L’Internet multimédia est une aide tellement invraisemblable pour l’écriture – découvrir un métier inconnu pour un détail dans une scène, appréhender l’ambiance d’un lieu par Google Street View, utiliser des dictionnaires puissants – que j’éprouve à la fois frissons d’angoisse et vénération sans limite pour les écrivains qui en étaient privés et réussissaient malgré tout à être justes et vraisemblables en sortant de leur zone de confort. Franchement, ça devait être autre chose, ma bonne dame, les jeunes d’aujourd’hui, ils savent plus ce que c’est de faire une recherche en bibliothèque.
Sauf que le Net, c’est aussi le mal, parce qu’il s’y trouve toutes les procrastinations que l’humanité a été un jour capable d’inventer (et en a même trouvé d’autre, pour le fun) : le mail, Facebook, le petit jeu qui réclame votre attention toutes les deux heures, un coup de clavardage1, et la journée fond. Développer sa discipline pour préserver sa concentration est à mon humble avis très utile et salutaire, mais cela peut réclamer un énorme effort de volonté qu’on peut étayer par de petits trucs. Et un petit truc, par exemple, consiste à se compliquer l’accès au Net. Non pas pour se le couper définitivement mais pour rendre la manipulation fastidieuse. L’intérêt est, au minimum, de rendre son usage conscient quand on vérifie ses mails dix fois par heure comme un rat appuyant sur la pédale de la machine à renforcement variable : c’est la première étape pour casser la compulsion.
Or, il y a une petite ligne de commande toute simple qui peut rendre ce service2. Il vous faut :
- Une machine Windows (XP au minimum, j’ignore si ça marche avant) sur laquelle vous êtes administrateur
- Une connexion Internet par modem routeur ou par box type Free.
Ouvrez l’Invite de commandes (Dans Tous les programmes > Accessoires) et tapez ce qui suit :
ipconfig /release
Hop. Vous avez perdu tout Internet. (Restez calme.) C’est l’équivalent virtuel de débrancher le câble réseau (mais ça évite de farfouiller sous le bureau : on a dit une manipulation fastidieuse, mais pas trop quand même, manquerait plus qu’on fasse de l’exercice).
Fermez ensuite la fenêtre. (Ajoutez-vous un maximum d’étapes pour restaurer le Net : retourner chercher cette Invite de commandes doit être convenablement agaçant pour que l’effet psychologique prenne.)
Pour récupérer votre connexion, c’est très simple. Rouvrez l’invite et tapez :
ipconfig /renew
Attendez deux secondes et vous voilà rebranché au monde. Vous pouvez respirer et vous offrir cinq minutes sur VDM.
- C’est le mot québecois retenu pour remplacer « chat », avouez que c’est quand même vachement plus classe que le consternant « éblabla » de notre Académie « /facepaume » Française. ↩
- Caveat d’usage : je décline toute responsabilité si cette manipulation casse votre connexion Internet, vend votre identifiant Facebook à des Nigérians ou vous fait accuser de pédophilie auprès de l’Hadopi. Ca ne devrait rien faire planter, c’est une fonction de base, mais à utiliser à vos risques et périls. Chez moi, en tout cas, ça marche parfaitement ↩
Aller bosser dans un café sans accès Wi-fi, ou dans le train, ou ce genre de choses, c’est pas mal non plus dans le genre. Même si je le fais nettement plus pour la traduction que pour l’écriture.
J’ai le problème de ne pas arriver à bosser loin de mon grand bureau avec des notes dans tous les coins… Mais je me soigne.
J’ai fait la même avec la vaisselle : mettre la réserve de vaisselle propre dans une autre pièce, comme ça on se dit que quand même, on va laver celle qui est là plutôt que d’alelr en chercher d’autre ^^
Couper le neeeeet ? Ça va pas gnon ? On sèvre pas un drogué brutalement sans surveillance :p
Sinon, en parlant de dictionnaires, il y a celui là aussi : http://www.cnrtl.fr/ (il me semble qu’il contient les deux que tu as donnés)
Ouep, très juste. Faudrait que je fasse un petit récapitulatif des dicos d’intérêt un de ces jours.
C’est marrant, j’y pensais justement ces derniers temps, à cette question de la discipline pendant le boulot. Étrangement (vu mon trophée de procrastination qui m’a valu de faire la moitié d’un mémoire en deux mois), je n’ai pas eu ce souci du tout. J’étais toujours connectée en traduisant, mais une fois Lolcat checké, ça suffisait. L’idée qu’on me demande de rembourser mon avance (déjà dépensée) suffit sans doute ^^
L’idée d’une deadline suffit aussi ; si tu déconnes, tu te mets dans la mouise. Ou alors j’ai juste pas de vie sociale (va se cacher)
De ce que j’ai vu de mes camarades, je crois que les classes prépas ont l’effet néfaste de t’habituer à bosser sous pression… Du coup je dois me la mettre un grand coup tout seul comme un grand, sinon j’ai tendance à laisser un peu trop filer le temps.
1) Écrasez votre modem avec un marteau
2) Pour remettre le net, recollez les morceaux.
La dernière note de Boulet colle assez bien avec ton billet : http://www.bouletcorp.com/blog/index.php?date=20110301
Pour ma part, des fois j’aurai envie de garder le net, mais de bloquer tout browsers, logiciels de messagerie et logiciels de communication, de manière à garder ma connexion. ne pas être perturbé, mais garder ma ligne active, surtout les jours de promo Steam où ca m’embêterait de couper le téléchargement de jeux de plusieurs dizaines de gigas (surtout que le net est mou à la campagne)
je gros souci de la navigation, aussi, c’est le WIWLF: “what i was looking for?” : on arrive avec un besoin, on se met à surfer… et on sait plus pourquoi on butine mollement !
Le billet de Boulet est excellent, comme bien souvent 😀
Il est vrai que l’idéal consiste à arriver à se discipliner, à surveiller l’envie de procrastiner pour s’en abstenir… et à ne pas se laisser gagner par le flux permanent d’informations qui nous baigne aujourd’hui. J’ai fini par y parvenir peu à peu mais je sais au premier chef que c’est beaucoup plus facile à dire qu’à faire 🙂