Un petit sujet pas polémique, tiens (enfin, je ne crois pas), mais qui revient assez régulièrement sur les réseaux sociaux, du coup, comme pour toute question récurrente, je m’efforce d’en faire un article pour placer toutes les informations au même endroit.
Ce dont il est question :
Si vous avez lu Léviathan, je parle des orques au masculin. Résolument. Pas les orcs à la Tolkien, hein, les trucs noirs et blancs qui figurent là (/^ – |^ – rhaa zut, en haut à droite, quoi).
Ce mot a toujours représenté une des savoureuses “difficultés” de la langue française. (Il figure d’ailleurs dans le Jouette, outil tellement indispensable que les vieilles versions montent à 200 euros en occasion.) Si l’on consulte la bible du français, le Trésor de la Langue Française Informatisé, on lit que
… orque est un substantif féminin. (Ce que confirment tous les dictionnaires modernes). Sauf que. Piquons un vieux Robert1 :
Le genre du mot a toujours été un peu flou. J’avais un vieux Larousse (si ma mémoire est bonne) qui, d’ailleurs, ne se mouillait pas et donnait les deux genres. Or, récemment (il y a quelques années), l’Académie Française a tranché : comme le reflète le TLF, orque est féminin.
Sans vouloir être mauvaise langue (tout en l’étant complètement quand même), quand on voit les récentes néologisations absurdes de l’Académie (mél, cédérom), on peut songer que la décision prise était forcément la mauvaise.
Toutes les années où j’ai travaillé au contact des orques, en captivité puis en biologie marine, tout le monde parlait des orques au masculin. Les rares à employer le féminin suscitaient un moment d’arrêt autour d’eux, comme s’ils venaient de dire “un voiture” ou “une pain ». Je ne prétends pas que nous avions raison dans notre usage, mais c’était notre usage et, de ce que j’en ai vu, il était répandu.
Je le conserve donc résolument à l’oral comme à l’écrit, parce que je considère qu’à travailler près d’eux, à les étudier (je fais ici référence aux scientifiques que je côtoie), on décide mieux du genre d’un terme qui représente une réalité quotidienne et tangible, que reclus à décider qu’« e-mail » deviendra “mél” alors que le parfait “courriel” québécois existe. Les écrivains ne subissent pas leur langue, ils l’utilisent, contribuent à la façonner, la recréent même parfois, et chez moi, les orques seront toujours de genre masculin. Tant pis si, depuis, les dictionnaires ont décidé que c’était un barbarisme.
L’Académie Française a tranché très certainement en se basant sur la racine latine du mot (orca, ae), qui est féminin. Mais je suis d’accord avec ce que tu dis ! 🙂
Perso, “un” orque me choque autant que “une” tentacule.
ou “une pétale”… quelle horreur !
haha, en gros tu dis “fuck” à l’académie 🙂
Pour ma part, même si j’ai plaisanté avec ça, je ne suis pas du tout choqué par le fait que le mot soit utilisé au masculin. Par contre, je le suis par le fait que ces grabataires de l’académie* aillent contre l’usage courant de ceux qui utilisent le plus souvent ce mot. Mais bon, d’un autre côté, s’ils entérinent les usages, ils se révèlent encore plus inutiles qu’ils ne le sont déjà.
*Sans majuscule, ces cuistres ne la méritent pas.
Je ne te jetais nullement la pierre Fabrice, navré si j’ai pu laisser entendre le contraire 🙂 La question était parfaitement légitime et ce n’est pas la première fois qu’elle se présente, d’où ce petit article. 🙂
Et moi, navré si j’ai pu laisser entendre que je pensais que tu me jetais la pierre… je ne t’en fais nul reproche, surtout que je dois reconnaître que c’est quand même un peu moi qui ai lancé le pavé dans la mare. 😉
Mais par contre, tu peux continuer à lancer des «pavés» comme Léviathan, je serai toujours preneur. 😉
Merci à toi 🙂
Je dis toujours un orque, et pas l’intention de changer !
et si c’est une femelle, tu dis quoi ?!
Une Orquette ^^
Dans le doute et au feeling j’aurais envie d’écrire “un” orque parce que l’animal est agressif. Mais on dit bien un dauphin aussi…
Sophie : Un orque femelle. Par facilité de conversation et par affection, il nous arrivait de dire “une” orque (femelle) dans le milieu des zoos, mais là on considérait vraiment que c’était de l’abus, comme une manchotte ou une pingouine. 😉
Orca est une super villaine, donc c’est un argument pour le féminin 🙂 (et oui! une ennemie de batman est basée sur l’orque)
http://mancave.cbslocal.com/2012/07/20/villains-who-will-never-appear-in-a-batman-movie/
(orca est le 4, après la liste est pas géniale, l’absence de KGBeast l’invalide)
Une vraie réponse quand même… Moi j’aime bien le féminin pour une animal typiquement mâle dans mon imaginaire 😉
Sinon… j’ai lu Prière à Aarluk sans que ça ne me choque, je l’ai enregistrée sans que ça ne me choque non plus. Après j’ai un avis double à titre perso, si j’utilise l’orque animal je mettrais au féminin, quand mes gamins avaient fait leur exposé dessus je leur ai signalé. Dans une version plus récente de Amours serpentines j’ai une scène de jugement onirique avec une orque sauf que là c’est le symbole, qui plus est le symbole comme visualisation de Samäel et je l’utilise au masculin. Peut être aussi en partie parce que j’ai été influencé par Aarluk maintenant que j’y repense.
Ce qui est marrant c’est que, en partant sur les orks, inventer un autre terme pour un type de créatures équivalentes et lui donner un genre féminin produirait un effet assez étrange. A creuser, tiens.
Une dernière en écho à David K. Nouvel, l’orca a donné l’orque marine, Orcus, l’orcus ou l’orco a donné l’orque tolkénien.
Tout d’abord je trouve vraiment dommage de se priver d’utiliser le féminin pour l’orque.
Quelques mots au sujets des gros nazes de l’académie…
Tout d’abord au sujet de Mél, il est rappelé, tout en haut de cette page :
http://www.academie-francaise.fr/la-langue-francaise/questions-de-langue
Que ce terme est pensé pour être une abréviation au même titre que Tel. Il n’a pas été définit pour remplacer courriel.
Sinon, j’ai tendance à trouver que la page indiqué ci-dessus, ainsi que quelques autres :
http://www.academie-francaise.fr/dire-ne-pas-dire
http://www.academie-francaise.fr/la-langue-francaise/terminologie-et-neologie
Sont vraiment à la fois judicieuses, riches et souvent nuancées comme pour valider le droit à l’évolution de la langue. Qu’une tendance de l’académie est de souligner lorsque des mots anglais sont utilisés alors que des équivalents français existent. Dernier exemple le “podcaster” utilisé à qui mieux-mieux par les radio pour dire “télécharger” alors même que “to cast” signifie diffuser : http://academie-francaise.fr/sites/academie-francaise.fr/files/podcasting.pdf
Ce ne sont pas que des gros nazes. Et tous les usages ne sont pas bons non plus, on est d’accord.
Mais, bon dieu, “cédérom », quoi. Sérieux.
Ouais, c’est surtout que tu ne veux pas réimprimer les trois tomes de Leviathan pour corriger ton scandaleux usage du masculin !
Mais un girafe, alors ?
Tiens, dans la foulée, je propose que l’on débatte du manchot et du pingouin !
Nicolas : Cette page est quand même magique. Quelles idées déplorables 🙂
Sinon, intéressant que tu aies utilisé un orque, faudra que tu m’en dises plus de visu.
Déplorable, je suis d’accord. L’omission de KGBeast invalide l’ensemble, tu regarderas le design du personnage, déjà tu abandonnes tout espoir de crédibilité, pas la peine de s’appesantir sur le nom je pense…. Mais surtout il fournit juste la scène la plus stupide que j’ai jamais lue dans un comics : KGBeast se retrouve avec la main coincée sous une corde et pour s’enfuir il se la coupe avec une hache. Vertige WTF : le type a une hache, plutôt que de couper la corde il se tranche la main ???
http://www.the-isb.com/?p=2631
Je te parle de l’orque par mail (hyper court)
Sinon avec Toubon, on avait eu des indications de termes à utiliser devant les élèves: Surfer sur le net, devenant “Butiner la toile”…
Complètement d’accord avec toi, Lionel. Pour avoir fait aussi mes classes en biologie marine (mais pas au contact d’orques malheureusement, plutôt les anémones)(aussi gracieuses et mortelles qu’un orque, ceci dit), je suis aussi attaché au masculin pour ce terme. Et partisan du bûcher pour ceux qui ont inventé “mél”, “cédérom” et, pire encore “l’internet”.
Aaah, merci beaucoup, cher camarade et collègue 🙂 Ca me fait plaisir que toi aussi tu confirmes.
J’aime bien écrire “dévédé” et “blouré”, aussi. Par pure perversion.