rachèterai sans doute une quand celle-ci tombera en lambeaux zébrés par mon écriture furieuse. Ce qui est probablement le meilleur juge de paix.
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