Idée reçue 1254 sur l’édition : il faut être connu.e pour publier

On pourrait espérer qu’avec Internet, les podcasts, la généralisation de la connaissance, certaines questions connaîtraient des réponses stables qu’on n’aurait plus besoin de ressasser tous les quatre matins (la rotondité de la terre, l’efficacité de la vaccination, les calibrages en signes espaces comprises – HAH), mais : non.

Donc, vu passer une nouvelle fois, comme très régulièrement, l’idée que pour publier, il faut être connu dans les maisons d’édition, que tout le métier n’est que népotisme, entregent et pistonnage mutuel pour entretenir un système croulant et poussiéreux étouffant la vraie créativité des jeunes auteurs et autrices. C’est l’autre tête de cette hydre (à deux têtes) que l’édition traditionnelle va forcément déposséder le jeune auteur de son manuscrit et de son œuvre pour la formater (idée tellement tenace qu’on a dû y réserver un épisode de Procrastination). Mais celle-ci se démonte très facilement par l’absurde :

Aucun auteur ne naît connu, donc si les maisons d’édition ne prenaient que les auteurs connus, au bout d’un moment, ils seraient tous morts, et ce système s’écroulerait sur lui-même faute de combattants. Merci, salut. Moi-même, vous savez, j’ai été jeune (je vous assure) avec des cheveux (il ne fallait pas) et j’ai commencé ma carrière de zéro, comme tout le monde.

Bon, mais soyons de bonne foi. On constate que les auteurs qui publient ont tendance à continuer à publier. Ce qui entraîne, effectivement, l’impression qu’on voit toujours les mêmes. Qu’est-ce que ça cache, HEIN ?

Il y a à cela une explication infiniment (au moins) plus simple que le népotisme ou quelque sinistre conspiration étranglant l’emploi du présent de narration et les phrases nominales, et elle tient en deux mots : compétence et professionnalisme.

Rappelons-nous ce qu’est l’édition – dans les mots minimalistes de John Scalzi, c’est « une mécanique visant la production d’écrits compétents ». (Article que tout jeune auteur présentant des penchants à l’automalédiction devrait lire, encadrer, et relire tous les trimestres.) Parvenir à franchir la barre de la publication en maison d’édition – avec tout le relativisme et la diversité que celle-ci présente – dénote la présence d’une compétence moyenne concernant la maîtrise de la langue et des codes de la narration pour présenter une histoire dont on pense qu’elle peut intéresser un lectorat prêt à l’acheter. Parce que, je suis vraiment désolé, mais tout texte n’est pas publiable, parce que tout texte n’est pas automatiquement compétent. Notons en outre que d’une, comme le dit Scalzi, compétence et qualité se recoupent, mais ne sont pas synonymes ; d’autre part, les éditeurs (les personnes) ne détiennent pas la Vérité et il arrive qu’ils se plantent, dans un sens (louper le manuscrit du siècle) comme dans l’autre (publier des trucs qui ne marchent pas). Pour revenir au sujet qui nous intéresse : une compétence tend à rester et à se développer sur la durée, donc il n’est quand même pas ahurissant de constater qu’un auteur qui a réussi à surmonter la barre une première fois arrive à le refaire par la suite. Vous avez là 75% de l’explication.

Ensuite : le professionnalisme. Surmonter la barre de la publication est l’essentiel, mais il est bon d’avoir aussi un certain nombre de qualités humaines, de persévérance, d’aisance dans le travail en équipe (car même si l’écriture est un travail solitaire, l’édition en maison traditionnelle ne se fait pas dans un vide absolu) qui font de vous quelqu’un avec qui il est possible de travailler en confiance, tout simplement. Pour le dire plus clairement : si vous êtes un emmerdeur qui râle à la moindre virgule et qui termine bourré avec des comportements inacceptables à chaque cocktail, vous aurez beau être Mozart, si vous n’êtes pas correct, pas gérable, vous risquez de voir la porte un de ces quatre matins, parce que vous finissez par représenter un risque commercial, voire humain, pour ceux qui travaillent avec vous. C’est du bon sens.

Alors oui, effectivement, pour savoir qu’il est facile de travailler avec vous, il faut vous connaître un minimum. Aha ! C’est du piston ! Écoutez, mes chers amis, ça n’est ni pire ni meilleur qu’ailleurs : pour un poste avec deux candidats parfaitement égaux, on tend à préférer celui qu’on connaît et avec qui on a de bonnes relations, parce qu’on sait où l’on met les pieds, ça n’est pas, là non plus, complètement dingue. Et comme, quand même, il est ultra-rare d’avoir deux manuscrits identiquement positionnés et compétents au même moment, on en revient toujours au texte qui forme le juge de paix (parce qu’on vend des textes, pas des gens).

Est-ce à dire que le népotisme n’existe absolument pas dans l’édition, que l’entregent n’y a aucune place ? Soyons clairs : l’édition est un milieu humain, donc évidemment que tous les travers propres à l’humanité s’y retrouvent. Bien sûr qu’il y a du piston, aussi, parfois. Parfois aussi, vous avez fait un énorme carton commercial et on vous ouvre d’un coup toutes les portes parce que vous êtes “bankable” (mais rien n’indique que vous pourrez rééditer votre premier exploit : attention donc à la chute). Cependant, souvent, c’est surtout davantage une question d’un éditeur qui adore le travail d’un auteur donné et persiste à vouloir le faire connaître, parfois en dépit du bon sens commercial (et parfois, la postérité leur donne même raison). J’arguerais en outre que l’édition est probablement un des milieux qui pardonne le moins ces manigances : un livre invendable édité et promu à tour de bras reste un livre invendable, et produire un livre, c’est CHER. Les « carrières » bâties sur ces fondations ne durent pas (je ne citerai évidemment personne, mais disons que depuis une vingtaine d’années, j’en ai vues – notez spécialement l’emploi du passé). L’édition est un métier déjà assez difficile, où les marges sont très étroites, pour continuer à financer à perte quelqu’un en qui on ne croit autrement que parce que « c’est un pote ». Au bout d’un moment, c’est plus facile et ça coûte moins cher d’inviter le dit pote toutes les semaines à la Closerie des Lilas, vous voyez.

Bref de manière générale, encore une fois, il est toujours beaucoup plus facile de répondre à ces questions quand les transcrit à, par exemple, la musique, où la technicité ne fait guère de doute. Est-ce qu’on s’interroge sur le fait que « Quand même, est-ce qu’on n’entend pas un peu tout le temps les mêmes groupes ? » Si on se pose cette question, on peut y trouver des explications sensées et plus immédiates qu’une Grande Conspiration Mondiale™. La littérature ne fait pas exception.

2022-12-05T02:28:12+01:00mercredi 7 décembre 2022|Best Of, Le monde du livre|Commentaires fermés sur Idée reçue 1254 sur l’édition : il faut être connu.e pour publier

Le festival scolaire et universitaire de l’imaginaire rebaptisé Sirennes, avec de nouveaux prix (et ses dates)

Informations à noter pour l’imaginaire breton : comme dit en titre, la première édition 2022 du festival scolaire et universitaire qui s’est tenue sous le nom l’Ouest Hurlant porte à présent le nom Sirennes, et la deuxième édition se tiendra en 2023 du 10 au 12 mai. L’événement sera parrainé par Jean-Philippe Jaworski et Katia Lanero Zamora. Quatre prix seront décernés à cette occasion, décidés par les votes des collégiens, lycéens, étudiants, ainsi qu’un prix spécial que je suis heureux et ému de voir porter le nom de Martin Lessard, auteur québécois tragiquement décédé en 2018.

Notons que c’est distinct du festival de l’imaginaire l’Ouest Hurlant, qui lui se tiendra les 29 et 30 avril 2023. (Site officiel)

➡️ Communiqué de presse complet et nominations des prix sur le site de l’université

Félicitations aux finalistes !

2022-11-21T07:44:58+01:00mercredi 23 novembre 2022|Le monde du livre|Commentaires fermés sur Le festival scolaire et universitaire de l’imaginaire rebaptisé Sirennes, avec de nouveaux prix (et ses dates)

Les Mots ont un nouveau site web

Non pas que l’ancien était mauvais, loin de là, mais le nouveau s’est offert une petite couche de peinture fraîche bien agréable, et reflète l’ouverture de l’école à davantage de modes narratifs, comme le podcast, et l’accompagnement éditorial proposé depuis quelque temps.

J’en profite pour rappeler qu’il reste encore quelques places pour l’atelier de rentrée en visio “Écrire un roman fantastique” (en réalité, d’imaginaire, on couvrira les trois genres). Si vous hésitiez, ne tardez pas !

2022-09-24T02:59:25+02:00mercredi 28 septembre 2022|Le monde du livre|Commentaires fermés sur Les Mots ont un nouveau site web

Locus relaie le limogeage scandaleux de Stéphanie Nicot des Imaginales

Je suis loin d’avoir été le seul à m’émouvoir de cette décision aussi scandaleuse qu’imbécile (rappel des épisodes précédents, et pourquoi la ville d’Épinal s’est mise dans une situation impossible), mais l’affaire franchit à présent les frontières : Locus, le magazine professionnel le plus important de l’imaginaire (en langue anglaise), s’en est fait l’écho ici, et ça n’est pas à la gloire de la mairie d’Épinal, comme de juste.

La ville a également réagi négativement aux requêtes présentées par Nicot pour obtenir une meilleure rémunération, pourtant, dans son appel d’offre, elle propose un salaire plus élevé que celle-ci n’en a jamais touché.

Locus

➡️ Lire l’article

2022-09-10T03:38:14+02:00lundi 12 septembre 2022|Le monde du livre|Commentaires fermés sur Locus relaie le limogeage scandaleux de Stéphanie Nicot des Imaginales

Toute personne sensée devrait se tenir loin de l’appel d’offre de la direction artistique des Imaginales

Résumé des épisodes précédents : le festival Imaginales, pendant vingt ans le grand rendez-vous d’imaginaire de l’Est, a été tué par sa propre mairie en débarquant brutalement Stéphanie Nicot, sa fondatrice et directrice artistique, artisane du succès de sa manifestation. La mairie a mis en ligne un appel à candidatures pour la remplacer.

À présent, la seule réaction sensée de toute personne disposant des compétences requises devrait être de s’en tenir très, très loin. Pourquoi ? L’implacable logique, mon cher Watson, associée aux contraintes organisationnelles d’une telle machine. Jouons-la Power Point style :

Plus de 300 professionnels de l’imaginaire ont exprimé leur colère, dont dix coups de cœur du festival. Une part importante de la profession française a annoncé ne plus souhaiter s’associer aux Imaginales, or, pour faire un festival littéraire, il faut des auteurs. La réputation de l’événement a été poignardée ; qu’ils soutiennent ouvertement Stéphanie ou non, rares sont les professionnels qui voudront s’associer aux manigances iniques de la mairie… 

… ce qui entraînera la désertion des partenaires du festival, dont des éditeurs et des partenaires institutionnels, qui sont beaucoup à soutenir financièrement l’événement. Pour qu’un événement se tienne, il faut de l’argent, des auteurs et du public, les trois se nourrissant mutuellement en un chouette cercle vertueux ; mais cela fonctionne aussi en sens inverse. Quand la réputation d’un événement est dans le caniveau, les auteurs et le public désertent, ce qui entraîne aussi les mécènes, accélérant toujours davantage la plongée. Surtout que… 

Le milieu anglophone (et notamment américain) s’émeut à présent de la situation, comme Robin Hobb, Delia Sherman, Ellen Kushner, Cheryl Morgan. Vingt ans de travail patient pour construire la réputation des Imaginales ont été balayées d’un revers de main ; quand on sait la difficulté que l’on a déjà à faire venir des Américains en France (qui, qu’on le veuille ou non, continuent à représenter les “grosses machines” les plus populaires de l’imaginaire), la prudence leur fera privilégier d’autres événements en France.

La plupart des membres de l’équipe historique des modérateurs et des interprètes ont d’ores et déjà annoncé leur démission. Les Imaginales, c’était aussi la réputation de leurs débats et l’accueil des auteurs étrangers ; sans modérateurs ni interprètes, ça va être un peu plus dur. Je me suis retiré de la masterclass. Je ne sais pas ce que donnera le colloque universitaire. Ce qui nous amène au nœud fondamental du problème :

Les délais de l’appel d’offres rendent toute préparation sereine intenable. En effet, la date limite de dépôt des candidatures est fixée au 5 septembre ; supposons une décision rapide, prise en deux semaines (ce qui est très optimiste pour un marché public), puis le temps de reddition des décisions : on arrive à fin septembre. La nouvelle direction va se retrouver à devoir monter de toutes pièces une édition des Imaginales sans auteurs francophones, sans équipe interne, et sans auteurs étrangers car, attention surprise, on ne fait pas venir un auteur de l’étranger sans préparer les choses très en avance, et huit mois de délai, c’est trop tard pour la plupart.

Avec ce calendrier, il faudra presque certainement s’asseoir sur une anthologie officielle en 2023. Les auteurs de renom sont très occupés, il convient de les solliciter pour une nouvelle presque un an à l’avance (je parle d’expérience : j’en ai codirigé trois, des anthologies officielles), et même là, beaucoup doivent décliner. Demander des textes à des pros début octobre ? Bon courage.

Cependant, il existe une possibilité, c’est que la partie soit jouée d’avance, et que le successeur de Stéphanie soit déjà décidé en coulisses… Mais ce serait tout de même l’hypocrisie ultime de la part de la mairie d’Épinal après qu’elle a plaidé une prétendue “professionnalisation” impartiale de l’événement (on appréciera au passage que les vingt ans passés étaient donc manifestement dûs à des incapables). On rappellera que le but d’un appel d’offres et d’un marché public est justement de désigner en toute impartialité les compétences appelées pour le poste, et que commettre un tel truquage serait en directe opposition à la réglementation, sans même parler de l’état d’esprit affiché par la ville d’Épinal pour la succession de Stéphanie.

Ce n’est pas compliqué à lire : à ce stade, la personne qui décrochera l’appel d’offres est idéalement placée pour y laisser sa réputation professionnelle comme sa santé mentale. Elle se retrouva à la barre d’un navire pestiféré, sans équipes, aux financements en berne, sans têtes d’affiche, tout en se trouvant clairement la cible de toutes les critiques, avec des délais amputés de moitié, le tout pour une rémunération qui n’est clairement pas à la hauteur du travail monumental comme du risque encouru. Elle sera le proverbial agneau sacrificiel, s’épuisera à jouer le pompier sur l’incendie allumé par le maire d’Épinal – et une fois les purges accomplies dans le sang et la sueur, allez, je vous lâche un pari comme ça : elle sera débarquée à son tour, afin que quelqu’un à la réputation vierge prenne la suite pour remettre les comptes à zéro en bénéficiant du travail accompli. Visiblement, ça semble le modus operandi.

Le nom des Imaginales est irrémédiablement souillé et sa réputation ne cesse de sombrer de jour en jour – une tendance qui n’ira qu’en s’aggravant, à mesure que personne ne voudra risquer de se trouver associé à l’image désastreuse que le festival vient de prendre, surtout aux USA.

La seule décision sensée que peut à présent prendre Épinal serait de prendre acte du naufrage, de déclarer une année blanche et de remonter quelque chose de nouveau (qui convienne davantage à ses goûts) sous un autre nom, probablement peu en lien avec la littérature (puisque le rapprochement avec le cinéma et le jeu vidéo semble annoncé), probablement plus en lien avec les Imaginales Maçonniques et Ésotériques, tant qu’à faire, histoire de rendre les choses vraiment très claires.

Mais comme il y a eu très peu d’actes sensés dans cette histoire, je ne retiens pas mon souffle.

Pour les personnes intéressées, il y a beaucoup de choses à faire en imaginaire en France et au niveau de l’événementiel. Mais clairement, les Imaginales n’en sont plus le nom. Tenez-vous loin de tout ça, mes chers amis. Sauvez-vous.

2022-08-01T11:23:33+02:00lundi 1 août 2022|Le monde du livre|11 Commentaires

Les Imaginales ont été tuées par leur mairie

Difficile de retransmettre l’indignation et la tristesse que je ressens en ce moment, comme d’arriver à vous faire comprendre la gravité – et le gâchis – de la situation. À tout décor, il existe forcément un envers, dont on ne parle pas pour diverses raisons : d’une, comme au spectacle, la scène est réservée au public, les coulisses concernent ceux qui y travaillent, c’est ainsi que la magie opère ; de deux, en cas de difficulté ou de problème, on règle ça dans les coulisses tant qu’on le peut, justement, car cela ne concerne pas le public – on lave son linge sale tant qu’on peut derrière des portes closes ; de trois, on ne parle pas avant les personnes concernées. Tout cela s’appelle le professionnalisme.

Mais à présent que les paroles sortent, je vais m’efforcer de résumer ce qui se passe de manière juste et concise. Je suis dans les coulisses des Imaginales à Épinal depuis plus de vingt ans. J’étais là, alors jeune fan chevelu et timide quand, dans une room party des Utopiales (ça devait être en 2000 ?), Stéphanie Nicot a confié à ses proches collaborateurs de l’époque : “je suis en train de monter un festival d’imaginaire dans une ville de l’Est ; je vous en donne le nom sous le sceau du secret – Imaginales”.

Aujourd’hui, depuis vingt ans, je suis ou j’ai été :

  • Secrétaire du prix Imaginales à sa création (j’en ai même rédigé les statuts)
  • Coup de cœur du festival 2012
  • Coanimateur (avec Jean-Claude Dunyach) de sa Masterclass
  • Codirecteur (avec Sylvie Miller) de trois des anthologies officielles du festival
  • Interprète en direct et accompagnateur des invités anglophones depuis le début

Je connais donc un peu le dossier et à quoi ressemblent les coulisses.

Je sais donc que Stéphanie Nicot a été, depuis le début, l’âme du festival. Elle allie deux qualités fondamentales pour occuper un poste de directrice artistique d’événement : d’une part la connaissance des genres et de ceux et celles qui les font (création, mais aussi édition et communication), mais cela ne suffit pas. Il faut aussi une personnalité rassembleuse, capable de converser avec tout le monde, de mettre à la même table des gens qui ne se sont jamais parlé, voire qui se trouvent en désaccord – et réussir à faire aller tout le monde de l’avant. Stéphanie a cette finesse, qui est bien plus rare que la compétence livresque ; on ne fait pas un festival seul, on le fait en collaboration, parfois aussi avec des gens qui ne sont pas vos meilleurs amis ; mais on essaie de trouver un terrain commun pour travailler. C’est ainsi que les choses se font, et grandissent.

Stéphanie a toujours occupé ces deux rôles dans les Imaginales, et c’est grâce à ces deux versants que le festival est devenu l’un des rendez-vous majeurs de l’imaginaire en France en vingt ans – pour atteindre le record absolu des ventes et de la fréquentation cette année, en 2022.

Que fait maintenant la mairie d’Épinal, en toute logique ?

Évincer sa directrice artistique, la personne ressource qui a apporté le projet, l’a construit et a fédéré équipes comme partenaires institutionnels et économiques, et ce quasiment par voie de presse !

C’est une décision indigne et un non-sens stratégique absolu, dont les circonstances, en outre, sont honteuses. Alors que la ville d’Épinal affirmait le 24 mai dans Télérama, concernant le limogeage de Stéphanie, qu’« il n’est rien”, elle a présenté, il y a seulement quelques semaines “un projet d’évolution” auquel Stéphanie n’est pas associée, ouvrant la direction artistique à un appel d’offres.

Stéphanie a dévoilé en détail sur ActuSF les circonstances des mauvais traitements (y compris relatifs au droit du travail) qu’elle a subis de la part de la municipalité d’Épinal, en chiffres et en faits. Parmi les éléments qui ont pu faire surface, visibles du public (et suivis sur les réseaux), citons

  • L’apparition de conférences ouvertement islamophobes, comme “Islam radical ou radicalité de l’Islam ?”, qui n’ont strictement rien à voir avec l’imaginaire1… 
  • … témoignant d’une main-mise sur l’événement des Imaginales Maçonniques et Ésotériques en totale roue libre, qui ne se soucient même plus de s’inscrire dans le programme du réel événement public, mais poursuivent leurs propres priorités, profitant du rayonnement des vraies Imaginales – et donc des institutions publiques qui le financent (!).

Bref. Je ne vais pas récapituler l’entretien de Stéphanie, allez le lire.

À présent : la profession affirme à Stéphanie son soutien en masse (plus de 300 auteurs, éditeurs… dans une liste qui s’allonge tous les jours sur les réseaux) dont Bernard Visse (ancien directeur du festival et de l’événementiel de la ville sous le maire précédent) ou Robin Hobb (excusez du peu), qui était la marraine de cœur de l’événement :

Début juin, nous avons été par ailleurs dix coups de cœur des Imaginales, correspondant à dix années de programmation, à envoyer à la mairie une lettre nous inquiétant de la direction prise par le festival et exprimant notre soutien à Stéphanie, courrier rendu public par ActuSF la semaine dernière.

Nos mots, hélas, sont restés lettre morte.

Pour ma part, j’ai annoncé à la direction du festival que, dans ce contexte, je ne pouvais continuer à occuper aucun des rôles que je remplissais jusqu’ici avec joie.

Stéphanie était l’âme de cet événement, elle en était la compétence et la finesse relationnelle. Et même si, animé par un puissant bénéfice du doute, on tient vraiment à supposer que la ville souhaitait changer de cap pour des raisons qui ne sont pas influencées par le contexte politique actuellement désastreux pour la famille politique de la mairie d’Épinal, le professionnalisme, là encore, dicte que l’on prépare harmonieusement les transitions, surtout pour une si grosse machine. On ne signe pas le contrat de sa directrice artistique deux mois avant un événement, tout comme on ne commence pas à la payer après le début dudit événement !

Parce que je vais vous révéler une chose. Voyez-vous, je sais de source sûre, car Stéphanie me l’a dit de longue date, qu’elle ne comptait pas diriger les Imaginales sa vie entière. Cela fait plus de dix ans qu’elle me l’a confié ; soucieuse de son travail et de son héritage, elle a toujours pensé à sa succession, et elle a même évoqué la possibilité avec quelques noms pour tâter leur intérêt2. Épinal n’avait nul besoin de la flanquer dehors : elle comptait partir d’elle-même à court terme.

La mairie d’Épinal a tué la poule aux œufs d’or ; elle avait entre les mains un édifice solide et patiemment construit sur la durée, avec toute une confiance acquise de haute lutte auprès des acteurs étrangers, une grande réputation, et en a dynamité les fondations en imaginant que ça allait tenir, et tout ça pour quelles raisons ? Pour quel bénéfice ? Par calcul politique court-termiste ? Je n’arrive pas à le comprendre. C’est juste une décision déplorable, humainement, mais aussi stratégiquement.

Si jamais le nom des Imaginales se poursuit, je ne vois pas comment, privées de ce qui faisait leur ciment et de leur âme, elles pourraient s’inscrire dans la continuité de ce qui a fait leur ascension, leur convivialité et donc leur succès. Mais à présent, faisons comme Stéphanie, célébrons les bons moments, et regardons dignement vers l’avenir. Car cette convivialité continuera à exister partout où nous célébrerons l’imaginaire vivant, celui qui n’a pas peur d’interroger le monde, de défricher des terrains inconnus, et qui sait que l’expérimentation et la diversité sont le terreau même qui le nourrit.

  1. En plus, une personne qui y était m’a dit que le contenu de la conférence était bien loin de l’intitulé putassier. Dès lors, on est en droit de s’interroger : pourquoi spécialement un tel intitulé, surtout pour une confrérie pour qui “dire” a l’importance qu’on sait… ?
  2. Complète transparence : oui, j’en faisais partie, c’est pour ça que je le sais, mais j’ai très vite répondu qu’avec tout l’honneur que cela représentait, je n’aspirais pas à ce genre de tâche, mais à me concentrer sur la création.
2022-07-25T07:28:12+02:00lundi 25 juillet 2022|Le monde du livre|7 Commentaires

Financez l’Astrolabe, la librairie collaborative portée par les éditions Argyll ! (ateliers et conférences dans les contreparties)

L’astrolabe est la première coopérative du livre française ! 

Basée à Rennes, elle est structurée en 3 pôles : une maison d’édition engagée, envers ses auteurs comme dans ses publications, une librairie coopérative et un incubateur qui a pour but d’aider à une meilleure diffusion du livre sur le territoire.

1. Une maison d’édition engagée […]

2. Une librairie coopérative

Ouverte à toutes et tous, cette librairie semi-généraliste conciliera aussi bien les goûts de ses libraires que celles de ses sociétaires. Elle proposera un espace de coworking ainsi qu’un espace de convivialité avec thé, café et boissons fraîches. L’ouverture de la librairie aura lieu en deux temps :

– 16 avril 2022 : ouverture d’une librairie éphémère au Timbre de Maurepas ;

– 12 novembre 2022 : ouverture de la librairie dans ses locaux définitifs, 20 place Lucie et Raymond Aubrac.

3. Un incubateur de projets liés au livre

Un nom excellent pour une librairie qui aura évidemment des accointances avec l’imaginaire vu le cursus des fondateurs (la même équipe que les éditions Argyll), mais pas seulement ; il s’agira d’inviter les sociétaires du lieu à s’approprier programmation et commercialisation pour faire connaître, pourquoi pas, des œuvres fétiches et méconnues. Le projet s’est lancé sur la base d’un financement participatif qui, à l’heure où j’écris, a financé son premier palier alors qu’il reste plus d’un mois à courir ; mais que cela ne vous empêche pas de contribuer ! Car, en plus de la satisfaction de participer à un projet intégré et novateur, il y a de nouveaux paliers à débloquer comme la réalisation d’un espace de coworking (pouvoir aller bosser dans une librairie, c’est quand même la grosse classe). Et il y a quantité de contreparties uniques à la clé pour vos généreuses contributions :

  • Boissons à vie dans la librairie ! (ouais)
  • Des livres Argyll, voire l’intégrale jusqu’à maintenant !
  • Et surtout, toute une sélection d’ateliers d’écriture et de conférences proposées par Xavier Dollo, Estelle Faye, Camille Leboulanger, David Meulemans… 

… et mon humble pomme, sur l’organisation en solitaire pour les projets créatifs. Lesquels ont inévitablement deux versants : l’opérationnel, qui a été beaucoup étudié avec entres autres toute la mouvance Getting Things Done, mais aussi la gestion de la connaissance, beaucoup plus difficile à systématiser dans le domaine créatif, mais pour lequel le Zettelkasten donne quantité de clés. Comment se donner un peu de logique et de sérénité mentale quand on jongle avec quantité de rôles de vie différents, et réussir à avancer sur les œuvres qui nous tiennent à cœur sans avoir l’impression de repartir de zéro à chaque session : j’explore ça au quotidien littéralement pour survivre depuis plus de vingt ans et arriver à être moi-même productif à travers les difficultés inhérentes aux métiers de création, les blessures à la main, les pandémies et j’en passe.

La conférence durera deux heures et demie, entre présentation et conversation à bâtons rompus, pour un maximum de 25 places.

➡️ Allez consulter la page de l’Astrolabe, explorer tous les ateliers proposés, et réservez vos places avant que toutes les contreparties ne disparaissent !

2022-04-07T00:19:04+02:00mercredi 6 avril 2022|Le monde du livre|Commentaires fermés sur Financez l’Astrolabe, la librairie collaborative portée par les éditions Argyll ! (ateliers et conférences dans les contreparties)

L’affiche des Imaginales 2022 dévoilée

C’est l’odeur du printemps : les fleurs qui éclosent, la tiédeur humide de l’air, la colle toute neuve sur les affiches des festivals à venir. Enfin, nous sommes partis pour avoir à nouveau une saison normale, et après l’Ouest Hurlant, ce sont les Imaginales qui dévoilent leur affiche :

J’y serai toute la durée du festival, ainsi que pour la Masterclass (qui est, nous sommes encore désolés, complète).

2022-03-08T11:41:15+01:00jeudi 17 mars 2022|Le monde du livre|Commentaires fermés sur L’affiche des Imaginales 2022 dévoilée

Une affiche et des infos pour le festival L’Ouest à Hurlant à Rennes ! (fin avril)

Oooooh, pretty !

Affiche Solenn Deléon

Pour mémoire, L’Ouest Hurlant est donc le nouveau chouette et grand festival d’imaginaire qui se tiendra à Rennes du 30 avril au 1e mai (avec l’excellent érudit, auteur, libraire, éditeur, essayiste Xavier Dollo alias Thomas Geha à la direction artistique). Les infos commencent à se dévoiler, à commencer donc par l’affiche, mais aussi plein d’infos données par Xavier lui-même dans ce fil Twitter :

J’y serai pour ma part, avec l’honneur de le co-parrainer avec Estelle Faye. Ne manquez pas ce rendez-vous qui s’annonce d’ores et déjà majeur !

➡️ Le site officiel du festival (en cours de dévoilement à l’heure où j’écris)

2022-03-04T17:27:42+01:00mercredi 9 mars 2022|Le monde du livre|2 Commentaires

La librairie Critic s’agrandit !

Une très chouette nouvelle à annoncer : la librairie / éditions Critic pousse les murs ! Une deuxième adresse va apparaître, juste à une porte de distance de l’enseigne actuelle. Je suis ravi de voir la maison s’agrandir, félicitations à toute l’équipe et bravo pour ce projet ! (21 ans d’existence, quand même, la librairie a maintenant le droit de boire de l’alcool aux États-Unis)

Le communiqué :

Arrêtez tout ! Grosse nouvelle à partager largement en ce début de mois : Critic pousse les murs!

Nous sommes heureux de vous annoncer qu’apès avoir créé la librairie Critic il y a 21 ans au 19 rue Hoche à Rennes et développé une enseigne renommée dans les domaines de la bande dessinée et des littératures de l’Imaginaire, après avoir lancé une maison d’édition spécialisée dans les littératures de l’Imaginaire il y a 12 ans et lié une collaboration avec les éditions Les Humanoïdes Associés pour publier de la Bande dessinée il y a 5 ans, nous reprenons une autre enseigne qui a durablement marqué les esprits en son temps. Nous sommes fiers de pouvoir offrir une nouvelle vie à la librairie Les Nourritures Terrestres, également située 19 rue Hoche, et de redonner à ce lieu qui fut un temps une sandwicherie sa vocation de librairie. Début juin ce seront donc 2 enseignes Critic et Critict2, toutes deux portant le n°19 de la rue Hoche mais espacées de deux portes, qui vous accueilleront avec le savoir-faire habituel, sourire, chaleur et conseils avisés.

Critic… continuera de vous proposer un large choix en Bande dessinée et Comics adultes, et
l’un des plus larges choix en Bretagne de littératures adultes dites de l’Imaginaire : science-
fiction, fantasy, fantastique.

Critic#2… vous proposera un vaste choix en manga adulte et jeunesse, en Bande dessinée et
comics jeunesse et en littératures dites de l’Imaginaire à destination de la jeunesse.
Un showroom de la maison d’édition sera également installé dans ce nouveau lieu.

Depuis 22 ans, nous avons répondu à des centaines de clients poussant la porte de Critic que
non, ils n’étaient pas à la librairie Les Nourritures Terrestres. Nous allons enfin pouvoir dire :
oui, c’est bien ici, quelle que soit la porte poussée ou presque 😉

(Source : newsletter)

➡️ La librairie Critic en ligne

2022-04-11T09:56:33+02:00mardi 8 mars 2022|Le monde du livre|Commentaires fermés sur La librairie Critic s’agrandit !

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