Tempête de cerveau

Mardi dernier, le risque de feu de forêt a atteint le seuil où le bon sens dicte de ne pas rester à la maison pour des raisons de sécurité (la question méritera un article à part entière), et je me suis donc délocalisé pour la journée à mon deuxième bureau… l’Apple Store, ha.

Sauf que.

ABC News, Simon Winter

Pendant que de graves feux de brousse se déclenchaient à l’ouest de l’État, une tempête a balayé tout l’est de Melbourne, déclenchée par l’inversion des fronts de température. Victoria est sujet à l’influence des vents du désert (auquel cas il fait chaud et beau) ou de l’Antarctique (auquel cas il fait froid et moche), et quand le système s’inverse, ce qui arrive à peu près tous les 5-7 jours, on a souvent droit à du vent et des orages, mais là, quelqu’un a oublié de coller un limiteur sur la table de mixage.

Dans le sillage d’une tempête qui a duré quelques heures, 500 000 maisons étaient sans électricité (dont la nôtre) et le problème d’habiter dans un joli endroit au milieu de la nature, c’est que tu es le premier à perdre le courant et le dernier à le retrouver. On n’a rien sans rien, ma bonne dame. À l’heure actuelle, la situation devrait se restaurer mercredi (soit une semaine plus tard…). La situation pourrait être pire : on est en été, la dernière tempête de cette importance il y a quelques années a laissé notre coin SEPT SEMAINES sans énergie, nous n’avons subi aucun dégât et la pizzeria du bled d’à-côté a un four à bois.

Je reste toujours étonné de la différence de réaction à ces aléas climatiques entre la France et l’Australie. Ici, grands espaces obligent, tout le monde met la main à la pâte – si tu as une tronçonneuse et que tu sais t’en servir, tu sors couper les arbres dans ton coin, tu installes une circulation alternée dans ta rue, etc. Tout cela est normal et fait partie de la vie, peut-être un reliquat de l’esprit pionnier du pays, en tout cas une belle démonstration de la culture globalement accueillante et fraternelle de l’Australie.

Dans l’intervalle, par contre, forcément le boulot créatif doit ralentir un brin, mais je n’ai jamais été autant à jour sur mes mails… 

Pour en savoir davantage :

2024-02-16T05:43:14+01:00lundi 19 février 2024|Journal|0 commentaire

Remembering Christopher Priest (1943-2024)

Christopher Priest, towering writer of a clever, multifaceted, poignant science fiction passed away this week-end. My deepest thoughts go his wife, Nina, of whom he spoke so often and so fondly, and his family.

I’m writing this in English, because, well, this seems only fitting and more natural to me at this moment. I had the luck of meeting him through my translator work at Imaginales, where I have been blessed to accompany for a few days legends of the field – and, for reasons that will never be clear to me but for which I am profoundly grateful, he took a liking to me, and we started exchanging beyond his journeys to France, developing what I hope I can call a friendship. 

This, in a nutshell, will tell you who Chris was: this giant of a man (both physically – he was tall! – and culturally, with such a refined, successful career) took a genuine, caring interest in the random guy allocated to him for just a few days. He was such a gentle, discreet presence – and yet so funny, of course, so witty in that English way I’ve always admired. Having dinner with him was always to promise of lots of laughs, sudden deep questions about art and life, and funny, biting anecdotes about the Golden Age of SF. We discovered we had a common love for Australia and Scotland, and a common hatred for Brexit.

When you learn that you will be following such a legend as Christopher Priest, you are of course quite anxious to do your job right, and to do service to anything that he says – because you are, in essence, his voice for the French audience. I will always remember – and cherish, among other things – the first time we met; I was quaking a little inside, put on my most professional face of course, and said something inane along the lines of « Hello, I am Lionel, I will be your translator, are you Christopher Priest? » He immediately answered: « Yes, but do not call Christopher. That’s too formal. If you’re my translator, you call me Chris. » 

I still cannot believe that he treated me as an equal, that I got to speak and joke with him – and he may possibly be quite irritated at me to read me speak so highly of him, as he was always so humble and disregarding of honors; but again, I am so grateful to have been able to know him a little. There is a whole section in Comment écrire de la fiction ? that I owe to talking with him, to benefitting from his vast experience simply through our talks – near the end of the book, about the fact that your judgment on your writing will always move faster than your skill, leading to potential despair. As I was skirting burn-out, and I kind of whined about it in our correspondence, he never judged, but instead led me, with humility, to understand and grasp this vital lesson for myself. This is how kind and masterful he was.

He loved to tease me during our panels together and find the most wacky things to say, or even do on stage, to have me translate or imitate. There’s a story he often told around The Prestige, about a magician who would spend his whole life walking stooped like a very old man so that nobody could ever guess that he could actually walk upright, which allowed him to produce on stage, from under his clothes, a huge fishbowl seemingly out of thin air. He would show the struggling gait to the audience; and then be adamant that I « translate » it, which of course I was only delighted to do. I remember fondly the twinkle in his eye as we played that unspoken game, as I answered his tricks and traps with some of mine. 

There was another panel where, to make things interesting, he said among a bunch of fantasy writers that good books should never come with maps (actually making very good points about how the words themselves should produce the sense of space, landscape and exploration). After the panel, I showed him smiling the maps in my own books – he was immediately so embarrassed, thinking he had been insensitive to me; that’s how gentle he was. Of course, he had not been – he did raise some excellent points about maps – and this became a long-standing joke.

Not long enough, I’m afraid, even more as I’m a terrible correspondent (as some of you here might know) and started about every email with apologies as to why I had not written for the past three months (as some of you here might also know). 

I am not sure he would like me to feel so terribly sad as I am now, feeling I have missed so much. I try my very best to feel grateful and fortunate instead. Thank you, Chris, for giving me the wondrous gift of your friendship. And for giving me your most precious advice:

The secret of a good book is NO BLOODY MAPS.

At Imaginales 2015, with Christophe de Jerphanion (moderator, left) and Chris in the middle (vidéo ActuSF)
2024-02-04T07:47:55+01:00lundi 5 février 2024|Journal|1 Commentaire

Ça déménage

Un petit mot rapide pour prévenir que si mon activité en ligne et notamment ici (où mes analyses dont la fulgurance me vaudra à n’en pas douter un juteux mandat à venir de la part de McKinsey) (allô ?), c’est que je suis en train de déménager à l’autre bout du monde, ce qui s’accompagne d’un certain nombre de disruptions au quotidien, notamment le fait de devoir rendre ma Livebox à qui de droit.

Ainsi se clôt mon vaste et épique (il faut toujours penser que tout ce que vous faites est épique. Lavez-vous les dents avec de l’Immediate Music dans les oreilles) chapitre rennais, où j’ai passé quand même 25 ans depuis mon arrivée pour mes études, et où j’ai fait quatre adresses dans un rayon de cent mètres (dont deux appartements dans le même immeuble). Il était donc logique que je m’envole à 17000 km après avoir accumulé tous ces points de karma de déménagement. (Même si, comme je le répète ad nauseam, je ne disparais pas entièrement du paysage : je reviendrai une à deux fois par an en France pour salons et publications.)

Fun fact : vue l’ampleur de la tâche (j’ai quelque chose comme 2500 bouquins) et l’importance de la distance, j’ai pris une formule où les déménageurs réalisent eux-mêmes emballages et cartons. Quatre d’entre eux sont venus, dont un pour qui c’était le premier jour dans l’entreprise. Sitôt le seuil de mon humble demeure franchi, celui-ci a constaté ce qui l’attendait, a pris peur et a démissionné sur-le-champ. Je ne sais pas si je dois être désolé pour lui ou fier ? Je vais pencher vers la fierté. Voilà.

Petite annonce à venir aussi, je vais avoir deux périodes de déconnexion complète cet été, une assez longue et une assez beaucoup longue, pour raisons personnelles de voyage de noces et visites familiales. Ce ne sera donc pas que j’ai fui la France pour ne pas rendre La Succession des Âges. De toute façon, l’Australie a un accord d’extradition avec la France.

2023-06-19T07:24:33+02:00mercredi 7 juin 2023|Journal|9 Commentaires

16 juillet 2022

De manière générale, je parle très peu de ma vie personnelle en ligne – ce n’est pas mon truc. Mais là, je suis trop heureux et fier de vous annoncer que…

… nous nous sommes dit oui samedi dernier en tout petit comité, dans un environnement féérique en pleine nature, au son de l’eau et du vent 😊

2022-07-20T09:11:55+02:00jeudi 21 juillet 2022|Journal|24 Commentaires

Retour des Imaginales 2022

Un mot rapide de retour des Imaginales, avec le cerveau qui coule par les oreilles et un demi-siècle de sommeil en retard, mais avec plein de merveilleux souvenirs encore de cette édition.

Merci à toutes et tous d’être venu·es si nombreux sur le stand, de m’avoir couru après quand je ne pouvais pas être à ma table. Merci pour toutes les INCROYABLES attentions, les pensées et les cadeaux, les gentils mots, votre appréciation au long cours de mes projets fous. Vous êtes les meilleur·es. Je n’en reviens encore pas. J’en repars véritablement regonflé à bloc pour la dernière ligne droite de La Succession des Âges : vous voir suivre les livres, attendre la suite d’Évanégyre, est juste incroyable ! Il y a un étudiant de 21 ans qui bossait sur cet univers au lieu de rédiger son mémoire d’ingénieur (ahem) et qui n’aurait jamais imaginé que ça devienne tout ça… J’ai littéralement l’impression de vivre un miracle.

Merci également à toutes les équipes du festival qui travaillent inlassablement et font tenir la mécanique, aux équipes librairie et aux stagiaires au taquet, aux camarades de l’imaginaire avec qui on partage ces belles aventures d’année en année.

Mais le merci le plus important va à Stéphanie Nicot. Depuis 20 ans, elle incarne l’âme de ce festival, elle l’a créé, fait grandir et connaître, toujours très soucieuse qu’il reste convivial et ouvert.

Il doit tout à sa direction artistique.

2022-05-23T08:22:42+02:00lundi 23 mai 2022|Journal|Commentaires fermés sur Retour des Imaginales 2022

De retour

Hop, juste une brève pour donner signe de vie : je suis de retour à Rennes et rincé (mais pas parce que j’habite en Bretagne) : ces Imaginales ont été comme toujours un marathon, et elles ont été par ailleurs intenses à plusieurs titres. Auguste lectorat, tu sais que les comptes-rendus post-festival ne sont pas mon truc – citer tous les gens adorables rencontrés ou les moments forts vécus m’envahit de la terreur d’oublier quelqu’un ou de ne pas rendre correctement hommage, et j’ai le cerveau trop en capilotade pour disposer de l’énergie nécessaire à l’exercice. Et alors, il y a eu certains moments qui requerraient alors plus que ce petit entrefilet.

Du coup juste merci, tout simplement, à toutes et tous, bien sûr toutes les équipes d’organisation qui ont composé avec des impératifs vraiment complexes cette année, stagiaires de la Masterclass, lecteurs et lectrices (vous êtes juste fantastiques – merci pour tous les échanges à la table, même si j’y étais assez peu, et j’en suis désolé, interprétariat oblige), collègues et camarades du métier.

Pensons à toujours rester excellent·es les un·es envers les autres !

2021-10-18T17:16:30+02:00mardi 19 octobre 2021|Journal|Commentaires fermés sur De retour

Un million de signes pour La Succession des Âges

Parce que bon, au stade où on en est, fêter 300 000 ou 600 000, ça devient trivial. (À un moment, tuez-moi)

Les esprits affûtés que vous êtes auront peut-être remarqué que un million, c’est la moitié de deux (jusqu’ici on est d’accord), et que la barre de progrès du livre n’affiche pas 50%. Comment que quoi ? J’ai un algorithme personnel d’une opacité digne de PageRank qui mélange le volume du manuscrit à là où j’en suis dans l’histoire, et qui s’appelle : le Doigt Mouillé (patent pending). En vrai, dans mon calcul de progression, je surestime encore la taille du livre avec une vague louche. Je voudrais reprendre pas mal de choses à terme sur ce premier million, mais c’est le second qui va m’aiguiller pour ce faire. Niveau progression absolue, j’approche des 50%. Par rapport à l’histoire, c’est legit.

C’est parti pour le suite.

2021-07-22T17:24:48+02:00jeudi 29 juillet 2021|Journal|10 Commentaires

Vous êtes dingues (141 précommandes !)

Mais vous êtes géniaux. (En même temps, si vous êtes là, c’est forcé, hein ?)

Photo Xavier Dollo

CENT. QUARANTE. ET UNE. Quand on fait une opération de ce genre, on s’attend à quelques dizaines d’exemplaires, pas… presque quelques centaines (enfin, deux) !

Merci à vous de votre confiance et de votre impatience autour de cet ouvrage. J’espère qu’il stimulera votre réflexion. (Parce que c’est le vrai but : au-delà des axiomes proposés, vous confronter à votre propre pratique et vous aider à en devenir acteur et actrice.)

2021-05-21T10:52:28+02:00lundi 24 mai 2021|Journal|6 Commentaires

L’atelier « Créer un monde imaginaire » chez les Mots est complet

Et comme il était question hier du podcast Assez parlé ! des Mots, surprise : l’atelier « Créer un monde imaginaire » des 8-9 mai organisé avec l’école est complet. Merci à toutes et tous pour votre confiance ! On se retrouve là-bas ou en virtuel, comme nos existences sont actuellement plutôt désincarnées, pour construire vos réalités parallèles.

Sauf celle-là.

(Le cas échéant, en revanche, je crois qu’il reste quelques places à la Masterclass des Imaginales d’octobre, sur la correction de manuscrits et les relations avec le monde éditorial.)

2021-04-15T11:15:49+02:00mardi 20 avril 2021|Journal|Commentaires fermés sur L’atelier « Créer un monde imaginaire » chez les Mots est complet

Décès de Kathleen Ann Goonan

Couv. Caza

J’ai appris avec une grande tristesse que Kathleen Ann Goonan nous a quittés fin janvier. Le meilleur hommage que je puisse lui rendre, il se trouve certainement dans Galaxies n°26 (2002), où je louais à l’époque dans le dossier qui lui était consacré sa capacité à mêler des problématiques de SF plutôt dure (en particulier, Goonan avait toujours été fascinée, et alertée, par le potentiel de la nanotechnologie) à des récits plaçant toujours les complexités humaines au centre des enjeux, mettant en scène des personnages dépeints avec une grande sensibilité. Mais mon article, en vrai, on s’en fout : je vous invite surtout à vous replonger dans la nouvelle de ce numéro, « Les Tournesols », qui allie la SF à l’amour que Goonan avait pour les horizons infinis de la création artistique humaine. La meilleure manière de célébrer nos artistes est de continuer à faire vivre leur travail.

J’étais son traducteur attitré en français pour son quatuor de romans mêlant post-apocalypse et nanotechnologie, dont le premier tome, Queen City Jazz, était paru en 2002 aux éditions Imaginaires Sans Frontières, avant que la série ne s’arrête pour cause de cessation d’activité de l’éditeur. Elle s’est toujours montrée d’une immense gentillesse et d’une disponibilité sans faille avec les questions du jeune traducteur que j’étais, terrifié (à un excès de zèle proprement obsessionnel-compulsif) de commettre la moindre erreur dans les subtilités de son travail. À nouveau, merci, madame.

Si vous lisez en anglais, ses livres sont des trésors méconnus en France, notamment le quatuor nanotech sus-mentionné (remarqué entre autres à l’époque, excusez du peu, par William Gibson). Il associe une SF recherchée, les traces d’une apocalypse extrêmement originale (pas de bombe atomique ni de dévastation à proprement parler) à de profonds échos de la culture américaine dans ce qu’elle a de plus évocateur : les grands espaces, les road trips, et surtout la musique, jazz et blues :

  1. Queen City Jazz
  2. Mississippi Blues
  3. Crescent City Rhapsody
  4. Light Music

Et bien sûr, il y a également plein de nouvelles et des romans à (re)découvrir.

➡️ Lire l’hommage sur Locus Magazine

2021-02-06T12:28:40+01:00mardi 9 février 2021|Journal|Commentaires fermés sur Décès de Kathleen Ann Goonan

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