À propos de l’augmentation de la TVA sur le livre à 7 %, ce billet, auquel il n’y a pas grand-chose à rajouter.
À part peut-être le fait que la culture n’est pas un réel luxe, mais au contraire le signe d’une société en bonne santé. Et que cela ne surpendra hélas guère que ce gouvernement démagogue poursuive son entreprise méthodique de destruction de l’esprit critique en s’attaquant à son plus haut symbole, le livre.
On dirait que la hausse ne concerne QUE le livre… Tous les commentaires se focalisent là-dessus alors que la question est plus vaste (sans oublier que, question démagogie, la classe politique française dans son ensemble se distingue…). Le prix du livre ne cesse d’augmenter ces dernières années sans hausse de la TVA, alors pourquoi cet énervement maintenant et jamais de colère contre les éditeurs qui sont aussi responsables du prix élevé du livre ? Sans compter que ces éditeurs rognent sur les coûts et nous offrent des produits de plus en plus chers mais de moindre qualité (que de coquilles dans le récent Goncourt, c’est honteux !!), voilà un scandale qui mériterait aussi que auteurs et lecteurs se rejoignent pour râler de temps en temps. Pas une position idéologique, juste celle d’un client mécontent de ce qu’on lui donne en échange de son argent.
Euh… je ne crois pas dire de bêtise, mais il me semble que le prix du livre, depuis le passage à l’euro, est sans doute un des plus stables, tous secteurs commerciaux confondus. Pas d’augmentations significatives depuis plus de dix ans…
hormis peut-être en BD, secteur bien particulier.
Joyeux Drille a raison : la hausse de la TVA à taux réduit de 5,5% à 7% concerne également l’hôtellerie, la restauration, le bâtiment et l’ensemble de la culture. Il ne s’agit en aucun cas d’une attaque dirigée contre le livre.
Sans doute. Néanmoins, il y a un véritable manque d’approfondissement de la réflexion dans cette mesure un poil radicale.
Je ne me prononçais que sur l’interprétation abusive de cette mesure. De toute façon, le livre est déjà trop cher. Je pressens un afflux important vers les bibliothèques publiques, dont la marge de manoeuvre sera réduite elle aussi, mais qui resteront ouvertes à tous les citoyens, gratuitement ou peu s’en faut.
M’enfin, les gens ! Ce n’est pas parce qu’on fait un « paquet » de mesures qu’elles n’ont pas un esprit commun ni certains buts précis dans certains domaines. Transhu, tu le dis toi-même: « l’ensemble de la culture ». Si je fais un truc contre vous aujourd’hui, un truc contre un groupe B demain, et un truc contre un groupe C après-demain, vous direz que j’étais contre vous aujourd’hui, B contre eux demain, C et contre eux après-demain. Par contre, si je vous attaque vous, B et C en même temps demain, vous vous considérerez simplement comme des victimes collatérales les unes des autres ?
Sinon, Thomas a justement rappelé que le livre n’a quasiment pas augmenté. Et ce n’est pas l’éditeur qui se taille la part du lion dans la chaîne du livre.
La hausse du papier a été bien répercutée. Je suis un humble lecteur, j’ai beaucoup de chance car, par mon boulot, je reçois des livres en SP. mais 17 euros pour un bouquin de 200 pages, ou plus de 20 pour les bouquins d’imaginaire, c’était cher avant même cette hausse annoncée. Le livre est au taux bas de TVA, il n’est donc pas considéré comme un produit de luxe, sinon, ce n’est pas 7% mais le taux de 19,6 qui lui serait appliqué. Ton livre coûte 19,90, ce n’est pas donné, déjà. A quoi servent ces 20 euros, comment ils se répartissent ? Tiens un exemple, j’ai chez moi « Reproduction interdite », de Jean-Michel Truong, publié chez Orban en 1988, 110 F de l’époque, bien sûr, il faudrait regarder en monnaie constante, mais bon, sur Décitre.fr, il est annoncé à 19 euros, prix éditeur. Ouvrons un large débat sur le prix du livre, incluons-y cette hausse de TVA mais ne soyons pas angélique : le livre est cher et les taxes n’en sont pas les seules responsables.
Je ne suis pas ta logique. Le livre est trop cher, mais c’est OK d’augmenter la TVA quand même?
Voir http://www.sne.fr/images/images-temporaires/prix_du_livre.gif sur la répartition du prix du livre. Et, à part quelques cas particuliers, tout le monde dans la chaîne tire un peu le diable par la queue. Donc moi, je veux bien que le livre soit trop cher, ça me fend le coeur quand des lecteurs en salon me disent « ça m’intéresse vraiment mais j’ai pas les moyens ». Mais je ne sais pas où l’argent peut être pris.
Si le livre est cher, c’est aussi parce que ce secteur passe par beaucoup d’intermédiaires. Et les marges de chacun sont très faibles. Ceux qui s’en tirent le mieux sont les diffuseurs/distributeurs parce qu’ils prennent de l’argent à la fois chez les éditeurs et les libraires. Ces derniers sont extrêmement taxés, à plein de niveaux, par rapport à la marge qu’ils font. Difficile de rentabiliser un commerce (surtout indé) dans ce domaine. Quant aux éditeurs, ils ne peuvent dégager de la trésorerie qu’en cas de gros gros succès, sinon ils sont condamnés à rester… petits, ou à mourir très vite. Les diff/distribs eux, ont des techniques de vampires (le drainage), pas étonnants que ces créatures de la nuit aient un succès fou en ce moment, elles sont le reflet du fonctionnement de notre société 😀
Ma logique, c’est : pourquoi auteurs et lecteurs attendent-ils une hausse de la TVA pour râler contre un prix déjà trop cher. Chaque fois que j’ai eu la possibilité de le dire en radio (hélas ou avec des faibles audiences ou vers un public peu concerné), j’ai dit et redit le livre est cher et c’est un véritable obstacle à l’accès à la culture. Tous les produits culturels sont aujourd’hui excessivement chers, pas simplement le livre. Cette hausse de TVA ne fait qu’aggraver un problème déjà existant qui ne mobilisait pas les foules jusque-là. Ce gouvernement est nul, on le sait, ses opposants le sont tout autant. Notre classe politique est affligeante de médiocrité, n’a aucune vision politique sur quelque sujet que ce soit, encule les mouches au lieu d’être pragmatique et intelligente, se dispute sur des questions insignifiante au lieu de chercher de vraies solutions au vrais problèmes. Voilà pourquoi je voudrais sortir ce débat sur le prix du livre du carcan bassement politicien dans lequel il commence à être enfermé pour dire : le livre est cher quel que soit le taux, qu’est-ce qu’on fait ?
il y a aussi un autre truc : moins les lecteurs achètent de livres, plus le livre sera cher. Or, depuis trente ans ou presque, les ventes de livres moyennes sont en net déclin. Le seuil de rentabilité d’un ouvrage est donc plus important. C’est sans doute le lectorat le plus populaire qui a disparu, ou qui alors se cantonne à deux livres par an (un Musso, un Levy), notamment parce que d’autres loisirs (jeux vidéos par exemple) ont envahi l’espace occupé par le livre autrefois. On ne peut blâmer personne, au fond, chacun vit comme il l’entend. Le livre ne répond plus forcément aux attentes des gens.
Sans compter que, dans le même temps, je nombre de titres disponibles a augmenté aussi, non ? N’y a-t-il pas surproduction ?
à vérifier, je ne suis pas spécialiste du domaine, mais si la production est plus abondante, il est certain qu’elle est aussi plus fractionnée.
Je te l’ai dit, Joyeux Drille : on va à la bibliothèque. Ou on achète d’occasion, ou en poche. Pas le choix.
les bibliothèques sont en effet une sorte de terre sacrée, en plus d’être accueillantes la plupart du temps 🙂
Viendez chez nous, n’hésitez pas, on a du Ad Astra et du Lionel Davoust. Mais si vous n’en achetez pas, ils n’y aura plus d’édition / écriture. Bref, on s’en sors pas!
P; : j’adore les chiffres à la con du SNE, M’sieur Davoust, mais là rien que le coup de l’auteur à 11%, c’est pas top pour la crédibilité…
Yeah ! Merci Thôt.
Par contre, 11% pour l’auteur, c’est une moyenne, qui ne me semble pas aberrante, vu que l’usage tourne autour de 10.
Ah, ok, ça remonte du coup par rapport à la bd (jamais ou très rare exception à plus de 9%).
Tant mieux, j’aime bien filer des sous à l’auteur quand j’achète un de ses livres.
Quand même toujours bizarre que ce soit tous les autres acteurs de la chaîne du livre qui gagnent plus que lui (pour moi, diffuseur et distributeur : même combat).
Une métaphore de l’importance de la création dans notre société de la copie?
Je dirais que ça met en avant la difficulté d’être vu, entendu (et acheté) dans la société de l’information.