Comme le dit l’Interstitial Arts Foundation, la série d’anthologies Interfictions (où j’ai eu la joie d’être traduit dans le deuxième volume avec « L’Île close ») n’a pas pour seule ambition de proposer une fiction nouvelle, novatrice et inclassable, mais aussi de servir de base d’étude à ces mouvements et à ce mode de création.
La fondation a donc publié un guide d’étude (en anglais) brossant un tableau général de la fiction interstitielle, puis proposant quatre à cinq questions vastes pour l’étude de chaque nouvelle de l’anthologie. Je dirais que cela s’adresse prioritairement à des étudiants d’université ou éventuellement à des lycéens passionnés (et au taquet) sur une façon créative de commenter la littérature.
J’avoue que figurer dans ce guide est à la fois un honneur complètement incroyable et une situation un peu surréaliste pour moi. J’ai grandi principalement en butte contre l’enseignement de la littérature au collège et au lycée jusqu’à ce qu’une prof plus jeune et futée (qu’elle en soit à jamais remerciée) me colle Boris Vian entre les pattes, ce qui a carrément fait voler en éclats la prison que je m’étais construit tout seul et a imprimé un vrai élan à mes envies d’écriture. C’est assez génial de voir maintenant cette nouvelle, que j’avais écrite principalement en envoyant pas mal de conventions au diable, figurer à présent dans un ouvrage d’étude. J’ai l’impression qu’une boucle vient de se fermer. Mais merde, si je n’ai plus rien contre quoi me rebeller, qu’est-ce que je vais bien pouvoir devenir ? Je suis de leur côté, maintenant. (*musique dramatique*)
Sérieusement, en plus, c’est très instructif : les questions posées sur « L’Île close » me donnent une toute nouvelle perspective sur ce texte.
Soit dit en passant, je n’oublie pas que j’ai promis de la distribuer librement et que je suis horriblement en retard pour ce faire : j’ai manqué de temps et j’aimerais pouvoir proposer un mini-recueil électronique avec les textes gratuits au téléchargement. C’est en cours de réflexionnage.
Le guide d’étude est téléchargeable gratuitement ici.
Et bien félicitations! Tu es de leur côté? Hum… plus facile de faire bouger les choses de l’intérieur qu’en opposition frontale, non?
J’aime bien la deuxième question mais la 5 m’intéresse particulièrement : What is the emotional effect of Davoust’s mixture of traditionaland contemporary styles of writing and storytelling?
Sinon si ça t’intéresse pour ton mini-recueil électronique, je peux faire une lecture enregistrée. Je garantis pas le résultat mais si ça te plait, c’est à toi.
J’ai toujours eu un peu de mal à répondre aux questions sur les intentions et les discours sous-jacents aux textes : je trouve qu’ils doivent réussir à parler par eux-mêmes, sans mes sous-titres, et que c’est au lecteur de se faire son opinion. Ce n’est pas à moi de répondre aux questions – excellentes – posées par ce guide 🙂
Grand merci pour ta proposition, je suis intéressé à mort. On s’en reparle en privé.
Tu sais quand je mettais en avant ces deux questions ce n’était pas pour avoir ta réponse, juste que je les trouvais particulièrement bien vues, et qu’elles m’ont fait cogiter. 🙂
Suis d’accord avec toi c’est au lecteur de se faire son opinion, surtout que pour citer Gaiman « Intent and outcome are so rarely coincident. » (Sandman, Kindly ones) C’est toujours amusant d’avoir des retours sur un texte pour cette raison, pour découvrir d’autres choses dessus, et si tu poses ta « vérité » tu bloques ça aussi.
Pour le reste, on en reparlera.