Bon, j’ai plein d’infos sympas sur les actualités, les bouquins à sortir, les interventions, mais à voir la température sur les réseaux sociaux du monde français entier, je vois clairement que ce n’est pas le moment, donc un mot rapide sur les élections.
Je lis beaucoup – notamment chez les mélenchonistes – que cette élection a été « volée », que c’est un « simulacre de démocratie », etc. Beaucoup des mêmes, écœurés par la défaite de leur candidat – ou par le fait, simplement, que leur sensibilités ne se retrouvent pas au second tour – prônent l’abstention ou un vote blanc.
Ceux-là me font exactement le même effet que tous ceux qui ont déserté Benoît Hamon au lendemain du résultat de la primaire : on prétend consulter le peuple, et puis le résultat ne convient pas aux plans établis ou aux espoirs ? Tirons-nous et clamons à la trahison !
La démocratie, c’est la consultation du peuple. Le résultat ne vous enchante pas, d’accord. (Moi non plus. À commencer par le fait de voir à nouveau l’extrême-droite en finale me consterne, désole, me met en colère. Je ne vous fais pas le couplet, il est connu depuis le temps.) Mais la voix du peuple, le résultat du peuple, ne sont-ils pas souverains ? Nous n’avons pas un système à deux étages à l’Américaine. Chaque bulletin mis dans l’urne est une expression exprimée, directement.
Beaucoup avaient l’espoir d’un changement de fond conformément à leurs convictions ; la déception est proportionnelle à la hauteur de cet espoir, ce qui est pleinement compréhensible. Mais que cette déception se transforme en négation totale du droit de vote – un droit pour lequel nos ancêtres se sont battus, ont saigné, sont morts ; un droit qui est, oui, confisqué ou refusé dans d’autres États – est une déclaration de nanti qui m’échappera toujours. Entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen, il y a d’un côté un candidat dont on peut hautement critiquer, voire détester la politique si on le souhaite, mais dont le parti n’a jamais employé la discrimination et la peur comme tactique. L’autre représente un parti issu à l’origine d’un courant reconnu comme néo-fasciste.
Et vous resteriez chez vous le 7 mai ?
Il est impossible de dire, après le premier tour de cette élection, que le système est « confisqué » quand les deux partis historiques se sont fait battre et que Jean-Luc Mélenchon termine dans un mouchoir de poche avec les trois qui le devancent, totalisant un score historique. (Oui, le système dans l’ensemble peut toujours fonctionner bien mieux, mais, si Jean-Luc Mélenchon n’a pas fini plus haut, ce n’est pas la faute du système électoral, ici.) Emmanuel Macron et Marine Le Pen n’ont pas tiré leurs premières places d’un chapeau, mais des urnes. (Aussi ahurissant que ce soit dans le cas de la seconde.) Ils n’ont pas « acheté » leur victoire, ils la reçoivent du suffrage universel direct. Ça ne vous fait pas plaisir, à moi non plus. Mais vous ne pouvez pas – vous n’avez pas le droit de dire que certains ont « mal voté » et que le résultat est « volé ». Je vous renvoie à l’histoire pour faire le tour des États qui enseignaient comment « bien voter » à leur électorat – dans leur propre intérêt, vous comprenez, pour faire leur éducation.
Ce n’est pas un second tour Macron / n’importe qui d’autre, les amis. Des deux finalistes de ce premier tour, un candidat me semble clairement républicain, l’autre, not so much. Faut-il autre chose ?
Oui, tiens. Allons écouter Jean-Luc Mélenchon himself en 2002 :
Le vote d’extrême droite doit être réduit au minimum par nos propres forces. Quelle conscience de gauche peut accepter de compter sur le voisin pour sauvegarder l’essentiel parce que l’effort lui paraît indigne de soi? Ne pas faire son devoir républicain en raison de la nausée que nous donne le moyen d’action, c’est prendre un risque collectif sans commune mesure avec l’inconvénient individuel.
(Graissage de mon fait : une déclaration de haute noblesse à laquelle je souscris totalement. Pour ma part, dans deux semaines, je serai ce fameux « voisin » qui ira faire l’effort.)
Il faut se rappeler qui est l’adversaire, et continuer à mener ses combats en employant les règles de la démocratie et de la république, car c’est là-dessus que le pays fonctionne et s’est fondé, c’est notre fierté, et que c’est par ce biais qu’on s’engage à le changer. On prépare les combats du lendemain, l’opposition, le débat, la contestation si nécessaire, en allant voter pour que la possibilité de le faire, sacré bordel de dieu, existe encore demain ! La France insoumise, c’est environ 1/5 des suffrages exprimés ! S’il n’y a pas un après avec ça, un élan à prolonger, un dynamique à faire grossir davantage pour ceux qui la partagent – que faut-il ? Cette dynamique devait parvenir à convaincre, et c’est ce qu’elle n’a pas fait suffisamment dimanche ; tirez-en les conclusions que vous voulez, mais c’est ça, la démocratie.
Bref. Résumons en un échange de tweets :
Pour aller plus loin, voir cet article de Slate pour la citation de Jean-Luc Mélenchon et une analyse que je partage en large partie.
EDIT : Je rappelle qu’un embargo sur l’apologie de l’abstention est toujours en vigueur dans les commentaires de ce blog (parce que ça prend des heures à modérer et que je ne souhaite pas offrir une plate-forme à ce discours). Veuillez donc vous… abstenir de rédiger ce genre de messages, qui seront supprimés.
Je suis assez d’accord avec ce regard, même plutôt d’accord (à la différence que je voterai blanc). Mais que fait-on une fois Macron élu puisqu’on sait très bien que ça va être la merde ? On compte sur les élections d’après ? Sur l’alternance ? La démocratie a du plomb dans l’aile. Si l’extrême droite n’arrive pas au pouvoir au nez maintenant, il est fort possible qu’elle débarque dans 5 ou dix ans. Et c’est certainement pas Macron qui va en finir avec ce qui provoque une partie du vote FN. Je pose la question mais je sais très bien que tu n’as pas plus la réponse que moi (quoique, il y a sûrement des paramètres ou de choses qui m’échappent). Mon blabla ne contredit en rien l’article, je m’interroge surtout sur le possible de la démocratie dans un contexte où la base même du discours politique est l’apparence, si ce n’est le mensonge et où ce discours ne tient d’ailleurs plus que de la communication.
Si j’étais insoumis, je m’évertuerais à maintenir l’élan acquis jusqu’à présent pour offrir une vraie alternative aux déçus, laissés pour compte, furieux qui votent FN en désespoir de cause, et faire justement en sorte que le mouvement soit une vraie alternative aux systèmes classiques en 2022, pour ramener le FN à son seul noyau dur d’extrême-droite au lieu de collecter les votes des aigris du système (qui ne font que se tirer une balle dans le pied).
Le score de dimanche montre que ça serait parfaitement possible. Mais à voir les réactions aigries et les abandons purs et simples, je doute que ça se produise, et après les leçons données depuis des mois par le mouvement, je peine à ne pas trouver ça un immense gâchis, car j’ai beau ne pas adhérer à JLM, je trouve qu’il a fait un bien fou au débat public.
Effectivement, c’est ce qu’ils ont de mieux à faire. C’est encore possible. Dans ce cas, effectivement, appeler à voter Macron comme premier pas (ou pas suivant) d’un projet qui vise à en finir avec cette merde, c’est un beau pari (reste que je voterai blanc quand même !)
Addendum, je découvre en passant que JLM voulait rendre le vote obligatoire. http://www.huffingtonpost.fr/2017/04/24/sansmoile7mai-les-deux-reponses-toutes-trouvees-aux-electeurs_a_22052783/?ncid=fcbklnkfrhpmg00000001
Vote obligatoire avec reconnaissance du vote blanc, ça serait cohérent, cela dit. Mais vue la fréquence du mot « abstention », c’est pas gagné, la cohérence…
Contraindre les citoyens à s’exprimer, même s’ils peuvent voter blanc est un non-sens.
Le premier pilier de notre devise est « liberté », et aucune raison aussi noble soit-elle ne peut prétendre la limiter sans jeter l’opprobre sur les valeurs de la République.
Il y a d’autres solutions pour faire état de l’assentiment ou du rejet de chacun envers ceux qui prétendent nous représenter.
À commencer par privilégier un vote d’intention majoritaire (en 1 tour) au lieu du vote par scrutin majoritaire.
Au passage cela permettrait de faire une force de la multiplicité des candidatures, et non une faiblesse.
Seulement, même avec un tel mode, porteur d’une légitimité bien plus forte, des candidats comme Macron resteraient de loin favorisé…
Il est normal que le plus consensuel soit le plus soutenu
J’ai dit que ça serait cohérent, pas que j’étais d’accord cette idée 😉 L’idée du vote obligatoire ne me plaît pas du tout.
Pareil, je serai le « voisin » aussi. Sans le moindre état d’âme.
Bon, c’est pas mon compte fb « politique », alors je fais vite. Ces élections, on a effectivement « éduqués » les gens à bien voter, par voie de presse notamment, et pour Emanuel Macron. Cette éducation a posé question jusque dans la rédaction du Monde http://www.acrimed.org/Avant-le-premier-tour-Le-Monde-n-aurait-pas-roule. On se souvient tous du déluge de feu sur l’ALBA, sur le « communiste/vénézuélien/anarchiste » Mélenchon. Hollande qui dit que l’élection sent le moisi quand ledit communiste monte dans les sondages alors que le FN est annoncé comme présent au second tour depuis des lustres… Je pense que cela arrange beaucoup les fameux oligarques/élites/autres que le FN soit au second tour, parce-que cela permet de faire penser qu’il n’y a pas de contestation possible du modèle libéral autre que le fascisme (et le fascisme n’a jamais trop nuit au business, ouf). Cela permet en sous main de faire passer tous les contestataires de l’ordre établi pour de dangereux individus qui ont sans doute des ancêtres nazis, des idées nauséabondes de fermeture au monde et des petits déjeuner constitués de quinoa baigné de sang d’enfants innocents.
Je considère comme une prise d’otages de mon vote le fait de dire « Maintenant il faut faire barrage au FN ! Vite ! ». Ce n’est pas maintenant qu’il faut faire barrage. Le barrage à l’extrême droite, ce n’est pas un bulletin dans une urne, ce n’est pas élire EM, poser une pierre de plus sur une digue de plus en plus fragile, grignotée par l’ultra libéralisme. Faire barrage à l’extrême droite, ce n’est pas l’agiter dans tous les sens comme le méchant monstre sous le lit, au risque de focaliser sur elle tous les votes de ceux qui, en colère contre le système, veulent « tout péter ». Faire barrage à l’extrême droite, c’est déconstruire ses idées simplistes, c’est éduquer les gens, c’est leur donner de l’espoir, l’espoir d’une amélioration de leur condition. C’est un travail qui demande du temps, qui demande à ce qu’on arrête d’hystériser le débat en le tournant sur les thèmes FN. C’est un travail qui demande de prendre du recul, qui demande de recréer des liens entre des populations divisées en utilisant notamment le service public, la solidarité, la protection des populations contre la précarité. Ces dernières choses sont totalement incompatibles avec l’ultra libéralisme, certes cool et branché car disposant d’un marketing efficace, mais qui laisse des milliers de gens sur le carreau, isolés dans les campagnes où même les villes, dont les emplois sont partis en Roumanie ou ailleurs.
Chacun vote en son âme et conscience. À titre personnel, je pense que les politiques libérales mises en place depuis 20ans et qui continueront à marche forcée sous Macron provoquent la peur du déclassement, le déclassement réel et la désespérance, soit le terreau du Front National. Et aujourd’hui, le Front National, dont je ne nie pas le caractère raciste, révisionniste, xénophobe, sexiste et même mensonger (qui peut sérieusement croire, en regardant les résultats des votes de ce groupe au Parlement Européen qu’il va défendre les intérêts des travailleurs face à la mondialisation ?!) est utilisé par le libéralisme pour se légitimer. Parce-qu’il n’a pas d’autre moyens de le faire. Ce sont les deux faces d’une même pièce.
Je n’irai pas voter dimanche 7 mai. C’est probablement lâche, c’est tout à fait propice à faire pousser des cris d’orfraie et c’est compréhensible, parceque, en fait, ce que je veux c’est que les autres se salissent les mains à ma place. Mais j’étais dans les cortèges Loi Travail, dans les lacrymo et les flashballs. J’ai chialé devant la possibilité envisagée, par un gouvernement, que j’avais élu, de faire la déchéance de nationalité. La police a déjà frappé aux portes des militants politiques, via l’état d’urgence pour délivrer des interdictions d’aller à certains endroits lors de jours de manifestations. Et maintenant, sous prétexte qu’on a réussi à porter le FN au second tour, il faut vite se boucher les yeux et les oreilles et cautionner cela ? Quel « choix » avons nous, entre continuer en faisant pire qu’avant et la catastrophe ? Aucun. Ce n’est plus une élection, c’est un plébiscite. Je ne participerai pas et d’avance, j’en suis désolée.
Merci.
Concernant le monde français entier, les médias francophones mais non français ont plutôt tendance à se réjouir de la présence de Macron au deuxième tour ou à rester neutres sur ce sujet – je sais que tu as écrit « les réseaux sociaux » et non « les médias », mais il n’est pas mauvais de rappeler l’existence du monde, justement, dans une élection où les débats ont très peu porté sur l’international. Les Français de l’étranger, ceux qui sortent un peu prendre l’air hors de la métropole mais qui restent attachés à leur pays, ont d’ailleurs très peu voté Le Pen, à peine plus qu’à Paris.
Michelle Bachelet, présidente du Chili – un pays qui a connu la dictature de Pinochet de 1973 à 1990, à qui on n’a pas besoin de rappeler ce que donne l’extrême-droite au pouvoir – a elle-même félicité Macron pour ses résultats. Je cite son tweet du 24 avril : « Je félicite @EmmanuelMacron et lui souhaite du succès le 7 Mai. Il rappelle les valeurs de la démocratie et des droits de l’homme. ». Elle n’a pas l’air de penser que c’est un fasciste au service des banques, et pourtant, elle est de gauche. Son père était de gauche et il l’a payé de sa vie. Défendre ses idées de gauche, elle sait ce que c’est.
Moi aussi, je vais voter Macron sans état d’âme. Si ç’avait été Fillon-Le Pen, je serais aussi allé voter pour faire barrage à Le Pen, en grinçant des dents. Là, au moins, on a un candidat contre Bachar El-Assad, qui a rappelé que le devoir de la France était d’accueillir davantage de réfugiés, qui s’est prononcé pour la simplification des visas et la circulation des personnes entre l’Afrique et l’Europe, notamment. On n’assistera pas au massacre de la culture ni des droits des femmes. Et on aura des moyens de s’opposer à ses décisions si elles nous semblent mauvaises.
Après le deuxième tour, il y a les législatives. Au quotidien, il y a la possibilité d’appliquer les principes qu’on défend, même au niveau individuel ; surtout au niveau individuel.
(Je rappelle à toutes fins utiles que l’interdiction de commentaires faisant l’apologie sans modération de l’abstention est toujours en vigueur, parce que ça prend des heures à modérer.)
Bravo Lionel. Une analyse très pertinente. Cela ne m’étonne pas de toi. J’en prends plein la gueule depuis dimanche en essayant d’expliquer la même chose.
Je suis totalement d’accord sur ce que tu dis au sujet du caractère démocratique du vote, renier le vote du premier tour, c’est pour le coup renier la démocratie et on n’a pas vocation à se plaindre à ce sujet contrairement aux américains. En ce qui concerne le « voter mal », oui et non. Je pense qu’une personne qui vote avec une conviction réelle, une foi placée dans les propositions de son candidat ne peut pas voter mal, c’est un choix éclairé et, en tant que tel, sain. J’ai beaucoup plus de mal avec ceux qui votent pour un candidat parce qu’il « présente bien » ou est « jeune ». C’est tout de même navrant et là, pour le coup, à sa manière, je trouve aussi que c’est une décision qui va à l’encontre du principe démocratique. Voter n’est pas qu’un droit, c’est aussi et peut-être surtout un devoir et il doit donc se faire correctement. À mon avis il faut aussi distinguer le vote blanc de l’abstentionnisme. Il est surtout profondément dommage que le vote blanc ne soit pas réellement pris en compte – seulement compté – à l’heure actuelle (mais ce sont évidemment les politiques qui ont le plus à y gagner) car exprimer « aucun de ces candidats ne peut être mon président » est un choix démocratique en soi qui devrait être prévu par notre constitution et conduire à de nouvelles propositions (idées, candidats…) du côté des politiques. Le « vote utile » devrait être une expression qui, prononcée, devrait faire sourire et hausser les sourcils dans une société moderne. C’est une aberration démocratique, à laquelle nous sommes malgré nous réduits pour contrer le néofascisme. Triste monde.
Merci Lionel. Je partage!
Entièrement d’accord. Pour ma part, les femmes ont le droit de vote depuis seulement 1944, hors de question de leur tourner le dos et de cautionner la régression. Et si Le Pen passe, aucun doute qu’on l’aura cette régression, à l’image d’autres pays occidentaux soi-disant civilsés…
En ce qui me concerne, je souhaite surtout combattre les extrêmes. Et Emmanuel Macron est un extrême. On nous a bien appris à voter comme on traverse la route : en regardant à gauche, puis à droite, puis à gauche. Mais si on regardait autrement ? Macron, c’est le libéralisme absolu : tu peux faire ce que tu veux si ça rapporte de l’argent. Par contre, la redistribution des richesses (et pas uniquement des revenus !!!), la santé, l’éducation, la solidarité, etc. ça ne rapporte pas. Ou peu. Ou de toutes façons pas à tout le monde. Bref, on va en faire des économies. Autre exemple : ce n’est pas parce qu’on ne cherche pas d’emploi qu’on est chômeur. Donc, non, mon vote n’ira pas à Macron.
Mais il n’ira pas non plus à Marine Le Pen. Je ne vais pas redire ici tout ce rejet qu’elle peut inspirer (xénophobie, fermeture sur soi, autoritarisme, démagogie, libéralisme économique, j’en passe et des meilleures).
Du coup, que me reste-t-il ?… Un vote blanc, un vote nul, ou une abstention. Mon vote a de grande chances d’être blanc. Ce sera mon barrage à l’extrême droite, mais aussi à l’extrême centre.
Bravo Lionel pour ce texte fabuleux !
Mille pour cent d’accord avec toi Lionel.
Ca rejoint un peu ce que j’ai déjà pu dire.
Mais certains semblent avoir du mal avec le concept démocratique. Quelques exemples :
– je vois une pétition pour que le second tour se fasse à 4 candidats, parce que l’élection aurait été volée. Alors déjà, je me demande, pourquoi 4, pourquoi pas 3, ou 5, ou 11 ? Ah, parce que Mélenchon est 4è… Qui veut voler l’élection en changeant la règle ?
– beaucoup de critiques sur le fait que les médias sont vendus à Macron, et de part la couverture qu’ils ont donné, l’ont fait gagner… ce qui me fait me poser plusieurs questions : déjà, Mélenchon a aussi eu droit à une importante couverture, tout comme Le Pen et Fillon – dans ce cas, on considère qu’ils sont tous illégitimes à cause de manipulations des médias ? On les élimine ? Ca me va, on se débarrasse des extrêmes et on aurait enfin le revenu universel sur la table, mais je ne pense pas que ce soit l’idée d’origine.
– de plus, si les médias ont si bien manipulés, pourquoi ne voit-on pas une victoire écrasante ? Ah, mais parce que ceux qui font ces reproches sont assez intelligents pour voir le complot – mais pas 23 millions de français, qui eux seraient assez cons pour se laisser manipuler ? Quelle arrogance, quel mépris – et quel comportement mouton qu’on voit ressortir à chaque fois (n’est ce pas ironique ?)
– les manipulations seraient aussi dues aux grosses fortunes qui veulent garder leurs privilèges et s’enrichir en appauvrissant les autres. Ok, soit, je prends l’homme le plus riche du monde, Bill Gates, pourquoi alors soutient-il le projet de Hamon ? Elon Musk également ? Ok, ils ne sont pas français, et on a du oublier de les inviter à la réunion secrète des puissants qui dirigent le monde.
– des reproches aussi à ceux qui ne se sont pas ralliés, en particulier à Hamon… mais à l’inverse, quand Mélenchon était plus bas dans les sondages, on a salué sa volonté de défendre ses idées envers et contre tout en ne rejoignant pas le PS. Deux poids, deux mesures ?
– et surtout, ce qui m’amuse le plus, c’est que ce discours ne s’entend pas chez les fillonistes (on me répondra qu’ils y trouvent leur compte, sauf que leur candidat a quand même perdu), ni même chez les asselinistes, pourtant prompts à dénoncer les manipulations des médias et les complots…
Alors, qui essaie de voler les élections ? Selon moi, ceux qui n’acceptent pas les règles en place, et qui dans la défaite font leur sale gosse qui veut tout casser.
Analyse très pertinente.
Si je puis me permettre :
-… Ouais, nan rien, les phases de déni, tout ça… Mais il faut tout de même noter que voir quatre candidats arriver aussi près du second tour est un cas nouveau.
-http://www.humanite.fr/le-temps-de-parole-bafoue-de-melenchon-635102 c’est un journal de gauche, certes, mais les candidats n’ont pas été traités de manière égale. J’en parle un peu plus haut en citant un lien d’acrimed.
– Ne soyons pas stupides au point de mettre tout le monde dans le même sac, les grandes fortunes ne sont pas tous des philanthropes ni des trous du C…. Cependant, les actionnaires majoritaires du Monde, de Libération, du Figaro ne sont ni Musk, ni Bill Gates, ils s’appellent (entre autres) Bernard Arnault (qui délocalise ses usines qui font déjà du profit en Roumanie, pour faire encore plus de profit), Patrick Drahi (engagé dans un bras de fer avec les salariés de sa dernière acquisition, SFR et, scoop, ils ne sont pas en train de gagner en salaire)
– Je peux tout à fait entendre les reproches des reproches, cependant le PS s’est longtemps abrité derrière le fameux « vote utile » et la dernière dynamique était en faveur de Mélenchon. Après, je ne suis pas là pour refaire l’élection…
– Les fillonistes ont quelqu’un pour les représenter, les voix de Fillon se répartiront majoritairement entre Le Pen (pour les intégristes catholiques, à mon sens) et Macron (pour les libéraux purs et durs) (cette analyse est très schématique), les électeurs de Mélenchon n’ont personne.
Alors après, il est effectivement possible de trouver parmi nous des sales gosses qui veulent tout casser, une partie de l’électorat de FI est relativement jeune et croyait à cette victoire qui s’est jouée dans un mouchoir de poche. La déception est d’autant plus dure. Cependant je trouve réducteur de tous nous cantonner dans ce rôle et de nous casser du sucre sur le dos. Nous avons vu le changement à portée de main il y a deux jours. S’exciter dans tous les sens en nous disant « d’être responsables » tout de suite, là, maintenant, sans prendre le temps de la réflexion alors que nous voyons deux faces d’une même pièce dans l’ultra libéralisme et le FN, c’est à peu près aussi constructif que d’essayer d’apprendre à parler portugais à un poteau téléphonique.
Cordialement.
Qui a parlé de « tous »? Je n’ai parlé que de « certains » (et le fait qu’ils soient dans le camp Melenchon ne veut pas dire que tout le camp est comme eux, ça me semblait évident pour tout le monde)
Manifestement ces mêmes certains n’ont aucune difficulté à trouver un remplacement, avec certains points de programme équivalents. Et c’est bien là que le bât blesse… Et non, mettre au même niveau ultra libéralisme et FN n’est absolument pas tolérable, vous n’êtes pas les seuls à avoir perdu, à avoir le coeur lourd, mais les autres ont l’intelligence ou la décence d’encore savoir choisir un moindre mal.
Nos ancêtres se sont battus, ont saigné et sont morts aussi pour le code du travail, sinon…
Et ni l’un ni l’autre des finalistes n’y tiennent particulièrement. ça promet.
Bah, Mélenchon et ses fans font un caprice – et ils ne veulent pas reconnaître que pour préserver leurs égos et tout et tout, ils se sont tirés une balle dans le pied, et nous laissent dans la merde. Ils pouvaient y croire, mais comme le dit Gérard Filoche, « nous avons la gauche la plus bête du monde (sur le HuffPost : http://www.huffingtonpost.fr/gerard-filoche/jean-luc-melenchon-benoit-hamon-resultats-presidentielle_a_22052250/?xtor=AL-32280680) Les deux zouaves se seraient alliés, Le Pen n’était fort probablement pas au deuxième tour…
Merci à eux, encore une fois.
Bref, un peu aigri.
(et quoi qu’il en soit je compte voter dimanche 7, oui)
Hamon ayant été choisi à l’issue d’une primaire, par un vote de son électorat donc, il ne pouvait décemment pas se ranger derrière quelqu’un d’autre sans trahir ceux qui l’ont choisi pour les représenter. Primaire à laquelle Mélenchon n’a pas voulu participer.
On peut remettre en cause la pertinence de cette primaire, mais une fois faite, il fallait aller jusqu’au bout.
De plus, je trouve cet article partisan : Mélenchon aurait un bon programme, et pas Hamon. C’est une opinion, pas un fait.
La liberté de choix est aussi de décider de ne pas choisir. Que chacun fasse ce qu’il estime juste, en son âme et conscience…Ce serait déjà pas mal.
Bon mais quand même l’important dans tout ça, c’est : à quand le résultat des élections du Prix Imaginales !
Hum, full disclosure, personnellement, je considère que les modes de scrutin actuels, les mandats donnés aux candidats, la façon dont les candidats accèdent à leur candidature et le fonctionnement des institutions de la 5ème république font que nous ne pouvons pas, actuellement, nous prétendre une démocratie. Je ne vais pas développer plus ici (il y a de quoi remplir une bonne dissertation…) mais cette opinion est partagée notamment par la plupart des abstentionnistes « par conviction ».
Le programme FI est majoritairement axé sur le même constat, d’où sa proposition majeure: la tenue d’une constituante pour récrire les règles qui ne fonctionne pas.
En conséquence, beaucoup d’électeurs FI sont des gens qui considèrent également que nous ne sommes pas en démocratie.
Et c’est là que le bât blesse un peu, et c’est ce qui je pense cause ce sentiment de « vol » et son expression à outrance: quand on milite pour un changement du scrutin, qu’on est obligé de passer quand même par ce scrutin pour porter le changement, et qu’on se fait retoquer, ça fait mal.
D’autant plus que les media dits « mainstream » ont très peu abordé cet axe numéro 1, et quasiment rien dit du raisonnement qui y conduit.
A la place, ils se sont évertués à « torpiller » le candidat porteur du programme sur son historique et ses opinions, ainsi que le volet économique sur lequel il est facile de faire peur avec un peu d’intox, tout en présentant Macron comme l’alternative crédible.
Et c’est là un des soucis majeurs du système en place: c’est une bataille d’image, pas de programme. Et c’est rageant.
Après voilà, on le sait, je pense qu’il faut avaler la pillule pour l’instant, continuer à bosser, et avoir la finesse le cas échéant de faire porter le programme par un candidat qui ne prête pas le flan à la même controverse. (le souci étant que vu les casseroles que se trainent tous les politiciens connus, ça veut dire pousser un inconnu)
Notez que c’est une explication aux comportements observés et au sentiment de « vol », absolument pas une excuse des comportements qui en découlent.
A noter aussi que ceci n’est pas un commentaire pro-abstention. Il va falloir que je boive pas mal pour oublier après, mais je vais mettre mon bulletin dans l’urne.
j’ai partagé
Ave auguste scripturat,
Je votai blanc en 2002 lors de Chirac-Le Pen et je réitèrerai cette année si rien ne me fait changer d’avis d’ici là.
Depuis qu’on fait barrage au FN et autres fadaises « républicaines », ses idées sont partout, il ne cesse de progresser, il a des députés, des euro-députés, des sénateurs, des conseillers régionaux, départementaux, municipaux, des maires… On débat fort civilement avec lui, on l’invite à des événements publics, républicains… et au moment de la Présidentielle, d’un coup d’un seul, le FN est une abomination sans nom, l’antithèse de la République que l’Électeur doit éliminer à tout prix, ce prix étant ses propres convictions.
On en a vu des choses délirantes juste avant le premier tour, notamment Hollande s’en prenant à MLP pour… taper sur JLM ! Ça me rappelle les Turcs bombardant les Kurdes pour… lutter contre l’État Islamique.
Bref, les Manipulateurs voulaient Fillon ou Macron, ils auront Macron, Fillon s’étant auto-détruit. Et la présence de MLP leur est indispensable. En même temps, JMLP faisait 0,75% à la Présidentielle de 1974 et sa fille devrait faire entre 25 et 40% cette année. Et combien dans 5 ans pour elle ou sa nièce Marion ? Mais les Manipulateurs s’en foutent, c’est la faute des électeurs ! Eux sabrent le champagne pendant que nous nous arrachons les cheveux voire nous écharpons.
J’ai fait trop long, je te prie de bien vouloir daigner condescendre à m’en excuser.
Au passage, merci pour ton blog que je suis via mon lecteur RSS.
PS : si les traces abondent dans l’Histoire de gens morts pour le droit de grève, il n’y en a pas pour le droit de vote, à l’exception partielle de l’insurrection républicaine à Paris en juin 1832 (https://fr.wikipedia.org/wiki/Insurrection_r%C3%A9publicaine_%C3%A0_Paris_en_juin_1832)
La démocratie, mon cher Lionel, c’est de respecter les choix des citoyens. Tous les citoyens…
La majorité (faible, mais ma majorité malgré tout) des citoyens a voulu, et obtenu, le second tour qui nous est désormais proposé.
Pour ma part, j’ai voté, et je voterai au second tour. Mais je ne ferai pas part, du moins en public, de mon sentiment.
Je trouve juste intolérable les injonctions insultantes que je vois fleurir à l’égard de ceux qui s’interrogent, en conscience, sur leur vote (ce que n’est pas ton post, précisons-le). Pour ma part, je respecte le choix des Français, et je fais ensuite ce que je crois juste. Et personne (même les amis) ne me dictera ma conduite. C’est d’ailleurs pour éviter les pressions, les intimidations et les représailles qu’il y a des isoloirs 😉
Allez, je retourne finaliser le programme des Imaginales 2017. Là, à Épinal, il y aura du respect mutuel et de la convivialité. Et ça va être un soulagement…