Mon modèle de journal (incluant les géolocalisations fréquentes)

L’article de lundi sur l’utilisation d’Obsidian comme app de journaling a suscité un peu d’intérêt (merci) et on m’a demandé d’aller un peu plus loin dans l’usage des modèles, notamment en lien avec la géolocalisation. Je ne fais rien de très stylé (on voit des choses largement plus puissantes en ligne…) mais il existe dans Obsidian une règle tacite : plus un truc est stylé, plus il casse vite (j’ai eu des trucs plus stylés qui ont, donc, cassé). Je fais donc beaucoup plus simple aujourd’hui.

Chaque entrée comporte de 1 à x grandes parties (H1) relatives à différentes zones de mon existence (création, développement personnel, seum du jour si besoin…), et taguées sous la forme #Journal/Écriture/LaSuccessiondesÂges.

Un pied de page comportant une navigation facile vers la veille, le lendemain, la semaine, le mois, l’année… ainsi que la géolocalisation. Pour ça, on utilise Templater, qui permet d’insérer des données dynamiques dans une fiche créée à la volée.

Mais il y a une ruse : comment expliquer à Templater et Periodic Notes qu’on veut utiliser un modèle dynamique ? Au final, c’est tout simple, mais pas intuitif du tout, parce que Periodic Notes et Templater ne se connaissent pas mutuellement. Periodic Notes sait seulement intituler la note du jour selon la date concernée… et ça va nous être très utile. Mais il ne sait rien faire d’autre. (Pour ne pas devenir chèvre, il est fortement recommandé de passer Obsidian en français, car cela va simplifier des tas de choses pour la manipulation des dates.)

On va procéder en deux temps :

  • Demander à Periodic Notes d’appeler ses notes selon la date du jour, et d’utiliser un modèle spécifique,
  • Lequel contient l’instruction d’invoquer un second modèle, qui s’adresse à Templater et utilise toute sa puissance.

Le modèle indiqué à Periodic Notes sera très simple. Ici, on veut surtout avoir un fichier intitulé selon la date du jour (voir dans les options pour le format). Pour ma part, j’utilise YYYY-MM-DD (dddd), ce qui est un formatage standard et simple pour classer chronologiquement les fichiers, donnant par exemple pour la date d’aujourd’hui : 2025-05-28 (mercredi). (Je trouve utile d’avoir le nom du jour en clair pour différencier la semaine des week-ends.)

Ce modèle ne contient qu’une ligne très simple, appelant Templater, sous la forme :

<% await tp.file.include("[[Journal (jour) (Templater)]]") %>

où vous mettez entre [[ ]] évidemment le nom du modèle à invoquer (chez moi Journal (jour) (Templater)). Cela invoque le deuxième modèle avec l’instruction include.

⚠️ Attention, pour que ça marche, il faut signaler à Templater de surveiller toute création de fichier partout dans le coffre pour intervenir tout de suite dans les instructions qui le concernent. Dans les options du plugin, activer Trigger Templater on new file creation.

On peut maintenant créer son modèle de journal proprement dit.

Faire des trucs stylés avec Templater et les dates

(Mais pas trop stylés, sinon rappelez-vous, ça casse)

Dans son modèle Templater proprement dit, on fait tout ce qu’on veut, justement parce qu’on a pris soin d’intituler le fichier selon la date du jour dans Periodic Notes, sur quoi on va se baser (cela permet de créer des entrées dans le passé ou le futur sans problème ; le code sera toujours relatif au jour concerné). Voici du code fort utile (à la base glané quelque part en ligne, je ne sais plus où) à insérer au tout début de son modèle :

---
<%*
var fileDate = moment(tp.file.title);
// moment dates are mutable
let prevDay = moment(fileDate).subtract(1, 'd').format('YYYY-MM-DD (dddd)');
let nextDay = moment(fileDate).add(1, 'd').format('YYYY-MM-DD (dddd)');
let yearLink = fileDate.format('YYYY');
let quarterLink = fileDate.format('YYYY-[Q]Q');
let monthLink = fileDate.format('YYYY-MM');
let weekLink = fileDate.format('gggg-[W]WW');
-%>
locations:
---

L’insert entre triples tirets (—) correspond aux propriétés du fichier, une par ligne (c’est du YAML). On y trouve par exemple directement en bas la propriété locations: qui signifie à Map View qu’il y a une géolocalisation à chercher dans le fichier (voir l’article de lundi).

Le code entre <%* est la syntaxe de Templater. Comme Periodic Notes a créé l’entrée du jour selon un format daté, nous allons lire cette date avec tp.file.title et la manipuler dans tous les sens (extraire le mois, le trimestre, ajouter un jour pour obtenir la date du lendemain, etc.) – et c’est commodément placé dans des variables qu’on peut ensuite invoquer sans réfléchir : [[${prevDay}|hier]] nous donnera par exemple un joli lien wiki vers l’entrée d’hier.

Géolocalisation et choix multiple

Quand je ne suis pas en déplacement, je suis globalement fixé à quelques adresses régulières, dont notre maison à Melbourne où, dans mon studio, la géolocalisation ne passe pas, en plus. Ce qui n’est pas un problème : si j’ai la coordonnée GPS (je suis allé la prendre devant la maison), je peux l’insérer à la main à l’intention de Map View. Pour ne pas avoir à se taper l’insertion manuelle des mêmes adresses en permanence, on peut créer un questionnaire à choix multiple avec la fonction tp.system.suggester de Templater selon ce genre de syntaxe :

<% tp.system.suggester(["Plan-de-Cuques", "Troo", "Crotelles", "Entrée manuelle"], ["[Plan-de-Cuques](geo:43.3460029,5.4618046)", "[Troo](geo:47.7924481,0.7786471)", "[Crotelles](geo:47.5431104,0.8373356)", "https://esm7.github.io/obsidian-geo-helper"]) %>

À chaque création d’entrée quotidienne, Templater me présentera une liste où sélectionner une option parmi quatre, incluant trois lieux fantastiques et de haute renommée : Plan-de-Cuques, Troo, Crotelles, plus Entrée manuelle. Le lien geo: préparé à l’avance sera inséré à la place, ou, dans le dernier cas, un simple lien vers le Geohelper du plugin, me permettant en particulier en mobilité de simplement cliquer dessus pour obtenir ma localisation et la coller à la place. D’où l’importance de la propriété locations: insérée en tête du modèle ; elle signale à Map View qu’il y a une donnée géographique à traiter (puisque les géolocalisations sont insérées de façon programmatique).

Et voilà. Ajoutez ensuite, si vous le souhaitez, la structure habituelle de vos entrées de journal pour vous lancer directement dans l’écriture chaque jour. Bonus : mettez une instruction <% tp.file.cursor() %> pour placer le curseur d’Obsidian là où vous voulez commencer à taper (au-dessus du pied de page et sous votre première invite de journal, par exemple).

2025-05-16T19:41:29+02:00mercredi 28 mai 2025|Best Of, Lifehacking|0 commentaire

Faire simplement son journal personnel dans Obsidian

Obsidian, c’est le bien, mais donc, c’est aussi complexe as fuck, et il y a trois cents façons de faire le moindre truc dedans ; la prudence, à mon sens, c’est de viser la simplicité d’abord, d’une pour ne pas se noyer dans un système ultra perfectionné qu’on ne comprend pas soi-même, et de deux, pour ne pas avoir un système fragile qui casse mystérieusement aux mises à jour assez fréquentes de l’application.

Mais tenir son journal (personnel, créatif, etc.) dans l’application, c’est une bonne idée, car c’est l’un des premiers environnements où les idées germent, où les réflexions reviennent et se décantent, et où elles peuvent, le cas échéant, devenir des fiches à part entière ou donner naissance à des projets réels de façon assez naturelle.

Vous ne verrez quasiment jamais des entrées de mon journal, mais c’est pour la bonne cause.

Cependant, Obsidian n’est pas à proprement parler un environnement de journaling, même si techniquement, rien n’empêche d’ouvrir chaque jour un fichier différent, noter des réflexions, l’intituler à date, et baste. Mais nous sommes ici entre esthètes, et il existe quand même des fonctionnalités particulières dans une app dédiée à l’usage du journal (type Day One) qu’il serait chouette d’avoir.

Il existe des solutions entières, tout en un, dédiées à ce genre fonctionnalités dans Obsidian (comme Diarian) mais, pour les raisons de complexité énoncées ci-dessus, je préfère m’appuyer sur quelque chose de plus simple et plus modulaire. Et pour ça, faisons l’inventaire de ce qu’on veut (enfin, de ce que je vous propose de vouloir), en essayant rien moins que de répliquer Day One dans Obsidian. Un journal, c’est quoi, au fond ?

  • Des entrées à date
  • Et par thème / fil de réflexion
  • Incluant des médias
  • Géolocalisées
  • Avec la météo du jour
  • Et proposant de revisiter à intervalles réguliers les entrées du passé (« l’année dernière à la même date… »)

Pour ma part, je n’ai pas vraiment l’usage de revisiter les entrées du passé (je le fais manuellement quand je cherche quelque chose), mais je sais que des plugins offrent la fonction séparément (à vous de chercher). Pour le classement par thèmes ou fils de réflexion, il est facile de tag les paragraphes ou grands titres correspondants, selon les fonctions classiques de l’application. Évidemment, Obsidian gère une grande quantité de médias (jusqu’à la vidéo).

En revanche, la météo est une donnée compliquée à obtenir, car elle se fonde sur la date, la géolocalisation, ce qu’Obsidian n’est pas très bien équipé pour fournir (même si on va contourner cette limitation) et nécessite l’inscription à un service tiers. Dans toutes les années à j’ai utilisé Day One, je n’ai pas utilisé la météo une seule fois, donc j’ai décidé de m’en passer.

Il nous reste donc à construire deux choses :

  • Les entrées à date
  • La géolocalisation

Les entrées à date

Obsidian propose un module principal, la Note quotidienne (Daily note), qui peut suffire, mais il existe un plugin tiers réalisé par l’un des développeurs de l’app (Liam Cain1) qui est plus puissant: Periodic Notes. Il propose notamment de créer aussi des notes hebdomadaires, mensuelles, trimestrielles et annuelles, lesquelles se couplent élégamment avec un autre de ses plugins : Calendar, qui offre une vue… calendrier permettant d’accéder rapidement à la note du jour.

Avec les deux, on est paré. On les installe, on peut associer un modèle à chaque type de note périodique, on cale les raccourcis clavier (comme pour ouvrir par exemple la note du jour rapidement) et zou.

Calendar associé à Periodic Notes : chaque point, dans mon cas, indique une entrée présente.

La géolocalisation

Deux plugins de cartographie principaux se côtoient sur le store : Leaflet et Map View. Le premier permet des cartographies générales y compris fictionnelles, le second se concentre sur le monde réel avec de bonnes vieilles coordonnées GPS et un moteur de recherche de localisation inclus à l’app (tapez votre adresse, il vous cherchera la coordonnée correspondante). On installe donc Map View, qui s’applique mieux à notre cas.

J’ai adopté MapView en début d’année, on constate que j’ai fait des entrées de journal lors de divers festivals en France cette année.

Map View simplifie autant qu’il est possible une donnée compliquée à obtenir de base dans Obsidian : la géolocalisation. En effet, pour des raisons de confidentialité, les développeurs ont choisi de ne pas y accéder, ce qui implique que Map View l’obtienne et la consigne autrement.

Dans l’esprit, la géolocalisation d’une note peut figurer dans ses Propriétés (je vous renvoie à l’excellente doc d’Obsidian pour ça) ou en clair dans la note elle-même selon un simple lien préfacé par geo: comportant les coordonnées GPS correspondantes, auquel cas une Propriété vide locations permettra au plugin de savoir qu’il y a quand même une donnée à chercher dans le texte pour placer la note sur la carte (sinon, il faudrait scanner le texte de vos 9000 notes, ce qui tuerait les performances d’Obsidian).

Du coup : vous pouvez par exemple demander à Map View de chercher vos coordonnées GPS à partir d’une adresse tapée en clair (commande Add inline geolocation link). Je tape ici Tour Eiffel, Map View reconnaît le lieu (connexion Internet requise) et me propose une adresse :

Je valide, le lien est composé automatiquement, ce qui donne la note suivante (en mode source pour que vous voyiez la propriété et la composition du lien) :

Et c’est tout. Map View fait le reste et place vos notes sur sa carte. (On peut même changer l’icône en fonction des tags, des propriétés, etc, pour séparer le journal de vacances du journal d’écriture, par exemple.)

Comment faire si je ne connais pas mon adresse ? Un cas assez fréquent si on bouge pas mal (ce qui est quand même l’idée quand on tient à géolocaliser ses notes). Map View propose un outil tiers, un simple site web qu’on préférera utiliser sur mobile où la géolocalisation est plus fiable, et auquel on attribuera un signet rapide à consulter. Ce « Geo-Helper » fournit les liens prêt à l’emploi et propose même de les insérer direct dans Obsidian.

Au final

On s’appuie sur seulement trois plugins tiers qui sont suivis de près et maintenus, pour des fonctionnalités puissantes répliquant les deux tiers de l’expérience de Day One et ses concurrents. Okay, on n’a pas la météo (le seul truc que j’ai trouvé vraiment complexe à répliquer même si c’est réellement possible, j’ai juste abandonné parce que le jeu n’en valait pas la chandelle), mais le bénéfice d’avoir ses réflexions personnelles au même endroit que ses idées, ses notes de projets, sa base de connaissances dépasse de loin ce qu’on perd à mon sens. Je journal…ise ? principalement pour apprendre et comprendre, pas pour archiver et mémoriser (les photos occupant pour moi ce rôle), même si c’est évidemment compatible.

Pour aller plus loin, ce système peut évidemment se raffiner et se développer :

  • On pourra construire simplement une élégante vue récapitulative par mois ou année avec l’increvable Dataview combiné à Featured Image ;
  • Le fantastique Templater permettra de raffiner énormément le modèle du journal, en ajoutant même directement les géolocalisations les plus fréquemment utilisées pour éviter de se taper l’insertion des liens geo: à la main à chaque fois ;
  • On pourra classer spécifiquement les entrées de son journal par ordre chronologique inverse (le plus récent en haut) contrairement au reste de son Obsidian avec le très puissant Custom File Explorer Sorting.
  1. Certains de ses plugins n’ont pas été mis à jour depuis des années, mais comme il fait partie de l’équipe, je lui fais confiance.
2025-05-16T19:46:40+02:00lundi 26 mai 2025|Best Of, Lifehacking|1 Commentaire

Appréhender les différentes manières de personnaliser Obsidian

Obsidian est pour ainsi dire personnalisable à l’infini, et c’est son principal danger : il est extrêmement facile de se perdre dans des heures de vidéos YouTube, de télécharger des centaines d’extraits de code et de plugins parce que ça a l’air méga cool, et de se retrouver avec un bazar inextricable où plusieurs ajouts font la même chose sans aucune cohérence, qui en plus va casser de façon mystérieuse au gré des mises à jour et incompatibilités.

Ne faites pas ça. Je sais que je radote, mais : si vous commencez à bricoler Obsidian (et il est merveilleusement puissant pour ça, c’est quand même aussi un de ses intérêts majeurs), faites-le avec discernement et parcimonie. Au pire, faites-vous un environnement de test, une vault à part où vous jouez avec tout ce qui vous intéresse, mais gardez votre système principal aussi propre que possible sur ce point. Le bazar doit se trouver dans vos notes à mesure que vous créez dans tous les sens, pas dans les préférences de l’application.

Ceci étant dit, et parce que ça va servir à mesure qu’on regarde ensemble des tas de cas d’usage et de petites modifications qui simplifient grandement la vue dans le cadre de l’écriture créative, regardons toutes les façons dont on peut casser personnaliser l’application pour :

  • La rendre esthétiquement à notre goût
  • Ajouter des fonctionnalités.

Les préférences (et thèmes communautaires)

Bon, c’est la base, mais les préférences d’Obsidian sont déjà bien puissantes. Les comportements de l’application se trouvent principalement dans Éditeur et Fichiers et Liens – je vous renvoie fortement sur la doc officielle, concise mais couvrant tous les aspects de l’app. Ce qui concerne l’interface réside dans Apparence, et parmi les fonctions d’intérêt, mentionnons la capacité de personnaliser fortement la typographie (police de caractère, taille) et les composants majeurs de l’application comme un rappel du titre d’une note directement dans l’éditeur (inline title).

C’est aussi là que vous pourrez choisir un thème tierce partie – beaucoup offrent des fonctionnalités complémentaires qui en font presque des environnements préfabriqués à part entière, à la limite du plugin.

Ma recommandation si vous voulez quelque chose d’un peu plus musclé que le thème de base : utilisez Minimal (qui, contrairement à son nom, n’est pas minimal – il est épuré, ce qui n’est pas la même chose). Minimal est l’un des thèmes disponibles les plus puissants et personnalisables qui soit, mais il est aussi développé par le CEO d’Obsidian, ce qui assure une compatibilité quasi-immédiate avec toutes les mises à jour de l’app.

Minimal comporte deux niveaux de personnalisation, à travers deux plugins tiers : Minimal Theme Settings offre des options générales, mais pour aller dans le détail très poussé, il faut passer par Style Settings, qui est devenu par ailleurs une sorte de semi-standard pour les thèmes et les plugins dès qu’on peut personnaliser l’apparence de quelque chose (Pane Relief s’en sert, par exemple).

Les modules principaux et complémentaires (plugins)

Obsidian propose déjà, de base, un certains nombre de fonctionnalités sous forme de plugins « principaux » fournis avec l’application et dont l’activation ou la désactivation permet déjà de personnaliser grandement son environnement (si vous préférez utiliser un plugin tiers offrant une table de matières plus puissante que le Plan fourni de base, vous pouvez totalement désactiver ce dernier).

Bien sûr, c’est avec les modules complémentaires que l’on ouvre la boîte de Pandore. Certains fournissent juste une petite fonctionnalité pratique comme un raccourci clavier manquant, d’autres proposent une conversion quasi-totale de l’app vers autre chose. D’autres enfin sont devenus des semi-standards sur lesquels d’autres modules s’appuient (Dataview, Style Settings, Tasks, Templater…), c’est honnêtement un peu la jungle, mais trier la liste par le nombre de téléchargements vous indiquera les plus populaires, et regarder la date de la dernière mise à jour vous montrera s’ils sont activement maintenus.

Les extraits CSS

Là, on entre vraiment dans la personnalisation poussée : Obsidian s’appuie sur les technologies du web et accepte des extraits de code CSS (chargés de spécifier l’apparence d’une page web indépendamment de son contenu) pour changer la tête et la disposition d’à peu près n’importe quoi au-delà des préférences, du thème choisi et même de Style Settings. Certains changent juste un détail esthétique, d’autres sont presque des plugins à part entière.

Une partie de mes propres extraits, à la fois glanés sur les forums et codés pour mes besoins. Parce que je suis sur Mac. Le bouton de fermeture d’une fenêtre est à GAUCHE.

Les installer est un peu plus complexe que les plugins, qui se téléchargent et s’activent simplement depuis l’application. Les extraits CSS doivent, eux, être placés manuellement : cliquez sur l’icône de dossier pour vous retrouver dans un dossier caché de votre vault (.obsidian/snippets). Placez le fichier CSS désiré, rechargez la liste dans Obsidian, activez-le une fois que l’extrait est reconnu (et redémarrez peut-être l’application selon l’importance de la modification).

Le dossier .obsidian

Une vault Obsidian comporte donc un dossier caché, .obsidian, contenant toutes les préférences et modifications de celle-ci. On peut y accéder via le bouton sus-nommé, qui existe aussi dans les options des plugins : et vous verrez des fichiers JSON (qui correspondent à toutes les configurations de l’app), mais surtout trois dossiers, snippets, plugins et themes, où logent les contenus respectifs dans des dossiers. C’est une bonne astuce : si un plugin, un extrait ou autre pose un grave problème, il suffit de retirer le fautif de ce dossier pour recharger Obsidian sans. Globalement, puisque vos données sont présentes en clair sur le disque en fichiers média et Markdown, vos données ne risquent pas grand-chose si vous cassez l’application par ailleurs. File over app.

2025-03-25T15:45:57+01:00lundi 7 avril 2025|Best Of, Geekeries|Commentaires fermés sur Appréhender les différentes manières de personnaliser Obsidian

Le Micro Journal, une alternative ouverte, soutenue, indépendante et moins chère aux machines Freewrite

Je ne laisserai jamais Freewrite s’en tirer à bon compte concernant la mise à jour impardonnable de leur clavier, mais il se trouve qu’ils ont tapé juste dans un vrai besoin : écrire sur autre chose que l’ordinateur avec lequel on crée des macros Excel. Plusieurs alternatives ont fleuri sur le marché, mais j’ai envie de dire, à l’heure actuelle, n’allez pas chercher plus loin que le Micro Journal.

Le Micro Journal est développé par Un Kyu Lee, un gars adorable tout seul dans son garage, qui a tout conçu, du code à la coque qu’il imprime en 3D (avec des couleurs rigolotes, en plus). Clairement, il aime ce qu’il fait, il y a réfléchi comme personne, et en plus, il vend ça une misère comparé à Freewrite ! Il est d’une gentillesse et d’une disponibilité à toute épreuve (il a conçu le pilote pour le clavier français du Mac incluant ses caractères spéciaux, jusqu’aux espaces insécables, en totale collaboration avec moi, m’envoyant une demie-douzaine de bêta versions jusqu’à ce que tout soit parfait) et il assure un véritable suivi de son produit.

En gros, l’inverse de Freewrite : le Micro Journal est mieux, et moins cher. Que vous dire ?

Parmi les spécificités du Micro Journal, il propose

  • Un stockage sur carte SD
  • Une synchro avec Google Drive (moyennant un script à installer, mais tout est décrit pas à pas)
  • La possibilité de déplacer son curseur avec les touches flèches du clavier (risquant de donner envie de corriger son texte à la volée, donc attention, mais ça n’est pas non plus une suite complète d’édition, pas de copier-coller par exemple, et c’est voulu)

Sachant qu’il faut se procurer séparément la batterie (Un Kyu Lee ne peut pas la joindre à la machine pour des raisons de règlementation), mais c’est un modèle standard on trouve sans aucun mal sur Internet (et au pire, on fait marcher la machine en filaire).

Le Micro Journal existe en quatre versions « mûres » qu’il convient de comparer pour choisir le meilleur usage (ou alors, toutes les acheter, je ne juge pas) (personnellement, je suis déjà équipé en FW, mais j’ai aussi une v5) :

La Rev 5 (139 $US) propose juste un écran LCD auquel on branche son clavier.

L’intérêt est évident… utiliser son propre clavier. J’ai pu recycler un vieux clavier Mac sans Touch ID avec un câble USBA → Lightning et grâce à notre travail conjoint, Un Kyu Lee dispose donc à présent d’une variante de son firmware avec le clavier français belge spécifique employé par les Macs. N’hésitez pas à lui demander cette variante à la commande si vous le souhaitez (le taf est fait, je n’ai pas de commission, je veux juste le remercier pour sa gentillesse et son boulot génial).

La Rev 2 (289 $US) est l’équivalent de la Freewrite Traveler pour JUSTE TROIS FOIS MOINS CHER. (Traveler : 807 $)

Avec le même écran LCD, et la capacité, bien évidemment, de changer la disposition des touches ET les touches elles-mêmes. La machine qu’on plie et balade partout.

La Rev 6 (179 $US) se place un peu sur le créneau de la Freewrite Alpha. Petit, portable et avec l’écran LCD de la v5.

La touche d’espace ne plaira pas forcément, mais le but de cette machine est d’offrir une alternative à la machine « à clapet » façon Freewrite Traveler, dans une forme transportable, et ça coûte littéralement une misère quand on compare aux Freewrite. Là aussi, évidemment, on peut changer le clavier.

La Rev 7 (339 $US) est l’équivalent exact d’une grosse Freewrite, pour… là aussi, TROIS FOIS MOINS CHER. (Freewrite Gen3: 1050 $)

Celle-ci est clairement la rolls, avec un écran à encre électronique et une bonne grosse coque qui fait lourd et sérieux, alliant l’approche machine à écrire avec la technologie contemporaine. Et vous avez vu, on peut relever l’écran pour ne pas se tordre la nuque… HEIN, FREEWRITE

Et sinon, vous n’avez pas envie de payer la main d’œuvre ? Un Kyu Lee vous propose les composants de base, à vous d’assembler ça vous-même si vous avez envie. Tout est open source !

Des concurrents vont apparaître en production en 2025 sur ce créneau, mais franchement, on ne peut pas pousser éternellement le concept de la machine à écrire, surtout quand le but est d’avoir un appareil volontairement simple pour favoriser la concentration. En ce qui me concerne, Un Kyu Lee a pensé à tout ce qu’on peut demander, développe ses appareils de la façon la plus vertueuse que je puisse imaginer, et elles coûtent une bouchée de pain en comparaison des Freewrite.

Bref, si vous voulez vous équiper en machines à écrire connectées, achetez ça.

2025-02-13T01:04:53+01:00mercredi 19 février 2025|Best Of, Technique d'écriture|Commentaires fermés sur Le Micro Journal, une alternative ouverte, soutenue, indépendante et moins chère aux machines Freewrite

Écrire en musique : Void Stasis

En voilà de la musique qu’elle respire la joie de vivre, avec des titres charmants et évocateurs comme « Lung Fibrosis » ou « Costochondrial Separation », et avec une image de couverture qui évoque tout de suite les petits oiseaux et les licornes et pas du tout des univers en état de mort tiède dont les astres sont trop lointains et arides pour jamais pouvoir soutenir la moindre forme de vie – 

Void Stasis est un collectif de dark ambient dont le premier album, Ruins, avait déjà fait parler de lui, mais le suivant, Viral Incubation, est un petit chef-d’œuvre du genre, incroyable et glaçant hommage à toutes les horreurs de SF type Alien : l’expédition arrive sur la planète, découvre des trucs extraterrestres anciens, cosmiques et indicibles, ça tourne au drame atroce, et elle s’en tire de peu dans le sang, les larmes et les explosifs. Absolument pas recommandé pour écrire des scènes ensoleillées et guillerettes, mais si vous versez dans le glauque ou l’horreur, c’est juste parfait (pas du tout invasif pour l’esprit, donne juste assez de textures pour le concentrer). Bizarrement, je tourne beaucoup à ça pour certains passages de La Succession des Âges.

Si vous ne connaissez pas encore, vous pouvez en profiter pour jeter un œil à la page Bandcamp du label Cryo Chamber, éditeur de Void Stasis et autres artistes du même tonneau comme Atrium Carceri ou (mon autre chouchou du moment) Tineidae – j’ai à peine commencé à mettre le doigt dans la machine mais il y a de quoi peupler quantité de sessions d’écriture sinistres – ou de méditations aux frontières des ténèbres.

2024-11-04T00:51:05+01:00lundi 4 novembre 2024|Best Of, Décibels|Commentaires fermés sur Écrire en musique : Void Stasis

Combien de vaults Obsidian peuvent-elles danser sur une tête d’épingle ?

Une question assez fréquente sur les apps de notes, les PKM, la gestion de la connaissance, les knowledge graphs, les Zettelkasten, tous ces machins :

Vaut-il mieux avoir un seul environnement de notes, ou plusieurs ? Une seule ou plusieurs bases de connaissances ?

Plus prosaïquement : t’as une seule vault Obsidian ou plusieurs ?

Avant de répondre à ça, considérons que nous affrontons déjà, par la force des choses, une fragmentation de nos environnements de pensée, ne serait-ce que par les applications utilisées. Une personne un brin intéressée par l’organisation de ses notes aura en général trois ou quatre environnements distincts :

  • Une base de connaissances proprement dite (Obsidian et al.) ;
  • Un environnement de réflexion libre (notes manuscrites / carnets / app de notes à la main type Notability) ;
  • Un journal (potentiellement le carnet sus-cité, ou bien une app spécialisée type Day One) ;
  • Un environnement de capture (encore le carnet, ou bien une app spécialisée type Drafts).

Voire une base bibliographique (Zotero, DEVONthink, etc.)

Dans les faits, donc, on est déjà forcé de séparer les environnements dans une certaine mesure, pas forcément selon les projets, mais leur étape de réflexion ; en gros, on part de la capture pour développer dans un journal et/ou réfléchir librement pour distiller les idées dans sa base de connaissances (et produire un résultat, évidemment).

Et je pense que ça n’est pas génial pour la création. En effet, on veut pouvoir passer librement d’une étape à l’autre afin de développer ses idées ; dans l’absolu, il n’y a pas de frontière claire établissant « à partir de maintenant, cette idée floue est un projet à développer assidûment » – même si on peut parvenir à une telle décision, et qu’on le fait. Mais dans les étapes d’élaboration, il n’est pas rare, je crois, de paumer ses idées : « dans quel carnet se trouve cette fantastique idée de roman que je veux faire maintenant tout de suite ? »

Ce serait chouette de pouvoir conserver le continuum intact.

La création, l’émergence et le développement des idées, en particulier dans le domaine artistique, se nourrissent d’absolument tout. D’une photo prise sur le vif dans la rue lors d’un voyage, d’un échange à cœur ouvert avec un ami, d’une réflexion dans son journal, de notes griffonnées sur un coin de table. J’ai mis au point une de mes plus importantes prises de conscience créatives récentes dans un moment de désœuvrement entre deux portes parce que je cherchais à démontrer la nocivité du système PARA pour la création artistique. On ne réfléchit jamais aussi bien que quand on se laisse vagabonder ; c’est pourquoi tant de bonnes idées viennent sous la douche.

Donc : combien de vaults Obsidian ? Combien, au sens large, d’environnements de pensée ?

Un.

Un seul, qui compilera au maximum tous les éléments formant la réflexion conduisant à la création : captures à la volée, notes manuscrites, Zettelkasten, et bouts et constructions relatifs aux projets en cours, notés parce que c’est chouette, sans nécessairement viser d’objectif dans un premier temps – dans un tel environnement, il vient un moment où l’objectif se décante et où une idée est devenue suffisamment mûre pour engendrer une production assidue.

C’est une distillation continue.

Deux caveats à ça; quand même :

Si vous avez une activité purement externe sans rapport aucun avec la création (un boulot alimentaire nécessitant des notes), vous pouvez décider de la séparer de votre environnement de réflexion mais, même là, je trouve cela dommage. Cette activité, même si vous la détestez, fait partie de vous. Il y a sans doute des éléments créatifs à en tirer. Ne serait-ce, le cas échéant, que votre détestation qui peut devenir une satire, une parodie, ou juste une catharsis.

Et, comme dit plus haut, les outils impliquent en général une séparation des étapes de réflexion. Aucune app ne fait tout bien : Obsidian fonctionne mal pour les notes manuscrites, la capture de photos avec Drafts est puissamment compliquée, Notability ne sait pas faire de liens entre notes.

C’était jadis la belle promesse d’Evernote qui demeure, encore aujourd’hui, peut-être l’app qui arrive à recouvrir un maximum de domaines d’activité. Hélas, en 2024, il est impensable d’employer un service qui ne soit pas chiffré de bout en bout, et Evernote fait franchement tout de plus en plus mal.

Mais c’est en train de devenir mon nouveau Graal : l’application qui me permettra de tout combiner (et les pratiques que je peux lâcher pour y parvenir).

Knowledge graph, un exemple
2024-10-21T06:16:43+02:00mardi 22 octobre 2024|Best Of, Technique d'écriture|Commentaires fermés sur Combien de vaults Obsidian peuvent-elles danser sur une tête d’épingle ?

L’édition et l’imaginaire ne sont pas imperméables : à un moment, il faut se bouger

Au détour d’une conversation avec l’équipe d’Elbakin.net, j’apprends une nouvelle qui, comme disent les jeunes (ou peut-être déjà plus), me bute.

Leur podcast principal, qui a lancé des appels à candidatures il y a quelques mois (et vient de reprendre !), a reçu royalement le nombre suivant de candidatures :

Trois.

(J’écris cet article avec leur approbation pour communiquer le nombre, mais ils n’ont aucune idée de ce que j’écris et ne sont nullement associés à mes mots, même si, quand ils m’ont donné l’accord de donner le chiffre, j’ai senti de leur part un léger serrage de fesses, ayant probablement senti mes gros yeux à 17000 km de distance.)

Les gens, en fait les gens qui ne me lisent pas, donc c’est un peu ballot, mais bon, bref, les gens : il faut qu’on se parle. Cela fait à peu près une décennie, à la louche, que je lis des questions en ligne du genre : l’imaginaire c’est fermé on peut pas y rentrer, l’édition c’est super opaque, moi je veux bien faire du réseau mais comment je fais je connais personne, et d’ailleurs c’est la seule façon de publier hein, c’est connaître qui il faut –

Désolé, mais, à force

Mes amis, on le ressasse éternellement dans Procrastination, un auteur établi a été un jour un auteur débutant, tout le monde a fait le même parcours que vous, les temps changent mais pas tant que ça par certains côtés, et en plus, beaucoup (même si de moins en moins, le temps avance, tout ça) l’ont fait avant l’omniprésence d’Internet, soit sans le littéral débordement d’information qu’on y trouve (formations, articles, forums, des années de tables rondes captées entre autres par ActuSF, podcasts évidemment, etc.).

Mes amis, j’aurais donné très cher pour avoir accès à tout ça quand j’ai commencé et que – y a prescription, donc je l’avoue – j’imprimais des pages et des pages de ressources uniquement disponibles en anglais à la salle informatique de mon école à deux heures du matin en profitant qu’il n’y ait pas de quota.

Quand je lis ces bouteilles à la mer sur les réseaux et qu’en face, je vois que le podcast Elbakin.net, porté donc quand même par l’un des premiers sites de France, reçoit trois candidatures, j’ai vraiment du mal à comprendre. Okay, peut-être n’êtes-vous pas à l’aise avec le format (mais je vous dirais bien : dans mes années formatrices, j’avais envie de faire des trucs, d’écrire, d’apprendre, donc mon confort avec un format n’entrait pas en ligne de compte, ma réponse de base à « tu veux faire x ? » était : « oui » et je voyais après comment j’allais me tirer de ce guêpier), cependant ça n’est pas une occurrence isolée (voir l’anecdote avec mes étudiants citée dans l’article d’origine). Des occasions pour découvrir un métier et un milieu, des médias, il y en a plein d’autres (bénévolat en festival, blogging, revues amateur…)

Attention, je ne dis pas qu’il faut bosser gratuitement, le travail mérite rémunération ; mais quand on débute, qu’on est, par définition, un complet amateur, des occasions de faire des trucs chouettes au titre du loisir (on faisait des fanzines, autrefois, par exemple), ça existe, ce sont de super occasions d’apprendre, de faire, et c’est comme ça que les portes peuvent finir par s’ouvrir, juste parce que vous montrez enthousiasme, motivation et un début de compétence. (En parlant de portes, j’ai l’impression d’en avoir une énorme devant moi, totalement ouverte, et de l’avoir totalement défoncée, mais visiblement, ce n’est pas une évidence.)

Mes amis, s’investir et se construire, ça nécessite plus que poster une demi-question sur Threads et se réjouir de voir « ah ben je suis pas le seul à me demander ça, c’est quand même compliqué hein, emoji cœur sur toi avec les mains ». Bien sûr, la validation, c’est chouette, mais vous savez ce qui vous entraîne plus loin et vous permet d’atteindre vos buts et vos objectifs ?

L’absence de validation. Sortir de chez soi dans le vaste monde (qui n’est pas aussi dangereux qu’on l’imagine).

Être validé, c’est confortable, et c’est une nécessité humaine. Mais ce qui nous fait progresser, apprendre, évoluer, c’est justement ce qui ne nous valide pas ; ce qui nous met en situation d’inconfort et nous oblige à agir. Bien sûr, les deux sont nécessaires à une existence, et on préférera certains dans certains contextes (le soutien dans son entourage proche, par exemple), et tout le monde va chercher un équilibre différent à des moments différents. Toutefois, si votre vie n’est faite que de validation ou que de défi, je suis navré, mais il y a un souci quelque part.

Mes amis, dans une vie qui se veut créatrice, la peur et l’immobilisme ne peuvent pas vous gouverner. Désolé, mais la peur est comprise dedans. Ça n’est pas négociable. Ce que vous en faites, comment vous apprenez à la gérer, c’est ce qui fera la différence, et la bonne nouvelle, c’est que ça se travaille ! La mauvaise, c’est que personne ne le fera à votre place. Il n’y a pas, dans la création, de dû, d’occasion qui viendra frapper à votre porte sans que vous n’alliez d’abord à la découverte du monde, ni de récompense en corrélation avec le travail investi. Si vous raisonnez en termes de justice ou de rétribution, je vous le dis tout de suite, c’est fondamentalement injuste ; donc, arrêtez de penser ainsi et pensez plutôt à l’épanouissement offert par le chemin.

Faites-le parce que ça vous nourrit. Ou ne le faites pas. Il n’y a, justement, que des essais.

Ou encore, dans les mots immortel du roi Arthur :

Emoji cœur sur vous avec les mains.

2024-10-06T01:59:34+02:00mardi 8 octobre 2024|Best Of, Humeurs aqueuses|17 Commentaires

Du travail et du fruit du travail dans l’écriture

Je sors souvent une référence à la Bhagavad-Gita ici et là et dans Procrastination, et quelques échanges de loin en loin m’ont laissé entendre que cela pouvait être un peu mal compris, du coup, archivons ici ce qu’il en est. Il s’agit du célébrissime verset 2.47, que je connais le mieux sous cette forme en traduction anglaise1 :

You are entitled to the labor, but not to the fruits of the labor.

On le trouve en traduction française par exemple sous cette forme :

Tu as le droit de remplir les devoirs qui t’échoient, mais pas de jouir du fruit de tes actes ; jamais ne crois être la cause des suites de tes actions, et à aucun moment ne cherche à fuir ton devoir.

Sur Wikisource

Mais que je résume ainsi pour mon usage personnel :

On peut prétendre au labeur, mais pas aux fruits du labeur.

Quel est le rapport avec l’écriture ?

La différence entre prendre du plaisir et péter un câble.

Les réseaux commerciaux sont submergés de questions, conseils, stratégies pour arriver à convaincre une maison d’édition et publier son livre ; et soyons clairs, oui, la plupart du temps, quand on écrit, on espère être lu – il y a là un effort (considérable) de communication et le but de la communication, c’est quand même d’avoir quelqu’un en face.

Cependant, l’effet délétère – qui est humain, compréhensible, mais délétère quand même –, c’est de considérer alors que la création est orientée vers le résultat, la production, l’édition, qui, en plus, peuvent former dans notre société autant de métriques de résultat, de succès, jusqu’à un effet extrêmement retors de validation individuelle. (C’est l’incompréhension qui guide les chantres de l’IA.)

Or, quand on crée, tout n’est pas entièrement maîtrisable, et c’est une angoisse de la chose, mais aussi, selon votre constitution, une joie.

On ne maîtrise pas le résultat produit

Même le plus obsessionnel-compulsif des architectes (hello) vous dira qu’il existe toujours un moment où le récit, les personnages prennent vie sur la page et révèlent d’eux-mêmes ou de l’intrigue des éléments complètement inattendus (mais souvent géniaux). Je raconte toujours cette histoire entre Laenus Corvath et Thelín de « Bataille pour un souvenir » à « Au-delà des murs » prouvant même que l’inconscient, la Muse, le Mystère, la communication avec les mondes parallèles opèrent par-delà les textes et les ans, bref : nous sommes les vecteurs de la création, mais il se passe quelque chose d’ineffable au cours du chemin. Et en plus, la valeur de la production nous échappe toujours un peu : une scène écrite dans le sang et les larmes peut se révéler bonne à jeter comme une autre écrite avec la facilité la plus déconcertante peut s’avérer fantastique – et inversement.

Bien sûr, on peut toujours corriger, mais je pense que même avec la plus haute technicité du monde, on ne peut qu’amener sa matière initiale à un certain plafond. Vient un moment où il faut potentiellement réécrire pour imposer un meilleur élan.

On fait de son mieux, mais on ne peut pas garantir le résultat.

On ne maîtrise surtout, surtout pas le succès

Oh ! combien d’écrivains, combien de capitaines
Qui sont partis joyeux pour des carrières lointaines,
Dans les réseaux sociaux se sont évanouis !

Si l’on connaissait la recette pour faire un best-seller, mes chers amis, tout le monde l’appliquerait, à commencer par les maisons d’édition. Certes, quand on fait ce métier, on espère que ça va marcher suffisamment pour payer sa prochaine facture de pâtes, mais c’est alors que démarre un dangereux raisonnement, celui d’associer la valeur du travail (et donc du chemin de la création) au succès, aux ventes, aux chroniques, aux commentaires sur les réseaux, aux prix littéraires, aux adaptations cinématographiques et – pire que tout ce qui précède – aux mêmes métriques chez les voisins.

Or, personne n’a de réel contrôle là-dessus ! Et attribuer le mérite de son travail à ces métriques extérieures – pire, à celles des copains, qui n’ont pas la même carrière, les mêmes vœux, les mêmes univers – peut peut-être soutenir une personnalité combattive pendant un temps, mais au bout du compte, comme tout élément de son identité dont on plaque la valeur sur une composante du monde extérieur, cela ne peut que rendre foncièrement malheureux.

On fait de son mieux, mais on ne peut pas garantir le succès.

On fait de son mieux, et c’est tout ce qu’on peut faire

Je ne suis absolument pas en train de prétendre qu’il faut atteindre une espèce d’horizon détaché de tout (cela annihile l’implication personnelle, et je pense résolument qu’il est vital de croire à ce qu’on fait, donc de lui attribuer un minimum d’importance), que je pratique parfaitement ce qui précède (certainement pas), ni même que toutes ces impulsions ne sont pas humaines ni compréhensibles.

En revanche, non conscientisées, laissées à proliférer, elles sont une voie sûre vers l’épuisement professionnel, le découragement, la frustration, notamment parce qu’elles se trompent sur ce qu’est l’essence du métier. Elles confondent le résultat final (sur lequel on n’a guère de prise) avec le processus créatif lui-même.

Or, notre métier, c’est créer, ce n’est pas vendre des bouquins. Oui, je répète : notre métier, c’est créer, ce n’est pas vendre des bouquins.

Vendre les bouquins, c’est le métier de la maison d’édition.

Vendre des bouquins est une conséquence possible et merveilleuse de la création. On s’y implique, bien évidemment ! Mais tout ne se vend pas dans notre marché (qui est ce qu’il est), et se désoler, rager que ce qu’on fait ne vend pas dans cette situation revient à insulter le ciel pour le temps qu’il fait. Bien sûr, on peut être déçu ; il existe des accidents industriels (je raconterai un jour les vraies coulisses de Léviathan, près de quinze ans plus tard, il commence à y avoir prescription) ; on peut combattre, communiquer, élargir les horizons, se lancer avec courage, tenter le coup, et tout peut marcher, et on s’efforcera toujours de mettre un maximum de chances de son côté, mais au final, on prendra soin de se rappeler cette règle cardinale :

Le labeur ne nous doit aucune rétribution.

Il découle donc, logiquement, qu’il convient de concentrer son énergie sur le labeur lui-même – c’est la seule chose sur laquelle on peut influer – et, surtout, trouver dans celui-ci la toute première source de son plaisir. Un auteur qui écrit parce qu’il aime écrire sera toujours heureux (ou presque). Un auteur qui écrit parce qu’il veut vendre, être vu, reconnu, apprécié sera toujours malheureux (ou presque) parce qu’il n’aura, en définitive, jamais assez.

C’est pour ça que je trouve oiseuse et inutiles les conversations sur le « talent », « l’inspiration » et tous ces concepts qui ne nous aident à rien et sont même, si j’ose, un peu classistes : tu as le don ou tu l’as pas. En revanche, on peut tous travailler, et on peut tous trouver du sens dans ce qu’on fait. Sinon, autant ne pas le faire, hein ?

C’est aussi pour cette raison que je fais l’analogie entre l’écrivain et un DJ : le DJ est embauché pour faire danser la salle, mais il va le faire avec la musique qu’il aime (ou au moins qui ne lui écorche pas les esgourdes). Le cœur de métier, au sens de profession et de carrière, cette fois, est là : faire le travail avec cœur, sincérité et intégrité, en gardant la conscience d’essayer de s’adresser au plus grand nombre, de travailler sa technicité pour être le mieux reçu possible, mais l’un et l’autre doivent fonctionner ensemble.

Bien sûr qu’on fait notre travail du mieux possible, avec la visée raisonnée, intelligente et construite d’un public (on se rappelle, en gros, qu’on gagnera probablement mieux sa vie avec de la romance qu’avec un recueil de haikus en elfique dans le texte). Bien sûr qu’on espère rencontrer les lauriers de la victoire. On ne fait pas ça par-dessus la jambe, à balancer nos œuvres soigneusement assemblées dans le vide. On fait tout ce qu’il faut pour ça marche.

Mais, tels des généraux romains, nous devons conserver la voix perchée sur l’épaule qui nous répète que nous sommes mortels, qu’au final, tout cela est une vaste farce, que l’Univers ne nous doit rien, et que la seule validation solide vient d’abord de l’intérieur avant d’arriver d’ailleurs, et que la réalisation contient déjà en elle sa validation.

Nous pouvons prétendre au labeur, mais pas aux fruits du labeur.

  1. Il existe quantité de traductions, on préférera celle-ci ou celle-là pour quelque chose de moins lapidaire.
2024-09-09T03:02:10+02:00lundi 9 septembre 2024|Best Of, Technique d'écriture|Commentaires fermés sur Du travail et du fruit du travail dans l’écriture

Retomber sur des joies musicales totalement obscures des années 90 (demoscene, tracking et modules)

Quand on déménage, en général, on en profite pour faire un grand tri ; quand on déménage à l’autre bout du monde, on le fait d’autant plus (… en principe. Don’t ask.) Mais si on a une tendance à l’accumulation (qui ? naaan) et qu’on est passé d’un ordinateur à l’autre au fil des ans en étant, disons, pas très rigoureux ni organisé sur les sauvegardes (« j’ai un plus gros disque dur, je colle tout ça là, je ferai le tri plus tard, je récupère seulement ce dont j’ai besoin »), on peut se trouver assis sur des téraoctets de sédiments relatifs à une existence entière qui n’occupent, pour ainsi dire, aucune place (et une charge mentale minime).

Une pile parmi beaucoup d’autres retrouvées à la cave

Est-ce que j’analyse en ce moment tout ça ? Ahahah, non, j’ai autre chose à faire, et puis je ne vais pas déroger à la noble tradition consistant à coller tout ça dans un coin pour plus tard, la version 2024 étant mon serveur domestique. Néanmoins, au passage, certains trucs attirent l’œil, et l’on se retrouve à plonger dans de réelles capsules temporelles. Un vieil installeur de Netscape qui ne doit plus fonctionner sur rien, les drivers mis à jour de mon modem Olitec compatible Minitel. Wahou. Visiblement, je prenais aussi grand soin de conserver mes sauvegardes de ce petit match-3 qui occupait mes pauses en pensant que j’allais y rejouer. Moi, vingt ans plus tard : mec, j’ai un Mac maintenant. On retrouve des souvenirs de vie au passage, des atmosphères d’une époque, de relations passées, de logements anciens, de préoccupations déchues.

Mais on va conserver quand même, hein.

Bref. Par contre, je suis enchanté d’avoir retrouvé un véritable trésor d’où j’avais presque oublié l’existence, et où, classée avec soin et amour, m’attendait figée dans l’ambre la bande-son de mes années 90, bien avant la musique numérique moderne telle qu’on la connaît (mp3 et iPods). C’est simple : soit vous n’avez strictement jamais entendu parler de ça, soit vous connaissez et vous êtes un spécialiste obsessionnel. Pas de juste milieu.

Je vais m’efforcer de résumer rapidement : dans les années 80-90, avec le développement de l’informatique personnelle, on s’est évidemment mis à se servir des ordinateurs pour faire de la musique. Mais à l’époque, un studio nécessitait toute une batterie de synthés et sampleurs externes, où l’ordinateur servait de pilote (c’était la force de l’Atari ST). On était encore très loin de disposer d’assez de puissance pour générer les sons directement dans la station de travail (ce qui est la norme aujourd’hui depuis une grosse quinzaine d’années).

Je résume grossièrement, mais le concurrent de l’Atari, l’Amiga (la seule vraie machine de cette époque, les vrais savent1) employait son architecture différente pour faire un truc rusé : découpler la « partition » d’un morceau des sons correspondants (samples). Il suffisait d’empaqueter les sons samplés avec les instructions pour les jouer, de demander à la machine de lire la partition, et hop, on avait une musique de qualité bluffante pour l’époque. Imaginez un orgue de barbarie mais qui jouerait des samples aux hauteurs exigées par le rouleau de papier perforé. On composait ça (on compose encore ça à l’heure actuelle) avec des soundtrackers, et les fichiers générés d’une extrême légèreté (quelques centaines de Ko) s’appellent des modules.

La scène du tracking est intimement lié à un autre phénomène des pionniers de l’informatique grand public, c’est la demoscene. Très rapidement là encore : les jeux vidéo des années 80 ont été rapidement piratés en masse ; les éditeurs ont mis des mesures de protection ; des groupes de crackers (hackers visant à cracker les protections) sont apparus en réponse, et pour signer leurs méfaits / prodiges techniques en déplombant les protections, ils ajoutaient de petites intros graphiques, sorte de voisin numérique, si on me permet la comparaison audacieuse, du street art.

Ces intros sont vite devenues un phénomène à part entière, la demoscene : indépendamment du cracking, il s’agit à présent de repousser les limites d’une machine (nécessitant donc une grande habileté ) pour proposer un spectacle visuel et sonore – on dirait aujourd’hui une « installation virtuelle » – démontrant la virtuosité graphique, technique et musicale du groupe, juste pour le plaisir des yeux et des oreilles. Ado, j’ai passé des heures chez mon pote Nono (merci, Nono) à mater des démos sur l’Amiga de son grand frère, complètement transcendé, avant d’avoir le mien.

La plus célèbre, peut-être, de toutes les démos est Second Reality de FutureCrew (j’y étais !). Dites-vous que ça tourne sur un PC de 1994 :

Et souvent, les morceaux étaient accessibles directement dans l’archive de la démo, et si vous aviez le tracker correspondant, les lire était entièrement possible (je me suis fait quantité de mixtapes en collant la sortie de ma carte son sur un magnéto ; j’ai commencé l’électro avec le tracking avant le MIDI, et tout mon apprentissage musical du genre s’est fait à travers cette lentille, quand les gens normaux de ma génération passaient en général par la house). Soit dit en passant, à mes yeux, c’est de cette mouvance que naît le chiptune moderne et ses dérivés en dance (je pense notamment à No Mana). Bien des artistes actuels sont passés par cette école (dont deadmau5).

Récupérer le son de modules en 2024

Évidemment, retombé sur ce trésor, j’ai tout de suite voulu en sauvegarder les plus belles pièces pour les remettre dans ma bibliothèque musicale. Certains artistes de premier plan (Purple Motion, LizardKing, Allister Brimble, Rob Hubbard2, Chris Huelsbeck…) ont placé leurs anciens travaux sur les services de streaming, parfois en remasters conservant le grain de l’original, mais j’ai des tas de trucs trop obscurs (récupérés à droite et à gauche, parfois dans les tréfonds de CD de Joystick…).

Heureusement, époque moderne oblige, deux ressources centrales archivent ces bijoux : Pouet.net pour la demoscene et ModArchive pour la musique pure. (Tous les modules ne sont pas nécessairement adossés à une démo, loin de là ; la musique existait en releases indépendantes, parfois même sous forme de Music Disks, très difficiles à se procurer avant Internet, équivalent tracker d’un album, parfois distribués même sous forme d’applications3).

Maintenant, il faut lire ça. Vous ne le savez pas, mais tous les lecteurs de média modernes (VLC en tête) sont compatibles avec tous les formats de modules (mod, it, s3m, xm etc.). Par contre, cela ne veut pas dire qu’ils les jouent correctement et sachent retranscrire les subtilités des instructions de certains morceaux comme les changements de rythme, les volumes des pistes et les glissando ; on n’aura pas toujours la vraie expérience voulue par le compositeur·ice4.

On évitera donc VLC pour se tourner vers un « vrai » lecteur. OpenMPT est la référence sous Windows, et permet même un export automatique du son (pratique). Sous Mac, c’est un peu plus compliqué, mais j’ai déniché le vieux Foobar 2000 qui est fidèle aux sons d’origine, j’en atteste. Il restera à capter la sortie de l’application avec une app comme Piezo ou même Audio Hijack.

Une rapide initiation au genre

Vous êtes encore là ? Wahou. Dans ce cas, et si vous êtes curieux·se de ce son qui, à mon sens, ne ressemble à rien d’autre (ça n’est pas vraiment du chiptune, ça n’est pas non plus de la house rétro, c’est… la musique de jeu vidéo des années 90 est probablement ce qui s’en rapproche le plus, mais avec une qualité de production sans rapport), vous avez bien mérité quelques morceaux, parmi mes favoris absolus depuis trente ans :

Libertine par Zodiak, pour Hex Appeal par Cascada (1993) :

Necros, Point of Departure5. Profitez de l’aperçu d’Impulse Tracker au passage… C’est autre chose qu’Ableton, hein ?

Laxity, Desert Dream trilogy (pour la démo du même nom par Kefrens) :

Eon par Hoffman, pour la démo éponyme par The Black Lotus. Là, ça nécessite une mention spéciale, parce que c’est une démo contemporaine (2019) qui tourne… sur un Amiga d’époque !

Je finis peut-être par le plus grand maître, Purple Motion, dont l’album Tracked (1991-2000) est disponible sur tous les services de streaming (préférez-le à MusicDisk, ces versions conservent la couleur de l’original, mais avec une qualité maximale) :

Et si vous êtes vraiment arrivé·e jusque là, et que vous avez envie de creuser :

C’était censé être un article court. Ah. Vous me connaissez.

  1. Depuis trente ans, je m’efforce de ressusciter cette guerre de tranchées, sans succès.
  2. Non, c’est pas le même.
  3. J’en ai retrouvé dans mes archives, mais pour faire tourner ça, va me falloir fourrager dans DOSBox.
  4. Libertine de Zodiak, bande originale de Hex Appeal par Cascada, sonne par exemple faux dans la plupart des lecteurs modernes – j’avais la démo d’origine, je sais à quoi elle ressemble. Même les compilations comme Retrovibes ne proposent pas la « bonne » version.
  5. J’ai littéralement découvert l’existence d’Orbital à travers son remix de Girl with the Sun in her Head, intitulé Shadow Caster, c’est vous dire si j’étais complètement immergé là-dedans, et comme souvent dans ces cas-là, cela reste sa version que je préfère.
2024-08-16T03:35:47+02:00mercredi 21 août 2024|Best Of, Décibels|3 Commentaires

La boîte à outils de l’écrivain : ce minuteur (et un dé à 4 faces)

Je suis un fervent pratiquant de la méthode Pomodoro (adaptée à la création) et si j’aime mes applications, mes bidules et mes machins qui soutiennent un mode de vie relativement nomade, il y a un plaisir à manipuler du matériel. (C’est peut-être mes envies de musique électronique qui parlent aussi en ce moment.) Plus que ça : manipuler un objet signale plus concrètement au cerveau l’intention qu’un clic dans une application perdue au milieu d’une forêt de fenêtres. Et donc, je trouve qu’il y a un intérêt notable, et un bénéfice clair, à employer un minuteur physique pour ses pomodoros plutôt qu’une application : le fait de retourner le sablier / tourner le bouton1 lance une session de travail avec satisfaction.

D’accord, mais lequel ? La moindre boutique en ligne est remplie de bidules en plastique à deux balles ou de machins ultra fancy connectés avec affichage digital Bluetooth multimédia. En fait, c’est étonnamment difficile de trouver un minuteur adapté à l’usage, parce qu’ils essaient tous d’être trop intelligents pour leur bien et ça défait le marsouin – pardon, defeats the purpose.

Les Pomodoros adaptés à la création sont légèrement différents de la méthode classique en ce sens que finir un créneau de temps ne bascule pas nécessairement sur la pause, elle autorise la pause à la première occasion qu’on souhaite. Si on est en état de flow, on veut généralement y rester. Par conséquent, le bon minuteur :

  • Ne bascule pas automatiquement sur la pause au bout de 25 minutes. C’est ahurissant le nombre de bidules qui pensent que c’est une bonne idée, mais c’est complètement con, pardonnez-moi. Et si j’ai pas envie à cet instant, moi ?
  • Est silencieux, que ce soit quand il décompte (pas de tic-tac, pitié) ou quand il parvient au bout de son créneau. Idéalement, une loupiote s’allumera discrètement et l’engin attendra sagement qu’on décide quoi faire ensuite, pour lancer manuellement la pause (signifiant là aussi une intention, un contrat avec soi).
  • Est visuel (montrant le décompte d’un coup d’œil, ça motive).
  • N’est pas bloqué sur des durées fixes de 25/5 (parfois, on veut faire davantage ; en ce moment, je fais 30/5, j’ai aussi joué avec 52/17).
  • Bonus : une action physique permet de lancer son créneau d’un tour de main rapide.

Vous n’imaginez pas le nombre de minuteurs qui ne répondent pas à ces critères pourtant simples. J’en ai commandé et retourné un paquet avant de me fixer sur un clone chinois probablement vendu sous douze marques différentes, mais qui fait parfaitement le boulot :

Un tour de clé et boum, un disque coloré apparaît ; quand c’est fini, la loupiote en haut à droite clignote trois fois, c’est tout. Souvent, je la rate, mais c’est une qualité : je continue ce que je fais et je lève souvent le nez plus tard quand je commence à fatiguer, constatant que, ah oui, j’ai le droit de penser à autre chose deux minutes.

Ça coûte entre 15 et 20 balles, allez sur n’importe quelle boutique en ligne et vous en trouverez pléthore, mais faites vraiment gaffe aux critères mentionnés ci-dessus : plus le minuteur promet des fonctions avancées et plus il est probablement stupide en réalité (évitez notamment le Minee Timer, magnifique et superbement construit, mais qui déclenche la pause tout seul, ce qui est, répétez avec moi : complètement con). Il existe des versions avec affichage numérique (j’en ai un en France de la marque Yunbaoit qui représente un relatif équivalent, beaucoup plus joli, mais je préfère manipuler le bouton en façade).

Bref, quoi que vous commandiez, lisez les commentaires pour vous assurer que ça ne cache pas un loup genre un tic-tac insupportable, et assurez-vous de pouvoir le renvoyer sans problème si vous découvrez une stupidité de conception.

Associez à ça un D4 de jeu de rôle, un peu joli tant qu’à faire. La méthode Pomodoro classique propose quatre intervalles de travail soutenu puis une pause plus longue de 15-20 minutes ; je ne la faisais pas, mais j’ai récemment découvert un vrai bénéfice à ça (le petit singe dans mon cerveau se tient beaucoup plus tranquille s’il sait qu’il aura un vrai quart d’heure à un moment pour se distraire – et le moment arrivé, il tombe souvent à court d’idée, d’ailleurs).

Et puis, qui n’a pas envie d’utiliser un dé de jeu de rôle comme accessoire professionnel ?

EDIT 2024-08-12 : On me signale que le Time Timer pourrait être la version originale de ce minuteur, à potentiellement préférer, donc. Voir cet article.

  1. Le bouton tout rond, qui chante des chansons, bien sûr.
2024-08-10T10:22:35+02:00mercredi 7 août 2024|Best Of, Lifehacking, Technique d'écriture|Commentaires fermés sur La boîte à outils de l’écrivain : ce minuteur (et un dé à 4 faces)
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