… pour une nouvelle en cours d’écriture (qui devra évidemment intéresser l’éditeur pour être publiée, bien sûr), toujours indépendante du reste, comme d’habitude. C’est une agréable cassure de rythme entre les volumes 2 et 3 de Léviathan que de reprendre la route aux côtés de l’Empire d’Asreth (qui sera une nouvelle fois le point focal de ce récit).
Pour se mettre dans l’ambiance…
Owiiiiii
Impatient de te lire, tu sais combien j’aime cet univers!
Merci! :))
« Point focal » l’expression est bien choisie! ça résume bien la façon dont le cycle se construit et s’agence autour d’Asreth. J’employai tapisserie avec les différents textes comme des fils, des trames participant d’un motif général mais le recours au focal rend compte du côté mosaique d’instantanés ou de points de vue. Bref, du coup j’ai jeté un coup d’oeil sur la définition de point focal et paff suis tombé sur le point focal comme point de Schelling intéressant aussi 🙂
Musique très sympa, dense et épique sans gros effets de manche.
On peut avoir qq mots teasing sur la nouvelle ou tu gardes ça secret tant que le texte n’es pas « placé »? ^^p
Nicolas Barret : En fait, j’aimerais bien parler d’autre chose aussi, à l’occasion. L’histoire d’Évanégyre est indissociablement liée à celle d’Asreth, et cette civilisation me fascine, mais il y a théoriquement d’autres fils dans le trame que je voudrais aborder aussi 🙂
Sur le texte, hmm… J’aimerais bien teaser mais j’ai peur d’avoir l’air bête si le texte ne convient pas et n’est pas pris… Je dois quand même pouvoir dire sans risque qu’on retrouve quelqu’un de La Volonté du Dragon, une trentaine d’années plus tard, après avoir fait beaucoup de chemin… au sens propre comme figuré. 🙂
Nicolas Barret : En fait, j’aimerais bien parler d’autre chose aussi, à l’occasion. L’histoire d’Évanégyre est indissociablement liée à celle d’Asreth, et cette civilisation me fascine, mais il y a théoriquement d’autres fils dans le trame que je voudrais aborder aussi 🙂
Sur le texte, hmm… J’aimerais bien teaser mais j’ai peur d’avoir l’air bête si le texte ne convient pas et n’est pas pris… Je dois quand même pouvoir dire sans risque qu’on retrouve quelqu’un de La Volonté du Dragon, une trentaine d’années plus tard, après avoir fait beaucoup de chemin… au sens propre comme figuré. 🙂
Comme t’es parti Lionel, dans quelques années tu pourrais proposer un « Martine en vacances à Asreth » que tu trouverais à le publier 😉 Longue réponse mais j’avais envie de t’expliquer comment je pense voir les autres fils que tu voudrais aborder et pourquoi selon moi, je peux me planter intégralement, ça n’engage que moi 🙂 et ça n’a aucune ambition.
Il y a quelque temps je t’avais dit que j’attendais un jour ton cycle de SF déjà avec le recul je me suis aperçu que Evanégyre l’était, finalement je trouve que derrière le côté fantasy il y a certains présupposés de SF ( selon plusieurs niveaux internes et externes).
Ensuite quelque part la façon dont tu procèdes me rappelle le développement de l’univers Hellboy en comics. Plutôt que de faire une série classique à suivre mois par mois chronologiquement Mignola procède par touches. D’abord c’était à différentes périodes d’Hellboy par des histoires indépendantes. Ensuite sont venues des miniséries. Puis le découpage avec les séries BPRD permettant d’explorer l’univers d’Hellboy selon un point de vue autre. Même si Hellboy est absent, son influence reste présente en creux. Dernièrement avec Hellboy : the Fury et le lancement de BPRD Hell on Earth on a même eu droit a quelque chose de très fort, Mignola a conclu la deuxième partie d’Hellboy reliant une foule de fils, Hellboy empêche l’apocalypse. Toutefois dans BPRD HoE on voit les conséquences « pratiques » avec les incidences collatérales qui sont loin d’être anodines. BPRD HoE montre les membres, les humains gérant cette nouvelle donne à un niveau planétaire tandis que Hellboy in Hell à venir en août montrera le héros en enfer pour la fin du cryptique. Entre temps on a des BPRD situés juste après la seconde guerre mondiale aussi.
C’est difficile de résumer plus de 25 ans du cycle en une dizaine de lignes mais ça te fait une idée du fonctionnement.
Ca m’a fait réfléchir à ton Evanégyre, certaines histoires présentent peu Asreth directement, mais l’influence reste présente en induit. Pour le moment nous avons (lecteurs) différents points de vue sur Asreth, j’adore ça parce qu’on se fait une représentation de l’Empire créé à partir de ces touches, il n’y en a aucune de donnée clairement par toi, c’est au lecteur de se forger son idée. Ce qui présuppose une grande confiance dans le lecteur du coup, et en même temps si celui-ci veut juste passer un bon moment il peut le faire, chaque texte étant lisible pour le plaisir sans problème, indépendamment du reste du cycle.
(je pars dans les prédictions attention!)
Je pense que tu vas explorer la ligne temporelle pour montrer Asreth à différentes étapes de son développement. (Tôt ou tard le futur apocalyptique auquel fait allusion la Dragonne mais pas seulement) Ensuite je dirais que certains personnages vont commencer à se retrouver entre les histoires et fournir une autre ligne de cohérence. Ca me semble nécessaire narrativement et puis tu aimes trop la psychologie des personnages pour te priver de la possibilité d’explorer l’évolution de certains avec les années, les évènements. (Donc ton teaser me convient tout à fait!)
Enfin d’autres textes présenteront Evanégyre selon des points de vue vraiment autres.
Bref… un boulot de titan mais intelligemment tu évites l’écueil des « histoires du futur » où annonçant une tapisserie énorme l’auteur se retrouve à devoir, s’il se laisse gagné par le risque de l’exhaustivité, combler les trous de sa chronologie plus par obligation qu’autre chose.
Evanégyre est un projet titanesque et je me rends bien compte que nous n’avons vu pour le moment que la face émergée de l’iceberg mais la façon de procéder que tu emploies fait que tu parviens quand même à rester léger pour le lecteur : pas besoin d’être un aficionado maniaque pour prendre du plaisir et s’y retrouver. Je me dis que de ton côté ça te ménage de grands espaces de liberté, Evanégyre me semble un projet sur le long terme auquel tu reviendras régulièrement entre des gros blocs plus resserrés dans le temps comme Léviathan actuellement.
Bon j’ai utilisé l’univers Hellboy en SF j’aurais pu parler des Seigneurs de l’Instrumentalité mais parfois Smith ne me convainc pas entièrement (même si je me battrais becs et ongles sur certaines nouvelles)
J’aurais dû prendre la métaphore du cycle des Berserkers en fait ^^ C’est proche de la façon dont je vois le fonctionnement d’Evanégyre 🙂
Nicolas Barret : Merci beaucoup pour la comparaison avec Hellboy, j’avoue ne pas connaître l’univers mais impossible de ne pas être flatté par la comparaison avec un tel monument…
Je suis assez bluffé par la prédiction que tu fais concernant le développement de l’univers! C’est effectivement le but à long terme, la façon dont j’aimerais le construire. Asreth est une civilisation par nature ambigüe (plus encore qu’on n’imagine en fait), et c’est une chose qu’il me tient à coeur de monter. La trame globale est établie et je connais les thèmes que je veux aborder (il y a beaucoup de choses autour de Mordranth, comme tu t’en doutes), mais une planète, c’est grand, et des millénaires, c’est long. Il y a volontairement beaucoup de zones d’ombre dans les détails, les interstices de l’histoire et de la géographie, or c’est justement ça, à mon humble avis, qui intéresse le lecteur, qui concerne les vrais récits: la petite histoire, pas la grande. La chute ou la survie d’un Empire intéresse peu, ce qui compte c’est l’impact sur les personnages. Cela entraîne aussi deux conséquences: plus de liberté dans la création, mais surtout, une prise de risques constante, une création constante, ce qui me force à explorer et, je pense, rend le monde vivant au lieu de le laisser figé.
Merci pour ta lecture très attentive et très bien vue de l’univers… Ca me touche vraiment que tu lui prêtes une telle attention et une telle réflexion. C’est vraiment bien vu (en tout cas pour les intentions; pour la réalisation, on verra si j’y arrive).
Oui c’est ça, l’exhaustivité est un écueil pour ce genre du projet tant pour l’auteur que pour le lecteur. Les grandes histoires du futur ou les grands cycles planétaires globaux ne peuvent plus fonctionner aujourd’hui: il y a une part bluffante comme tu peux être en émoi devant la masse physique d’une cathédrale mais quelque part tu perds l’identification, le lecteur se trouve tellement petit qu’il reste en dehors. Les planetary romances comme les histoires du futur doivent être envisagées sous forme fractale quelque part, en tout cas c’est ce que je pense aussi: les personnages et les impacts sur eux… oui, au bout du compte on en revient toujours à ça, c’est la clef de voute.
Après pour l’attention et la réflexion, je ne me dis pas tiens je vais décortiquer Davoust, je sens une similarité avec ta façon d’envisager les choses, une parenté sur pas mal de thématiques aussi, alors ça vient assez naturellement. Et puis honnêtement, je m’aperçois que ça me fait avancer à titre perso, il me faudra encore quelques années pour la réalisation pratique mais j’ai le sentiment de vraiment avancer, quelque part t’es un un peu un lièvre pour moi, c’est chiant de courir tout seul, quand t’as un partenaire de course même beaucoup plus fort ça pousse à se dépasser ou à tenir.
Ca fait plusieurs fois qu’on en parle maintenant tu sais que pas mal de mes références se trouvent dans le comicbook us, cette influence s’avérant de plus en plus profonde pour moi, ce qui me fournit un gros travail aussi parce qu’après il s’agit de savoir comment transposer dans le domaine de l’écriture « classique ».
Hellboy est un pinacle de création littéraire: comme ton Asreth, Hellboy est le point nodal, beaucoup de choses tournent autour de lui, mais au fur et à mesure Mignola a développé d’autres points de vue. Je t’ai fait un topo sur les liens BPRD et Hllboy mais tu as aussi une troisième voie avec un enquêteur surnaturel sous Victoria donc les fils prennent de plus en plus d’ampleur. Chaque pièce est un petit morceau d’orfèvrerie mais si tu le désires tu prends un peu de recul et là tu vois l’édifice dans sa totalité, la mécanique aux engrenages parfaitement huilés pour une autre forme de plaisir. C’est ce que je ressens avec Evanégyre.
Un des trucs que je te dois c’est l’acceptation d’un temps nécessaire, j’en ai encore pour un moment mais j’essaie de trouver le curseur entre ce temps nécessaire de maturation et l’obligation d’actualiser, en m’imposant des deadlines. Ca plus un rapport plus posé aux réalités matérielles qui me font mettre l’accent sur la volonté de stabiliser ma situation professionnelle, quitte à perdre un an ou deux sur l’écriture, c’est une course d’endurance pas un sprint. Les choses sont simples quand on prend certaines réalités en compte, je n’ai pas envie d’être un mercenaire de l’écriture, donc je dois m’assurer un boulot permettant de payer les factures et une certaine stabilité pour tisser ma tunique de Pénélope. Accepter aussi certaines thématiques, si elles reviennent si souvent c’est qu’elles ont une raison, donc les explorer à titre perso pour y revenir dans l’écrit.
Je n’écris pas comme je voudrais mais d’un autre côté, ce que tu me dis me fait du bien, ça me conforte un peu dans le fait que je ne suis pas un mauvais lecteur 🙂
Intentions et réalisations… Je termine par une citation du Sandman de Gaiman : « Intend and outcome are rarely coincident. » Si c’est quasiment impossible, le travail consiste à les rapprocher le plus possible. 🙂
Mon humble expérience a fini par m’enseigner que la résolution des difficultés et le cheminement qu’elle implique était finalement aussi important et riche d’enseignements que l’écriture elle-même. Comme dans l’existence en fait, où les épreuves valent davantage par ce qu’elles t’apprennent que par leur simple résolution. (OK, c’est plus facile à dire quand on a de la hauteur qu’au fin fond de la galère, mais c’est l’effet que ça me fait…) Donc, bon courage : quoi qu’il arrive, même quand on a l’impression de stagner, tant qu’on continue à se battre, on avance ! 😉