Hou là là, trop le seum, la galère, mec, Marc le fermier ce fdp avec sa paille de boloss, Victor Hugo d’où qu’il fait causer un arbre et un roseau sérieux, et les maths du bac S putain sa mère les courbes paramétriques de teupu.
Ô rage, ô désespoir, ô indignation suprême dans les rangs de nos futurs (ou pas) bacheliers, de nos collégiens pour le brevet, et voilà que Benoît Hamon veut des notes moins décourageantes à l’école.
Bref, camarades, l’école c’est devenu vachement trop dur.
J’ai un truc à vous dire, les jeunes : c’est vous les boloss. Je n’ai pas fait de maths depuis quinze ans. L’exercice du bac, je le torche, celui du brevet aussi. Est-ce à dire que je suis suprêmement doué ?
J’aimerais bien, mais non.
C’est vous les boloss. Mais ce n’est pas de votre faute.
La faute revient aux parents qui vous surprotègent, qui ne tolèrent pas un seul instant que vous puissiez ramer, parce que ce serait une insulte à leur propre image, et empêchent vos profs de vous évaluer honnêtement afin que vous rapportiez des bonnes notes déconnectées des réalités.
La faute revient aux politiques qui, pour séduire les parents sus-nommés et vous, futurs électeurs et donc garants de leurs privilèges, cèdent en se donnant l’air auguste à vos pétitions pour vous éviter de reconnaître la perspective d’un échec ou même d’une difficulté.
La faute revient à cette rhétorique absurde qui veut donner à tous les mêmes diplômes, les mêmes vies, les mêmes modèles idéaux de réussite au lieu de reconnaître, valider et louer la diversité des aspirations, des talents, des inclinations.
La faute revient à la lourdeur administrative du système éducatif, qui enferme les profs dans des expressions novlanguesques abracadabrantes, dans une science pédagogique déconnectée de la réalité du terrain, souvent plus handicapante qu’utile.
La faute revient – pour piquer encore une phrase à Nietzsche – au triomphe du faible sur le fort. La faute revient à une société entière en faillite quant à l’idée d’effort, de travail, de conquête, qui handicape totalement des générations entières en leur ôtant toute notion qu’un jour, dans l’existence, dans la vérité du quotidien, des épreuves se dresseront, des couperets tomberont, des sélections s’opéreront, des échecs se produiront.
J’adhère totalement à l’idée que chacun peut tout atteindre, ainsi qu’on semble vouloir le mettre en avant dans le système éducatif. Avec un caveat : tout le monde peut tout atteindre avec du travail. Ce qui nécessite du temps, de l’investissement personnel, une certaine force combative.
C’est un véritable crime collectif commis contre des dizaines de milliers de jeunes que de les désarmer littéralement contre les inévitables – parce qu’elles sont inévitables – difficultés de l’existence. C’est les laisser désorientés, perdus, mollassons ; pire, c’est les encourager dans certaines voies pour lesquelles ils n’ont pas forcément la volonté ou les bases nécessaires, c’est leur faire perdre un temps fou dans des perpétuelles premières années de fac sans but, qui coûtent en plus des sommes non négligeables. Faire croire à tous que tout est possible sans fournir aucun effort est plus qu’une idiotie, c’est une tragédie.
Le problème n’est pas dans l’évaluation scolaire, dans la prétendue paresse des jeunes ou leur inculture ; il s’enracine dans l’idée générale, pernicieuse et persistante – fort arrangeante pour une classe politique qui n’oeuvre plus qu’à court terme – que tout doit être facile, gentil, compréhensif. Réalité à bouts ronds. Le monde n’est pas ainsi, et l’éducation devrait consister à (s’)y préparer, parce que c’est ce qui donne de la ressource. Il ne s’agit pas d’enfoncer la tête sous l’eau de ceux qui rencontrent des difficultés, mais il ne s’agit pas non plus de retirer les difficultés à la moindre anicroche. De considérer obscène l’idée même de difficulté ou d’épreuve. Cela revient à vouloir enseigner la natation en jetant un type dans la piscine sans le prévenir, puis à en retirer l’eau dès qu’il boit la tasse, et à lui dire MAIS OUAIS MEC, PUTAIN, TU NAGES ! Sauf que non. Et en plus, le type en question n’en retient qu’une chose : l’eau, c’est dégueulasse, sa mère la pute.
On apprend à nager en conquérant la peur de l’eau, en augmentant la difficulté. La… difficulté.
À l’échelle de la société entière, la formation des jeunes adultes devrait s’articuler autour de la conquête de la difficulté, de l’apprentissage de sa maîtrise, et non dans sa dénégation. C’est conquérir qui forme un caractère, c’est le triomphe qui donne la mesure d’un être ; on peut se développer harmonieusement sans se frotter à l’échec (si l’on est extrêmement talentueux) mais pas si on le retire totalement de l’équation. C’est une leçon de bien plus grande valeur de savoir qu’on peut conquérir la difficulté plutôt que de l’aplanir dès que le danger devient un tant soit peut réel. Et ça n’est tout simplement pas viable. Il se présentera toujours. Et moins on y est préparé, plus il fait mal.
Un combatif peut être gentil. Un gentil ne peut pas être combatif. C’est brutal, mais c’est la vérité. Et, dans l’optique de former chaque être humain à conquérir son propre potentiel, il me semble préférable de donner l’option qui fournit le plus grand éventail de possibles.
En 2004, je publiais dans « Tuning Jack » (lisible gratuitement en ligne ici) quelques modestes galéjades, comme ce prétendu reportage futur de TF1 :
92% de réussite au bac l’année dernière, c’est bien mais c’est encore trop peu pour le ministère de l’Éducation, qui a placé comme objectif à l’horizon 2020, 96% de réussite pour une classe d’âge. Ces résultats sont néanmoins en hausse, grâce à la séparation des disciplines, à la réorganisation des emplois du temps et au recentrage des programmes.
Claire, 19 ans. – Ouais-heu, c’est sûr le bac ça fait flipper mais bon-heu… Bon moi je l’ai raté une fois parce que je me sentais pas en état d’y aller, la dernière fois. Alors-heu, là, cette année-heu… Ben j’espère que j’aurai le courage d’y aller.
La baisse du nombre des mentions ne cesse en revanche de s’accentuer. Cette baisse, amorcée en 2007, est dénoncée par l’opposition qui parle de « laxisme » de la part du gouvernement.
Morad, 17 ans. – Ouais ben j’le tente, là, c’est pour maintenant, hein. Mais j’me prends pas la tête, tu vois. Y a pas que les études dans la vie. Faut savoir faire la fête, hein ! Ha ha.
Sylvie, 17 ans. – Oh moi j’ai trop trop peur. Les examens, je trouve pas ça bien, ça me fait trop trop peur. J’aime pas être jugée par quelqu’un. Je trouve qu’on devrait pas faire comme ça. Parce que la personne qui corrige la copie, elle sait pas qui on est, alors que ce qui compte dans la vie, c’est d’être bien, mais humainement, quoi, hein. Mais forcément quand on écrit, les gens savent pas.
Une chose est sûre : nos chères petites têtes blondes, déjà grandes, vont commencer mercredi par l’épreuve de Géographie Locale.
Je me disais : oh là là, que je suis plaisantin, jamais nous n’en arriverons là, voyons.
2014, la nouvelle cite un horizon 2020, je dis check, je suis dans les temps.
Soyez malins et combatifs, les gens. (Ne soyez pas ce type.) Bossez. Prenez votre vie en main, parce qu’aujourd’hui plus que jamais, personne ne la prendra en main à votre place. Faites quelque chose de vous-mêmes. Peu importe quoi. Mais quelque chose qui vous appartienne.
Au boulot.
Tout à fait d’accord.
en temps que future prof je suis aussi d’accord ^^ après le problème aussi, c’est qu’on ne nous apprend pas à être prof, on nous dit « débrouille-toi »… et tu te retrouves dans une jungle inimaginable ^^ Autre problème regrettable: malheureusement seuls les gens bien liront ces articles, les boloss ne changeront pas…
Les boloss ne savent pas lire des phrases de plus d’une ligne. Lionel peux-tu réécrire ce billet en sms ?
Blague à part, je dis Amen à tout, et je trouve ça d’autant plus fort que tu te sens impliqué par l’avenir de nos chers têtes de boloss alors que tu ne souhaites pas transmettre ton patrimoine génétique 😛
Je suis tout à fait d’accord: on apprend pas aux futurs enseignants à enseigner… et même pire que ça, on leur refourgue les classes « sensibles » (comprendre celle qui nécessite d’avoir des profs ayant de l’expérience) comme des CP par exemple…
Ma tante bossait dans l’éducation nationale, elle me disait que chaque année c’était pareil, les vieux instits faisaient tout pour ne pas récupérer les CP (bah oui ça demande du temps et de l’énergie d’apprendre à lire à des enfants de 6 ans). Résultat des courses, les CP se retrouvaient avec un(e) jeune instit fraichement nommé… Pas certain que ça soit un cadeau pour les enfants ni pour l’enseignant…
C’est ça ^^ moi ce sera collège en ZEP…. « wesh madam ça sert trop à rien la littérature! » Mais c’est à nous de nous battre et de leur enseigner l’effort. Après tout, oui, je pense que c’est aussi ça le rôle d’un prof: apprendre le travail, l’effort, pour atteindre la réussite.
L’effort, condition nécessaire mais non suffisante. Trop de paramètres en jeu dans la vie et dans la société.
Je suis peut-être devenue trop gentille maintenant, ah ah. ^^
Mais beaucoup de choses peuvent se résoudre par l’effort tout de même, non? Quelle serait selon toi une autre condition?
Le problème c’est que les parents se déchargent de plus en plus de leur rôle… Oui l’école ce n’est pas que l’instruction, mais aussi l’éducation, l’apprentissage de la vie en société… Mais non, ce n’est pas uniquement le rôle de l’école, parent c’est un full time job, et enseigner des valeurs comme le respect, le travail, ça en fait largement partie !
Et en + de se décharger de leur rôle, ils viennent t’engueuler, t’insulter parce que tu as donné une punition ou une mauvaise note à leur gamin ^^ j’appréhende les rencontres parents-profs… mais heureusement ils ne sont pas tous comme ça ^^
Elsa: oui d’autres paramètres qui entrent en jeu, un peu de chance, le contexte socio-économique etc… Mais si tu commences à dire à des gamins que sans effort ils peuvent y arriver quand même, on est pas un peu mal barré non ?
Toi même tu as bossé pour intégrer une école d’ingénieur non ? Tu vas me dire, ouais mais mon diplôme d’ingé aujourd’hui il me sert à rien… peut-être mais en attentant ton intégration tu la dois à quoi ?
(non je ne t’engueule pas 😉 )
à la cellule d’inté ?
elle a dit « condition nécessaire » tout de même! ^^
Ca me rappelle ma tante qui un jour à OUBLIE de signer un bulletin d’un élève (pas mauvais en plus), les parents sont venus la voir, patacaisse auprès du directeur et du rectorat… Belle mentalité les parents !
Alors j’ai dit que l’effort était une condition nécessaire Bert’, hein. Ce que je ne veux pas, c’est qu’on fasse croire aux gens que c’est suffisant, comme je l’ai cru moi même et ce qui a fait que je me suis arrachée pendant 5 longues années.
Et intégrée ? T’appelles ça intégré d’avoir fait que des jobs alim’, d’être enterrée dans un à l’heure actuelle sans voir d’issue ? Ok, maintenant j’ai un job, une amélioration comparé à d’autres périodes de ma vie et à mon copain à l’heure actuelle. Mais ça suffit ça ? Aucun épanouissement, aucun progrès possible… J’avais le potentiel, je n’ai pas réussi à trouver comment l’exprimer. Entre les boîtes de dingues où seuls comptaient le fric et l’ascension sociale (le travail bien fait ? l’épanouissement ? tout ça ? non ?), les gens qui te jugent au premier regard, ceux qui estiment que t’es pas assez autonome à leur goût (comprendre : tu peux pas bosser tout seul du jour au lendemain même si c’est un stage ou ton premier taf, quelle horreur, surtout n’allons pas regarder si la personne peut s’en sortir moyennant une intégration adaptée…). Bref… Il y a des mentalités à changer très sérieusement aussi dans la société. On ne valorise que l’argent et la recherche d’argent, pas l’individu et son potentiel. Et ça m’écoeure, je n’arrive pas à trouver ma place là dedans.
Mais bon, j’ai une histoire un peu salée aussi, je sais bien que tout le monde ne vit pas quelque chose d’aussi extrême. Mais j’en retiens quand même la leçon que si l’effort a fait de moi quelqu’un d’intelligent, il ne m’a pas aidée à m’intégrer à la société. Alors il aurait sans doute fallu que je change cet effort, le transforme. Mais sans projet précis et sans confiance, on finit cassé et en job alimentaire, de ces petites gens qu’on méprise si facilement et à qui on dit « tu veux plus d’argent ? sors toi les doigts du cul », comme si tu ne l’avais jamais fait ou n’étais pas prêt à le refaire dans de bonnes conditions.
Je comprends ta situation et beaucoup de jeunes de ZEP, ou de jeunes tout court d’ailleurs, sont dans cette situation. Mais pour les aider à s’en sortir, pour que l’individu soit valorisé par lui-même et par son entourage, il lui faut fournir des efforts. Peut-être est-ce un problème d’orientation? trouver où s’épanouir, trouver qqch qui nous corresponde?
Amen, les boloss sont malheureusement trop nombreux. Le poil dans leur main est un poireau bien implanté. C’est triste de voir cette mollesse dans l’esprit des jeunes. Et surtout, si peu de recul! Laissons tomber les parents, car la plupart sont tels que tu les décris, mais il devrait y avoir une présentation sur l’importance qu’est le bac. Pas de la manière pompeuse, mais expliquer pourquoi c’est anonyme, le but des exercices (sujets) proposés (philosophie : pour réfléchir, français pour apprécier la lecture, maths ; parce que savoir faire une règle de 3 ça devrait pas être une difficulté….). C’est bête d’en arriver là, mais les bacheliers (en général) ne parviennent même plus à s’en rendre compte. Peut-être avec toutes les interprétations politiques aussi, ça ne permet plus de saisir l’essence du bac… Bon…je me tais….
Oui il y a des soucis d’orientation, de valorisation de l’individu (nous n’avons pas tous les mêmes capacités et facilités, ni même goûts), de valorisation des formations (ce n’est pas sale de faire du manuel, on a besoin de ces jobs là au quotidien), etc… Ca n’empêche pas de valoriser l’effort, au contraire, il s’agit de donner aux gens des raisons de les faire, dès les études et aussi plus tard. Parce qu’honnêtement, vu que même des gens qui font de grandes études en bossant comme des fous ne s’en sortent pas forcément aujourd’hui, on peut remettre en question la notion d’effort (vu qu’on voit la réussite selon le rang social et le compte en banque et qu’on méprise tout ce qu’il y a au-dessous de nous au niveau social). Alors il faut trouver comment le canaliser, pour quoi. Tout au long de la vie. Que chacun puisse trouver sa place sans honte. Là je me transforme en bisounours mais bon ^^
Elsa: je parlais de ton intégration en école d’ingé (i.e. tu as travaillé pour passer et réussir un concours, et je suis bien placé pour le savoir vu que j’étais dans la même prépa que toi 😛 si, si, rappelle toi de Biquet 😉 ). Je sais que ta situation actuelle n’est pas idéale, et loin de moi l’idée de te dire : »fallait bosser »… Désolé pour le quiproquo
« il s’agit de donner aux gens des raisons de les faire », c’est tout à fait ça!
Aider à trouver une voie, et faire comprendre qu’il faudra travailler pour y arriver. Rien n’est acquis, mais heureusement rien n’est perdu non plus
Une rumeur voudrait qu’il existe des conseillers d’orientation dans les lycées…
alors là, c’est un autre débat ^^
on a tous été confrontés à des conseils catastrophiques je pense…. et malheureusement ça demande une certaine maturité, de trouver sa voie, et de comprendre que le bien-être compte aussi, malgré toutes les pressions sociales et parfois familiales…. peut-être est-ce aussi aux profs d’aider les jeunes à comprendre cela. l’école doit préparer à la vie….
Ben c’est bien la suite du débat comme le soulignait justement Elsa: tu bosses, tu as le potentiel pour faire plein de trucs, mais on décrète que faut que tu fasses telle ou telle filière parce que c’est socialement plus acceptable…
mais ce n’est pas que la faute des conseillers d’orientation, et je trouve que ça élargit beaucoup le débat
Non je sais bien, c’était une vanne… c’était pour souligner le fait que l’orientation des jeunes est plus que défaillante…
@Bert : pour le « sors toi les doigts du cul » je l’entends et le lis partout, je ne pensais pas à toi t’inquiète. Et je n’étais pas si intégrée que ça en école d’ingé, j’ai peu participé aux activités, je ne me sentais pas totalement à ma place (mais ça c’est un problème très personnel).
Quant aux conseillers d’orientation j’en ai vu plusieurs et le dernier m’a dit « vous êtes bonne partout ? baaaaah, sciences po ? ». Hop, plié. Ca m’aide, merci ^^’
@Laurie : Comme dit Bert’. J’ai fait prépa + école parce que je pensais pouvoir avoir plus de choix et une meilleure situation, on m’a poussée en S « parce qu’il y a plus de débouchés », etc, etc. On subit une pression stupide et on s’y laisse parfois prendre.
Après bon si on trouve pas tout seul ce qu’on veut faire les autres peuvent pas décider pour nous non plus, c’est mon soucis. Mais je pense que beaucoup d’élèves n’ont aucune vision et pas forcément les moyens d’en développer (rien que pour moi par ex je n’ai connu la prépa que parce que j’étais amie avec la 1e de la classe qui pensait en faire une, alors que mon collège/lycée avait des classes prépa mais je ne l’avais jamais réalisé en 6 ans…)
oui…. En conclusion, tout est défaillant ^^ arrêtons de faire des gosses!!
Hé oui moi aussi j’ai fait prépa, mais de Lettres, je me suis rendue compte en 1ere S que les sciences n’étaient pas ma voie, même si j’adore ça ^^ Heureusement, on peut toujours changer de vie!! à 25, 40, 50 ans, même à la retraite, rien n’est figé, rien n’est acquis (tout se transforme)
Oui, après le tout est de se trouver un projet. Pas si simple en fait, mais faut chercher, même si ça prend du temps (et un temps de dingue en ce qui me concerne) ^^
En laissant allègrement ressortir le bourdieusien marxiste qui est en moi (il faut qu’en ce moment, il est plutôt à l’affut de tout ce qui traine), j’irai encore plus loin dans ton analyse. J’aurais assez facilement tendance à croire qu’habituer les élèves à ne pas faire d’efforts, c’est le meilleur moyen d’en faire des citoyens apathiques sans envies, sans idées et qui se laissent manipuler par les classes dirigeantes, au profit de ces dernières. Antonio Gramsci a bien démontré le rôle de la culture (et de là l’éducation) dans la confrontation de classes. On y est. C’est d’autant plus vrai quand on écoute Warren Buffet : « la guerre des classe a bien eu lieu… et c’est nous qui l’avons gagné. » On est donc en train de se la prendre violent dans le fion la défaite, là, les copains ! Ils sont en train de passer la troisième couche et de pérenniser cet état pour les générations à venir.
Moi je dis : c’est de la faute de Sarkozy.
D’une part, parce que ça fait du bien.
D’autre part, parce que, même s’il n’est pas le seul, peu de gens ont fait plus que lui pour entretenir la confusion sur la notion de travail.
Quand il parl(ait) de « la valeur travail à réhabiliter » et tout ce genre de choses, il n’avait pas en tête la noble activité humaine, la créativité, l’effort qui peut s’exercer dans n’importe quel domaine, qu’il s’agisse d’art, de jardinage, d’amélioration de soi-même, de tout ce que vous voulez.
Non, il ne pensait qu’à une chose : le travail que (selon les termes de la théorie néoclassique) le salarié vient échanger sur le marché du travail contre le salaire versé par un employeur, pour la réalisation de fins qui n’intéressent que ce dernier.
Peu de gens, même s’il n’est pas le seul, ont fait plus et mieux que Sarkozy pour vider le mot « travail » de toute sa richesse humaine, pour le rendre synonyme, tout simplement, d’exploitation et d’aliénation.
Allez vous étonner après ça que ça ne fasse plus recette.
J’suis d’accord avec toi, en plus selon Sarkozy, il existe un « vrai » travail (voire sa fête du 1er mai pdt les élections…), et je ne pense pas qu’il avait en vue des notions de créativité et d’épanouissement personnel, j’ai plutôt l’impression qu’il s’agissait de la bonne vieille vision protestante où plus tu souffres, plus tu « travailles » (comme cette fameuse France qui se lève tôt), e tu deviens un bon petit martyr méritant.
Myou Taho fais moi un enfant ! Tout de suite
<3
En même temps, des gens qui réfléchissent et qui travaillent, ça ne sert à rien et en plus, ça risquerait de prendre la place de classes dirigeantes. Qui a intérêt à former la jeunesse, hein ? Vous avez vu ce que ça a causé il y a 100 ans ? Nan nan, retournez vous vautrer devant Secret Story (si ça existe encore, hein, je ne suis pas bien l’actualité télé) avec un paquet de Pringles, on s’occupe de tout !
Des gens intelligents, ça réfléchit trop et ça consomme pas comme des moutons. 🙂
On n’en est même plus à parler de gens intelligents (d’ailleurs, comment mesurer l’intelligence ? Et même, qu’est-ce que l’intelligence ?), mais de gens convaincus, avec de la volonté, prêts à faire des efforts. En donnant le bac à n’importe qui (oui, je ne me suis pas éloigné du sujet de l’article), mais en habituant les gens à ne pas faire d’efforts, ils se croient intelligents, donc à l’abri de toute manipulation. Cependant, n’étant pas convaincus, ils ne se battront pas. Donc, pas de remise en cause de la situation de classes, voire, la défense des intérêts de la classe dirigeante par le prolétariat (quand je vous disais qu’on était proche de Gramsci, c’est juste sa théorie phare…). Pour reprendre les termes de Lionel Davoust, on n’en est plus à un crime de masse, mais à une solution finale organisée contre les classes populaires.
très beau, très vrai.
Avec une nuance : les « élites » (cadres, ingés etc.) sont sont tout aussi victimes que les « classes populaires ». Car eux aussi se croient intelligent, plus que les autres en général… Et suivent les mêmes moules que tout le monde.
Donc : « on n’en est plus à un crime de masse, mais à une solution finale organisée contre les populations mondiales ». Chacun à sa place (de mouton) et les vaches seront bien gardées, n’est-ce pas ?
Myou Taho : Tu m’as démasqué: je le pense très fort aussi, mais tu l’as exprimé mieux que je n’aurais pu le faire!! Merci 😀
Au début j’ai été agacée en lisant l’article de L’Express, mais en lisant par la suite l’interview de Hamon sur le Parisien, j’ai trouvé que l’Express accentuait un peu trop l’idée de notation bienveillante (à mon avis parce que la rédac, pas bête, savait que ça allait énerver un max de gens), alors que l’interview était à mon sens plus subtile, Hamon veut visiblement inciter à réfléchir sur différents moyens d’évaluation, dont les notes ne sont qu’un exemple. Le débat sur l’évaluation à l’école a à mon sens toute légitimité, et il ne s’agit pas nécessairement de « niveler par le bas », argument dégainé instantanément quand on veut casser du gauchiste (je sais que ce n’était pas ton intention).
Sur le reste de ton article, je suis entièrement d’accord, je voulais simplement nuancer le sujet à l’origine de ton ire 🙂
A mort Louis Croix Vé Bâton
voyons lionel à la question « Est-ce à dire que je suis suprêmement doué ? » tu sais bien que oui donc what’s next …
J’ai été assez affligée de ces réactions virulentes, qui se sont manifestées en particulier contre la littérature (malgré une pétition concernant l’épreuve de mathématiques) et où ce qui semblait ressortir le plus était « le sens du message m’échappe, donc c’est forcément stupide/sans intérêt ».
Sauf que. Rien n’empêchera ces individus de (re)venir à ces textes dans quelques années quand ils auront ou l’expérience ou les outils nécessaires pour en saisir les subtilités. Bien qu’il soit triste, il est vrai, qu’ils sortent du cursus sans avoir déjà ces outils.
Il a fallu parfois des années pour que j’ouvre certains classiques, mais j’en suis heureuse parce que je les découvre de manière libre, n’étant pas inscrite dans la poursuite d’un programme, et le fait de lire ainsi, sans aucune oppression, me permet de les apprécier pleinement. Heureusement qu’il n’y a pas d’âge pour se rattraper et qu’on peut (continuer à) se former à tout âge.
En ce qui concerne l’Intelligence… Ce ne sont pas toujours les gens les plus versés dans les Lettres ou les Etudes en général qui m’ont fait ouvrir les yeux sur certains sujets et prendre conscience des rouages pervers de bien (bien trop, en réalité) des schémas ou faits intégrés inconsciemment. Des sujets qui me tiennent autrement plus à coeur et aux tripes. Et la perte du sens du message, la perte de sens, elle est là aussi : à trop se focaliser sur les notes et les chiffres, sur la représentation que l’on s’en fait, l’essentiel nous échappe. La claque n’est pas infligée de la même manière néanmoins elle reste violente, et connue sous le nom de « réalité ».
J’ai remis beaucoup (plus) de choses en question *après* le bac, quand j’ai pu ralentir ma course à l’effort et aux bonnes notes, justement – ou j’ai simplement trouvé le bon rythme sur lequel courir à ce moment-là. Même si cela ne m’empêchent pas de glisser sur un caillou et de m’étaler à l’occasion : on se relève, comme on peut, mais on se relève quand même.
Bien que je sois pessimiste dans l’âme, bon sang, ce que cela fait du bien quand on voit c’est un(e) « jeune » qui vous a fait un tacle bien placé et vous donne une leçon d’humilité – main tendue pour sortir de la poussière dans laquelle on roule alors.
(Ceci dit, oui, il y a quelque chose de rageant au fait que des diplômes soient offerts à des individus donnés qui n’ont pas fait preuve d’aucune bonne volonté durant leurs années d’études là où d’autres peinent à l’obtenir en y passant tout leur temps – mais ce système, si ce n’est la vie en général, fait trop souvent à son tour preuve d’une injustice écoeurante)
Ce qui m’énerve dans cette note, c’est qu’elle évacue totalement la question du cancre. Comme le dit si bien Pennac dans « chagrin d’école » les cancres bossent, ils peuvent même faire bcp d’efforts pour un résultat nul. Ce n’est qu’une fois découragés qu’ils compensent en ne foutant rien. Il y aune vraie souffrance à ne pas réussir en ayant eu la certitude d’avoir bossé. Le travail n’amène pas nécessairement la réussite et c’est ce que les cancres nous apprennent. Je bossais comme un malade en math. et physique au lycée, sans dépasser 5. Dans le même temps, j’en foutais pas une en français et je ne descendais pas sous les 15. Qu’est-ce que cela apprend sur le travail ?
Pour moi, c’est davantage une question de « culture de l’intérêt » que de « culture de l’effort » : http://page42.org/victor-hugo-le-swag-ultime/
C’est réduire la réussite à une note à l’école, effectivement. Tu peux réussir ta vie même si tu plafonnes à 5 en maths. Cependant, il faudra forcément des efforts dans la vie, à l’école, dans un emploi, dans la famille. Même s’il faut être capable d’accepter que les efforts ne paient pas toujours. C’est dur, mais c’est comme ça. Il reste la consolation d’avoir le maximum pour éviter l’échec. Sauf que t’apprends ça avec le temps. Et qu’à l’école, la vexation est forcément mal vécue. C’est là qu’il y a un manque de pédagogie. C’est à la fois une culture de l’intérêt, une culture de l’effort et une culture de l’échec.
J’ai beau être d’accord sur toute la ligne concernant la question de la dégradation de l’éducation, il y a un truc qu’il ne faut tout de même pas oublier : cette impression que la jeunesse actuelle n’a rien entre les deux oreilles, ou, du moins, refuse de fournir les efforts nécessaires à sa réussite scolaire, elle est aussi beaucoup due aux réseaux sociaux. Quelques mécontents pestent, des petits rigolos blaguent à propos des sujets tout nuls, et c’est parti. Les tweets et autres commentaires sont partagés entre potes, relayés à grand bruit par la presse, ça enfle, ça enfle, on en fait une tempête dans un verre d’eau, et les adultes roulent des yeux en se disant que tout va à vau-l’eau… Sauf que, « de notre temps », on râlait sans doute autant à propos des sujets qu’on estimait « à la con », parce que, ne nous voilons pas la face, le bac nous faisait tout autant chier. Seulement, on n’avait pas encore la technologie pour le crier au monde entier, alors ça sortait rarement de la cour du lycée, ou du cercle familial, et les répercussions étaient moindres, voire nulles. En tout cas, il ne serait pas venu à l’idée de l’EN de revoir tout son système parce que trois élèves avaient soi-disant trouvé les sujets un peu raides.
Parce que bon, on parle d’ados… qu’ils aient plutôt géré ou non, ils vont grogner à propos des sujets. (C’est bien connu, de toute façon : souvent, à cet âge, ça ne le fait pas d’être une tronche, mieux vaut faire genre « gé rein conpri » que de passer pour un intello.) Je ne sais pas vous, mais si j’avais eu twitter à ma sortie de l’épreuve de français ou de philo, j’aurais sans doute lâché une connerie du même esprit que celles qu’on a pu voir sur Victor Hugo cette année.
Le niveau baisse, c’est un fait, mais peut-être qu’on dramatise un peu la situation. Personnellement, je ne connais pas d’ados, mais je doute qu’ils soient globalement aussi idiots et fainéants qu’on veut bien nous le faire croire…
Pour avoir le sens de l’effort encore faut-il avoir droit à l’erreur. A la maison comme à l’école. Quant à fustiger les parents, je trouve la critique assez facile : on parle de la génération qui a désillusionné sur « Fais des études et t’auras un travail », de la génération qui a vu ses parents bosser comme des dingues pour acheter sa voiture neuve… Et se rappeler sur le tard que passer du temps avec ses enfants c’était 25 ans plus tôt. Je paye pour que mes enfants soit scolarisés dans une pédagogie sans notation et sans devoirs et je n’ai pas l’impression d’hypothéquer sur son sens de l’effort, juste de respecter son rythme. Forcément différent de celui de ses petits camarades. Et puis à défaut de sens de l’effort au moins je suis certaine qu’elle ne sera pas drivée par la trouille de l’échec.
Mes parents ont toujours tenté de nous dire de faire « de notre mieux ». Mes profs ont assez régulièrement noté sur mon bulletin « peut mieux faire ».
Et oui, il y a des injustices flagrantes face à l’effort – mon frère et moi, moi un an d’avance, lui un an de retard, les mêmes résultats au brevet des collège – sauf que lui avait bossé d’arrache pied, et moi beaucoup moins, me reposant sur une bonne mémoire, certaines facilités et pas mal de bol.
c’est pas juste.
Mais ça se rattrape; les habitudes d’effort que l’on n’a pas prises, on en a forcément besoin un jour ou l’autre et ce jour là, c’est pénible, je vous assure.
Mon frère aurait probablement été plus épanoui si il ne s’était pas acharné à avoir un bac auquel il n’a jamais pu se présenter, s’il avait pu valoriser ses autres aptitudes. Mais il a grandi dans l’idée que l’intellect c’était ce qu’il y a de mieux, qu’il fallait être ambitieux. Un truc familial en partie, mais un truc mis en valeur par l’école aussi. Une bonne note en foot n’a jamais pu récupérer une taule en maths.
Suis crevé, vous m’excuserez pr une fois je poste sans lire le fil je me rattraperai demain. Bosser suffit pas. C’est le mythe que tout le monde peut réussir les mêmes choses hors il y a plusieurs types d’intelligences on ne joue que sur l’auditive et visuelle en génréral et surtout pr l’élève en difficulté faut il le massacrer pour l’amener à une norme préétablie? Quand j’étais prof d’arts pla j’avais mes programmes. certes mais si j’avais un gamin qui me faisait un bonhome patate niveau CP si à la fin de l’année il avait complexifié son bonhomme avec ne serait-ce que dédoublé les membres, un torse et un bassin, j’étais content.