Salut, auguste lectorat, c’est le retour de moi énervé, ça t’avait manqué, je ne sais pas, mais greuh.
Alors il se trouve que, depuis quelque temps, j’ai un léger pied dans l’enseignement, et donc de plus en plus de contacts un peu partout sur le sujet. Sais-tu qu’il est impossible de virer un élève de cours sans un camarade pour l’accompagner là où il a été viré, pour des raisons d’assurance (des fois qu’il cherche à ingurgiter un porte-savon) ? Qu’on ne peut, d’ailleurs, le virer que s’il met en danger sa vie ou celle des autres ? (Qu’il mette en danger l’apprentissage des autres, on s’en cogne) Te fais-je un dessin sur le niveau du brevet des collèges (qui, surprise, n’est pas obligatoire non plus pour entrer au lycée – bah ouais, sinon ça implique un… redoublement), sur le niveau du bac, sur le niveau d’orthographe parfois indigne que je découvre en Master de filière littéraire ? Sais-tu que l’admission en Master 1 ou 2 est de droit ? Sais-tu justement que le redoublement est à présent quasi-interdit à tous les niveaux (il faut l’accord des parents, et s’ils s’y opposent, même si la petite Kevina a 4 de moyenne, elle passera quand même au niveau supérieur) ? Et n’attaquons pas la réforme des collèges, etc.
Alors, bah oui, hein. Faisons passer tout le monde d’un niveau à l’autre, même en cas de décrochage grave ; surtout, que les élèves sortent du système scolaire fissa.
Parents, qui interdisez les redoublements contre l’avis des conseils de classe, ce que vous faites est criminel. Redoubler ne signifie pas que votre enfant est stupide, mais qu’il rencontre des difficultés, qui peuvent être de toute nature : difficultés de méthodes ; d’apprentissage ; de maturité ; ou, peut-être aussi, que c’est un glandu fini qui n’a rien branlé et qui a besoin qu’on lui mette un peu de plomb dans la tête, et c’est aussi votre boulot. Peut-être aussi qu’il n’est pas heureux (houlà, un mot grossier, le bonheur) dans une filière d’apprentissage classique. Un gamin en retard scolaire, le forcer à continuer de marcher, c’est le meilleur moyen qu’il décroche complètement, parce que, breaking news, les retards se comblent rarement d’eux-mêmes et les mômes n’obtiennent pas de révélations divines où, tout à coup, ils proclament : « Mais oui, je vais arrêter de jouer à la PlayStation et plutôt calculer des équations différentielles ! » Un refus de redoublement, c’est multiplier drastiquement les risques de décrochage puis d’échec scolaire, mais, forcément, certains parents vivent tant à travers leurs mômes qu’ils ne peuvent pas accepter un seul instant qu’ils rament un peu. Parce que, grands dieux, qu’on les en garde : ce serait les insulter, eux, directement. Ne faisons rien – ça va forcément s’arranger. Il est intelligent, puisqu’il est mon fils.
Non, ça n’a rien à voir.
Cette politique éducative également est criminelle, parce qu’elle ne fait que de la gestion de flux (plus vite on sort les élèves du système, moins ça coûte – qu’on nous garde de proposer un enseignement de qualité en y mettant des moyens !), et qu’elle séduit les parents, les berce dans l’illusion scandaleuse que tout va bien dans l’apprentissage de leur enfant, qu’il est intelligent, alors ça les flatte, ça les fait rêver, peut-être auront-ils une meilleure place, une meilleure vie ; quand on n’y arrive pas soi-même, autant la vivre par procuration à travers la descendance, hein ? Tu seras pharmacien parce que papa ne l’était pas. J’imagine peu de façons aussi ignobles de mentir qu’en flattant l’électeur par de faux compliments sur ses enfants – et en l’en rendant complice, par-dessus le marché. La réussite universitaire n’est pas synonyme de réussite. Surtout quand on la vide tellement de son sens qu’elle ne signifie plus rien.
Ce qui se passe, comme toujours, c’est qu’on favorise ceux qui auront les moyens de payer des profs à domicile, ceux qui naîtront dans des familles où l’apprentissage et la culture occupent une place centrale, ceux qui pourront être accompagnés par l’entourage au quotidien dans le développement de leurs talents, voire ceux qui pourront payer une école privée (qui sélectionne, elle, et pas qu’un peu) à quinze mille brouzoufs l’année ; donc, ceux qui ont des ressources. C’est une forme écœurante d’élitisme tout en maintenant dans le mensonge des générations entières de mômes incapables de s’évaluer et de parents trop fiers de les voir décrocher des médailles en chocolat ; c’est une forme scandaleuse de séduction démagogique, qui réussit l’exploit d’écarter à la fois de la discussion toute considération d’excellence ET le développement personnalisé des talents. Et si, à la sortie, les mômes sont nuls, incompétents, chômeurs ? Ah, ça ne peut pas être la faute de l’État ; c’est le marché du travail, ma bonne dame, qui est concurrentiel, c’est la mondialisation, c’est la faute aux Chinois. Nous, on leur a filé un diplôme, c’est qu’ils sont intelligents, vos mômes, hein, et donc vous aussi. Voilà, votez pour moi.
C’est ainsi qu’on parvient à la faillite de l’effort.
Je vois de plus en plus d’étudiants partisans du moindre effort qui suivent, cahin-caha, une formation sans conviction et donc sans réelle compétence, qui l’obtiennent avec des moyennes ric-rac, et qui arrivent en fin d’études avec la surprise totale que, ben, faut bosser. Le pire, c’est que je les houspille, les maltraite, et ils aiment ça, parce que, diable, je suis peut-être le premier, ou l’un des rares, à leur dire sincèrement ce que vaut leur travail, et que, bordel, ils en ont bien besoin ! Comment peuvent-ils s’évaluer, se situer, se construire ? Où sont les difficultés, les épreuves qui permettent de se mesurer à soi-même, et surtout, leçon plus importante encore, qui permettent de constater que ces difficultés-là ne sont pas celles au bout du compte qui stimulent, qui motivent – qu’on n’est peut-être pas taillé pour cette filière-là mais pour une autre ?
Et quand le réveil-matin sonne, trop tard, quand le mensonge se dissipe enfin et que vient le moment de découvrir Pôle emploi, quand on se rend compte qu’on n’a rien appris parce que le gouvernement préfère protéger la paix sociale que lancer une réelle politique d’éducation ambitieuse qui permette à chacun de trouver sa place et sa passion, on commet un réel crime contre l’humanité ; on ment à des générations entières, déboussolées, animées d’une colère dangereuse mais aussi parfaitement compréhensible quand elles se rendent compte qu’elles ne sont bonnes à rien et que la société ne leur a pas gardé une place cotonneuse jouant cette même berceuse qu’on leur a joué toute leur vie.
En général, ça se passe mal quand il faut expliquer que le père Noël n’existe pas, ou que c’est Najat Vallaud-Belkacem qui a déposé ta licence au pied du sapin.
Ça m’écœure. L’attitude de l’Éducation Nationale et des directives ubuesques de ses hauts fonctionnaires qui n’ont jamais approché une classe de leur vie, l’attitude des parents trop vexés dans leur amour-propre par les difficultés de leurs enfants pour reconnaître et chercher les sources des problèmes, tout ça me donne envie de déménager dans un pays scandinave ou au Bhoutan. J’ai toujours eu une tolérance très basse à la bêtise ; quand ça provient du système éducatif, lequel est censé, du moins théoriquement, représenter le bastion où, par excellence, on la combat, ça me donne juste envie de ressortir mon permis de gifler.
Allez, pour terminer sur une note plus constructive, je t’encourage très, très chaudement, auguste lectorat, à dévorer les conférences TED de Ken Robinson sur le sujet de l’éducation (qui sont en plus très drôles). Il y en a trois d’un quart d’heure pièce, il connaît le sujet bien mieux que moi et j’adhère entièrement à son propos.
Effarant, oui ! Et dès le CP, c’est maintenant aux parents de demander à faire redoubler leurs enfants (demande qui n’est absolument pas certaine d’aboutir). Après tout, au CP, on apprend juste à lire et à compter, rien de bien utile, en somme… 🙁
C’est une des raisons qui m’ont dégouté de l’Education Nationale et qui me fait la quitter sans l’once d’un remords.
Je comprends, compatis et t’avoue que je ne suis pas sûr de durer encore longtemps (et je ne suis qu’intervenant extérieur).
il ne faut pas oublier les élèves qui ont des facilités et qui s’ennuient en cours et qui ne pensent pas avoir besoin de travailler car on ne leur demande que d’être moyen dans toutes les matières ou d’être un peu meilleur dans certaines matières pour compenser les autres j’ai été dans ce cas de figure malheureusement j’ai réussi à aller jusqu’en master sans avoir à effectuer un travail personnel quelconque enfin sauf mon semestre ERASMUS où j’ai mille fois préféré le système universitaire portugais au système français
Bon sang, voilà est bien dit, Maestro !
Je suis un futur ex-instit en pleine réorientation pro en grande partie pour ces raisons-là.
En 1989 (je crois), Jospin a mis en place un truc qu’on appelle « les cycles », censé permettre aux enfants de faire en quatre ou en deux ans, par exemple, ce que les autres font en 3. Une grande idée puisque en théorie, cela permettait à l’école de s’adapter au rythme des élèves (ce qui n’est absolument pas le cas actuellement et fait qu’on ne peut pas écarter la question du redoublement, qu’on le supprime ou qu’on le maintienne.)
Le redoublement actuel est stigmatisant pour beaucoup d’élèves parce que le système est fait de tel manière qu’il n’intervient qu’après un constat d’échec. Au lieu de faire redoubler pour s’adapter au rythme de l’élève, on lui dit, tu redoubles parce que tu n’es pas assez bon. C’est subtil, mais ça change tout. Le redoublement actuel n’est bon que pour certains cas très précis d’élèves : ceux qui ont conscience de ce qui se joue dans le redoublement, ont la force nécessaire et surtout l’accompagnement qui va avec, qui ne s’arrête pas du tout avec le pédagogique. À la limite, le pédagogique est presque secondaire. Bref, ce n’est pas gagné. Il y a du boulot pour ces gamins qui méritent autre chose que ce que le système propose (mais ça ne sera pas le mien…)
Je n’ai jamais été un élève scolaire, donc pas très adapté au système.
Et du coup, j’ai eu à redoubler, une fois en seconde, 2 fois en DEUG. Je suis bien content de l’avoir fait, cela m’a permis de revoir sereinement les programmes et d’approfondir les choses. Une éorientation vers un DEUST m’a plongé dans une formation en très petite promo dans un diplôme à haute dose de connaissances demandant beaucoup de travail en mode projet. Ce fut vraiment épanouissant ! Puis, retour dans le système général très, trop, scolaire. Cahin-caha, je suis arrivé en DESS. Là on a recommencé à bosser en mode projet à très haute dose, seul ou en équipe ,puis 9 mois de stage en immersion profonde dans les tréfonds d’une entreprise agroalimentaire. Putain, là j’ai commencer à passer en démultiplier et à me rendre compte que le droit à l’erreur dans le monde du travail, tu ne l’a pas beaucoup de fois, alors il faut savoir en profiter pour faire mâturer tes compétences lorsque tu te formes. Mon avis, c’est que se passer du redoublement lorsqu’il semble nécessaire est effectivement une mise en danger de l’élève qui se paira lors de ses premiers pas dans le monde impitoyable du travail.
C’est marrant parce que je me retrouve dans certains bouts de la descriptions. Déboussolée, en colère, ayant l’impression d’être bonne à rien, pas de place dans la société. Pourtant je ne pense pas avoir manque d’obstacle, je pense avoir été bosseuse. Le soucis n’est pas que dans ce laisser aller, il est global. L’éducation est trop déconnectée du monde et n’est pas là pour aider les élèves à construire leur parcours dans la vie professionnelle. Avale tes connaissances, recrache quand on demande et basta. Ça marche pas comme ça le monde pro.
On a d’un côté un truc déconnecté et de l’autre des gens qui s’attendent à ce que tu prennes un post en autonomie comme si tu avais 2 à 5 ans d’expérience et la confiance en toi nécessaire. Evidemment qu’on est largué. Et j’dois dire que ça donne pas envie de faire des efforts. Si c’était à refaire, en sachant ce que j’ai vécu ces dernières années, je me ferais pas autant chier à l’école (bon pour les bases, orthographe et assimilé, si, quand même ^^).
Jette un œil aux conférence de Kim Robinson en bas de l’article, m’est avis que ça devrait te parler. 🙂
Merci pour ce bout de colère, que je dois mâchonner et bâillonner toute l’année en tant que prof… puisqu’on ne doit rien dire… (on ne m’a jamais autant parlé du « devoir de réserve » et du fait que quand on est fonctionnaire on doit obéir que depuis deux ou trois ans… signe des temps ?)
Avec plaisir. 🙂 Pour ma part, je prends un malin plaisir à me lâcher : je m’en fiche, je n’ai pas de carrière universitaire à défendre ni de devoir de réserve. Je considère presque que j’ai plutôt un devoir de râler 🙂
C’est tellement ça ! Merci d’avoir si bien décrit la situation.
C’est affreusement vrai. Et triste, quand tu en parles, et que les gens te disent que l’éducation on s’en fout, que les poètes morts aussi (là en vrai je suis d’accord avec le fait qu’on ne devrait forcer personne non pas à ingurgiter des bêtises passéistes (autre discussion), mais à faire une filière générale jusqu’au bout, marche ou crève sinon t’es un naze), et qu’ils ne t’écoutent pas quand tu tentes de leur expliquer que le problème c’est pas les sujets du bac mais la manière dont l’éducation et les élèves sont encouragés à le considérer, tout court.
A noter quand même que le brevet des collèges n’a jamais été obligatoire pour entrer au lycée – en tous cas pas depuis sa re-création, lorsque j’étais moi même au collège, il y a fort longtemps. (donc toi non plus mon cher Lionel, tu n’as pas connu le brevet obligatoire pour passer en seconde: avoir fait une bonne troisième suffit)
Moi je l’ai connu, le BEPC obligatoire, mais je suis beaucoup plus vieille que vous :p
Un peu.
entre toi et nous il avait été aboli, non?
Oui. C’est ma génération (né en 1969) qui n’a jamais passé le brevet. Mon frére, 3 ans plys jeune, l’a passé, lui
Je ne sais pas. En ce temps-là, je pensais à autre chose 😉
(apparemment toi tu aurais eu un brevet d’études du premier cycle et moi un brevet des collèges; pas le même 🙂 ) mais si tu l’as passé tu devais être dans les dernières années)
Y a des chances. J’étais dans la dernière année avant la réforme Haby, à laquelle je suis très heureuse d’avoir échappé 😉
Première session du nouveau brevet de collèges en 1986. Taux de réussite : 50%. En 2015, taux de réussite au brevet des collèges : 86%; taux de mentions : 58%. No comment.
I stand corrected, Magali. 🙂
On a fait combien en 89, tiens?
En plus, à mon époque, on n’avait pas de seconde générale. Mon père voulait absolument que je fasse une seconde C. Il m’avait mis le marché en main : « si tu n’es pas prise en C, je te fous à l’usine. » Avec le recul, je sais qu’il ne parlait pas sérieusement, mais la menace m’avait mise dans un de ces états de stress !
le niveau des élèves à donc fortement augmenté… Premiere explication possible mais j’avoue que j’ai un doute… 😉
Magali Couzigou oui.
-message à supprimer après correction- Une petite faute dans l’article il me semble : paragraphe « Et quand le réveil-matin sonne », « quand elles se rendent compte qu’on ne sont bonnes à rien », je pense que tu voulais dire « qu’elles ne sont bonnes à rien ».
Merci pour cet article très juste. A titre personnel je me retrouve dans la partie sur la qualité de l’enseignement et les ressources financières des parents. Si mes parents qui avaient peu de moyens ne s’étaient pas saignés pour me sortir du public et me mettre dans le privé, je n’aurais pas eu le même parcours. Il y a clairement un problème dans le public où on ne laisse pas aux professeurs la possibilité de tenir leur classe efficacement, ce qui nuit à la qualité de l’enseignement. Ce qui créé du coup clairement une inégalité face à l’éducation puisque comme pour tout dans notre société si cela ne nous convient pas il faut payer. Après comme vous le dites s’il y a un problème au niveau de l’éducation nationale qui devrait être repensée, il faut aussi regarder du côté des parents. Il y a des parents qui ne veulent pas reconnaître les difficultés de leurs enfants et des parents démissionnaires aussi, les enfants sont alors laissés ou presque à eux mêmes et l’éducation ne sait pas comment les gérer. (mais elle ne peut pas assumer tous les rôles non plus).
Ma compagne ayant été certifiée près de 10 ans dans le privé, avant de devenir agrégée dans le public (vive les concours externes ouverts à tous !), a une tout autre expérience… Dans certains établissements privés catholiques (entre autres de centre ville), les parents sont des clients qui ont toujours raison ! Du coup, la direction donne tort aux professeurs qui doivent supporter en silence l’arrogance de petits bourgeois racistes, antisémites et homophobes (un papa, une maman, une éducation pourrie…).
Ma compagne a dû supporter en classe des T-shirts Manif pour tous, avec le soutien des parents et de son proviseur, qui était de la même bande d’intégristes. Alors, le public, c’est loin d’être parfait, mais il n’y a pas de tri des élèves, pas de haine officielle des minorités, pas de laxisme parce que papa a du fric. Peut-être la radicalisation des intégrismes a-t-elle fait des ravages récents ? Je connais des établissements privés bien gérés, et ouverts à toutes les différences, mais est-ce la majorité ?
Et si l’on rapporte les chiffres des résultats du public (qui ne trie pas) et du privé (qui en général trie), la différence n’est pas frappante, et dépend vraiment des établissements et des équipes qui les animent.
Très difficile en effet de trouver sa place dans un système où on ne laisse pas ou peu de place aux enfants qui ne sont pas dans le ‘moule’ et qui je l ‘avoue dérangent les autres..il faut alors s’armer de patience et de courage pour avancer et trouver une voie pour que l ‘enfant s’en sorte, après moult réflexions, renvois et sanctions qui laissent les parents démunis un ou deux jours avant le dernier jour de l ‘année; si si c’est vrai, les renvois sont brutaux et font mal surtout à la veille des grandes vacances .bien cruel tout ça et si les parents sont démunis , désœuvrés ou très peu soutenus , le jeune aura alors beaucoup de mal à trouver une solution tout seul , il en est incapable d’ailleurs.
Certains parents sont démissionnaires peut être , d’autres sont démunis , lucides aussi, écœurés et fatigués de plusieurs années de difficultés et de rengaines ou leçons reçues de la part des profs (certains ) …en fait , il faut se débrouiller tout seul et surtout ne jamais baisser les bras, ne jamais lâcher l ‘affaire.
Merci pour votre article très vrai qui développe par ailleurs d’autres aspects très éclairés.
Pas mieux, on a Eric, un petit « zèbre » à la maison et deux autres sans doute dans la même veine. Et bien Éric a été diagnostiqué comme étant un enfant à haut potentiel intellectuel mais ayant une rapport conflictuel à l’autorité et le système scolaire, et une disynchronie du savoir (il est très bon dans certaines matière, genre excellent parce qu’il a des capacités de raisonnement très rapide faisant des bonds cognitifs, mais il est à la ramasse sur d’autre bloqué par la peur de l’échec, par une mémoire de travail trop courte du fait d’une sur appétence aux écrans).
Il a été considéré comme étant en échec scolaire par ses instits jusqu’en mars dernier où il y a eu une équipe éducative. Ma compagne y est allée avec les bilan de l’orthophoniste, la psychologue, ainsi que plusieurs documents tiré d’un site sur la douance. Et il n’y a eu qu’avec tout ça que la situation d’Éric à pu changer ! Car l’équipe éducative n’avait pas du envisagé cette possibilité porte lui. Il a juste fallut presque 5 ans de bataille pour arrivé à cette reconnaissance qui va débouché sur un accompagnement personnalisé ! !
Bon sang Lionel : Amen !
Bonsoir Lionel,
J’aime beaucoup ton article, mais je dois cependant te corriger sur le point du redoublement : ça n’existe plus. Les seuls cas de redoublements acceptés par l’administration sont les absences très longues pour maladie, l’impossibilité pour l’élève d’obtenir une orientation en fin de 3ème ou de 2nde (ceux qui n’ont vraiment de la place nulle part) et l’échec aux examens bac, BTS, BT, CAP. Même si les parents le souhaitent, on ne peut plus redoubler dans le système scolaire. Plus du tout. Voilà.
La situation est donc pire que tu ne la décris.
Et si, tu peux parler de la réforme et du fait que les élèves de collège vont perdre entre 2 et 4h de cours par semaine à partir de l’an prochain. Par an, entre 3 semaines et 5 semaines. Sur 4 ans, ça fait 16 semaines, soit une demie-année.
Si on ajoute les 3h de moins par semaine en primaire, qui font donc 20 semaines, ça fait 36 semaines de moins sur la scolarité obligatoire, soit une année complète.
Une année complète de cours en moins du CP à la 3ème…
Je suis au désespoir…
Merci Silène pour la correction. Mes aïeux, c’est donc encore pire. Marche ou crève, et souvent c’est crève. En gros, t’avais qu’à naître riche et aller dans le privé…
C’est tellement vrai et tellement alarmant. Le niveau baisse encore et toujours. Déjà mon brevet était à pleurer et mon bac en maths était donné sur un plateau en filière L (ça existe encore, ça, les filières au lycée?). Ils pensent aider qui en rendant les jeunes crétins? Qui va opérer leurs coeurs malade et les juger au tribubal à coup de « j’aime » quand ils seront plus vieux? Illogique au possible…
Signalons aussi le retard considérable de la France sur le diagnostic et la prise en charge des enfants autistes/autistes-Asperger en milieu scolaire (1 élève sur 100, tout de même). heureusement que ça s’est amélioré, car dans les années 90, les psys d’ici disaient encore que c’était la faute de la mère, quand l’enfant n’était pas tout simplement placé en hôpital psy…
Et on peut signaler aussi la souffrance des enfants HPI en primaire. Même une instit formée pour accueillir trisomiques, dyslexiques et autistes s’est révélée incapable de gérer une enfant HPI et se trouve même à l’origine d’un harcèlement qui s’est prolongé durant le collège. Or il existe très peu d’établissements scolaires pour les HPI, et tous sont privés et très coûteux. Donc quand on n’a pas les moyens…
faut-il encore les diagnostiquer à temps? j’ai eu la confirmation au mois de novembre que je l’étais à presque 27 ans même si je m’en doutais depuis longtemps
Ma seconde fille a été diagnostiquée en CM2.
Certains pays font des tests à l’école dès les petites classes, en vue de mieux intégrer les élèves selon leur capacités et non pas seulement leur âge (et là d’ailleurs je ne sais pas à quel point c’est réalisé) mais c’est loin d’être institutionnalisé en France.
Je n’aurai pas mieux dit ! Tout le système éducatif est à revoir et n’est plus adapté aux réalités de la « vraie vie ». On offre des diplômes comme on offrirait des bonbons (ou presque) et au final, on a des gamins qui ne savent quasiment plus lire ou écrire et qui, surtout, s’en cognent totalement. On nivelle par le bas parce que, ben… c’est plus facile que de chercher une vraie solution qui va couter des sous, qui va prendre du temps et qui, grands dieux !, pourrait amener les profs et les parents dans la rue (parce que, oui, nous, les Français, on aime bien faire ça dès que quelqu’un essaye de changer des choses alors qu’on a réclamé un changement 2 secondes avant).
Mais le pire, ce sont les parents, comme vous le dites si bien. Et ça, c’est un comportement que je ne comprendrais jamais.
Tout ça ne me donne vraiment pas envie de faire entrer mes gamins (quand j’en aurai) dans ce système éducatif obsolète…
Lionel n’a pas tort dans son constat, même s’il est tout de même un peu excessif (quand on est très bon et modeste, comme Lionel, on croit que ce sont les autres qui sont mauvais… Petite erreur de perspectives 😉
Disons que la démagogie des dirigeants face aux parents n’a pas facilité les choses. Le problème, c’est que le redoublement n’a guère de sens aujourd’hui dans le système français, à de très rares exceptions près ; il faudrait en effet accompagner le redoublement en renforçant l’encadrement de l’élève dans certaines matières, comme il faudrait de petits groupes avec encadrement renforcé pour les élèves en difficulté. Là, c’est du budget, des embauches, des impôts, et ce n’est pas l’air du temps !
Au moment où un ancien ministre (François Fillon pour le nommer !) est ignorant au point de raconter dans les médias que la France est le pays qui compte le plus fonctionnaire (alors que nous sommes juste en-dessous de la moyenne de l’OCDE…), on se dit en effet que les élites sont d’une grande médiocrité (ou alors des feignasses qui feraient bien de bosser leurs dossiers !).
Là où Lionel a raison, c’est en signalant qu’on n’encourage pas assez l’ambition (au bon sens du terme : réussir ses études, sa profession et sa vie) et que trop d’élèves (y compris de milieux aisés) se contentent d’être moyens. Je me souviens de mon retour sur les bacs de la faculté en 1989… Je demande à un 1ère année quelle est le programme de lectures en littérature comparée (c’était le roman historique cette année-là). Il me cite trois romans. Moi : « oui, mais je voudrais aussi savoir quels sont les romans à lire pour les 2ème et 3ème trimestres ». Lui (visage effaré) : « mais c’est pour l’année, et c’est déjà beaucoup ! ». Là, j’ai commencé à me dire que j’allais être au niveau… De cette expérience (et d’autres autour de moi), je me dis aussi que nous devrions favoriser en France la reprise d’études des adultes motivés. En général, on a envie de bosser, surtout si on a déconné avant…
Il n’en reste pas moins que la majorité des professeurs du public (et plus de proviseurs et de directeurs qu’on n’imagine) aiment leur métier, y croient malgré les bas salaires et le mépris social (surtout dans le privé où les élèves ricanent qu’eux, il vont à la montage et n’ont donc pas le temps de faire ton devoir de français de M…). Ils essaient, malgré les loupés graves et redondants du système, d’aider les élèves. Et quand un élève au profil de « perdant social programmé » manifeste une envie d’apprendre, il trouve des profs décidés à l’aider. Et on retrouve ensuite l’élève en fac de Lettres, où il réussit, se met à lire, à traîner les musées, et à venir aux Imaginales 😉
Bref, l’éducation est un combat !
Ô combien… Merci beaucoup pour ton retour et tes éclaircissements, Stéphanie. Et oui, je suis d’accord sur « l’éducation » de certaines familles dans le privé. J’y ai eu droit (même si tout le monde n’adhère pas, heureusement !), et je crois que cette ambiance a été le meilleur carburant de mon anticléricalisme 😉