Twitter est d’un abord un peu fruste. Une longue litanie de statuts émaillée de caractères et d’abréviations bizarres genre @, RT, cc, il y a de quoi faire fuir tata Iphigénie, si, si, celle-là même qui vous hurle à longueur de page Facebook “JAY BESOIN DE PATATES DANS MA FARMVILLE OMG”. Enfin, peut-être pas en ces termes. Pourtant, Twitter est un média fascinant, instantané, qui permet une rapide dissémination de l’information1. Alors, qu’est-ce que c’est, comment ça marche et pourquoi c’est intéressant ?
Voici pour mettre le pied à l’étrier aux débutants.
Le principe
Twitter s’apparente aux statuts Facebook ou MSN : il s’agit, en substance, de raconter ses pensées du moment, ses activités, de partager une trouvaille. “Hou là là, pensez-vous déjà, je suis déjà inondé des status ineptes d’une tonne d’amis Facebook entre ceux qui vont manger une pomme et les autres qui se sont cassés la gueule sur une plaque de verglas lol mdr, je ne vais pas m’ajouter cette pollution supplémentaire.”
Oui, ça se comprend. Sauf que, dans les faits, Twitter fonctionne de manière extrêmement différente, ce qui permet d’améliorer le rapport signal / bruit au maximum.
Plusieurs raisons à cela :
- Twitter fonctionne par abonnements (follow). C’est-à-dire que si quelqu’un vous intéresse (au hasard, Neil Gaiman ou le Dalaï Lama – tous les deux sur Twitter) et que vous vous abonnez à son flux, rien n’oblige la personne à vous suivre en retour. Vous ne construisez pas obligatoirement un lien personnel à la Facebook ; vous vous comportez comme un lecteur de contenu.
- Cela veut dire que vous contrôlez vous-même le contenu que vous lisez. Vous pouvez donc vous désabonner comme vous le souhaitez si vous décidez que le contenu offert ne vous intéresse plus, ou si vous avez trop d’abonnements et devez donc faire un tri – on ne peut pas tout lire.
- Les mises à jour sont de 140 caractères, pas plus. Comme un SMS (monde d’où Twitter est originaire) : il faut être concis, rapide, ce qui assure une forme d’efficacité.
- Twitter est un flux. Contrairement à Facebook qui nécessite au minimum quelques minutes de lecture pour suivre l’actualité de vos proches et médias d’intérêt, Twitter n’a pas pour but de servir d’archive. L’information y est périssable extrêmement rapidement : cela n’a pas grand sens de passer en revue les archives d’une semaine (ou alors, c’est que vous suivez trop de monde). Corollaire : si vous avez raté un truc, ce n’est probablement pas grave.
On a vu fleurir ainsi sur Twitter une forme de communication assez particulière, où écrivains, cinéastes, philosophes, amuseurs proposent de véritables historiettes, traits d’humour, instantanés, revues de presse en 140 caractères, aux antipodes des patates pourries de tata Iphigénie. C’est très drôle, ça ne bouffe pas la journée comme un Facebook carnivore, et c’est très détendu comme usage.
L’instant Jérôme Bonaldi (Comment ça marche ?)
C’est assez évident, comme pour tous ces services :
- On ouvre un compte (bien sûr), avec un pseudo ou votre nom réel (le mien, pour des raisons obscures et inavouables en public, est lioneldavoust).
- La beauté de la chose, c’est qu’on peut choisir d’alimenter le compte ou pas (on peut également le rendre privé). Vous pouvez parfaitement vous comporter en observateur silencieux, ou réserver vos mises à jour à vos proches, parce que eux sont sincèrement intéressés par la pomme que vous avez mangé le midi et vous offriront une petite bière le soir pour vous consoler de cette foutue plaque de verglas qui a mis votre amour-propre à mal, et que Neil Gaiman, s’il peut vous envoyer toute sa commisération, n’est quand même pas non plus directement concerné.
- Et vous vous mettez à suivre les gens qui vous intéressent, au fil de l’eau, des rencontres, en examinant ce que les gens ont à dire et en décidant si ça vous intéresse ou pas.
Bien sûr, Twitter n’est pas un monde de solipsistes – c’est un réseau social. Les discussions s’installent, les rencontres se font mais, de par la brieveté nécessaire des mises à jour (140 caractères), tout est très rapide, très immédiat.
En un mot, tout est très simple.
Coutumes et usages
140 caractères, c’est peu pour communiquer le fond de sa pensée. De fait, Twitter échappe pas mal aux psychodrames qui finissent toujours par pourrir les forums et même Facebook, parce qu’on a plutôt tendance à s’accorder le bénéfice du doute. Évidemment, ce n’est pas l’endroit pour une discussion philosophique profonde, mais c’est génial pour un échange rapide de vues et d’informations.
Par commodité, le service a vu naître un certain nombre d’abréviations et de coutumes qu’il est utile de connaître pour comprendre un peu ce qui se passe :
- @. @ suivi du pseudo d’un utilisateur indique un message public dans la timeline d’un utilisateur : par exemple, si l’on lit chez un utilisateur « @JésusChrist Super la résurrection, tu as fait de moi un croyant », l’utilisateur nommé JésusChrist verra sortir ce message dans sa propre interface (s’il utilise un logiciel plutôt récent) et pourra y répondre.
- #. # suivi d’un terme est un hashtag, soit un mot-clé concernant le sujet relatif au tweet en question. Par exemple, dans la timeline de JésusChrist, on pourrait trouver « J’ai multiplié les pains olol #miracle ».
- RT. RT signifie ReTweet : soit un tweet d’un utilisateur retransmis verbatim, parfois avec un commentaire. Par exemple le tweet suivant inclut un commentaire : « Trop fort le mec ! RT @JésusChrist J’ai ressucité, ne vous inquiétez pas, je pars en Suisse soutenir WikiLeaks » À noter que Twitter intègre dorénavant un système intégré de retweet pour gagner des caractères.
- cc. Peu employé mais utile, pour faire une copie d’un tweet à quelqu’un. Par exemple : « Oups, on a ouvert le caveau, y a plus personne dedans cc @PoncePilate »
- #FF. Hashtag un peu spécial, FF signifie “Follow Friday”, soit les comptes jugés intéressants par un utilisateur sur la semaine et qu’on encourage ses abonnés à suivre à leur tour (tweeté le vendredi, comme le nom l’indique).
Pour commencer
Il suffit d’aller créer un compte sur le site : Twitter.com. Mon propre profil est donc @lioneldavoust et je serais ravi de vous y rerouver. Quasiment tous les grands sites d’info, éditeurs dynamiques, écrivains créatifs, blogs motivés ont des comptes Twitter. Je n’ose proposer de liste par peur d’oublier quelqu’un, mais n’hésitez pas à faire votre propre marché dans mes abonnements, qui constituent un point de départ probablement pas plus mauvais qu’un autre pour qui s’intéresse à l’imaginaire et aux trucs improbables.
Petite question, qui n’a rien à voir avec ce billet mais bon…. je me lance : le fait de lire/traduire de l’anglais apporte-t-il un plus à l’auteur que vous êtes (ou “vous a-il apporté
beaucoup au début”) ?
Sympathique texte de présentation de twitter ! Pour ce qui est de causer philo et socio, je connais quelques tweetos qui y arrivent très bien certains soirs, même en 140 signes. L’apéro aidant peut-être ?
[…] This post was mentioned on Twitter by Lionel Davoust, Actu et Buzz. Actu et Buzz said: Pourquoi Twitter ? (Lionel Davoust): J'entends pas mal de questions sur Twitter en rencontres et festiv… http://bit.ly/hdBgGr #Twitter […]
Merci Lionel, de ce petit cours pas inutile. Je me suis plusieurs fois penché sur Twitter et j’ai jamais réussi à comprendre vraiment. C’est sans doute à ça qu’on voit qu’on devient un vieux crouton (mon fils enlèverait “rout” du dernier mot 😉 ). Je savais plus ou moins tout ça (pas le #FF), personnellement, ce qui me frustre, c’est de ne pas pouvoir suivre les conversation. Exemple: tu as écrit ce matin “@irenedelse Effectivement, la presse classique a du mal à suivre, mais j’aurais attendu mieux du Monde ><". Ça éveille ma curiosité, je me demande de quoi tu parles… J'ai beau cliquer sur irenedelse, zyva pour reconstituer l'échange. Sans doute que le système n'est pas fait pour ça, mais ça me frustre, disais-je, et il n'est jamais conseillé de me frustrer. 😉
@Gougi : Dans ce cas là, le Gilles, il te suffit de t’abonner au flux d”@irenedelse et donc la prochaine fois tu pourras essayer de suivre plus facilement la conversation.
S’abonner à la timeline d’une personne citée dans un twitt est très facile. (2 clics)
Mais il est vrai que suivre un échange twitter entre deux personnes est des fois compliqué, les échanges étant noyés dans les autres contributions des twittos.
mmh…
Je vois toujours pas l’intérêt 🙂
Mais merci d’avoir pris le temps de nous expliquer deux-trois trucs! (maintenant, j’ai des arguments, hin hin hin hin!)
@ansset : Bien noté la question, je vais y répondre séparément dans les jours qui viennent 🙂
@Guillaume44 : Ca peut, effectivement, mais ce sont les propos nuancés qui pâtissent le plus, je trouve. Un blog reste le meilleur endroit pour développer une thèse.
@Gilles : Sur l’interface web de Twitter, tu as une petite bulle dans chaque tweet qui permet de le replacer dans le contexte : j’ai essayé et ça montre sur ma timeline à quoi je répondais. Après, il y a des logiciels plus commodes spécialisés dans cet usage. Je ferai un article pour les usages avancés de Twitter.
@Kalys : De rien ! C’est sûr que c’est un réseau social, donc si tu n’aimes pas les Facebook et apparentés, tu n’en verras pas l’usage de toute manière 🙂 Mais je trouve quand même Twitter plus sympa pour suivre les auteurs et infos qu’on apprécie (pas besoin d’entrer dans tout ce que FB peut comporter comme effets pervers).
@ansset : Article posté aujourd’hui, j’espère avoir répondu à la question 🙂