OK, avec tous les remous qui agitent la question du genre, du mariage pour tous à l’article de Mar_Lard sur le sexisme dans le milieu geek en passant par les innommables lois anti-avortement dans les États fondamentalistes du sud des USA, on voit surgir un nouveau machisme en réaction aux progrès acquis par les droits des femmes et sur les rôles en général. Une espèce de patriarcat bon teint, qui ressemble un peu au racisme bon teint, c’est-à-dire la profération d’âneries (voire d’horreurs) comme des évidences bénignes.
Je crois qu’il est temps de dire une bonne fois pour toutes que les vrais mecs sont féministes.
Caveat : C’est un peu difficile, quand on appartient à la population dominante comme moi (mâle blanc hétéro), de parler de ce genre de sujet ; on y fait promptement, mais involontairement, preuve de condescendance envers la population qu’on s’efforce de défendre, ce qui est une forme insidieuse de domination. Qu’il soit donc déclaré tout de suite, ô, mes soeurs humaines, que j’ai conscience de la place (chanceuse) que j’occupe, et que toute possible imprécision de ma part n’est pas de la condescendance, mais de l’ignorance – le débat est ouvert en commentaires. Je n’ai volontairement pas fait relire ce article par une femme pour qu’il soit brut de décoffrage, dans son (possible) aveuglement comme sa (réelle) sincérité : ainsi, espérons-le, parlera-t-il aux autres mâles blancs hétéros (auquel il s’adresse surtout, puisque les femmes, en principe, seront convaincues). Je remercie aussi toutes les nanas que j’ai croisées (et espère bien croiser encore !) pour les discussions riches d’enseignements.
Nous prendrons également pour acquis que la domination masculine est un fait indéniable. S’il y en a ici pour en douter, juste deux données françaises piochées sans forcer : droit de vote accordé aux femmes en 1944 en France ; 20% d’écart de salaire à l’heure actuelle1 Enfin les commentaires sont bienvenus, mais, les mecs, merci d’éviter le second degré lourdingue. Vous n’êtes pas drôles. Pour le reste, je rappelle que je modère sans pitié.
Ceci étant dit : dans une formule provoc’ comme celle du titre de l’article, il convient de définir les termes, pour montrer en quoi, finalement, elle n’est pas provoc’ du tout.
Le féminisme
Loin de moi l’idée de me prétendre expert ni même de faire un panorama de la question. J’avoue volontiers une certaine ignorance, et les mouvances sont, par ailleurs, multiples. Voir le caveat. Cependant, il me semble qu’il n’est pas nécessaire de faire un doctorat de sciences sociales pour faire de ce mot une notion opérante au quotidien (ce qui est plus immédiat que des thèses), quand on essaie de se comporter en être humain décent (ce qui est un processus constant semé d’embûches).
Le féminisme, c’est défendre les droits des femmes, c’est tout. Et les droits des femmes, ce sont les droits de l’homme (en tant qu’espèce biologique). Genre, les mêmes. Traiter les femmes comme des êtres humains (ça semble basique, mais ça échappe à beaucoup). Ça représente, sans se limiter à :
- Respect et dignité de la personne en tant qu’être humain (tu t’habilles comme tu veux sans avoir peur, par exemple)
- Liberté, en particulier de disposer de soi (c’est ton corps, tu en disposes comme tu l’entends)
- Pleine reconnaissance de la différence (eu égard, en premier lieu, aux fonctions biologiques qui sont asymétriques dans notre espèce – je le dis pour ceux qui ont séché les cours de SVT)
- Égalité des droits
Ha, la fameuse égalité des droits, l’argument de discorde, en général. Promouvoir l’égalité des droits pour les femmes conduit le sexiste de base à redouter une restriction des siens. On se demande comment (comme on se demande comment les chrétiens traditionalistes peuvent se sentir menacés par le mariage pour tous : en quoi donner aux uns des droits relatifs à la personne en priverait les autres ?) – sauf si ces fameux droits sont fondés sur une exploitation ou une domination d’autrui.
Tiens donc.
Je me tiens le plus loin possible de Freud et Lacan, mais je connais un peu mes corréligionnaires masculins, et je crois que la résistance à l’égalité prend principalement racine dans la frustration sexuelle et, inconsciemment, d’une ambiguïté envers la féminité, vécue comme un mystère, et donc anxiogène. (Ce n’est probablement pas la seule cause, mais celle-ci me semble profonde, et quasi-suffisante, en tout cas pour un article de blog crypto-subjectif comme celui-ci.) L’être humain redoute ce qu’il ignore, et tend à dominer ce qu’il redoute.
Par conséquent, je crois qu’il y a, au coeur de la domination masculine, une angoisse de la frustration sexuelle, voire, au-delà, d’une frustration esthétique (qui englobe tout le reste au sens large, si l’on postule un noyau hédoniste à l’être humain). Sinon, pourquoi la notion de dissimulation du corps féminin serait-il tant répandue à travers le monde et érigée comme principe ? Pourquoi la première forme d’oppression masculine sur les femmes est-elle sexuelle ? Pourquoi les femmes sont-elles tant présentées comme des « tentatrices », en particulier dans le vocabulaire religieux (… où le célibat, d’ailleurs, est la norme) ? (Les mecs sont-ils donc si fragiles qu’ils ne savent résister à la tentation ? Bah alors, mes bichons ?)
C’est bien qu’il existe une population masculine tragiquement dominée par des pulsions dont elle ne sait que faire, et qu’elle ne sait assouvir que par la violence, trop mal équipée pour imaginer qu’il existe d’autres registres d’interaction2. Comme un enfant frustré et gâté réagit par le caprice. Je m’arrête là, ça nous entraînerait trop loin, mais vous voyez l’idée (j’espère).
Ce que ne voient pas les sexistes de base (en partie, soyons un peu magnanimes, à cause de siècles de façonnement social, ce qui ne se change pas en un an, mais évolue heureusement peu à peu), c’est que les droits ne sont pas une quantité finie, que si on en donne aux uns, on en enlève aux autres. Il faut ici mentionner le rôle qu’ont joué certaines mouvances extrêmistes du féminisme qui ont donné l’impression, par l’emploi d’une rhétorique guerrière, qu’il s’agissait de destituer les hommes de leur situation. On peut tout à fait comprendre la révolte féministe qui conduit à de tels extrêmes, mais non, les gars, détendez-vous, contrairement à ce qu’on entend ici et là, le féminisme ne vise pas à vous dominer. Et vous êtes un peu couillons si vous le croyez, excusez-moi. Si on vous l’affirme froidement et avec le plus grand sérieux, vous avez parfaitement le droit de répondre posément à votre interlocueur ou trice que c’est un(e) idiot(e), et d’aller discuter avec quelqu’un d’un peu plus intéressant.
En revanche, la révolte est, elle, parfaitement compréhensible, et elle n’est pas à minimiser, ni à prendre de haut. Une révolte est un signal qu’il y a quelque chose de pourri au royaume du Danemark. Know the difference, it can save your life.
Il y a une façon positive de répondre à l’inégalité (de salaire, de traitement, etc.), et c’est en réfléchissant à la façon dont on peut améliorer le sort de tous, et/ou travailler (quand c’est pertinent) à la symétrie.
Case in point
Pour être plus clair, et parce que, comme je l’ai dit, je n’ai pas de définition ni de principe, seulement des questions et une quête de réponses que j’espère opérantes dans l’existence, prenons le cas – pour revenir à la frustration sexuelle et esthétique née de la crainte du mystère féminin – du corps de la femme considéré comme objet. Exemple : une fille nue dans une pub sert à vendre du yaourt. Un groupe féministe s’énerve en râlant qu’on n’a pas besoin de foutre une meuf à poil pour vendre du yaourt. Le sexiste de base répond : « C’est du fascisme ! On ne peut plus rien dire, on est en pays libre, et si on a envie de voir des meufs à poil, merde ? Rentrez à la cuisine, lol, etc. »
Sens-tu, ô auguste lectorat, sous-jacente à cette protestation, la frustration sexuelle et esthétique ? Sens-tu aussi la parfaite incompréhension entre deux discours placés sur des plans qui n’ont rien à voir ?
Ce qu’il faut voir, c’est que si les femmes protestent contre le fait que leur corps soit utilisé comme objet, je crois, il me semble, que c’est avant tout parce qu’il est au service (quasi-)exclusif des hommes et l’héritage de siècles de domination masculine. Une forme de symbole. Ce qui entraîne une protestation que je trouve légitime.
OK, on est là. Que fait-on ?
Soit l’on arrête de montrer le corps féminin, point. C’est illusoire (étant donné les lois du marketing moderne), c’est problématique (parce que la frustration risque certainement de ressortir avec violence, comme en témoigne tristement l’histoire humaine), et bon, c’est esthétiquement dommage, parce que nu et élégance ne sont pas mutuellement exclusifs, comme le prouve le nu dans l’art à travers les âges (l’usage qu’on en fait est plus tangent, mais restons simples).
Mais le problème, éthiquement, vient-il de 1) l’usage du nu féminin en soi, ou de 2) la dissymétrie dans la représentation entre genres ?
Les moralistes répondront 1). Je pense et préfère 2) (et je pense que combattre 1) est un épouvantail rhétorique).
Avant de prôner toute dissimulation, on peut s’interroger sur les notions d’usage en soi du nu et d’égalité. Solution (défendue, presque quotidiennement dirais-je, par Maia Mazaurette) : que diable, faisons du corps masculin un objet aussi, permettons-lui d’acquérir un potentiel érotique qui soit le pendant du féminin ! Hey, du coup, tout le monde peut mater, personne n’est frustré, chacun ses codes, c’est cool, et personne ne se sent plus instrumentalisé que l’autre. On déplace la question de « Faut-il montrer le corps de la femme ? » à « Faut-il montrer le corps ? » ce qui me semble une question plus intéressante et, surtout, dénuée de sexisme et des dérives qui l’accompagnent, parce qu’il n’y a pas lieu d’avoir deux poids, deux mesures. Ce qui est le fond de la question ici.
Évidemment, on n’y est pas. Mais ça progresse un peu, me semble-t-il. Le plus important, c’est qu’on donne à tous le choix d’être instrumentalisé ou pas, comme il le souhaite, si c’est son désir ; le fond du problème, c’est la réciprocité.
Les vrais mecs
Donc, si, au coeur de la domination masculine, il y a une peur née de la frustration, il vient que le sexisme prend racine dans une vision infantile du soi et de l’autre.
Les sexistes de base ne sont rien de plus, psychologiquement que des petits garçons. Des petits garçons, car ils ont peur des femmes ; parce qu’ils n’ont pas conquis et réalisé leurs pulsions ; parce qu’au lieu de mener des combats constructifs (c’est-à-dire en réfléchissant à ce qu’ils sont et en réalisant leur potentiel), ils se défaussent par la bêtise, la discrimination et l’oppression et appellent ça être un « vrai mec » (ce qui colle la honte à tout le reste de la compagnie, pas merci, les gars). Psychologiquement, seul un enfant, un petit garçon, est impressionné par une femme, soit l’archétype à la fois tout-puissant et protecteur de la mère, envers qui il est placé en position de dépendance affective3.
Alors, si la notion – absurde et bancale, c’est clair – de vrai mec définit, disons, une situation mûre et adulte dans l’existence, indépendance et liberté, alors il vient que le « vrai mec » n’est pas gouverné par la peur, mais par la réalisation. Un vrai mec, selon cette acception, n’est autre qu’un vrai être humain, en définitive. En particulier, il n’est pas gouverné par la peur de perdre des prérogatives dominatrices, parce qu’elles ne le définissent pas ; il ne domine pas autrui, il se domine lui-même, et c’est de là que viennent ses accomplissements ; s’il peut bien sûr éprouver la peur, il la reconnaît, l’affronte et s’efforce de la conquérir.
Un vrai mec – un vrai être humain – est féministe parce qu’il a une identité suffisamment robuste pour ne pas se sentir menacé dans sa psyché infantile, parce qu’il accueille au contraire l’égalité des droits comme un progrès pour tous. Ce qui aligne le féminisme à l’intérêt de la personne, quel que soit sa situation.
En définitive
À mon sens, et de mon point de vue de mâle blanc hétéro :
Être féministe, c’est choisir un employé ou un collaborateur sur la compétence du boulot qu’il/elle sera amené(e) à faire, homme ou femme.
Être féministe, c’est considérer que quand on refuse aux femmes le droit de disposer d’elles-mêmes, c’est un peu de l’épanouissement de tous qui s’évanouit.
Être féministe, c’est avoir le droit de penser d’une femme qu’elle est idiote, non pas parce que c’est une femme, mais parce que c’est un être humain idiot.
Être féministe, c’est trouver que tenir la porte à une fille, c’est cool, tout simplement parce que c’est sympa d’être sympa. Et oui, peut-être que la fille est jolie. Et alors ? C’est sympa d’être sympa avec une jolie fille. Moi aussi j’apprécie qu’on soit sympa avec moi. Faut-il que les choses soient plus compliquées que ça ? Être féministe, c’est aussi trouver qu’une jolie fille court vêtue qui se promène dans la rue est magnifique – point barre. Et que c’est cool. Merci d’avoir illuminé ma journée. (Pour être clair : non, ce n’est pas une s*****, elle fait ce qu’elle veut.)
Être féministe, c’est considérer que quand on force les femmes à se taire, c’est une diversité de parole et d’opinion, salutaire et nécessaire, dont on se retrouve tragiquement privé.
Diminuer les droits des femmes, c’est restreindre les droits de tous ; c’est infantiliser, ultimement, une population masculine qui ne sait comment résoudre son insécurité. Si tout cela n’est pas une raison amplement suffisante4 de défendre ces droits, je ne sais pas ce qu’il faut. Il n’est pas besoin d’aller jusqu’à la manifestation publique pour se dire féministe. Simplement, déjà, agir soi-même, soit surveiller ses actes et son langage, les questionner en particulier quand on est un mâle blanc hétéro, pour se demander si actes et langage ne viennent pas de présupposés ataviques et non de la vérité de soi, il me semble que c’est un bon début quand il est sincère5.
J’entends d’ici, encore, les petits garçons qui hurleront à la censure. En ce qui vous concerne, on va être clairs, il s’agit juste 1) d’arrêter d’être con 2) de piger qu’en vous remettant en cause et en cherchant sincèrement comment contribuer à la communauté, vous contribuez à améliorer votre propre condition et 3) de consacrer votre énergie à devenir ce que vous voulez être au lieu d’empêcher les autres de le faire par misère intellectuelle et affective. Vous êtes capables ne serait-ce que d’essayer, ou bien vous êtes trop faibles et peureux pour ça ?
- En revanche, contrairement à la légende, il n’y a jamais eu de Concile pour déterminer si les femmes avaient une âme. Mëme si j’avoue que l’anecdote est savoureuse. ↩
- Sur la violence comme principe, je ne la fustige pas en soi. Nietzsche affirmait que « tout ce qui est important vient en surmontant quelque chose ». La violence est potentiellement créatrice, tant qu’elle est orientée de façon juste, tout comme l’atome ou le marteau, c’est-à-dire par sur le(a) voisin(e). ↩
- Je ne parle pas de l’OEdipe freudien, lequel est – à ma connaissance – fondamentalement sexuel. ↩
- Car qui relève de l’intérêt personnel et immédiat de l’individu ; bien qu’égocentré, c’est toujours le motivateur à la fois le plus simple et le plus efficace. ↩
- Je ne prétends d’ailleurs pas y arriver, et ce n’est pas à moi de le déclarer de toute manière ; je ne peux que m’y efforcer, l’opinion et le ressenti sont, par définition, l’affaire des autres, qui – truc de dingue – communiquent alors… ↩
Oui tout à fait. Pour presque tout. Mais tu ramènes les droits de la femme au physique, (3/4). Or, le sexisme se retrouve dans des centaines de petites phrases assassines et dites sans penser à mal mais qui dévalorise la femme dès son enfance et pas seulement sur son physique mais bien sur le reste, ce qui mène d’ailleurs des adolescentes à se dénigrer ensuite physiquement. Le non-respect physique est plus violent mais moins fréquent.
Loin de moi l’intention de restreindre à ce domaine seul, je m’en sers juste comme exemple de démonstration (et parce que le sujet revient sur le tapis aux US en ce moment). J’espérais que cela serait transparent dans le fil de l’article 🙂
Nope, ce n’est pas si clair. Et oui, tout le monde parle des violences physiques, réduisant la femme à ça, d’ailleurs.
Nope, ce n’est pas si clair. Et oui, tout le monde parle des violences physiques, réduisant la femme à ça, d’ailleurs.
Je loue en revanche ton propos, homme féministe et adorable!
Je loue en revanche ton propos, homme féministe et adorable!
(ahem et je viens de te démontrer ce qu’était une authentique machote…)
Alors, que les commentaires, comme toujours pour ce genre d’article, le complètent et l’éclairent ! 🙂
N’en fais pas trop.
Je suis d’accord avec tout ce que tu racontes. C’est un peu la vision du féminisme que je défends, en gros. Par contre, une question – attention c’est traître, c’est là que tout explose en général – quid des « micro-combats » féministes, du style supprimer « mademoiselle » ou « école maternelle »? Combats d’importance méritant un véritable débat, ou idioties flinguant l’image du féminisme en étant les seuls actualités « féministes » dont on a entendu parler récemment, au détriment du reste des « vrais » combats (égalité salariale, vision du corps, dénonciation du viol, etc.)?
Je me permets de répondre sur les micros débats type madame mademoiselle: http://annefakhouri.over-blog.com/article-badinter-for-ever-bis-107284916.html
(j’ai la flemme de reprendre les arguments)
Selon moi, ces micro-combats sont légitimes et pas inutiles – car le langage structure la pensée et la société – mais ils doivent justement ne pas faire polémique pour ne pas polariser. Ça devrait être traité comme des détails, rapidement, en annexe des enjeux plus « lourds ».
Ca devrait être traité avec plus de bon sens. Anecdote! Ma fille aînée, après sept ans d’éducation féministe par sa chère et engagée mère, se voit annoncer que le cousin tant attendu est enfin né. « C’est bien que ce soit un garçon. Les garçons, c’est mieux. Tout le monde en voulait! ». Et ouais. Merci, famille de mon mec, qui a répété pendant quatre mois « ah enfin le garçon tant attendu! » allant jusqu’à l’appeler « l’héritier ». Sept ans d’éducation contre cinq personnes que ma fille considère comme référents et qui l’aiment sincèrement en plus = son ego ruiné. Parce que ça participe à tout ce qu’elle entend partout, toute la journée, sur les filles…
Ouch quand même, ils savent que la loi salique a été abolie en France à peu près en même temps que la monarchie ?
Sans parler du fait que les filles peuvent désormais transmettre leur nom de famille… 😉
Il y a des associations féministes qui se battent pour des sujets plus « lourds » que le « mademoiselle » ou autres, simplement on ne fait pas d’articles dessus, ou moins.
Je crois que Sabine a raison. Il y a les féministes médiatisées et les autres, que je considère plus efficace et dont je reconnais le discours.
D’un côté, j’applaudis des deux mains un tel discours et je suis bien contente 1) de te connaître un peu dans la vraie vie et 2) d’être entourée de pas mal d’hommes qui pensent comme toi. Mais, d’un autre côté, ça fait ch*** que tu aies besoin de l’écrire parce que, franchement, ça devrait tomber sous le sens, non ? Il y a 7 ans, à Epinal, lors d’une conférence sur la Fantasy, j’affirmais encore qu’à mes yeux le féminisme c’était enfoncer une porte ouverte. Que de chemin parcouru depuis, et pas dans le bon sens… Ce patriarcat bon teint, comme tu dis, j’en mesure la portée tous les jours à la télé, sur le Net, et j’en ai la nausée. Quand je vois ce qui s’est passé ici avec le mariage pour tous, quand je vois mes amis américaines qui luttent au quotidien pour sauvegarder leurs droits, quand j’entends parler du harcèlement de rue, j’avoue que ça me laisse sans voix. Enfin, non, ça me laissait sans voix. Maintenant, je réagis. L’autre jour, j’ai pourri quelqu’un sur Facebook. Il écrivait, en réaction à un article sur une campeuse qui s’était fait agressée sexuellement, « il y a pire comme réveil » parce qu’elle s’était réveillée au moment où le type lui léchait l’anus. Mon contact FB a trouvé comme ligne de défense « j’aimerais pas que ça m’arrive mais le titre de l’article était ironiquement drôle ». Ben non, c’est pas drôle et c’est pas ironique non plus. Racoleur, oui, mais pas drôle.
Alors, bien sûr, tous ces types-là hurlent à la censure et clament qu’ils ont le droit de penser ce qu’ils veulent. Absolument. Et nous on a le droit de leur dire qu’on trouve ça con. Tu as parfaitement raison sur ce point. Comme tu as parfaitement raison aussi sur la question de la nudité. J’écrivais l’autre jour, à propos de Tru Blood, que ça manquait de parité : on voit autant les fesses de ces messieurs que les fesses de ces dames, mais seules ces dames s’y collent lorsqu’il est question de nudité frontale intégrale. Ben, je vais te dire un truc, un homme nu, je trouve ça aussi beau qu’une femme nue et je ne vois pas pourquoi on cacherait l’un en exhibant l’autre. Je suis convaincue que l’égalité passe aussi par un vrai équilibre dans la représentation de la nudité.
Voilà, voilà.
Juste concernant la nudité frontale intégrale, sur ces dames, on ne voit pas grand chose en bas, en général à cause de la toison pubienne, on voit les seins tout au plus (ceux que certaines ne couvrent pas à la plage par exemple).
Un homme dans le même appareil, on verrait tout au niveau pubien (poil ou pas). et là, on arrive à un autre niveau.
Je ne parle pas du torse puisque le torse des hommes, quoiqu’ érotisé ne semble pas constituer le même niveau d’interdit que les seins d’une femme.
Je pense que dans TrueBlood, ils font déjà de beaux effort à ce niveau.
Sexism spotted :
– « Je n’ai volontairement pas fait relire ce article par une femme » (une femme en vaudrait-elle une autre ?)
– « Je remercie aussi toutes les nanas que j’ai croisé » (grammar sexism ^^)
– « les mecs, merci d’éviter le second degré lourdingue » (n’y aurait-il que les mecs qui aient le second degré lourdingue ?)
Sinon, je suis d’accord sur à peu près tout (pas forcément sur ton analyse « la résistance à l’égalité prend principalement racine dans la frustration sexuelle et, inconsciemment, d’une ambiguïté envers la féminité, vécue comme un mystère, et donc anxiogène » : je n’en sais rien).
J’ai aussi envie de dire que « Être féministe, c’est trouver que tenir la porte à une fille, c’est cool, », oui, mais la tenir à un garçon, c’est cool aussi ! Pour ma part, ma décision de tenir la porte à une personne n’est pas basée sur son sexe ou son apparence physique. Je ne suis même pas sûr que ce soit une décision, d’ailleurs, plutôt un réflexe de savoir-vivre (même s’il est possible que ce réflexe soit plus vif s’il s’agit d’une femme attirante…)
Pour finir, je signale sur le sujet http://cafelanguedepute.canalblog.com/ , dont les coups de gueule me paraissent salutaires (en tout cas pour moi et mes restes de façonnement social sexiste).
Quelques frautes de fappe. Concernant les mecs et le second degré lourdingue, l’expérience prouve que sur le Net, si toutes les femmes ne sont pas forcément des hommes ni les petites filles des agents du FBI, les vannes reulou sur ce genre d’article sont quand même l’apanage des mecs.
J’aime beaucoup le Café Langue de Pute. Je me suis récemment délecté de ça http://cafelanguedepute.canalblog.com/archives/2013/07/29/27740437.html
Dans l’ensemble, quoi qu’un peu brutal à mon goût, ce blog http://cafelanguedepute.canalblog.com/ est très intéressant et animé !
Bien contente que tu parles du second degré lourdingue. Les réflexions machistes bien lourdes sous couvert d’humour ne m’ont jamais fait rire, et me font toujours me dire que quelque part celui qui les fait a un problème avec la notion d’égalité des sexes. Merci Lionel 🙂
L’histoire du cousin peut être lue de deux façons : « les garçons, c’est mieux », ou bien « on a plein de filles dans cette génération, on a envie d’un garçon pour changer ».
Quand ma fille est née après trois ou quatre générations 100% mâles dans sa lignée paternelle, c’était elle, l’enfant-miracle tant désirée, et moi qui ai eu droit aux remerciements des beaux-parents. Parce que ça changeait, enfin.
Oph, tu es adorable mais je sais ce qui est dit dans ma famille… Donc non, je t’assure, ce n’est pas lisible « de deux façons ». Mais merci quand même!
(alors je ne vais pas oser mettre le doigt dans le débat, mais… les commentaires en double sur le blog, c’est normal ? :/ )
(Bug. Ne paniquez pas, accrochez-vous à votre serviette de routard galactique, je ramène la situation sous contrôle.)
Et voilà. Un souci et le bon vieux macho qui demande aux femmes de ne pas paniquer refait surface!
Les « micro combats » me font penser à un débarquement au Luxembourg pendant Stalingrad. C’est mon principal point de discorde avec quelques groupes se revendiquant féministe (je suis toujours un peu prudent avec ça, vu la capacité de groupes semi-inactifs à part pour faire de l’entrisme et à d’obscurs fachos à s’accaparer la parole -propre de tous les -ismes).
Ce que je veux dire, c’est que la situation est tellement grave et à mon sens urgente qu’attirer l’attention des médias, qui aiment l’anecdotique, le buzz et la merde sur des points de grammaire, ça masquera toujours la forêt de la PMI qui ferme ou de la fille coursée dans le métro parce qu’elle porte une jupe.
Sinon, je suis a peu près d’accord avec chaque mot que tu as écrit.
Je voudrais juste ajouter un truc : si le sexisme n’était le fait que des mecs hétéros etc. ça serait un problème infiniment plus simple qu’il ne l’est concrètement. Les comportements sexistes sont le fait d’absolument tout le monde (je bosse dans un milieu 95% féminin, et j’ai déjà vu ma chef refuser une embauche parce que « en âge d’avoir prochainement des enfants » pour ne citer qu’un exemple), et c’est absolument tout le monde qui doit réfléchir à ça. Etre noir te dispense pas de t’interroger sur tes possibles comportements racistes, je veux dire.
C’est pas uniquement les mecs qui doivent faire la révolution de leurs comportements, c’est toute la société.
Espèce de machote, de base je parle toujours à la population entière :p
Hello.
Très bel article Lionel.
Concernant le commentaire d’Isa : son contact Facebook, c’est moi. Et je tiens à dire que j’aurai posté la même chose si la victime avait été un mec. J’ai un humour de merde ? Je plaide coupable. Je suis un macho ? Non. Bel et bien un féministe qui tient la porte à quelqu’un par courtoisie et pas uniquement aux femmes par galanterie (merci à une amie d’avoir pris le temps de me montrer la nuance). Bref. Si certains propos peuvent heurter des femmes, il n’est pas toujours légitime de crier au machisme, pas plus que ça ne l’est de crier au racisme quand quelqu’un traite de con une personne d’une autre couleur de peau.
Je suis globalement d’accord avec toi, Lionel mais pas sur tout. Notamment sur Maïa Mazaurette qui fait partie de cette frange féministe que je trouve dogmatique (plusieurs de ces articles m’ont profondément crispé).
Après quant au nu, sans être franchement coincée, l’objectification m’énerve dans un sens comme dans l’autre. Je ne considérerais pas comme un progrès de voir des mecs à poil nous présenter des yaourts. Des progrès pourraient être faits dans la représentation et sexualisation des corps masculins dans les séries (type Game of Thrones) mais dans la pub, non. D’autant que la pub est l’occasion de l’étalage malsain d’un seul type de corps (le bouquin de Mona Chollet, Beauté Fatale, est très intéressant en la matière).
Et je ne suis pas persuadée que ce soit la frustration sexuelle qui rendent certains mecs agressifs ou macho. On leur a juste appris que les femmes étaient des êtres inférieurs ou fragiles (le sexisme bienveillant avec la galanterie classique en fait partie) et qu’elles ne peuvent pas être traitées en égales. Il y a des femmes qui le pensent aussi.
Je n’ai pas abordé ce point dans mon intervention-fleuve ci-dessous, mais je suis aussi assez d’accord avec toi concernant la frustration sexuelle. Je ne pense pas que ce soit la source du machisme, c’est même l’inverse.
La société et l’éducation nous inscrit globalement dans des rôles précis, durant longtemps les femmes ont eu un rôle strictement inférieur et les hommes ont développé une habitude de pouvoir, de domination, voire donc de disponibilité servile et sexuelle. Donc forcément quand cette disponibilité n’est plus au rendez-vous, ils sont frustrés non pas par d’insatiables et irrépressibles appétits animaux mais par l’incapacité (en réalité la difficulté) à subvenir à un besoin induit.
Un point de vue intéressant et qui pourra en éclairer beaucoup, je l’espère.
Je ne vais pas reprendre les choses positives déjà dites dans les commentaires mais j’invite à les relire car, elles font du bien.
Deux points auxquels je souhaiterais réagir :
1- Les micro-combats « .
Ah oui, ce sont vraiment de micro-combats, ils peuvent vraiment nuire à l’image du féminisme, mais pas tant par leur nature que par l’énergie qui leur est consacrée, « pourquoi tant de force dans cette bataille alors qu’il y a tellement plus important à accomplir ». C’est vrai après tout non? et bien oui et non.
Non, car les grandes causes sont aussi les plus compliquées et celles qui seront longues à accomplir, il faut ménager sa monture pour aller loin. Par contre de petites victoires ça peut renforcer la lutte globale quand bien même peut-être de vrais débats sur ces questions pourraient les amener de manière plus constructives (en effet pour Mademoiselle, est-il mieux de supprimer mademoiselle, ou de réfléchir à l’intérêt pour tout individu d’avoir un terme pour désigner le fait qu’il n’est pas marié ? attention, je ne dis pas qu’il ne faut pas le supprimer mais je pense que la démarche ne doit pas être présentée uniquement comme une libération de la femme de ce terme qui a une réelle emprise sur elle. Rajouter une dimension neutre qui y inclus au moins implicitement les hommes permet de réduire les résistances réflexes et épidermique, sans pour autant les annuler évidemment.)
Bref, micro-combat, micro-victoire, mais voilà, les guerres se gagnent par de grandes batailles mais aussi par des escarmouches décisives, par du renseignement etc (me voilà – homme – à faire une métaphore militaire et guerrière pour défendre le féminisme, voilà un tableau aussi beau qu’ambigu !).
2- l’hystérie et les procès en hystérie
La encore de mon point de vue, il y a plusieurs réalités qui s’entrechoquent.
Premièrement, l’hystérie au sens populaire du terme n’a que peu à voir avec l’hystérie en tant que pathologie, pourtant c’est en reliant ces deux notions que ceux qui l’emploient tentent d’attaquer les femmes qu’ils en accusent.
Deuxièmement, l’hystérie au sens commun du terme existe pourtant bel et bien, à ceci près qu’elle n’est pas réservée au femmes (pas plus que l’hystérie « pathologie » d’ailleurs).
elle recouvre une réaction qui parait excessive en regard de l’enjeu.
Et bien il y a des hommes qui parleront d’hystérie en toute bonne foi, pas pour rabaisser ou dominer mais simplement parce qu’il ne perçoivent pas l’enjeu de la même manière que les personnes qu’ils taxent d’hystérie. Il ne sont d’ailleurs pas forcément dans le faux, simplement car le vrai est composite.
Autant les hommes dominants n’ont pas le monopole de « la vérité », autant les femmes non plus, sauf que chaque « camp » s’en revendique…
Un des problèmes du féminisme (pas un problème constitutif mais un problème qu’il rencontre) c’est que la transformation de société auquel il aspire n’est pas une simple égalité des droits, c’est aussi la rupture d’un équilibre, pernicieux certes mais qui convient à certains (et à certaines). De fait, en voulant une égalité de droit, le féminisme demande un effort au niveau systémique. De un, ça fait peur « aura-t-on les moyens de tout modifier? » de deux, ça fait peur (oui, encore) « mais si on modifie ça, quel sera vraiment le résultat ». (les changements individuels, on les évalue facilement, à l’échelle du système, c’est plus compliqué et d’autant plus flou quand on est pas à l’origine du « projet ».
Donc au final, en plus du sexisme qu’il combat, le féminisme doit faire face à une problématique de résistance au changement.
Et là, on peut en revenir aux micros-combats, et à la nécessaire inclusion des hommes dans le projet. Il faut qu’ils comprennent que ce n’est pas une conquête des femmes mais une nouvelle société meilleure pour tous. S’ils veulent que cessent les revendications, il faut que cessent les inégalités et injustices qui les nourrissent.
Et oui, il y a des pseudo-féministes qui professent pour la domination féminine, en forme de revanche, et oui, ce n’est pas une bonne posture pour le féminisme, mais non, le féminisme ne se réduit pas à ses extrêmes (au contraire), et plutôt que de combattre l’extrémisme féministe en le mettant dans le même sac que le féminisme, il faut aider le féminisme à combattre (éduquer?) son extrémisme pour se renforcer.
Tout à fait d’accord avec toi, mais est-ce que tu ne surestimes pas un peu cet équilibre ? Je veux dire, dans une société comme la notre, les frontières se brouillent déjà, de plus en plus, de fait. Les femmes travaillent, il y a des congés paternité et même des hommes au foyer… Je veux dire que l’homme et la femme ont un rôle bien moins défini aujourd’hui, même si pas plus tard qu’à la génération de nos parents, ça n’était pas forcément encore le cas (enfin, désolée, je ne sais pas quel âge tu as 😉 ) J’en parlais justement avec mon père, qui n’a jamais rien eu d’un macho, mais qui a mis du temps à comprendre que ma mère s’ennuyait à la maison quand ma soeur et moi étions petites, parce que sa mère a lui avait tjrs été mère au foyer…
Enfin voilà, je pense que les usages, les comportements sociaux, font déjà leur travail, et que tous les sexistes du monde ne peuvent pas empêcher ce changement, c’est pas le genre de chose qu’on peut arrêter avec des idées, je crois.
Je ne pense pas le surestimer (mais peut-être que si, va savoir), en tout cas il est vrai que c’est un équilibre dynamique.
Par exemple, il y a eu des avancées et parfois, on a des reculs ou des risques de reculs. Il n’y a qu’à voir la montée du masculinisme (dommage que ce mot ne désigne pas une notion aussi positive que le féminisme d’ailleurs…). c’est typiquement de la résistance bien active. L’opposition au « mariage pour tous » a été très forte quoique très hétérogène.
Donc on a un point moyen autour duquel les choses bougent, et petit à petit ce point moyen se déplace en fonction, mais très lentement. (c’est un peu le fameux combat de fond)
Pour mon âge j’ai la Trentaine et par exemple mon épouse qui est pourtant pour l’indépendance de la femme (surtout au niveau financier etc) est aussi pour un certain nombre de clichés old fashion qui font partie de ce qui doit changer, les injonctions sur le rôle de mère, les hommes ça ne pleure pas, les hommes doivent être galants, les hommes doivent prendre les initiatives, etc…
Un parfait paradoxe et j’en connais d’autres qui sont encore plus dans le schéma de domination masculine. donc ça bouge mais il ne faudra jamais relâcher les efforts.
Oui, souvent les femmes sont elles-mêmes méprisantes avec les femmes, et entretiennent les clichés qui les enferment (je pense, mais je vais pas développer, là, que c’est parce que l’être humain est fondamentalement terrifié à l’idée d’être libre, et donc sans dogmes, sans petites cases, sans murs). Je me souviens qu’il y a quelques années, je lisais un blog dont l’auteure s’agaçait qu’on la traite de lesbienne parce qu’elle buvait de la bière et aimait les jeux de guerre (en gros c’était ça), et en gros aussi, elle avait eu plein de commentaires de filles qui lui disaient qu’en même temps si elle était pas féminine fallait pas s’étonner qu’on lui fasse ce genre de remarques (si, je vous jure).
C’est pour ça que je trouve les recherches actuelles sur la notion de genre passionnantes. Notamment parce qu’elles dépassent le féminisme seul. C’est vraiment une bataille humaniste. Comme tu le dis Lionel, tous des êtres humains, avant d’être homme, femme, hétéro, ou homo. Et s’interroger sur le genre, c’est remettre en question des codes sociaux qui nous imposent un ensemble de comportements (pour vous les hommes, par exemple, c’est quoi, agir « en homme » ? [c’était une question rhétorique pour illustrer mon propos])
Voilà, en tout cas tu as fait une belle démonstration, merci pour cet article !
Merci à toi, j’aime le terme à la fois tout simple et élégant que tu as trouvé, la notion de bataille humaniste.
Sur l’histoire des micro-combats, puisqu’on parle de « guerre » et de « stratégie », le problème vient à mon sens du traitement médiatique réservé à ces sujets et des associations qui ont leur ticket médiatique ou ministériel pour les représenter. Il n’y a pas de « complot » pour inviter la conne de service à faire de la grammaire chez Ruquier, y’a juste un panel d’associations qui peuvent ne représenter qu’elles-mêmes en ne gênant personne qu’on va inviter partout en loop parce que ça empêche de poser le moindre début de réflexion, et c’est le lot du cirque médiatique.
Au niveau du militantisme politique, j’en parle même pas, certaines assoc ayant fait la pluie et le beau temps dans les cabinets, y compris en terme de subventions publiques, en étant parfois des coquilles vides (l’exemple le plus flagrant ayant été pointé dans les colonnes de Causette y’a quelques mois).
Bien sûr que ces combats aussi ont leur importance. Mais c’est aussi aux mouvements féministes d’être un peu « stratégiques » et d’éviter de jouer « l’hystérique de service » (les Femen étant l’ultime caricature du truc) face à des gens qui n’attendent que ça (même pas par paternalisme, juste parce qu’ils pensent que ça fait plaisir aux actionnaires/annonceurs et que ça va faire des clics sur le replay).
Hmmmm… Au fond, tout ceci n’a rien à voir avec le sexisme, ça a a voir avec le fait de jeter sa télé par la fenêtre ;p
Pour le reste, je pense que c’est bien un domaine où a mon avis, on doit être jugé plutôt sur ses actes/antécédents que sur ses dires.^^ »
Tu vas te faire taper par certaines : tenir la porte = galanterie = domination masculine…
Lu chez crepegeorgette ou demoisellechaipuquoi…
Voici une vidéo de Dustin Hoffman qui témoigne sur le rôle de femme dans Tootsie, et ce à quoi il s’attendait et ce qu’il a ressenti lorsqu’il s’est rendu compte d’une des facettes de ce que c’est d’être une femme. Vidéo en anglais.
Et bien Merci, juste Merci pour cet article très finement expliqué. C’est ce que j’essaye, en vain, de faire comprendre à d’autres. Certains pourront toujours chipoter sur des tournures de phrases pour faire preuve de mauvaise foi mais ne les écoutes pas.
Encore Merci pour cet article.
En tant que mâle blanc hétérosexuel, je ne peux que me ranger à tout cet article.
Le passage sur le droit de dire d’une femme que c’est une idiote sans en tirer de généralité m’incite quand même à pousser la réflexion plus loin. Aujourd’hui, quand on est féministe dans ton sens (ce que j’ai la prétention d’essayer d’être), on risque de se mettre à dos les femmes qui, après des générations de rapport de force, ne feront pas la différence (et c’est logique) et penseront qu’un avis sur une femme est synonyme pour nous de généralité.
C’est comme le racisme et un diction qui parfaitement à cette situation :
« La fin du racisme, ce ne sera pas quand un arabe sera maire de Marseille mais quand un arabe sera maire de Marseille et qu’on pourra dire qu’il est nul sans se faire traiter de raciste ».
Pour un homme, être féministe, c’est lutter contre la horde de machos dégénérés que sont la plupart de nos congénères et contre la horde de femmes qui n’ont plus la patience de faire la part des choses. Nous ne sommes hélas pas sortis de l’auberge…
Sur l’utilité des « micro-combats » : certains de ces micro-combats ont été gagnés depuis belle lurette au Canada francophone. S’ils sont associés à une meilleure situation pour les femmes, cela vaudrait évidemment la peine de les mener en France. Sinon, ce serait plus tangent… Ce serait intéressant d’avoir le point de vue de Québécoises ou de Françaises établies au Canada sur ce point.
Une réaction par rapport à ta deuxième image : Par esprit de contradiction, j’ai souvent hésité à devenir prof de math pour faire partie de ses « filles » qui sortent des « normes » statistiques…
Et puis ensuite, j’ai réalisé que dans n’importe qu’elle branche, tenter de s’imposer et d’obtenir un poste à haute responsabilité dans le privé était un challenge encore plus difficile (et donc plus intéressant)… Parce qu’il dépend plus de facteurs humains que de réelles compétences.
Juste une question idiote qui me vient à l’esprit en lisant le titre. Qu’est ce qu’un VRAI mec?
Cyrille.
La réponse est dans l’article.
Lionel, n’est ce pas un tantinet réducteur de dire que cette article explique ce qu’est un vrai mec? En effet, cet état se limiterait il à la simple acceptation du féminisme?
Un homme n’existe t’il qu’à travers les femmes (je sens que j’avance sur une pente glissante)?
Je dis juste que j’ai donné une définition dans l’article, dans le cadre de l’affirmation du titre, et que c’est celle sur laquelle je me base.
Dire dans le cadre de l’article qu’un vrai mec est « ceci ou celà », ne limite pas le vrai mec à « ceci ou celà » mais dit simplement que « ceci ou celà » est un élément indispensable pour être un vrai mec. Tout ce qui reste autour et qui n’est pas incompatible a le droit de cité ^^.
Ah oui, concernant l’illustration des mathématiques au tableau, ce qui est montré, avant d’être du sexisme, est un couple de biais de raisonnement très commun de généralisation à partir d’un exemple et de biais pro-endogroupe.
Quand la fille fait l’erreur, le garçon en tire une information générale, facile à tirer en la résumant à sa caractéristique la plus saillante.
Ca devrait être, c’est un être humain et il devrait dire « les êtres humains sont nuls en maths »; mais il est lui-même un être humain, donc ça ne marche pas. Il cherche donc le niveau en dessous et c’est le sexe (ça pourrait aussi être l’origine ethnique ou le style vestimentaire).
Et il ne va pas plus loin. ce n’est pas du sexisme en soi, mais ça débouche sur du sexisme.
Et c’est pour ça qu’une bonne éducation à la réflexion est importante pour filtrer ces raccourcis cognitifs qui nous aident dans bien des aspects de la vie (généraliser que tous les fruits pourris sont mauvais à manger, ça y’a pas de souci par exemple ! ) afin d’éviter leur utilisation mal circonstanciée (comme dans l’illustration).
On ne peut pas nier l’existence du sexisme par rapport à des domaines considérés comme masculins, tels les maths, la science et la technologie. Moult fois vécu quand j’accompagne ma compagne dans un magasin hi-tech ou de jeu vidéo. C’est à moi qu’on parle, quand bien même c’est elle qui pose les questions (et que moi je ne suis rien venu chercher…).
Je ne le nie pas, je dis juste que ce n’est pas ce que montre réellement l’illustration qui finalement met le doigt sur quelque chose de bien plus profond qui est tout simplement le fonctionnement de l’esprit humain.
Le sexisme est aussi (mais pas seulement)une forme d’atrophie de mode de fonctionnements qui par ailleurs sont salutaires notamment la généralisation/catégorisation, et dans une dimension plus sociale, le biais pro-endogroupe (favoriser ceux du même groupe que soi à une échelle quelconque sexe, âge, pays, sous-culture, etc).
Merci pour cet artIcle, Lionel. Je partage très largement tes analyses : c’est un point de vue de mâle blanc hétéro assez sympa 🙂 Que les machistes en prennent de la graine…
Mon point de vue est évidemment différent. J’ai eu la chance de vivre une partie de ma vie dans le rôle du dominant avant de me retrouver (j’avoue d’ailleurs que n’y avais pas réfléchi avant !) dans le rôle de la dominée. Cette double expérience, encore très minoritaire dans nos sociétés, me donne sans doute un regard assez particulier. Féministe dans ton genre, je l’ai été avant (ça veut dire pas parfait, pas toujours à la hauteur dans le partage des tâches ou les comportements inconscients…) mais complètement acquis à l’égalité totale des sexes et engagé à côté des femmes pour leurs droits (droit à l’IVG, à la contraception, contre le viol, pour des salaires égaux entre les sexes, etc.).. Mais, contrairement aux femmes cisgenres (c’est le contraire de transgenre), je n’ai pas vécu durablement la domination masculine, je ne l’ai jamais intériorisée, et je ne peux donc pas la supporter le moins du monde. C’est viscéral.
C’est pour ça que je supporte difficilement les discours des mâles blancs hétéros qui, tout en se croyant sincèrement non machistes, prétendent nous expliquer comment on devrait combattre la domination masculine ! C’est un peu comme si un maître de plantation avait voulu expliquer à un esclave comment lutter pour sa libération 🙂 Le diable est dans les détails, et le machiste gentil – celui qui ne violera jamais, ne cognera jamais sa compagne, ne méprise pas les femmes, est vraiment pour l’égalité, au moins en théorie (et ça fait toute la différence avec les autres, évidemment !) – se repère justement à cette supériorité « naturelle » qui le pousse à vouloir m’expliquer comment lutter, et même quelles doivent être mes priorités ! Pour peu, il penserait que les associations féministes seraient plus efficaces si elles étaient dirigées par des hommes :-))))
Eh bien, comme ex-prof de français, et comme actrice de l’imaginaire, j’ai appris que le langage, c’est le pouvoir. Salope, c’est encore trop souvent le féminin de séducteur… Pouffiasse s’est imposée, mais pas encore pouffiat ! Etc. Et dans certaines fonctions, le féminin n’existe même pas (allez voir les dictionnaires). Quant à l’accord en nombre et en genre, c’est un marqueur essentiel de la domination masculine (et inutile de me dire que le masculin, c’est le neutre en français ! On connaît la chanson…). 1 homme et 49 filles, ça s’accorde au masculin. Croyez-vous que ça ne laisse pas de traces inconscientes dans le cerveau d’une femme qui, dès sa naissance, devra intégrer ce « détail » ? Si les hommes ont le 1 à la Sécu et les femmes le 2, croyez-vous que ce soit un hasard ? Si on utilise tous (encore le masculin, pour désigner 48% d’hommes et 52% de femmes…) l’expression « hommes et femmes » pour désigner les deux sexes, croyez-vous que ce soit dû à la logique alphabétique ?Je suis certaine que presque personne parmi vous ne l’a remarqué… Essayez de dire « femmes et hommes », comme l’ordre alphabétique le justifierait. Vous verrez que ça coince, tellement la hiérarchie sexiste du langage nous est naturelle (aussi bien les dominants que les dominées d’ailleurs ; les femmes y sont tellement habituées qu’elles finissent souvent par trouver ça sans importancel !). Des petits trucs de langage de ce genre, il y en a à la pelle. Il suffit d’être attentive…
Lorsque je publie une anthologie, il faut encore que j’insiste (de moins en moins, heureusement on avance…) pour être désignée comme auteure (ou autrice, c’est joli aussi). Une fois, j’ai employé le terme écrivaine ; un garçon, jeune et pas sexiste affirmait-il, m’a expliqué pourquoi se battre sur le langage était ridicule dans ce cas précis : « écrivaine, ça rime avec vaine » m’a-t-il dit avec ce petit sourire qui va bien… Je lui ai juste demandé avec quoi écrivain rimait… Il n’y avait simplement pas pensé. Le diable, en matière de sexisme aussi, est dans les détails.
Ici, heureusement, même les machistes sont gentils, et prêts à s’amender :-))) Heureusement, car je bosse avec plein de garçons, et sur le plan professionnel, j’apprécie le mélange des sexes…
Mais on a encore du travail. Ensemble !
À moins que je ne me trompe, je comprends de ton commentaire que les mâles blancs hétérosexuels n’ont pas leur mot à dire sur le combat féministe (humaniste), parce que de toute manière leur position dominante les empêche d’avoir une vue autre que tronquée et condescendante, paternaliste quoi !
Si c’est le cas, et le parallèle que tu fais avec le maître de plantation semble le confirmer, je trouve cette position quelque peu radicale. Au contraire, faire avancer le schmilblick ne demanderait-il pas une participation de tous ?
Ignorer de facto l’opinion de certaines personnes à cause de leur sexe, cela peut sembler ironique vu le contexte, non ? En plus, malgré le handicap de leur position dominante, certains pourraient même avoir de bonnes idées…
De plus, cela ne donne-t-il pas la magnifique opportunité de pouvoir illustrer les biais dont ils pourraient souffrir, leur donnant ainsi une chance d’éclairer un peu plus leur esprit ?
Maintenant, il est vrai que la réitération à outrance doit parfois donner envie de tirer à boulet rouge.