Bon, c’est un article difficile à écrire, le genre qu’on n’aimerait ne jamais devoir écrire – et c’est pourquoi, d’ailleurs, j’ai longtemps conservé un secret quasi-obsessionnel et maladif sur mes activités. Mais ce n’est pas jouable non plus. Or, malheureusement, je reste humain (trop humain) et il arrive, dans des domaines aussi chaotiques que la création, qu’on rencontre des difficultés. Alors j’espère arriver à faire amende honorable, et expliquer ce qui s’est passé, histoire que la mésaventure puisse au moins servir de leçon.
D’abord, l’aveu désagréable : La Fureur de la Terre (« Les Dieux sauvages » volume 2) aura un peu de retard par rapport à la date prévue. (Et, par voie de conséquence, L’Héritage de l’Empire aussi.) Alors, rien de bien drastique : ce sera quelques mois, mais le livre ne sortira pas à l’automne comme je l’espérais initialement. Ce sera néanmoins moins d’un an après la sortie de La Messagère du Ciel. Je me suis engagé à une sortie rapide des suites – je suis lecteur aussi, je râle aussi quand un auteur est en retard sur sa série – et je le ferai. Mais là, si je veux survivre à l’écriture, il faut que je lâche un peu de lest, notamment pour finir le volume 3 dans de bonnes conditions (lequel sortira donc un peu plus tard lui aussi, mais lui aussi moins d’un an après le volume 2, c’est promis juré).
Je vous présente toutes mes excuses pour mon ambition un peu trop prononcée. Ce n’est pas que l’histoire n’est pas prévue, je sais parfaitement où cela va jusqu’à la fin, mais, justement, la série prend une ampleur que je n’avais pas forcément soupçonnée au début.
Donc, parlons des raisons.
La première, la plus évidente, donc, c’est que cette série ne cesse de prendre de l’envergure et de l’ampleur. La Messagère du Ciel fait 1,2 million de signes, je crains que La Fureur de la Terre ne soit encore plus gros pour me permettre de tout aborder, aller partout où il faut, enquêter sur les secrets de l’univers et dévoiler ce qui se trame en coulisses (mais on verra, c’est difficile à dire parce que j’ai des tas de notes mêlées au manuscrit). J’ai laissé la Rhovelle dans une situation pour le moins compliquée à la fin de La Messagère du Ciel et il y a beaucoup à faire. Or, même si j’écris raisonnablement vite, il y a un temps incompressible pour parcourir le chemin.
La seconde, la plus retorse, c’est qu’il arrive qu’on parte sur les chapeaux de roue pour terminer dans un mur. J’ai traduit le deuxième volume de Magie Ex Libris – avec beaucoup de plaisir, notez – après le rendu de La Messagère du Ciel et j’ai sous-estimé le temps qu’il m’a fallu pour reprendre contact avec mon propre univers. J’ai écrit un certain nombre de chapitres, un gros Acte I complet, mais un fil narratif partait complètement de travers, avec une ambiance que j’en suis venu à détester, qui ne sonnait absolument pas juste et qui ne rendait pas justice aux personnages ni à ce qui me faisait justement plaisir dans le livre précédent. J’ai remis à plat ce fil, l’ai réécrit de fond en comble pour remettre le livre sur les rails, mais cela m’a pris du temps pour retrouver, à force, l’élan que je désirais. (C’est en partie de cette réflexion qu’est née mon habitude de toucher mon histoire tous les jours, même au milieu d’autres projets.) Ce n’était pas une question de scénario, mais d’attitude, d’ambiance, de volonté – de cœur, en un mot. Et réécrire, rajuster des passages déjà écrits, en soupesant chaque choix de mot pour s’assurer qu’il convienne bel et bien à ce qu’on souhaite est un travail à peu près aussi agréable que s’arracher de la plante des pieds les épines du chardon sur lequel on vient de marcher : ça prend un temps dingue, c’est moche, ça fait mal, mais qu’est-ce qu’on se sent mieux quand c’est fini.
Et c’est le cas.
Donc, l’élan du livre est reparti sur les rails, et je me remets à avancer avec la même résolution que j’avais pour La Messagère du Ciel, ce qui me fait bien plaisir (et me rassure, je peux vous le dire). Le prix à payer pour moi, hélas, et encore une fois, j’en suis sincèrement désolé, c’est que le livre soit retardé de quelques mois, soit une sortie prévue pour le printemps prochain. Même si nous pensons probablement tous qu’à tout prendre, il vaut mieux un livre dont on est satisfait qu’un livre qui sort à l’heure, je tire habituellement une grande fierté de mon respect des dates que je me fixe ; aussi ne vis-je pas très bien ce retard, pour être très honnête, et tenais-je donc à vous tenir au courant très clairement et à assumer la pleine responsabilité de cet incident de parcours.
Je tiens aussi à dire un grand merci à toute l’équipe des éditions Critic pour sa compréhension. Je veux vraiment que ce volume 2 soit dans la continuité du 1, et cela va nécessiter davantage de travail que je ne l’estimais quand j’ai établi le planning initial voilà plus d’un an. Je vous remercie grandement pour votre enthousiasme sur La Messagère du Ciel, qui m’a vraiment beaucoup touché et donné énormément d’allant. J’aimerais donc vous demander, si vous le voulez bien, votre indulgence, et quelques mois supplémentaires de patience… Le volume 2 arrive, je vous le promets ! Il y aura juste un peu plus à attendre – mais pas beaucoup. Je n’ose dire je m’y engage, mais je travaille d’arrache-pied, croyez-moi, et je compte bien honorer votre confiance.
Encore toutes mes excuses, et merci pour votre fidélité !
Haaaaan bouuuh ! ^^
Trêve de plaisanterie perso je t’excuse ahaha j’aurai le temps comme ça de lire le tome 1 après ma formation digitale donc tu es pardonné et pas fouetté :p
C’est normal après de vouloir être sûr de son travail, de rien oublier donc ne te flagelle pas non plus. Vaut mieux un travail bien fait qui plaît, qu’un travail précipité et des lecteurs agacés ( même si je pense que ton lectorat est compréhensif ) 🙂 Bon courage !
Totale solidarité pour vivre le même souci, bro’.
Courage !
Tant que tu ne te GRRise pas et que tu ne fais pas une trilogie en 5 volumes, on peut attendre un peu 🙂
Si je fais cinq volumes, promis, je les sors tous moins d’un avant le précédent :p
On t’en voudrait davantage de nous proposer un mauvais bouquin que de nous « faire attendre ». On va lire Jim Hines pour patienter 🙂
Comment t’en vouloir avec de si belles explications ! 😉
C’est tout pardonné… Vu la qualité, je suis même disposée à être patiente ! 😉
Merci, merci à vous pour votre compréhension, ça fait vraiment chaud au cœur ! =D J’avance, et le plaisir est bien là (et les difficultés revenues à leur niveau « normal »), donc je suis vraiment content d’avoir pris ce temps pour tout remettre à plat.
J’en profite pour mentionner que le compteur de progression de La Fureur de la Terre sur le site risque de devenir un peu non-euclidien, puisque je ne suis pas sûr de la longueur finale du livre pour l’instant. 🙂
L’essentiel, c’est que tu aies honte de toi.
Je trouve tout ça assez rassurant en fait. Ça montre bien qu’il y a un quelque d’incontrôlable dans la création. Un gros quelque chose d’imprévisible qui rend l’écriture passionnante. (j’imagine que nous sommes nombreux parmi ceux qui te suivent à composer, dessiner, écrire etc et à comprendre tout à fait la situation !) Le second tome prendrait trois, cinq ans, ça ne m’inquiéterait pas plus ! (cela dit j’imagine que pour nourrir le bonhomme, ça ne simplifie pas forcément les choses et que du découragement, il doit y a en avoir). Bref, s’il n’y pas de nécessité (estomac, perte de contact avec l’univers et tout ça), les lecteurs peuvent bien attendre, ça en vaut la peine ! En tout cas merci de nous avoir tenu au courant, c’est chouette de ta part.
Merci beaucoup Stewen ! Effectivement, ce n’est pas aussi mécanique qu’on le voudrait parfois, et c’est principalement le temps passé à ruminer, malaxer et recomposer qui aide au mûrissement et à déterminer ce que l’on veut.
C’est bien la moindre des choses de vous dire si je peux tenir ce que j’avais projeté ou non ! 🙂
L’avantage d’avoir écrit un très bon premier tome, l’histoire reste en tête. Du coup, la suite peut attendre ! ????
Que celui qui n’a jamais eu de retard dans un projet te lance la première pierre… Courage pour l’écriture !
Comme je te comprends ! Courage…
🙂 allez Lionel, Allez !
Tout projet d’envergure connaît ici ou là un retard… je sais que c’est frustrant de ne pas respecter un timing que l’on s’est soi-même imposé – mais c’est aussi apprendre la sagesse que de savoir s’adapter à la situation, et privilégier la qualité à la rapidité! (et puis, t’inquiète pas, Xavier et Simon nous trouverons d’autres pépites pour nous occuper entre-temps :p )
c’est dans le domaine du possible 😉