Le lendemain de notre premier jour de formation à la Sea Watch Foundation (épisodes précédents ici et ), alors que nous nous préparions à partir au bureau, une des volontaires, un sourire sur les lèvres, son thé à la main, les yeux rivés par la fenêtre du salon, nous a accueilli au matin avec cette annonce :

“Dolphins, beyond the pier.”

New Quay est vraiment un tout petit village d’une poignée de rues, et son “port” n’est guère qu’une anse asséchée à marée basse où se côtoient une trentaine de voiliers et de navires de tourisme. De la maison où tous les volontaires logent, on voit la mer – dont le ressac me berce depuis ma chambre à marée haute – et notamment la petite digue qui protège les bateaux des eaux de Cardigan Bay.

Il faut savoir que le repérage des animaux dans les eaux côtières est une des principaux moyens d’étudier les mammifères marins : avec la participation du public et d’observateurs indépendants, sur la base d’un travail de fourmi, recouper les rapports de signalements (« sightings ») permet de suivre leurs migrations, de déceler leur abondance ou leur absence, le tout de façon non-invasive. Un outil plus précieux encore est la photo-identification : les grands dauphins (Tursiops truncatus), à l’espèce popularisée par Flipper, sont assez bagarreurs et se laissent fréquemment des cicatrices et des entailles sur la nageoire dorsale. Cela constitue au fil du temps une sorte d’empreinte digitale qui peut être identifiée avec certitude ; cette technique, non-invasive elle aussi, permet de retrouver et suivre l’évolution d’individus précis.

J’ai attrapé mon appareil photo, mon téléobjectif et me suis précipité sur le rempart dans l’espoir de faire de bons clichés. Malheureusement, malgré la bonne visibilité de ce début de matinée, les animaux se trouvaient encore trop loin pour me permettre d’avoir un bon point de vue et de rapporter, soit des photos exploitables pour l’identification, soit, simplement, de jolies images. Mais j’ai quand même un petit souvenir de cette première rencontre, qui révèle quand même une silhouette lisible une fois très agrandie, en espérant que ce ne soit qu’un prologue.