(Retrouvez tous les articles de l’été sur organisation et productivité ici.)
On continue le tour d’horizon des méthodes et des astuces pour mieux jongler entre les priorités et réaliser ce qui nous tient à coeur par un problème tout simple, résumé ci-dessous :
… vous avez la liste des projets en cours, vous savez quoi faire, et, pour une raison que vous ne parvenez pas à vous expliquer, vous glandez sur Facebook, tondez la pelouse, faites les courses au lieu d’attaquer l’écriture de ce roman… ou votre déclaration d’impôts. La journée file, vous n’avez rien fait, et la culpabilité vous ronge…
Pourquoi ?
Les causes de la procrastination sont encore sujettes à débat entre les spécialistes. Il est probable que ce comportement ne soit pas la conséquence d’un profil psychologique défini, ni ne s’enracine dans un seul ensemble de causes, quand l’on constate la variété des situations où elle intervient. .
Tout d’abord, certaines pratiques empirent le problème : notre cerveau n’est pas multi-tâches, et met un léger délai à s’accoutumer au travail auquel on l’applique. Par conséquent, en changeant régulièrement de tâche, on paie une « taxe » fixe en terme de concentration, que l’on ne paierait qu’une fois en groupant en une seule plage les travaux connexes. Par exemple, il vaut mieux réserver une heure entière au courriel que six pauses de dix minutes. Nous en avions déjà parlé ici.
La procrastination surgit fréquemment dans le cadre de projets d’envergure, comme écrire un roman, une thèse, monter un événement… qui tiennent pourtant à coeur à ceux qui les montent. On peut raisonnablement isoler deux causes (parmi d’autres) à cela :
1. Un manque de définition de la tâche. « Écrire un roman » n’est pas une action réalisable d’un coup ; cela comporte plusieurs sous-actions, comme « Définir le personnage du héros » et « Faire des recherches sur l’époque concernée ». Dans les mots de David Allen, « nous ne pouvons pas accomplir des projets, seulement des actions » ; réduire la taille d’une entreprise à un (peut-être grand) nombre d’actions unitaires réalisables représente déjà un grand pas.
2. La taille même du projet. Nous l’avons abordé, l’énergie doit se gérer avec intelligence : de la même manière qu’un athlète ménage sa forme physique et l’entretient, un travailleur intellectuel doit prendre garde à sa motivation et son énergie, et la protéger. Une liste de choses à faire, bien définies, mais interminable, peut agir comme repoussoir. « Regardez-moi tout ça ! J’en ai déjà marre avant de commencer. Je n’y arriverai jamais. »
C’est là qu’intervient la méthode Pomodoro, un petit hack tout simple et pourtant d’une redoutable efficacité.
Travaillez, soufflez
Cette méthode vise précisément à répondre au point 2.) du paragraphe précédent. La procrastination prend souvent sa source dans le découragement : je dois faire tout ça ! Une résistance naturelle s’installe alors. Cela conduit à ne pas commencer du tout, à se mettre la tête dans le sable, plutôt que prendre le risque de se lancer et se confronter aux problèmes qui ne manqueront pas de surgir. La procrastination est une position de repos et de sécurité.
Mais le rhum ne se fait pas en un jour, et vos gros projets non plus. Plutôt que de se fatiguer l’esprit d’avance en affrontant un tunnel de travail de 4h qui ne débouchera pas sur l’achèvement du projet, quand le cerveau voudrait juste se reposer, la méthode Pomodoro propose de passer avec soi-même un contrat simple :
Je définis ce que je cherche à accomplir dans la demi-heure qui vient.
Je travaille 25 minutes là-dessus, d’arrache-pied. Pas plus.
Ensuite, je peux me reposer 5 minutes.
Attention, c’est un contrat ferme. Pas de passage sur Facebook, de courriel, de téléphone (sauf si cela concerne le travail à accomplir), de caresse au chat. Il faut tenir 25 minutes.
Mais la contrepartie, c’est que ce n’est que 25 minutes. Et ensuite, le cerveau aura toute latitude pour buller sur Facebook, le courriel, etc. pendant 5 minutes.
Affronter un tunnel de 4 heures sans distraction est rédhibitoire surtout quand on mêle deux boulots, qu’on est fatigué, que les tâches pressantes s’accumulent. Mais 25 minutes ? C’est facile.
- Le repos est en ligne de mire (et ne porte aucune culpabilité : ces 5 minutes ont été méritées)
- Ce sont 25 minutes efficaces (de concentration réelle et absolue)
Une fois le cycle d’une demi-heure terminé, on recommence, autant de fois qu’on le peut dans la plage horaire disponible. Et si vous êtes lancé(e) et certainement pas prêt à vous arrêter après les 25 minutes ? Continuez ! La méthode Pomodoro est un starter mental, pas une règle rigide.
Le plus agréable est que tout le matériel sur cette technique est disponible gratuitement (en anglais) sur le site http://www.pomodorotechnique.com/. On y trouve davantage de raffinements, mais le coeur est là.
- Travaillez sans interruption pendant un temps donné.
- Prenez un temps de repos.
Essayez. Vous serez étonné(e) de ce que vous aurez accompli (… alors que vous n’auriez certainement rien fait sinon !).
Et pour l’écriture ?
Le bénéfice de la méthode Pomodoro est double dans le cas de l’écriture :
- Se forcer à s’y mettre. C’est fréquemment le plus difficile. En se fixant comme but de travailler 25 minutes au lieu de réaliser 10 pages, on abaisse notablement l’enjeu et donc la résistance. Je connais une romancière de talent, productive, qui m’a confié se fixer un seul objectif quand elle s’installe devant le clavier pour écrire : rédiger 20 lignes. C’est souvent tout ce qu’il lui faut pour aller au-delà et réaliser une bonne session de travail. Mais son contrat est simple, et accessible : 20 lignes.
- Se forcer à se concentrer. L’inspiration ne vient pas immédiatement, en général. Il faut réfléchir à ce que l’on veut dire, s’installer dans une scène, pour commencer à la décrire. Mais ce travail peut être long, et peiner à écrire les premières lignes peut être démoralisant. En s’engageant à ne pas lâcher le morceau dès que se présentent des embûches, on augmente les chances de les surmonter au lieu de remettre au lendemain, en espérant que l’inspiration viendra.
On notera toutefois que 25 minutes représentent souvent une durée trop faible pour vraiment bien rentrer dans une scène un processus d’écriture. On pourra avec profit augmenter la durée du pomodoro en une heure, ou 1h30, en fonction des habitudes de travail, et se ménager une pause en conséquence.
je lirai ça demain
Une technique utilisée très couramment en entreprise et efficace. ( ça s’utilise aussi en sociétés « secrètes !!! 😉 )
J’ai lu ça il y a quelques mois aussi. C’est en gros ce que je fais mais en plus structuré. Je n’ai pas acheté de minuteur pour autant 😉
J’y arrive pas, j’ai tenté une fois ou deux. Ma capacité de concentration est d’environ 3 min :p
Et puis comme mon taf est super répétitif, pas très demandant en matière grise, et que je sais que même si je me dis « je finis ce fichier » j’en ai 50 du même genre qui m’attendent derrière et que je serai toujours à la bourre, ça aide pas à se fixer des paliers (enfin des suffisamment motivants en tout cas).
Je retenterai quand même après les vacances, on sait jamais.
Pour les boulots répétitifs je me fixe des « récompenses » si j’en ai fait une partie je « m’autorise » à faire un truc plus amusant entre deux. Ca avance plus vite que si on se force trop.
D’ailleurs là il faut que j’aille faire mon programme de la semaine, youpie une semaine entière pour bosser sur mes projets! C’est cool les vacances!
Je cliquerai sur l’article demain…
j’avais pleins de trucs à faire et au lieu de les faire, j’me suis retrouvé à lire ton article
très bon conseil, pour une fois (dans ce domaine)
mouais… j’essaierai demain
J’ai lu tous les articles et merci Lionel, cela m’a donné l’envie de mettre de l’ordre dans mon travail et toutes mes activités annexes, classer selon les délais, etc.
Avec plaisir, content que ce soit utile 🙂
Nous avons eu quelques séances de travail via Facebook avec cette méthode. si, si, ça n’est pas incompatible.
tout le monde se retrouve un peu avant l’heure dite, on glandouille, se raconte nos histoires de chat, etc.
Quand l’heure fatidique arrive, tout le monde se met au boulot. 50 minutes intenses d’écriture. Pas de distraction, silence absolu, concentration maximale.
Au bout des 50 minutes, on se retrouve. chacun prend sa pause logistique (remplissage d’estomac ou vidage de vessie…). On prend des nouvelles des autres, on compare nos rythmes de production, etc.
La pause dure 10 minutes et hop on repart.
Et on enchaîne comme ça, en soirée 3 ou 4 séances d’1 heure, avec 50 minutes de production et 10 minutes avec les collègues.
J’ai rarement autant écrit que durant ces séances.
Tout à fait, cela permet de court-circuiter les questionnements et tergiversations. Les adeptes du NaNoWriMo font le même genre de chose avec les word wars. 🙂
Tes différentes méthodes sont intéressantes. Je ne suis pas assez débordé pour m’y coller, mais je garde en tête leurs principes pour améliorer la gestion des différentes tâches au quotidien.
Finalement, hormis les périodes de taff intensives, c’est surtout l’absence de gros dossiers à traiter ou d’importance et urgence de ceux là qui me poussent à la procrastination : j’ai le temps, (c’est l’été et il fait chaud), allons y tranquillement. Rien ne vaut une échéance courte pour que je mette les bouchées doubles.
Une méthode que j’aimerai pouvoir appliquer est la gestion dans la journée des tâches à faire :
– je suis plus efficace en fin de matinée, en milieu et fin d’après midi, j’y réserve donc les tâches complexes, importantes, avec enjeux.
– les autres moments sont réservés aux tâches simples apportant une satisfaction immédiate rapide.
– ou alterner l’avancement d’un projet complexe et la réalisation de tâches simples (en réservant une plage de temps consacrée à ces 2 types de tâches).
Aux 2 causes que tu cites expliquant (en partie) la procrastination, j’ajouterai dans mon cas :
– l’enjeu/la complexité estimée de la tâche à accomplir : cela rejoint ton premier point, ie manque de définition de la tâche
– la crainte d’une future procrastination : sans tâche avec un enjeu/une difficulté plus importante, je crains de glander et mettre deux fois plus de temps à réaliser les autres tâches. Du coup, lors de périodes où j’ai moins de travail, je conserve une tâche de plus grande importance pour la fin de la journée.
Merci pour ces différentes méthodes. Je retiens particulièrement tes conseils (s’y mettre et se forcer à se concentrer) avec l’aide du « contrat » Pomodoro.
Merci à toi pour ton retour. Connaître son rythme de travail et d’énergie est très important et tu as l’air d’avoir une sacrée longueur d’avance là-dessus 🙂
Oui, mais si on a trop la flemme pour lire le graphique ? :p
Excellent article. C’est rigolo parce que se fixer des objectifs raisonnables est une technique que j’ai appris par moi-même. En plus tu parles du rhum. 🙂
Rhum ou whisky, c’est pareil, si ça brûle c’est que c’est du carburant :p
(Merci, content que ça te plaise !)
Je cliquerai demain… :p (non, en vrai, article très intéressant, j’essaie de m’astreindre à 500 mots par jour. Quand j’arrive à m’y mettre, je peux garder le rythme pendatn plusieurs semaines, mais si je dois m’arrêter une seule journée… je peux mettre autant de temps à repartir…)
Je ne m’oblige à rien , j’ai envie que l’écriture reste un plaisir, un loisir, je veux sentir le désir, l’envie écrire ! Mais du coup j’écris peu ????
« s’obliger » est pas forcément anti-plaisir, une fois lancé ça vient assez vite. Puis tu as aussi le plaisir d’avoir avancé ou terminé ce que tu fais 😉
Nikø Silk c’est vrai… d’autres plaisirs ! ????
Ecrire est aussi un muscle. Y a des gens qui font de l’exercice le sourire aux lèvres, et c’est parfait ; d’autres ont besoin, pour diverses raisons et craintes, de construire une discipline pour accomplir ce qu’ils souhaitent réellement faire. 🙂