Rappel des règles du jeu : il s’agit d’écrire pendant vingt minutes sur un, ou plusieurs éléments, remaniés ou non, de la liste ci-dessous. L’article initial de la série se trouve ici.
Ces conflits indirects forment des moments de friction, où la tension narrative se développe, où les personnages se complexifient, réagissent à la frustration. Comment ? Qu’est-ce que cela révèle sur leur nature profonde ? Quelle différence ressentez-vous par rapport au premier exercice de la série, où l’affontement était direct ?
Déclencheurs : conflit indirect
- Retardé par les éléments
- On ne s’aime pas mais on bosse ensemble
- Je t’aime, mais ce n’est pas réciproque
- On s’aime et ça rend tout très compliqué
- D’accord sur la finalité, pas sur les moyens
- Se justifier à un supérieur
- Négociation difficile
- Personne ne m’écoute jamais
- Trop de pression sur mes épaules
- Gagner ta confiance
Mais d’où tu sors tes images ? Depuis le début elles m’intriguent. Et celle-ci je l’adore 🙂
A travers l’ultime recherche Google Images : « motivation demotivation ». :p
Les gens qui n’aimaient pas, pour elle, n’étaient qu’à moitié vivants. Son amour l’animait depuis leur première rencontre, il y a quinze ans de cela, alors qu’elle venait d’entrer dans l’adolescence. En réalité, malgré leurs rencontres trop rares et trop brèves, c’était son aimé qui avait contribué à façonner sa personnalité – son caractère émotif, que d’aucuns disaient trop sensible, sa capacité à se passionner pour un sujet et à l’abandonner en un instant dès la première déception, sa propension aux larmes et son amour de la solitude.
Quand elle appelait l’aimé, il se dérobait ; pourtant, elle revenait toujours le voir. Il est vrai que l’aimé ne pouvait pas quitter l’endroit où il vivait, ce coin calme d’une rivière au milieu d’un bois.
Elle avait décidé de changer leurs rendez-vous trop rares. En général, elle venait vers lui, s’allongeait sur la terre douce et plongeait ses bras dans l’eau fraîche en attendant son arrivée ; lui se manifestait par un jeu de lumière et une chaleur presqu’électrique qui touchait le bout de ses doigts et se répandait le long de ses bras. Il lui parlait aussi, de temps en temps, lui chuchotant les secrets de la forêt et des histoires sur les gens de son entourage à elle, sans qu’elle ait besoin de rien lui dire. Ensuite, trop vite, il partait.
Aucun être humain n’arrivait à la hauteur de son amour. Lui, l’aimait-il ? Elle devait le reconnaître : rien n’était moins sûr. S’il ne l’aimait pas du tout, il aurait pu l’ignorer. S’il l’aimait, il aurait pu au moins se montrer complètement.
Au seizième anniversaire de leur rencontre, elle décida de le mettre au pied du mur, si l’on peut s’exprimer ainsi. Elle vint à la rivière, et vit le peuple des esprits des eaux virevolter comme à l’habitude. L’eau fut agitée d’un petit tourbillon, et il arriva.
Sans cesser de le fixer, elle se débarrassa de ses vêtements, puis entra dans l’eau. Bien sûr, elle eut la chair de poule, comme si tout son corps protestait contre cette baignade ; mais elle n’avait pas l’intention d’écouter son corps. Inspirant un grand coup, elle plongea.
Les cheveux déployés en volutes au-dessus de la tête, elle le vit enfin tout entier. Et elle eut la réponse qu’elle cherchait : il ne l’aimait pas.
Mais il était déjà trop tard.
Bravo Sabine pour ta persévérance et ta fidélité au rendez-vous 🙂