Je suis faible, faillible, corruptible et parjure. Je m’étais promis de blogger tous les soirs sur la journée qui venait de s’écouler mais il n’a fallu qu”une ambiance chaleureuse et une compagnie intéressante pour me faire rester jusqu’à une heure indue aux room parties la veille au soir (donc le soir que je vais chroniquer maintenant – suivez un peu, enfin, quoi).

Mais comme cette introduction risque de suffire à me faire lyncher direct, je vais subrepticement reprendre du début avant qu’il ne soit trop tard. (Mais si, tout cela est très simple.)

Oui oui, l'effet est complètement raté, on est d'accord.

Oui oui, l'effet est complètement raté, on est d'accord.

L’avantage et l’inconvénient des Worldcons est leur programmation absolument pléthorique. Toutes les formes d’expression de l’imaginaire s’y retrouvent, littérature évidemment, mais aussi film, série, animation, jeu, filk, costumes… Il en découle d’innombrables débats simultanés et le choix est souvent cornélien.

Bref, j’ai commencé par assister au débat modéré par Delia Sherman sur l’écriture hors des frontières des genres, sous-titré de façon provocante « si personne ne sait l’étiqueter, personne ne saura le vendre, alors pourquoi s’ennuyer à l’écrire ? » Loin d’afficher une attitude élitiste, en rupture, les panelistes ont parfaitement resitué l’importance de toutes les formes de littérature, divertissement pur compris, et la force des traditions des genres. Mais en regrettant néanmoins les préjugés tenaces, y compris dans le lectorat d’imaginaire, quant aux attentes sur ce qu’offrira un récit. Si nous évitons de préjuger des réactions d’autrui en fonction de son genre, de sa culture, pourquoi en faire autrement avec les livres ?

Le temps de faire un tour rapide dans le hall de la librairie et des expositions (les cravates montrées hier appartenaient, d’ailleurs, à David Hartwell, qui sélectionne les nouvelles des Year’s Best – plus d’infos sur l’expo ici), je me suis joint à Alexandre Lemieux, Yves Meynard et Jean-Louis Trudel pour une lecture publique. Et, tout entiers dévoués à notre public, poussant la prévenance dans ses derniers retranchements, nous avons tenu à remercier nominativement, avec la plus grande chaleur, chaque membre de l’auditoire, l’un après l’autre.

Oui, ô auguste lectorat, l’un après l’autre : car ils étaient deux.

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La dealer's room, en version pas beaucoup plus mieux.

J’ai repris mon autre casquette, celle de traducteur simultané, sur le débat de 14h où figuraient Aliette de Bodard, Jeanne-A Debats, Jessica Langer et Amy Ransom, et qui traitait de la SF coloniale et post-coloniale. Un sujet très sensible surtout dans le cadre du Québec et je n’ai eu qu’une seule trouille, celle de commettre un impair culturel par ignorance du vocabulaire juste. Mention spéciale à Jeanne (dont le compte-rendu de ce débat est savoureux) pour sa pêche au lancer sémantique drôle, subtile et redoutable dans un terrain sensible. Il y en a qui ont bu la ciguë pour moins que ça.

Vous êtes ici

Vous êtes ici

Il me reste à vous glisser un mot rapide sur les room parties. Oubliez les fêtes dans les chambres d’hôtel, oubliez même les chouilles d’étage des résidences étudiantes. Pas moins de deux étages entiers de l’hôtel Delta sont réservés pour ces fêtes. Chaque suite propose une ambiance différente, animée par des éditeurs, des comités promouvant leur ville pour les prochaines Worldcons, des associations de fans, etc. Et l’on y passe librement, on y retrouve les rencontres de la journée, on engage de nouvelles discussions dans une atmosphère plus détendue encore et un peu folle. C’est donc là que j’ai fini ma journée, notamment dans la suite Bragelonne, entre deux discussions sur les rôles des genres et l’ouverture des genres. Non, ce n’est pas une répétition. Il ne s’agit pas des mêmes.

Ce qui me paraît une bonne conclusion pour vous laisser gamberger en attendant que je rattrape mon décalage horaire additionnel.

(Toujours pas ?)