Les thématiques que vous explorez dans le cadre de cette histoire sont limpides et en même temps exprimées sans manichéisme ou autre. Avez-vous particulièrement soigné cet aspect ?
Oui et non… C’est un aspect qui me tient beaucoup à cœur, car je suis moi-même un lecteur difficile à passionner. Je tiens donc à ce que le récit soit le plus clair possible, mais aussi à ne jamais prêcher. Je ne suis surtout pas là pour cela; je suis éventuellement là pour poser des questions, mais surtout pour raconter une bonne histoire. Je ne construis pas ni n’architecture spécialement l’équilibre entre les thèses des différents peuples ou personnages; je ne me dis pas « Ici, il faut que A contredise B, sinon j’ai donné trop de temps de parole à B. » Je laisse les choses émerger, organiquement, des situations. Je construis simplement personnages et civilisations de la manière qui m’intéresse, et j’essaie de comprendre ce qui les anime afin de pouvoir le représenter fidèlement. Ensuite, je les fais se rencontrer. Et si je suis fidèle aux uns comme aux autres, des événements surgissent naturellement de la vérité de chacun. Je ne fais que les suivre.
Merci à Emmanuel Chastellière et au site de référence Elbakin pour ce copieux entretien sur La Route d la Conquête, où l’on parle du retour à l’écriture d’Évanégyre, de fantasy, de crise du livre, et même de jeu vidéo avec le futur Psycho Starship Rampage !
Quand tu dis que tu referais une ou deux choses différemment dans La chute, tu pensais à quoi exactement ? J’avais justement relu le début dernièrement parce que j’avais apprécié la montée du suspense avec ces anecdotes sans lien immédiat.
Je suis content que tu aies apprécié ce début. Cela dit, justement, il fait partie des choses qui ne me satisfont pas entièrement. Dans la première version, le livre commençait avec le cauchemar de Michael et l’attaque des SWAT sur Masha. Si c’était à refaire, je garderais cette entrée en matière plus fracassante et je distillerais la dynamique familiale dans une scène au lendemain matin. Mais il semble généralement satisfaire les lecteurs, donc c’est l’essentiel. 🙂
Attention spoilers ! Eh bien, c’est vrai que cette première entrée en matière est fracassante, mais la scène du pot de départ avec toute la petite famille Ricoré (toute ? non, une irréductible résiste encore et toujours… Bref) permet d’introduire Masha en douceur et renforce l’effet de surprise de la scène suivante. J’avais deviné que c’était Masha environ deux-trois pages avant qu’elle ne soit nommée et c’était assez jouissif de voir cette intuition confirmée. Cela dit, j’ai eu du mal à faire le lien entre Samantha et son alter ego, mais les allusions fréquentes à la scène du désert au début me l’ont bien remise en mémoire. Comme il y a pas mal de choses à introduire dans l’exposition de Léviathan, c’était bien d’avoir en gros une scène par élément dramatique (le surnaturel/l’action et un des personnages/la petite famille/etc.) mais c’est dur de juger sans avoir lu la première ébauche plus fracassante.
Merci ! Je suis content que cela t’ait plu ainsi et que tu aies apprécié la façon dont les événements s’enchaˆinent. 🙂