Oh mon dieu, cet endroit serait-il un blog où je parle de trucs que je fais et vois ?
Choc.
Ça fait cinq ans que je n’ai pas écrit de chroniques de concerts, alors je m’y remets un peu, parce que ça me fait plaisir. Là.
(Non, ça ne veut pas dire que je ne suis pas sorti depuis cinq ans.)
(Encore que.)
L’Étage à Rennes est une salle un peu bizarre, que je n’aime pas trop, car étroite et organisée toute en longueur avec des gradins à l’arrière et un écran pour relayer ce qui se passe au fond (alors qu’elle n’est pas si grande que ça – juste curieusement agencée). On a rapidement une fausse impression de distance, et paradoxalement les meilleures places sont donc sur les côtés… Pour moi, il n’est pas facile de conquérir le public dans ce décor, et soit un groupe le transcende, soit il se rate. Et j’ai vécu les deux expériences ce soir-là.
Alcest
Inconnus pour moi (et j’aime bien découvrir les premières parties sur place pour me laisser emporter le cas échéant), Alcest a été une excellente découverte. Post-black-metal, post-rock, j’ai retrouvé le son du disparu (ou perpétuellement inactif) Crowhead avec bien davantage de sensibilité mélodique, des évolutions progressives naturelles et bien construites. Un son parfaitement équilibré, puissant sans être brouillon, retranscrivant l’équilibre entre les gros riffs et les arpèges mélancoliques, et une batterie qui te colle un délicieux crochet à l’estomac à chaque coup de grosse caisse. Et surtout une présence scénique emplie d’authenticité et de générosité : un jeu parfait, intense, couplé entre les morceaux à une forme de timidité touchante de la part des musiciens collant parfaitement au trip intimiste et puissant à la fois. La sauce hypnotique et nostalgique m’a emporté sans effort, et j’en aurais bien pris deux fois plus long.
Anathema
Bon, donc auguste lectorat, tu te doutes que le bât a blessé, et je ne m’attendais absolument pas que ça soit avec une tête d’affiche avec l’expérience d’Anathema (presque 30 ans, quand même). Mais, en résumé, je me suis largement ennuyé – alors que l’ouverture par Untouchable (ma préférée pour certaines raisons personnelles) aurait dû me conquérir.
Mais toute la prestation m’a semblé crouler sous le poids de ses ambitions conceptuelles et de son univers sonore. Deux longues introductions électroniques (et pas renversantes quand on vient du domaine) sans voir un musicien, suscitant l’ennui plutôt que l’attente à la longue. Une scénographie étrange, avec deux claviers et un vocodeur qui ont trôné en fond de scène, bien en vue, pour ne servir à peu près qu’une fois (un espace donc proprement gâché, où l’on aurait mieux fait de placer le batteur, par ailleurs époustouflant dans sa maîtrise des signatures rythmiques bancales, prog’ oblige). Une dynamique de scène inexistante, presque fatiguée, oscillant entre l’immobilisme et le jeu pour soi, avec un Daniel Cavanagh presque désagréable (“Jouez tel truc !” “I’ve played it like five thousand times. Play it on your iPod at home.” – “Je l’ai jouée, genre, cinq mille fois. Passe-la sur ton iPod chez toi” – okay…) Un son très mal équilibré (avec une caisse claire sonnant comme un bidon en plastique) – Daniel Cavanagh ayant dû se réaccorder plusieurs fois et rajuster ses retours (peut-être la source de son agacement). Et une tendance à s’appuyer bien trop sur des bandes ou des boucles enregistrées pour retranscrire la richesse de l’univers sonore, donnant un son statique et artificiel. Je comprends l’idée quand Within Temptation y fait appel pour son orchestre symphonique et ses chœurs, mais quand il s’agit surtout de clavier et de cordes, et qu’on voit une formation comme Eluveitie1 placer dix musiciens sur scène avec des instruments par définition pas faits pour la sonorisation (aux dernières nouvelles, le micro n’était pas inventé à l’époque de la vielle à roue) dégager une énergie stupéfiante avec un son toujours parfait (y compris à l’Étage), la comparaison était franchement défavorable. J’aurais aimé voir un vrai électronicien (tant qu’à placer des synthés en milieu fond de scène !), et/ou un violoniste… Il n’y a guère que Lee Douglas (chant féminin) qui semblait se préoccuper d’émotion. Le groupe m’a seulement réveillé vers les deux tiers en abordant les morceaux plus violents, dégageant – c’était presque obligatoire – davantage d’énergie et arrivant donc à transmettre de la conviction.
Après, à voir l’ambiance dans la salle, je crois que je suis pisse-vinaigre, parce que les premiers rangs semblaient très contents – et tant mieux, et il faut le signaler ; je ne doit pas être un reflet de l’atmosphère de ce soir-là. Si je me suis ennuyé, c’est peut-être une conjonction de la salle mal adaptée à la formation avec une scénographie défavorable dans ce contexte, du son difficile à équilibrer, etc. Mais il reste que, pour moi, ce live n’a strictement rien apporté par rapport aux albums – et enlevait même avec un son mal équilibré. La prochaine fois, plutôt que faire le déplacement, je prendrai deux heures pour écouter les albums à fond avec un casque.
En revanche, Alcest rejoint sans hésiter ma liste très fermée des “premières parties que j’irai voir sans me préoccuper de qui est la tête d’affiche”. Bravo les gens, et merci !
- Qui ne m’a jamais déçu, soit dit en passant, alors que je ne suis pas plus fan que ça, mais parvient à dégager une énergie et une générosité formidables à chaque fois, même quand la fatigue se lit clairement sur leurs visages en fin de tournée. ↩
vu Anathema à Québec… belle performance, je ne connaissais pas 🙂
on dirait bien que ton expérience était bien plus limitée.. à Québec la salle était probablement meilleure et les musiciens avaient du fun
découverte récente https://www.youtube.com/watch?v=zHDrHRmaQjQ
Merci pour la découverte! Yep, pour moi la sauce n’a pas pris, et pour mon pote non plus d’ailleurs, mais je pense que ça n’était pas l’expérience globale. 🙂
Mais oui Alcest !!!!!
(je pensais que tu connaissais, je suis surpris)
Je me suis rendu compte qu’on en avait parlé mais je n’avais pas écoute ^^
Faute ! :p
http://www.itev.fr/wp-content/uploads/2013/06/25-0-Objection.jpg
Ben j’y étais aussi! Assez d’accord avec ton ressenti, sauf que comme j’y allais pour voir alcest et que je ne connaissais pas anathema ça passait mieux (bon j’ai hésité à me casser au bout de 30 min d’anathema, mais les derniers morceaux rendaient pas trop mal)
Bon ça me rassure de ne pas être trop seul dans le ressenti ^^ Pareil, j’ai failli me barrer plusieurs fois pour être honnête. Mais bon, y avait un peu d’énergie dans la fin…
Un de mes souvenirs les plus fun, c’est y a longtemps System of a down, moi j’étais venu principalement pour la première partie Dillinger Escape Game. Les System ont fait de la merde, plein de pains aux instruments, le chanteur se plantant dans les paroles, investissement en mode service minimum… bin les fans des premiers rangs s’extasiaient indifféremment… ????
Hey mais c’est nul, j’y étais aussi, je t’ai pas vu !
Je suis contente de lire tes impressions, à croire que nous sommes tous les deux des “pisse-vinaigre”, car j’ai eu exactement le même ressenti que toi (mais je m’y attendais plus ou moins parce que j’accroche moins à ce que fait Anathema depuis quelques albums, ma sainte trilogie étant A Fine Day to Exit, Alternative 4, et A Natural Disaster).
Quant à Alcest, j’étais absolument ravie de les voir, je ne les ai découvert que récemment mais ça a été un gros coup de cœur, et j’ai adoré le concert, c’était… bah, je sais pas. Alcest, c’est beau. Y a une sorte de pureté mélancolique qui se dégage de leur musique.
Bon, peut-être qu’on se croisera à un prochain concert, ça faisait presque deux ans et demi que je n’en avais pas fait, et j’ai décidé de m’y remettre, parce que ça me manquait plus que je ne le croyais !
Damn mais j’ai raté plein de monde en fait !
Bon ça me rassure qu’on soit nombreux à avoir le même sentiment en fait, c’est pas juste moi qui deviens un vieil aigri ^^
Je suis tout à fait d’accord avec ta description d’Alcest, c’est beau, y a pas d’autre mot, et les musiciens sont parfaitement dans le monde qu’ils créent. J’espère arriver à les voir plus longtemps une autre fois.
Bons concerts à toi, pareil, je les enchaîne autant que possible cet automne !
Pour les avoir vu à Rennes il y a 4 ans, j’ai trouvé le jeu d’anathema plus posé, dans le sens plus mature, mais je comprends cette impression qu’ils peuvent laisser. Ce n’est pas la première fois qu’on leur reproche la qualité du son non plus. Malgré tout j’ai passé un excellent concert (2ème rang), particulièrement fan de la setlist.
Alcest était démentiel, j’aurais adoré un petit “souvenir d’un autre monde” ou “écailles de lune part 2”
Jamais aimé Alcest, perso, j’ai toujours trouvé ça ennuyeux et artificiel, limite stérile – mais bon, je sais que je suis minoritaire dans ce genre de ressenti. Alors on verra bien en live si j’y vais mardi chez moi.
Anathema, par contre, a toujours été pour moi une valeur sûre en live, et ce que les frangins soient bourrés ou pas (Vinnie un peu chauffé, en général ça ne donne que du bon 😉 ). Après, sur album, j’avoue bien volontiers que je suis de moins en moins fan des plus récents…
M’enfin, l’important c’est quoi qu’il arrive de faire plein de concerts et que les musiciens aient du public qui réagisse bien !